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Travail de fin d'étude en Développement et Education Des Adultes (DEDA)

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par Valentin Agon
Université de Ouagadougou - Licence 2005
  

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I - 1 - 2 Approche historico-politique

Le développement d'un milieu ne peut être amorcé sans tenir compte de son passé et de ses systèmes de gestion et d'organisation politique. Le passé peut être un facteur positif ou négatif du développement. Dans certains cas, le passé reste très fécond à l'émergence d'un milieu tandis que dans d'autres, le passé regorge de pesanteurs qui handicapent ou retardent le développement. Considérant le cas de l'Afrique, pour se développer, elle doit reconsidérer avec lucidité, détermination et sans complaisance les causes historiques de son retard. Trois facteurs importants sont à considérer : la colonisation, la mondialisation et l'attitude parfois irresponsable des africains eux-mêmes. L'Afrique est un continent mal parti pour la bataille du développement qui se retrouve aujourd'hui sans réels repères historiques pour son émergence. Les causes historico politiques de son retard peuvent être considérées comme les suivantes :

- la saignée humaine du fait de la traite négrière et de la conquête coloniale ;

- l'éducation « occidentalisée » qui fut en quelque sorte source d'aliénation des forces vives du continent entraînant chez beaucoup le mépris d'eux-mêmes, la démission par rapport à leurs valeurs, leur langue, leur vision du monde, leur mode de production des biens et des services nécessaires pour lutter contre la précarité (les pères de la négritude n'hésitent pas à parler de l'Afrique colonisée comme d'une terre violée, à leurs yeux les Africains sont des gens à qui on a savamment inculqué un complexe d'infériorité qui les paralyse au quotidien et inhibe leur détermination, leur audace, leur vaillance légendaire) ;

- la mise en place de l'économie de traite (qui signifie absence d'industrialisation), la protection artificielle des économies (dans ce qu'on appelle le pacte colonial), l'imposition et la perpétuation d'une monnaie telle que le franc CFA, en dépendance totale vis-à-vis des devises extérieures, occidentales ;

- le découpage artificiel des territoires engendrant de multiformes et perpétuels problèmes de frontières, la constitution des Etats a rarement coïncidé avec la réalité des nations ou des pôles ethniques, linguistiques (ce fait a engendré beaucoup de conflits frontaliers qui ont contribué à retarder le décollage économique en raison de la paix devenant impossible alors qu'elle est nécessaire à toute entreprise de développement d'un pays) ;

- les réseaux de transports orientés vers l'extérieur (tout était conçu pour traiter l'Afrique en pays de production de cultures de rente, ce qui a compromis le perfectionnement des cultures vivrières pourtant si nécessaires à l'autosuffisance alimentaire, composante déterminante du développement) ;

- l'enclavement de la plupart des Etats, et qui en plus de cette situation inconfortable, ont pendant trop longtemps entretenu la confusion des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire : la concentration des pouvoirs entre les mains d'un seul ou entre les mains d'un groupe ethnique, politique, idéologique a été favorisé par les intrigues entre l'ex-colon et les subalternes qu'il a essayé de placer derrière lui, après avoir sonné la fin de la tutelle coloniale. De tels régimes ont sévi un peu partout en Afrique, exerçant une violence arbitraire sur les populations, manifestant un grand mépris des populations que l'ancien maître désignait par le terme « indigènes », et réprimant de manière sanglante toute forme de rebellions.

- L'entretien de la dépendance des pays africains vis-à-vis des puissances coloniales et particulièrement celle des dirigeants africains, condamnés à travailler contre leurs propres populations, pillant les ressources de leur pays pour enrichir les anciennes colonies. En effet, certains des dirigeants africains ont souvent été réduits à n'être que de simples exécutants du pouvoir réel exercé par l'Occident.

Il est des jours où on peut être tenté de croire que le monde développé prend plaisir à entretenir la pauvreté de l'Afrique même si ce monde est aussi celui qui apporte l'aide humanitaire, les projets de coopération, l'aide au développement, etc.. C'est en cela que l'on peut imputer à l'occident ou au système de la mondialisation une certaine responsabilité dans la perpétuation de la pauvreté en Afrique. Les raisons sont nombreuses :

- le débauchage des intellectuels africains, des personnes ressources de grande valeur scientifique qui, après leurs études au Nord, sont subtilement invitées à s'installer dans le confort occidental au lieu de rentrer au pays pour être les locomotives du développement de leur patrie. Il faut le reconnaître aussi, les pouvoirs politiques africains n'ont pas toujours créé les conditions idoines pour éviter l'exode ou la fuite des cerveaux ;

- le choix des industries pharmaceutiques de ne privilégier que les médicaments rentables destinés aux clientèles solvables du Nord, au grand mépris des maladies endémiques qui frappent le Sud, au grand mépris des populations insolvables ;

- les économies africaines déjà fragiles, exposées de plein fouet à la concurrence internationale après « la crise de la dette », l'ouverture des frontières exigée par la banque mondiale et FMI, la concurrence déloyale des importations subventionnées par des pays riches (chacun sait le problème qui oppose les pays riches aux pays du Sud, à propos du coton) ;

- la privatisation, la dérégulation, la libéralisation entraînant la montée des mafias, des trafics illicites de tous genres (déchets toxiques, armes, diamants, drogue, médicaments...) ;

- l'ingérence politique et économique (les renversements des régimes supposés dangereux du simple fait qu'ils refusent d'être dominés et de servir la cause des puissances d'argent) ;

- et l'application des PAS imposés par les institutions de Breton WOOD sans souci aucun des souffrances de la population.

Tous ces faits ont engendré et entretenu l'instabilité socio-économico-politique de l'Afrique. Au lieu d'être un espace de solidarité, notre monde s'est métamorphosé en un espace où règne la loi de la jungle : les plus forts écrasent les plus faibles, les pauvres meurent de faim et de maladies et les plus riches s'épanouissent et épargnent leur argent frauduleusement gagné dans des paradis fiscaux en Occident.

Mais, au-delà de ces preuves de la culpabilité de l'Occident dans nos malheurs, il faut reconnaître que les puissances extérieures ne peuvent agir au détriment de l'Afrique qu'avec la complicité des Africains eux-mêmes.

Loin d'accuser les autres et d'oublier les responsables immédiats du recul et du retard de l'Afrique, le devoir du patriotisme minimal pour notre continent oblige tout africaniste à considérer la part importante de responsabilité des Africains dans l'enlisement du berceau de l'humanité. C'est dans cette optique que l'on peut situer l'oeuvre de Axelle Kabou qui remettait en cause le comportement souvent incohérent des Africains sur les chemins de leur propre développement. C'est aussi cette exigence de revenir à nous-mêmes au lieu d'accuser toujours les autres d'être les responsables de notre malheur, que nous trouvons dans les écrits très critiques sur les démissions africaines de Mouelle Njoh Ebénezer32(*).

L'Afrique coule chaque jour un peu plus en raison de problèmes et de maux internes qu'il faut avoir le courage de dénoncer et de remédier au plus vite. On peut citer entre autres :

- la très grande segmentation et la hiérarchisation africaine engendrant des rapports dominants-dominés ;

- les haines et les antagonismes ethniques, les mépris envers les peuples supposés « inférieurs » (Arabes/Noirs, Bantous/Pygmées, Noirs  « clairs » / Noirs « foncés » ;

- le développement des économies rentières ;

- l'utilisation des entreprises comme des machines à employer ;

- les nationalismes exacerbés et la haine des voisins, fruits de l'échec des intégrations régionales qui se manifestent dans la création de partis politiques à base ethnique ;

- la spéculation foncière entretenue par les élites ;

- la confusion entre l'intérêt public et les intérêts privés qui fait que le chef peut en toute impunité, prendre l'argent et le redistribuer à ses proches (corruption, népotisme, clientélisme) ;

- la négation de l'état de droit ;

- le détournement des aides internationales ;

- l'instrumentalisation des ONG ;

- et le faible investissement dans l'éducation de base et dans la santé primaire33(*).

Tous ces maux sont parmi tant d'autres, ce qui de façon certaine a privé l'Afrique d'un réel décollage à la fois sur le plan économique, social et politique. L'absence de patriotisme chez les Africains a privé l'Afrique d'une culture et d'une mentalité prédisposées au développement. La division, le génocide, la transformation d'une nation entière en poudrière incendiaire telle que l'invention de l'ivoirité en Côte d'Ivoire repoussent de plus en plus loin le rêve de l'Afrique développée et l'enracine dans un prétendu processus de développement portant l'étiquette « continent en voie de développement ». La question est de savoir à quand le décollage réel de l'Afrique pour son développement,  autrement dit, à quand le changement pour un développement du continent africain ? Il importe de réfléchir sur le développement en considérant l'approche socio-anthropologique des sociétés concernées.

* 32 De la médiocrité à l'excellence. Essai sur la signification humaine du développement, éditions du Mont Cameroun, 1988.

* 33 Cette suite de pensée s'inspire de BRUNEL Sylvie, L'Afrique, éditions Bréal, 2004, pp. 98-99.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille