Chapitre IV : Discussion
L'objectif de cette étude était d'évaluer
les variations induites par le match de football sur les cellules immunitaires
et la protéine C-réactive chez les étudiants actifs. Du
point de vue statistique, les sujets de deux groupes avaient pratiquement les
mêmes paramètres anthropométriques (âge, taille,
poids et l'IMC) (Tableau I).
Les principaux résultats de notre étude se
présentent comme suit :
- Des variations significatives de leucocytes, neutrophiles et
éosinophiles enregistrées avant effort, après et 2h
après effort ont été observé chez les sujets du
groupe réhydraté (GR) et du groupe non réhydraté
(GNR), alors que les lymphocytes et les monocytes ont significativement
varié que chez les sujets GR ;
- Une augmentation significative des valeurs moyennes de
leucocytes, neutrophiles et éosinophiles enregistrées
après effort par rapport à celles obtenues avant effort a
été observée chez les sujets GR et GNR ;
- Une augmentation significative des valeurs moyennes de
leucocytes, neutrophiles et éosinophiles enregistrées 2h
après effort par rapport à celles obtenues avant effort a
été également observée chez les sujets GR et GNR
;
- Une diminution significative post effort de la CRP a
été observée chez les sujets GNR. Dans la présente
étude, il a été observé des variations
significatives entre les concentrations moyennes de leucocytes, neutrophiles et
éosinophiles enregistrées avant, après et 2h après
le test d'effort (Tableau II). Le match de football à induit des
modifications significatives des concentrations des cellules inflammatoires
chez les sujets GR et GNR. Ces variations pourraient s'expliquer par
l'intensité et la durée de l'effort qui activent le processus de
la synthèse des cellules immunitaires (Débora et al., 2020).
De même, un match de football à intensité
très élevé peut entrainer une leucocytose. Celle-ci peut
s'expliquer par une forte augmentation des concentrations des
polynucléaires neutrophiles et de lymphocyte qui constituent la
première ligne de défense. Signalons qu'une augmentation de ces
cellules permettrait d'assurer l'équilibre et la sécurité
du corps car le nombre de leucocytes reflète l'immunité
spécifique (Sagud et al., 2023). Les travaux de Bernardo et al., (2019)
ont observé des modifications significatives des concentrations de
cellules sanguines après une séance d'exercices par intervalles
de haute intensité de Jiu-Jitsu brésilien. Le travail mené
par Kakanis et al., (2016) ont observé une modification du nombre de
leucocytes des athlètes, telle qu'une augmentation des granulocytes et
des monocytes, une diminution des lymphocytes et une augmentation des
neutrophiles et des éosinophiles. Des études antérieures
ont rapporté que la leucocytose était les résultats d'un
nombre de neutrophiles et de
lymphocytes, tandis que les autres types de cellules sont
restées stables tout le long de la période d'observation (solberg
et al., 2004).
D'autres travaux ont révélé une
augmentation post effort des valeurs des paramètres de leucocytes
causée par la non déshydratation mais liée à la
réponse immunologique à l'exercice effectué
(Kostrzewa-Nowak et al., 2019 et Kostrzewa-Nowak et al., 2018).
Dans cette étude, il a été observé
une augmentation significative des valeurs moyennes de leucocytes, neutrophiles
et éosinophiles enregistrées après effort par rapport
à celles obtenues avant effort (Tableau III). Ces résultats
montrent une leucocytose, neutrophilie et éosinophilie post effort. La
leucocytose observée dans cette étude peut s'expliquer par le
nombre de lymphocytes circulant (Hansen et al., 1991, MacNeil et al., 1991 et
McCarthy et al., 1987).
Cette variation des leucocytes est due en réponse
à l'effort physique. En effet, les études ont
démontré que l'exercice de longue durée à haute
intensité supprime la production de cytokines immunomodulatrices
(Katsuhiko et Harumi, 2021). L'étude de Simpson et al., (2015) ont
montré des variations de neutrophile et de lymphocytes ces variations
s'expliquent par la mobilisation de cellules immunitaires marginales dans le
foie, la rate, les poumons et sur les parois des vaisseaux via
l'action des catécholamines et une augmentation du stress.
L'étude mené par Suzuki et al., (2018) ont indiqué que
l'augmentation du nombre de neutrophile après l'exercice pourrait
être une réponse inflammatoire au lésions musculaires
induites par l'exercice, dans laquelle les neutrophiles sont recrutés
dans les fibres musculaires endommagées pour éliminer les tissus
morts.
Les résultats de cette étude vont dans le
même sens de ceux de Bernardo et al. (2019) qui ont observé une
augmentation significative de leucocytes sanguins après une
séance d'exercices par intervalles de haute intensité chez les
Jiu-Jitsu brésilien.
Les études ont montré que les séances
d'exercice aiguës mobilisent préférentiellement les cellules
Natural Killers et les lymphocytes T CD8 + qui présentent une
cytotoxicité élevée et un potentiel de migration
tissulaire (Bigley et al., 2014, Lavoy et al., 2015 et Campbell et al.,
2009).
En général, les exercices physique d'endurance
et de résistance représentent jusqu'à 40% du nombre total
de leucocytes dans le sang, les lymphocytes sont constitués des cellules
souches lymphoïde dans la moelle osseuse agissent comme une partie
cruciale du système immunitaire (Kverneland et al., 2016).
Dans cette étude, les concentrations moyennes de
leucocytes, neutrophiles et éosinophiles enregistrées 2h
après effort étaient significativement supérieures
à celles obtenues avant effort (Tableau IV). Ces résultats
montrent une série de réactions biochimiques et physiologiques
qui peuvent expliquer cette augmentation des cellules immunitaires. Des
études ont montré que l'exercice physique intense peut
entraîner une augmentation du flux sanguin, facilitant ainsi la
circulation des leucocytes dans l'ensemble de l'organisme. L'exercice physique
peut stimuler la libération de certaines substances, comme les
cytokines, qui favorisent la mobilisation et l'activation des cellules
immunitaires. Il est également intéressant de noter que cette
élévation des cellules immunitaires est
généralement temporaire, revenant à des niveaux normaux
quelques heures après la cessation de l'effort. Cette dynamique
reflète la capacité de l'organisme à s'adapter à
l'effort physique et à rétablir l'homéostasie (Olivier,
2005 ; Olga et al., 2021).
Des différents mécanismes contribuent à
ces altérations, tels que le stress résultant d'un exercice
intense, les modifications de la concentration des hormones, des cytokines et
de la température corporelle, l'augmentation du flux sanguin, l'apoptose
lymphocytaire et la déshydratation (Pero et al., 2020). Cependant, nos
résultats ne vont pas dans le même sens que ceux rapporté
par Débora et al., (2020) qui ont mis en évidence une diminution
des lymphocytes sanguins observés 1h à 2h après l'exercice
physique. Cette divergence est dû au faite que nous nous avons
travaillé avec des jeunes étudiants actifs qui fréquentent
l'école de sport par contre eux ils ont travaillé avec des
handballeurs professionnels. Les études menées par David et al.,
(2018) ont montré que l'entraînement sportif et l'exercice peuvent
entraîner une augmentation transitoire du nombre total de leucocytes. Nos
résultats corroborent à ceux de Dias et al., (2011) qui ont
montré une augmentation du nombre total de leucocytes et de neutrophiles
chez les volleyeurs.
Les variations des cellules immunitaires sont dues aux
exercices d'endurance prolongés et de haute intensité produisent
des changements importants dans le nombre de leucocyte marqués par des
augmentations transitoires du nombre de granulocytes circulants (principalement
les neutrophiles) et des monocytes, et une diminution des populations de
lymphocytes qui peuvent persister des heures et des jours après le
début du temps de récupération en réponse du match
de football (Íñigo et al., 2023). Bien que l'exercice physique
actif induise une augmentation immédiate du nombre de neutrophiles et de
lymphocytes, la récupération indique la diminution du taux
lymphocytaire circulant après l'arrêt de l'exercice (Kurokawa et
al., 1995, Shek et al., 1995 et Simpson et al., 2007). De même, de
nombreuses études n'indiquent pas de changements dans la fonction
immunitaire au-delà de 2h après la fin de l'exercice (Maryam et
al., 2023).
Par ailleurs, la comparaison des valeurs moyennes de la CRP
enregistrées avant et après effort ont montré une
diminution significative post effort chez les sujets GNR alors qu'aucune
différence significative n'a été observée chez les
sujets GR (Tableau V). Ces résultats montrent qu'avant l'exercice, les
niveaux de CRP étaient similaires entre les deux groupes. Cependant,
après l'effort, une diminution significative de la CRP a
été observée chez les sujets GNR. Ces résultats
suggèrent que la réhydratation pourrait jouer un rôle dans
la modulation de la réponse inflammatoire après un exercice. D'un
point de vue physiologique, cela pourrait indiquer que l'eau et les
électrolytes consommés pendant la réhydratation pourraient
aider à stabiliser les membranes cellulaires ou à diluer les
médiateurs de l'inflammation présents dans le sang. En revanche,
l'absence de changement significatif dans les niveaux de CRP chez les sujets GR
pourrait être interprétée comme une indication que leur
réponse inflammatoire a été efficacement
atténuée par la réhydratation (Gewurtz et al., 1982 et
McFadyen et al., 2020).
Nos résultats corroborent ceux de Kostrzewa-Nowak et
al., (2015) ; Kasapis et Thompson, (2005) qui ont démontré que la
concentration de CRP diminuait en raison de l'effet anti-inflammatoire de
l'exercice après un exercice intense prolongé. Il a
été souligné que l'augmentation de la CRP après un
exercice intensif pourrait être le résultat de mécanismes,
tels que la réponse inflammatoire à des blessures ou à des
agents (l'interleukine-6, c'est-à-dire le principal stimulateur de la
sécrétion de CRP) qui pourraient être associés
à une inflammation élevée chez les athlètes
(Souglis et Antonios, 2015).
Cependant, nos résultats ne vont pas dans le même
sens que ceux de Becker et al., (2020) qui ont révélé des
augmentations provisoires du niveau de CRP. Cette divergence peut être
s'expliquée par le faite que nous avons travaillé avec des sujets
amateurs alors qu'eux ils ont travaillé avec des sujets professionnels.
Il existe encore une controverse concernant l'association entre
l'activité physique et l'inflammation, certaines études cliniques
ne montrant aucun effet anti-inflammatoire (Sjogren et al., 2010 et Yates et
al., 2010) et peu d'études évaluant de manière prospective
l'influence de l'activité physique sur les niveaux de CRP (Plaisance et
Grandjean, 2006). Il a été démontré que les niveaux
de CRP sont inversement liés à la pratique d'une activité
physique d'intensité modérée à vigoureuse dans de
nombreux contextes (Hawkins et al., 2012). L'activité physique
modérée à vigoureuse exerce des effets antagonistes sur
les niveaux de CRP et on pense que la pratique sportive peut affecter
l'inflammation en raison de son impact sur l'adiposité,
caractérisant un rôle de médiation attribué à
la graisse corporelle (Suziane et al., 2019). Ces résultats peuvent
être expliqués par la contrainte environnementale.
De plus, dans notre étude le match de football s'est
déroulé dans un environnement où les températures
ambiantes allaient jusqu'à 35,3°C (Tableau VI). Cette étude
apporte la preuve que le match de football a une influence post exercice sur
les cellules inflammatoires. Un exercice physique intense induit des
réponses du système immunitaire similaires à celles
induites par une infection.
Il sied de noter que les effets de l'exercice physique sur le
système immunitaire et la CRP dépendent de la nature de
l'exercice, de son intensité, de sa durée ainsi que de la forme
physique et de l'âge du sujet. Dans cette étude la
réhydratation aurait influencé l'expression des cellules
immunitaires par contre elle a influencé l'expression de la CRP.
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