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Tradition et rationnalité chez Hans-Georg Gadamer


par Pierre Luhata Lokadi
Université Saint Pierre Canisius - Bachelier en Philosophie 2006
  

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0. Introduction générale

Que le titre de notre travail soit consacré à la Tradition et à la Rationalité chez Gadamer, cela est très significatif. Cette dialectique tradition- rationalité constitue, à notre sens, la problématique centrale de « Vérité et Méthode ». Une lecture approfondie de cet ouvrage nous montre avec clarté l'actualité du débat. D'une part, les partisans de la tradition humaniste et, d'autre part, les partisans de la raison à travers les nouvelles technosciences qui dominent le monde et transforment la vie sur Terre.

En effet, l'époque moderne a connu un bouleversement extraordinaire dans le domaine de la science. C'est l'avènement de la science du « Je » ou du « Moi ». Descartes semble être le promethée de l'époque moderne. Il vole le feu de la raison pour le donner à l'agir humain. Avec lui, le primat est accordé à la res cogitans au mépris de la res extensa. Le monde extérieur n'existe pas. Seul, moi qui pense existe. Sauf le « Je » échappe au doute cartésien. Tout ce qui est non-moi est soumis au doute, il est objet d'investigation. La méthode se présente comme voie incontournable pour bien mener ses investigations. L'aufklärung viendra radicaliser la position de Descartes en faisant de la Raison la seule instance de légitimation de l'agir humain. Il faut oser penser par soi-même. Adieu l'Autorité, la tradition, les coutumes... C'est la liberté de l'homme qui est en vedette durant cette époque de l'histoire. L'impératif catégorique de Kant en est un exemple apologétique. Jean Onaostho explique bien cette période de l'histoire en ces termes :

En effet, depuis le déclin du paradigme médiéval essentiellement onto-théologique, la philosophie moderne naissante, la Réforme et l'  « Aufklärung »(avec son corollaire de scientisme) ont jété un discrédit sur la tradition, les préjugés et l'autorité assimilés à des « idola » incompatibles avec l'idéal moderne de progrès, de liberté, d'émancipation, d'autonomie. Pour le chef de file du rationalisme (Descartes), comme pour Kant et l'ensemble des Lumières, la tradition devient pour ainsi dire, le principal obstacle épistémologique que doit vaincre tout savoir à vocation scientifique et critique1(*).

Par ailleurs, le romantisme quant à lui, cherchera à réinstituer la tradition. Ce qui compte c'est la restauration du passé et de l'ancien. C'est l'éloge de l'ancien. Celui-ci est le centre de l'avènement du sens et de l'être. Ainsi, entre Les lumières et les romantiques il y a opposition radicale. Les lumières soutiennent la raison et les romantiques valorisent la tradition.

Le travail de Gadamer est à situer au coeur de cette opposition. Gadamer veut concilier ces deux doctrines philosophiques. Pour lui, la raison doit aller de pair avec la tradition. Il réhabilite la tradition, les préjugés et l'autorité. Aussi, il sied de retenir qu'il y a une rationalité dans la tradition. Celle-ci repose sur la re-connaissance. Reconnaître c'est un acte de la raison.2(*) D'où, Gadamer dit que l'opposition n'est pas aussi absolue entre tradition et raison. Dans ce sens, toute herméneutique doit commencer par abolir cette opposition abstraite3(*). Par ailleurs, au coeur de ce débat se pose le problème de la fondation des sciences humaines. Quelle méthode pour les sciences humaines ?

Ce travail s'efforce de montrer comment l'homme est un être historique et conditionné, marqué par la finitude. En réalité, l'homme est pour beaucoup le reflet de sa société. Il y a en lui quelque chose d'inobjectivable, mais pourtant vrai, qui le conditionne avant même qu'il ait la conscience de se reconnaître comme un « Je pense ». Cette chose, c'est la tradition. C'est pourquoi, l'historicité de l'individu doit être prise au sérieux. Qu'on soit scientifique, expert ou homme ordinaire, la tradition nous accompagne toujours, jusque dans nos recherches. Elle doit être un partenaire dialogal. C'est dans le dialogue avec la tradition que la possibilité d'un avenir meilleur est assurée.

Aussi, ce travail se veut d'abord une lecture de « Vérité et Méthode ». Il s'agira pour nous d'engager un dialogue avec le texte, point par point, chapitre par chapitre en vue de dégager les grandes lignes qui orientent notre problématique à savoir, la dialectique entre Tradition et Rationalité telle qu'elle se déploie dans le livre. Ainsi, notre travail survole la totalité de « Vérité et Méthode ».

Pour ce faire, le travail est divisé en trois chapitres. Le premier chapitre traite de la problématique de la méthode dans les sciences humaines. Dans ce chapitre, il sera question de présenter le débat autour de la fondation des sciences humaines comme science. La question majeure s'énonce de la manière suivante : « quelle méthode pour les sciences de l'esprit » ? Dans le deuxième chapitre la réflexion porte sur le dépassement de la question épistémologique sous la conduite de la phénoménologie. L'expérience de l'art nous conduit à l'expérience herméneutique. Avec la phénoménologie le mot d'ordre est lancé : « le retour aux choses mêmes ». Il s'agira de saisir l'essence des sciences humaines à travers les travaux de Husserl, Compte York et Heidegger. Enfin, le troisième chapitre, intitulé  « Tradition comme partenaire dialogal », est la matrice de notre travail. Ce chapitre montrera la relation d'intimité qui existe entre la tradition et la rationalité.

Une conclusion générale reprendra les grandes articulations notre travail.

* 1 Jean Onaostho Kawende, « Herméneutique, Critique et Déconstruction. Repères d'une herméneutique de la vigilance », in Revue Philosophique de Kinshasa, Vol. XV. n° 27-28, Kinshasa, F.C.K., 2003, pp.142-143.

* 2 Hans Georg Gadamer, Vérité et Méthode, les grandes lignes d'une herméneutique philosophique, Paris, Seuil, 1996, p.301.

* 3 Ibid., pp. 302-304.

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