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Le NEPAD ou l'ère de la conditionnalité intériorisée

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par Julien Vlassenbroek
Université de Louvain-La-Neuve (UCL) - Diplôme d'études spécialisées en études du développement 2005
  

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1. Introduction

Lorsque l'on parle de `développement durable' et de l'Afrique un constat s'impose :

Cela fait maintenant plusieurs décennies que le `développement' (devenu `durable' en cours de route) du continent est inscrit à l'agenda mondial et pourtant cette partie du globe aux potentialités infinies demeure de loin la plus pauvre de la planète. Pire, sa situation économique et sociale se dégrade depuis une bonne vingtaine d'années. Ainsi, si dix pourcents de la population mondiale vit au Sud du Sahara, cette région génère à peine un pourcent du produit intérieur brut global1(*). Si l'on en croit les Indicateurs de Développement issus de la Banque Mondiale (BM), la proportion de la population africaine vivant avec moins d'un dollar par jour aurait cru de 47% en 1990 à 49% en 19992(*), ce qui concrètement veut dire que 74 millions de personnes (des hommes des femmes et des enfants avant d'être des statistiques) de plus qu'il y a 15 ans vivent dans l'extrême pauvreté matérielle alors que sa réduction est sensée être une priorité depuis plus de vingt ans !

Les constats alarmants (toujours dans la perspective d'une prise en compte des habituels indicateurs macro-économiques comme outils destinés à jauger la situation - on ne refera pas ici le débat sur la relativité de ces indicateurs et sur leurs limites, le tout étant de rappeler ici que les objectifs visant le redressement de ces indicateurs sont loin d'avoir été atteints) semblent pouvoir se décliner à l'infini comme l'illustre cet extrait d'une conférence de M. Amath Soumare : « l'Afrique est la région la plus pauvre du monde, avec des revenus réels qui sont en moyenne inférieurs du tiers à ceux de l'Asie du Sud, avant-dernière au classement des plus pauvres. Dans les années 1990, l`Afrique subsaharienne, qui abritait déjà 25 % des victimes de la pauvreté absolue dans le monde, a vu ce chiffre passer à 30 %, et l'Afrique est le seul continent où la pauvreté continue d'augmenter aujourd'hui. Plus de 340 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population africaine, vivent avec moins de 1 Euro par jour. Ces cinq dernières années, les pays africains ont enregistré des taux de croissance moyens de 3,5 %, comparé aux 7 % nécessaires pour atteindre les objectifs de développement du millénaire. [...]. L'Afrique représente moins de 1 % des flux mondiaux de l'investissement, alors qu'on  estime à 40 % la part de l'épargne africaine qui est investie en dehors de l'Afrique. L'Afrique est la seule grande région où l'investissement et l'épargne par habitant ont diminué après 1970 »3(*).

Depuis 1980, le Plan de Lagos, l'APPER (Africa's Priority Programme for Economic Recovery) reconverti en PAAERD (Programme of Action for Africa's Economic Recovery and Development), le CARPAS (Cadre African de Référence pour les programmes d'Ajustement Structurel), «The African Charter for Popular Participation for Development» ou encore «The United Nations New Agenda for the Development of Africa in the 1990's» pour ne citer que ceux-là, ont fourni autant d'initiatives recelant l'ambition d'inverser la tendance4(*). Sans succès. C'est le dernier (entendez le plus récent) de ces grands projets à vocation continentale, le « Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) » qui fera l'objet de la présente étude.

Le NEPAD sera-t-il enfin le plan qui permettra une réelle « renaissance africaine », comme le texte de ce programme le proclame, ou ne sera-ce qu'un plan de plus à ajouter dans la liste des échecs ? Par qui, comment et dans quel contexte a-t-il été élaboré ? Quels en sont les aspects originaux ? Quelle est la position des pays occidentaux et des organisations internationales face à ce plan ? Comment a-t-il été accueilli par la société civile africaine ? Ce projet peut-il marquer le début d'une nouvelle ère dans les rapports de l'Afrique avec le reste du monde dans un contexte de globalisation? Voici quelques questions auxquelles l'on va modestement et très succinctement tenter de répondre au cours de cette courte contribution.

On se penchera dans un premier temps sur la genèse de ce Nouveau Partenariat. Celle-ci apparaît en effet indispensable à aborder pour comprendre les enjeux réels du NEPAD sur le plan africano-africain, le rôle des pays occidentaux dans sa confection, les tenants et les aboutissants ainsi que les origines doctrinales et idéologiques de celui-ci.

On présentera ensuite très synthétiquement le contenu de ce document pour en mettre en exergue les grands axes et les aspects les plus marquants, et ce afin de pouvoir procéder, dans la section suivante du présent travail, à une évaluation sommaire de ce programme en se basant à cette fin uniquement sur la littérature académique ou à prétention scientifique.

La littérature à caractère plus politique ou engagé, officielle ou non, sera elle mise ensuite à profit pour analyser respectivement les réactions endogènes face au projet puis celles des bailleurs de fonds. Cette analyse devrait permettre (c'est en tous cas son ambition) de trancher sur la question du caractère strictement (ou fallacieusement) africain de ce programme, caractéristique souvent présentée comme l'une des forces de ce plan (cf. infra). Enfin, on terminera par une brève conclusion générale dans la quatrième partie.

* 1 R. Gibb, « Charting a New Course; Globalization, African Recovery and the New African Initiative, South African Institute of International Affairs, Johannesbourg, 2002, p. 92.

* 2 World Bank, « World Development Indicators 2003 », publication de la Banque Mondiale, Washington, 2003 ; Extraits disponibles sur http://www.worldbank.org/data/wdi2003/economy.pdf

* 3 A. Soumare, « NEPAD - New Partnership for Africa's Development - historique, présentation, ambitions, modalités de mise en oeuvre, structures », Communication à l'occasion de la Conférence « NEPAD avenir - Sciences Po », intitulée l'Afrique qui gagne, Paris, 13 mars 2003 ; texte disponible sur http://www.assoce.net/avenir-nepad/download.php?fileId=10

* 4 A. Adedeji, « From the Lagos Plan of Action to the New Partnership for African Development and from the final act of Lagos to the constitutive act : wither Africa? », Keynote address for presentation at the African Forum for Envisioning Africa, Nairobi, 26-29 avril 2002, pp. 3-4; texte disponible sur www.worldsummit2002.org/texts/AdebayoAdedeji2.pdf

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