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Etude des facteurs explicatifs de la survenue des accidents du travail dans les entreprises du secteur prive en Côte d'ivoire

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par Kouadio Narcisse Kouacou
ENSEA d'Abidjan - DESS d'Analyses Statistiques Appliquées au Développement 2005
  

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REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE

UNION-DISCIPLINE-TRAVAIL

Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d'Economie Appliquée

Caisse Nationale de Prévoyance

Sociale de Côte d'Ivoire

Rapport de Stage

pour l'obtention du DESS d'Analyses Statistiques Appliquées au Développement

ETUDE DES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA SURVENUE DES ACCIDENTS DU TRAVAIL DANS LES ENTREPRISES DU SECTEUR PRIVE EN

COTE D'IVOIRE

Présenté par KOUACOU Kouadio Narcisse

Octobre 2005

Sous la direction de :

Docteur N'DA Kouamé Désiré

Médecin Conseil National CNPS

Année académique 2004-2005

SOMMAIRE

Avant Propos 2

Remerciements 3

Liste des sigles utilises 4

Liste des tableaux 5

Introduction Générale 6

Première partie : Cadre théorique

Chapitre I : REVUE DE LITTERATURE 10

1- Notion d'accident du travail 10

2- Coûts des accidents du travail 11

3- Analyse des facteurs explicatifs des accidents du travail 14

4- Modélisation économétrique des facteurs explicatifs des accidents de travail 18

Deuxième partie : Cadre expérimental

Chapitre I: METHODOLOGIE DE L'ETUDE 20

1- Sources et qualité des données 20

2- Population de l'étude et échantillon 20

3- Description des variables de l'étude 24

4- Plan d'analyse 25

Chapitre II : RESULTATS DE L'ETUDE 29

1- Analyse descriptive 29

2- Analyse explicative 38

Chapitre III : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS DE L'ETUDE 43

1- Discussions 43

2- Recommandations 44

CONCLUSION 46

BIBLIOGRAPHIE 47

ANNEXES 49

TABLE DES MATIERES 54

AVANT PROPOS

Une bonne formation professionnelle doit allier les enseignements théoriques classiques à une expérience pratique, notamment par l'entremise d'un stage au sein d'une entreprise. Cette confrontation de la théorie et de la pratique doit permettre à l'étudiant de mesurer ses compétences, de corriger ses insuffisances et d'approfondir ses connaissances afin d'être plus opérationnel.

Ce sont ces objectifs que s'est fixés l'Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d'Economie Appliquée (ENSEA) en instaurant un stage de fin de cycle de trois à cinq mois pour les différentes divisions que comprend son établissement. Ces stages professionnels de fin de cycle sont sanctionnés par la rédaction d'un rapport sur un thème choisi de commun accord entre la structure d'accueil de l'étudiant stagiaire et l'ENSEA.

Le présent rapport est le résultat des réflexions que nous avons eues à mener lors de notre stage à la CNPS du 12 juillet au 30septembre 2004. Ce rapport porte sur « l'étude des facteurs explicatifs de la survenue des accidents du travail dans les entreprises du secteur privé en Côte d'Ivoire ».

La conduite et l'exécution de ce travail nous ont permis de mobiliser des connaissances techniques en matière de prévention et d'analyse des accidents du travail.

REMERCIEMENTS

La collaboration de plusieurs personnes et directions a rendu possible la réalisation de cette étude. Nous tenons à remercier ici l'ensemble du personnel du Contrôle Médical de la CNPS, plus particulièrement le Docteur N'DA Kouamé Désiré : Médecin Conseil national, Docteur KONE Karamoko : Médecin Conseil de Yopougon, qui nous ont offert un soutien important.

Notre reconnaissance va également à M. Bernard N'DOUMI, Directeur Général de la CNPS, à M. AHOUA NOBGOU : Chef du Département Prévention dont nous soulignons ici la contribution à la réalisation de cette étude.

Nous voudrions remercier l'ensemble des enseignants de l'ENSEA pour le soutien pédagogique et plus spécifiquement M. CHITOU Bassirou : Enseignant Chercheur et M. OUATTARA Aboudou : Directeur des Etudes du DESS d'Analyses Statistiques Appliquées au Développement.

Notre plus grande reconnaissance va au Sauveur JESUS-CHRIST. Nous ne saurions cependant clore cette page sans remercier ma mère KOUAKOU Madeleine qui n'a ménagé aucun effort pour nous permettre de suivre cette formation, et l'ensemble de la famille KOUAKOU et particulièrement M. KOUAKOU Valentin.

LISTE DES SIGLES UTILISES

BIT : Bureau International du Travail

CEDEAO : Communauté Economique Des Etats D'Afrique de l'Ouest

CNPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale

DSI : Département du Système d'Information

ENSEA : Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d'Economie Appliquée

IRSST : Institut de Recherche en Santé et Sécurité du Travail (Canada)

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Typologie des coûts de Heinrich 12

Tableau 2 : Typologie de coûts de LaBelle 13

Tableau 3 : Typologie de coûts du comité pour la sécurité et la santé du travail en

Angleterre 14

Tableau 4 : Répartition de l'échantillon selon l'âge et le sexe 21

Tableau 5 : Répartition de l'échantillon selon le sexe et la catégorie socio-

professionnelle 22

Tableau 6 : Répartition de l'échantillon selon le sexe et les conditions de travail 22

Tableau 7 : Répartition de l'échantillon selon le sexe et le secteur d'activité 23

Tableau 8 : Répartition de l'échantillon selon l'âge et la catégorie professionnelle 23

Tableau 9 : Répartition des individus selon le nombre d'accidents et le sexe 29

Tableau 10: Répartition des accidents selon le sexe 30

Tableau 11: Répartition des individus selon le nombre d'accidents et l'âge 30

Tableau 12 : Répartition des accidents selon la classe d'âge 31

Tableau 13 : Répartition des classes d'âge selon les conditions de travail 32

Tableau 14 : Répartition des individus selon le nombre d'accidents et la nationalité 32

Tableau 15 : Taux d'accident selon de la nationalité 33

Tableau 16 : Répartition des individus selon le nombre d'accidents et la catégorie

professionnelle 33

Tableau 17 : Répartition des catégories professionnelles en fonction 34

Tableau 18 : Taux d'accident selon la catégorie professionnelle 34

Tableau 19: Répartition des individus selon le nombre d'accidents et le secteur

d'activité 35

Tableau 20 : Taux d'accident selon le secteur d'activité 36

Tableau 21 : Répartition des travailleurs selon l'expérience professionnelle et le

nombre d'accidents par individu 37

Tableau 22 : Taux d'accident selon l'expérience professionnelle 37

Tableau 23 : Modèle Zero-Inflated-Poisson pour le nombre d'accidents 39

Tableau 24 : Effets marginaux 40

INTRODUCTION GENERALE

INTRODUCTION

Au lendemain de son accession à l'indépendance, la Côte d'Ivoire a opté pour une stratégie économique axée sur le libéralisme. La mise en oeuvre de cette stratégie s'est traduite par l'adoption dès 1960 d'un code d'investissement généreux favorisant un afflux important d'investissements directs étrangers (DUTHEIL, 1976).

Le développement des techniques de production et l'internationalisation progressive de la concurrence vont contraindre les entreprises ivoiriennes à recourir à un matériel de travail moderne dont la manipulation expose les travailleurs à des risques. Ainsi l'univers dans lequel vont évoluer les travailleurs dans ces entreprises sera par conséquent, marqué par une grande incertitude. Toutefois, cette incertitude à laquelle sont exposés les travailleurs est largement indépendantes de leurs choix individuels et se traduit malheureusement par la réalisation de dommages (accidents du travail et maladies professionnelles) et par des décès.

Cette situation a occasionné une hausse du nombre des accidents de travail. La notion d'accident du travail est devenue une telle évidence que s'interroger sur la réalité à laquelle elle renvoie pourrait paraître comme un exercice curieux. Ainsi, lors de la 54e session de son comité Afrique, qui a eu lieu à Brazzaville au Congo du 30 Août au 3 septembre 2004, L'Organisation Mondiale de la Santé estimait que « chaque année dans le monde, plus d'1,1million d'individus meurent d'accident du travail et de maladies liées aux activités professionnelles. Dans les pays en développement, au rang desquels figure la Côte d'Ivoire, l'organisation estime que les risques générateurs de mauvaise santé au travail sont 10 à 20 fois plus élevés que dans les pays développés ». La santé et la sécurité du travail deviennent, par conséquent, une préoccupation tant pour les entreprises, pour le travailleur que pour la collectivité sociale. En effet, les nombreux accidents du travail de toutes espèces qui se produisent chaque jour dans les entreprises ivoiriennes infligent à l'entreprise, à la collectivité sociale et au travailleur lui-même des dommages économiques plus ou moins élevés, des soucis et des souffrances.

Toutes ces conséquences prouvent la nécessité d'une politique de prévention efficace. Cependant pour atteindre les objectifs qui lui sont assignés et réduire de façon significative les accidents du travail, la prévention doit s'appuyer sur une bonne identification des facteurs qui sont à l'origine de leur survenue.

Ainsi l'analyse de ces facteurs pourrait permettre une meilleure orientation de la politique de prévention. Si certaines études en Côte d'Ivoire révèlent l'incidence des facteurs humains et des facteurs matériels; l'impact des caractéristiques individuelles, socio professionnelles et organisationnelles sur le processus accidentel, reste à déterminer. Des études menées par plusieurs organismes internationaux dont le BIT et l'institut Robert Sauvé en santé et sécurité du travail (IRSST) ont révélé la liaison entre certaines caractéristiques individuelles, socio-professionnelles et organisationnelles, et la survenue des accidents du travail (GRINGAS et al., 1996). Cependant, ces études ont été réalisées dans des pays développés.

Le besoin de circonscrire l'incidence de l'ensemble des facteurs intervenant dans le processus accidentel nous a, alors amenés à réfléchir sur le thème : « étude des facteurs explicatifs de la survenue des accidents du travail dans les entreprises du secteur privé en Côte d'Ivoire ».

La présente étude vise donc, à déterminer dans le contexte ivoirien, l'incidence des caractéristiques socioprofessionnelles de l'individu et des caractéristiques des entreprises sur la survenue des accidents de travail.

OBJECTIFS DE L'ETUDE

2-1. Objectif principal

Cette étude se veut une contribution à la prévention des accidents de travail au sein des entreprises en Côte d'ivoire. Pour ce faire elle se propose de vérifier et d'analyser l'incidence de certaines caractéristiques socio-professionnelles et individuelles du travailleur et des caractéristiques des entreprises sur le processus accidentel dans les entreprises du secteur privé en Côte d'Ivoire.

2-2. Objectifs spécifiques

De façon plus spécifique, les objectifs de cette étude se présentent comme suit :

1 Etudier l'association entre d'une part certaines caractéristiques socio-démographiques telles que l'age, le sexe, la nationalité et les caractéristiques professionnelles telles que : L'expérience, la catégorie professionnelle, le corps d'emploi et d'autre part le nombre des accidents dont est victime chaque travailleur.

2 Etudier la liaison entre certaines caractéristiques organisationnelles des entreprises et le processus des accidents du travail dans le secteur privé en Côte d'Ivoire.

3 Formuler des recommandations visant l'amélioration de la prévention des accidents du travail dans le secteur privé en Côte d'Ivoire.

HYPOTHESES DE L'ETUDE

Au regard des objectifs sus mentionnés, les hypothèses suivantes ont été formulées :

· Les travailleurs de sexe masculin ont plus d'accidents. Cette hypothèse se base sur les résultats des travaux du BIT (1984). Ces études ont révélé que les femmes ont moins d'accidents que les hommes et que le risque d'accident est faible chez les femmes

· Les travailleurs de moins de 25 ans et les travailleurs de plus de 55 ans sont deux groupes à risque et plus le travailleur est expérimenté moins il a d'accident. L'expérience professionnelle est par conséquent une protection contre la survenue d'accident du travail.

· Les secteurs du bâtiment, de l'industrie et de la foresterie et le secteur maritime sont des secteurs où le risque d'accident du travail est le plus élevé.

PREMIERE PARTIE :

Chapitre I : REVUE DE LITTERATURE

NOTION D'ACCIDENT DU TRAVAIL

1-1. Définition

La notion d'accident du travail désigne un événement violent et soudain qui cause un dommage corporel. Le droit positif ivoirien (Code de prévoyance social, Article 75) désigne comme accident du travail « tout accident survenu par le fait ou à l'occasion du travail quelle qu'en soit la cause, à tout travailleur soumis aux dispositions du code du travail. Sont également considérés comme accident du travail, l'accident survenu à un travailleur pendant le trajet de sa résidence au lieu de travail et vice versa, dans la mesure où le parcours n'a pas été interrompu ou détourné pour un motif dicté par l'intérêt personnel ou indépendant de son emploi, et l'accident survenu pendant les voyages dont les frais sont mis à la charge de l'employeur. »

L'article 76 étend la notion d'accident du travail à certaines catégories de personnes qui ne sont pas des travailleurs salariés ce sont : les apprentis, les élèves de centres formations professionnelles, les détenus exécutant un travail pénal, les agents temporaires de la fonction publique, les membres des sociétés coopératives ouvrières de production, les gérants non salariés de sociétés à responsabilité limitée sous certaines conditions etc.

1-2. Classification des accidents du travail

L'extrême diversité des accidents du travail rend difficile l'élaboration d'une méthode de classification et d'enregistrement qui permette, sans être trop compliquée, de réunir les renseignements essentiels pour la prévention. La 10ème conférence internationale des statisticiens du travail en 1962 réunie au BIT a recommandé 4 formes de classification :

- la classification selon la forme de l'accident

- la classification d'après l'agent matériel

- la classification selon la nature de la lésion

- la classification selon le siège de la lésion

1-2-1. Classification selon la forme de l'accident

Cette forme de classification est basée sur la manière dont s'est produit l'accident. Elle permet de déterminer l'événement dont la lésion de la victime est la conséquence directe ; elle indique comment l'objet ou la substance qui a provoqué la lésion est entré en contact avec la victime. Ainsi les différents types d'accidents sont :

· Les chutes de personnes

· Les chutes d'objets

· Marche sur, choc contre, heurt par, des objets

· Coincement dans un objet ou entre des objets

· Effort excessif ou faux mouvements

· Exposition à ou contact avec des températures extrêmes

· Exposition ou contact avec le courant électrique

· Exposition ou contact avec des substances nocives ou des radiations

· Autres formes d'accidents non classés ailleurs

1-2-2. Classification des accidents d'après la forme de l'agent matériel

L'agent matériel est l'objet qui a occasionné la lésion. Cette forme de classification se fait en fonction de cet objet. Elle peut être appliquée soit en relation avec la lésion, soit en relation avec l'accident lui-même.

On distingue les accidents causés par les objets suivants :

· Machines

· Moyens de transport et de manutention

· Matériaux substances et radiations

· Autres matériels

1-2-3. Classification des accidents selon la nature de la lésion

Cette classification se fonde sur la nature du dommage corporel dont est victime le travailleur : les fractures, luxations ; entorses et foulures, les commotions et autres traumatismes internes, les amputations et énucléations etc.

1-2-4. Classification selon le siège de la lésion

Elle se fait selon la partie du corps où est localisée le dommage corporel :

· Tête

· Cou

· Tronc

· Membres inférieurs et membres supérieurs

· Sièges multiples

· Lésions générales

· Siège non précisé

1. COUTS DES ACCIDENTS DU TRAVAIL

Il existe plusieurs typologies des coûts des accidents du travail. Nous retiendrons ici les 2 typologies les plus utilisées (en Côte d'Ivoire et ailleurs) : les coûts directs et les coûts indirects et coûts économiques et sociaux.

2-1. Coûts directs et coûts indirects

Une manière fréquemment utilisée pour classer les coûts des accidents du travail est de distinguer les coûts selon qu'ils sont directs ou indirects. Trois typologies les plus connues seront évoquées dans cette section.

Les coûts directs représentent généralement les frais qui sont enregistrés dans le système comptable de l'entreprise, c'est-à-dire les sommes qui doivent être engagées à la suite d'accidents alors que les coûts indirects décrivent les pertes subies par l'entreprise à la suite d'un accident de travail, mais qui ne sont pas nécessairement comptabilisées comme telles.

Bon nombre d'auteurs ont évalué ces coûts en adoptant cette distinction sans toutefois utiliser une définition commune des termes coûts directs et coûts indirects. HEINRICH (1931) a été l'un des premiers à mettre en évidence la présence de coûts cachés non comptabilisés par l'employeur. Il a identifié les événements entourant un accident et ayant des répercussions économiques permettant ainsi d'identifier et de comparer les coûts directs et indirects. Les composantes de ces deux types de coûts figurent au tableau 1. Heinrich parvient à la conclusion que les coûts indirectement générés par les accidents de travail sont quatre fois plus élevés que les coûts directs.

Mais, ce ratio coûts indirects/directs de 4 / 1 n'est qu'une moyenne de sommes (des coûts directs et indirects) sans aucune autre analyse statistique ce qui ne permet pas de vérifier la stabilité du ratio par exemple, selon le secteur de l'entreprise ou le type d'accidents.

Tableau 1 : Typologie des coûts de Heinrich

Coûts directs

Coûts indirects

· Indemnisations

· Hospitalisation

· Soins médicaux dispensés à la victime

· Temps rémunéré et non travaillé par l'accidenté et les autres employés

· Temps perdu des intervenants dans l'accident

· Dommages causés

· Interruption de production

· Avantages sociaux payés sans production

· Perte de profits

· Salaire versé à l'accidenté avec production réduire

· Perte de moral et de motivation

· Charges d'électricité

· Chauffage et location

Sources : HEINRICH, 1931 Coûts des accidents du travail page 94-116

LaBelle (2000) distingue lui aussi les coûts directs des coûts indirects comme l'illustre le tableau 2. Selon lui, les coûts directs sont des charges monétaires actuelles attribuables aux accidents alors que les coûts indirects représentent des coûts en terme de temps et de ressources non monétaires. Tous les éléments figurant dans ce tableau entrent en ligne de compte pour déterminer le coût total des accidents de travail.

Tableau 2 : Typologie de coûts de LaBelle

Coûts directs

Coûts indirects

· Indemnisations des travailleurs

· Traitements médicaux

· Services d'ambulance

· Tests de médicaments

· Adaptation du travail

· Achats d'équipements neufs

· Matériels pour les soins médicaux sur le lieu de travail

· Soins de santé professionnels

· Blessures des travailleurs

· Suivi des victimes

· Retour au travail

· Perte de productivité

· Compte rendu des incidents

· Ressources humaines

· Coût d'embauche

· Suivi du manager

· Retards de production

· Sécurité

· Formation

· Aspect légal

Sources: LaBelle, 2000 «what do accidents truly cost? Determining Total incidents costs» p38-42

Kokola et al (1988) ont également identifié des coûts directs et des coûts indirects au niveau des entreprises. Cette classification est proche de celle de Labelle. Selon Kokola et al, les coûts directs ont trait à la prévention et à la réparation des accidents du travail. Ce sont les frais médicaux, les indemnités journalières, les rentes etc.

Ils estiment à plus de 5 milliards par an en Côte d'Ivoire, les cotisations au titre de l'assurance contre les accidents du travail. La législation ivoirienne, comme celle de nombreux pays, met à la charge de l'employeur les soins de première urgence.

Selon Kokola et al, les coûts indirects sont constitués des différentes perturbations secondaires c'est-à-dire les pertes de temps et de production ainsi les dépenses relatives aux salaires et autres avantages accordés sans qu'il n'y ait de contrepartie de travail productif.

2-2. Coûts économiques et sociaux

Parmi les typologies des coûts, celles du Comité de la Sécurité et de la Santé au Travail en Angleterre (1970-72) et celle de Kokola et al. (1988) en Côte d'Ivoire se concentrent sur une classification des coûts selon les agents économiques. Le Comité de la Sécurité et de la Santé au Travail de l'Angleterre (1970-72) identifie les coûts des accidents au niveau de l'entreprise, des mines de charbon et au niveau national. Au niveau de l'entreprise, la nature des coûts est sensiblement la même que celle évoquée jusqu'à présent.

Dans les mines de charbon, une distinction est faite entre les coûts supportés par l'employeur, par l'État et par la communauté en général, comme le fait état le tableau 3.

Au niveau national c'est-à-dire au niveau de l'Angleterre, les estimations des coûts des accidents ont été établies avec des données existantes sur les accidents dans le secteur. Ces estimations conduisent à un coût moyen d'accidents par personne d'environ 13£1. Mais, étant donné les difficultés d'estimation de ces coûts à l'époque, la donnée semble peu pertinente.

Tableau 3 : Typologie de coûts du comité pour la sécurité et la santé du travail en Angleterre

Coût pour l'employeur

Coûts pour l'état

Coût pour la communauté

· Paiement pour maladie en vertu du contrat de travail

· Indemnités versées en vertu des obligations légales

· Coût de remplacement pour un nouvel employé

· Pertes pour l'usine suite à l'accident

· Coût supplémentaire d'assurance des travailleurs

· Coût provenant d'une baisse de moral des travailleurs

· Indemnités versées dans le cade des accidents

· Montant d'éventuelles indemnités supplémentaires

· Coût de l'hôpital et des autres traitements médicaux

· Perte de taxes future de la victime

· Perte de taxe due à une baisse de la profitabilité de l'employeur

· Coûts des enquêtes et des plaintes dans la mesure où elles sont subies par l'employeur

· Perte nette sur les biens et services fournis par la victime

· Coût subis par la victime, les amis, la famille, les compagnies d'assurance et autres acteurs économiques

Sources: committee for safety and health at work, 1972, report of committee 1970-72

Kokola et al. ont répertorié, dans le contexte ivoirien un certain nombre de coûts économiques et sociaux des accidents du travail. En ce qui concerne les coûts économiques pour les employés, Kokola et Al soulignent les répercutions des accidents du travail sur l'activité et le revenu du travailleurs. Pour ces auteurs, les accidents du travail entraînent des atteintes à l'intégrité physique ou mentale et à la santé du travailleur. Ces atteintes se manifestent selon eux sous la forme de fractures, de cécité, d'altération mentale etc. Ils exposent également les coûts relatifs à la perte du revenu du travailleur.

ANALYSE DES FACTEURS EXPLICATIFS DES ACCIDENTS DU TRAVAIL

La littérature en matière de sécurité de travail n'est pas très abondante en Côte d'Ivoire. Et lorsqu'il s'agit de recenser les recherches qui ont porté sur les variables socio-professionnelles, individuelles ou organisationnelles et à fortiori dans les entreprises du secteur privé, leur nombre chute de façon importante. Aussi, la majorité des recherches recensées dans le cadre de la présente étude concernant les facteurs explicatifs de la survenance des accidents de travail, porte-elle essentiellement sur des études faites dans d'autres pays. Dans cette section, il sera successivement présenté les variables considérées et les résultats obtenus.

3-1. Variables socio-professionnelles

Deux (2) variables socio-professionnelles ont été fréquemment évoquées dans l'analyse du processus accidentel. Ce sont le corps d'emploi et le statut professionnel.

3-1-1. Corps d'emploi

Bien que la terminologie varie selon le pays et l'équipe de chercheurs, le type d'emploi occupé par le travailleur apparaît comme un des facteurs associés au processus accidentel dans les entreprises.

En effet, il ressort des différentes recherches consultées que certains corps d'emploi sont plus à risque alors que d'autres présentent une probabilité plus élevée de subir une lésion sévère. Notons cependant que les résultats des différentes recherches révèlent une certaine hétérogénéité pour ce qui est des corps d'emploi les plus à risque.

Ainsi, Hunting et al. ont fait observer l'incidence du corps d'emploi sur le risque d'accident du travail (HUNTING et al, 1994). Leur étude a porté sur le secteur de l'industrie de la construction pour lequel ils identifient les manoeuvres, les électriciens et les plombiers comme les corps d'emploi à risque plus élevé. Malheureusement, l'absence de dénominateurs limite la portée de cette étude.

(KISNER et al, 1994), pour leur part, ont observé que les opérateurs de machinerie lourde sont les corps d'emploi les plus à risque comparativement aux autres travailleurs de ce même secteur d'activité.

3-1-2. Statut professionnel

Plusieurs études évoquent l'incidence du statut professionnel sur le processus accidentel. La classification des emplois selon le statut professionnel se fait souvent sous deux angles : emplois qualifiés et non qualifiés, ou par catégories professionnelles. Ainsi, selon GINGRAS et al. (1996), les emplois qualifiés occupés par ceux qui exercent un métier sont les moins exposés aux risques d'accidents du travail. Par contre, les accidents du travail surviennent fréquemment chez les travailleurs non qualifiés.

On observe à travers d'autres études que les cadres sont les moins exposés aux risques d'accident.

La recherche la plus pertinente concernant l'incidence du statut professionnel est de loin celle de WISNIEWSKI (1976) qui a étudié les accidents du travail mortels survenus en France. Il souligne que globalement que les apprentis, les manoeuvres et les ouvriers spécialisés subissent 2 fois plus d'accidents mortels que les ouvriers qualifiés ou hautement qualifiés. Il observe que le premier groupe compte 24,1% des effectifs globaux, mais 44,3% des accidents mortels. WISNIEWSKI soutient que cette situation est attribuable à l'ignorance des travailleurs non qualifiés.

3-2. Variables organisationnelles

Les variables organisationnelles retenues dans la plupart des études concernant le processus accidentel au sein des entreprises sont l'intensité du travail, la taille de l'entreprise et le secteur d'activité.

3-2-1. Intensité du travail

La notion d'intensité du travail peut être assez large. La majorité des études la restreignent par conséquent au nombre d'heures travaillées. SALMINEN et al.(1993) ont tenu compte de plusieurs facteurs pouvant causer des accidents dont la pression engendrée par des échéanciers serrés et le nombre élevé d'heures de travail. Ils concluent que les facteurs les plus importants sont la nécessité de sauver du temps, le calendrier de travail très serré, et enfin l'imprudence des travailleurs.

KUMAR (1991) dans une étude menée en Alberta a observé qu'une part importante des accidents survient à l'occasion de travail de plus de 8 heures par jour.

WISNIEWSKI (1976), pour sa part estime que les horaires les plus lourds sont ceux où l'on retrouve le plus d'accidents mortels et que des délais de livraison trop courts engendrent des cadences de travail très rapides susceptibles d'entraîner des imprudences de la part des travailleurs.

3-2-2. Taille de l'entreprise

L'association entre la taille de l'entreprise et la survenue des accidents est souvent soulignée par certains auteurs. Bien qu'il n'existe aucune étude visant à déterminer la taille optimale en dessous de laquelle le risque serait acceptable, plusieurs recherches ont évoqué la liaison entre la taille de l'entreprise et le risque d'accident. SURUDA et al., (1988) et SALMINEN ont affirmé qu'il existe une relation négative entre la taille de l'entreprise et le risque d'accident. Les opinions de ces auteurs sont fondées sur le fait que les grandes entreprises disposent de plus de moyens pour investir dans la prévention que les petites entreprises. De plus, il semble que le taux de roulement de la main-d'oeuvre dans les petites entreprises est plus élevé que dans les grandes entreprises.

En somme, ces auteurs montrent que la fréquence d'accident du travail est plus élevée dans les petites entreprises que celles de grandes tailles.

3-2-3. Secteur d'activité

Le secteur d'activité est également un facteur explicatif de la survenue des accidents. Un grand nombre d'auteurs ont axé leurs études sur un secteur particulier d'activité. Cependant, une étude comparative des accidents du travail par secteur révèle que certains secteurs sont plus exposés aux risques d'accidents du travail que d'autres.

3-3. Caractéristiques individuelles

Plusieurs études soulignent l'incidence des caractéristiques individuelles des travailleurs sur le processus accidentel au sein des entreprises. Parmi celles-ci, les plus couramment évoquées sont : l'âge, le sexe et l'expérience.

3-3-1. Âge

L'âge du travailleur est autre facteur que plusieurs auteurs ont étudié en lien avec les accidents du travail notamment dans les entreprises du secteur privé. Les résultats des différentes recherches consultées indiquent que certaines catégories d'âge constituent des groupes à risque. Kumar (1991), par exemple, estime que dans l'industrie de la construction au Québec, 60 à 70% des victimes d'accidents ont moins de 35ans. En ce qui a trait à la sévérité des accidents survenus dans le même cadre, les classes d'âge de moins de 35ans et de plus de 60ans sont victimes des accidents les plus graves.

Le BIT estime également sur la base d'études faites aux Etats-Unis que les jeunes travailleurs sont sujets aux accidents du travail que leurs aînés. (BIT, 1984)

3-3-2. Sexe

Le BIT estime que les jeunes hommes ont environ deux fois plus d'accidents que les jeunes femmes. Le sexe serait donc un facteur explicatif de la survenance des accidents du travail ; les femmes étant plus prudentes que les hommes (BIT, 1984). En effet, des études menées par cet organisme ont révélé que les hommes ont deux fois plus risque d'avoir un accident que les femmes.

3-3-3. Expérience

A propos de l'expérience, certains auteurs se sont intéressés à ce facteur dans l'étude de la survenue d'évènements accidentels.

Ils montrent en effet qu'il s'agit d'un facteur très important. Ils dissocient cependant l'expérience dans la tâche, qui s'apprécie à travers le nombre d'années que le travailleur passe à accomplir la même tâche, de l'expérience dans la profession qui a trait au nombre d'années dans une même profession. Il semble en fait que l'expérience dans la tâche est plus importante que l'expérience dans la profession (SALMINEN et al, 1993). Par conséquent, l'expérience constitue un facteur de protection (LEES et al, 1989). WISNIEWSKI (1976) pour sa part soutien que la mobilité de la main-d'oeuvre est un facteur structurel aggravant car une forte mobilité de la main d'oeuvre raccourcit considérablement l'expérience dans la tâche.

3-4. Caractéristiques des accidents

Bien que l'on observe une certaine variation d'une étude à l'autre, ce groupe de facteurs explique une bonne part de la sévérité des lésions (GINGRAS et al, 1996). Ce constat n'est pas étonnant compte tenu de leur interdépendance. Les considérer revêt une grande importance puisque certains facteurs, tels le corps d'emploi et la tache exercée, déterminent potentiellement leur niveau de risque plus précisément par rapport au siège et à la nature de la lésion, de même qu'au genre d'évènement qui est à l'origine de la lésion.

3-4-1. Siège et nature des blessures

Le siège et la nature des blessures sont sans contredit les facteurs qui reviennent le plus souvent dans les différentes études consultées pour décrire les accidents. En fait, à travers les études, principalement celles qui s'intéressent à la sévérité des accidents, le siège et la nature des lésions sont généralement les facteurs qui expliquent le plus souvent la sévérité des blessures (CHEADLE et al, 1994).

3-4-2. Genre d'accident

Le genre d'accident est également associé au processus accidentel et plus particulièrement à la sévérité des accidents. Aussi, les auteurs qui ont mis l'emphase sur les accidents mortels accordent-ils beaucoup d'importance à ce facteur. Les chutes sont à l'origine d'une importante proportion d'accidents mortels (HUNTING et al, 1994). Et on les retrouve également en forte proportion dans les accidents moins graves.

Dans une étude sur les accidents mortels, WISNIEWSKI (1976) a traité le genre d'accident dans la perspective où le travailleur participait à l'action au cours de laquelle est survenu l'accident, ou au contraire, n'avait aucune participation dans le processus accidentel.

Il s'agit en effet, d'une façon originale, de considérer le genre d'accident d'autant plus que cet auteur établit un lien entre le genre d'accident ainsi défini et la notion de qualification professionnelle. De plus, il souligne que les victimes passives sont majoritairement des travailleurs mobiles, qui se déplacent beaucoup sur leurs sites de travail. Il ajoute que ces derniers sont généralement à ce poste depuis peu de temps.

2. MODELISATION ECONOMETRIQUE DES FACTEURS EXPLICATIFS DES ACCIDENTS DE TRAVAIL

Les probabilités individuelles d'accidents du travail ont été estimées dans la majeure partie des études évoquées plus haut par un modèle économétrique multivarié. Le modèle économétrique utilisé pour exprimer la fréquence individuelle d'accident est le modèle de Poisson généralisé ou binomiale négative. En effet, ce modèle a permis à ces auteurs de tenir compte à la fois des facteurs explicatifs précédemment évoqués et du fait que les variances individuelles d'accident peuvent être de différentes moyennes (BOYER, DIONNE et VANASSE, 1992).

Ce modèle a été dans l' « étude de l'influence de certaines caractéristiques entreprises et du secteur de la construction sur les accidents du travail » (GRINGAS et al. 1996) et « l'analyse des facteurs qui expliquent les taux et les gravités des accidents routiers impliquant les chauffeurs professionnels au Québec » (DIONNE et al., 1995)

DEUXIEME PARTIE :

Chapitre I: METHODOLOGIE DE L'ETUDE

Dans ce chapitre, il sera présenté la méthode qui a guidé la réalisation de cette étude. Après un bref rappel de la provenance des données utilisées et de leur nature, nous abordons la description de la population étudiée, puis il est présenté une définition opérationnelle des différentes variables étudiées. Enfin nous décrivons la procédure d'analyse.

SOURCES ET QUALITE DES DONNEES

Les données utilisées proviennent de la base de donnée de la CNPS. En effet la CNPS dispose d'une base de données. Elle contient des informations sur l'ensemble des salariés du secteur privé. Ces informations portent également sur les différentes prestations offertes par la Caisse. En ce qui concerne les accidents du travail, cette base renseigne sur le siège des différentes lésions, sur certaines caractéristiques sociodémographiques des travailleurs, et sur le nombre d'accidents par individus etc. mais elle ne regorge que peu d'informations sur les entreprises notamment sur la taille, sur l'intensité du travail.

1. POPULATION DE L'ETUDE ET ECHANTILLON

Il sera présenté ici la population de l'étude et ensuite l'échantillon sur laquelle a porté notre étude.

2-1. Population de l'étude

La population visée par l'étude est l'ensemble des salariés du secteur privé en Côte d'Ivoire. L'effectif global des travailleurs de ce secteur déclarés à la CNPS est de 424143 salariés. Les entreprises déclarées à la CNPS sont au nombre de 13259.

2-2. Echantillon

Pour recueillir les données devant servir à la présente étude, nous avons adressé un courrier au département du système d'information de la CNPS qui nous a transmis une base constituée de 5069 travailleurs du secteur privé. En ce qui concerne la procédure de sélection, notons qu'il s'agit de données rétrospectives. Et la procédure de sélection des individus nous est inconnue. Les informations sur les travailleurs portent sur la période du 1er janvier 2003 au 31 décembre 2004. Le choix de cette période se justifie par le fait qu'elle est plus récente et permet de dépeindre une situation plus actuelle.

2-2-1. Répartition de l'échantillon selon l'âge et le sexe

L'échantillon est composé de 76,68% d'hommes et 23,32% de femmes. On observe à travers le tableau 4 que seulement 7,36% des femmes et 4,32% des hommes ont moins de 25 ans. On y remarque aussi une forte concentration des femmes dans les classes d'âge [25,35[ et [35,50[ avec respectivement 46,11% et 46,28% de l'effectif total des femmes au sein de l'échantillon. Les hommes sont également fortement concentrés dans ces deux classes avec 25,21 %et 63,65% de l'effectif total des hommes dans l'échantillon. Au total ces deux classes d'âge renferment 89,68% des individus de notre échantillon. Ce tableau révèle une faible proportion des hommes et des femmes dans la dernière classe d'âge c'est-à-dire celle composée d'individus ayant plus de 50 ans. En effet, on note 0,25% de femmes et 6,82% d'hommes dans cette classe d'âge. Notons enfin que la moyenne d'âge de l'échantillon est de 42 ans

Tableau 4 : Répartition de l'échantillon selon l'âge et le sexe

CLASSES D'AGE

SEXE

HOMMES

FEMMES

EFFECTIFS

POURCENTAGE

EFFECTIFS

POURCENTAGE

Moins de 25 ans

168

4,32

87

7,36

[25,35[

980

25,21

545

46,11

[35,50[

2474

63,65

547

46,28

[50,plus[

265

6,82

3

0,25

TOTAL

3887

100

1182

100

Source : DSI de la CNPS

2-2-2. Répartition de l'échantillon selon le sexe et la catégorie socio-professionnelle

Le test de pearson appliqué au tableau 5 donne pour résultats : Pr = 0,000 La p-value étant inférieure à 5 %, on peut donc affirmer qu'il existe une liaison entre le sexe et la catégorie professionnelle.

Le tableau 5 montre que respectivement 71,83 % et 76,77 % des femmes et des hommes sont des employés. La majorité des travailleurs de l'échantillon sont des employés. On observe toutefois que le pourcentage des travailleurs de sexe féminin qui sont des cadres est plus élevé que celui des hommes. En effet près de 10% des femmes sont des cadres et seulement 4,19 % des hommes le sont. En ce qui concerne les agents de maîtrise, on note 18,19% de femmes et 19,04% d'hommes.

Tableau 5 : Répartition de l'échantillon selon le sexe et la catégorie socio-professionnelle

CATEGORIE PROFESSIONNELLE

FEMMES

HOMMES

Effectifs

pourcentages

Effectifs

pourcentages

CADRE

118

9,98

163

4,19

EMPLOYE

849

71,83

2,984

76,77

MAITRISE

215

18,19

740

19,04

Total

1182

100

3887

100

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

2-2-3. Répartition de l'échantillon selon le sexe et les conditions de travail

Le tableau 6 laisse apparaître une forte concentration des femmes dans les emplois peu dangereux. En effet, 1021 soit 86,38% des femmes occupent des emplois peu dangereux et seulement 13,45% occupent un emploi dangereux. Les hommes occupent la majorité des emplois dangereux soit 86,58% de l'ensemble de ces emplois. 52,66% des hommes ont des emplois peu dangereux et 20,94% des emplois intermédiaires. On peut par conséquent, retenir à l'analyse du tableau 6 que la plupart des femmes sont concentrées dans des emplois peu dangereux où le risque d'accident est faible.

Tableau 6 : Répartition de l'échantillon selon le sexe et les conditions de travail

CONDITIONS

SEXE

TOTAL

HOMMES

FEMMES

EFFECTIFS

PROPORTIONS

(%)

EFFECTIFS

PROPORTIONS

(%)

PEU DANGEREUX

2047

52,66

1021

86,38

3068

INTERMEDIAIRE

814

20,94

2

0,17

816

DANGEREUX

1026

26,4

159

13,45

1185

TOTAL

3887

100

1182

100

5069

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

Fisher's exact = 0,000

Le test de Fisher donne une p-value inférieure à 5% on peut donc affirmer qu'il existe une liaison entre le sexe et les conditions de travail.

2-2-4. Répartition de l'échantillon selon le sexe et le secteur d'activité

Le test de Pearson révèle qu'il existe une liaison entre le secteur d'activité et le sexe des travailleurs. (Pearson chi2 (8) = 525.8242 Pr = 0,000)

Le tableau 7 présente la répartition de l'échantillon selon le sexe et le secteur d'activité. Il révèle que 47,72 % des femmes soit près de la moitié des femmes sont dans le commerce. On y observe également que 29,95% des femmes travaillent dans l'industrie. Les femmes sont alors regroupées dans l'industrie et le commerce mais majoritairement dans le commerce. Elles sont peu nombreuses dans le secteur du bâtiment, dans le transport, l'électricité et la foresterie avec moins de 1%. La plupart emplois de ces secteurs requièrent souvent une certaine aptitude physique. Les hommes sont beaucoup plus concentrés dans le secteur industriel (40,93% de l'ensemble des hommes dans l'échantillon). On note respectivement 14,36%, 18,7% et 11.86 d'hommes dans l'agriculture, le commerce, le transport.

Tableau 7 : Répartition de l'échantillon selon le sexe et le secteur d'activité

D'ACTIVITE

FEMMES

HOMMES

Effectifs

Pourcentages

Effectifs

Pourcentages

AGRICOLE

100

8,46

558

14,36

AUTRES

52

4,4

223

5,74

BATIMENT

6

0,51

97

2,5

COMMERCE

564

47,72

727

18,7

ELECTRICITE

10

0,85

42

1,08

FORESTERIE

10

0,85

72

1,85

INDUSTRIE

354

29,95

1591

40,93

MARITIME

76

6,43

116

2,98

TRANSPORT

10

0,85

461

11,86

Total

1182

100

3887

100

Source :DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

2-2-5. Répartition de l'échantillon selon l'âge et la catégorie professionnelle

Le tableau 8 montre que qu'il y a très peu de cadres qui ont moins de 25 ans. Seulement 2,49% de cadres appartiennent à cette classe d'âge. Par contre, on observe que 37,37% des cadres sont dans la classe d'âge [25,35[ et plus de la moitié des hommes dans notre échantillon se situent dans la classe d'âge de [35,50[.

Respectivement 57,07% et 60,27% des agents de maîtrise et des employés se trouvent dans la classe d'âge [35,50[. Respectivement 3,56% et 6,03% des agents de maîtrise et des employés ont 50 et plus.

Tableau 8 : Répartition de l'échantillon selon l'âge et la catégorie professionnelle

AGE

CATEGORIES PROFESSIONNELLES

CADRE

MAITRISE

EMPLOYE

Effectifs

pourcentage

Effectifs

Pourcentage

Effectifs

Pourcentage

Moins de 25 ans

7

2,49

46

4,82

202

5,27

[25,35[

105

37,37

330

34,55

1090

28,44

[35,50[

166

59,07

545

57,07

2310

60,27

[50,plus[

3

1,07

34

3,56

231

6,03

TOTAL

281

100

955

100

3833

100

Source :DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

La tendance est la même dans les trois catégories d'âge : le test de comparaison des proportions effectué sur les différentes proportions révèle que les différentes proportions sont statistiquement identiques (voir annexe I). On observe par conséquent, une répartition identique des individus au sein de chaque catégorie d'âge.

DESCRIPTION DES VARIABLES DE L'ETUDE

Rendre opérationnel le cadre conceptuel de l'étude des facteurs explicatifs de la survenance des accidents du travail nécessite un choix judicieux des variables. Les lignes qui suivent donnent la liste des variables du modèle utilisé pour décrire l'incidence de certains facteurs socio-professionnels et de certains facteurs individuels sur la survenance des accidents du travail dans les entreprises du secteur privé en Côte d'Ivoire.

3-1. Variable dépendante

Dans le cadre de la présente étude nous avons une seule variable dépendante le nombre d'accidents du travail par travailleur pendant la période du 1er Janvier 2003 au 31 décembre 2004. Précisons que les maladies professionnelles ne sont pas considérées dans cette étude et que les accidents mortels c'est-à-dire ayant occasionné la mort de ou des victimes sont pris en compte. Le domaine de cette variable varie entre 0 et 3 accidents par travailleur ce qui justifie le choix du modèle de comptage.

Cette variable est notée « accident »

3-2. Variables indépendantes

Les variables indépendantes considérées sont de deux ordres : variables socio-professionnelles et organisationnelles, et les variables individuelles.

3-2-1. Variables socio-professionnelles et organisationnelles

Les variables socioprofessionnelles et organisationnelles, correspondent à la catégorie professionnelle, au secteur d'activité et aux conditions de travail. Notons par ailleurs que la base de données qui a servi à la présente étude n'a pas permis d'obtenir des informations sur la taille des entreprises et l'intensité du travail en leurs seins.

· La variable « catégorie professionnelle »

La catégorie professionnelle est l'échelle de classification des salariés, couramment admise dans la plupart des entreprises ivoiriennes. Les catégories professionnelles considérées sont : les cadres, les agents de maîtrise, et les employés. Cette variable a pour modalités « cadre », « maîtrise » pour les agents de maîtrise et enfin « employé »

· La variable « secteur d'activité »

Le secteur d'activité est la branche dans laquelle exerce l'entreprise. La classification des entreprises par secteur d'activité retenue dans cette étude procède de celle qui est utilisée par la CNPS. La variable secteur d'activité a 9 modalités qui sont : « agriculture », « transport », « bâtiment », « commerce », « foresterie », « industrie », « électricité », « maritime » et « autres ». Ces modalités sont codifiées

· La variable « conditions de travail »

Dans le cadre de nos analyses, nous avons voulu tenir compte du risque associé à chaque corps d'emploi. Ainsi les différents corps d'emploi ont été choisis en fonction de la classification en vigueur à la CNPS que nous avons quelque peu synthétisée. Nous avons regroupé les différents corps d'emploi en trois catégories : les emplois à fréquence d'accident élevé « dangereux », moyenne « intermédiaire » et faible « peu dangereux ». Cette variable a donc 3 modalités. Cette classification tient compte également de la gravité des accidents survenus dans le corps d'emploi et du secteur d'activité.

3-2-2. Variables individuelles

Les variables individuelles sont les caractéristiques individuelles et professionnelles des travailleurs. Ce sont l'age, l'expérience professionnelle et la nationalité du travailleur.

· L'âge du travailleur

Pour déterminer l'age de chaque individu, nous n'avons considéré que l'année de naissance et l'année du dernier accident. Les travailleurs ont été ensuite regroupés en quatre classes d'age : moins de 25, [25,35[, [35,50[, [50, plus [.

· L'expérience du travailleur

En ce qui concerne l'expérience, nous avons retenu l'expérience dans la profession c'est-à-dire la différence entre l'année d'embauche et l'année du dernier accident. La variable expérience a également plusieurs modalités : <5 pour les personnes de moins de 5 ans, [5,10[, [10,20[, [20,25[, [35,30[ et enfin [30, plus[ pour les individus ayant plus de 30 ans d'expérience.

· La nationalité

La variable nationalité comprend 5 modalités : « ivoirien » qui désigne les individus de nationalité ivoirienne, « CEDEAO » qui caractérise les individus issus de la CEDEAO, « autre africain » pour les africains qui ne sont pas de la CEDEAO, « européen » pour les individus issus de l'Union Européenne, « autre étranger » pour les travailleurs de pays autres que ceux de l'Afrique et de l'Europe.

· Le sexe

Cette variable a deux modalités, homme et femme.

PLAN D'ANALYSE

Il s'agit à ce niveau décrire la méthode d'analyse. Cette démarche d'analyse s'est orientée vers la détermination des facteurs influençant la survenance des accidents du travail dans les entreprises en Côte d'Ivoire parmi les caractéristiques individuelles, socio-professionnnelles du travailleur et certaines caractéristiques de l'entreprise. La présente section décrit les différentes approches d'analyse utilisées dans cette étude et le modèle utilisé.

4-1. Différentes approches

Deux types d'approche ont été utilisés : l'approche descriptive et l'approche explicative. L'approche descriptive a consisté en une série d'analyses uniquement descriptives et cela en prélude à l'analyse explicative. Il s'est agi d'analyser les différents liens ou associations possibles entre chacune des variables indépendantes et la variable dépendante (le nombre d'accidents). Nous avons alors croisé la variable dépendante avec chaque variable indépendante et effectué des tests d'association entre les variables : le test de Fisher (Fisher's exact sous STATA), et le test de Pearson. L'approche explicative ou analyse inférentielle a consisté à vérifier cette association entre ces variables afin de confirmer les tendances observées par l'analyse descriptive. Nous avons eu, alors, recours à la modélisation économétrique des déterminants de la survenance des accidents du travail.

Précisons cependant que l'angle sous lequel nous abordons cette étude n'est pas la prédiction de la survenance des accidents du travail au sein des entreprises du secteur privé en Côte d' Ivoire, mais plutôt une estimation de l'association entre la survenance de ces accidents et les variables indépendantes énumérées plus haut. Pour ce faire, nous avons utilisé le modèle que nous présentons dans le prochain point.

4-2. Modèles économétriques (méthode d'estimation)

Dans la théorie, le nombre d'accidents dont un travailleur est victime dans une période de longueur t (>o) est distribué selon la loi de Poisson. Le nombre d'accidents (Yi) d'un travailleur i dans une période donnée est fonction d'un vecteur de variables exogènes (Xi) représentant les caractéristiques individuelles, socio-professionnelles et organisationnelles (GOURIEROUX et al., 1984 ; CAMERON et TRIVALDI, 1986 ; DIONNE et VANASSE, 1992). La probabilité d'avoir un accident aura la forme suivante :

(1)

Où exp (Xiâ) = E(Yi|Xi) = Var (Yi|Xi) et où E(Yi|Xi) est l'espérance conditionnelle, Var(Yi|Xi) est la variance conditionnelle et â est un vecteur de paramètres à estimer par la méthode du maximum de vraisemblance.

Notons cependant que la restriction « variance égale à la moyenne » n'est pas toujours compatible avec les données. L'hétérogénéité n'est pas toujours captée ou saisie par la composante de la régression (Xiâ).

GOURIEROUX et al, (1984) suggèrent d'étendre le modèle de Poisson en ajoutant un terme aléatoire dans la composante de régression, afin de tenir compte de l'effet de variables non observables ou d'autres effets aléatoires. Si on suppose que exp (åi)=ãi suit une loi Gamma avec la fonction de densité :

ã>0, á>0 (2)

Alors E(ãi) = 1 et var(ãi) = á

Si l'on ajoute le terme aléatoire åi dans l'équation (1), la probabilité individuelle d'avoir accidents devient alors :

(3)

Ou sous la condition définie précédemment sur la distribution de ãi :

(4)

Qui est la distribution Binomiale négative avec E (Yi|Xi) = exp (Xiâ) et Var (Yi|Xi) = exp[ (Xiâ)(1+á exp(Xiâ)], á est alors considéré comme le paramètre de sur-dispersion.

La valeur du paramètre de sur-dispersion á va indiquer lequel des deux modèles (le modèle Poisson et le modèle binomial négatif) est le plus adapté. Le Likelihood-ratio test (LR) sous STATA permet de tester l'hypothèse nulle :. Dans notre cas, il donne une p-value supérieure à 0,05, on accepte alors l'hypothèse nulle. On peut par conséquent, affirmer que á est significativement égale à 0, il n'y a donc pas de sur-dispersion (la variance est statistiquement égale à la moyenne). Le modèle de Poisson n'est donc pas significativement différent de la Binomiale Négative.

Le graphique ci-dessous est l'histogramme du nombre de travailleurs en fonction du nombre d'accident par travailleur sur la période allant du premier janvier 2003 au 31 décembre 2004.

Graphique : Histogramme du nombre d'accidents par travailleur

Source : DSI-CNPS

L'analyse de cet histogramme révèle qu'il pourrait exister « un excès de zéro » c'est-à-dire un nombre assez élevé d'individus n'ayant eu aucun accident. Cette catégorie d'individus constitue 52,26 % du nombre total d'individus dans l'échantillon. Le modèle de Poisson peut être insuffisant pour expliquer tous ces zéros. Il peut alors être intéressant d'utiliser un modèle qui prend en compte simultanément le fait de faire un accident ou non et la fréquence des accidents : le Zero- Inflated-Poisson model (ZIP).

Soit la probabilité de faire un nombre nul d'accident. Cette probabilité est modélisée par un modèle Logit :

(5)

Le vecteur représente les caractéristiques individuelles, socio-professionnelles et organisationnelles.

La densité de la distribution ZIP s'écrit :

(6)

Si y > 0

La statistique de Vuong permet de tester l'hypothèse non emboîtée du choix du modèle Zero-Inflated-Poisson contre le modèle de Poisson. La statistique de Vuong (calculée à partir du logiciel STATA) donne pour valeur 20,13 et la p-value du test est de 0,000 qui est inférieur à 0,05. On rejette l'hypothèse nulle, et on accepte l'hypothèse alternative : le modèle ZIP est préférable au modèle Poisson. Ce choix est confirmé par les critères d'information : critère d'Akaike (AIC) et BIC (voir annexe 2) : dans les deux cas le modèle ZIP est celui qui fournit un critère minimal. La survenue des accidents au sein des entreprises du secteur privé en Côte d'Ivoire sera par conséquent modélisée par le Zero-Inflated-Poisson.

L'analyse inférentielle consistera d'abord à vérifier si les paramètres â des variables exogènes sont significatifs, c'est-à-dire à vérifier si les probabilités individuelles d'accidents sont fonction des caractéristiques socio-professionnelles, individuelles et organisationnelles évoquées plus haut. Ensuite, l'analyse des Incidence Rate Ratios (IRR) permettra d'estimer le risque relatif lié à chaque variable. Enfin l'examen des effets marginaux donnera la contribution de chaque variable au processus accidentel.

Chapitre II : RESULTATS DE L'ETUDE

Dans le présent chapitre nous présentons les résultats des analyses visant à décrire et à modéliser la survenance des accidents du travail dans les entreprises du secteur privé en Côte d'Ivoire. Ce chapitre sera organisé en deux parties à savoir : une première partie consacrée à l'analyse descriptive des résultats de l'étude et une seconde partie qui porte sur une analyse explicative de ces résultats.

ANALYSE DESCRIPTIVE

Rappelons qu'il s'agit à ce niveau de décrire le lien entre la variable dépendante c'est-à-dire le nombre d'accidents et chacune des variables explicatives (le sexe, l'age, la catégorie professionnelle, l'expérience, le secteur d'activité, la nationalité, le corps d'emploi) afin de faire apparaître certaines tendances qui pourront être confirmées ou infirmées par une analyse explicative. Certains résultats sont consignés à l'annexe 3.

1-1. Analyse de la répartition des individus selon le nombre d'accidents et le sexe

Le test de liaison entre les variables sexe et accidents de Fisher donne une p-value inférieur à 5%. On peut affirmer qu'il y a une liaison significative entre la variable sexe et la variable accidents. Le sexe sera par conséquent intégré dans le modèle.

On observe à travers le tableau 9 que 1018 femmes, soit 86,13% de l'ensemble des femmes dans l'échantillon n'ont eu aucun accident pendant la période de l'étude. 12,35% des femmes ont un accident et seulement 1% des femmes ont été victimes de 2 accidents sur la période l'étude. En somme, seulement 13,87% de femmes ont eu au moins un accident et aucune femme n'a été victime de trois accidents sur la période. Cette forte concentration des femmes dans la catégorie des personnes non accidentées pourrait trouver son explication dans le fait que les femmes occupent en majorité des emplois peu dangereux (tableau 6)

Tableau 9 : Répartition des individus selon le nombre d'accidents et le sexe

 ACCIDENTS

FEMMES

HOMMES

Effectifs

Pourcentages

Effectifs

Pourcentages

0

1018

86,13

1631

41,96

1

146

12,35

1832

47,13

2

18

1,52

320

8,23

3

0

0

104

2,68

Total

1182

100

3887

100

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

41,96% des hommes n'ont eu aucun accident dans la période sur laquelle porte la présente étude. Le tableau 9 montre que 58,04% des hommes ont eu au moins un accident avec 47,13% d'individus ayant eu un seul accident. On note contrairement à ce qui a été observé chez les femmes que les hommes sont concentrés dans la catégorie des personnes accidentées.

L'analyse de la répartition du nombre d'accidents (tableau 10) révèle que 6,14 % des accidents ont pour victimes des femmes. Les hommes sont impliqués dans 93,86 % des accidents du travail. De plus, le taux d'accident des hommes est de 0,72 accident par homme environ 5 fois plus élevé que celui des femmes qui est de 0,15 accident par femme. Cette tendance qui transparaissait déjà à travers l'analyse de la répartition des individus, est également observée dans l'analyse de la répartition des accidents selon le sexe.

Tableau 10: Répartition des accidents selon le sexe

SEXE

NOMBRE D'ACCIDENTS

POURCENTAGE

TAUX D'ACCIDENT

FEMMES

182

6,14

0,15

HOMMES

2784

93,86

0,72

Total

2966

100

0,59

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

En somme le nombre d'accident est lié au sexe : les femmes sont moins exposées au risque d'accident que les hommes.

1-2. Analyse de la répartition des individus selon le nombre d'accidents et la classe d'âge

Le tableau 11 présente la répartition des individus de l'échantillon selon le nombre d'accidents et la classe d'âge. Le test de liaison entre les variables âge et accident de Fisher donne une p-value égale à 0,000 inférieur à 0,05. On peut donc affirmer que l'âge et la survenue d'accident sont liés. Le tableau 11 révèle qu'une proportion relativement infirme soit 4,71% de travailleurs ayant moins de 25 ans, n'a eu aucun d'accident au cours de la période sur laquelle porte la présente étude. Par conséquent, plus de 95% des individus de cette classe d'âge a eu au moins un accident sur la période.

Tableau 11: Répartition des individus selon le nombre d'accidents et la classe d'âge

ACCIDENTS

CLASSES D'AGE (%)

TOTAL

Moins de 25 ans

[25,35[

[35,50[

[50, plus[

0

4,71

58,1

57,8

1,87

52,26

1

27,84

38,69

41,64

22,01

39,02

2

47,45

2,69

0,46

60,45

6,67

3

20

0,52

0,1

15,67

2,05

TOTAL

100

100

100

100

100

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

De plus, on note au sein de cette classe, 67,45% de personnes ayant eu au moins 2 accidents. Le risque d'accident est donc assez élevé au sein de cette classe d'âge. En somme, les travailleurs ayant moins de 25 ans semblent être sujet à un risque élevé d'accident.

On observe, en outre, au tableau 11 de fortes proportions de travailleurs n'ayant pas fait d'accidents dans les classes d'âge [25,35[ et [35, 50[ avec respectivement 58,1% et 57,8% . On observe que très peu de travailleurs de ces deux classes d'âges ont plus d'un accident. Le risque d'accident semble être relativement faible pour les individus de ces deux classes d'âge.

La classe d'âge constituée de travailleurs de 50 ans et plus est celle qui enregistre la plus faible proportion de personne n'ayant fait aucun accident (1,87%) et la plus forte proportion de personne ayant eu au moins deux accidents sur la période (76,12%). Par conséquent, cette classe d'âge semble être beaucoup plus sujette aux accidents que les autres classes.

Pour confirmer ou infirmer ces tendances observées au tableau 11, il convient de procéder à l'analyse du taux de fréquence de ces accidents et de la répartition des accidents en fonction de la classe d'âge (tableau 12)

Tableau 12 : Répartition des accidents selon la classe d'âge

CLASSES D'AGE

NOMBRE D'ACCIDENTS

POURCENTAGE

TAUX D'ACCIDENT

Moins de 25 ans

466

15,71

1,83

[25,35[

696

23,47

0,46

[35,50[

1295

43,66

0,43

[50, plus[

509

17,16

1,90

Total

2966

100

0,59

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

Le tableau 12 montre un taux d'accident assez élevé pour les travailleurs de moins de 25 ans et ceux de 50 ans et plus. En effet, ces deux classes enregistrent en moyenne sur la période, respectivement 1,83 et 1,9 accidents par travailleurs. Comme cela a été précédemment observé, ces deux classes sont beaucoup plus sujettes aux accidents. Avec un taux d'accident plus élevé pour les individus les plus âgés.

En ce qui concerne les individus ayant entre 25 et 50 ans, on observe que leur taux d'accidents est relativement faible. On peut donc affirmer que les individus de ces classes, sont moins sujets aux accidents que les individus les plus jeunes et ceux les plus âgés. Qu'est ce qui pourrait expliquer cela ?

Le tableau 13 montre une forte concentration des individus de moins de 25 ans et ceux de 50 ans et plus dans les emplois dits dangereux. En effet, ces classes d'âge enregistrent en leur sein, respectivement 92,16% et 94,4% d'individus travaillant dans des conditions dangereuses.

Tableau 13 : Répartition des classes d'âge selon les conditions de travail

CONDITIONS

CLASSES D'AGE

Moins de 25 ans

[25,35[

[35,50[

[50, plus[

PEU DANGEREUSES

4,71

58,56

71,14

5,22

INTERMEDIAIRES

3,14

0

26,71

0,37

DANGEREUSES

92,16

41,44

2,15

94,4

TOTAL

100

100

100

100

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

Les travailleurs ayant entre 25 et 50 ans dans notre échantillon occupent quant eux généralement des emplois peu dangereux. Ce facteur pourrait peut être expliquer cet état de fait.

Il convient de retenir que les travailleurs les plus jeunes et les travailleurs les plus âgés sont les plus exposés au risque d'accident du travail.

1-3. Analyse de la répartition des individus selon le nombre d'accidents et la nationalité

Le test de liaison de Fisher entre les variables appliqué au tableau 14 a donné les résultats suivants : Une p-value = 0,033 donc inférieur à 0,05 on peut donc affirmer qu'il existe une forte présomption de liaison entre la nationalité et le nombre d'accidents. Le tableau 14 montre que pour toutes les nationalités, plus de 40% des individus n'ont été victimes d'aucun accident au cours de la période de référence. On y remarque également que 68% des européens ont moins d'un accident. Le risque d'accident est moins élevé chez les européens que chez les autres nationalités. Ensuite viennent les ressortissants de la CEDEAO qui enregistrent en leur sein 53,87 % d'individus qui n'ont pas eu d'accident. Pour toutes les nationalités, on note une forte proportion d'individu ayant un accident. Il convient donc d'analyser la répartition du nombre d'accidents.

Tableau 14 : Répartition des individus selon le nombre d'accidents et la nationalité

ACCIDENTS

NATIONALITÉ

IVOIRIEN

CEDEAO

AUTRE

AFRICAIN

EUROPEEN

AUTRE

0

51,94

53,87

40,91

68

45,45

1

39,28

38

40,91

20

54,55

2

7,03

4,38

18,18

12

0

3

1,76

3,75

0

0

0

TOTAL

100

100

100

100

100

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

Le tableau 15 révèle que le pourcentage des accidents est faible chez les autres étrangers. Cependant le taux d'accident le plus faible est celui des européens avec 0,44 accident par travailleurs. Le taux d'accident le plus élevé est celui des autres africains avec un taux de 0,77. Les ivoiriens enregistrent un taux qui est égal au taux de l'ensemble de l'échantillon : 0,59 accidents par travailleur par année.

Tableau 15 : Taux d'accident selon de la nationalité

NATIONALITÉ

ACCIDENTS

POURCENTAGE

TAUX D'ACCIDENT

IVOIRIEN

2468

83,21

0,59

CEDEAO

464

15,64

0,58

AUTRE AFRICAIN

17

0,57

0,77

EUROPEEN

11

0,37

0,44

AUTRE ETRANGER

6

0,20

0,55

Total

2966

100

0,59

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

Il ressort, de l'analyse du tableau 15 que le taux d'accident est légèrement plus élevé chez les autres africains c'est-à-dire chez les africains non ressortissants de la CEDEAO, ensuite viennent les ivoiriens et le taux le plus faible est celui des européens. Mais tous les taux sont inférieurs à 1. Aucune tendance forte ne ressort de l'analyse de ces deux tableaux.

1-4. Analyse de la répartition des individus selon le nombre d'accidents et la catégorie professionnelle

La p-value de la statistique de Fisher appliqué au tableau 16 est égale à 0,000, on peut donc affirmer qu'il existe une liaison entre la variable catégorie professionnelle et la variable accident

Tableau 16 : Répartition des individus selon le nombre d'accidents et la catégorie professionnelle

ACCIDENTS

CATEGORIE PROFESSIONNELLE

CADRE

EMPLOYE

MAITRISE

0

91,1

51,4

44,29

1

8,9

39,13

47,43

2

0

7,02

7,23

3

0

2,45

1,05

Total

100

100

100

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

La lecture du tableau 16 révèle que 91,1 % des cadres n'ont eu aucun accident. Le fait d'appartenir à la catégorie professionnelle cadre réduit donc considérablement le risque d'accident. Notons également qu'aucun cadre n'a eu plus d'un accident sur toute la période. On y observe que 48,6% des employés et 56,71% des agents de maîtrise ont eu au moins un accident. Le risque d'accident semble donc être plus accru pour les agents de maîtrise que pour les employés.

Cette situation s'explique par le fait que les cadres sont concentrés dans des emplois peu dangereux et que très peu de cadres occupent un emploi dangereux. Cela confirme qu'appartenir à cette catégorie professionnelle réduit le risque d'accident. On constate à travers le tableau 17 que près de 60% des employés occupent des emplois peu dangereux. Seulement 24,21% des employés travaillent dans des conditions dangereuses. Même si les proportions diffèrent, la situation est identique à celle des agents de maîtrise. 56,02% des agents de maîtrise travaillent dans des conditions peu dangereuses.

Tableau 17 : Répartition des catégories professionnelles en fonction

CONDITIONS

CATEGORIES PROFESSIONNELLES

TOTAL

CADRE

MAITRISE

EMPLOYE

PEU DANGEREUSES

93,59

56,02

59,22

60,52

INTERMEDIAIRES

4,27

17,7

16,57

16,1

DANGEREUSES

2,14

26,28

24,21

23,38

TOTAL

100

100

100

100

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

La condition de travail semble être un facteur important dans la survenue des accidents du travail.

Le tableau 18 indique que les cadres sont impliqués dans seulement 0,84% des accidents survenus au cours de la période l'étude. Les employés sont impliqués dans 78,22% des accidents. Le taux d'accident est de 0,09 accident par travailleur en ce qui concerne les cadres. Celui des employés est de 0,61 accident par travailleur et 0,65% pour les agents de maîtrise.

Tableau 18 : Taux d'accident selon la catégorie professionnelle

CATEGORIES PROFESSIONNELLES

ACCIDENTS

POURCENTAGE

TAUX D'ACCIDENT

CADRE

25

0,84

0,09

EMPLOYE

2320

78,22

0,61

AGENT DE MAITRISE

621

20,94

0,65

TOTAL

2966

100

0,59

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

Cela confirme la tendance observée à travers l'analyse de la répartition des individus : Le fait d'appartenir à la catégorie professionnelle cadre semble réduire considérablement le risque d'accident. L'analyse de la répartition du nombre d'accidents laisse apparaître des taux d'accidents assez élevé chez les employés et chez les agents de maîtrise.

.

1-5. Analyse de la répartition des individus selon le nombre d'accidents et le secteur d'activité

Le tableau 19 montre que 87,45 % des individus du secteur commercial et 79,64% des individus issus des autres secteurs non mentionnés n'ont pas été victimes d'accident. Ces deux secteurs sont donc des secteurs où le risque d'accident est très faible. Les secteurs qui comptent les plus petites proportions de personnes non accidentées sont le secteur du bâtiment, l'agriculture et l'industrie qui comptent respectivement 33,33%, 37.69% et 34,64% de non accidentés. Ces secteurs sont des secteurs relativement risqués. Le bâtiment compte 66,67% de travailleurs victimes d'au moins un accident avec la proportion la plus élevée de travailleurs ayant eu trois accidents (15%).

Tableau 19: Répartition des individus selon le nombre d'accidents et le secteur d'activité

ACCIDENTS

SECTEUR D'ACTIVITE

AGRIC

AUTRES

BATI

COM

ELEC

FORE

INDUS

MARIT

TRANS

0

37,69

79,64

33,33

87,45

38,46

50

34,64

52,08

39,07

1

57,9

16,36

34,31

11,08

42,31

28,05

54,06

22,4

49,68

2

4,26

4

16,67

1,32

19,23

14,63

8,89

17,71

7,64

3

0,15

0

15,69

0,15

0

7,32

2,42

7,81

3,61

Total

100

100

100

100

100

100

100

100

100

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

50% des travailleurs du secteur de la foresterie ont eu au moins accident. Ce secteur compte 21,95% de travailleurs ayant au moins deux accidents. Cette proportion élevée de personnes ayant au moins 2 accidents révèle que le risque d'accident existe dans ce secteur. Quant au secteur maritime, il compte 25,52 % de travailleurs qui ont eu au moins 2 accidents.

Par ailleurs, le test de liaison entre les variables de Fisher donne une p-value = 0,004 inférieur à 5%. Il y a donc une liaison entre le secteur d'activité et la variable accidents.

Le tableau 20 donne la répartition des accidents et le taux d'accident selon le secteur d'activité. Ainsi le tableau révèle que le secteur agricole renferme en son sein 14,83 % du nombre total des accidents survenus pendant la période.

Tableau 20 : Taux d'accident selon le secteur d'activité

SECTEUR D'ACTIVITE

NOMBRE D'ACCIDENT

FREQUENCE

TAUX D'ACCIDENT

AGRICOLE

440

14,83

0,67

AUTRES

67

2,26

0,24

BATIMENT

117

3,94

1,15

COMMERCE

183

6,17

0,14

ELECTRICITE

42

1,42

0,51

FORESTERIE

65

2,19

0,79

INDUSTRIE

1539

51,89

0,79

MARITIME

156

5,26

0,81

TRANSPORT

357

12,04

0,76

Total

2966

100

0,59

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

Le secteur industriel a enregistré plus de la moitié des accidents. En somme, les secteurs qui ont enregistré le plus grand nombre d'accidents sont : l'agriculture, le bâtiment, l'industrie, le transport. Mais l'examen du taux d'accident montre que les secteurs à risque sont : le bâtiment avec 1,15 accidents par travailleur, le secteur maritime avec 0,81, la foresterie avec 0,79, et le secteur industriel avec 0,79, et le secteur du transport 0,76. L'appartenance à ces secteurs accroît le risque d'accident. Le secteur du commerce est le secteur dans lequel le taux d'accident est le plus faible avec 0,14 accident par travailleur.

1-6. Analyse de la répartition des individus selon le nombre d'accidents et l'expérience professionnelle

Le tableau 21 décrit la répartition des travailleurs selon le nombre d'accident dont ils ont été victimes au cours des deux années sur lesquelles porte la présente étude. Le test de Fisher révèle une forte présomption de liaison entre l'age des travailleurs et la survenue d'accident. La p-value est inférieur à 0,05.

94,42 % des travailleurs ayant moins de 5 ans d'expérience ont eu au moins 1 accident au cours de la période du 1er Janvier 2003 au 31 décembre 2004. Le fait d'avoir moins de 5 ans d'expérience dans la profession semble être un facteur qui accroît le risque d'accident du travail. La majeure partie des travailleurs ayant moins de 5 ans d'expérience soit 64,22% ont eu 1 accident. La situation est presque similaire pour les individus ayant entre 5 et 10 ans d'expérience professionnelle qui compte près de 73,68 % de travailleurs ayant fait au moins 1 accidents. Les individus ayant entre 10 et 20 ans d'expérience et ceux ayant entre 20 et 25 ans d'expérience ont les plus grandes proportions d'individus n'ayant pas été victimes d'accident au cours de la période, avec respectivement 83,21% et 65,39%. Avoir entre 10 et 25 ans d'expérience dans la profession réduit le risque d'accident du travail. Ce qui parait assez curieux c'est le fait que 86,49 % des individus de plus de 30 ans d'expérience professionnelle ont eu au moins 2 accidents pendant la période.

On ne peut donc conclure à une corrélation négative entre l'expérience professionnelle et le nombre d'accidents du travail. Le risque d'accident du travail est élevé pour les personnes qui ont moins de 10 ans et plus de 30 ans d'expérience professionnelle.

Tableau 21 : Répartition des travailleurs selon l'expérience professionnelle et le nombre d'accidents par individu

ACCIDENTS

EXPERIENCE PROFESSIONNELLE

< 5

[5,10[

[10,20[

[20,25[

[25,30[

[30,+[

0

5,58

26,32

83,21

65,39

45,39

9,46

1

64,22

57,12

16,48

34,39

50

4,05

2

19,9

10,14

0,31

0,22

3,67

85,14

3

10,3

6,43

0

0

0,94

1,35

Total

100

100

100

100

100

100

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur.

Le tableau 22 confirme les observations faites sur le tableau 21. Les travailleurs ayant moins de 10 ans et plus de 30 ans d'expérience professionnelle sont plus exposés au risque d'accident du travail. Le risque d'accident semble relativement faible pour les individus qui ont entre 10 et 30 ans d'expérience professionnelle. Leurs taux d'accident sont en dessous de celui de l'ensemble des individus qui est de 1,55 accidents par travailleur.

Tableau 22 : Taux d'accident selon l'expérience professionnelle

EXPERIENCE

NOMBRE D'ACCIDENTS

FREQUENCE

TAUX D'ACCIDENT

Moins de 5 ans

773

26,06

1,35

[5,10[

496

16,72

0,97

[10,20[

166

5,60

0,17

[20,25[

627

21,14

0,35

[25,30[

640

21,58

0,60

[30,+[

264

8,90

1,78

Total

2966

100

0,59

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

ANALYSE EXPLICATIVE

Dans la présente section nous présentons les résultats de l'analyse visant à modéliser la survenance des accidents. Mais avant, nous présenterons les différents tests d'adéquation du modèle.

2-1. Tests

Pour juger de la qualité d'ajustement du modèle, nous avons effectué : le test du rapport de vraisemblance (LR-test), l'analyse du R2 de Mac-Fadden, le test de Vuong.

La statistique du test du rapport de vraisemblance donne LR chi2 (25) = 666,69 % avec une p-value, Prob > chi2 = 0,0000. La p-value étant inférieure à 5%, on rejette l'hypothèse nulle, c'est-à-dire qu'on accepte l'hypothèse alternative selon laquelle au moins une des variables est significative dans l'explication de la survenue des accidents du travail au sein des entreprises du secteur privé en Côte d'Ivoire.

Le R2 de McFadden = 0,402

Le test de Vuong qui vise à déterminé le modèle adéquat entre le modèle de Poisson et le modèle Zero-inflated-Poisson donne une p-value = 0,000 et la valeur calculée de la statistique de Vuong est de 20,13. La p-value est inférieure à 0,05, par conséquent, on rejette l'hypothèse nulle et on accepte l'hypothèse alternative selon la quelle le modèle ZIP est préférable au modèle de Poisson.

La comparaison entre les deux modèles a été également faite à travers les critères d'information et confirme que le modèle ZIP est le meilleur (voir Annexe 2).

2-2. Présentation et interprétation des résultats

Il est présenté dans ce point les résultats du modèle et l'interprétation de ces résultats.

2-2-1. Présentation du modèle

Les résultats du modèle de régression Zero-inflated-Poison pour l'étude des facteurs explicatifs de la survenance des accidents du travail sont présentés dans les tableaux 23 et 24. Le tableau 23 donne les coefficients, l'écart type et le risque relatif (IRR), la p-value des différents coefficients. Le tableau 24 donne, quant à lui, les effets marginaux.

Tableau 23 : Modèle Zero-Inflated-Poisson pour le nombre d'accidents

accidents

COEFFICIENTS

Ecart type

IRR

(Risque relatif)

P- value

 

 

 

 

 

Sexe

Femmes

-0,365825

0,0856932

0,6936241

0,000

Catégorie professionnelle

Agent de Maîtrise

0,8499985

0,2520349

2,339643

0,001

Employé

0,7952582

0,2500444

2,215013

0,001

Nationalité

CEDEAO

-0,1222139

0,0516408

0,884959

0,018

Autre africain

0,0540873

0,2457733

1,055577

0,826

Européen

0,013572

0,3088607

1,013664

0,965

Autre

-0,1871185

0,4134608

0,8293455

0,651

Secteur d'activité 

Maritime

-0,4900271

0,1026121

0,6126098

0,000

Bâtiment

-0,4552489

0,1123227

0,63429

0,000

Commerce

-0,498388

0,0916976

0,6075092

0,000

Electricité

-0,656121

0,1677424

0,5188601

0,000

Foresterie

-0,4410803

0,1392569

0,643341

0,002

Industrie

-0,5490671

0,0683

0,5774883

0,000

Transport

-0,5785865

0,0837491

0,5606904

0,000

Autres

-0,9181778

0,1365082

0,3992459

0,000

Age

[25,35[

-0,595114

0,0647552

0,5514997

0,000

[35,50[

-0,1875456

0,1206348

0,8289913

0,012

[50, plus[

0,1991456

0,1051982

1,22036

0,058

Expérience

[5,10[

-0,0383758

0,0637867

0,9623512

0,547

[10,20[

-0,2809032

0,1121968

0,7551014

0,012

[20,25[

-0,3338637

0,1031064

0,7161514

0,001

[25,30[

-0,4105997

0,1083375

0,6632524

0,000

[30,plus[

-0,2233322

0,1146311

0,7998491

0,051

Conditions

Intermédiaires

0,9670701

0,1128927

2,630227

0,000

Dangereuses

1,165942

0,1356691

3,208944

0,000

 

constante

-0,6932831

0,2883006

 

0,016

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

Tableau 24 : Effets marginaux

VARIABLES

dy/dx

Ecart type

z

P-value

X

Sexe

Femmes

-0,5740466

0,03394

-16,91

0

0,233182

Catégorie professionnelle

Maîtrise

0,596602

8372,3

0

1

0,1884

Employé

0,3510101

0,09168

3,83

0

0,756165

Nationalité

CEDEAO

-0,0618201

0,02521

-2,45

0,014

0,157822

Autre africain

0,0292881

0,13671

0,21

0,83

0,00434

Européen

0,0072022

0,165

0,04

0,965

0,004932

Autre

-0,08999

0,18096

-0,5

0,619

0,00217

Secteur d'activité

Maritime

-0,2080222

0,03444

-6,04

0

0,037877

Bâtiment

-0,1945603

0,03877

-5,02

0

0,02032

Commerce

-0,2348851

0,03725

-6,3

0

0,254685

Electricité

-0,2553258

0,0476

-5,36

0

0,010258

Foresterie

-0,1893442

0,04805

-3,94

0

0,016177

Industrie

-0,2749387

0,03301

-8,33

0

0,383705

Transport

-0,2443537

0,02908

-8,4

0

0,092918

Autres

-0,3328359

0,03624

-9,18

0

0,054251

Age

[25,35[

-0,2827604

0,03186

-8,88

0

0,300848

[35,50[

-0,1008

0,06829

-1,48

0,14

0,595976

[50, plus[

0,1149369

0,06786

1,69

0,09

0,05287

Expérience

[5,10[

-0,0199222

0,03256

-0,61

0,541

0,101203

[10,20[

-0,5562473

0,03211

-17,32

0

0,191557

[20,25[

-0,1684514

0,04738

-3,56

0

0,3551

[25,30[

-0,1934745

0,04987

-3,88

0

0,209903

[30,plus[

-0,1061914

0,05003

-2,12

0,034

0,029197

Conditions

Intermédiaires

0,7360208

403,53

0

0,997

0,160978

Dangereuses

1,287612

370,73

0

0,999

0,233774

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

2-2-2. Interprétation des résultats

Il ressort de l'analyse du tableau 23 que les hommes ont plus de risque d'accident que les femmes ainsi l'hypothèse formulée sur le sexe est vérifiée. En effet, les femmes ont un risque relatif moins élevé que les hommes. Le fait d'être femme réduit d'environ 31% le risque d'accident. Les femmes sont plus prudentes que les hommes. Car évoluant dans le même cadre les femmes ont moins d'accidents que les hommes. Cette situation pourrait s'expliquer par le fait que les femmes occupent très souvent des emplois peu dangereux ou travaillent dans le secteur commercial ou le risque d'accident est relativement faible ainsi qu'il a été observé dans l'analyse descriptive.

La catégorie professionnelle a une incidence sur la survenue des accidents. Toutes ses modalités sont significatives. Le fait d'être un employé ou un agent de maîtrise augmente de façon significative le nombre d'accidents dont est victime le travailleur. Les cadres ont un risque d'accident plus de deux fois plus faible que les employés et les agents de maîtrise. Toutefois le risque relatif des agents de maîtrise est plus élevé que celui des employés (respectivement de 2,33et 2,21 fois).

Le modèle révèle que l'appartenance à un pays de la CEDEAO réduit le risque d'accident, la catégorie de référence étant la nationalité ivoirienne. Les autres modalités de la variable nationalité ne sont pas significatives. Par conséquent, le fait pour un travailleur de posséder une nationalité de ces nationalités n'influence pas la survenue d'un accident.

Le tableau 23 montre également que la variable secteur d'activité explique la survenue des accidents du travail dans les entreprises du secteur privé en Côte d'Ivoire. La variable secteur d'activité est significative, les P-values de toutes ses modalités sont inférieures à 0,05. Les coefficients sont tous négatifs. Le fait d'appartenir à un secteur d'activité autre que le secteur agricole réduit le risque d'accident du travail. Les résultats montrent que les travailleurs qui appartiennent aux secteurs du bâtiment et de la foresterie ont un risque relatif plus élevé que celui des autres secteurs avec 0,63 et 0,64 fois le risque dans le secteur agricole.

L'âge influence également le processus accidentel au sein des entreprises du secteur privé en Cote d'Ivoire. Les individus qui ont entre 25 et 50 ans ont un risque d'accident plus faible que les travailleurs de moins de 25 ans. Cette dernière classe d'âge apparaît comme un groupe à risque. Par conséquence l'appartenance aux deux premières classes citées est un facteur de protection. On note par contre, que le risque relatif des travailleurs ayant 50 ans et plus est supérieur à 1. Le risque d'accident est plus élevé dans cette classe d'âge que dans la classe d'âge de référence dans notre modèle (moins de 25 ans). On ne peut par conséquent, pas affirmer que l'age est un facteur de protection. En somme, le modèle révèle une association entre l'âge et la fréquence de survenue des accidents. Les travailleurs les plus jeunes et les travailleurs les plus âgés sont les plus exposés aux accidents.

L'expérience professionnelle est un facteur qui influence la survenue des accidents dans les entreprises du secteur privé en Côte d'Ivoire. La modalité [5,10[ n'est pas significative. Par contre, les autres modalités sont significatives. Le fait pour un travailleur d'avoir entre 10 et 20 ans d'expérience professionnelle réduit le risque d'accident d'environ 24,5% par rapport à la catégorie de référence c'est-à-dire les travailleurs qui ont moins de 5 ans d'expérience professionnelle. Le risque d'accident est également plus faible pour toutes les modalités de la variable expérience en comparaison à la catégorie de référence. Cependant, le risque relatif est le plus élevé (négativement) est celui des travailleurs de plus de 30 ans d'expérience professionnelle. En somme, les résultats révèlent que le fait d'avoir plus de 5 ans d'expérience constitue un facteur de protection. On pourrait donc en conclure l'expérience professionnelle est un facteur de protection.

Le modèle révèle que les individus qui travaillent dans des emplois peu dangereux ont un risque d'accident plus faible que ceux qui travaillent dans des corps d'emploi intermédiaires ou dangereux. Les individus travaillant dans des corps d'emploi dangereux ont un risque relatif d'accident plus élevé que celui des travailleurs qui exercent dans des conditions intermédiaires. Retenons donc que les conditions de travail déterminent le nombre d'accidents dont est victime un travailleur du secteur privé en Côte d'Ivoire. Plus l'emploi est dangereux plus le risque d'accident est élevé.

L'analyse des effets marginaux vise à déterminer les variables qui contribuent le plus à la fréquence de survenue des accidents. Le tableau 24 donne les effets marginaux des différentes modalités des variables. La variable qui a la plus forte contribution à la probabilité d'accident est la variable conditions de travail. En effet, ses modalités ont plus fortes contributions. Les autres variables ont des contributions relativement plus faibles. Parmi ces dernières celle qui explique le moins la survenue des accidents est : la variable nationalité, les effets marginaux de ses modalités étant les plus faibles. De plus la variable qui la plus faible contribution négative est la variable sexe (-0,59). L'on retient par conséquent, que la variable qui a la forte incidence sur la survenue des accidents du travail est la variable condition de travail.

Chapitre III : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS DE L'ETUDE

DISCUSSIONS

Cette section est structurée en deux points : les limites de l'étude et la discussion des résultats.

1-1. Limites de l'étude et difficultés rencontrées

La plus grande limite de cette étude reste l'incomplétude de la base de données et l'incertitude quant à la représentativité de l'échantillon. En effet nous avons adressé une demande à la direction du système d'information de la CNPS, qui nous a fourni une base constituée de 5069 individus sans toutefois donner la procédure de sélection des individus. De plus, certaines caractéristiques organisationnelles et individuelles n'ont donc pas pu être renseignées. Ce sont par exemple : la taille des entreprises, le nombre d'heures de travail par travailleur, la nature lésions et le siège des lésions des accidents qui ont fait l'objet de la présente étude. Ces renseignements auraient permis le calcul de certains indicateurs couramment utilisés pour estimer la fréquence et la gravité des accidents. Ainsi le taux gravité et le taux de fréquence des accidents n'ont pu être analysés. La seconde difficulté est le temps imparti pour conduire cette étude. Il fut si bref que nous ne croyons pas avoir pu explorer tous les contours de la question.

1-2. Discussion des résultats

Trois hypothèses avaient été formulées au début de cette étude : les travailleurs de sexe masculin sont plus exposés que les femmes au risque d'accident, les travailleurs de moins de 25 ans, ceux de 50 ans et plus et les travailleurs qui ont peu d'expérience dans la profession sont des groupes à risque et enfin les secteurs du bâtiment, de l'industrie et de la foresterie et le secteur maritime sont les secteurs où le risque d'accident du travail est le plus élevé. La démarche de cette étude nous a permis de tester à chaque fois ces hypothèses dans le contexte ivoirien.

En ce qui concerne l'effet du sexe sur la survenue des accidents, les résultats confirment que les femmes sont moins exposées au risque d'accident que les hommes. Les travailleurs de sexe masculin courent plus de risque d'accidents que les femmes. Par conséquent la première hypothèse est pratiquement vérifiée. Cette situation se justifie par le fait que les femmes sont affectées aux postes les moins dangereux. Ces résultats sont identiques à ceux qui découlent des études du Bureau Internationale du Travail. Rappelons que ces études révélaient que les femmes ont moins d'accidents que les hommes.

La présente étude a également révélé que l'âge a une incidence sur la survenue des accidents du travail. En effet, les travailleurs de moins de 25 ans ont un risque d'accident très élevé. Par ailleurs, les travailleurs ayant plus de 50 ans ont un risque d'accident élevé et même plus élevé que les travailleurs de moins de 25 ans. L'hypothèse faite sur la variable âge est vérifiée. Ajoutons que le BIT estime sur la base d'études faites aux Etats-Unis que les travailleurs les plus jeunes étaient plus exposés aux accidents que leurs aînés. Cette étude faite dans le contexte ivoirien confirme ces conclusions. Les résultats sont partiellement analogues à ceux obtenus par Gingras S. (1996) qui ont révélé dans le contexte canadien que le risque d'accident s'élevait à partir de 50 ans pour les travailleurs du secteur de la construction. Ces résultats confirment ceux obtenus par Dionne et al (1992) qui ont identifié la classe d'âge 25 ans et moins comme la classe la plus exposée au risque d'accident du travail.

L'expérience est un déterminant de la survenue des accidents du travail. Les travailleurs de moins de 5 ans d'expérience sont beaucoup plus exposés au risque d'accident du travail que les autres et font par conséquent, plus d'accidents que ces travailleurs. On ne peut toutefois pas affirmer que l'expérience professionnelle est une protection pour le salarié car l'étude révèle également que les individus ayant plus de 25 ans d'expérience dans la profession sont très souvent sujets à des accidents. C'est dire qu'à partir de 25 ans d'expérience, le risque d'accident semble s'accroître.

L'une des conclusions les plus pertinentes à notre sens, de la présente étude est qu'elle souligne l'incidence du secteur d'activité sur la survenue des accidents du travail. Les travailleurs de certains secteurs d'activité sont beaucoup plus exposés au risque d'accident. Ainsi cette étude révèle que les secteurs à risque sont : l'agriculture, le bâtiment et la foresterie et le secteur de l'électricité. Cette dernière hypothèse est donc partiellement vérifiée. Le taux d'accident est très élevé dans les secteurs du bâtiment et de la foresterie.

La catégorie professionnelle est significative dans le modèle. Cette étude révèle que les cadres ont un risque assez faible d'accident en comparaison avec celui des employés et des agents de maîtrise car les cadres occupent très souvent des emplois peu dangereux. Les différents taux d'accident et les résultats du modèle ZIP le démontrent.

Cette étude a permis de savoir que la nationalité a une incidence sur la survenue des accidents du travail.

Le corps d'emploi est un facteur explicatif de la survenue des accidents du travail. L'appartenance à un corps d'emploi peu dangereux a pour effet de réduire le risque d'accident du travail. Par contre un corps d'emploi très dangereux accroît le risque d'accident du travail.

1. RECOMMANDATIONS

Sur la base des résultats des différentes analyses, nous formulons dans cette section une série de recommandations.

Compte tenu du risque d'accident élevé chez les travailleurs de sexe masculin, il convient de prendre des mesures d'incitation à la prévention des accidents du travail portant sur cette catégorie de travailleurs. Il faut donc inciter les hommes à la prudence et à l'utilisation rigoureuse des moyens de protection tels que le port de lunettes, de casque, de vêtements, de gants, de chaussures, etc. selon que les différentes tâches qu'ils exécutent l'exigent. En somme, il convient de les inciter au respect scrupuleux des règles de protection en vigueur ou celles qu'exige leur fonction.

Cette étude a révélé que le secteur agricole, regroupant les entreprises agroalimentaires, les grandes exploitations agricoles et les industries agrochimiques, est le secteur où le risque d'accident est le plus élevé. Le code de prévoyance social prévoit en son chapitre VI des dispositions pour augmenter ou diminuer les cotisations des employeurs selon qu'ils observent des règles de sécurité ou qu'ils déploient des efforts pour obtenir des résultats en matière de prévention des accidents du travail. Toutefois, nous proposons que soient envisagées des sanctions plus sévères aux infractions à la législation sur l'hygiène et la sécurité au travail telles que des poursuites judiciaires à l'encontre des employeurs indélicats et l'augmentation des charges liées aux amendes infligées à ces derniers. Toutes ces mesures devront valoir aussi bien pour le secteur agricole que pour les autres secteurs.

Par ailleurs, l'étude a révélé que le risque d'accident est élevé chez les travailleurs inexpérimentés. L'accent devra être mis sur l'application du code de prévoyance sociale qui oblige les employeurs à organiser des sessions de formation à l'endroit des nouveaux employés. De plus, ces actions devront être orientées vers la familiarisation des travailleurs avec les mesures de protection en vigueur dans les entreprises. Il faudra par conséquent, accroître au sein de chaque entreprise les moyens de formation et d'information par des séminaires et des conférences auxquels devront participer les nouveaux travailleurs. Cette action pourra intégrer aussi la confection de brochures de sécurité et l'amélioration des moyens de communication au sein de l'entreprise.

La présente étude a également révélé que les travailleurs les plus jeunes, c'est-à-dire de moins de 25 ans et ceux de 50 ans et plus, courent un risque d'accident plus élevé que les autres travailleurs. Par conséquent, ils devront être la cible de mesures de sensibilisation à l'usage des moyens de protection en vigueur dans l'entreprise en plus des méthodes citées précédemment : Celles concernant notamment les actions éducatives portant sur l'hygiène et la sécurité du travail.

A côté de ces résultats, il est ressorti enfin que les individus travaillant dans des conditions dangereuses sont les plus exposés aux risques d'accidents du travail. Il est donc impératif pour la CNPS, d'étoffer le nombre de contrôleurs en prévention en vue d'identifier les entreprises qui ne respectent pas les règles de sécurité en vigueur. Ainsi, des sanctions pourront être prises l'encontre de ces dernières.

Toutes ces actions révèlent la nécessité d'une action concertée impliquant l'ensemble des partenaires sociaux à savoir les pouvoirs publics, la CNPS, les employeurs et les employés.

CONCLUSION

Si pour une minorité de personnes, le travail se présente comme une source de satisfaction, d'épanouissement et même une raison de vivre, pour beaucoup de travailleur en Côte d'Ivoire, il dévient une nécessité désagréable (KOKOLA et Al, 1988). Car il s'effectue parfois dans un cadre malsain et est très souvent une source de dommages corporelles et des coûts tant au niveau de l'entreprise qu'au niveau de la collectivité sociale. Cette situation requiert la mise en oeuvre de mesures de prévention efficaces de ces accidents. Celles-ci passent nécessairement par une bonne identification des déterminants de la survenue des accidents du travail.

Tout au long de cette étude, nous nous sommes employés à cette tâche. L'utilisation du modèle ZIP (Zero-Inflated-Poisson) et une analyse descriptive nous ont permis d'identifier certains facteurs qui influencent la survenue des accidents de travail dans les entreprises du secteur privé en Côte d'Ivoire. Elle a permis de rendre compte de l'incidence de certaines caractéristiques individuelles du travailleur telles que l'âge, le sexe, l'expérience professionnelle sur le processus accidentel. Nous avons également pu vérifier l'incidence de certaines caractéristiques socio-professionnelles et organisationnelles des entreprises telles que le secteur d'activité, la catégorie socio-professionnelle et les conditions de travail sur le processus accidentel.

Par ailleurs, les résultats de cette étude nous ont permis de formuler des recommandations allant dans le sens d'une action concertée entre les partenaires sociaux que sont les pouvoirs publics, la CNPS, les employeurs et les salariés.

BIBLIOGRAPHIE

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BOYER, DIONNE et VANASSE, 1992 Econometrics models of accident distribution, Boston, MA, Kluwer academic publisher

CAMERON et TRIVALDI, 1986, Econometrics models based on count models: comparison and application of some estimations and test. Journal of applied econmetrics

CHEADLE et al, 1994 a population-based study of washington state workers compension. American journal of public health

DIONNE et VANASSE, 1992. Automobile insurance ratemaking in presence of assymetrics

DRURY, 1991 Disability management in small firms, Rehabil. Counsiling bull

DUTHEIL, 1976 l'Etat et le développement de la Côte d'Ivoire, Paris, A Pedon

GINGRAS et al, 1992. Les accidents du travail sur les chantiers de construction de la baie James entre 1976 et 1986. Rapport de recherche, GIROSST, Université Laval

GINGRAS,et al, 1996. Étude de l'influence de certaines caractéristiques des entreprises et du secteur de la construction sur les accidents du travail, Rapport de recherche, IRSST

GOURIEROUX et al., 1984 Pseudo maximum likelihood methods : application to Poisson models. Econométrica.

HEINRICH, H.W. (1931). Brody, B., Y. Létourneau et A. Poirier (1990b), «Le coût des accidents du travail. État des connaissances», Relations Industrielles, 45 (1), p.94-116

HUNTING et al, 1994 surveillance of construction worker injuries through an urban emergency department. Journal of occupational medicine.

.

KISNER et al, 1994, injury hazards in the construction industry. Journal of occupational medicine

KOKALA et al, 1988. Conséquences économiques et sociales des accidents du travail en Côte d'Ivoire. Mémoire CIFOCSS

KUMAR, 1991. injury profile of the construction industry in Alberta in Canadian context: a case study of the impact of a non-monatory motivational factor in a multicenter Albertan company. International Journal of industrial ergonomics.

LABELLE, J.E. (2000). «What do Accidents Truly Cost? Determining Total Incidents Costs», Professional Safety, p.38-42.

LEES et al, 1989. Increasing the understanding of industrial accidents: an analysis of potential major injury records. Canadian Journal of public health.

SALMINEN et al, 1993. Organisational factors influencing serious occupational accidents. Scandinavian Journal of Work and environmental health

SURUDA et al, 1988. Deaths from trench cave-in in the construction industry, Journal of occupational industry

WISNIEWSKI, 1976. Accidents mortels sur les chantiers du bâtiment et les travaux publics dans la région parisienne. Cahier des comités de prévention du bâtiment et des travaux publics.

ANNEXES

Annexe I

Tests de comparaison des proportions

Tableau a1-1 : Test de comparaison des proportions (tableau 8)

Proportions

Ho :

Egalité entre les proportions

P-Value

Décisions

Agents de maîtrise et cadre

Moins de 25

0,782

Egalité

[25,35[

0,598

Egalité

[35,50[

0,648

Egalité

[50, plus[

0,818

Egalité

Agent de maîtrise et employé

Moins de 25

0,901

Egalité

[25,35[

0,034

Proportion agent de maîtrise supérieure

[35,50[

0,171

Egalité

[50, plus[

0,562

Egalité

cadre et employé

Moins de 25

0,966

Egalité

[25,35[

0,055

Egalité

[35,50[

0,760

Egalité

[50, plus[

0,719

Egalité

Source : Calcul de l'auteur

Annexe 2 :

Critères d'information

(Comparaison du modèle de poisson au du modèle ZIP)

Tableau a2-1 : Critères d'informations pour le modèle de Poisson

Measures of Fit for poisson of accidents

 

 

Log-Lik Intercept Only:

-4976,193

Log-Lik Full Model:

3168,772

D (5043):

6337,544

LR(25):

3614,842

 

 

Prob > LR:

0

McFadden's R2:

0,363

McFadden's Adj R2:

0,358

Maximum Likelihood R2:

1

Cragg & Uhler's R2:

1

AIC:

1,261

AIC*n:

6389,544

BIC:

-36683,779

BIC':

-3401,57

Source : Calcul de l'auteur

Tableau a2-2 : Critères d'informations pour le modèle ZIP

Measures of Fit for zip

of accidents

 

 

 

 
 

 

Log-Lik Intercept Only:

-4976,193

Log-Lik Full Model:

-2973,328

D(5029):

5946,656

LR(38):

4005,73

 

 

Prob > LR:

0

McFadden's R2:

0,402

McFadden's Adj R2:

0,394

Maximum Likelihood R2:

1

Cragg & Uhler's R2:

1

AIC:

1,189

AIC*n:

6026,656

BIC:

-36955,234

BIC':

-3681,556

Source : Calcul de l'auteur

Annexe 3

TABLEAUX

Tableau a1: Répartition des travailleurs selon le nombre d'accidents et la catégorie

professionnelle

ACCIDENTS

CATEGORIES PROFESSIONNELLES

TOTAL

CADRE

MAITRISE

EMPLOYE

0

256

423

1970

2649

1

25

453

1500

1978

2

0

69

269

338

3

0

10

94

104

TOTAL

281

955

3833

5069

Source :DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

ACCIDENTS

NATIONALITÉ

TOTAL

IVOIRIEN

CEDEAO

AUTRE

AFRICAIN

EUROPEEN

AUTRE

ETRANGER

 

0

2187

431

9

17

5

2649

1

1654

304

9

5

6

1978

2

296

35

4

3

0

338

3

74

30

0

0

0

104

TOTAL

4211

800

22

25

11

5069

Tableau a2: Répartition des travailleurs selon le nombre d'accidents et la nationalité

Source :DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

Tableau a3: Répartition des travailleurs selon le nombre d'accidents et l'expérience

professionnelle

ACCIDENTS

EXPERIENCE

TOTAL

< 5

[5,10[

[10,20[

[20,25[

[25,30[

[30,plus[

0

32

135

808

1177

483

14

2649

1

368

293

160

619

532

6

1978

2

114

52

3

4

39

126

338

3

59

33

0

0

10

2

104

TOTAL

573

513

971

1800

1064

148

5069

Source :DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

Tableau a4: Répartition des travailleurs selon le nombre d'accidents et le secteur d'activité

ACCIDENTS

SECTEURS D'ACTIVITE

TOTAL

AGRICULTURE

MARITIME

BATIMENT

COMMERCE

ELCTRICITE

FORESTERIE

INDUSTRIE

TRANSPORT

AUTRES

0

248

100

35

1129

20

41

673

184

219

2649

1

381

43

35

143

22

23

1052

234

45

1978

2

28

34

17

17

10

12

173

36

11

338

3

1

15

16

2

0

6

47

17

0

104

TOTAL

658

192

103

1291

52

82

1945

471

275

5069

Source :DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

Tableau a5: Répartition des travailleurs selon le nombre d'accidents et la classe d'âge

ACCIDENTS

CLASSES D'AGE

Moins de 25 ans

[25,35[

[35,50[

[50, plus[

0

12

886

1746

5

1

71

590

1258

59

2

121

41

14

162

3

51

8

3

42

Total

255

1525

3021

268

Source : DSI-CNPS avec calcul de l'auteur

TABLE DES MATIERES

Avant Propos 2

Remerciements 3

Liste des sigles utilises 4

Liste des tableaux 5

Introduction Générale 6

Première partie : Cadre théorique

Chapitre I : REVUE DE LITTERATURE 10

1- Notion d'accident du travail 10

1-1. Définition 10

1-2. Classification des accidents du travail 10

1-2-1. Classification selon la forme de l'accident 10

1-2-2. Classification des accidents d'après la forme de l'agent matériel 11

1-2-3. Classification des accidents selon la nature de la lésion 11

1-2-4. Classification selon le siège de la lésion 11

2- Coûts des accidents du travail 11

2-1. Coûts directs et coûts indirects 12

2-2. Coûts économiques et sociaux 12

3- Analyse des facteurs explicatifs des accidents du travail 14

3-1. Variables socio-professionnelles 15

3-1-1. Corps d'emploi 15

3-1-2. Statut professionnel 15

3-2. Variables organisationnelles 16

3-2-1. Intensité du travail 16

3-2-2. Taille de l'entreprise 16

3-2-3- Secteur d'activité 16

3-3. Caractéristiques individuelles 17

3-3-1. Âge 17

3-3-2. Sexe 17

3-3-3. Expérience 17

3-4. Caractéristiques des accidents 17

4- Modélisation économétrique des facteurs explicatifs des accidents de travail 18

Deuxième partie : Cadre expérimental

Chapitre I: METHODOLOGIE DE L'ETUDE 20

1- Sources et qualité des données 20

2- Population de l'étude et échantillon 20

2-1. Population de l'étude 20

2-2. Echantillon 20

2-2-1. Répartition de l'échantillon selon l'âge et le sexe 20

2-2-2. Répartition de l'échantillon selon le sexe et la catégorie socio-professionnelle 21

2-2-3. Répartition de l'échantillon selon le sexe et les conditions de travail 22

2-2-4. Répartition de l'échantillon selon le sexe et le secteur d'activité 22

2-2-5. Répartition de l'échantillon selon l'âge et la catégorie professionnelle 23

3- Description des variables de l'etude 24

3-1. Variable dépendante 24

3-2. Variables indépendantes 24

3-2-1. Variables socio-professionnelles et organisationnelles 24

3-2-2. Variables individuelles 25

4- Plan d'analyse 25

4-1. Différentes approches 26

4-2. Modèles économétriques (méthode d'estimation) 26

Chapitre II : RESULTATS DE L'ETUDE 29

1- Analyse descriptive 29

1-1. Analyse de la répartition des individus selon le nombre d'accidents et le sexe 29

1-2. Analyse de la répartition des individus selon le nombre d'accidents et la classe d'âge 30

1-3. Analyse de la répartition des individus selon le nombre d'accidents et la nationalité 32

1-4. Analyse de la répartition des individus selon le nombre d'accidents et la catégorie professionnelle 33

1-5. Analyse de la répartition des individus selon le secteur d'activité 35

1-6. Analyse de la répartition des individus selon le nombre d'accidents et l'expérience professionnelle 36

2- Analyse explicative de la survenance des accidents du travail dans les entreprises du secteur prive en cote d'ivoire 38

2-1. Tests 38

2-2. Présentation et interprétation des résultats 38

2-2-1. Présentation du modèle 38

2-2-2. Interprétation des résultats 41

Chapitre III : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS DE L'ETUDE 43

1- Discussions 43

1-1. Les limites de l'étude et difficultés rencontrées 43

1-2. Discussion des résultats 43

2- Recommandations 44

CONCLUSION 46

BIBLIOGRAPHIE 47

ANNEXES 49






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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry