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La resistance à la conquête et à la domination coloniale en Grande Comore: 1880-1940

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par said mohamed Said Hassani
Université Paris VII - DEA d'Histoire 2004
  

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INTRODUCTION.

Les trente années qui vont de 1880 à la veille de la Première Guerre mondiale constituent un tournant majeur dans l'histoire du continent africain. Elles englobent une somme importante d'évènements dont le plus significatif est la colonisation. Ce processus de conquête et d'occupation de l'Afrique par les Européens fait face à une forte résistance. Des mouvements populaires de contestation éclatent dès la première phase de la colonisation et constituent une réponse aux exigences immédiates du nouveau régime. Les peuples n'acceptent pas la soumission et cherchent à préserver leur indépendance. Vaincus par la puissance des armes, les peuples colonisés prennent conscience et organisent des résistances populaires qui ne laissent aucun replis aux étrangers.

La tournure que prend la colonisation n'épargne pas les Comores où la France prend pied à Mayotte depuis 1841. Ngazidja, l'Île la plus à l'est et la plus grande de l'Archipel, semble à l'abri grâce à ses ports inaccessibles. Elle ne le demeure pas longtemps cependant car, vers 1875, la recrudescence des tensions se traduit en Grande Comore par une guerre qui ouvre la porte de l'île aux appétits des grandes puissances européennes. Le jeune et dernier sultan Said Ali parvient, non sans peine et avec l'aide des Français, à remonter sur le trône de son grand père après avoir éliminé son adversaire le sultan Moussafoumou. Vers 1886 la France établit son protectorat dans l'ensemble des îles accueilli par diverses insurrections systématiquement réprimées. La lecture coloniale donne l'impression que les Grands Comoriens acceptent cette domination avec reconnaissance et les faits de la résistance comorienne sont mis en sourdine. Les Comoriens voient donc dans la venue des Français, un heureux hasard qui les délivre des guerres fratricides, de la tyrannie des sultans voisins, des épidémies et des famines périodiques.

A l'heure où la France du XXIeme siècle commémore le soixantième anniversaire de la libération de Paris, rend hommage aux héros de la résistance et réclame que lumière soit faite sur des massacres passés sous silence, l'histoire de la résistance Comorienne sombre toujours dans l'ignorance. Face à ce silence, nous nous sommes posés des questions au sujet de la résistance comorienne. Les Grands Comoriens se battent d'abord contre l'envahisseur étranger, luttent contre l'occupation de Ngazidja, et, vaincus par la force des armes, ils combattent les institutions, les excès et les abus du régime colonial.

En effet, si la résistance à la conquête est brève et systématiquement réprimée, celle qui suit et s'oppose au système colonial est remarquable. Elle l'est par son caractère permanent, cessant ici pour reprendre ailleurs, renaissant toujours et mettant le colonisateur en perpétuel état d'insécurité. Elle revêt divers aspects, actifs ou passifs et concerne différents cadres : sociaux, politiques, économiques, voire religieux. La réalité de cette résistance est si évidente qu'elle suscite un intérêt de notre part, et nous pousse à effectuer ce travail de recherche. Le choix posé ici permet de rendre compte de l'évolution qui fait passer la Grande Comore du refus de la colonisation à la contestation de l'ordre colonial. Une évolution qui conduit l'Île, de la réaction immédiate de rejet à un combat de longue durée, vers son indépendance. Cet état de fait met à jour la véracité d'un certain nombres de pensée anticolonialistes, car la colonisation n'a pas que des partisans et Paul Louis s'exprime ainsi : «...Les colonisés sont des esclaves qui un jour, au delà des différences de races, de couleurs et de langue, se révolteront... »1(*)

Certes, les mouvements de contestation sont réduits au silence et les Français deviennent maîtres de la situation dans l'ensemble de l'Archipel. Ils réussissent à imposer une paix entre les sultanats et instaurent la sécurité dans le pays. Cette « pacification » laisse croire que le peuple comorien se résigne et adhère à la cause coloniale. Les évènements qui accompagnent l'annexion de l'Archipel témoignent du caractère illusoire de cette paix instaurée, fréquemment troublée par des émeutes. Et la France a étendu une voile de silence sur la résistance comorienne, pour donner l'impression qu'elle devient seule maître dans l'Île. Ce silence accroît le trouble d'un peuple, jadis fière de sa civilisation et de son mode de vie défaits par les instruisions étrangères, et incapable de retrouver ses équilibres ancestraux. Les défenseur de la domination coloniale refusent de considérer que la résistance et les rebellions qu'a suscités la colonisation sont des phénomènes organisés. Ils les décrivirent comme des réactions primitives et irrationnelles ou encore les attribuent à l'agitation de la minorité assoiffée de pouvoir. On parle de conquête coloniale et de pacification tout en niant l'existence d'une résistance, pourtant il n'y a pas de conquête sans résistance. Le peuple comorien subit une convulsion qui le laisse désorienté, à la recherche de nouveaux cadres et d'un idéal nouveau.

La victoire de la France coloniale ne veut pas dire que la résistance comorienne est sans importance en son temps ou qu'elle ne mérite pas d'être étudiée maintenant. Pour contribuer à la compréhension de l'histoire comorienne et à lever un coin du voile de l'histoire comorienne, notre projet consiste à étudier la résistance anticoloniale. Une résistance qui s'est déroulée en différentes étapes : d'abord une opposition armée à la pénétration coloniale, ensuite les émeutes et les soulèvements populaires, enfin une résistance passive au système colonial entraînant des fraudes fiscales, fuites et tout autre acte d'incivilité. Notre travail se propose d'étudier la résistance en Grande Comore, sous sa forme primaire allant de la conquête coloniale, à partir de 1880 jusqu' en 1940. La période qui suit, voit naître des mouvements politiques, qui donnent lieu à des résistances modernes, et qui luttent pour l'indépendance du pays.

Ce travail comprend trois parties. La première est consacrée à l'étude des questions liées à la problématique et l'intérêt du sujet. Nous y présentons les divers thèmes et interrogations liés à l'objet de notre travail. La deuxième partie s'intéresse à la question de la faisabilité de notre sujet. Dans cette partie nous exposons les grandes lignes de l'approche méthodologique, les instruments (archivistiques, documentaires, informatiques etc...) qui nous permettent d'aborder ce sujet. Enfin une troisième partie qui présente le plan provisoire de la thèse suivi d'un de chapitre rédigé.

* 1Paul Louis est un socialiste anticolonialiste, il publie, en 1905, une brochure intitulée «le colonialisme», d'où est tirée la citation. Ces propos sont repris par GOUREVITCH J-P , La France en Afrique cinq siècle de présence : vérités et mensonges, le pré aux clercs Paris février 2004.

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