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La valorisation des déchets de bois issus des industries de transformation des bois bruts dans la ZIS de Nkok : état des lieux et perspectives


par Cécilia Ariane OBONE MBA
Université Omar Bongo - Master 2024
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITÉ OMAR BONGO

.........................

 

FACULTÉ DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

..........................

DÉPARTEMENT DES SCIENCES GÉOGRAPHIQUES, ENVIRONNEMENTALES ET MARINES

Laboratoire d'Analyse Spatiale des Environnements Tropicaux (LANASPET)

Mémoire de Master Recherche Chaire CEMAC
Option :
Environnement et Développement Durable

THEME :

LA VALORISATION DES DECHETS DE BOIS ISSUS
DES INDUSTRIES DE TRANSFORMATION DES
BOIS BRUTS DANS LA ZIS DE NKOK : ETAT DES
LIEUX ET PERSPECTIVES

Mémoire présenté et soutenu publiquement par :
Cécilia Ariane OBONE MBA

Sous la Direction de :

Directeur : Co-Directeur :

Pr. Jean Damien MALOBA MAKANGA Dr. Jérôme MABIKA

Professeur Titulaire (CAMES) Chargé de Recherche (CAMES)

Année académique : 2023-2024

SOMMAIRE

DÉDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

LISTE DES SIGLES iIV

INTRODUCTION GENERALE 5

PREMIERE PARTIE : 17

ORGANISATION ET GESTION DES DECHETS DE BOIS BRUTS DE LA ZONE

ECONOMIQUE SPECIALE DE NKOK 17
CHAPITRE 1 :
PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE ET DU CADRE RÈGLEMENTAIRE RÉGISSANT LES ACTIVITÉS DE TRANSFORMATION DE BOIS

BRUTS 19
CHAPITRE 2 :
GESTION DES DÉCHETS DE BOIS BRUTS DANS LA ZIS DE NKOK

37

DEUXIEME PARTIE : 62

EFFETS ET LIMITES DE LA VALORISATION DES DECHETS DE BOIS BRUTS DANS

LA ZIS DE NKOK 62
CHAPITRE 3 :
IMPACTS DES ACTIVITÉS DE VALORISATION DES DÉCHETS DE

BOIS BRUTS

64

CHAPITRE 4 : LIMITES ET PERSPECTIVES DE LA VALORISATION DES

 

DÉCHETS DE BOIS BRUTS DANS LA ZIS DE NKOK

78

CONCLUSION GENERALE

98

BIBLIOGRAPHIE

105

ANNEXES

111

TABLE DES ILLUSTRATIONS

119

TABLE DES MATIERES

..123

 

i

II

DÉDICACES

Je dédie ce Mémoire à :

Ma mère Sergine ANGUE OBIANG. Qu'elle trouve dans ce travail, la satisfaction de tous

ses efforts.

Mon oncle Richard ALLOGO MBA, pour les valeurs inculquées et le regard paternel qu'il ne

cesse d'avoir à notre égard. Je le remercie infiniment.

III

REMERCIEMENTS

Ce travail de longue haleine a été possible grâce à une diversité de personnes à qui nous voudrions témoigner notre gratitude.

En premier lieu, nos encadreurs : le Pr Jean Damien MALOBA MAKANGA et le Dr Jérôme MABIKA. Vos orientations et votre rigueur nous ont servi de guide tout au long de ce travail.

Aux enseignants du département des Sciences Géographiques, Environnementales et Marines (DSGEM) de l'Université Omar Bongo et aux membres du Laboratoire d'Analyse Spatiale des Environnements Tropicaux (LANASPET). Vos enseignements ont suscité et nourri en nous l'intérêt pour les questions d'environnement et de développement durable.

Au Dr Médard OBIANG EBANEGA qui, à travers l'ONG WeNeed, a su nous transmettre sa passion pour la protection de l'environnement et les prérequis en termes de gestion des déchets.

Nos remerciements vont à l'endroit de la Direction Générale des Industries du Commerce du Bois et de la Valorisation des Produits Forestiers (DGICBVPF) et aux autorités de la Zone d'Investissement Spéciale (ZIS) de Nkok. À M. Auguste NDOUNA, M. Aristide EYI, M. Gustave ALLO'O BIYO'O et M. Roland LENDOYE. Vos accompagnements ont été d'un grand apport pour la réalisation de ce travail.

À M. BACKITA MOUSSOUNDA Lewis et à nos amis MEKAME BIE Kevin, NGOUARA Merlin, METOULOU Larry, AKUE Thibault, MOUSSAVOU AFANOU Belissa, MALANDZA MBOUMBA Darlyne et BOUKANDOU MBADINGA Loricia. Vos orientations lors des différentes lectures et votre implication dans la pratique du terrain nous ont été d'un apport inestimable.

À notre famille, qui a toujours su nous apporter son soutien multiforme tout au long de notre parcours scolaire et universitaire pour la réussite de nos études. Nous vous disons `'Merci».

Que Guy Herod PAMBO MIHINDOU trouve l'expression de notre profonde gratitude et notre reconnaissance pour son soutien physique et moral tout au long de ce travail.

Nos remerciements s'adressent également à nos promotionnaires de Master, ainsi qu'à toute personne ayant contribué à la rédaction de ce Mémoire.

iv

LISTE DES SIGLES

ARISE IIP : Arise Integrated Industrial Plateforms

BTP : Bâtiment et Travaux Publics

CNAMGS : Caisse Nationale d'Assurance Maladie et de Garantie Sociale

CNSS : Caisse Nationale de Sécurité Sociale

CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce Et le Développement

DGICBVPF : Direction Générale des Industries du Commerce du Bois et de la Valorisation

des Produits Forestiers

DVRIBPB : Direction de la Valorisation des Rebuts Industriels de Bois et de la Promotion des

Bioénergies

FCFA : Franc des Colonies Françaises d'Afrique

GSEZ : Gabon Spatial Economic Zone

IDE : Investissement Direct Étranger

SMIG : Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti

UTB : Unité de Transformation du Bois

UVRB : Unité de Valorisation des Rebuts de Bois

ZES : Zone Économique Spéciale

ZERP : Zone Économique à Régime Privilégié

ZIS : Zone d'Investissement Spéciale

INTRODUCTION GENERALE

6

1-Objet et champ d'étude

1.1-Objet de l'étude

Dans le monde, les déchets de bois comme d'autres types de déchets présentent des volumes assez importants qui sont estimés à des milliers voire des millions de tonnes. Aux États-Unis et dans l'Union Européenne par exemple, près de 100 millions de tonnes de déchets de bois échappent au recyclage (Welsch, 2021). Ces déchets ont un fort potentiel de valorisation si les mesures de réemploi et/ou de recyclage sont mises en place. D'ailleurs, le bois est considéré comme une ressource renouvelable, durable et réutilisable jusque dans ses déchets.

Selon Turlan, un déchet est un bien que son propriétaire destine à l'abandon (Turlan, 2018). C'est ce qui reste d'une chose dont on ne se sert plus et qui bien souvent, évoque une valeur nulle ou négative, impropre à l'utilisation. Toutefois, cette perception des déchets connait des évolutions car leur réutilisation dans différents domaines est davantage encouragée. Cela est dû à la vision du développement durable qui préconise un objectif « zéro déchet » et encourage la pratique du recyclage dans la mesure du possible (Objectif n°12 du Développement Durable). Cela découle aussi, de l'amélioration des techniques qui permettent de traiter les déchets en quantité et en qualité. Dans la filière forêt-bois, les rebuts ou déchets de bois désignent l'ensemble des produits forestiers laissés à l'abandon dans les forêts, rejetés et/ou déclassés, issus de l'exploitation forestière ou de la transformation du bois. Dans notre cas, il s'agit de matériaux résiduels issus de la transformation du bois dans les industries.

Les déchets de bois s'identifient selon la classe à laquelle ils appartiennent. Dans ce classement, trois catégories de déchets de bois sont reconnues : la première catégorie est celle des déchets de classe A, elle concerne les bois bruts n'ayant reçu aucun traitement chimique (Dosses, sciure). La deuxième catégorie est pour la classe B ou AB qui comprend les bois faiblement traités mais non dangereux (meubles, fenêtre, bois de coffrage). Et, la troisième catégorie, rassemble les déchets de bois de classe C ayant reçu différents traitements chimiques et considérés comme dangereux (poteaux électriques, traverses de chemin de fer), (ADEME, 2022). De ces catégories, la classe A est celle qui nous intéresse. Les bois bruts dont sont issus ces déchets, proviennent pour certains, des industries de première et deuxième transformation du bois représentées par les activités de sciage et de déroulage-placage. Ce sont des bois dit propres : ils ont un aspect naturel, ils sont non vernis, non peints, et n'ont pas été en contact avec des matières dangereuses (Dalimier, 2022). La valorisation des déchets de bois étant

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fortement dépendante de la classe à laquelle ils appartiennent, le potentiel de valorisation est plus élevé et diversifié dans les deux premières classes : les classes A et B (Ordeco, 2023).

Parlant de valorisation, c'est une notion polysémique qui s'emploie dans des domaines autres que celui des déchets. Valoriser c'est augmenter la valeur d'un objet, c'est le présenter de façon plus avantageuse en lui accordant une importance plus grande (Robin, 2017). Dans le cas des déchets, la valorisation fait partie intégrante du système de gestion et intervient dans la phase de traitement des déchets. Elle permet de reconsidérer le débat sur la perception des déchets en défendant leur utilité. D'ailleurs, la loi française portant sur l'élimination des déchets la définie par opposition à l'élimination ou la mise en décharge. Elle consiste dans toutes les activités ayant trait au « [...j réemploi, recyclage ou toute autre action visant à obtenir, à partir des déchets, des matériaux réutilisables ou de l'énergie. » (Loi Française, 1992). De ce fait, la valorisation industrielle des déchets de bois bruts est comprise comme un processus de traitement des restes des matières premières de bois, en vue d'obtenir de nouveaux produits.

La présente étude porte sur les déchets de bois bruts industriels dans la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok et les impacts des valorisations mises en place. En tant que ressource à exploiter, les déchets de bois bruts industriels revêtent plusieurs enjeux qui participent à l'atteinte des objectifs de développement durable.

1.2-Champ de l'étude

Ce travail s'inscrit principalement dans le champ de la géographie économique, de la géographie de l'environnement et de la rudologie.

La géographie économique étudie les atouts et contraintes spatiales qui influencent l'implantation d'une entreprise en un lieu donné. « Pourquoi là ? », « Quelles sont les ressources disponibles ? », il s'agit là de questions qui influencent la localisation d'une activité économique. Paul Claval la définit comme « une discipline carrefour destinée à étudier les aspects spatiaux de la lutte que les hommes mènent contre la rareté » (Bailly & Valarché, 1979, p.227). C'est-à-dire qu'au-delà des aspects de production et de consommation étudiés par l'économie, d'autres disciplines sociales entrent en ligne pour tenter d'expliquer le choix de localisation d'une entreprise. Ainsi, l'implantation d'usines de valorisation des déchets de bois bruts à Nkok tient compte des facteurs tels que la disponibilité des ressources, leur coût, l'accès aux voies de communication et aux réseaux de télécommunication qui sont favorables au développement et à la pérennisation de l'activité sur le site.

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La géographie de l'environnement étudie l'impact des pratiques sociales sur le milieu naturel et les réponses données par la nature en retour ; elle propose une organisation des territoires qui limite les atteintes portées à l'environnement (Veyret, 2017). Dans notre cas, les procédés de valorisation des déchets de bois bruts doivent avoir un impact positif sur la réduction des quantités de déchets produites sur le site de la ZIS de Nkok et réduire le plus possible la pollution de l'air.

Quant à la rudologie, elle est selon le dictionnaire Larousse (2018) : « l'étude des déchets et de leur recyclage ou de leur valorisation ». Il s'agit d'une science novatrice dont le mot a été inventé par le géographe français Jean Gouhier en 1985, et qui a pour objet : l'étude systématique des déchets. La rudologie tente d'analyser les modes de production des déchets et les nuisances générées afin d'anticiper leur réduction. Elle est très liée au modèle d'économie circulaire dont le but est de lutter contre le gaspillage des matières en ciblant les produits à valeur maximale d'utilisation et de temps d'utilisation, sur un cycle de vie plus long. Ainsi, la rudologie combinée au modèle d'économie circulaire, permet de classifier et de caractériser les déchets de bois bruts. Cela permet d'assurer que les formes de valorisation pratiquées à dans la ZIS de Nkok, favorisent leur réinsertion dans la chaîne de production et de consommation et participent in fine à une meilleure gestion de ces déchets de bois.

2-Justification du sujet

Dans plusieurs pays comme la France ou le Canada (au Québec), la valorisation des déchets de bois bruts est un processus déjà intégré dans la filière forêt-bois. En Afrique, le bois est une source d'énergie très importante aussi bien pour les ménages que pour les commerces, notamment pour la cuisson des repas. De ce fait, la valorisation des déchets de bois bruts est fortement orientée vers la production de charbon de bois. À Kinshasa par exemple, la consommation de charbon de bois est douze fois supérieure à la production nationale ; au Cameroun la demande atteint les 2,5 millions de m3 par an ; elle est de 6 millions de tonnes par an au Maroc (Deveaux, 2018)1.

Cette réalité de la valorisation des déchets de bois bruts en Afrique, n'échappe pas au Gabon. En effet, la production du charbon de bois est importante et s'accompagne de la production d'ameublement et d'outils de quincaillerie. En chiffre, c'est 1524 tonnes de charbon qui sont produits par an dans la zone couvrant Libreville et ses environs et près de 150 dépôts

1 Il faut noter que ces productions de charbon de bois ne relèvent pas seulement de la valorisation énergétique du bois sous forme de rebuts.

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de sciage jumelés à des quincailleries (Mabika, 2021). Aujourd'hui, ces déchets de bois sont une matière recherchée car leur valorisation génère des revenus importants (idem). Il faut dire que la valorisation des déchets de bois bruts industriels relève de la filière artisanale. Les artisans s'approvisionnent auprès des industries de transformation du bois et valorisent leurs déchets. Cependant, cette forme de valorisation ne suffit pas à traiter l'ensemble des résidus produits et rencontre souvent des difficultés dans la traçabilité de la production et des retombées socio-économiques (Lescuyer et al., 2011) et (Kamkuimo et al., 2017).

Au Gabon, le bois est une ressource abondante. La superficie totale des forêts est estimée à près de 85% du territoire national, soit 22 millions ha de superficie dont près de 20 millions destinés à la production (Mombo, 2009). D'après Maloba Makanga, la superficie totale des forêts gabonaises est la 4ème en Afrique centrale après celle de la République Démocratique du Congo, de la République Centrafricaine et du Congo. Celles-ci ont des arbres d'une grande taille, allant jusqu'à 60 m de hauteur, avec d'énormes troncs droits élargis sur la base (Maloba Makanga, 2011). Les forêts gabonaises faisant partie du bassin du Congo, second poumon planétaire, leur préservation est stratégique pour la lutte contre le réchauffement climatique. Elles nécessitent de ce fait, une gestion durable de la ressource bois dans tous les segments de la filière, incluant donc la valorisation des déchets de bois bruts.

En 2009, lors d'une réunion gouvernementale, l'État gabonais prend la décision d'interdire l'exportation totale du bois sous forme de grumes. Cette décision se concrétise plus tard par l'Ordonnance n°008/PR/2010 du 25 février 2010. L'objectif étant de permettre une première transformation du bois brut au niveau local avant exportation. À la suite de cette mesure, plusieurs conséquences liées les unes aux autres, s'enchainent. Entre autres, le renforcement des unités de transformation et de la production de bois bruts transformés qui ont entrainé l'augmentation du volume des déchets de bois bruts. En effet, l'année 2022 a comptabilisé deux cents trente-cinq (235) unités de transformation du bois (UTB) (DGICBVPF, 2022). Contrairement à l'année 2009, avec quatre-vingt-deux (82) unités (Kombila Mouloungui, 2019). La Zone Économique à Régime Privilégié de Nkok (ZERP), aujourd'hui Zone d'Investissement Spéciale de Nkok (ZIS), est née de cette mesure gouvernementale. Son caractère industriel majoritairement orienté vers la transformation locale du bois, participe du taux croissant du volume des déchets. Sur près de 100 usines installées, les unités destinées à la transformation du bois comptent pour 85 en 2022 (DGICVBPF, 2022). Dans l'ensemble, les segments de sciage et de déroulage-placage produisent le maximum de déchets.

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La valorisation des déchets de bois bruts est une pratique réelle dans la ZIS de Nkok. Cependant, elle connait quelques déficits d'organisation qui l'empêchent de satisfaire l'ensemble des attentes en termes de gestion de ces déchets et de désengorgement des unités de transformation qui sont à la source de la production des déchets de bois bruts. Ces éléments tels que présentés, justifient le choix de notre sujet.

3-Intérêt du sujet

« Au Gabon, les activités de la filière bois concernent exclusivement la coupe du bois, la transformation et la commercialisation f...] Le recyclage des déchets de bois repose souvent sur des activités informelles et largement ignorées de la politique forestière. » (Mabika, 2021, pp.69-70). Or, ces déchets de bois bruts sont des matières secondaires stratégiques pour lesquelles la valorisation arrive à combiner les avantages économiques, sociaux et environnementaux qui sont les piliers du développement durable. Dans ce sens, notre étude revêt un intérêt scientifique, socio-économique et environnemental.

? Intérêt scientifique

Sur le plan scientifique, cette étude est un complément de données statistiques sur la production des déchets de bois bruts industriels. Ces données pourraient susciter la recherche sur des projets innovants en termes d'utilisation de ces déchets. En outre, cette étude propose des modes de valorisation qui diffèrent des pratiques coutumières de production de charbon de bois ou de sciage artisanal. Elle est une contribution aux travaux sur la gestion des déchets de bois et des formes de valorisation applicables selon les types de déchets.

? Intérêt socio-économique

Sur le plan socio-économique, cette étude évalue l'impact économique des activités de valorisation des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok, en vue d'améliorer le rendement matière de la production de bois bruts transformés. Elle a un impact social dans la mesure où, produire encore plus de richesse dans la filière bois est source d'emplois, qui concourent à l'amélioration des conditions de vie des personnes employées. Cette étude s'intéresse à une forme de valorisation industrielle qui met en lumière les potentialités de ces matières résiduelles. Elle propose des produits à fort potentiel d'exportation, ce qui peut représenter un atout vis-à-vis des échanges et des partenariats commerciaux avec des acheteurs étrangers.

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? Intérêt environnemental

La portée environnementale de ce travail quant à elle, réside dans la lutte contre le gaspillage des matières qui peuvent encore servir à d'autres usages et soutenir la gestion forestière durable. En effet, ce travail s'intéresse à un modèle d'utilisation durable des déchets de bois bruts qui évite que ces matières finissent pour beaucoup, brûlées à l'air libre, participant ainsi à la pollution de l'air.

4-Revue de la littérature

Les problèmes posés par les déchets dans la société, ont fait l'objet de plusieurs travaux scientifiques qui tentent d'améliorer les systèmes de gestion et de pallier les problèmes environnementaux générés. Concernant les déchets de bois bruts, plusieurs études sur le sujet attestent de l'abondance de ces déchets dans les industries de transformation et dans l'exploitation forestière. Dans l'est du Cameroun, la consommation du bois est de 820.639 m3 et a généré environ 528.378 m3 de rebuts durant l'année 2016 (Kamkuimo et al., 2017). À Libreville et ses environs, on compte 444.996 m3 de rebuts pour une consommation de grumes de 870.163 m3 en 2015 (Mabika, 2021). Ces déchets de bois bruts, issus en grande partie du sciage (Mabika, 2014), sont de type débités déclassés. Quant aux déchets tels que les copeaux ou les sciures, ils sont très souvent restés en marge des études sur les types de déchets de bois et sont très peu valorisés au niveau du Gabon.

Les utilisations de ces débités déclassés ont fait l'objet de nombreuses publications pour la production de lamellés collés ou croisés (Dalimier, 2022), de bois de construction (Ekome Mengue, 1997 & Eyi Obame, 2017), ou de charbon de bois (Ngangori, 2018 et Mabika, 2021). Par exemple, Mabika (2021) évalue les retombées socio-économiques et environnementales de ces activités du secteur artisanal-informel et montre que les procédés de recyclage participent à limiter le gaspillage des ressources et à garantir des revenus conséquents qui améliorent les conditions sociales des acteurs. Dans le même sens, Ekome Mengue (1997) et Eyi Obame (2017), identifient et estiment les types de résidus de bois issus de l'abatage et du façonnage en vue de leur valorisation pour la construction. Ils identifient comme résidus, les rondins et les corsins qui peuvent être transformés en chevrons, lattes et planches, afin d'améliorer la qualité des habitations pour les populations locales.

Malgré l'abondance et la diversité de ces études, le problème de l'importance des volumes de déchets de bois bruts persiste et le taux d'utilisation demeure faible. Au regard des travaux précités, cette étude voudrait approfondir la réflexion sur l'importance de la valorisation des

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déchets de bois bruts industriels. Pour ce faire, elle s'intéresse à une forme de valorisation industrielle qui diversifie un peu plus les types de déchets valorisés et optimise les méthodes de traitement de telle sorte qu'elles atténuent davantage les problèmes d'encombrement et de gaspillage des résidus de bois. Dans le contexte d'une zone à forte production des déchets de bois bruts, cette étude évalue les impacts concrets des dispositifs installés pour valoriser ces déchets.

5-Problématique, Hypothèses et Objectifs

5.1- Problématique

Les déchets de bois bruts produits dans les unités de transformation connaissent des volumes assez importants et dont la demande s'accroit au fil du temps. Ils sont créateurs d'activités économiques et génèrent des gains conséquents. Notamment, pour la production de charbon de bois (Ngangori, 2018), le fumage de poisson (Nguimbi, 2015) ou encore les activités artisanales de sciage et menuiserie (Lescuyer et al., 2011). La Zone d'Investissement Spéciale de Nkok qui est une zone de forte production des déchets de bois bruts, connait quelques difficultés dans la gestion de ces déchets. En effet, les déchets de bois sont brûlés ou stockés à l'air libre dans les unités de transformation. Cette situation courante dans les unités de transformation du bois au Gabon (Maloba Makanga, 2022), entraine le gaspillage des matières qui peuvent encore être utilisées et participe à la pollution de l'air. Pour pallier ces problèmes, les autorités de la ZIS ont introduit des unités de valorisation afin d'assurer la gestion de ces déchets et permettre une meilleure utilisation de ceux-ci. Cependant, cette initiative ne suffit pas à régler le problème de gaspillage puisque les pratiques de brûlage et de stockage des déchets de bois bruts persistent au sein des unités de transformation.

Au regard de ce qui précède, nous sommes amenés à nous interroger de la façon suivante : Comment les déchets de bois bruts sont-ils gérés dans la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok ?

Quelle est la place de la valorisation des déchets de bois bruts ? Quels sont les conditions et procédés de valorisation mis place ? Quels sont les impacts et limites de cette valorisation ?

5.2-Hypothèses

En guise de réponse provisoire à la problématique, nous énonçons trois hypothèses formulées comme suit :

13

- La gestion des déchets de bois bruts dans la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok se fait de diverses manières suivant les pratiques et orientations des différents acteurs ;

- La valorisation de ces déchets occupe une place importante avec la mise en place des conditions et procédés de valorisation qui ont un impact économique, social et environnemental positif ;

- Bien que dans la ZIS de Nkok il y ait des industries de valorisation des déchets de bois bruts, de nombreux manquements sont observables. Ce qui limite l'efficacité de la valorisation de ces déchets de bois.

5.3-Objectifs

L'objectif de ce travail est d'examiner le système de gestion des déchets de bois de la ZIS de Nkok et de vérifier l'efficacité des processus et procédés de valorisation mis en place. Il se décline autour de trois objectifs spécifiques qui sont :

- Recenser les limites du système de gestion des déchets de bois dans la ZIS ;

- Quantifier les volumes des déchets de bois bruts produits dans les unités de transformation et ceux collectés par les unités de valorisation des déchets du bois ;

- Évaluer l'impact socio-économique et environnemental de la valorisation des déchets de bois bruts.

6-Cadre méthodologique

6.1-Présentation de la démarche

La méthode scientifique est la procédure logique d'une science, c'est l'ensemble des pratiques particulières qu'elle met en oeuvre pour que le cheminement de ses démonstrations et de ses théorisations soit clair, évident et irréfutable (Aktouf, 1987). L'approche méthodologique de ce travail s'appuie sur les enseignements tirés de la recension des documents consultés et des observations directes lors des sorties de terrain (Juin-Juillet 2023/Février-Avril 2024).

Pour mener à bien ce travail, nous avons opté pour une approche mixte : la démarche hypothético-déductive. Cette approche à la fois descriptive et causale, combine les méthodes de collecte et d'analyse de données propres aux approches qualitative et quantitative. Elle consiste à émettre des hypothèses, à recueillir des données puis à tester les résultats obtenus pour réfuter ou confirmer les hypothèses. Elle nous a permis de faire un état des lieux sur la gestion des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok et d'établir les faits sur les pratiques de valorisation exercées. Elle nous a également permis de mesurer l'apport de la valorisation sur

14

le plan social, à travers les emplois générés par ces activités qui permettent d'améliorer le quotidien des bénéficiaires. La documentation sur les déchets de bois au Gabon étant peu fournie, cette approche permet de rendre compte des faits et perceptions entourant la valorisation de ces déchets dans cette zone de forte production.

? Recherche documentaire

Cette étude a été possible grâce à une diversité de documents consultés en bibliothèque (Institut Français, LANASPET, Médiathèque et Bibliothèque Universitaire). Sur les différents sites académiques d'internet (Érudit, Googlescolar, researchgate et Cairn info) et via les medias nationaux et internationaux en ligne (Le Nouveau Gabon, Gabon actualité, Gabon médias times, France infos etc.). L'ensemble de ces documents étant directement ou indirectement lié à notre sujet, a permis de mieux le cerner et de nous informer des aspects qui ont déjà été développés sur la question des déchets de bois bruts aussi bien au Gabon qu'à l'extérieur. Il a également permis de nous situer sur ce que nous pouvons réaliser comme apport à la science. Aussi, un stage de deux mois a été effectué pour la collecte des données. Il s'est déroulé au sein de la Direction Générale des Industries du Commerce du Bois et de la Valorisation des Produits Forestiers (DGICBVPF), du Ministère des Eaux et Forêts. Précisément à la Direction de la Valorisation des Rebuts Industriels du Bois et de la Promotion des Bioénergies (DVRIBPB). Ce stage a consisté à rassembler l'ensemble des informations sur les activités de transformation du bois au Gabon et particulièrement dans notre zone d'étude au cours des années antérieures.

? Méthodes et outils de recherche

Cette section traite des méthodes mobilisées pour élaborer ce mémoire. Elle articule respectivement les entretiens, l'exploitation d'un questionnaire et l'observation directe.

La collecte de données sur le terrain s'est faite au travers de divers entretiens avec les personnels administratifs des autorités de la ZIS et des unités de valorisation des déchets de bois. Ces entretiens ont consisté d'une part à mieux comprendre le fonctionnement de la zone en matière de gestion des déchets de bois et d'avoir une idée des mesures prises en interne pour accompagner les unités de valorisation. D'autre part, les entretiens avec les unités de valorisation nous ont permis de nous enquérir de leurs activités, d'avoir une visibilité sur les types de déchets collectés, les produits qui en ressortent et d'avoir un avis objectif sur les quantités de déchets collectés.

Le questionnaire a été réalisé auprès des unités de transformation du bois (sciage et déroulage-placage uniquement). En tant que productrices des déchets de bois bruts, nous avons tenté de comprendre leur rôle dans la gestion mais surtout dans la valorisation de ces déchets.

15

Mais encore, avoir une idée approximative de la quantité de déchets produite dans chaque unité selon le segment d'activité. Ce questionnaire a été établi grâce au logiciel Sphinx puis administré de façon manuelle, dans le but de mettre les enquêtés en confiance. Nous avons interrogé trente unités de transformation, ce qui est légèrement en dessous de nos estimations initiales. Par ailleurs, la réalité sur le terrain nous a révélé que certaines unités répertoriées comme opérationnelles ne le sont plus. D'autres, listées comme des entités distinctes, appartiennent en réalité à une seule entreprise mais opèrent sous des appellations différentes.

Les observations directes sur le terrain ont permis de confronter les propos des personnes entretenues à la réalité des pratiques en matière de gestion des déchets de bois bruts dans les unités de transformation et même de valorisation. Ces observations nous ont permis d'avoir un jugement propre de la gestion des déchets de bois dans la ZIS de Nkok.

Plusieurs outils et techniques d'analyse ont été nécessaires pour la collecte des informations, le traitement et l'analyse des données (Tableau 1). Nous distinguons parmi ces outils : les outils de collecte et les outils de traitement de données.

Tableau 1 : Les outils de recherche

Outils

Types

Utilité

Plan de la ZIS et liste des Industries (tous secteurs confondus)

Outils de
collecte

Faciliter le repérage et identifier les unités cibles.

Smartphone

Outil de
collecte

Prendre des photos afin d'illustrer le travail.

Enregistrer les points GPS des entreprises
enquêtées et points phares de la zone

Ordinateur Portable

Outil de
traitements

Support des logiciels de traitement de texte, de calculs et de cartographie

Logiciel Microsoft Word 2013

Outil de
traitements

Rédaction et traitement général du texte

Logiciel Microsoft Excel 2013

Outil de
traitements

Traitement des données et réalisation des

graphiques présentés dans le travail

Logiciel cartographique

QGIS (version3.28.15)

Outil de
traitements

Réalisation des cartes, permettant ainsi d'illustrer spatialement la ZIS de Nkok et ses différentes activités.

Source : OBONE MBA Cécilia A, 2024

16

La figure 1 ci-dessous reconstitue la méthodologie adoptée pour la réalisation de ce travail. Elle débute avec la présentation de la démarche, des méthodes et outils de collecte des données, la présentation des outils de traitements et d'analyse avant d'aboutir aux résultats. Figure 1 : Méthodologie de la recherche

Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

7-Difficultés rencontrées

Les difficultés rencontrées lors de la rédaction de ce travail ont été :

- La possibilité d'estimer les volumes des déchets de bois produits lors des opérations de transformation de la grume et ceux brûlés ;

- L'absence de données antérieures sur les activités de transformation du bois au Gabon ; - La réticence de certaines unités de transformation à participer à l'enquête.

8-Articulation du mémoire

Le présent travail est divisé en deux grandes parties comprenant chacune deux chapitres. La première partie intitulée, organisation et gestion des déchets de bois bruts de la zone économique spéciale de Nkok, donne un aperçu global du fonctionnement de la zone et de la gestion des déchets de bois bruts. Par conséquent, le premier chapitre de cette partie traite de la présentation de la zone d'étude et des cadres légaux qui définissent la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok et ses activités. Le second chapitre, aborde de la gestion des déchets de bois bruts dans ladite zone. Dans la seconde partie de ce travail intitulée effets et limites de la valorisation des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok, nous abordons d'une part, des impacts des activités de valorisation des déchets de bois bruts. D'autre part, nous montrons les limites de ce système de gestion au sein de la ZIS.

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PREMIERE PARTIE :

ORGANISATION ET GESTION DES DECHETS DE BOIS
BRUTS DE LA ZONE ECONOMIQUE SPECIALE DE

NKOK

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Introduction de la première partie

La première partie de ce travail vise à faire une présentation générale de la zone d'étude. Partant de l'analyse du cadre spatial et de la règlementation à laquelle sont soumis les investisseurs de la ZIS de Nkok (chapitre 1) ; à la description du système de gestion des déchets de bois et des modes de valorisation exercés (chapitre 2). Elle met en évidence tous les aspects liés à la compréhension du fonctionnement des entreprises dans une Zone d'Investissement Spéciale en l'occurrence celle de Nkok. Les critères de définition et d'implantation de ces entreprises y sont décrits. Il s'agit également de faire une présentation des activités de valorisation des déchets de bois bruts au sein de ladite zone.

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CHAPITRE 1 : PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE ET DU CADRE RÈGLEMENTAIRE RÉGISSANT LES ACTIVITÉS DE TRANSFORMATION DE BOIS BRUTS

L'étude sur la valorisation des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok nécessite de mettre en avant ses atouts géographiques, organisationnels et juridiques. Cela permet de mieux cerner cet espace et de comprendre le développement d'activités en lien avec la valorisation des déchets de bois bruts.

1.1-Présentation de la zone d'étude et de ses activités de transformation de bois bruts

La localisation d'une industrie dépend d'un ensemble de critères qu'il est impératif de remplir pour garantir la rentabilité de celle-ci et permettre qu'elle se pérennise dans le temps et dans l'espace. Selon Jean Labasse, il s'agit de : l'abondance et la régularité de l'approvisionnement, le prix des matières premières, le milieu physique et humain, les impôts et la main d'oeuvre (Derruau, 2012). La présentation de la situation géographique et de ses caractéristiques permet d'apprécier la prise en compte ces critères de localisation dans l'implantation de la ZIS de Nkok et celle des usines de transformation du bois et particulièrement de valorisation des déchets de bois bruts.

1.1.1-Situation géographique et caractéristiques de la ZIS de Nkok

Située dans le département du Komo-Mondah à 0°23'38»Nord et 9°36'58»Est, c'est au village Nkok que se trouve la Zone d'Investissement Spéciale qui lui vaut son nom. À l'exemple de Shenzhen en Chine2, la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok bénéficie d'une situation géographique favorable. Elle est proche de la capitale Libreville soit à 27 kilomètres, et est au passage de trois moyens de communication majeurs que sont la route nationale 1, le chemin de fer et le quai d'embarcation situé dans la zone multimodale qui donne accès au port commercial d'Owendo (cf. Carte 1).

2 Shenzhen se situe à la frontière de Hong-Kong de part et d'autre de la voie ferrée qui relie Hong-Kong à Canton. Elle bénéficie d'un approvisionnement électrique mais surtout de la proximité des sources d'investissement et de débouchés économiques.

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Carte 1 : Localisation de la zone d'étude

Cette proximité à la capitale est favorisée par les voies de communications qui permettent la mise en relation entre la ZIS de Nkok et différents points de l'espace. Il faut dire que le rôle prépondérant des transports dans le processus industriel a longtemps été démontré par les théoriciens de la géographie économique. De Von Thünen en passant par Weber et Lösch pour ne citer que ceux-là. Ces derniers ont montré que, selon les circonstances, il est possible de réduire les coûts de production en localisant l'entreprise près du marché (John Heinrich Von Thünen), en l'établissant là où la matière première est abondante (Alfred Weber) ou en plaçant l'unité de production dans une région où la main-d'oeuvre est largement disponible (August Lösch). La Zone d'Investissement Spéciale de Nkok n'échappe pas à cette réalité géoéconomique. Elle bénéficie de sa proximité avec la plus grande ville du pays qui lui fournit une partie importante de la main d'oeuvre. Elle bénéficie également de son emplacement à la confluence de trois moyens de transport qui facilitent l'acheminement des matières premières dans les unités de transformation et l'expédition des produits vers les marchés internationaux. Comme l'énonce Dunlop (2016), le choix du site s'opère également en tenant compte de son accessibilité aux ressources à exploiter et de sa bonne insertion dans le réseau de circulation. Dans ce sens, le choix du site de Nkok n'est pas fortuit. Nonobstant les bourbiers que l'on

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observe sur certains axes, les voies de communication au passage de la ZIS, facilitent d'une certaine façon les approvisionnements en matières premières, par le canal du train et des gros porteurs. Elles permettent également de réduire les délais d'acheminement de la production vers le port commercial d'Owendo, à travers le quai. D'augmenter l'efficacité du transport des marchandises et rendent la zone plus accessible et plus attractive.

Il faut dire que la ZIS de Nkok représente à la fois, une porte d'entrée vers l'arrière-pays pour les investisseurs revenant de Libreville et une porte de sortie vers la mer pour les produits à exporter. C'est donc une position stratégique pour elle car elle reçoit la ressource d'un côté, de l'autre les investisseurs et exporte les produits transformés. Comme le dit Fischer : « Tout processus industriel implique en effet, mais à des degrés divers, l'intervention du transport. D'abord pour réunir en un même lieu des produits et matériaux bruts devant subir une transformation, ensuite pour acheminer les produits finis vers les lieux d'utilisation et de consommation.» (1978, p.35). Par le canal du train, des gros porteurs et des bateaux, ce sont de grandes quantités de ressources et de marchandises qui sont transportées et acheminées vers les lieux de production et de commercialisation.

1.1.2-L'organisation de la zone économique spéciale de Nkok

Les zones économiques spéciales (ZES) sont des zones franches3 à l'échelle d'un port, d'un quartier, d'une ville, fonctionnant comme des enclaves économiques et fiscales (Géo confluences, 2015). Elles sont apparues en Chine en 1978 et se définissent comme de très vastes territoires au sein desquels les entreprises agréées peuvent s'implanter librement, soit dans des zones industrielles et des parcs d'activités, soit sous la forme de points francs (Bost, 2007). Elles bénéficient d'infrastructures de qualité, d'un régime fiscal et/ou douanier particulier, parfois de régimes dérogatoires aux législations sur l'accès à la terre ou sur l'emploi. Leur rôle est de développer une industrie pour l'exportation, principalement en attirant les investisseurs étrangers (CNUCED, 2021). Selon la conférence des nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED), il existe en 2019, 5383 zones économiques spéciales dans le monde dont 237 en Afrique (CNUCED, 2021). La multiplication de ces ZES dans le monde est alimentée par la volonté des décideurs politiques d'améliorer la situation économique de leur pays, confronté à un retard de croissance.

3 Zone Franche : espace de libéralisation des échanges, d'ouverture à l'économie de marché. Ils sont destinés à attirer les entreprises et activités exportatrices grâce aux avantages qui leurs sont accordés.

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Les objectifs de développement d'une ZES sont définis par l'augmentation des taux d'investissements directs étrangers (IDE), du taux d'exportation et du taux de création d'emplois. Elles visent aussi le développement de l'écosystème industriel local vers des capacités de production plus élevées (CNUCED, 2021). Selon le rapport ZESS Afrique « Des Zones Économiques Spéciales Sécurisées », les zones économiques spéciales se caractérisent par leur taille, le modèle de gouvernance, le nombre et la propriété des entreprises, le nombre d'emplois générés et les secteurs cibles (Pommier et al., 2021).

Initiée à la suite de la mesure gouvernementale de 2009 interdisant l'exportation complète des grumes, la Zone Économique à Régime Privilégié (ZERP) de Nkok a été établie par le décret n°0461/PR/MPITPTHAT du 10 octobre 2012. Elle s'étend sur 1127 ha de superficie et est la première zone économique spéciale au Gabon, créée en vue de dynamiser le secteur industriel du bois. Elle est issue d'un partenariat public-privé entre l'État gabonais et le groupe ARISE IIP afin d'installer au sein du territoire national, un écosystème adapté et des infrastructures favorables à l'industrialisation de la filière bois. Cependant, au fil du temps, d'autres secteurs de transformation s'y sont installés, à savoir : la sidérurgie, l'agro-industrie, le BTP, la chimie et l'industrie pharmaceutique. Toutefois, dans cet espace, la transformation du bois reste l'activité majeure. Le secteur mobilise 80 % des activités, pour une production des bois de qualité (GSEZ-Nkok, 2022). En 2022, la ZES de Nkok compte plus de 80 entreprises exerçant dans la transformation du bois et génère près de 4517 emplois directs et indirects dans l'industrie du bois (Mouissi, 2023). La carte 2 ci-dessous fait une présentation des infrastructures qui composent la ZIS de Nkok, en distinguant les unités de transformation du bois des autres industries, les bâtiments administratifs et autres infrastructures présentes dans la ZIS (cf. Carte 2).

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Carte 2 : Occupation du sol de la ZIS de Nkok

À l'instar d'autres pays africains, la création de la zone économique spéciale de Nkok par l'État gabonais, procède d'une volonté de s'industrialiser à partir des matières premières locales. Ceci, dans le but de satisfaire le marché intérieur et d'assurer la souveraineté de son développement en créant de la valeur ajoutée aux produits exploités localement. Notons que la zone économique spéciale de Nkok est à l'origine de près de 40 % des exportations hors pétrole (PIA Africa, 2021), et a acquis une réputation internationale comme en témoigne les prix qu'elle a reçu pour diverses raisons. En 2020 par exemple, elle a reçu le prix « Woods products » à l'édition 2020 des « Global Free Zone of the Year » récompensant la promotion de la transformation locale du bois (Mabimba, 2020). Elle s'identifie également comme une zone à économie verte qui essaie tant bien que mal de préserver l'environnement.

Le 20 janvier 2023, sur décision gouvernementale, la ZERP de Nkok change de statut juridique pour devenir la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok (ZIS de Nkok). Le décret n°0018/PR/MIPPPAEA du 07 mars 2023 portant création de la ZIS, confirme le changement de statut juridique. Il s'agit selon les articles 1 et 2 de ce décret, d'une réorganisation qui porte sur la redéfinition du statut juridique, des activités, du cadre institutionnel et des régimes

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applicables à la Zone Économique à Régime Privilégié (Décret N° 0018, du 07/03/2023). Contrairement à la ZERP qui était axée sur la transformation du bois, c'est désormais une zone beaucoup plus ouverte aux autres activités industrielles et de recherche. Les investisseurs, détenteurs d'un agrément prévu par la loi n°0036/2018, bénéficient ou non du régime privilégié.

1.1.3-Les conditions fiscales et douanières des entreprises dans la ZIS de Nkok

Les conditions fiscales et douanières dans la ZIS de Nkok, permettent aux investisseurs d'évoluer dans un climat économique assez favorable au développement de leurs activités. En effet, dans la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok, les entreprises bénéficient des avantages selon le régime auquel elles sont inscrites. Il ne s'agit plus de donner de facto à toutes les entreprises, les mêmes privilèges comme ce fut le cas dans la ZERP. Les avantages sont définis en fonction des dispositions légales prévues pour chaque sous zone. Le tableau 2 ci-après définit les avantages fiscaux et douaniers des entreprises dans la ZIS de Nkok.

Tableau 2 : Avantages fiscaux et douaniers dans la ZIS de Nkok

Avantages fiscaux

Avantages douaniers

Exonération de la retenue à la source de 20%

Exonération des droits, taxes, redevances de

sur les paiements au profit des prestataires ;

douanes pour les commodités importées du

Exonération de toutes les retenues à la source

territoire douanier national ou non par les

pour 25 ans ; Exonération de la Taxe sur la

investisseurs des ZIS à régime privilégié et leurs

Valeur Ajoutée (TVA) sur 25 ans pour les ventes faites à l'intérieur de la ZIS et à l'exportation

sous-traitants

Exonération totale de l'impôt sur les sociétés

Exonération de tous les impôts, droits et taxes

ou sur les bénéfices industriels et commerciaux

indirects, dont la TVA à la sortie du territoire

pendant 10 ans ; Exonération de l'impôt

national ou à l'entrée de la ZIS à régime privilégié

minimum

pour 25 ans

Source : Loi N°036/2018 du 08/02/2019 Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

De ce tableau, il faut noter que les dispositions évoquées ne concernent que les entreprises enregistrées au régime privilégié de la ZIS. Pour ce qui est de l'exonération totale de l'impôt sur les sociétés, il est mentionné dans l'article 67 de la loi n°036/2018 qu'à partir de la onzième année, les entreprises paieront 10% durant les cinq années à venir. Soit pratiquement 15 ans d'exonération totale d'impôt sur les sociétés. La particularité de la ZIS-ZERP est qu'elle doit toujours exporter au moins 75% de sa production, les 25% restant peuvent être écoulés sur

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le territoire national sans perdre le bénéfice des exonérations et avantages prévues par la loi sur les ZIS en République Gabonaise (Loi n°36/2018, art. 69). Les conditions douanières évoquées dans ce tableau concernent entre autres, les dispositions sur les importations et exportations des entreprises ZIS et affiliées. Elles déterminent si les droits et taxes seront acquittés ou non, si les contrôles de commerce extérieurs seront réalisés ou non vis-à-vis des marchandises. Ainsi, comme nous montre le tableau 2 ci-dessus, les entreprises installées dans la ZIS sont exonérées de nombreuses taxes et redevances fiscales en lien avec leurs activités, à l'import comme à l'export. Tous ces avantages fiscaux et douaniers accordés aux investisseurs bénéficiant du régime privilégié sont censés représenter un manque à gagner pour l'État, qui, en permettant aux entreprises de faire des économies d'argent sur le long terme, attire dans la zone plus d'investisseurs.

Concernant les entreprises ne disposant pas du régime privilégié, elles sont soumises aux règles de droit commun pour tous les aspects fiscaux et douaniers. En s'installant dans la ZIS, elles bénéficient des conditions pratiques (espace pour exercer leurs activités, sécurité, facilité de créer d'une entreprise etc.).

1.2-Les activités de transformation des bois bruts

De la forêt à sa présence dans nos foyers, il y a un important processus de transformation du bois qui est réalisé ; les activités de transformation du bois se répartissent selon des niveaux de transformation. Ceux-ci sont très variables selon les régions car cela implique des conséquences en termes de traçabilité, de déclaration, de statistiques et de fiscalité. De ce fait, chaque pays détermine dans un cadre réglementaire ses niveaux de transformation (Martin & Vernay, 2016). Au Gabon, le Code forestier identifie trois niveaux de transformation du bois, avec à l'intérieur de chaque niveau, différentes étapes permettant d'identifier le type de transformation et les produits obtenus (Code forestier, 2001). Dans la ZIS Nkok comme dans l'ensemble du pays, la répartition des segments d'activités dans les niveaux de transformation diffère quelque peu de celle mentionnée dans le Code forestier. En effet, selon les rapports d'activités de la Direction Générale des Industries du Commerce Bois et de la Valorisation des Produits Forestiers (DGICBVPF), le premier niveau de transformation ne concerne que le sciage. Le deuxième niveau, est pour les segments d'activités de déroulage, tranchage et de séchage. Quant à la troisième transformation, elle concerne la fabrication des panneaux, contreplaqués, produits finis de menuiserie et ébénisterie. On compte aussi parmi les activités de transformation, d'autres activités dites connexes telles que la fabrication du charbon de bois et la valorisation des rebuts (DGICBVPF, 2020-2022).

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Dans la ZIS de Nkok, la transformation des bois bruts concerne les deux premiers niveaux de transformation qui utilisent la grume comme matière première. La transformation d'une bille de bois dépend de ses caractéristiques physionomiques que sont : la circonférence, le diamètre, la nature du bois et la nodosité (Kombila Mouloungui, 2019). Selon cet auteur, la qualité du bois est le facteur dominant en matière de rendement puis vient la performance de l'outil. Ce qui n'est pas forcément le cas dans les unités de transformation. Si d'un côté la qualité du bois est bonne, le problème peut venir de l'outil de transformation qui est rudimentaire et non adapté pour tirer le maximum de profit de la grume et inversement. De ce fait, pour améliorer leur rendement, les industriels augmentent souvent leur consommation de grumes ce qui engendre un gaspillage de la ressource (Mabika, 2014).

1.2.1-Le premier niveau de transformation

Il concerne le segment du sciage dont l'opération consiste à transformer les bois ronds en bois sciés. Le sciage est une activité destinée à l'obtention des produits de menuiserie, du mobilier ou de construction. Il comprend toutes les étapes de découpe du tronc d'arbre qui, à la fin des processus, permettent d'avoir des avivés, des poutres, des planches, chevrons, lattes etc. (Fibois, 2023). Le sciage industriel se fait avec des machines sophistiquées, permettant non seulement d'avoir au plus vite une production rentable mais également de produire des bois sciés qui présentent des formes largement appréciables. Pour ce faire, le scieur élimine les parties impropres de la grume et atténue les malformations, notamment les effets de courbures et de décroissances trop prononcées. Le découpage des grumes se fait en fonction de leur diamètre et de leur qualité. Durant toutes les étapes de transformation du bois, le scieur évalue la matière par son savoir et son expérience, il détermine les découpes à appliquer et les débuts les plus appropriés (ATIBT, 2023).

L'activité de sciage produit assez de déchets, 80% du volume des déchets de bois sur le territoire national provient du sciage (Mabika, 2021). Cela est dû à la qualité des produits recherchés qui doit éliminer le maximum d'imperfections. Par conséquent, les déchets issus du sciage sont de plusieurs natures.

Sur l'ensemble du territoire national, le sciage industriel compte cent vingt-trois (123) unités de transformation pour seulement quinze (15) dans la ZIS de Nkok (cf. Graphique 1).

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Graphique 1: Le segment du sciage au Gabon

Nkok Hors Nkok

108; 88%

15; 12%

Source : DGICBVPF, 2022 Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Ce graphique montre une prédominance de l'activité de sciage à l'extérieur de la ZIS de Nkok. Il en ressort que le nombre d'unités de sciage hors de la ZIS est estimé à 108 représentant 88% des unités de ce segment, contrairement au nombre d'unités de sciage présentes dans la ZIS de Nkok qui est de 15 unités représentant 12% des activités à l'échelle nationale. On peut déduire que le segment du sciage est quasi-inexistant dans la ZIS de Nkok, au regard des écarts avec les unités situées hors ZIS de Nkok. Dans la zone, cette activité est exercée en quasi-totalité par des investisseurs venus d'Asie, dont les plus importants viennent de l'Inde et de la Chine (cf. Tableau 3).

Tableau 3 : Les UTB de sciage dans la ZIS de Nkok

SOCIETES

CAPITAUX

ETAT REEL

1

Akachi Wood Gabon

Inde

En activité

2

Compagnie Dan Gabon

Chine

En activité

3

Fortune Lumber Sarl Zerp

Inde

En activité

4

Gabon Meubles Modernes

Chine

En activité

5

Gabon Shengda Investments Co Ltd

Chine

En activité

6

Gabon Wood Industries

Malaisie

En activité

7

Khll Forestry

Chine

En activité

8

Pride Wood Gabon

Inde

En activité

9

Reeddhi International Gabon

Inde

En activité

10

Resurgent

Inde

En activité

11

Somivab

Italie

En activité

12

Rain Forest Management

Malaisie

En activité

13

Wood Pro Industries

Inde

En activité

14

Wood Tech

France

En activité

15

Wood Value Gabon

Inde

En activité

Source : DGICBVPF, 2022 Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

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1.2.2-Le deuxième niveau de transformation

Le deuxième niveau de transformation est dédié aux activités de déroulage, de tranchage et de séchage. Pour ce qui est du déroulage, c'est une opération qui consiste à produire un ruban de placage à partir de la périphérie d'une bille, alors que cette dernière est animée d'un mouvement de rotation (cf. Photo 1). Le couteau lui, est animé d'un mouvement de translation (ATIBT, 2023). Le placage est le nom donné aux feuilles de bois d'une épaisseur inférieure à 6mm, obtenues par les opérations de déroulage, de tranchage ou de sciage (Martin & Vernay, 2016).

Les feuilles de placage issues du déroulage sont principalement destinées à la fabrication de contre-plaqués, mais peuvent avoir d'autres utilisations telles que la fabrication des allumettes et des emballages.

Photo 1: Le déroulage

Source : www.fnbois.com , Modifiée par OBONE MBA Cécilia A, 2024

Le tranchage consiste à ôter à l'aide d'une trancheuse, une feuille de bois d'épaisseur variable (comprise entre 0,3 et 0,8 mm) à partir d'une bille équarrie (ATIBT, 2023). À la différence du déroulage, les dimensions des feuilles brutes de placage obtenues ne sont pas « illimitées », mais correspondent en fait à celle de l'équarri dont elles sont issues. Le déroulage et le tranchage permettent de produire du placage. Quant au séchage, il consiste à diminuer au maximum le taux d'humidité du bois.

Le deuxième niveau de transformation du bois représenté par le segment du déroulage-placage occupe une place importante dans la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok. Il enregistre quarante-neuf (49) unités de transformation contre vingt-neuf (29) unités hors ZIS de Nkok. En pourcentage, ce segment représente 63% des activités dans la ZIS contre 37% hors ZIS de Nkok (cf. Graphique 2).

29

Graphique 2: Le segment du déroulage au Gabon

29; 37%

49; 63%

Nkok

Hors Nkok

Source : DGICBVPF, 2022 Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Ceci s'explique par le fait que la ZIS de Nkok a été créée à priori pour la fabrication du contreplaqué. De ce fait, le bois déroulé sert en partie à la confection de contre-plaqués. En effet, le placage est l'une des activités majeures dans la ZIS de Nkok. Entre 2018 et 2022, la production de placage des UTB installées dans la ZIS est passée de 135.710 m3 (environ 35% de la production nationale de placage) à 360.775 m3, soit 61% de la production nationale (Mouissi, 2023). En 2018, le Gabon occupait la 11ème place mondiale dans la production de feuilles de placage, en 2022 il s'est hissé à la 6ème place mondiale et au 1er rang en Afrique (op.cit., p.20).

Globalement, en 2022, le nombre total d'unités de transformation du bois sur le territoire national est estimé à deux cent trente-cinq (235), et la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok en possède quatre-vingt-cinq (85), selon la DGICBVPF. Le graphique 3 ci-joint fait une répartition des activités de transformation du bois dans la ZIS de Nkok, en y ajoutant les activités de valorisation.

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Graphique 3 : Part de chaque activité dans la transformation du bois à Nkok

22%

2%

58%

18%

Valorisation des rébuts

2ème Niveau ( Déroulage,placage)

3ème Niveau (Contre plaqué)

1er Niveau (Sciage)

Source : DGICBVPF, 2022 Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

À la lecture de ce graphique, il ressort que la deuxième transformation représente 58% des activités de transformation du bois dans la ZIS, la troisième transformation enregistre 22% et la première transformation 18% des activités liées à la transformation du bois. La valorisation des déchets de bois bruts représente 2% des activités de transformation du bois. Aussi, l'activité de tranchage n'est pas pratiquée dans la ZIS de Nkok.

1.3-Cadres juridique, institutionnel et règlementaire régissant les activités de transformation des bois bruts dans la ZIS de Nkok

1.3.1-Le Cadre juridique et institutionnel

? Le Cadre juridique

Les normes de transformation du bois au Gabon sont contenues dans la loi n°16/2001 portant Code forestier en République Gabonaise. Ce Code définit les attentes des politiques en matière de transformation du bois et les différents niveaux de transformation rencontrés dans les industries. Comme susmentionné, la législation forestière distingue trois niveaux de transformation du bois : la première transformation comprend le sciage, le déroulage, le tranchage et le séchage ; la deuxième transformation, inclut la production de panneaux et la fabrication de produits standards tels que les moulures et les parquets ; et la troisième transformation concerne les produits et les articles finis de menuiserie et d'ébénisterie (Code forestier, 2001, art. 223, 224, 225). À ces trois niveaux de transformation, on pourrait y ajouter

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un quatrième niveau dédié à la valorisation des rebuts ou déchets de bois. La figure 2 représente notre perception des niveaux de transformation au Gabon.

Figure 2 : Les niveaux de transformation du Bois

Première
transformation

( Sciage,
Déroulage,
Tranchage et
séchage)

Deuxième
transformation

(Panneaux,
moulures
parquets)

Valorisation des rebuts

Troisième
transformation

(produits de
menuiserie et
ébénisterie)

Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Cette figure montre que les déchets issus de tous les niveaux de transformation devraient faire l'objet de valorisation. La priorité des entreprises exerçant dans l'industrie de la transformation du bois, est d'améliorer leur rendement matière en atteignant un taux de transformation qui évolue jusqu'à 75% (Code forestier, 2001, art. 227). Dans cette optique, la valorisation des déchets de bois bruts représente une alternative intéressante. D'ailleurs, le Code forestier reconnait de façon implicite cette valorisation. En effet, l'article 220 dispose que : « L'industrialisation de la filière bois est l'ensemble des activités pratiquées au moyen d'outils simples ou de chaînes complexes de production en vue de la transformation du bois ou de « ses sous-produits » en produits semi-finis ou finis. ». L'article 221 renchérit en indiquant que l'industrialisation de la filière bois vise la promotion de l'utilisation rationnelle des produits ligneux, le financement de la gestion durable des forêts ; la création de la valeur ajoutée. Ces spécifications des attentes peuvent être comblées par le secteur de la valorisation qui tente de minimiser le gaspillage des matières en favorisant la transformation du bois sous diverses formes.

Toutefois, il faut signaler l'absence de textes juridiques proprement dits sur la valorisation des déchets de bois, inscrits dans le Code forestier. De même, bien qu'il y ait au sein du ministère des eaux et forêts, une direction technique de la valorisation des rebuts industriels du bois et de la promotion des bioénergies (DVRIBPB), il y a un vide juridique sur la question des

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déchets industriels de bois en matière de gestion, de classification des rebuts ou d'orientation sur la valorisation.

Pour ce qui est de l'interdiction aux entreprises de brûler leurs déchets de bois, cette décision a été prise sans une large consultation des opérateurs qui exercent dans le domaine. Elle résulte exclusivement de la volonté du gouvernement et n'est pas réglementée par des textes de loi. L'objectif est d'inciter les entreprises à adopter un comportement plus respectueux de l'environnement dans la zone concernée. L'absence de législation apparaît comme un inconvénient, car la simple volonté gouvernementale ne pourrait suffire à contraindre les entreprises à changer de méthodes dans la gestion de leur déchet de bois. Il aurait été préférable de s'appuyer sur des lois interdisant la combustion des déchets de bois et favorisant leur valorisation, ce qui aurait représenté une méthode plus efficace pour encourager leur participation à la politique de protection de l'environnement désirée par le gouvernement gabonais. Néanmoins, il faut noter que les aspects liés à la valorisation des déchets sont déjà évoqués dans le code de l'environnement à travers l'article 97 qui dispose que « Le traitement des déchets est prioritairement opéré par réduction à la source, et ce, de manière à réduire le gisement global. À cet effet, les déchets produits doivent être réutilisés ou recyclés [...] » (Loi N°007/2014).

? Le Cadre Institutionnel

Les activités de transformation du bois dans la ZIS de Nkok sont encadrées par un ensemble d'organes parmi lesquels : l'Organe d'Aménagement et de Gestion, l'Autorité Administrative et le Comité de Suivi. Ces organes dont la définition des statuts et l'attribution des rôles sont mentionnés dans la loi n°0036/2018 du 08 février 2019, portant réglementation des zones d'investissement spéciales et le décret n°0018/PR/MPIPPPAEA du 07/03/2023 portant réorganisation de la Zone Économique à Régime Privilégié de Nkok, fonctionnent comme suit :

? L'Organe d'Aménagement et de Gestion

L'Organe d'Aménagement et de Gestion de la ZIS de Nkok est en réalité la société Gabon Spécial Economic Zone, en abrégé GSEZ S.A. C'est une entité de droit privé en charge de l'aménagement, l'organisation, la promotion et la gestion de la ZIS de Nkok. Il fonctionne sur la base d'un cahier de charge définissant les droits et obligations du concessionnaire. Cet organe détient en pleine propriété, l'assiette foncière de la ZIS ainsi que le terrain constituant son

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périmètre ; les servitudes créées sur les terrains de la ZIS et les propriétés adjacentes définies dans le plan cadastral et le titre foncier n°16767.

De façon pratique, l'Organe d'Aménagement et de Gestion assure la réalisation et l'entretien des infrastructures et commodités nécessaires aux industries et services (voie de circulation, télécommunications, réseaux d'adduction d'eau et d'électricité etc.). À l'intérieur de la zone, il a en charge la location ou la vente de terrain, maisons, locaux commerciaux, de même que la surveillance et la sécurité des parties communes et des accès à la ZIS. La gestion des mouvements de marchandises au sein de la Zone d'Investissement Spéciale (ZIS), relèvent de sa compétence. Il est aussi chargé de la promotion commerciale et industrielle de la ZIS, de l'accueil des investisseurs et de l'aide à la formulation des demandes d'agréments.

? L'Autorité Administrative

L'Autorité Administrative de la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok est un service public à autonomie de gestion, constitué par le regroupement géographique et fonctionnel de l'ensemble des administrations et services de l'État. Elle intervient dans le processus de création, de supervision, de contrôle et de gestion de la zone. Elle est chargée de délivrer des agréments, de s'assurer du respect du cahier de charges signé par l'Organe d'Aménagement et de Gestion.

L'Autorité Administrative est placée sous tutelle d'un Administrateur Général nommé par décret pris en conseil des Ministres. C'est un agent public de première catégorie ou un cadre du secteur privé, justifiant d'une expérience professionnelle de cinq ans au moins dans les domaines tels que l'économie, la gestion, le droit ou l'administration. Il représente l'Autorité Administrative dans tous les actes de la vie civile. L'Autorité Administrative comprend : le service d'appui, le guichet unique et l'agence comptable.

Le service d'appui est un ensemble des services nécessaires à la mise en oeuvre des missions de l'Autorité administrative. Quant au guichet unique, il regroupe toutes les administrations (23 pour être plus précise) auprès desquelles les entreprises effectuent les formalités et démarches en vue d'obtenir les autorisations administratives nécessaires à leur installation ou à leur maintien dans la ZIS de Nkok. À titre exclusif, ce service est chargé de l'accomplissement de l'ensemble des formalités administratives relatives à l'implantation et à l'exploitation des investissements dans la zone. De veiller, en matière sociale au respect des lois et règlements en vigueur en République Gabonaise. De délivrer l'ensemble des permis, visas et toutes autres autorisations nécessaires au bon fonctionnement des entreprises. De recevoir, traiter et contrôler

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l'ensemble des déclarations en matière fiscales douanières et sociales ainsi que toutes autres communications imposées aux entreprises. Enfin, l'agence comptable quant à elle s'occupe du versement financier d'octroi d'agrément par les investisseurs.

? Le Comité de Suivi

Il est l'organe chargé du contrôle des avantages consentis aux investisseurs installés dans la ZIS de Nkok. Il veille également aux impacts des investissements sur la politique industrielle, économique et sociale du pays, conformément aux dispositions de l'article 27 de la loi n° 036/2018 du 08 février 2019 susvisée.

Pour une meilleure visibilité du cadre institutionnel de la ZIS, cet organigramme a été réalisé (cf. Figure 3).

Figure 3 : Organigramme des entités de gestion de la ZIS de Nkok

service d'appui

Autorité
Administrative

Guichet Unique

Organe

d'Aménagement et de Gestion

Comité de Suivi

Agence
Comptable

Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Sur cette figure apparait l'ordre de commandement des entités de la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok avec en tête l'Organe d'Aménagement et de Gestion.

1.3.2-Le Cadre Réglementaire

Le cadre réglementaire des entreprises définit les règles auxquelles elles doivent se conformer. Il détermine les conditions dans lesquelles les entreprises peuvent exercer leurs activités, les obligations qu'elles ont envers les gestionnaires de la ZIS ainsi que leurs responsabilités en cas de non-respect des règles.

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? Les conditions d'exercice dans la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok

Les entreprises qui souhaitent intégrer la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok sont soumises à différents types d'agréments qui sont fonctions des activités envisagées. Cet agrément est un document administratif qui donne aux entreprises l'habilité à exercer et reconnait leur implantation dans la ZIS. Il fixe les délais dans lesquels doivent être réalisés les projets, ainsi que les conditions particulières de réalisation de l'investissement (Loi n°0036/2018, art. 47). On distingue notamment l'agrément ZERP en abrégé AZ ; l'agrément industriel à régime privilégié en abrégé AIRP, et l'agrément de recherche et éducation en abrégé ARE pour ne citer que ceux-là (Loi n°0036/2018, art. 30). Les investisseurs doivent également : respecter les lois et règlements en matière d'environnement et de sécurité industrielle ; disposer d'un savoir-faire avéré, présenter l'impact de l'investissement en termes de développement industriel, de création d'emplois et de diversification de l'économie ; présenter les capacités de production pour le marché local et pour l'exportation selon l'agrément souhaité etc. (loi n°0036/2018, art. 32).

Outre les dispositions de l'article 32, l'obtention de l'agrément ZERP, suppose de pouvoir exporter au moins 75% des marchandises transformées par l'usine. Pour ce qui est de l'agrément industriel, l'investisseur est tenu de justifier d'un investissement dans un secteur industriel prioritaire, identifié parmi les axes de développement du pays, en particulier ceux relatifs à la transformation industrielle dans les secteurs comme la santé ou de l'industrie pharmaceutique (loi n°0036/2018, arts. 34,37).

? Des devoirs des investisseurs

Les entreprises admises au sein de la ZIS sont soumises à la signature d'un cahier de charges fixant les engagements qu'elles doivent respecter, en contrepartie des dépenses fiscales consenties par l'État. L'entreprise signataire de ce cahier des charges s'engage donc pour elle et l'ensemble de ses sous-traitants. La signature du cahier de charges dépend de l'octroi effectif du bénéfice du régime privilégié (Loi n°0036/2018, art.48). De même, les investisseurs sont tenus de satisfaire les obligations administratives prévues par décret n°0018/PR/MPIPPPAEA du 07/03/2023 portant réorganisation de la Zone Économique à Régime Privilégié de Nkok. Les obligations sont :

- Informer l'Organe d'Aménagement et de Gestion sur le niveau de réalisation de son programme d'investissement à la fin de chaque semestre et lui fournir à la fin de chaque année civile, un rapport du programme d'investissement et son activité.

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- Déposer sans délai, auprès de l'Autorité Administrative, leurs comptes sociaux à chaque fin d'exercice et en communiquer immédiatement la copie à l'Organe d'Aménagement et de Gestion.

? Des droits des investisseurs à Nkok

Les entreprises installées dans la ZIS de Nkok bénéficient des avantages fiscaux et douaniers sus mentionnés dans le tableau (2, p.24). Le bénéfice du régime privilégié est octroyé pour une durée variable de 10 à 25 ans, en fonction du secteur d'investissement, du montant de l'investissement et de l'impact sur l'emploi. Les entreprises ne disposant pas d'un projet industriel entrant dans les conditions d'éligibilité au régime privilégié, peuvent s'installer dans la zone industrielle sans bénéficier de ce régime. Elles bénéficient dans ces conditions, de l'agrément industriel tel que prévu par la présente loi ainsi que des commodités administratives et foncières offertes par la ZIS.

Retenons que la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok bénéficie d'une situation géographique favorable à la confluence de trois moyens de communication majeurs. Elle a été créée dans l'optique de renforcer le secteur industriel de la transformation du bois et a étendu son champ d'action en permettant l'accès à d'autres secteurs d'activités. C'est un territoire soumis à des législations fiscales et douanières particulières.

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CHAPITRE 2 : GESTION DES DÉCHETS DE BOIS BRUTS DANS LA ZIS DE NKOK

Comprendre la gestion des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok nécessite de dresser un tableau de la production de ces déchets, des modes de gestion développés, avant d'arriver aux formes de valorisation pratiquées par les entreprises dédiées.

2.1-État des lieux de la production des déchets de bois bruts

2.1.1-Les acteurs de la gestion des déchets de bois dans la ZIS de Nkok

La gestion des déchets est l'ensemble des opérations et moyens mis en oeuvre pour réduire les quantités de déchets produites à travers les procédés de valorisation et/ou d'élimination de ces déchets (Ada Nzoughé, 2021). Elle suppose des équipements de collecte, des missions sur le terrain, des traitements des matières collectées, un suivi d'évaluation des opérations de collecte mais surtout de garantir l'assainissement total du milieu impacté par les résidus (idem). Dans la ZIS de Nkok, la gestion des déchets de bois implique quatre principaux acteurs. Bien que leurs rôles ne soient pas clairement définis et réglementés, ils contribuent tout de même à l'identification de solutions palliatives pour l'élimination des déchets et la maitrise les impacts environnementaux négatifs. En nous appuyant sur la loi n°0036/2018 fixant la création de la ZIS, nos entretiens et les observations sur le terrain, nous avons identifié les acteurs suivants :

? L'Organe d'aménagement et de gestion

Rappelons que le rôle de cet organe dans la zone est : « f...] l'aménagement, l'organisation...la gestion et la maintenance des infrastructures et équipements communs des ZIS. Ainsi, il assure la réalisation et l'entretien d'assainissement f...] » (Loi n°0036/2018, art.12). Selon Pierre Merlin, l'aménagement est l'action volontaire de disposer avec ordre, dans le temps et dans l'espace tout ce qui influe sur les activités (Merlin, 1990). Quant à la gestion, elle désigne l'ensemble des directives, des décisions à prendre en vue d'une meilleure organisation d'un espace ou autre élément. Par ces explications, nous pouvons dire que la gestion des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok relève de la responsabilité de l'organe d'aménagement et de gestion. Il se doit de mettre à disposition des unités de transformation du bois, un espace aménagé et contrôlé pour l'évacuation de leurs déchets. En plus de cela, il doit fournir aux entreprises, un service de collecte des déchets de bois pour les débarrasser de ces encombrements. Conscient de cette responsabilité, l'organe d'aménagement et de gestion a pris des mesures pour tenter de pallier les problèmes posés par les déchets de bois bruts. La première

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des initiatives mises en place a été la recherche puis l'implantation des unités de valorisation des déchets de bois. La seconde est la mise à disposition d'un site de dépôt des déchets.

? L'Autorité administrative

L'autorité administrative par le biais de l'administrateur général, intervient dans la gestion des déchets de bois à travers des communications incitatives aux unités de transformation. En effet, depuis l'installation des unités de valorisation des déchets de bois dans la ZIS, deux notes d'information signées par les administrateurs généraux sortant et entrant ont fait l'objet d'une interpellation aux UTB. La première note invite les industriels à approvisionner en priorité les unités de valorisation des déchets de bois installées à l'intérieur dans la ZIS, afin de leur garantir un approvisionnement régulier de ces déchets (cf. Annexe 5). La deuxième note plus récente, est signée par le nouvel administrateur général. Elle désigne le bureau industrie comme mandataire des transferts externes et internes des déchets de bois dans la zone. Ces dispositions sont prises dans l'optique d'un meilleur encadrement en interne de la gestion des déchets de bois et du suivi des activités liées aux rebuts.

? Les unités de transformation du Bois

Dans une certaine mesure, les unités de transformation qui sont les productrices des déchets de bois bruts interviennent dans la gestion de leurs déchets puisqu'elles sont propriétaires et décident de leur usage. Elles développent donc des moyens de désencombrement ou d'élimination de ces déchets.

? Les unités de valorisation des déchets de bois

Les unités de valorisation des déchets de bois sont en réalité mandatées par les autorités de la ZIS pour assurer la gestion des déchets de bois bruts produits dans les unités de transformation. Dans la pratique, elles récupèrent les déchets auprès des UTB et les traitent afin de les réintégrer dans les cycles de consommation. Ces déchets sont en réalité une matière première pour les unités de valorisation. Il s'agit de l'unité Huaxing Environnement Gabon SARL, spécialisée dans la production du charbon actif de bois, de Tropical Forest Product qui exerce dans la production de meubles en panneaux de particules et de l'unité Gabon Pellets qui malheureusement fermait son usine au moment de notre enquête. Elle produisait les pellets de bois pour les cheminées. Ces unités de valorisation ont été mises en place pour réduire les coûts additionnels que ces entreprises pourraient encourir pour l'élimination, le transport et le traitement de ceux-ci.

39

2.1.2-Caractérisation des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok

Les déchets de bois bruts se caractérisent par leur aspect physique, la qualité des matériaux, mais surtout la quantité de matière résiduelle produite. Selon les segments d'activités, on distingue divers types de rebuts de bois (cf. Tableau 4 ci-dessous). Ces résidus de matières issus des activités de transformation, ne peuvent à priori servir en l'état actuel au processus de transformation mis en place. Dans la première transformation qui concerne le sciage, on identifie les déchets tels que : la sciure, les copeaux, les débités déclassés ou encore les dosses. La deuxième transformation qui comprend le déroulage-placage, produit des déchets tels que les extrémités des grumes, les chutes de placage et les rondins. Selon Ada Sara, responsable logistique de Tropical Forest Product, « Il n'est pas possible de déterminer avec exactitude les quantités produites pour chaque type de rebuts car les entreprises ne disposent pas d'outils permettant d'évaluer les volumes de déchets produits. Toutefois, on peut donner une information globale de la production des déchets en les mesurant au tonnage des camions de transport » (ZIS de Nkok, entretient du 09/02/2023). Pour avoir une idée plus précise des caractéristiques des déchets de bois bruts produits, nous les avons classés selon leurs caractères qualitatifs et quantitatifs.

? Caractérisation qualitative des déchets de bois bruts

Les caractères qualitatifs des déchets de bois rassemblent tous les aspects liés à la configuration physique et leurs composés biochimiques. La qualité du bois peut dépendre de l'état dans lequel il a été conservé ; le bois peut subir des coups, s'user ou être exposé à l'humidité, ce qui peut fortement le détériorer (Van Pottelsberghe de la Potterie, 2018). Le tableau 3 donne un aperçu des types de déchets de bois bruts identifiés dans les industries de transformation et ce, selon les niveaux de transformation. La caractéristique de la qualité du bois évoquée ci-dessus concerne la distinction entre bois tendres et les bois durs, entre Okoumé et bois divers. En effet, il faut dire que l'activité de déroulage utilise les bois tendres dont l'Okoumé, qui est plus favorable à la confection du contreplaqué.

40

Tableau 4 : Caractéristiques des déchets de bois bruts

Niveau de
transformation

Types de déchets

Description

Première
transformation
(sciage)

Sciure et copeaux

Ce sont des fragments de bois issus du sciage et dont le diamètre mesuré au millimètre, varie selon qu'il s'agisse de la sciure ou du copeau.

Débités déclassés

Ce sont des chutes de bois produits lors des différentes étapes du sciage et qui sont impropres au produit final. On compte divers types de chutes de bois qui se distinguent par leur taille et leurs formes.

Dosses

Ce sont les parties rondes de la grume qui sont enlevées lors des opérations de sciage.

Deuxième
transformation
(déroulage-placage)

Extrémités

Comme l'indique leur nom, ce sont les bouts de la grume enlevés avant le déroulage. Ces parties sont de trop par rapport au cubage recherché.

Chutes de placage

Il s'agit de fines feuilles souples, comprises entre 0.5 et 3mm. Elles sont produites lors des processus de déroulage et de placage. De mauvaise qualité, elles ne présentent pas encore la couleur recherchée au début du déroulage ; ou elles sont mal déroulées et ne peuvent utilisées en l'état.

Rondins

C'est le coeur du bois qui reste à la fin du déroulage, car ne pouvant plus être déroulé.

Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

À côté des types de déchets présentés dans ce tableau, les écorces de bois sont l'un des premiers déchets de la production industrielle. Lors du sciage, ils sont directement enlevés avec les dosses ; et lors du déroulage, ils sont enlevés avant la récupération des premières feuilles déroulées.

Aussi, l'activité de déroulage-placage produit de la sciure et du copeau lorsque les extrémités de la grume sont sciées pour obtenir les dimensions favorables au déroulage. Pour une meilleure perception des déchets présentés dans le tableau 4 ci-dessus, nous avons réalisé une planche-photo de ces déchets (cf. Planche 1).

41

Planche 1: Les Déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok

Photo 1 : Débités déclassés

Photo 2 : Copeaux

 
 
 
 

Photo 3 : Sciure

 

Photo 4 : Rondins

 
 
 

Photo 5 : Extrémités des grumes

Photo 6 : Chutes de déroulage-placage

 
 
 
 

Clichés : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Cette planche illustre les types de déchets de bois bruts produits par les unités de sciage et

de déroulage présentes dans la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok. À travers chaque photo

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et selon l'indication du nom, il est possible de distinguer par exemple, la sciure du copeau et ainsi identifier ce qui constitue les déchets de première et de deuxième transformation.

La granulométrie nous permet de distinguer de façon objective les déchets de bois ayant de gros diamètres (extrémités des grumes, rondins et débités déclassés) et les déchets plus fins (sciure, copeaux, chute de placage). Quant aux composés chimiques de ces déchets, comme il s'agit de déchets de bois bruts, les matières dont ils sont issus n'ont pas encore été en contact avec des produits de traitements du bois (colle, additifs). De ce fait, ils ne contiennent que les composés chimiques naturels du bois notamment le carbone, l'hydrogène, l'oxygène et l'azote.

? Caractérisation quantitative des déchets de bois bruts

En plus des caractères qualitatifs, les déchets de bois bruts industriels de la ZIS de Nkok se distinguent par leur volume. Selon le tableau 5, la production des déchets de bois bruts connait une légère évolution, avec des volumes cumulés assez importants. On peut voir que la production annuelle des déchets pour les deux segments (sciage et déroulage), dépasse les 350.000 m3, et la production totale atteinte au cours des trois dernières années connait un volume de 1.176.208 m3 (cf. Tableau 5).

Tableau 5 : Évolution du volume des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok

Année

Sciage

Déroulage

Total (m3)

2020

91311

294765

386076

2021

57091

319720

376811

2022

55013

358308

413321

Total
général

203.415

972.793

1.176.208

Source : DGICBVPF 2020-2022 Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

De plus, l'analyse comparative entre le rendement matière et les volumes de déchets produits par chaque segment d'activité au fil du temps, permet également d'apprécier la production des déchets de bois bruts au sein de la ZIS de Nkok (cf. Graphiques 4 et 5).

43

Graphique 4 : Évolution du rendement matière par segment

80,00%

70,00%

sciage Déroulage

0,00%

2020

sciage

62,41%

67,25%

55,72%

Déroulage

49,55%

46,38%

44,87%

2021

2022

60,00%

50,00%

40,00%

30,00%

20,00%

10,00%

Source : DGICBVPF, 2020-2022 Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024 raphique 6 : Évolution du vume des déchets de boi

Selon ce graphique, le rendement matière dans le segment du sciage connait une évolution beaucoup plus importante que celui du déroulage. En effet, en 2020 l'activité du sciage enregistre un rendement de 55,72% et en 2022 un pourcentage de 67,25%. Quant au déroulage, il a connu une évolution plus timide, soit 44,87% en 2020 et 46,38% en 2022 ; avec un pic en 2021 de 49.55%. Cette comparaison du rendement matière entre production de bois transformés dans le sciage et dans le déroulage permet de dire qu'au cours des trois dernières années, l'activité de sciage a produit moins de déchets contrairement au déroulage.

Ces résultats tels que présentés concordent avec le graphique 5 ci-dessous, qui nous fait constater une baisse de la production des déchets de bois dans le segment du sciage contrairement au segment du déroulage qui en produit davantage.

Graphique 5 : Évolution du volume des déchets de bois bruts par segment

en m3

2020 2021 2022

Sciage 91311 57091 55013

Déroulage 294765 319720 358308

400000

350000

300000

250000

200000

150000

100000

50000

0

Sciage Déroulage

Source : DGICBVPF 2020-2022 Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

44

De manière concrète, on a en 2020 près de 91.311 m3 de volume de déchets produits par le segment du sciage contre 55.013 m3 en 2022, soit une production des déchets en moins, estimée à 36.298 m3. Or, dans le segment du déroulage, l'année 2020 a produit 294.765 m3 de déchets contre 358.308 m3 produits en 2022 ; ce qui représente 63.443 m3 de matière en plus.

Cette situation s'explique par le fait que le segment du déroulage-placage consomme de gros volumes de grumes en usines contrairement au sciage. Cela en raison du nombre important des unités installées dans la zone (49 dans le déroulage contre 15 dans le sciage). Le déroulage-placage est une activité plus dynamique que celle du sciage et cela pourrait justifier l'importance des volumes de déchets produits par rapport au segment du sciage. C'est du moins ce que nous montre le tableau 6 ci-après.

Tableau 6: Consommation totale de grumes par segment

Année

Consommation de grumes (m3)

 

Sciage

Déroulage

2020

206.204

534.688

2021

151.859

633.754

2022

167.997

668.277

Total

526.060

1.836.719

Source : DGICBVPF 2020-2022 Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Il apparait dans ce tableau que la consommation totale de grumes dans le déroulage est trois fois supérieure à la consommation totale de grumes dans le sciage au cours de la période de 2020-2022. En effet, le segment du déroulage consomme plus 500.000 m3 de bois par an tandis que celui du sciage ne dépasse pas 200.000 m3 de grumes. En combinant les volumes de bois consommés par chaque segment, on estime à 526.060 m3 la consommation totale du sciage durant cette période et à 1.836.719 m3 la consommation totale du déroulage. Soit un volume de 1.310.659 m3 consommé en plus par le segment du déroulage durant les années 2020, 2021 et 2022.

Aussi, la consommation de grumes dans ces segments d'activité nous fait constater une légère baisse de la consommation dans le sciage contrairement au segment du déroulage qui est en augmentation (cf. Graphique 6).

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Graphique 6 : Consommation annuelle de grumes par segment

668277

633754

700000

600000

500000

en m3

400000

800000

534688

300000

206204

151859

200000

100000

0

2020

2021

2022

Sciage

206204

151859

167997

Déroulage

534688

633754

668277

Sciage Déroulage

167997

Source : DGICBVPF 2020-2022 Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

On est passé d'une consommation de plus 200.000 m3 de bois dans le segment du sciage en 2020 à 151.859 m3 en 2021 et à 167.997 m3 de volume de grumes en 2022. Ce qui représente une baisse de la consommation de grumes d'au moins 38.207 m3 au cours de trois dernières années. Le segment du déroulage quant à lui a consommé en 2020 un volume de 534.688 m3 de grumes, en 2021, 633.754 m3 et en 2022, 668.277 m3 de grumes. Ce qui représente une augmentation de 133.589 m3 de grumes consommées.

2.2-Les modes de gestion des déchets de bois bruts dans les unités de transformation

La gestion des déchets de bois dans la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok a connu bien des changements au cours des cinq dernières années. En effet, avant l'année 2019, les déchets de bois issus des unités de transformation de la zone, ne faisaient pas l'objet de contrôle ou de valorisation comme c'est le cas aujourd'hui. Selon un des responsables de l'administration de la ZIS : « f...] les déchets de bois étaient soit données aux populations voisines pour le chauffage, soit revendus aux grossistes de la filière artisanale par les industriels eux-mêmes ou simplement brûlés. » (Entretient du 26/02/2023 ZIS de Nkok, Guichet Unique). Il faut dire qu'à Nkok, les investisseurs sont propriétaires et responsables de leurs déchets ; ils décident donc de leur devenir. Toutefois, le brûlage des déchets de bois, qui entraîne leur gaspillage et contribue à l'émission de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, ne

46

correspond pas aux ambitions écologiques de la ZIS qui aspire à être une industrie respectueuse de l'environnement. Pour limiter cette pratique, l'administration de la ZIS de Nkok a due interdire le brûlage des déchets de bois et encourager leur valorisation. Cependant, malgré ces nouvelles directives, il s'avère que les pratiques désormais prohibées, continuent d'être appliquées par certaines unités de transformation à l'intérieur de la ZIS de Nkok.

À ce jour, il est pratiqué dans la ZIS de Nkok, six modes de gestion des déchets de bois bruts par les unités de transformation du bois. D'abord le brûlage à l'air libre, ensuite la décharge, la réutilisation, le stockage, la vente des rebuts et enfin la cession sous la forme de dons aux unités de valorisation présentes dans la zone.

? Le brûlage

Dans la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok, le brûlage des déchets de bois à l'air libre est une pratique courante. En effet, pour répondre au problème d'encombrement, les UTB brûlent une partie de leurs déchets de bois à l'air libre, afin de réduire les stocks accumulés. Bien que cette pratique soit censurée par le Code de l'environnement (Loi n°007/2014, art. 95), cette forme d'élimination des déchets des bois bruts est très répandue. Lors de nos sorties de terrain, nous avons constaté qu'au sein de chaque unité de transformation, un espace est dédié au brûlage des déchets à ciel ouvert (cf. Planche 2).

Concernant l'activité de déroulage-placage, les déchets brûlés sont pour la plupart des chutes de placage. Dans le sciage, ce sont la sciure et le copeau qui sont fréquemment brûlés. Toutefois, il nous est arrivé de rencontrer des unités telle que Africa Elephant qui disent brûler tous les types de déchets de bois, sans distinction aucune.

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Planche 2: Déchets de bois brûlés à l'air libre

Photo 1 : Extrémités brûlées

Photo 2 : Chutes de placages brûlées

Clichés : OBONE MBA Cécilia A, 2024

? La décharge

Aussi, pour aider les industriels à se débarrasser de leurs déchets, un espace dans la zone a été dédié pour le dépôt des déchets. Mais, cet espace n'est pas un endroit aménagé ; c'est une décharge à ciel ouvert où les déchets de bois et autres sont brûlés à l'air libre (Photo 2).

Photo 2: Décharge à ciel ouvert de la ZIS de Nkok

Cliché : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Cette pratique n'est pas très différente de ce qui se fait dans les entreprises puisqu'au final, les déchets sont brûlés à ciel ouvert et les gaz s'évaporent librement dans la nature. Durant nos enquêtes, nous avons constaté que la majorité des déchets qui y sont déversés sont : la sciure, le copeau et quelque peu les débités déclassés. Malgré la présence de cette décharge, les

48

entreprises peinent à venir y déposer leurs déchets de bois car elles ne disposent pas de camions d'évacuation et cela nécessite un coût financier supplémentaire.

? La réutilisation

Afin de réduire le gaspillage, les usines de transformation du bois réutilisent leurs déchets de bois de différentes manières. Plusieurs d'entre elles incinèrent les résidus de bois dans des chaudières pour produire de l'énergie (Photo 3). En effet, le séchage du bois est réalisé grâce à des chaudières mécaniques qui sont alimentées par les déchets de bois, tant dans les unités de sciage que dans les unités de déroulage. Il s'agit d'une récupération d'énergie encore appelée système de cogénération. C'est une combinaison d'énergie thermique et mécanique à partir d'un seul combustible, destinée à produire de l'électricité (Mérenne-Schoumaker, 2017). Concrètement, les matières résiduelles sont utilisées en complément du courant électrique pour alimenter les chaudières. Les déchets favorables à l'incinération sont généralement ceux ayant de gros diamètres tels que : les extrémités des grumes, les rondins et les débités déclassés. Ils sont fendus ou découpés en petits morceaux puis envoyés dans les chaudières.

Photo 3: Chaudière mécanique

Cliché : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Une autre forme de réutilisation consiste à fabriquer des palettes de bois à partir de rondins qui ne peuvent plus être déroulés. Ces palettes sont utilisées pour supporter les feuilles de placage déroulées et les contreplaqués. De plus, dans le processus de déroulage et de placage, les chutes de placage sont parfois réutilisées pour la confection des contreplaqués de moindre qualité.

49

? Le stockage

Il s'agit d'un autre mode de gestion de déchets de bois bruts par les UTB. Pour éviter de brûler leurs déchets, les unités de transformation stockent les déchets de bois dans une partie de l'entreprise. Ce stockage se fait en plein air (cf. Planche 3). Par conséquent, ces matériaux, qui peuvent encore être utilisés pour fabriquer d'autres produits, sont exposés aux intempéries et aux variations de température. Il faut noter que la ZIS de Nkok est située dans un espace du territoire national très arrosé, avec une moyenne pluviométrique annuelle de 2870 mm pour la ville de Libreville (Maloba Makanga, 2010). Aussi, du fait de la position du Gabon sur l'équateur, le pays connait un climat tropical chaud et humide, avec des moyennes mensuelles de température entre 23 et 29°C (Maloba Makanga, 2004). Ces conditions de stockage ont un impact sur la qualité des déchets car elles les dégradent davantage et réduisent les probabilités d'utilisation de ces matières pour la valorisation ou autres utilisations.

Planche 3: Stockage des déchets de bois à l'air libre

Photo 1 : Rondins stockés

Photo 2 : Débités en décomposition

Clichés : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Sur la photo 2 de cette planche, on observe des déchets de débités déclassés qui ont perdu leur éclat en raison de l'exposition quotidienne aux éléments météorologiques.

? La vente des rebuts

La vente des rebuts de bois est une autre alternative utilisée par les UTB pour réduire les stocks de déchets produits. Cette vente se fait de deux manières, la première est un commerce de gré à gré entre unités de transformation. En effet, pour alimenter les chaudières ou pour la confection de palettes, les UTB s'approvisionnent entre-elles, en déchets (rondins), moyennant des sommes presqu'insignifiantes. Le prix de la bille varie entre 250 et 300 F CFA voir 400 F

50

CFA maximum. Cette vente n'est pas déclarée car elle est considérée comme un don entre unités. En plus des ventes qui s'effectuent entre UTB, il y a aussi celles qui s'opèrent entre les UTB et des opérateurs artisanaux qui sont situées à l'extérieur de la ZIS. Il s'agit pour l'essentiel d'entre elles des structures qui fabriquent des meubles ou autres produits dérivés du bois. Certaines unités de transformation ont des contrats d'approvisionnement avec ces unités artisanales. Pour s'approvisionner en déchets de bois auprès des UTB, ces unités artisanales justifiaient d'une autorisation douanière qui leur permettait de collecter les déchets de bois dans les UTB. Aujourd'hui, cette activité de transferts des rebuts entre UTB et unités artisanales est désormais sous le contrôle direct du bureau industrie qui a compétence à gérer les avivés dans toutes leurs formes.

? Le don aux unités de valorisation

Compte tenu de la note officielle signée par l'ancien administrateur général, demandant aux UTB d'approvisionner en priorité les unités de valorisation installées dans la ZIS, la cession gratuite à ces unités de valorisation est un autre mode de gestion des rebuts que l'on peut désormais observer dans la ZIS de Nkok. Bien que peu nombreuses, certaines unités de transformation du bois (UTB) acceptent de céder leurs déchets de bois aux unités de valorisation. Il faut dire que cette pratique pose parfois un souci d'approvisionnement pour les unités de valorisation qui doivent compter sur le bon vouloir des unités de production pour obtenir de la matière première. D'un autre côté, certaines unités de transformation disent ne pas avoir été approchées par les unités de valorisation pour récupérer leurs déchets alors que celles-ci sont prêtent à les céder gratuitement.

Le graphique 7 ci-dessous est une présentation générale des modes de gestion des déchets de bois bruts par les unités de transformation dans la ZIS de Nkok.

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Graphique 7 : Modes de gestion des déchets de bois bruts dans les UTB

14%

16%

6%

24%

7%

33%

Stockage Brulés Chaudière Vente

Don

Décharge

Source : Données de terrain, mars 2024

Dans l'ordre des pratiques on a : le brûlage à l'air libre (33%), la chaudière (24%), la vente des rebuts (16%), le don (14%), le stockage (7%) et la décharge (6%). De tous, le brûlage en plein air est la méthode la plus répandue pour se défaire les déchets de bois produits dans les industries ; c'est la quasi-totalité des entreprises qui pratique ce mode d'évacuation des déchets. Toutefois, il faut préciser que pour beaucoup d'entreprises, les déchets brûlés sont ceux dont elles ne se servent pas ou qui n'ont pas été récupérés par les unités de valorisation.

2.3-L'approvisionnement en déchets des unités de valorisation

L'approvisionnement en déchets de bois bruts se fait grâce à des opérations de collecte qui lient les unités de production des déchets aux unités de valorisation. En amont, on retrouve les unités de transformation du bois (sciage et déroulage) qui produisent les déchets lors des processus de transformation des grumes. En aval, les unités de valorisation des rebuts qui réceptionnent les déchets produits dans l'optique de leur traitement.

En accord avec la note officielle de l'ancien administrateur général, et qui à ce jour n'a pas été révoquée, toutes les unités de première et de deuxième transformation de bois installées dans la ZIS, devraient approvisionner en priorité les unités de valorisation des rebuts de bois dans l'optique de leur garantir les matières premières. Cet approvisionnement est gratuit. Il se fait en fonction du type de déchet dont a besoin chaque unité de valorisation et de la production des unités de transformation qui détermine la quantité de déchets produite et qui peut être collectée. La collecte se fait au moyen des camions benne ou à cage. Ils vont récupérer les déchets dans les unités production, ceci en fonction de la demande mais surtout de la

52

disponibilité en déchets (cf. Planche 4). Par conséquent, la fréquence journalière de collecte est fonction de la production des UTB.

Planche 4: Camions de collecte des déchets

Photo 1 : Camion collectant les déchets

Photo 2 : Camion venant décharger les déchets collectés

 
 
 
 

Clichés : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Aussi, nous avons observé durant nos enquêtes, des différences dans les types de déchets collectés par chaque unité de valorisation. Il en ressort que l'unité de fabrication de charbon actif, utilise presqu'uniquement les déchets de sciage (les débités déclassés précisément). Quant à l'unité de fabrication des panneaux de particules, elle a une plus large gamme de déchets et utilise ceux issus des deux niveaux de transformation. Le tableau 7 fait état des types de déchets collectés par chaque unité de valorisation.

Tableau 7: Caractéristiques de la collecte des déchets de bois des UVRB

Unités de valorisation

Type de déchets

Segments

Type de bois

Huaxing

Environnement

-Débités déclassés

-Sciage

- Bois divers 80%
- Okoumé 20%

Tropical Forest Products

-Débites déclassés
- Rondins
-Extrémités des
grumes
- Sciures et copeaux

- Sciage

- Déroulage

-Okoumé 85%
-Bois divers 15%

Source : Données de terrain, mars 2024

À partir de ce tableau, on peut dire que la collecte des déchets des unités de valorisation est sélective. Un tri des déchets est opéré lors des opérations de collecte, ceci en fonction des

53

besoins des unités de valorisation. De plus, la carte 3 suivante présente les lieux d'approvisionnement des unités de valorisation des rebuts de bois dans la ZIS de Nkok.

Carte 3 : Lieux d'approvisionnement des unités de valorisation

Sur cette carte on peut voir que les unités de déroulage qui approvisionnent les unités de valorisation sont peu nombreuses bien qu'elles soient plus présentes dans la ZIS que les unités de sciage. À l'inverse, les unités de sciage approvisionnement majoritairement les unités de valorisation. Comme indiqué dans la légende, on peut distinguer selon la signalisation, les unités de transformation qui approvisionnent chaque unité de valorisation ou les deux. Dans l'ensemble, le nombre d'unité de transformation qui approvisionne les unités de valorisation est relativement faible par rapport au nombre d'UTB présentent dans la ZIS.

2.3-La valorisation des déchets de bois brut dans la ZIS de Nkok

Comme il a été mentionné en introduction, la valorisation des déchets désigne les différents traitements effectués sur les déchets en vue de leur donner de la valeur, de les rendre utiles à l'usage. D'après Mayster (1994), « Valoriser un déchet recoupe toute action qui permet

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d'en tirer de l'énergie, de trouver un nouvel usage à la matière qui le compose, de tirer une matière première secondaire utile à la fabrication du même bien et de trouver un nouvel usage qui permet à un déchet de redevenir utile pour d'autres. » (Brik & Guerriche, 2021, p.14). Par cette définition, il apparait que la valorisation des déchets en l'occurrence des déchets de bois bruts, revêt plusieurs dimensions. Elle procède de diverses manières selon les applications qu'on souhaite donner aux déchets. La valorisation peut relever de la simple vente du déchet dans son état initial à un prestataire qui souhaite le traiter. En matière de traitement à effectuer, on peut parler de la réutilisation ou du réemploi dans le cadre d'un déchet qui n'est pas totalement altéré et dont la forme initiale peut servir au même usage que le produit dont il est issu. C'est le cas des bouteilles plastiques qui sont réutilisés dans les ménages ou dans les commerces de rues pour l'approvisionnement en eau. Elles ne subissent aucun traitement particulier si ce n'est leur nettoyage pour les désinfecter.

Dans la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok, il existe deux formes valorisation des déchets de bois bruts. La première est la production de charbon actif de bois et la deuxième, la production de meubles en panneaux de particules. Ces deux procédés de valorisation s'inscrivent dans la valorisation mécanique en ce sens que les déchets subissent différents broyages lors des processus de production.

2.3.1-La production de charbon actif de bois

Le charbon actif est une forme poreuse de carbone qui peut être fabriquée à partir d'une variété de matières solides ayant une grande proportion de carbone (la noix de coco, le bois, ou encore les os d'animaux). C'est un matériau adsorbant qui se caractérise par sa grande surface spécifique, sa structure poreuse et sa thermostabilité (Chen et al., 2011 cité par Trachi et al., 2014). Ce charbon possède de nombreuses propriétés grâce à sa structure physique microporeuse et se présente sous forme de poudre ou de granules de faibles volumes. Grâce à l'effet d'adsorption4, le charbon actif permet la purification des eaux potables (robinet) et usées, la purification de l'air ou des gaz. C'est aussi un excellent digestif et un produit cosmétique prisé notamment pour l'utilisation sous forme de masque ou dans la fabrication de dentifrice. L'activation du charbon peut se faire thermiquement ou chimiquement, à de hautes températures.

Dans la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok, c'est l'entreprise chinoise Huaxing Environnement Gabon qui réalise ce produit via la valorisation des déchets de bois bruts issus

4 Rétention des impuretés et toxiques à la surface du charbon actif

55

des unités de sciage (débités déclassés, dosses). Pour ce faire, les déchets de bois vont passer par différentes étapes de combustion et de broyage avant l'obtention du produit final. En effet, la production du charbon actif débute par une première combustion des matières premières dans des fours adaptés (cf. Photo 4). Pour sa production, l'entreprise dispose de 52 fours d'une capacité de 25 tonnes chacun et utilise 4 à 7 fours par jour.

Photo 4: Fours de combustion du bois

Cliché : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Cette carbonisation aussi appelée thermolyse est réalisée sans oxygène ; elle se fait lentement et dure 3 à 4 jours, avec des températures entre 600 et 900°C. Elle est réalisée dans l'optique d'obtenir du charbon naturel tel que produit couramment par les unités artisanales de production du charbon de bois. Il faut dire que ce charbon dit naturel est légèrement poreux et ne permet pas de capter toutes les propriétés du charbon lorsqu'il est activé. La planche 5 ci-après, montre le processus de fabrication du charbon naturel.

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Planche 5: Production du charbon naturel

Photo 1 : Ouvriers chargeant les fours

Photo 3 : Ouvrier déchargeant un four Photo 4 : Charbon naturel

Photo 2 : Fours fermés avec des briques de terre puis de la boue

Clichés : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Comme le montre cette planche, la production du charbon naturel débute par le chargement des déchets de bois dans les fours (photo 1), ces déchets sont brûlés durant plusieurs jours avant d'obtenir du charbon de bois naturel tel que nous le connaissons et nous l'utilisons dans nos ménages pour la cuisson des repas (photo 4).

Après la première combustion, le charbon est broyé puis tamisé avant de subir une deuxième carbonisation. C'est à cette étape que le charbon est activé, c'est-à-dire qu'il est brûlé à de plus hautes températures, mais cette fois-ci avec de l'oxygène et du gaz. L'activation du charbon est en réalité la recherche d'un produit plus poreux, capable de répondre aux attentes telles que mentionnées plus haut. La fin du processus de production du charbon actif se fait par un dernier broyage de la matière qui permet d'obtenir de la poudre qui est la forme du produit à commercialiser (cf. Planche 6). Il faut préciser que l'activation du charbon est physique. Le matériau carbonisé est traité avec un mélange de gaz de combustion et la vapeur d'eau à une température élevée, qui permettent de l'activer.

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Planche 6: Production du charbon actif de bois

Clichés : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Photo 1 : Four activateur brûlant à plus de 1000°C

Photo 3 : Machine de broyage

Photo 2 : Refroidissement et oxygénation du charbon

Photo 4 : Charbon actif

Sur la photo (2) de cette planche, la boite blanche présentée contient de l'oxygène et sous le cylindre, il y a comme une forme de cuvette qui contient de l'eau. Elle permet de refroidir le charbon activé.

Pour réaliser sa production, l'entreprise utilise toutes les essences de bois produites par les unités de transformation. Mais dans les taux d'utilisation, l'Okoumé est utilisé à 20% tandis que les bois divers le sont à 80%. Cela s'explique par le fait que l'Okoumé soit un bois plus tendre ; il n'est pas assez résistant à la combustion et se carbonise rapidement. En effet, lorsque les mélanges ne sont pas biens faits, c'est-à-dire lorsque l'Okoumé représente le maximum de bois à brûler, la récupération des matières transformées est faible « [...j seulement 6% des matières récupérées lors de la première combustion » (entretient du 29/01/2024, ZIS de Nkok). La figure 4 est une reconstitution de la production de charbon actif dans la ZIS de Nkok.

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Figure 4 : Schéma de reconstitution de la production de charbon actif de bois

chargement des déchets de bois dans les fours pour combustion entre 600900°C

déchargement des fours et
broyage du bois brulés
(obtention du charbon
naturel)

 
 

combustion du
charbon naturel à plus
de 900°C et activation
par l'eau et le gaz

Production du charbon activé

 
 
 

broyage charbon
activé

Charbon actif sous
forme de poudre

Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Ce schéma nous fait constater que la production de charbon actif de bois nécessite deux étapes de combustion et deux étapes de broyage. Elle semble être moins complexe à réaliser et ne nécessite pas des traitements chimiques qui pourraient s'avérer dangereux pour la consommation.

2.3.2-La production de meubles en panneaux de particules

La valorisation mécanique dans ce cas précis, consiste à broyer les déchets pour obtenir de fines particules de bois. Elle est appliquée pour la confection des produits granulés, qui à la fin, seront compactés. L'unité de valorisation Tropical Forest Product, spécialisée dans la production des panneaux de particules, réalise cette forme de valorisation à partir des déchets de bois bruts collectés. Cette entreprise est le fruit d'un partenariat public-privé entre la société Gabon Special Economic Zone (GSEZ) et la Société Nationale de Bois du Gabon (SNBG).

Les panneaux de particules aussi appelés panneaux agglomérés, sont un assemblage de particules de bois issus des processus de transformation du bois. Ils servent à la confection de meubles (bureau, tables, living etc.).

L'entreprise utilise comme matière première les débités déclassés, les copeaux, la sciure, les rondins et extrémités de grumes issus du déroulage. La production de panneaux de particules

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de bois consiste en majorité à broyer les déchets pour obtenir des fragments de bois de diverses épaisseurs (cf. Planche 7).

Planche 7: Les différents niveaux de broyage des déchets de bois

Photo 1 : Morceaux de bois

Photo 2 : Copeaux moyens

 
 
 

Photo 3 : Copeaux plus fins

Photo 4 : Sciure

 

Clichés : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Pour arriver au produit final qui est le meuble en panneaux de particules, les déchets de bois sont séparés en fonction de leur taille, où ils subiront différents broyages. Les plus gros diamètres de broyage se situent entre 25 et 30 mm (photo 1) et les plus petits ont un diamètre de 9 mm (photo 4), ils sont appelés flakers. À préciser que le broyage est fonction du type de déchet. Par conséquent, seuls les débités déclassés, les rondins et les extrémités des grumes subissent la découpe et le broyage. La sciure et le copeau ne connaissent pas ces étapes puisqu'ils sont déjà des particules de bois. Les déchets ainsi broyés seront compactés avec de la colle en machine sous l'effet de la chaleur et de la pression afin d'obtenir les panneaux de particules de bois. Ces panneaux de particules peuvent être des substituts du contre-plaqué ou simplement du bois et peuvent être utilisés dans le domaine du mobilier. La planche 8, présente les panneaux de particules en question.

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Planche 8: Prototypes des panneaux de particules

Photo 1 : Produit semi-fini

Photo 2 : Produits finis

Clichés : OBONE MBA Cécilia A, 2024

La première photo de cette planche montre le produit déjà compacté. Il présente une surface lisse mais est encore à l'état brut. L'unité de panneaux de particules à l'avantage de trouver cette colle au sein même de la ZIS qui enregistre deux unités de production de résine. Il s'agit de : Hexel Gabon et Windson Resins and Chemicals. Sur la deuxième photo, du parquet a été rajouté pour apporter plus de design au produit. C'est cet échantillon qui constitue le produit fini de l'unité de valorisation de panneau de particules.

En somme, la gestion des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok fait intervenir différents acteurs mais dont les UTB sont au centre. C'est dans ces entreprises que la gestion a véritablement lieu puisque les déchets sont utilisés à plusieurs fins. Ces unités de valorisation s'approvisionnent gratuitement et produisent le charbon actif et les panneaux de particules qui sont les débouchés de la valorisation des déchets de bois bruts.

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Conclusion de la première partie

La première partie de ce travail a permis de comprendre l'organisation de la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok et les avantages qui motivent les unités de valorisation des déchets de bois à s'y installer. Parmi ces avantages, nous pouvons évoquer les conditions fiscales et douanières dont bénéficient les entreprises ayant un statut privilégié (exonération de la retenue à la source ou de la taxe sur la valeur ajoutée) et dont les unités de valorisation en font partie. Il y a également l'abondance des déchets de bois, leur accès gratuit et la proximité avec les unités d'approvisionnement pour ces unités de valorisation. Dans la ZIS, le segment du déroulage est largement représenté par rapport à celui du sciage. Le chapitre 2, fait un état des lieux de la gestion des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok en identifiant les acteurs de la gestion et en caractérisant les types déchets de bois selon leurs aspects physiques et quantitatifs. Dans les quantités, le segment de sciage produit moins de déchets que celui du déroulage cela en raison de sa faible représentation en unités de transformation et de sa faible consommation en grumes. Ce chapitre identifie les produits issus de la valorisation des déchets de bois bruts que sont le charbon actif de bois et les panneaux de particules.

62

DEUXIEME PARTIE :

EFFETS, LIMITES ET PERSPECTIVES DE LA
VALORISATION DES DECHETS DE BOIS BRUTS DANS
LA ZIS DE NKOK

63

Introduction de la deuxième partie

La seconde partie de ce travail consiste à montrer les effets positifs que génèrent les activités de la valorisation des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok. Autant sur le plan économique que sur le plan environnemental (chapitre 3). Dans le chapitre 4, cette étude fait état des difficultés que rencontrent les unités de valorisation des déchets de bois. Ces difficultés menacent la bonne marche de leurs activités qui sont dépendantes de la production des déchets issus des industries de transformation du bois. Elles pourraient à long terme représenter un frein à la pérennité des activités de valorisation des déchets de bois au sein de la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok.

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CHAPITRE 3 : IMPACTS DES ACTIVITÉS DE VALORISATION DES DÉCHETS DE BOIS BRUTS

De nos jours, la valorisation des déchets mobilise l'attention des personnes de tous bords, en vue de trouver des solutions palliatives et efficaces contre les nuisances générées par ces déchets. Les intérêts prônés sur la valorisation des déchets en général et plus spécifiquement celle des déchets de bois bruts industriels sont d'ordre économique, social et environnemental.

3.1-Impacts économique et social de la valorisation des déchets de bois bruts

3.1.1-La valorisation : une contribution à la production de bois transformés

L'industrialisation modifie la structure économique primaire vers des activités modernes, elle permet d'augmenter la croissance potentielle de l'économie et facilite le développement. Ce développement peut être fait de manière vertueuse en mettant en place une économie circulaire. C'est pourquoi, il y a dans la stratégie de la ZIS de Nkok, le besoin et/ou le souci de maximiser l'utilisation du bois en favorisant le développement des activités de valorisation des déchets de bois. Tout ceci, dans l'optique d'augmenter le taux de rendement matière de bois transformés et de créer de la richesse.

Le rendement matière est le rapport entre le volume de produit transformé et le volume de bois brut nécessaire à sa transformation (Karsenty, 1999). C'est la quantité de production, le pourcentage d'utilisation que l'on tire d'une ressource après transformation et qui peut s'exprimer en capacité, en masse, ou en pourcentage. Dans la ZIS de Nkok, la valorisation des déchets de bois bruts participe à améliorer le rendement matière de la production de bois transformés à travers la production des déchets de bois valorisés. Ceux-ci représentent des volumes supplémentaires pour la production générale de bois transformés dans la ZIS (cf. Tableau 8).

Tableau 8: Production annuelle des déchets de bois bruts valorisés

Unités de valorisation

Année

Volumes de déchets valorisés

Huaxing Environnement Gabon

2021

692 m3

2022

-

2023

1930, 24 m3

Tropical Forest Product

2023

8536, 693 m3

Source : DGICBVPF, 2021 et données de terrain, mars 2024

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À la lecture de ce tableau, il apparait que l'unité de charbon actif Huaxing Environnement Gabon connait une évolution de sa production. En 2021, le volume de déchets valorisés est estimé à 692 m3 et en 2023, la production est de 1930,24 m3 de charbon actif produits. Il faut rappeler que cette unité de valorisation est plus ancienne dans la zone par rapport à l'unité de fabrication de panneaux de particules qui n'est opérationnelle que depuis février 2023. C'est cette raison qui explique l'absence de données antérieures la concernant. La production de cette unité en 2023 est estimée à 8536, 693 m3 soit 161.743 panneaux de particules, toutes épaisseurs confondues. Pour établir un lien entre consommation et production, un tableau a été réalisé. Ce tableau présente les moyennes mensuelles et le total annuel de la production de l'unité de panneaux de particules qui offre une meilleure traçabilité de ses activités (cf. Tableau 9).

Tableau 9 : Production de panneaux de particules en 2023

 

Réception des
déchets de bois
(en tonne)

Consommation
(en tonne)

Nombre de
panneaux

Production
(en m3)

Moyenne Mensuelle

761, 775

560,215

13.479

711,39

Total annuel

9141,3

6722,58

161.743

8536,693

Source : Données de terrain, mars 2024

La proportion de gaspillage évitée réside dans les quantités de déchets collectées par l'unité de valorisation, soit une moyenne mensuelle de 761,775 tonnes de déchets collectés et un total annuel de 9141,3 tonnes. Ces déchets collectés ont permis de produire en moyenne 711,39 m3 de panneaux de particules soit 13.479 panneaux par mois. C'est bien la preuve que la valorisation des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok contribue à la production de bois transformés.

? De la commercialisation des produits finis

Les produits issus de la valorisation des déchets de bois bruts sont essentiellement destinés au marché international. Concernant le charbon actif, la production est majoritairement destinée au marché chinois mais l'entreprise écoule également une partie de sa production en Europe, précisément en France. En effet, ce pays comme beaucoup d'autres pays d'Asie, d'Afrique ou d'Europe a une forte demande en charbon. Pour conserver et évacuer sa marchandise, l'entreprise utilise des sacs de 500 Kg soit une demi-tonne (cf. Photo 5) contenant chacun 1,2 m3 de charbon actif. Ce charbon actif est vendu à la tonne. En Chine par exemple, le prix fixé est 500 $ la tonne soit 305.250 F CFA ; en France il est de 1630 € la tonne, soit

66

1.066.720 F CFA. On constate que le marché français est plus rentable que le marché chinois car celui-ci enregistre des gains plus conséquents. Cependant, la décision de l'entreprise de vendre une part significative de ses produits en Chine pourrait être attribuée à une demande qui semble être plus constante dans ce pays ainsi qu'à des partenariats établis avec les acheteurs, contrairement au marché français.

Photo 5 : Sacs de charbon actif

Clichés : OBONE MBA Cécilia A, 2024

En 2023, l'entreprise a réalisé une vente d'environ 360 tonnes de charbon actif soit 864 m3, pour la plupart à destination de la Chine. Dans le stock vendu, un conteneur de 40 pieds contenant 44 sacs a été vendu à destination de la France. À partir de nos calculs et sachant qu'un sac de charbon actif plein vaut 500 kg, nous estimons que l'entreprise a vendu au moins 22 tonnes de charbon actif, soit 35860 €, ce qui donne un montant de 23.467.859 F CFA.

Quant à l'unité de panneaux de particules, elle n'effectue pas encore de vente à l'extérieur. Elle prospecte ses zones de vente et recherche des acheteurs. La plupart des ventes réalisées se font au niveau local avec de petites quantités puisque l'entreprise a le droit d'écouler 25% de sa marchandise sur le territoire national (Loi n°0036/2018 du 08 février 2019). La photo 6 ci-dessous présente les différentes teintes des panneaux de particules fabriqués au sein de l'unité de valorisation Tropical Forest Products.

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Photo 6 : Différentes teintes des panneaux de particules

Cliché : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Il apparaît à travers cette photo, une diversité des teintes des panneaux de particules qui sont proposées aux potentiels acheteurs. Ces panneaux peuvent être vendus en l'état ou assemblés pour la confection de meubles, selon la demande du client. La vente locale des panneaux de particules se fait à la pièce, en fonction de l'épaisseur et du niveau de transformation. Dans les faits, un panneau de 9 mm d'épaisseur à l'état brut (1ère transformation) coûte 5.350 F CFA. Lorsqu'il est verni de couleur blanche (3ème transformation), il coûte 7.000 F CFA. De même, un panneau de 22 mm d'épaisseur est vendu 12.050 F CFA à l'état brut. Verni de blanc, il vaut 18.800 F CFA (cf. Annexe 3).

3.1.2-La valorisation : créatrice d'activités économiques et d'emplois

La collecte des déchets de bois bruts, le traitement et enfin la fabrication des nouveaux produits permettent la mise en place d'une chaine d'acteurs qualifiés ou non. En effet, les processus de valorisation des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok ont permis de créer de nouvelles activités économiques qui sont peu présentes au niveau du Gabon, du moins dans le cas des traitements effectués avec les déchets de bois. Concernant l'unité de fabrication de panneaux de particules, elle est la première et la seule actuellement dans la sous-région Afrique Centrale à pratiquer cette activité (Magoum, 2023). De même, la fabrication du charbon actif, et de pellets de bois, sont des innovations dans notre pays. Ces activités se distinguent des activités courantes de menuiserie et quincaillerie artisanale que nous connaissons. Notamment, par la qualité des produits qu'elles proposent, les procédés de traitement (broyage et compactage des déchets de bois) et les types de déchets valorisés (sciure et copeau) (cf. Planche 9).

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Planche 9: Produits issus de la valorisation

Photo 1 : Panneaux de particules

Photo3 : Pellets

Photo 2 : Charbon actif

Clichés : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Cette planche montre les types de produits issus de la valorisation des déchets bois bruts dans la ZIS de Nkok. Bien que l'unité de fabrication de pellets ne soit plus opérationnelle, nous avons tenu à présenter ce produit pour une meilleure visibilité.

La création d'activités économiques a des effets d'entrainement liés aux besoins de la main d'oeuvre (qualifiée ou non), à la création d'emplois et à l'amélioration des conditions sociales des personnes employées. Ainsi, pour arriver à la confection des produit finis, la valorisation des déchets de bois bruts réunit divers acteurs de tous bords qui concourent tous mais à différents niveaux, à la réalisation de ces produits. Il faut dire que la valorisation des déchets de bois bruts est plus organisée dans le secteur industriel contrairement au secteur artisanal. Les tâches sont assez bien réparties en fonction des compétences et capacités de chacun. Les uns s'occupant de la partie administrative et comptabilité, les autres étant à l'oeuvre

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dans la fabrication du produit. Même si dans les faits, les entreprises déplorent très souvent le problème de qualification de la main d'oeuvre ouvrière. Dans les tâches à réaliser, les types d'emplois retrouvés dans ces unités sont : opérateurs (chaudière, lamination et imprégnation, machine à presse, machine à sécher, machine à flocon), chauffeurs, coliseur, broyeur, mécanicien et électricien.

Pour ce qui est des conditions salariales, les traitements varient d'une entreprise à une autre. En effet, dans l'unité de charbon actif, les ouvriers sont payés à la journée et à la tâche réalisée dans l'entreprise. La rémunération journalière étant fixée à 7000 F CFA, ils travaillent 5 à 6 jours sur 7. Pour un ouvrier régulier, travaillant 22 jours sur 30 (non compris le samedi), son salaire mensuel est de 154.000 F CFA soit 4000 F CFA au-dessus du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG). S'il travaille le samedi, on estime le salaire mensuel à 182.000 F CFA. Le tableau 10 suivant renseigne quelque peu sur le salaire mensuel des ouvriers dans les unités de valorisation de la ZIS de Nkok.

Tableau 10 : L'emploi dans les unités de valorisation

Entreprises

Nombres d'employés

Salaire net de l'ouvrier

Huaxing Environnement Gabon

42

182.000 F CFA

Tropical Forest Product

98

187.000 F CFA

Total

140

-

Source : Données de terrain, mars 2024

De ce tableau, il est évident que la valorisation des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok contribue à la création d'emplois et dans une moindre mesure, à l'amélioration des conditions sociales des travailleurs. Dans l'ensemble, les deux unités de valorisation comptent 140 travailleurs avec des salaires assez importants pour les ouvriers des plus basses catégories. D'ailleurs, concernant l'unité de panneaux de particules, le personnel bénéficie de 35.000 F CFA de prime de transport ainsi que des indemnités de logement perçues et fixées en fonction des catégories. Les salariés sont également immatriculés à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) et à la Caisse Nationale d'Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS). Bien que les conditions de travail ne soient pas toujours bonnes, surtout dans l'unité de charbon actif (absence d'EPI adaptés à l'activité) et les salaires journaliers bas (7000 F CFA la journée pour un travail assez rude), on ne peut négliger l'impact positif de ces activités en termes de création d'emplois et d'amélioration des conditions sociales des travailleurs.

70

Le graphique 8 donne un aperçu de la structure des employés dans les entreprises de valorisation des déchets de bois de la ZIS de Nkok.

Graphique 8: La structure des employés des unités de valorisation

42

40

88

84

58

10

14

26

35

7

2

Huaxing Environnement Tropical forest

Homme Femme Gabonais Expatriés direct indirect

100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0

Source : Données de terrain, mars 2024

Ce graphique est une présentation générale de la structure des travailleurs dans les unités de valorisation des déchets de bois bruts de la ZIS de Nkok. Comme on peut le voir, l'unité de fabrication de panneaux de particules Tropical forest products compte le plus d'employés répartis selon le genre, la nationalité et le type de contrat. Dans les détails, le nombre d'hommes dans les deux entreprises est bien plus élevé que celui des femmes. En effet, sur un total de 42 employés, l'entreprise Huaxing Environnement compte 40 hommes contre seulement 2 femmes et l'entreprise Tropical Forest compte 88 hommes pour 10 femmes. Les travailleurs gabonais sont assez bien représentés dans les deux entreprises soit au nombre de 35 pour la première unité et 84 pour la seconde. Concernant les emplois direct et indirect, l'entreprise de panneaux de particules ne compte que 26 personnes en emploi direct. C'est-à-dire que ces personnes bénéficient de contrat de travail direct avec l'entreprise et de toutes les commodités qui y sont rattachées (paiements de congés, indemnités de licenciement, paiement de cotisations patronales etc.). Les 58 autres personnes exercent avec des contrats indirects, c'est-à-dire en sous-traitance. Quant à l'entreprise de charbon actif, elle dit avoir des contrats directs de travail avec tout son personnel.

71

3.2-Impacts environnementaux de la valorisation des déchets de bois bruts

3.2.1-La lutte contre le gaspillage des ressources

L'un des enjeux de la valorisation des déchets est d'améliorer la performance environnementale et de préserver les ressources. C'est donc un élément clé pour réduire la mise en décharge et/ou le brûlage des déchets de bois et d'économiser les ressources naturelles. Bien évidemment, la valorisation des déchets de bois n'a pas la prétention de pouvoir tout éliminer ou tout retransformer. Car, même le déchet produit du déchet qui peut ne pas être revalorisé, du moins dans les capacités des unités de valorisation de la ZIS.

La Zone d'Investissement Spéciale de Nkok prône une gestion optimisée. C'est-à-dire qu'on réduit les quantités produites par des traitements optimaux pour l'environnement, grâce aux savoir-faire des unités de valorisation. Par conséquent, la gestion et particulièrement la valorisation des déchets de bois bruts contribuent à limiter le gaspillage des matières (cf. Photo 7).

Photo 7 : Déchets collectés par une unité de valorisation

Clichés : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Cette photo a été prise devant l'unité de production de panneaux de particules de bois. Elle nous donne une idée subjective des quantités de déchets collectés. Avec l'accumulation, ces déchets de bois forment des amas dans les unités de valorisation, leurs collectes régulières permettent de désencombrer les unités de transformation et de satisfaire l'approvisionnement en matières premières pour les unités de valorisation. Surtout que le stockage est l'un des problèmes majeurs que rencontrent les industriels. « Lorsque la production est forte, nous avons

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des difficultés pour continuer à stocker nos déchets de bois... sachant qu'il est interdit de brûler. », nous a rapporté le responsable de l'usine de sciage RDDHI (Shinago). Le graphique 9 ci-après fait état des difficultés rencontrées par les UTB pour la gestion de leurs déchets.

Graphique 9 : Difficultés rencontrées par les UTB

14

12

13

 
 

10

10

8

 
 
 

6

 
 

4

 
 

2

 

2

0

 
 
 

1

 
 

Aucune Stockage Démarche d'acquisition Evacuation

Source : Données de terrain, mars 2024

De ce graphique, il ressort que l'espace de stockage est l'un des problèmes majeurs dans les industries de transformation du bois. En effet, ne voulant pas systématiquement brûler tous leurs déchets ou n'ayant pas trouvé de preneur, certains industriels les stockent en attendant de trouver quoi en faire ou simplement pour éviter de les brûler. Quant à ceux qui disent n'avoir aucune difficulté avec la gestion de leurs déchets, ils ont très souvent recours au brûlage systématique pour se débarrasser des résidus non utilisés. Or, céder ces matières aux unités de valorisation, c'est résoudre en partie les problèmes d'encombrement et donner de la valeur aux déchets pour de meilleurs usages. C'est le cas des débités déclassés qui sont très prisés par les deux unités de valorisation de la zone ; leur approvisionnement intensif permet d'éviter une accumulation trop importante dans les unités de sciage.

Le modèle d'économie circulaire de la ZIS participe à réduire la proportion de gaspillage des déchets de bois issus des processus de transformation de la grume ainsi que la dépendance aux matières premières de bois. La production totale des deux unités de valorisation en 2023 estimée à 10466,893 m3 doit augmenter, afin de garantir une transformation du bois qui atteint le taux de 75% prévu par le Code forestier et au-delà. Lorsque les unités de valorisation utilisent les déchets de bois comme matières premières, elles limitent la pression sur l'extraction du bois en forêts et participent à l'innovation technique. « La valorisation des déchets est vue comme

73

un évitement de l'élimination notamment la mise en décharge, mais également comme le moyen de produire des coproduits à partir des déchets. C'est-à-dire sans avoir recours à des ressources naturelles » (Ventura et al., 2022, p.7).

De plus, la collecte des déchets destinée à la valorisation, limite dans une certaine mesure l'insécurité liée au brûlage en plein air dans les unités de transformation. Durant nos enquêtes de terrain, nous avons constaté au sein de certaines unités à l'exemple de Sen Jun que le lieu où les déchets sont brulés n'est pas très souvent éloigné de l'entrepôt où travaille et circule le personnel (cf. Photo 8).

Photo 8 : Lieu de brûlage non aménagé

Cliché : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Cette photo met en évidence les déchets de bois brûlés au sein d'une usine, prêt d'un bâtiment. Elle révèle l'absence de mesure de sécurité quant au lieu de brûlage des déchets et qui peut avoir de graves conséquences.

3.2.2-Réduction de la pollution de l'air

Parler de réduction de la pollution de l'air suppose qu'au départ, la qualité ne soit pas bonne, qu'il y a eu une dégradation, une contamination de l'atmosphère et que des mesures ont été prises pour limiter les effets pervers. La pollution de l'air peut être la conséquence des processus de combustion, elle est due à l'accumulation de substances nocives qui proviennent de sources diverses et se répandent dans l'atmosphère. Dans la ZIS de Nkok, en plus de l'élimination des déchets de bois par le brûlage en plein air, d'autres industries comme la métallurgie, la chaudronnerie ont recours à la combustion, ce qui libère des gaz dans l'atmosphère. Pour lutter contre la pollution de l'air, Nino Künzili (2020) propose cinq méthodes :

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- Identifier ce qui est brûlé (ce qui est contenu dans les matières brûlées) ;

- Limiter les émissions ;

- Fixer les valeurs des limites qui définissent les objectifs à atteindre pour préserver la

qualité de l'air ;

- Mettre en oeuvre des mesures pour atteindre les valeurs limites ;

- Connaitre les concentrations de polluants et publier les tendances.

Appliquées à la ZIS de Nkok et par rapport à notre étude, nous identifions le dioxyde de carbone (CO2) comme l'un des principaux gaz produits lors de la combustion des déchets de bois. Par conséquent, l'introduction d'unités de valorisation de ces déchets est un moyen d'éviter leur combustion massive dans les UTB. La production de panneaux de particules notamment, n'a pratiquement pas recours au brûlage des déchets si ce n'est pour l'alimentation de la chaudière. Toutefois, l'obtention d'un air pur ou faiblement pollué dans la ZIS reste à ce jour un objectif à atteindre. En effet, comme les mesures de protection environnementale sont récentes, il n'est pas objectif de se prononcer sur les retours positifs de ces actions. Surtout qu'en face, les déchets de bois sont brûlés en permanence dans les unités de transformation. Rappelons que le brûlage des déchets représente 33% des pratiques d'élimination de ceux-ci par les entreprises. Si l'on ajoute ceux qui sont conduits à la décharge et qui finissent brûlés soit 6% (voir. Graphique 7, p.51), cela fait un total de 39% des pratiques de brûlage des déchets de bois en plein air. De plus, la perception des résultats d'une amélioration de la qualité de l'air nécessite des études plus poussées. Concernant notre étude, il serait prétentieux de lier directement la réduction de la pollution de l'air à la présence d'unités de valorisation des déchets de bois bruts au regard des éléments évoqués plus hauts.

? Neutralité carbone et pollution de l'air dans la ZIS de Nkok

Afin de connaitre son impact écologique et de mieux contrôler ses émissions de CO2, la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok a effectué un bilan carbone et a été certifiée ISO 14064-15 en neutralité carbone par la Société Générale de Surveillance Suisse (SGS). Ce bilan a été réalisé pour le compte des années 2019, 2020 et 2021 (GSEZ, 2023). Il renforce le marketing de la zone dans son engagement pour la protection de l'environnement, et améliore davantage son image face aux potentiels investisseurs et partenaires commerciaux.

5 Norme environnementale décernée aux entreprises ou organismes qui souhaitent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et atteindre une neutralité carbone.

75

Le mot neutralité dans son étymologie provient du mot neutre, du latin neuter qui ne signifie « ni l'un ni l'autre » (Dictionnaire Larousse, 2018). « La neutralité définit l'attitude d'une personne ou d'un organisme qui ne prend pas parti dans un conflit ou une discussion » (ADEME, 2022, p.7). Appliquée à la lutte contre le changement climatique, ce terme laisse penser que le territoire, l'entreprise ou le produit ne contribue pas au problème, qu'il est transparent face aux émissions de gaz à effet de serre constatées (idem). Ce concept en vogue est un objectif de l'accord de Paris. Dans l'accord de Paris (2015), il est indiqué que pour limiter le réchauffement climatique en deçà de 2°C, il est nécessaire d'atteindre la neutralité carbone d'ici la deuxième moitié du 21ème siècle. Cette neutralité carbone vise à équilibrer « toute émission » de gaz à effet de serre issue de l'activité humaine par des séquestrations anthropiques des quantités d'équivalentes de CO2 (Nations Unies, 2015). Selon le parlement Européen, « La neutralité carbone implique un équilibre entre les émissions de carbone et l'absorption du carbone de l'atmosphère par les puits de carbone » (Fournier, 2021). Toutes ces définitions semblent conduire à un « équilibre arithmétique » difficilement réalisable.

En nous appuyant sur les définitions précédentes, nous avons représenté la neutralité carbone tel un idéal d'équilibre (cf. Figure 5).

Figure 5 : Neutralité carbone

Emissions des gaz à effet de serre (GES)

Séquestration des GES par les puits de carbone

Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

À ce jour, il est clair que la neutralité carbone est un concept redondant, ambivalent et imprécis que s'approprient pourtant de nombreuses entités (pays, entreprises, organismes, marques de produits) pour afficher leur solidarité et leur implication dans la lutte contre le réchauffement climatique. Selon l'ADEME : « Pour atteindre la neutralité carbone, il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre et augmenter les séquestrations de CO2 dans les puits biologiques et technologiques » (ADEME, 2022, p.6). En d'autres termes, la ZIS de Nkok dans le cas actuel augmente ses capacités de séquestration de CO2 et réduit ses activités polluantes ce qui lui permet de continuer à revendiquer cette neutralité carbone.

76

Pour arriver à la conclusion qu'une entité est neutre en carbone, il faut réaliser un bilan carbone pour déterminer le niveau de pollution de celle-ci. Ce bilan permet in fine d'identifier les efforts à fournir pour mieux orienter les objectifs et la politique de réduction de l'emprunte carbone (carbo academy, 2023). De plus, la neutralité carbone ne concerne que la réduction des émissions de dioxyde de carbone car c'est le principal gaz à effet de serre d'origine anthropique ; ses émissions sont facilement comptabilisées et il est le plus absorbé par les puits de carbone naturels (forêts, océans) (Fournier, 2021).

L'inventaire des émissions des gaz à effet de serre réalisé ainsi que l'indique le tableau 11 ce qui suit.

Tableau 11 : Bilan carbone de la ZIS de Nkok

Années

Quantité de tonnes métriques d'équivalents CO2

2019

50,037

2020

45,73

2021

57,987

Total

153,754

Source : www.gsez.com Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Il est indiqué dans ce tableau que le bilan carbone de la ZIS de Nkok a été réalisé pour le compte des années 2019, 2020 et 2021. On peut y voir que l'empreinte carbone de l'année 2020 est faible par rapport aux années 2019 et 2021. Ceci est peut-être lié à la pandémie de Covid-19 qui a sévi le monde durant cette année, ralentissant la production dans la ZIS et par conséquent le rythme d'émissions de gaz à effet de serre. Dans le même élan, l'augmentation des émissions durant l'année 2021 peut être liée à la reprise des activités après la pandémie. D'où l'on estime que les entreprises ont tenté de rattraper le temps perdu en accélérant les activités. Ce qui a favorisé l'augmentation des émissions de CO2 durant cette année, soit 57,987 tCO2e contrairement à l'année 2020 où elles sont de 45,73 tCO2e, soit une quantité de 12,257 tCO2 e en plus.

L'inventaire du bilan carbone a concerné les émissions directes et indirectes globales des champs d'application 1 ; 2 et 36. Par conséquent, les émissions des types d'espaces, des bâtiments, des espaces de bureaux et des salles de spectacle ont été mesurées (Our sustainability Legacy, 2023). Les émissions liées à la production, notamment de bois transformés et à la gestion des déchets ne sont pas mentionnées. Cette certification de la ZIS a été octroyée en

6 Ce sont des sources d'émission de CO2, classées selon le niveau d'émission des éléments qui les constituent.

77

raison des efforts déployés pour réduire son empreinte environnementale. Il s'agit de l'installation de l'unité de valorisation du plastique Jia Ming Plastics Manufacturing et de la société de conseil en qualité, hygiène et sécurité, environnement SAFER. Par la suite, d'autres unités de valorisation se sont installées, dont les unités de valorisation des déchets de bois bruts que nous étudions. Des mesures de compensation environnementale ont également été prises (la monétisation des services et actifs environnementaux).

L'amélioration de la qualité de l'air par la valorisation des déchets de bois bruts reste discutable en l'absence de données statistiques qui sous-tendent cet argument. Car si les volumes de déchets valorisés évitent le recours au brûlage, nous ne saurions dire s'ils suffisent à compenser ceux brûlés. Toutefois, les activités de valorisation sont à encourager dès l'instant où les processus et procédés de valorisation ne contribuent pas à accentuer le problème.

La valorisation des déchets de bois bruts a un impact positif certain sur le plan économique, social et environnemental. Elle contribue à la production de bois transformés et génère de la richesse. Elle est également un moyen efficace de lutte contre le gaspillage des matières. Toutefois, son impact sur la pollution de l'air est encore moindre.

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CHAPITRE 4 : LIMITES ET PERSPECTIVES DE LA VALORISATION DES DÉCHETS DE BOIS BRUTS DANS LA ZIS DE NKOK

Comme toute activité économique, la valorisation des déchets de bois connait quelques difficultés qui tendent à freiner son dynamisme et menacent l'efficacité du processus d'économie circulaire mis en place. Ces difficultés incluent les irrégularités des activités, les modes d'acquisition des déchets et les problèmes d'approvisionnement en déchets.

4.1-Irrégularités des activités de valorisation des déchets de bois

4.1.1-Dispositions légales défaillantes

Les dispositions légales dont il est question dans cette partie concernent principalement les vides juridiques constatés dans le Code de l'environnement et le Code forestier. En droit, le vide juridique fait référence à « f...] un espace dans lequel il n'y a pas de droit, il renvoie à une notion de lacune de droit et de non-droit f...] » (HO DINH, 2007, p.420). Autrement dit, les dispositions sur la gestion des déchets de bois et toutes les étapes qu'elle englobe dont la valorisation, manque de précision, de détails qui permettraient d'orienter les actions en termes de gestion. D'ailleurs, le Code de l'environnement donne des orientations générales qui sont appliquées sur tous les types de déchets considérés comme non dangereux. La valorisation des déchets est présentée comme une option à envisager et non pas comme une activité à part entière devant être pratiquée en fonction du déchet. De même, dans le Code forestier, il n'y a pas de statut juridique qui définit les déchets de bois. Pourtant, de nombreuses industries artisanales utilisent ces résidus en tant que matière première, sans pour autant déclarer leurs activités comme étant de la valorisation, bien qu'elles le fassent en pratique. Dans le sciage artisanal ou les petites menuiseries par exemple, les déchets de bois bruts industriels constituent une partie importante des matières premières (Lescuyer et al., 2011).

De plus, l'absence de marché formel des déchets de bois qui permet de fixer les prix des déchets, selon les types ou les essences de bois est une autre entorse à la traçabilité sur les gains générés par cette activité. Pour aider dans ce sens, en 2022, la Direction de la Valorisation des Rebuts Industriels de Bois et de la Promotion des Bioénergies (DVRIBPB) a soumis pour examen, un projet de texte fixant les modalités de gestion des rebuts de bois et un projet d'arrêté portant commercialisation de ces rebuts. De même, les approvisionnements des unités artisanales extérieures sont moins réguliers du fait du protocole administratif lourd qui exige certains critères pour collecter les déchets de bois au sein de la zone. Si d'une part, ces mesures

79

assurent à l'administration une traçabilité des mouvements de déchets et limitent l'accès aux entités extérieures, d'autre part, elles ralentissent la collecte et le désengorgement des unités de transformation.

4.1.2-Mode d'acquisition des déchets de bois bruts

Le mode d'acquisition des déchets de bois bruts par les unités de valorisation pose un problème pour leur activité. Les unités de transformation qui sont les productrices de ces déchets de bois, ont été invitées à les donner gratuitement aux unités de valorisation situées dans la ZIS. Or, pour certaines unités de production, ces rebuts de bois constituent un marché informel avec des artisans hors zone. La valorisation des déchets de bois générant des activités et des revenus significatifs, elle intéresse de plus en plus les unités de transformation du bois. Ces UTB, propriétaires des rebuts, voient dans leur collecte une source de profit économique. Par exemple, chez Somivab, les revenus de la vente des déchets de bois servent à verser des primes aux ouvriers.

De plus, si l'on tient compte des coûts que supportent ces unités pour l'abatage de l'arbre en forêt et le transport de la grume jusque dans le parc à bois de la ZIS, on comprend la réticence de certaines UTB à vouloir céder gratuitement leurs déchets. Ces déchets de bois bruts sont des matières premières précieuses. De ce fait, l'acquisition gratuite des déchets de bois bruts par les unités de valorisation de la zone ne leur garantit pas toujours un approvisionnement régulier. Au contraire, elle fait en sorte que les unités de valorisation se retrouvent parfois avec des périodes de faible production puisque l'approvisionnement dépend du bon vouloir des UTB à céder leurs déchets. Surtout qu'en face, les unités artisanales paient pour l'octroi de ces déchets. Le graphique 10 suivant recense les avis des industriels sur le choix de cession gratuite ou non de leurs déchets de bois aux unités de valorisation.

Graphique 10 : Choix de cession des déchets de bois

16

14

14

12

 
 

10

10

8

 
 
 

6

 
 

4

 

4

2

 
 

0

 
 

OUI NON SANS

Source : Données de terrain, mars 2024

80

Il semble que le plus grand nombre d'unités de transformation soit prêt à céder gratuitement leurs déchets de bois (14 avis sur 10). Quant à ceux qui ont répondu par la négation, ils ont évoqué la nécessité de fixer un coût, même faible, pour l'acquisition des déchets de bois. Surtout qu'ils sont récupérés pour produire de la richesse, ils ne constituent donc plus totalement des déchets au sens propre du terme. À l'usine Somivab, 30% des déchets produits (débités déclassés, dosses) sont donnés aux ouvriers sous forme de prime. À leur tour, ils les revendent aux unités artisanales pour 49.000 F CFA le camion. Dans cette somme, il faut compter 20.000 F CFA pour la location du camion, 3000 F CFA pour les frais de douane, 1000 F CFA pour l'environnement, ce qui fait un total de 24.000 F CFA. Les 25.000 F CFA restant sont reversés à l'entreprise qui, après accumulation des ventes, les redistribue en complément du salaire de chacun. Le nombre de camions de déchets de bois vendus chaque jour varie entre 3 et 5 camions. Les 70% de déchets restants sont collectés gratuitement par l'unité de valorisation de charbon actif.

De ce qui suit dans la figure 6 ci-dessous, il apparait que les déchets de bois bruts industriels sont des matières très convoitées.

Figure 6: Demande en déchets de bois

Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Cette figure présente les demandeurs des déchets de bois bruts produits dans les unités de transformation et les modes d'acquisition de chacun :

81

- Les industriels (UTB) qui s'approvisionnent entre eux pour le chauffage, ou pour dérouler davantage la bille, achètent ces matières ;

- Les unités artisanales extérieures pour qui les rebuts industriels constituent une part importante de leurs matières premières achètent également leurs déchets de bois ;

- Enfin les unités industrielles de valorisation installées dans la ZIS pour qui ces déchets sont exclusivement des matières premières pour leurs activités, les acquièrent gratuitement.

À travers cette figure, on peut voir toute la mobilisation qu'il y a autour des déchets de bois bruts issus des industries de première et deuxième transformation de la ZIS de Nkok. Ce sont des matières très convoitées qui méritent que les pouvoirs publics s'y intéressent un peu plus. Cette figure interroge également le mode d'acquisition pratiqué par les unités de valorisation.

D'après les échanges avec un responsable de l'unité de charbon actif, cette attitude des unités de valorisation s'explique par le fait que : « f...] en s'installant dans la ZIS de Nkok, les unités de valorisation ont eu à passer des accords en termes d'approvisionnement avec le groupe GSEZ.SA qui leur a garanti des approvisionnements gratuits auprès des UTB ». (ZIS de Nkok, le 19/02/2024). Toutefois, hormis la note administrative signée par l'ancien Administrateur Général, il n'existe pas de disposition juridique contraignant les UTB à céder leurs déchets de bois, ni ne déterminant les modalités d'accès aux déchets de bois bruts. Au contraire, l'article 93 du Code de l'environnement dispose que : « Toute personne physique ou morale, publique ou privée, qui produit ou détient des déchets, est tenue d'en assurer la gestion ». Cela signifie que les procédés d'élimination des déchets de bois produits dans les entreprises relèvent de la responsabilité de celles-ci, ceci dans le respect de l'environnement.

4.2-Les difficultés en matière d'approvisionnement des déchets de bois bruts

L'installation des industries de transformation du bois dans la ZIS de Nkok garantit leur approvisionnement en matières premières. Pour les unités de première et de deuxième transformation, l'approvisionnement se fait au parc à bois de la ZIS. Les unités de valorisation des déchets de bois s'approvisionnent auprès des UTB. Cependant, cette disposition prise en faveur des unités de valorisation semble insuffisante pour satisfaire les approvisionnements sur les plans quantitatif et qualitatif.

82

4.2.1-Sur le plan quantitatif

L'une des préoccupations évoquées par les deux unités de valorisation des déchets de bois encore en activité au sein de la ZIS de Nkok est l'approvisionnement quantitatif des matières premières. En effet, étant dans le processus industriel, l'activité de valorisation ne doit pas à priori, connaitre d'interruption. Or, l'approvisionnement en quantité de déchets est une limite à la valorisation pour diverses raisons. D'abord, le nombre d'unités de production qui alimente les unités de valorisation est relativement faible ; ensuite se pose le problème de fréquence des approvisionnements et enfin celui des volumes de déchets collectés.

? L'insuffisance des unités d'approvisionnement

Rappelons que l'acquisition des déchets de bois bruts pour les unités de valorisation installées dans la ZIS, se fait gratuitement. Ainsi, parmi les 41 unités identifiées dans la première et deuxième transformation, seulement 12 fournissent régulièrement des matières aux unités de valorisation (voir. Tableau 12). Cela indique que les 29 unités restantes ne contribuent pas effectivement au processus d'économie circulaire.

Tableau 12 : Les unités d'approvisionnement en déchet de bois bruts

Nom des unités
d'approvisionnement

Situation Géographique

Segment d'activité

1

Fortune Lumber

Nkok

Sciage

2

Gabon Meubles Modernes

Nkok

Sciage

3

Gabon Veneer

Nkok

Placage

4

Green Ply

Nkok

Placage

5

Lian Sheng

Nkok

Sciage

6

Offeri

Nkok

Placage

7

RDDHI (Shinago)

Nkok

Sciage

8

Somivab

Nkok

Sciage

9

Star Ply

Nkok

Placage

10

Wood Pro

Nkok

Sciage

11

Wood Tech

Nkok

Sciage

12

Wood Value

Nkok

Sciage

13

TBNI

Kango

Sciage

14

Gahodi

Okolassi

Sciage

Source : Données de terrain, mars 2024

83

Ce tableau nous renseigne sur les entreprises qui approvisionnent régulièrement les unités de valorisation de la zone. Au nombre de 14, il en ressort que les unités de sciage sont les plus sollicitées, comptant 10 entreprises sur le total cité. Les quatre (4) autres unités s'inscrivent dans la pratique du déroulage-placage. Ceci peut s'expliquer par le fait que l'unité de charbon actif n'utilise que les déchets de sciage (débités déclassés). De même, l'unité de panneaux de particules a également recours à ces déchets de sciage (débités, sciure, copeau) en plus de ceux du déroulage.

On remarque également dans ce tableau que deux des unités d'approvisionnement citées ne sont pas installées dans la zone. Il s'agit de l'entreprise TBNI situé à Kango et de Gahodi située à Okolassi. Ces deux entreprises renforcent les approvisionnements en déchets de bois bruts de l'unité de charbon actif qui rencontre très souvent des difficultés dans l'approvisionnement de ses matières premières au niveau de la ZIS. En effet, le nombre d'unités de sciage dans la ZIS est relativement faible. Sachant que la production de charbon actif n'utilise qu'une infime gamme des déchets de sciage, ces unités viennent en appui sur le plan quantitatif et même qualitatif pour la collecte des déchets de bois dont l'entreprise a besoin pour sa production. Cependant, lorsque la collecte est faite dans ces unités, l'entreprise paie le camion des déchets à 20.000 F CFA et les camionneurs peuvent mettre jusqu'à deux jours sur le lieu de collecte avant de revenir à l'usine.

Les unités de sciage étant sollicitées par les deux unités de valorisation, le problème d'approvisionnement quantitatif se pose car ces unités sont peu nombreuses et ne fonctionnent pas toutes correctement (cf. Graphique 11).

Graphique 11: État réel des UTB

35

 
 
 

30

 
 
 

25

25

 
 

20

 
 
 
 
 

15

 
 
 
 

10

7

 
 
 

5

 

3 3

 

2

0

 
 

1

 
 

En activité Fermée

Baisse d'activité

En construction

Etat réel

Sciage Déroulage

30

 
 
 
 

11

Total

Source : Données de terrain, mars 2024

84

De ce graphique, on retient d'abord que le nombre d'unités de sciage a baissé par rapport à l'année 2022 où l'on comptait 15 unités, toutes en activité (cf. Tableau 3, p.27). Aujourd'hui, nous les évaluons à onze (11). De ces onze, on constate que seules sept (7) sont en activité régulière ; trois (3) en fermeture temporaire et une (1) en baisse d'activité. Ce qui réduit considérablement le nombre d'unités d'approvisionnement pour les unités de valorisation. Dans le déroulage, le nombre d'unités a légèrement baissé. Sur un total de trente (30) unités, on compte vingt-cinq (25) qui sont en activité, trois (3) qui sont en fermeture temporaire et deux (2) en construction. Il est à noter que certaines scieries se sont transformées en entrepôts de stockage et ne procèdent plus ou procèdent peu à la transformation du bois sur site. Celle-ci est réalisée hors de la zone. Par ailleurs, les unités de déroulage, bien que répertoriées comme des entités séparées, appartiennent en fait à une seule et même société et fonctionnent sous des noms différents. Cela a conduit à une diminution du nombre d'unités de déroulage-placage enquêtées dans notre étude, en comparaison avec les données du rapport de la DGICBVPF en 2022.

? La fréquence des approvisionnements

L'approvisionnement étant tributaire de la production de chaque unité de transformation du bois (UTB), il en résulte que toutes les unités ne fournissent pas leurs résidus avec la même régularité, entraînant des problèmes de constance dans les approvisionnements. Le graphique 12 suivant illustre la fréquence mensuelle des approvisionnements de certaines unités de transformation.

85

Graphique 12: Fréquence mensuelle des approvisionnements

Nombre de tours

200

150

100

50

0

300

250

Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre

Wood Pro Gabon Meubles Modernes RDDHI (Shinago)

Lian Shen Olam Fortune Lumber
Somivab

Source : Données de terrain, mars 2024

Ce graphique ne concerne que l'unité de charbon actif Huaxing Environnement Gabon. Il fait état de la fréquence des collectes de déchets effectuées dans les unités de production de la zone, durant la période allant des mois d'avril à décembre 2023. Cette fréquence fait référence au nombre de tours que les camions des unités de valorisation ont effectués au cours de l'année dans les industries de transformation. D'après ce graphique, on observe de manière générale que l'unité Gabon Meuble Modernes se distingue par ses approvisionnements qui sont plus ou moins réguliers. En effet, cette entreprise réalise des approvisionnements mensuels d'au moins 50 rotations de camion, pouvant atteindre un maximum de 250 rotations de collecte. Les approvisionnements ont été constants, bien que la tendance ait diminué progressivement avec le temps.

On peut également lire sur le graphique que les mois les plus productifs en déchets de bois dans ces entreprises correspondent à la période qui va de mai à août 2023, pour l'ensemble des unités d'approvisionnement. Quant aux mois les moins productifs, ils se situent dans la période de septembre à décembre 2023. En outre, le nombre d'unités de transformation fournissant les unités de valorisation a diminué. Il est passé de six à quatre unités entre septembre et octobre, puis à trois en novembre et décembre. Durant le mois de décembre, c'est l'entreprise Olam (GSEZ) qui a partiellement approvisionné l'unité de charbon actif. De plus, le nombre de rotations réalisées par les entreprises a chuté, passant de plus de 200 rotations mensuelles à moins de 150 pour la majorité des unités.

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Le graphique 13 nous permet de mieux apprécier les tendances des approvisionnements mensuels dans les UTB.

Graphique 13 : Tendance des fréquences mensuelles des approvisionnements

Nombre de tours

300

250

200

150

100

50

0

Wood Pro Gabon Meubles Modernes

RDDHI (Shinago) Lian Shen

Olam Fortune Lumber

Somivab

Source : Données de terrain, mars 2024

Ces courbes confirment nos analyses précédentes, montrant les évolutions des approvisionnements de chaque entreprise. De plus, l'analyse des courbes de tendance des fréquences d'approvisionnement en déchets de bois est un indicateur clé qui nous permet d'évaluer le dynamisme des unités de sciage. À la lecture de celles-ci, les unités telles que Gabon Meubles Modernes, RDDHI (Shinago) et Wood Pro sont les plus dynamiques et les plus constantes.

? Les quantités de déchets collectés

La fréquence des approvisionnements est liée à la quantité de déchets collectés par les entreprises. Le graphique 14 ci-dessous donne un aperçu des quantités de déchets collectés mensuellement auprès de chaque unité d'approvisionnement.

87

Graphique 14 : Quantités de déchets collectés par l'unité de charbon actif

en tonnes

600

500

400

300

200

100

0

1000

900

800

700

 

Avril

Mai

Juin

Juillet

Août

Septe mbre

Octobr

e

Novem bre

Décem bre

Wood Pro/4t

272

284

336

284

200

204

148

164

 

Gabon Meubles Modernes/2t

246

472,5

537,6

497

880

256,2

289,8

210

224

RDDHI (Shinago)/4t

244

384

432

376

320

88

100

212

138,6

Lian Shen/2t

304

153,3

189

147

75,6

 
 
 

376

Olam

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Fortune Lumber/4t

 
 
 
 

8

63

18,9

 
 

Somivab/4t

164

328

444

280

148

 
 
 
 

Source : Données de terrain, mars 2024

Pour collecter les déchets, l'unité de charbon actif utilise des camions de 2 et 4 tonnes. Les quantités de déchets collectés mensuellement varient d'une entreprise à une autre, selon le dynamisme et la régularité de chacune. Comme constaté avec la fréquence des approvisionnements, c'est l'entreprise Gabon Meubles Modernes qui est en tête des approvisionnements sur le plan quantitatif. Les quantités de déchets collectés mensuellement dans cette entreprise varient entre 200 et 880 tonnes de déchets de bois bruts. Mais, d'une manière générale, nous constatons dans ce graphique deux faits concernant les quantités de déchets collectés dans les UTB. Le premier fait concerne l'évolution des quantités de déchets collectés par l'ensemble des entreprises, allant d'avril à août. Les quantités de déchets collectés fluctuent entre 153 et 880 tonnes pour toutes les entreprises, à l'exception de Fortune Lumber qui a fourni 8 tonnes à l'unité de charbon.

88

À partir du mois de septembre jusqu'à décembre 2023, l'unité de charbon actif a fait face à une baisse importante de ses approvisionnements quantitatifs pour l'ensemble des entreprises. Dans les faits, les quantités de déchets collectés varient entre 18,9 et 376 tonnes de déchets. On pourrait supposer que le contexte politique du pays à cette période de l'année 2023 (coup d'état, nouvelle équipe dirigeante), a eu une incidence sur la production des unités de transformation et par ricochet sur la production des déchets de bois. L'incertitude des liaisons et partenariats avec le pouvoir actuel a pu freiner les industriels dans la continuité normale de leurs activités.

Le graphique 15 qui suit présente les quantités de déchets collectées par les deux unités de valorisation au cours de l'année 2023 et vient renforcer l'argument du problème d'approvisionnement que rencontre particulièrement l'unité de production de charbon actif.

Graphique 15: Quantités de déchets collectés par les deux unités de valorisation

Tropical Forest Huaxing Environnement

9141,3

10498,5

1792,21

508,11

513,81

102,52

1230

459,9

1621,8

450,61

1938,6

957,5

1584

645

1631,6

645,25

611,2

747,12

556,7

960,7

586

1358,57 738,6

En Tonne

Source : Données de terrain, mars 2024

L'approvisionnement de Tropical Forest débute en Janvier contrairement à celle de Huaxing Environnement qui a débuté en avril. Cette unité a collecté des quantités de déchets inférieurs à l'unité de charbon actif, soit 9141,3 m3 pour l'unité Tropical Forest contre 10498,5 m3 pour Huaxing. Mais, dans la production cette unité a une production supérieure (voir. Tableau 7, p.65). Ceci montre que la production de charbon actif consomme beaucoup plus de déchets que la production de panneaux de particules et confirme le problème d'approvisionnement quantitatif pour l'unité de charbon actif.

Bien que ses données soient peu analysées dans ce pan du travail, l'entreprise de panneaux de particules dit rencontrer quelques difficultés d'approvisionnement en déchets de bois, en

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raison de la concurrence pour l'acquisition des déchets. Elle envisage s'orienter vers les scieries industrielles situées à l'extérieur de zone, précisément à Owendo, si le problème persiste.

4.2.2-Sur le plan qualitatif

Le problème d'approvisionnement qualitatif concerne les types d'essences dont les unités de valorisation ont besoin pour réaliser leur production. Dans le cas précis, il s'agit spécifiquement de l'unité de production de charbon actif qui rencontre des difficultés dans l'approvisionnement qualitatif de sa matière première. En effet, l'un des principaux critères pour la production de charbon de bois est la dureté. Plus le bois est dur, plus la combustion est lente, il a du mal à s'effriter et ceci permet un bon rendement. De ce fait, pour produire du charbon actif, la qualité de l'essence est primordiale pour garantir la qualité du produit et assurer sa rentabilité. Au Gabon, on distingue parmi les essences de bois, l'Okoumé et les bois divers. Cette distinction se fait sur la base des propriétés des bois et des usages auxquels ils sont favorables. Le tableau 13 ci-dessous renseigne quelque peu sur les caractéristiques de ces bois qui permettent cette distinction.

Tableau 13: Caractéristiques de l'Okoumé et des bois divers

Essences

Caractéristiques

Domaines d'usage

Okoumé

Léger, très disponible, bonne densité, favorable

au déroulage, peu onéreux et de faible
concurrence sur le marché international.

Déroulage,

construction navale, contre-plaqués.

Bois divers

Durs, lourds, peu disponibles, abatage et sciage très onéreux, forte concurrence

Production de Charbon, chemin de fer, mobilier

Source : LASSERRE, 1955 et EDOU, 2004 Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

L'examen des données du tableau 13 indique que les propriétés de l'Okoumé ont longtemps suscité un intérêt particulier pour ce bois, contrairement aux autres essences du Gabon. Malgré une estimation de soixante essences exploitables, l'Okoumé demeure le bois le plus récolté et le plus vendu. Ce bois a su se maintenir dans le temps depuis 1889 à nos jours (EDOU, 2004). D'ailleurs, « La dichotomie dans l'utilisation des termes (Okoumé/ Bois divers), f...] rend bien compte de la place et du rôle moteur joué par l'Okoumé dans l'économie du pays mais aussi à l'échelle internationale. » (Kombila Mouloungui, 2019, p.58). La carte suivante donne un aperçu de sa répartition géographique de cette essence au niveau du Gabon.

90

Carte 4 : Aire de répartition géographique de l'Okoumé

Source : MALOBA MAKANGA, 2011

En termes de répartition géographique, l'Okoumé représente les trois quarts des essences du pays. En dehors de quelques zones où il est quasi absent (zone du Nord et de l'Est, une infime partie du Nord-ouest, du Sud et du Sud-est), l'Okoumé est réparti dans l'ensemble du territoire national. Cette répartition géographique au niveau du Gabon peut s'expliquer par le fait que la croissance de l'Okoumé nécessite des milieux ayant une pluviométrie et un taux d'humidité élevé (Maloba Makanga, 2011). Ce bois est également l'essence la plus exploitée du pays. Selon la DGICBVPF (2022), le volume d'exportation de l'Okoumé s'élève à 857.239,47 m3 suivi du Beli rouge 45.511,94 m3. Aussi, l'étude d'impact économique portant sur l'industrie du bois au Gabon montre que cette essence reste à ce jour l'essence de bois la plus exploitée. Même si on note une diminution relative du taux d'exploitation durant les six dernières années, passant de 63% en 2017 à 57% en 2022 (Mouissi, 2023).

91

Quant aux bois divers, ils rassemblent les bois dont les caractéristiques physionomiques sont plus ou moins rugueuses. Les bois divers sont des bois durs. Leur exploitation a souvent été difficile compte tenu de leur densité qui n'était pas favorable au flottage et rendait l'évacuation difficile (Lasserre, 1955). Les bois divers sont dispersés à travers un peuplement forestier hétérogène ; leur densité à l'hectare est de 5 à 8 pieds contrairement à l'Okoumé dont la densité est de 10 à 30 pieds l'hectare (Missang Mi-Ndong, 2006). Leur production est complémentaire car ils sont exclusivement destinés à un marché de niche. Ces bois sont plus favorables au sciage, ils ont une qualité esthétique et durable. Selon Ngangori (2018), les principaux critères de préférence pour la production du charbon de bois sont la dureté, la combustibilité et la disponibilité du bois. De ce fait, les essences les plus utilisées par les producteurs de charbon de bois sont les bois divers tels que : l'Azobe, le Béli, l'Okan, et le Tali. Le tableau 14 ci-après identifie les essences de bois divers les plus exploitées au Gabon.

Tableau 14 : Les essences de bois divers les plus exploitées

Essences

Noms scientifique

Le Niové

Staudtia spp

Le Beli rouge

Julbernardia pellegriniana

Le Dabema

Piptadeniastrum africanum

L'Okan

Cylicodiscus gabunensis

L'azobe

Lophira alata

Le padouk

Pterocarpus soyauxii

Le Tali

Erythrophleum ivorense

Source : www.timbertradeprtal.com Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Dans la ZIS de Nkok, l'Okoumé est très présent, autant dans les unités de déroulage que les scieries. Cela signifie que la majeure partie des déchets de bois produits dans les unités de transformation, sont des déchets d'Okoumé. Or, cette essence de bois n'est pas la plus prisée pour la production de charbon actif. Elle ne réagit pas favorablement à une combustion trop élevée car elle s'effrite facilement. D'ailleurs, lors du chargement des fours pour la première combustion, l'entreprise utilise 80% de bois divers et 20% d'Okoumé. Le graphique 16 donne une idée du pourcentage d'utilisation de ces essences de bois par les UTB.

92

Graphique 16 : Utilisation des essences de bois dans la ZIS de Nkok

19%

81%

Okoumé Bois divers

Source : Données de terrain, mars 2024

Il apparait à la lecture de ce diagramme que l'utilisation de l'Okoumé dans la ZIS, dépasse de loin celle des bois divers (81% pour l'Okoumé contre 19% pour les bois divers). Ceci s'explique par l'importance du segment de déroulage qui utilise exclusivement l'Okoumé comme essence de bois. Ce problème d'approvisionnement qualitatif est l'autre raison qui a conduit l'unité de charbon actif à s'orienter vers les usines de sciage TBN et Gahodi situées à l'extérieur de la ZIS.

4.3-Orientations pour une meilleure gestion et une valorisation plus efficiente des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok

Améliorer les impacts de la valorisation des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok nécessite certains préalables. Bien que les pratiques de valorisation de ces déchets soient récentes (2019), les déficits relevés devraient interpeller le plus tôt possible les autorités de la zone. Cela afin qu'elles prennent les mesures adéquates pour mieux orienter ces activités qui participent au rayonnement de la ZIS. Pour ce faire, il faut agir en premier sur les textes juridiques. Il y a aussi la nécessité d'attirer des investisseurs capables de traiter les déchets peu valorisés (chutes de placage, sciure, copeaux et écorces) et de développer un marché de vente des rebuts de bois avec des prix fixes.

Le graphique 17 ci-dessous rend compte des suggestions apportées par les unités de transformation pour améliorer la gestion de leurs déchets de bois.

93

Graphique 17 : Suggestions des UTB

Interconnexion Révision procédure Unité Supl Gestion com

 
 

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Source : Données de terrain, mars 2024

Il apparait que l'insertion d'une unité supplémentaire de valorisation, la révision des procédures de collecte pour les unités artisanales extérieures et la gestion commune soient les recommandations les plus relevées. À partir de ces recommandations, nous formulons notre vision de la gestion des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok.

4.3.1-Orientations juridiques

Les dispositions prises en interne par les organismes de gestion et administratif sont des mesures compensatoires pour tenter de limiter le gaspillage des matières, au regard des nombreux usages que l'on peut en faire. Par contre, l'amélioration du cadre légal sur la gestion des déchets au Gabon et du Code forestier permettrait de renforcer ces dispositions. C'est sans doute le moment de prêter attention au projet de texte fixant les modalités de gestion des rebuts de bois et au projet d'arrêté portant commercialisation des rebuts de bois soumis par la Direction de la Valorisation des Rebuts Industriels de Bois et de la Promotion des Bioénergies (DVRIBPB) du Ministère des Eaux et Forêts.

4.3.2-Recherche d'investisseurs

Il est important de rechercher des opérateurs économiques capables de valoriser les déchets de bois peu prisés par les unités de valorisation actuelles (chutes de placage, sciure, copeaux et écorces). L'entreprise Gabon Pellets qui a fermé ses portes il y a peu, valorisait uniquement les déchets de sciure, copeaux et les chutes de placage pour la production de pellets. En raison de nombreuses pannes des machines et de fonds insuffisants, l'entreprise a dû fermer

94

ses portes. À défaut, l'État gabonais doit financer des projets de recherche ou de valorisation de ces déchets de bois. L'objectif n'est pas de multiplier les unités de valorisation au sein de la ZIS car cela poserait des problèmes en matière d'approvisionnement pour chaque unité. Mais, il est nécessaire d'avoir une unité supplémentaire qui valorise les déchets de fragments à l'exemple de Gabon Pellets. D'ailleurs, des études ont montré le potentiel des déchets de sciures et de copeaux pour l'agriculture à travers la production de compost (Lumpungu et al, 2016) et la fabrication de briques en terre cuite (Abjaghou, 2020).

Sur la photo 9 ci-dessous, nous observons ce qui s'apparente à un bloc de terre allongé au bord d'un cours d'eau. Pourtant, ce bloc n'est autre que la sciure et le copeau stockés depuis des années par l'usine de sciage Somivab.

Photo 9 : Mur de déchets de sciure et copeaux à Somivab

Cliché : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Cette photo traduit la prise de conscience de l'entreprise face à la valeur de ces déchets. Lors de nos échanges avec une des responsables de l'entreprise, il nous a été confié que l'entreprise envisage valoriser ces déchets elle-même ou rechercher un partenariat avec une unité capable de les valoriser.

En outre, pour que la gestion des déchets de bois dans la ZIS de Nkok soit plus structurée, il faut créer ou installer, une unité de collecte générale des déchets de bois. À la manière d'un « écocentre » ou d'un centre de dépôt des déchets, cette entité se chargera de récupérer tous les déchets de bois dans les UTB et à partir d'elle, les unités de valorisation pourront s'approvisionner. Cela permettra de véritablement désencombrer les unités de production et

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d'éviter le recours au brûlage des déchets en plein air. Cette unité se chargera également des procédés d'élimination des déchets ayant une dégradation trop avancée.

4.3.2-Fixation des coûts des rebuts

Si la valorisation des déchets de bois bruts augmente leur valeur en générant de la richesse, il est normal que leur acquisition représente des coûts qui inciteront davantage leurs propriétaires (les UTB) à les céder. De ce fait, d'un commun accord entre UTB et UVRB, il serait intéressant de fixer des prix pour l'achat de ces déchets, afin que toutes les parties trouvent satisfaction. Ces tarifications doivent tenir compte du type de déchets (sciure, dosse, rondins) et du type d'essence (Okoumé, bois divers) dont les propriétés n'orientent pas nécessairement vers les mêmes procédés de valorisation.

Concernant les rondins par exemple, nous signalions plus haut dans le texte que ces déchets sont vendus entre UTB au prix variant entre 250 et 400 F CFA la bille. Cette tarification peut être appliquée ou revue à la baisse pour les unités de valorisation des déchets de bois. Notons que la vente des déchets doit être assurée par l'unité de collecte générale. Elle établira des contrats d'approvisionnement avec les unités désireuses d'acquérir les déchets de bois dans la ZIS. Pour mieux présenter notre vision de la gestion des déchets de bois dans la ZIS de Nkok, nous avons réalisé la figure 7 qui suit :

Figure 7: Modèle de gestion des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok

Unités de production des déchets (UTB)

· - assurer l'approvisionn ement en déchets de bois.

Centre de gestion et d'achat des

rebuts

· - assurer la collecte de tous déchets

de bois

· assurer la vente des rebuts

· - éliminer les déchets défectueux

Unités de valorisation

· - acheter les matières premières à valoriser au centre de gestion

· - valoriser les déchets de bois

Réalisation : OBONE MBA Cécilia A, 2024

Cette figure met un accent particulier sur le centre de gestion et d'achat des déchets de bois. Ce centre pourrait favoriser une gestion coordonnée des déchets de bois bruts collectés

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dans les unités de transformation du bois et faciliter la chaine des approvisionnements pour les unités de valorisation. Le centre de collecte et d'achat des rebuts de bois est également dédié au stockage et au tri des déchets collectés qui seront classés selon leur état de délabrement, leur forme et le type d'essence de bois. Ceci, dans l'optique d'une meilleure « gestion des stocks et des approvisionnements » (Van Pottelsberghe de la Potterie, 2018). Le rôle de chaque entité étant bien défini, le respect de ce processus permettrait de mieux organiser la gestion des déchets de bois au sein de la ZIS de Nkok et de renforcer les effets de la valorisation de ces déchets sur les plans économique et environnemental. Il est inspiré de Van Pottelsberghe de la Potterie (2018), qui met un accent sur l'utilité des centres de collecte pour la valorisation et le développement de l'économie circulaire des déchets de bois de construction.

Quant à la question sur l'achat de ces rebuts auprès des unités de production, nous proposons que le centre paie à coûts réduits, une partie des déchets collectés. Car, il faut tout de même signaler qu'il les désencombrera de la totalité de leurs déchets. Cet achat partiel est en quelque sorte une compensation pour la collecte effectuée. Ce schéma propose une gestion commune des déchets de bois bruts industriels qui, sur le plan théorique, s'avère efficace pour satisfaire les deux parties. D'une part, les unités de transformation de bois en leur évitant d'investir de l'argent pour la gestion de leurs déchets mais d'en tirer profit. D'autre part, les unités de valorisation des déchets de bois, en leur facilitant et leur les approvisionnements de ces matières.

De ce chapitre, l'on retient que la valorisation des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok est confrontée à des problèmes d'ordre juridique, d'acquisition et d'approvisionnement aussi bien quantitatif que qualitatif. Ces manquements sont une entrave pour la valorisation mais également pour la gestion. Ayant cerné ces limites, nous avons soumis des orientations pour une meilleure organisation de la gestion des déchets de bois bruts au sein de la ZIS de Nkok.

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Conclusion de la deuxième partie

La deuxième partie de ce travail a consisté à montrer les impacts de la valorisation des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok (chapitre 3) ainsi que les limites de ces activités (chapitre 4). Concernant les impacts, ils révèlent que la valorisation des déchets de bois bruts contribue à améliorer la production de bois transformés. En effet, ce sont 1930,24 m3 de charbon actif et 8536,693 m3 de panneaux de particules qui ont été produits durant l'année 2023. Ces déchets valorisés sont destinés à priori au marché international asiatique (Chine) et européen (France) pour le charbon actif. Pour les panneaux de particules, 25% de la production est destinée au marché local et 75% au marché international. L'entreprise écoule sa marchandise en Afrique centrale (Cameroun), de l'Ouest (Togo, Benin) et en Asie (Inde). De plus, la valorisation des déchets de bois participe à la création d'emplois et à l'amélioration du cadre environnemental, à travers la lutte contre le gaspillage. Toutefois, ces activités font face à des difficultés en termes de reconnaissance juridique, de mode d'acquisition des déchets et d'approvisionnement aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif.

CONCLUSION GENERALE

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Les volumes des déchets de bois bruts produits dans les industries de transformation au Gabon sont assez importants et présentent de nombreux enjeux qu'il est nécessaire de prendre en compte. Ces déchets de bois bruts désignent toutes les matières résiduelles issues des processus de première et deuxième transformation de la grume, qui n'ont pas été en contact avec des produits dangereux. La Zone d'Investissement Spéciale de Nkok qui est une zone industrielle, compte à son actif plusieurs unités évoluant dans la transformation du bois. La présente étude avait pour objectif d'examiner le système de gestion des déchets de bois de la ZIS de Nkok et de vérifier l'efficacité des processus et procédés de valorisation mis en place.

Pour mener à bien cette étude, nous l'avons divisée en deux parties. La première partie a consisté à faire un état des lieux du fonctionnement de la zone et de la gestion des déchets de bois bruts produits. Il en ressort que la ZIS de Nkok présente de nombreux atouts liés à son site, à sa situation que nous qualifions de stratégique et à son statut de zone économique spéciale, qui attirent les investisseurs étrangers du secteur bois en particulier. En effet, la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok est construite à la confluence de trois voies de communication majeures que sont : la route nationale 1, le chemin de fer et le bras de mer Sogo qui débouche sur le port commercial d'Owendo. Toutes ces voies de communication participent au dynamisme de la zone en facilitant l'accès aux matières premières de grumes et l'évacuation des produits transformés vers le port. Aussi, les entreprises inscrites au régime privilégié (ZIS-ZERP) bénéficient de nombreux avantages fiscaux et douaniers dont les exonérations de l'impôt sur les sociétés et bénéfices industriels pendant 10 ans, les exonérations de tous les impôts, droits et taxes indirects, dont la TVA pendant 25 ans.

La gestion des déchets de bois bruts dans la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok est individuelle. C'est-à-dire que chaque unité de transformation décide des orientations qu'elle donne à l'utilisation de ses déchets. De ce fait, les déchets de bois ne font pas l'objet une valorisation directe dans les unités de valorisation. Les entreprises peuvent utiliser ces déchets pour alimenter les chaudières, les vendre, les brûler à l'air libre, les stocker, les mettre en décharge, ou les donner aux unités de valorisation. Toutefois, dans l'optique de limiter le gaspillage en ce qui concerne les déchets de bois brûlés, l'organe d'aménagement de la ZIS qui n'est autre que le groupe GSEZ S.A, a recherché des investisseurs capables de collecter les déchets de bois dans les UTB et de les valoriser. Ces unités de valorisation s'approvisionnent gratuitement auprès des unités de transformation qui veulent bien céder leurs déchets de bois. La collecte est sélective. Elle se fait en fonction du type d'essence et de la morphologie des déchets. Les déchets de bois bruts produits dans les unités de transformations sont : les écorces,

100

les chutes de placage, la sciure, les copeaux, les rondins, les dosses et les débités déclassés. Les déchets valorisés dans l'ensemble sont : la sciure, les copeaux, les rondins, et les débités déclassés.

Quantitativement, le segment de déroulage génère la majorité des déchets. Cela est probablement dû au fait qu'il est le plus répandu ; il compte 30 entreprises et a une consommation plus élevée de grumes par rapport au sciage qui n'en compte que 11. En effet, au cours de la période 2020-2022, le segment du déroulage a consommé plus 500.000 m3 de grumes par an tandis que celui du sciage ne dépasse pas 200.000 m3. En combinant les volumes de grumes consommées par chaque segment, on a estimé à 1.836.719 m3 la consommation totale de grumes dans le déroulage et à 526.060 m3 la consommation totale de grumes par le segment du sciage. Soit une consommation du segment de déroulage trois fois supérieure à celle du sciage et dont le volume de différence est de 1.310.659 m3 pour l'ensemble des années 2020, 2021 et 2022. De même, dans la production des déchets de bois, les volumes produits par le segment du déroulage sont élevés par rapport à ceux du sciage. En 2020, les volumes des déchets issus du déroulage ont produit 294.765 m3 de déchets contre 358.308 m3 produits en 2022 ; ce qui représente 63.443 m3 de matière en plus. Or, dans le segment du sciage, la production des déchets est estimée à près de 91.311 m3 en 2020 contre 55.013 m3 en 2022, soit une production des déchets en moins, estimée à 36.298 m3. La valorisation des déchets de bois bruts est assurée par deux entreprises, jadis au nombre de trois. Il s'agit de l'entreprise chinoise Huaxing environnement Gabon installée depuis la fin de l'année 2019 et qui réalise la production de charbon actif. Et de l'entreprise gabonaise Tropical Forest Products opérationnelle depuis février 2023, qui produit des panneaux de particules. Chacune de ces unités utilise différents types de déchets et d'essences de bois. L'unité de charbon actif utilise les bois divers à 80% et l'Okoumé à 20% ; elle n'a recours qu'aux déchets de sciage notamment les débités déclassés. Quant à l'unité de fabrication des panneaux de particules, elle utilise une plus large gamme de déchets de bois composés de sciures, copeaux, rondins et débités déclassés. Comme essence, cette unité utilise essentiellement l'Okoumé.

La deuxième partie de ce travail a consisté à montrer les impacts des activités de valorisation des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok, ainsi que les difficultés rencontrées par les unités de valorisation. Ces difficultés limitent la réalisation de leurs activités. Il apparait dans le chapitre 3 sur les impacts des activités de la valorisation que ces orientations contribuent à l'augmentation des bois transformés à travers la production de bois valorisés. Par exemple, la production de charbon actif pour l'année 2023 est estimée à 1930,24 m3 ; celle des panneaux de

101

particules est de 8536,693 m3. Ce qui représente un surplus pour la production de bois transformés dans la ZIS de Nkok. Ces produits sont majoritairement destinés au marché international. Concernant les ventes, le charbon actif est vendu en Chine à 500 $ la tonne soit 305.250 F CFA. En France, il est vendu à 1630 € ce qui équivaut à 1.066.720 F CFA la tonne. Aussi, la valorisation des déchets de bois permet la création d'emplois et donc l'amélioration des conditions de vie pour les personnes employées. À cet effet, l'unité de charbon actif compte 42 employés dont 35 gabonais et 7 étrangers. Le salaire de l'ouvrier varie entre 154.000 et 182.000 F CFA, selon qu'il travaille 5 ou 6 jours dans la semaine, à raison de 7000 F CFA le paiement journalier. Dans l'unité de fabrication de panneaux de particules, les employés estimés au nombre de 98 dont 84 gabonais, bénéficient d'une prime de transport évaluée à 35.000 F CFA et d'une immatriculation à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS). Le salaire net de l'ouvrier est de 187.000 F CFA. Sur le plan environnemental, la valorisation des déchets de bois bruts participe à la lutte contre le gaspillage des matières qui peuvent encore faire l'objet d'autres usages. En réutilisant ces déchets de bois, on augmente leur valeur et cela permet d'utiliser la ressource bois sous une autre forme, et ce, plus longtemps. La lutte contre la pollution de l'air dans la ZIS de Nkok est à ce jour un objectif à atteindre. Les effets de l'amélioration de la qualité de l'air en lien avec les activités de valorisation des déchets de bois ne peuvent être perceptibles à ce jour car ce sont des activités récentes. Toutefois, il est clair que la production de panneaux de particules permet de stocker plus longtemps le dioxyde de carbone. La production de charbon actif quant à elle connait une combustion contrôlée qui limite l'échappement de fumées noires dans l'air. Aussi, la ZIS de Nkok a été certifiée neutre en carbone pour le compte des années 2019, 2020 et 2021. Cette neutralité lui a été reconnue après l'installation de l'unité de recyclage des déchets plastiques Jia Ming Plastics et de la société de conseil en environnement SAFER. Pour continuer à revendiquer cette neutralité et montrer son implication dans la lutte contre le réchauffement climatique, la ZIS de Nkok met en oeuvre des stratégies de compensation. Il s'agit notamment de l'insertion d'activités de valorisation des déchets de bois, des pneus, de plastics et de financements octroyés dans des projets de protection environnementale.

Le chapitre 4 sur les limites et perspectives des activités de valorisation des déchets de bois bruts identifie l'absence de régularisation et les difficultés d'approvisionnements comme des obstacles au bon fonctionnement et à la pérennité de ces activités dans la ZIS de Nkok. L'irrégularité des activités de valorisation concerne les vides juridiques dans le Code de l'environnement relatifs à la gestion et à la valorisation des déchets. L'absence de statut juridique

102

des déchets de bois dans le Code forestier. Ces manquements affaiblissent le contrôle des bénéfices économiques. L'irrégularité de cette activité pose aussi un problème dans l'acquisition des déchets de bois par les centres de valorisation. Étant donné que cette acquisition est gratuite, certaines unités de transformation hésitent à céder leurs déchets de bois bruts, d'autant plus que les ateliers artisanaux doivent payer pour obtenir ces déchets.

Les problèmes d'approvisionnement se posent sur les plans quantitatif et qualitatif, surtout pour l'unité de charbon actif. Sur le plan quantitatif, la production de charbon actif est confrontée à un faible nombre d'unités d'approvisionnement et de faibles quantités par rapport à ses besoins. Sur les 41 unités recensées dans la zone, seulement 12 unités approvisionnent les unités de valorisation. Ajouté à cela les 2 unités de transformation qui viennent de l'extérieur, cela nous donne un total. De ces unités d'approvisionnement, 10 sont des unités de sciage et 4 des unités de déroulage-placage. Les unités de sciage approvisionnent les deux unités de valorisation ; quant aux unités de déroulage, elles approvisionnent uniquement l'unité de production de panneaux de particules. N'utilisant que les déchets de sciage (débités déclassés) et comme essence principale les bois divers, l'unité de charbon actif a un approvisionnement réduit en déchet de bois. Elle s'est orientée vers deux autres unités de sciage situées à l'extérieur de la ZIS pour renforcer ses approvisionnements. Notons que le nombre d'unités de sciage a considérablement baissé en 2024 par rapport à l'année 2022, où l'on recensait 15 unités de sciage, toutes en activité. À ce jour, la ZIS n'en compte plus que 11 dont 7 sont fonctionnelles, 3 en fermeture temporaire et 1 en baisse d'activité. À cette difficulté s'ajoutent la fréquence des approvisionnements et les quantités de déchets collectés qui ont baissés au fil du temps, surtout durant la période de septembre à décembre 2023. Sur le plan qualitatif, l'importance de l'utilisation de l'okoumé dans la ZIS par rapport aux bois divers (19% d'utilisation de bois divers et 81% pour l'okoumé), réduit les approvisionnements de l'unité de charbon actif. Ce bois est très prisé par le segment du déroulage car il sert pour la confection de contre-plaqués. De même, certaines unités de sciage utilisent cette essence en plus des bois divers.

À la question de savoir comment les déchets de bois bruts sont-ils gérés dans la ZIS de Nkok, il ressort que les trois hypothèses énoncées ont été vérifiées. Ceci grâce à la méthode mixte de collecte de données qualitatives et quantitatives. La première hypothèse qui est : la gestion des déchets de bois bruts dans la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok se fait de diverses manières suivant les pratiques et orientations des différents acteurs, a été confirmée. Nous avons identifié plusieurs modes de gestion des déchets de bois et comme acteurs les autorités administratives et d'aménagement, les unités de transformation et les unités de

103

valorisation des déchets de bois. La deuxième hypothèse : la valorisation des déchets de bois bruts occupe une place importante avec la mise en place des conditions et procédés de valorisation qui ont un impact socio-économique et environnemental, est partiellement confirmée. Les activités de valorisation des déchets de bois bruts sont créatrices d'emploi. La production de charbon actif pour l'année 2023 est de 1930,24 m3 et le produit est commercialisé en Chine et en France. Celle des panneaux de particules est estimée à 8536,693 m3. Ces résultats témoignent de l'importance de la valorisation des déchets de bois dans la ZIS et de l'efficacité des procédés de valorisation. Ce qui voudrait dire que la proportion de gaspillage des matières a été réduite. Toutefois, la récurrence des pratiques de brûlage contribue encore à la pollution de l'air. La troisième hypothèse : de nombreux manquements observables limitent l'efficacité de la valorisation des déchets de bois, est confirmée. L'absence de cadre légal sur l'activité de valorisation, l'acquisition gratuite des déchets, les difficultés d'approvisionnement sur les plans quantitatif et qualitatif sont un frein à la valorisation des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok.

Cette étude contribue à renforcer les connaissances sur les potentialités des déchets de bois bruts produits dans les industries de transformation du bois au Gabon. Elle a permis d'avoir une idée de l'évolution des volumes de déchets produits dans les unités de transformation de la ZIS et d'évaluer les quantités de matières valorisées. Malheureusement, nous n'avons pas pu établir un lien direct entre les deux points. Cela aurait permis de vérifier si les quantités produites dans les UTB sont majoritairement destinées à la valorisation. Axée sur le secteur industriel, cette étude rend compte des potentialités qu'il y a autour de ces déchets et dont l'acquisition suscite des rivalités. Même en étant dans le secteur industriel, la valorisation des déchets de bois reste une activité « informelle » puisque n'étant pas encadrée par des textes de droit. Ce travail apporte un regard nouveau sur les produits issus de la valorisation des déchets de bois dans notre pays. Il invite à une diversification des outputs, à travers l'innovation des matières à valoriser qui peuvent faire l'objet d'une commercialisation à l'échelle internationale. Il y a également la nécessité de créer un marché formel autour des activités de collecte et de valorisation des déchets de bois pour bien mesurer les bénéfices générés.

Aucune oeuvre humaine n'étant parfaite, ce travail connait quelques limites. Entre autres, l'absence de données numériques issues des capteurs supposés installés dans la ZIS et les détails du rapport final sur le bilan carbone effectué. Ces données auraient permis de mieux étayer l'aspect sur la réduction de la pollution de l'air par les activités de valorisation et de nous donner un aperçu plus poussé des champs d'applications pris en compte par l'évaluation des émissions

104

de CO2 de la zone. De plus, les données de statistiques précises sur le tonnage de chaque type de déchets de bois aurait permis de comparer les quantités produites et de mieux orienter les décisions en matière de valorisation.

De notre point de vue, les opérations réalisées dans la ZIS de Nkok par les unités de valorisation ne peuvent être assimilées à la gestion des déchets de bois bruts. Les processus de collecte sont guidés par les besoins de chacun et ne permettent pas de totalement désengorger les unités de transformation. Nous pouvons qualifier ces opérations de collecte comme étant ponctuelles et intéressées. Tout ceci amène à s'interroger sur la nécessite d'une unité de gestion des déchets de bois au sein de la ZIS de Nkok qui établirait un lien entre les unités de transformation des déchets de bois et les unités de valorisation. De plus, si les activités de valorisation des déchets de bois dans le secteur industriel venaient à s'étendre à l'échelle du pays, ne devrait-on pas craindre pour l'avenir des unités artisanales qui utilisent une partie de ces déchets comme matière première ?

105

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106

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· Journées thématiques.
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· identification et estimation des rebuts de bois dans l'AAC 2014 de la SEEF à Nzamaligué,
Mémoire de Master, École Nationale des eaux et forêts.

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· enjeux et perspectives,
Mémoire de Maitrise, Université Omar Bongo.

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109

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ANNEXES

112

Annexe 1 : Questionnaire auprès des UTB

113

Annexe 2 : Guide d'entretien auprès des unités de valorisation

Guide d'entretien

Ce guide d'entretien concerne uniquement les unités de valorisation des déchets de bois bruts, en vue de connaitre le procédé d'acquisition des rebuts et de comprendre le processus de valorisation des rebuts au sein de la ZIS.

Identification de l'entreprise

Nom de l'entreprise : Type de valorisation :

Coordonnées géographiques : Produit valorisé :

Questions

Réponses

1

Quels types de déchets utilisez-vous ?

 

2

Quelle essence de bois (s) utilisez-vous ?

 

3

Combien d'entreprises vous livrent-elles leurs déchets de bois ?

 

4

À quelle fréquence journalière?

 

5

Avez-vous des sources extérieures à la ZIS ? Si oui où se situe-t-elle ?

 

6

Quels les volumes de déchets recevez-vous en moyenne par jour?

 

7

Quels sont les volumes de déchets valorisés en moyenne par mois ?

 

8

Quel est le processus de valorisation mis en place pour obtenir le produit ?

 

9

Que faites-vous des déchets non valorisés et ceux issus de la valorisation ?

 

10

Les produits réalisés sont-ils pour la production nationale ou pour l'exportation ?

 

11

Quelles difficultés rencontrez-vous dans votre activité ?

 

I

Annexe 3 : Grille tarifaire pour la vente locale des panneaux de particules

AUTORTTE ADMINISTRATIVE DE L\ ZONE ECONO\QQUE SPECLALE DE NKOK

GUICIIIT UNIQUE

see

aA.rt

RF PUBLIQUE G.1BON.USE Unlnn
·Tnvul Jutr

BUREAU CONCURRENCE, CONSOMMATION ET REPRESSION DES FRAC:DES

 
 
 
 
 
 
 
 

O 0 6 a.U.F.RP
·`hok,cuat.c:ni

RAISON SOCIALE : TROPICAL FOREST PRODUCT SUARL.

N° STATISTIQUE :202101008330 C

QUARTIER : Z1S DE NKOK, Parcelle N°13-2./C1 SECTEUR ; TRANSFORMATION DU ROIS

B.P: 1024 LIBREVILLE TEL :062001086/066212994 GERANT: Kamaluddin KHAN

Prix Homologués 2023

LES TARIFS SUIVANTS SONT EN FCFA/PIECE.

 
 

Désigna non

PANNE'', DF

PARTICULES

Longueur (mcn)

24440

Largeur (mcn)

Epaisseur

()

Prix 1`R
transformation
(état brut)

Prix 2é
transform
arion

Prix 3é
transfotmati
on (verni dc

blanc)

1220

4

5-350

6.500

-.000

12

6.800

5.350

8.900

15

8.350

10.301)

11.000

16

8.750

10.800

11.500

18

9.500

11.800

. 2.300

22

12.050

[4.850

15.800

25

13.950

17.150

19.200

Prix 4è
transformati
on (granulé)

-.200

9.250

11.500

11.950

13.000

16.400

18.950

Fait à Nkok,19.1191.2023..

114

LV 9 : L'affichage du présent barcme sur les lieux où 5'esécutenr la ou les presranoos commerciales, ainsi que la MI-WC d'un facruner indiquant ses noms er prénoms er évenrucllement l'adresse du client sont obligatoires (art.19 de la Loi N°29/63 du 15 Juin 1963 portant reglcmenrannn des pnx en Républiq Gabonaise).

ZENT DE NKOK
· Zoo. irana "'qa
· a R
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·a.
·
·o g
·

115

Annexe 4 : Liste des industries de la ZIS de Nkok (tous secteurs confondus)

35

LES ACIERIES DU GABON

CAMEROUN

SIDÉRURGIE

FER A BETON

37

LI DA BOIS INTERTIONAL DU GABON

CHINE

BOIS

DEROULAGE, SCIAGE

38

LIAN SHENG WOOD GABON

CHINE

BOIS

SECHAGE. PANNEAUX

39

MENUISERIE LBTP (CLUSTER)

GABON

BOIS

MEUBLES

40

METAL CO

LIBAN

SIDERURGIE

LINGOTS (AI, Cu, Pb,...)

41

OFFERY WOOD GABON

CHINE

BOIS

DEROULAGE

42

ORIGEN EAU PURE

CHINE

AGRO-INDUSTRIE

EAU

43

PRIME WOOD SARL

AUSTRALIE

BOIS

DEROULAGE

44

RAIN FOREST MANAGEMENT

MALAYSIE

BOIS

SÉCHAGE

45

RDDHI INTERNATIONAL GABON

INDE

BOIS

SCIAGE

46

SAVITRI NATURE WOOD INDUSTRIES SARL

INDE

BOIS

DEROULAGE

47

SEN JUN WOOD GABON

CHINE

BOIS

DEROULAGE

48

SOCIETE HUAXING ENVIRONNEMENT DU GABON SUARL

CHINE

BOIS

CHARBON

49

SOGAMETAL GSEZ

INDE

SIDERURGIE

LINGOTS (AI, Cu. Pb,...)

50

SOLID WOOD GABON SUARL.

INDE

BOIS

DEROULAGE

51

SOMIVAR

' Italie

BOIS

SCIAGE

52

STARPLY GABON SARL

INDE

BOIS

DEROUI AGE. PLACAGE

53

STR AFRICA

GABON

COMMUNICATION

RÉSEAU

TELECOMMUNICATION

54

SUN VENEER

INDE

SOIS

DEROULAGE

55

SUPREME VENEER SARL

INDE

BOIS

DEROULAGE

56

TIMBERWORKZ GLOBAL SARL

INDE

BOIS

DEROULAGE

57

WINDSON RESINS AND CHEMICALS

INDE

CHIMIE

COLLE

58

WOOD PRO INDUSTRIES

INDE

BOIS

SCIAGE, SECHAGE

59

WOOD VALUE GABON

INDE

BOIS

SCIAGE

60

WOODLAND GABON SARL

INDE

BOIS

DEROULAGE

51

WOODS INTERNATIONAL SARL

INDE

BOIS

DEROULAGE

62

WOODTECH

France

BOIS

SCIAGE, RABOTAGE

63

WOODVILLE FURNITURE (CLUSTER)

INDE

BOIS

MEUBLES

64

XIN TA WOOD ZERP GABON

CHINE

BOIS

Deroulage, Trenchage

116

Date de diffusion. 03/01/2024

Annexe 5 : Note de cession des déchets aux unités de valorisation

AULORiTE ADMINISTRATIVE DE LA ZONE REPUBLIQUE GABONAISE

D'INVESTISSEMENT SPECIAJDE NKOK

GUICHET UNIQU ~

tillefkr UNION -TRAVAIL -JUSTICE

BUREAU ENVIRONNEMENT ET PROTECTION DE LA Tiptr NATURE K5

Nkak. le 0,, DEC. 2023

 
 
 

N/Réf n 2 2 3 04 AA-ZIS-NKOKTGU:BEPN

 

A

Mesdames et ;Messieurs les Directeurs Généraux des Entreprises

du Secteur Bois de la Zone d'Investissement Spéciale de Nkok

Objet: (,o/In, Jrr ,lr,l rL ,Ir llnrr ,lugs

Auss

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Annexe 6 : Statistiques mensuelles de production (Tropical Forest Product)

Direction Generale des Industries du Bois et de la Valorisation des Produits Forestiers

FICHE TECHNIQUE

STATISTIQUES MENSUELLES (m3) DE CONSOMMATION -PRODUCTION STOCKS

Nom de la sodete: Tropical Forest Product SUARL

Periode de declaration de production (mois):de JAN à MAI 2023

Segment d'activites: Particule de Bois

Localisation: NICER N° B-2/C1

Province: Estuaire

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

120

Liste des cartes

Carte 1 : Localisation de la zone d'etude 20

Carte 2 : Occupation du sol de la zis de nkok 23

Carte 3 : Lieux d'approvisionnement des unites de valorisation 53

Carte 4 : Aire de repartition geographique de l'okoume 90

Liste des figures

Figure 1 : Méthodologie de la recherche 16

Figure 2 : Les niveaux de transformation du bois 31

Figure 3 : Organigramme des entités de gestion de la ZIS de Nkok 34

Figure 4 : Schéma de reconstitution de la production de charbon actif de bois 58

Figure 5 : Neutralité carbone 75

Figure 6: Demande en déchets de bois 80

Figure 7: Modèle de gestion des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok 95

Liste des graphiques

Graphique 1: Le segment du sciage au Gabon 27

Graphique 2: Le segment du déroulage au Gabon 29

Graphique 3 : Part de chaque activité dans la transformation du bois à Nkok 30

Graphique 4 : Évolution du rendement matière par segment 43

Graphique 5 : Évolution du volume des déchets de bois bruts par segment 43

Graphique 6 : Consommation annuelle de grumes par segment 45

Graphique 7 : Modes de gestion des déchets de bois bruts dans les UTB 51

Graphique 8: La structure des employés des unités de valorisation 70

Graphique 9 : Difficultés rencontrées par les UTB 72

Graphique 10 : Choix de cession des déchets de bois 79

Graphique 11: État réel des UTB 83

Graphique 12: Fréquence mensuelle des approvisionnements 85

Graphique 13 : Tendance des fréquences mensuelles des approvisionnements 86

Graphique 14 : Quantités de déchets collectés par l'unité de charbon actif 87

Graphique 15: Quantités de déchets collectés par les deux unités de valorisation 88

121

Graphique 16 : Utilisation des essences de bois dans la ZIS de Nkok 92

Graphique 17 : Suggestions des UTB 93

Liste des photos

Photo 1: Le déroulage .. 28

Photo 2: Décharge à ciel ouvert de la ZIS de Nkok . 47

Photo 3: Chaudière mécanique 48

Photo 4: Fours De combustion du bois 55

Photo 5 : Sacs de charbon actif 66

Photo 6 : Différentes teintes de panneaux de particules .. 67

Photo 7 : Déchets collectés par une unité de valorisation 71

Photo 8 : Lieu de brûlage non aménagé 73

Photo 9 : Mur de déchets de sciure et copeaux à Somivab .

94

Liste des planches

Planche 1: Les déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok .. 41

Planche 2: Déchets de bois brûlés à l'air libre . 47

Planche 3: Stockage des déchets de bois à l'air libre 49

Planche 4: Camions de collecte des déchets 52

Planche 5: Production du charbon naturel 56

Planche 6: Production du charbon actif de bois 57

Planche 7: Les différents niveaux de broyage des déchets de bois .. 59

Planche 8: Prototypes des panneaux de particules 60

Planche 9: Produits issus de la valorisation .68

Liste des tableaux

Tableau 1 : Les outils de recherche 15

Tableau 2 : Avantages fiscaux et douaniers dans la ZIS de Nkok 24

Tableau 3 : Les UTB de sciage dans la ZIS de Nkok 27

Tableau 4 : Caractéristiques des déchets de bois bruts 40

Tableau 5 : Évolution du volume des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok 42

122

Tableau 6: Consommation totale de grumes par segment 44

Tableau 7: Caractéristiques de la collecte des déchets de bois des UVRB 52

Tableau 8: Production annuelle des déchets de bois bruts valorisés 64

Tableau 9 : Production de panneaux de particules en 2023 65

Tableau 10 : L'emploi dans les unités de valorisation 69

Tableau 11 : Bilan carbone de la ZIS de Nkok 76

Tableau 12 : Les unités d'approvisionnement en déchets de bois bruts 82

Tableau 13: Caractéristiques de l'Okoumé et des bois divers 89

Tableau 14 : Les essences de bois divers les plus exploitées 91

123

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE I

DEDICACE II

REMERCIEMENTS III

LISTE DES SIGLES IV

INTRODUCTION GENERALE 5

1-Objet et champ d'etude 6

1.1-Objet de l'etude 6

1.2-Champ de l'etude 7

2-Justification du sujet 8

3-Intérêt du sujet 10

4-Revue de la littérature 11

5-Problématique 12

5.1-Hypothèses 12

5.2-Objectifs 13

6-Cadre méthodologique 13

6.1-Présentation de la démarche 13

Recherche documentaire 14

Méthodes et outils de recherche 14

7-Difficultés rencontrées 16

8-Articulation du mémoire 16

124

PREMIERE PARTIE : 17

ORGANISATION ET GESTION DES DECHETS DE BOIS BRUTS DE LA ZONE

ECONOMIQUE SPECIALE DE NKOK 17
CHAPITRE 1 : PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE ET DU CADRE RÈGLEMENTAIRE RÉGISSANT LES ACTIVITÉS DE TRANSFORMATION DE BOIS

BRUTS 19

1.1-Présentation de la zone d'étude et de ses activités de transformation de bois bruts 19

1.1.1-Situation géographique et caractéristiques de la ZIS de Nkok 19

1.1.2-L'organisation de la zone économique spéciale de Nkok 21

1.1.3-Les conditions fiscales et douanières des entreprises dans la ZIS de Nkok 24

1.2-Les activités de transformation des bois bruts 25

1.2.1-Le premier niveau de transformation 26

1.2.2-Le deuxième niveau de transformation 28

1.3-Cadres juridique, institutionnel et règlementaire régissant les activités de transformation des

bois bruts dans la ZIS de Nkok 30

1.3.1-Le Cadre juridique et institutionnel 30

1.3.2-Le Cadre Réglementaire 34

CHAPITRE 2 : GESTION DES DÉCHETS DE BOIS BRUTS DANS LA ZIS DE NKOK 37

2.1-État des lieux de la production des déchets de bois bruts 37

2.1.1-Les acteurs de la gestion des déchets de bois dans la ZIS de Nkok 37

2.1.2-Caractérisation des déchets de bois bruts dans la ZIS de Nkok 39

2.2-Les modes de gestion des déchets de bois bruts dans les unités de transformation 45

2.3-L'approvisionnement en déchets des unités de valorisation 51

2.3-La valorisation des déchets de bois brut dans la ZIS de Nkok 53

2.3.1-La production de charbon actif de bois 54

2.3.2-La production de meubles en panneaux de particules 58

DEUXIEME PARTIE : 62

EFFETS , LIMITES ET PERSPECTIVES DE LA VALORISATION DES DECHETS

DE BOIS BRUTS DANS LA ZIS DE NKOK 62
CHAPITRE 3 : IMPACTS DES ACTIVITÉS DE VALORISATION DES DÉCHETS

DE BOIS BRUTS 64

3.1-Impacts économique et social de la valorisation des déchets de bois bruts 64

3.1.1-La valorisation : une contribution à la production de bois transformés 64

3.1.2-La valorisation : créatrice d'activités économiques et d'emplois 67

3.2-Impacts environnementaux de la valorisation des déchets de bois bruts 71

3.2.1-La lutte contre le gaspillage des ressources 71

3.2.2-Réduction de la pollution de l'air 73

CHAPITRE 4 : LIMITES ET PERSPECTIVES DE LA VALORISATION DES

DÉCHETS DE BOIS BRUTS 78

4.1-Irrégularités des activités de valorisation des déchets de bois 78

4.1.1-Dispositions légales défaillantes 78

4.1.2-Mode d'acquisition des déchets de bois bruts 79

4.2-Les difficultés en matière d'approvisionnement des déchets de bois bruts 81

125

4.2.1-Sur le plan quantitatif 82

4.2.2-Sur le plan qualitatif 89

4.3-Orientations pour une meilleure gestion et une valorisation plus efficiente des déchets

de bois bruts dans la ZIS de Nkok 92

4.3.1-Orientations juridiques 93

4.3.2-Recherche des investisseurs .93

4.3.3-Fixation des coûts des rebuts 95

CONCLUSION GENERALE 98

BIBLIOGRAPHIE 105

ANNEXES 111

TABLE DES ILLUSTRATIONS 119

126

Résumé

Les industries de première et deuxième transformation de la ZIS de Nkok génèrent une quantité considérable de déchets de bois bruts, estimée à près de 300.000 m3 par an. Ces déchets sont valorisés sous forme de charbon actif et de panneaux de particules par les unités de valorisation de la ZIS avec des retombées socio-économiques et environnementales positives. Ils permettent notamment d'augmenter les volumes de bois transformés, créer de l'emploi et aider à réduire le gaspillage de ressources encore utilisables. Cependant, les unités de valorisation des déchets de bois bruts font face à des difficultés d'acquisition et d'approvisionnement en déchets de bois, tant en quantité qu'en qualité. La gestion des déchets de bois bruts est actuellement menée de manière individuelle par chaque unité, qui décide de l'utilisation de ses déchets, y compris leur transfert aux unités de valorisation. Par conséquent, la création d'une unité centralisée de gestion et de commercialisation des déchets de bois issus des unités de transformation semble essentielle pour répondre aux besoins des deux parties.

Mots clés : ZIS, Nkok, Déchets, Bois-bruts, Valorisation

Abstract

The primary and secondery processing industries of the Nkok ZIS generate a considerable quantity of rawwood waste, estimatedat nearly 300,00m3 per year. This waste is recoverd in the form of activated carbon and particle boards by the ZIS recovery units and with positive socio-economic and environmental impacts. In particular, they make it possible to increase the volumes of processed wood, create jobs and help reduce the waste of resources that can still be used. However, raw wood waste recovery units face difficulties in acquirind and supplying wood waste, both in quantity and quality. The management of raw wood waste, is currently carried out individually by each unit, which decides on the use of its waste, including its transfer to recovery units. Consequently, the creation of a centralized unit for the management and marketing of wood waste from processing units seems essential to meet the needs of both parties.

Keywords : ZIS, Nkok, Waste, Raw wood, valorization






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