FONCTION PUBLIQUE ET
D'UNE EDUCATION
CIVIQUE.
1- Nécessité d'une revalorisation de
la fonction publique béninoise :
La fonction publique béninoise est aujourd'hui moins
glorieuse qu'autrefois. Ceci est rendu possible par les réalités
économiques que traverse le pays et l'essor que prend le secteur
privé depuis l'avènement de la démocratie. En quelques
années, l'univers du secteur public béninois a basculé.
Aujourd'hui, l'Etat est dévalué et le fonctionnaire symbolisant
autrefois la réussite sociale au service de la République est
détrôné.
Ce malaise dans la fonction publique pousse le fonctionnaire
à chercher dans l'engagement partisan un moyen de se soustraire aux
effets de la situation actuelle des travailleurs béninois : non
paiement des salaires à l'indice réel, non satisfaction des
revendications, etc. C'est ainsi que des fonctionnaires choisissent de faire la
politique hors de l'administration et se retrouvent soit dans les cabinets
ministériels, soit au commandement, dans l'administration territoriale,
soit à l'Assemblée Nationale. Ces APE désormais
politisés par la crise, comptent sur leurs réseaux relationnels
et sur la conjoncture électorale pour intégrer les directions,
bénéficier des promotions et faire des carrières
brillantes et rapides hors de la fonction publique.
Ainsi, force est de constater qu'avec la situation actuelle
des APE, a émergé une politisation de type opportuniste qui
désavoue la fonction publique.
Dès lors, se fait sentir l'urgence de
réconcilier le fonctionnaire avec sa propre carrière en lui
offrant une situation qui lui permette de faire face à ses besoins
vitaux et de se sentir à l'aise au service de l'Etat.
De ce fait, les conditions de rémunération des
fonctionnaires béninois doivent être revues pour mettre le
fonctionnaire à l'abri des ambitions politiques. Cela doit aussi rendre
au fonctionnaire la dignité de sa fonction et revaloriser le sens du
service public.
Il faut aussi penser à la revalorisation du point
indiciaire des APE mais aussi du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti
(SMIG).
Ensuite, l'Etat devra se battre pour payer les fonctionnaires
à l'indice réel et leur garantir l'incidence des avancements. De
plus, le régime indemnitaire des APE devra être
révisé pour une récompense effective des efforts fournis
par les fonctionnaires.
En revoyant ces préalables avec les APE, on pourra
redorer à la fonction publique béninoise son blason et donner aux
fonctionnaires des raisons de s'y plaire.
2- Nécessité d'une éducation
civique :
La résolution de la question de la politisation de
l'administration publique béninoise passera nécessairement par
des leçons de civisme. Aujourd'hui, les dirigeants politiques
béninois se soucient très peu de la nécessité pour
notre administration de devenir une administration compétitive. Cela se
traduit dans les nominations à divers postes de responsabilité
où ils tiennent à peine compte de l'adéquation entre le
poste à occuper et le profil de l'aspirant (près de 20
instituteurs sont actuellement sous-préfets en fonction). Il se pose
alors un problème de respect de la chose publique et de culture du
travail bien fait qui devraient normalement guider les dirigeants politiques
dans leurs choix.
Il faudrait alors introduire un système
d'éducation civique dans le public en général et dans la
fonction publique en particulier, car le fonctionnaire travaille en osmose avec
la société civile. C'est là une action à long terme
indispensable qui doit commencer dès le système éducatif
primaire et secondaire.
Ce système devra être conçu de
manière à enseigner au jeune écolier, dirigeant de demain,
une culture basée sur la crainte de la chose publique et le goût
du travail bien fait.
Dès lors, sera encré dans les moeurs du
politique béninois l'obligation morale de recourir à des
critères d'objectivité dans ses choix politiques. Ainsi, on
pourrait aboutir un jour à une administration où l'appartenance
à une idéologie ne sera plus un critère
déterminant.
La neutralité politique de la fonction publique pourra
être alors renforcée afin de permettre d'aboutir à une
administration compétitive, capable d'offrir un service de
qualité aux usagers.
Il est alors indispensable d'entamer cette action
d'éducation civique à tous les niveaux, un travail de longue
haleine qui pourrait créer un environnement favorable à
l'application du principe de neutralité dans le service public
béninois.
Par ailleurs, le rôle de la société civile
doit être déterminant. Elle devra s'armer de moyens
nécessaires lui permettant de dénoncer toute sorte d'intervention
abusive du politique dans les sphères de l'administration publique
béninoise. De ce fait, les associations et les organisations non
gouvernementales devront davantage orienter leurs actions vers la lutte contre
la corruption, le favoritisme et l'ethnocentrisme dans l'administration
publique béninoise. Ce faisant elles auront mieux accompli leur vocation
qui consiste à suppléer l'Etat dans ses missions. Car, en
matière de lutte contre la politisation, l'Etat béninois ne
semble qu'amorcer le balbutiement de ces actions.
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