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Communication et contrôle de la trypanosomose animale africaine : étude de cas des interrelations entre les agro-éleveurs et leurs prestataires de services vétérinaires dans la province du Kénédougou (Burkina Faso).

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par Der DABIRE
Université de Ouagadougou, Département de Sociologie - Maîtrise en Sociologie 2005
  

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    MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS BURKINA FASO

    SECONDAIRE, SUPERIEUR ET DE Unité - Progrès - Justice

    LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

    -------------------------

    UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU

    ------------------------

    UNITE DE FORMATION ET DE

    RECHERCHE EN SCIENCES HUMAINES

    UFR / SH

    ............................

    Département de SOCIOLOGIE

    MEMOIRE DE MAITRISE

    THEME :

    Communication et contrôle de la trypanosomose animale africaine : étude de cas des interrelations entre les agro-éleveurs et leurs prestataires de services vétérinaires dans la province du Kénédougou (Burkina Faso).

    Directeur de mémoire :

    Pr. André NYAMBA, Maître de conférences à l'Université de Ouagadougou.

    Appui scientifique:

    Dr Issa SIDIBE, chercheur au CIRDES/Bobo-Dioulasso.

    Réalisé et soutenu par :

    DABIRE Der

    Juillet 2005

    DÉDICACE

    A

    Mes parents et à

    M. Célestin Y HIEN, qu'ils trouvent ici toute ma reconnaissance aux nombreux sacrifices consentis pour mes études scolaires et universitaires !

    REMERCIEMENTS

    La réalisation du présent mémoire a été rendue possible grâce au soutien de plusieurs institutions de recherche et de personnes physiques auxquelles nous témoignons notre profonde reconnaissance. Mais, avant, nos sincères remerciements vont à l'endroit du Ministère allemand de la coopération économique en abrégé BMZ qui a financé cette étude.

    Nos sentiments de gratitude s'adressent également à ILRI et au CIRDES qui ont assuré l'exécution des activités sur le terrain en nous donnant les moyens matériels, financiers, logistiques et bureautiques nécessaires. Par la même occasion, nous remercions le DG du CIRDES, le Pr. Abdoulaye GOURO ; le responsable du Projet BMZ à ILRI, le Dr. Thomas RANDOLPH et le coordonnateur régional à ICRISAT, le Dr. Omar DIALL pour nous avoir accueilli en qualité de stagiaire au sein de leurs institutions respectives.

    En outre, notre profonde gratitude va à l'endroit du Pr. André NYAMBA qui a non seulement accepté de diriger ce mémoire mais aussi est resté à notre écoute tout le long du travail. De même, nous remercions sincèrement et vivement le Dr. Issa SIDIBE pour son appui scientifique et administratif reçu pendant le déroulement des activités sur le terrain ! Qu'il trouve ici l'expression de ma totale reconnaissance à tous les actes de générosité, d'écoute et de compréhension dont il m'a comblés au cours du stage ! Dans la même lancée, nous disons grandement merci au Dr. DELIA Grace (chargée du programme de lutte communautaire du Projet BMZ2) et à Mme SIDIBE/LAROU Suzanne (sociologue-consultante du Projet BMZ2) pour l'encadrement technique, les critiques, les conseils et les encouragements reçus sur le terrain et pendant la rédaction! Du même coup, nous disons infiniment merci aux enquêteurs animateurs du Projet BMZ2 : Baba Ahmed COULIBALY, Soumhaïla SANOU et Vincent TRAORE qui nous ont aidé dans la collecte des données ! Et merci aux populations agro-pastorales de la province du Kénédougou, à leurs agents publics d'élevage, aux DPRA Moumouni OUATTARA et Ladji TRAORE et aux vétérinaires privés de la ville de Bobo-Dioulasso pour avoir accepté répondre à nos questions !

    Aux collègues étudiants stagiaires du Projet : Dramane DAO, Essodina TALAKI, Hamadi DJOUARA, Hyppolite AFFONGNON et aux amis stagiaires du CIRDES avec qui nous avons eu des échanges fructueux et partagé d'agréables moments de détente; nous leur disons merci ! Merci également à tous les chercheurs et techniciens du CIRDES, en particulier M. Laurent SAWADOGO qui a veillé sur la mise en forme du présent document !

    Enfin, nous ne manquons pas de remercier les tontons : Jean Marie T KPODA, Kounhiré DABIRE, Marcel B SOMDA, Arsène B SOMDA et Jean Joseph B HIEN ; les frères Eric D KAMBIRE et Francis DABIRE pour leurs multiples soutiens à mes études universitaires !

    Merci aussi à mes chers amis : Abdoulaye DAO, Charlemagne K DABIRE, Roland MEDA, Ruffin TRAORE, Mathieu SOMDA, Raoul W DABIRE, Yves Z SOME, les jumeaux Zième Léon et Nab Léonard DABIRE pour les nombreux soutiens et tout ce qu'ils ont partagé avec moi pendant ma formation universitaire! Et merci à tous ceux ou celles qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce mémoire !

    SIGLES ET ABRÉVIATIONS.

    BMZ2 : Bundesministerium für wirtschftliche Zusammenarb und Entwicklung (Phase 2).

    CIRDES : Centre International de Recherche Développement sur l'Elevage en Zone Subhumide.

    DPRA : Direction Provinciale des Ressources Animales.

    DRRA/HB : Direction Régionale des Ressources Animales des Hauts Bassins.

    EISMV : Ecole Inter Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires.

    ENSA : Ecole Nationale de Santé Animale.

    FAO: Foods and Agricultural Organisation.

    FASOVET: Faso Vétérinaire.

    ILRI: International Livestock Ressearch.

    INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie.

    LAPROVET : Laboratoire des Produits Vétérinaires.

    MRA: Ministère des Ressources Animales.

    MARP : Méthodes Accélérées de Recherche Participative.

    OIE: Office International des Epizooties.

    OMS: Organisation Mondiale de la Santé.

    ONG : Organisation Non Gouvernementale.

    PHARMAVET : Pharmacie Vétérinaire.

    PHARVET : Pharmacie Vétérinaire.

    PIB : Produit Intérieur Brut.

    PNGT2 : Programme National de Gestion du Terroir (phase 2).

    PV : Poste Vétérinaire.

    SAGRICHEM : Société Agricole et Chimique.

    SL/SA : Savoirs Locaux en Santé Animale

    SODIVET : Société de Distribution d'Intrants Vétérinaires.

    SOFITEX : Société des Fibres et Textiles.

    SOPELA : Société pour la Promotion de l'Elevage en Afrique.

    SPRA : Service Provincial des Ressources Animales

    URBIO : Unité de Recherche des Bases biologiques de la production Intégrée.

    UO : Université de Ouagadougou.

    UFR/SH : Unité de Formation et de Recherche en Sciences Humaines.

    ZAP : Zone d'Aménagement Pastoral.

    ZATE : Zone d'Activité Technique en Elevage.

    SOMMAIRE.

    DÉDICACE. I

    REMERCIEMENTS. II

    SIGLES ET ABRÉVIATIONS III

    SOMMAIRE. 1

    INTRODUCTION GÉNÉRALE. 3

    CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIE. 6

    I/ CONSTRUCTION DE L'OBJET D'ÉTUDE. 6

    II/ CONSTRUCTION DU MODÈLE D'ANALYSE THÉORIQUE 14

    III/ MÉTHODOLOGIE 34

    CHAPITRE II : PRÉSENTATION DE L'ESPACE D'ÉTUDE ET ANALYSE DES CIRCUITS DE COMMUNICATION DANS LES VILLAGES D'ENQUÊTES. 40

    I/ PRÉSENTATION DE LA PROVINCE DU KÉNÉDOUGOU 40

    II/ DESCRIPTION DES VILLAGES D'ENQUÊTE ET CARACTÉRISTIQUES SOCIOLOGIQUES DES AGRO-ÉLEVEURS. 48

    III/ ANALYSE CRITIQUE DES CIRCUITS D'INFORMATION ET DE COMMUNICATION CHEZ LES AGRO-ÉLEVEURS. 59

    CHAPITRE III : TRANSACTIONS TRYPANOCIDES ET STRATÉGIES DE COMMUNICATION CHEZ LES PRESTATAIRES DE SERVICES. 66

    I/ RÔLES, CARACTÉRISTIQUES ET IMPORTANCE DES ACTEURS EN PRÉSENCE. 66

    II/ STRATÉGIES DE COMMUNICATION UTILISÉES PAR LES PRESTATAIRES DE SERVICES. 76

    III/ CONSOMMATION DES TRYPANOCIDES ET BIAIS DE COMMUNICATION. 82

    CHAPITRE IV : BESOIN ET STRATÉGIES D'INFORMATION CHEZ LES AGRO-ÉLEVEURS. 99

    I/ CONSTAT ET ANALYSE DU BESOIN D'INFORMATION CHEZ LES AGRO-ÉLEVEURS. 99

    II/ LES SOURCES D'INFORMATIONS VÉTÉRINAIRES UTILISÉES PAR LES AGRO-ÉLEVEURS. 102

    III/ STRATÉGIES DE COMMUNICATION UTILISÉES PAR LES AGRO-ÉLEVEURS. 113

    CONCLUSION. 116

    BIBLIOGRAPHIE. 118

    ANNEXES 124

    INTRODUCTION GÉNÉRALE.

    En Afrique sub-Saharienne, l'élevage joue un rôle important dans les systèmes de production. Au Burkina Faso, cet élevage contribue à raison de douze pourcent (12%) à la formation du produit intérieur brut (Dénis OUEDRAOGO, 2002). Toutefois des contraintes limitent les efforts de développement de ce secteur, parmi lesquelles les maladies animales et en particulier la trypanosomose animale. Cette maladie est causée par un parasite du nom de trypanosome et transmis par des vecteurs appelés mouches tsé-tsé (ou glossines).

    Prenant conscience de cette situation, les acteurs sociaux (éleveurs, Etat, privé, partenaires au développement et chercheurs) réagissent par des actions de lutte pour son contrôle dont les stratégies principales de lutte sont : la lutte contre les vecteurs, l'utilisation du bétail trypanotolérant et l'usage des médicaments trypanocides. Mais, l'usage des médicaments est le plus connu et répandu chez les éleveurs. Cependant, les études techniques menées sur les pratiques d'usage des trypanocides ont montré qu'ils sont utilisés dans des conditions inappropriées (Diall ; 1997). En conséquence, il en résulte des échecs de traitements devenant de plus en plus nombreux et fréquents. De plus, la mise au point d'un vaccin tarde à venir et la maladie persiste. Or, de nos jours, l'expansion de l'élevage bovin de race zébu (plus sensible à la TAA) et de la culture cotonnière oblige les éleveurs à continuer à utiliser les trypanocides. D'où, il est question de savoir comment sont-ils utilisés dans un tel contexte ?

    C'est face à cette interrogation qu'un Projet régional intitulé « Gestion améliorée de la chimiorésistance dans le cadre de la lutte intégrée contre la TAA dans la zone cotonnière ouest africaine » a entrepris un programme de recherches sur les pratiques paysannes en matière de gestion de la TAA. Dénommé BMZ, il intervient dans trois pays d'Afrique de l'Ouest à savoir le Burkina Faso, le Mali et la Guinée. Son objectif principal est d'aider les éleveurs à continuer la lutte contre la TAA en minimisant les risques de chimiorésistance.

    Au Burkina Faso, le Projet intervient dans la province du Kénédougou en partenariat avec le CIRDES (Centre International de Recherche -Développement sur l'Elevage en Zone Subhumide) qui assure l'exécution des activités sur le terrain. Unique centre spécialisé de recherche en élevage en Afrique occidentale, le CIRDES a réalisé plusieurs études sur la problématique de la gestion de la TAA et de la chimiorésistance (Dénis OUEDRAOGO ; 2002). Mais, force est de constater qu'elles restent d'ordre technique. Or, comme le remarque Dénis OUEDRAOGO, la problématique de la TAA est plus qu'un problème médical.

    En effet, elle a des implications sociales, car à travers les traitements et la vente des trypanocides s'affrontent plusieurs acteurs sociaux ayant des motivations et des logiques sociales différentes. Ainsi, il se dégage l'idée de l'implication du social dans les stratégies de lutte utilisées par les agro-éleveurs dont la nécessité de tenir compte pour des actions efficaces et durables est bien perçue de nos jours. C'est pourquoi, le Projet BMZ a inscrit dans sa nouvelle approche cette étude sociologique dont l'objectif global est d'analyser l'influence des facteurs sociaux sur les stratégies paysannes en matière de gestion de la TAA et de la communication y relative.

    Toutefois, le cas spécifique de la communication nous préoccupe dans cette recherche intitulée «communication et contrôle de la TAA : étude de cas des interrelations entre les agro-éleveurs et leurs prestataires de services vétérinaires» pour deux raisons. En effet, elle s'inscrit dans la suite des études antérieures réalisées dans la province du Kénédougou depuis 1998 à nos jours et qui ont révélé dans leurs conclusions respectives la méconnaissance des sources d'approvisionnement des médicaments et surtout les informations relatives à leur application.

    De plus, elle se veut un appui à la vulgarisation de l'Utilisation Rationnelle des Trypanocides (URT) comme une stratégie de lutte contre la TAA dans ce contexte de résistance. Or, il existe un manque de données et d'information sur les pratiques, attitudes, stratégies et comportements des agro-éleveurs face à l'information et la communication sur lesquelles il faut s'appuyer pour une meilleure promotion de cette stratégie de lutte. Dans ce sens, il apparaît nécessaire de parvenir à une meilleure connaissance de leur système d'information et de communication pour des actions efficaces et durables. Ainsi, décrire leur système d'information et de communication et analyser les logiques sociales qui le sous-tendent s'avère être une préoccupation fondamentale. Or le phénomène de l'information est si important et complexe à la fois à telle enseigne qu'il nous semble difficile de prétendre à sa compréhension approfondie.

    Mais comme l'écrit Guy Rocher1(*) « Toute connaissance part de données intuitives, sur lesquelles l'esprit s'efforce de construire un ensemble de relations significatives et vérifiables. Le succès ne sanctionne pas toujours ces entreprises, qui sont d'autant plus hasardeuses que les données à traiter sont plus complexes et plus confuses. Mais leur richesse même nous provoque à ne pas nous contenter de l'état brut dans lequel elles nous sont livrées par le sens commun ».

    L'objectif de cette étude est d'identifier et d'analyser les facteurs socioculturels qui influencent les pratiques et les comportements des agro-éleveurs face à l'information et la communication associée à la gestion de la TAA.

    Elle s'inscrit dans le cadre d'une recherche-action qui se veut une investigation sociologique dans laquelle nous faisons une interprétation culturelle de la communication à partir de nos enquêtes et du contenu de nos entretiens.

    Cette étude est structurée en quatre chapitres :

    § le premier chapitre fixe le cadre théorique et la méthodologie;

    § le second chapitre présente l'espace d'étude et analyse les circuits d'information en vigueur chez les agro-éleveurs ;

    § le troisième chapitre traite de l'implication des prestataires de services vétérinaires dans l'information des agro-éleveurs et des difficultés y afférentes à travers leurs pratiques et attitudes dans l'usage des trypanocides ;

    § et le quatrième chapitre analyse le besoin, les sources et les stratégies de communication en vigueur chez les agro-éleveurs.

    CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIE.

    Comme s'écriait le philosophe2(*) : « méthode, méthode, que me veux-tu ; ne sais-tu pas que j'ai mangé du fruit de l'inconscient ? » Nous tentons d'élucider les questions théoriques et méthodologiques à travers ce premier chapitre consacré à l'appropriation, à la construction de notre objet d'étude et à la méthodologie utilisée.

    I/ Construction de l'objet d'étude.

    1) Question de départ

    Dès la fin du mois d'avril, commencent à tomber les premières pluies, annonciatrices de l'hivernage chez les populations agro-pastorales de la province du Kénédougou. Mais pour elles, cette période ne signifie pas seulement début de saison pluvieuse, elle veut dire aussi reprise des traitements médicamenteux en vue de prévenir ou de guérir leurs bovins malades ou supposés malades de la TAA.

    Ainsi, par-ci, par-là, devant les enclos, les parcs à vaccination, n'importe où, on aperçoit des éleveurs vacciner ou se font aider à vacciner leurs bovins afin de les apprêter pour les grands labours. Certains (la majorité), achetant leurs médicaments trypanocides sur les marchés locaux; d'autres, allant à Bobo, à Hèrèmakono et à Sikasso dans les pharmacies privées se procurer de leurs médicaments sans ordonnance médicale sous l'oeil bienveillant et complice de leurs agents publics d'élevage. Telles sont les diverses formes de manifestation et points d'ancrage des pratiques d'automédication en vigueur dans cette province à vocation agro-pastorale. Mais, si le discours dominant à l'heure actuelle tend à incriminer les populations agro-pastorales, qu'en est-il de leur point de vue ? Sont-ils les seuls acteurs impliqués dans la pratique de l'automédication ?

    Par ailleurs, si les études actuelles montrent que les agro-éleveurs disposent de bonnes connaissances sur la TAA et ses méthodes de lutte, l'envie devient irrésistible de savoir comment ils obtiennent ces connaissances? Toutefois, la persistance de la TAA accompagnée de fréquents et nombreux échecs de traitement nous oblige à nous demander quelles sont les connaissances disponibles sur la TAA chez les agro-éleveurs ? Ce qui nous plonge au coeur des processus d'acquisition et de transmission des connaissances sur la TAA et les stratégies de lutte appropriées dans la province du Kénédougou. D'où notre question de départ est de savoir quels sont les voies et moyens existants en matière d'acquisition et de transmission des savoirs sur la TAA chez les agro-éleveurs de la province du Kénédougou et leurs fournisseurs de trypanocides ?

    2) Justification

    Cette recherche se justifie par la volonté du Projet BMZ de parvenir à une meilleure gestion de la TAA en situation de chimiorésistance et à l'absence d'un vaccin approprié. Or, de nos jours il y a un manque d'informations et de données d'information sur les pratiques d'usage des médicaments trypanocides et le système de communication y afférent chez les populations agro-pastorales de la province du Kénédougou. Par exemple il y a très peu d'écrits disponibles tant du côté des chercheurs que de celui des services publics d'élevage sur les pratiques de gestion des maladies des animaux et la communication y relative.

    Cependant l'usage des médicaments par les agro-éleveurs, la vente des médicaments par des non professionnels, l'insuffisance du personnel qualifié et compétent sont des actes et comportements sociaux fréquemment rencontrés aussi bien au niveau de la santé humaine que de celui des animaux en matière de consommation des médicaments et des soins médicaux. Ils sont généralement qualifiés de formes d'automédication ou d'utilisation irrationnelle des médicaments, parce que se réalisant à l'encontre de la norme médicale qui veuille que le choix et la prise de médicament par une personne soit sous l'assistance d'un spécialiste en la matière.

    L'ampleur et l'acuité de ces actes et comportements se remarquent par la présence de paquets ou sachets de médicaments usagés devant les enclos, les concessions, les parcs de vaccination et la présence des vendeurs de médicaments de la rue sur tous les marchés locaux. Ils se remarquent aussi dans les conversations populaires, rappelant les changements opérés dans leurs pratiques pastorales. En la matière, leur perception sociale de l'élevage est sans équivoque ; « on ne peut pas faire l'élevage aujourd'hui sans une seringue à la main » est la parole consacrée qui traduit leur perception de la nécessité d'associer la pratique pastorale à celle de la médecine vétérinaire dans le contexte actuel marqué par l'intensification de l'élevage au Burkina.

    Non spécifiques aux agro-éleveurs de la province du Kénédougou, ces actes et comportements d'automédication sont communs à toutes les sociétés actuelles. Du reste la littérature médicale et sociologique situe leur origine dans la pauvreté des populations face à la cherté, à l'indisponibilité et à l'inaccessibilité des médicaments et soins modernes. Dans ce sens, l'automédication nous apparaît comme un fait social qui a pour conséquence l'apparition et le développement d'une chimiorésistance dans la majorité des cas. De façon générale, cette étude se justifie par le fait que la santé animale reste un domaine peu exploré dans les recherches en sciences sociales, en particulier la sociologie.

    3) Objectifs et intérêts

    a) Objectifs de la recherche

    Objectif principal : identifier et à analyser les facteurs socioculturels qui influencent les comportements et les stratégies des agro-éleveurs de la province du Kénédougou dans la quête d'informations sur la santé animale, en particulier la TAA.

    Objectifs spécifiques:

    - décrire et analyser les sources et canaux de communication efficaces au sein de la communauté des agro-éleveurs ;

    - décrire et analyser le besoin et les stratégies des éleveurs en matière d'information et de communication  sur la TAA;

    - analyser les logiques et les représentations sociales qui les sous-tendent ;

    - identifier les types d'acteurs prestataires de services vétérinaires impliqués dans l'utilisation des trypanocides et leurs stratégies de communication sur la TAA ;

    - analyser l'influence de leurs pratiques et attitudes sur la relation de communication existante entre eux et les agro-éleveurs et dégager les difficultés y afférentes.

    b) Intérêts de la recherche

    L'intérêt de cette recherche est à la fois scientifique et pratique : sur le plan scientifique, elle contribuera à combler le vide laissé par les études médicales et socio-économiques sur la connaissance du système d'approvisionnement en médicaments vétérinaires et le système d'informations y relatif dans la province du Kénédougou. Dans le domaine sociologique, elle vient combler un manque de littérature sur la santé animale au Burkina Faso.

    Sur le plan pratique, elle aidera à trouver dans le contexte actuel de la province du Kénédougou une meilleure approche pour promouvoir des comportements susceptibles d'améliorer la santé animale en aidant les populations à continuer la lutte contre la TAA en minimisant le risque de la chimiorésistance. En effet, maîtriser les systèmes d'approvisionnement en médicaments vétérinaires et de communication en vigueur dans cette province servira d'appui à l'élaboration et à la vulgarisation d'une stratégie de lutte efficace contre la TAA et adaptée au contexte socio-économique de la province du Kénédougou. Ce qui participe à la lutte contre la pauvreté rurale, car sa finalité est de contribuer à l'amélioration de la productivité animale et à l'accroissement de la production agricole dans cette province à vocation agro-pastorale reconnue.

    4) Phase exploratoire.

    S'inscrivant dans une logique de recherche appliquée initiée dans le cadre d'un programme de recherche pluridisciplinaire nous imposant une attitude permanente de va et vient entre le terrain et la théorie, spécifier une phase exploratoire en tant qu'étape de notre méthodologie est impertinent. Toutefois, il est impératif que nos lecteurs sachent comment nous avons entamé cette recherche ?

    Dans cet ordre d'idées, elle a débuté par une sortie de terrain au cours de laquelle nous avons non seulement pris contact avec les villages d'enquêtes mais aussi pris connaissance des termes de référence de l'étude. Munis des informations préliminaires, nous avons ensuite, réalisé des entretiens exploratoires avec les différents groupes cibles. En la matière, nous avons eu un entretien individuel avec les chef des huit (8) villages, cinq (5) responsables des agro-éleveurs, le chargé de programme de la lutte communautaire, trois enquêteurs animateurs du Projet, le directeur provincial des ressources animales, deux agents des services publics d'élevage, un responsable de la pharmacopée traditionnelle et un représentant de pharmacie vétérinaire privée. Avec chacune des personnes rencontrées, nous avons échangé sur la réalité, les causes, l'ampleur de la maladie de la TAA et les raisons de sa persistance ; les pratiques de gestion en vigueur, en particulier les pratiques d'automédication des trypanocides et leurs systèmes d'information et de communication y relatifs.

    A l'issue des entretiens, il faut retenir que l'ensemble des personnes rencontrées évoque les difficultés auxquelles elles sont confrontées dans l'utilisation des trypanocides et dans la recherche de l'information vétérinaire. Ainsi, pour les responsables des agro-éleveurs, l'inaccessibilité, l'indisponibilité, l'insuffisance numérique des agents publics d'élevage et la rareté des vétérinaires privés sont les raisons qui les obligent à traiter eux-mêmes leurs animaux ou à recourir aux services des non professionnels. Tout en manifestant un grand désir d'informations justes sur la TAA, ils estiment que l'insuffisance et la rareté des professionnels leur pose un problème de qualité des trypanocides et des informations obtenus. Conscients des risques de sous information existants du côté des non professionnels, ils souhaitent s'informer auprès des professionnels. Enfin, il existe dans chaque village un circuit officiel de communication par lequel toute information passe par le chef et un circuit parallèle par lequel l'information provient des parents, amis, copains et les partenaires extérieurs.

    A l'opposé, les agents publics d'élevage pensent que le manque de moyens financiers, matériels et logistiques ainsi que leur insuffisance numérique et l'existence de nombreux amateurs de la médecine vétérinaire sont des raisons qui limitent leurs efforts de sensibilisation et de contrôle de la qualité des trypanocides et de leur vente.

    Tout en confirmant l'existence des échecs de traitement et le développement de la résistance dans le Kénédougou sud, ils pensent que le sous dosage des trypanocides et l'automédication sont les facteurs favorables. Quant aux vétérinaires privés, ils estiment qu'ils sont confrontés à un contexte socio-économique marqué par la concurrence déloyale, le refus des éleveurs de payer cher pour la santé de leurs animaux, l'existence de vendeurs de médicaments de la rue, de vaccinateurs locaux et l'automédication qui limitent leurs possibilités d'information. Enfin, les chercheurs et travailleurs du Projet BMZ, évoquent un manque de données et d'informations disponibles sur les pratiques des agro-éleveurs et leurs prestataires de services en matière d'utilisation des trypanocides et de communication.

    Parallèlement à ces sorties de terrain, nous avons consulté un certain nombre de documents et d'écrits sur l'élevage ; la santé en général et en particulier celle des animaux ; l'information et la communication et la méthodologie en sociologie. Cette revue documentaire a été réalisée dans les bibliothèques et centres de documentation spécialisée ci-après dont l'essentiel des lectures faites est résumé dans la revue de littérature :

    - la bibliothèque du CIRDES ;

    - la bibliothèque centrale de l'Université de Ouagadougou ;

    - la bibliothèque spécialisée du département de sociologie ;

    - la bibliothèque Pluri ;

    - la documentation du groupe SHADEI, centre Muraz de Bobo-Dioulasso ;

    - la documentation de la DPRA du Kénédougou ;

    - la documentation du PNGT 2 du Kénédougou ;

    - la documentation de la Mairie d'Orodara ;

    - la documentation du Haut-commissariat d'Orodara ;

    - la documentation de la Direction Régionale de l'Economie et de la Planification des Hauts Bassin (DREP/HB) de Bobo-Dioulasso ;

    - et de nombreux sites Web dont :

    - www.csdptt.org/article299.html;

    - www.esim.ch/catalogue.biblio.html;

    - www.umoncton.ca/johnson/so4710/bibliog.html;

    - www.etourdi.com/rubriques/k6_2.html.

    5) Problématique

    Bonne connaissance de la maladie de la Trypanosomose Animale Africaine (TAA) et usage des trypanocides indiqués par les éleveurs, vente illicite de ces médicaments, insuffisance des spécialistes de la santé animale, inapplication des textes réglementaires et régulateurs de la médecine vétérinaire en vigueur au Burkina caractérisent les pratiques quotidiennes de gestion de la TAA dans la province du Kénédougou. Formes courantes d'Automédication, elles ont été signalées par Denis OUEDRAOGO (2002), révélées par les enquêtes menées par le Projet BMZ 2 sur les connaissances, pratiques et attitudes des éleveurs (Résultats partiels, enquête CAP, 2003), décrites et analysées par DELIA Grace (2003) et rapportées par Wolf-Dieter Krueger (2004).

    Cependant indiquent ces auteurs et l'ensemble des acteurs impliqués dans cette pratique, il y a un manque d'informations sur certains points critiques de l'utilisation des trypanocides à savoir : le dosage, la maîtrise de la technique d'injection, le diagnostic et l'attitude à adopter en cas d'échec du traitement. Il se manifeste alors un grand besoin d'informations chez les agro-éleveurs au point qu'il est impératif de savoir quelle est la place de la communication dans le contrôle de la TAA ? Et quelles sont les difficultés y afférentes ? Mais, de l'avis des agro-éleveurs et leurs fournisseurs de trypanocides, l'information et la communication occupe une place significative dans leurs pratiques trypanocides dans la mesure où la consommation des trypanocides est perçue comme un système d'échange. Toutefois, il ne s'agit pas seulement d'échange marchand de trypanocides et de soins contre la TAA mais aussi d'échange d'informations, de conseils et de connaissances. Déjà le mérite revient à Marcel Mauss d'avoir mis en relief la dimension symbolique de l'échange dans les sociétés humaines. Mais si pour Mauss, cette dimension symbolique est composée de relations sociales, pour Jean Baudrillard3(*), il s'agit d'information et de communication. En effet, cet auteur conçoit la consommation comme l'achat de signes destinés à rentrer en contact avec les autres au-delà de l'achat des biens et services pour satisfaire un besoin économique. Pour ce faire, il compare la consommation à un langage répondant à des codes transmis par la famille, la publicité et les media. Dans ce sens, il pense que l'achat d'un bien matériel (un vêtement, une voiture, etc.) permet à un individu de communiquer ses valeurs aux autres et de s'intégrer à l'intérieur d'un groupe. Ce qui fonde l'existence d'un système d'information et de communication pour le contrôle de la TAA chez les agro-éleveurs et leurs prestataires de services vétérinaires. Il est mis en oeuvre à travers une pluralité de stratégies et de canaux d'information dominée par la communication interpersonnelle par le biais du contact physique et de la parole. Du reste, c'est au contact d'un spécialiste quelconque de l'élevage lors de ses sorties de terrain, au service, en pharmacie ou en clinique que les agro-éleveurs acquièrent des informations et des connaissances sur la santé animale.

    Ainsi, la communication renvoie donc à l'ensemble des activités, procédures et structures par lesquelles les agro-éleveurs et leurs prestataires de services s'échangent les informations sur la TAA. Appliquée à l'utilisation des trypanocides, la vente et les traitements constituent les principales activités de communication en tant qu'occasions privilégiées de rencontre, de contact et de dialogue entre agro-éleveurs et prestataires de services. Mais, si une majorité des agro-éleveurs n'ont pas accès aux professionnels de la santé animale, alors quelle est la conséquence sur la gestion de leurs interrelations ? De plus sur le terrain, un ensemble de procédures est mis en place tant du côté des agro-éleveurs que de celui des prestataires pour rendre effectif les transactions trypanocides. Mais, si les agro-éleveurs manifestent un grand désir d'informations de qualité sur la TAA, il est impératif de se demander quelles sont les possibilités de communication y relatives ? Les services publics d'élevage, les cabinets de soins privés et la rue représentent les structures de communication en tant que lieux et espaces de rencontre, de contact et de dialogue. Mais, lorsqu'elles sont insuffisantes et sous équipées dans le Kénédougou sud, quels sont les effets induits sur la communication ?

    Enfin, l'utilisation des trypanocides se déroule dans un contexte qui suscite des interrogations d'épars et d'autres. Ainsi, comment les agro-éleveurs obtiennent les informations sur la TAA dans un contexte socio-économique et socioculturel marqué par la pratique de l'automédication, la pauvreté, l'analphabétisme, la persistance de la TAA, l'utilisation massive des trypanocides, la présence de la chimiorésistance et le développement de la culture attelée ? Et quels sont les effets induits sur la communication dans la mesure où l'action conjuguée de ces facteurs entraîne une rareté des contacts avec les professionnels de la santé animale et le recours massif aux non professionnels ? De même dans un contexte socio-économique, socioprofessionnel et institutionnel caractérisé par une concurrence déloyale entre les prestataires de services, l'inaccessibilité et l'indisponibilité des professionnels de la santé animale au profit des non professionnels, l'inapplication des textes et lois sur la pratique de la profession vétérinaire et la confusion des rôles, comment se déroule la prise en charge des nombreux besoins d'informations exprimés par les agro-éleveurs chez les prestataires ? Et quels sont les effets induits sur la communication dans la mesure où l'action simultanée de ces facteurs entraîne moins de contacts entre prestataires professionnels et éleveurs et plus de contacts entre ces derniers et les non professionnels ayant peu de «culture vétérinaire»4(*) à transmettre ?

    Certes, le contexte ci-dessus dépeint a une influence sur la communication car il affecte les deux principes d'efficacité de la communication à savoir la quantité et la régularité des contacts d'une part et la qualité des messages émis ou reçus d'autre part.

    Ce qui introduit des « biais»5(*)  dans la communication entre agro-éleveurs et leurs prestataires par la réduction des contacts et l'apparition de sources de blocage, de distorsion, de rétention, d'intoxication et de déformation des informations vétérinaires. C'est pourquoi, il convient de s'interroger sur leurs conditions de communication afin de découvrir les biais y afférents susceptibles de bloquer l'adoption de l'utilisation rationnelle des trypanocides comme stratégie de lutte contre la TAA.

    D'où la question fondamentale est de savoir comment fonctionne le système de communication pour le contrôle de la TAA chez les agro-éleveurs de la province du Kénédougou et leurs prestataires de service vétérinaire?

    Quels sont les canaux et stratégies de communication par lesquels ils s'échangent les informations sur la TAA? Et, quels sont les biais de communication y afférents ?

    Quelles sont les logiques sociales qui sous- tendent leurs comportements face à l'information et la communication ? Quelle est l'ampleur de leur besoin en informations sur la TAA ?

    6) Revue de littérature

    Dans les lectures faites, de nombreux auteurs ont abordé directement ou indirectement dans leurs écrits la problématique de la communication. Mais, les auteurs ci-dessous ont retenu notre attention.

    HARDON et al6(*) (1992) : ont abordé la question de l'étude des systèmes d'approvisionnement et d'information sur les médicaments en usage dans les communautés humaines comme fondement épistémologique de leur démarche. Dans un souci de concevoir une méthode particulière destinée à l'usage des spécialistes de la santé et des chercheurs disposant de peu de temps pour entreprendre de longues recherches sur les problèmes auxquels ils sont confrontés chaque jour, ces auteurs estiment que la maîtrise des sources auxquelles les populations s'approvisionnent en médicaments et en informations s'avère capitale. En ce sens qu'aidées par un habitus en gestion sanitaire, les populations ont recours à une multiplicité de sources (pharmacies privées, vendeurs ambulants, commerçants et services étatiques). De plus, ils ont souligné la nécessité de comprendre l'appropriation de la distribution des médicaments par les agents de santé communautaire afin de saisir non seulement les représentations sociales des gens autour des notions de sécurité et d'efficacité des médicaments mais aussi la conformité de ces pratiques d'avec les prescriptions formalisées. Mais, si les thématiques abordées par Hardon et ses collaborateurs concerne la consommation des médicaments humains, l'auteur suivant s'intéresse à la consommation des médicaments des animaux.

    Denis OUEDRAOGO7(*) (2002) : étudiant sur les pratiques paysannes en matière de gestion de la TAA dans sa thèse de doctorat ès sciences économiques, il a analysé les déterminants du fonctionnement du marché des trypanocides. A partir de l'hypothèse qu'il existe une relation entre le mode de fonctionnement de ce marché et le développement de la chimiorésistance, il a abouti aux résultats suivants : d'abord sur la base des critères de secteur d'activité principale et de la qualification requise, il a dressé une typologie des acteurs prestataires de services vétérinaires. Pour lui, une pluralité d'acteurs participe au marché des intrants vétérinaires ; mais il les regroupe en catégorie de professionnels et de non professionnels.

    Dans cette logique, il estime que la relation existante entre ces prestataires et les producteurs est caractérisée par une « asymétrie informationnelle » au point que ces derniers ont des savoirs et savoir-faire limités sur les traitements trypanocides. Ensuite, il a révélé la prédominance du marché malien dans les circuits d'approvisionnement en produits vétérinaires. Pour lui : « dans la province du Kénédougou, les commerçants ambulants, les propriétaires de grands troupeaux et les vendeurs achètent généralement leurs produits vétérinaires sur les marchés de brousse au Mali, notamment à Denderesso, Kouri, Hèrèmakono et Tiokobougou » (OUEDRAOGO ; 2002, P104). Dans cette logique, il a recommandé qu'une étude soit entreprise dans le sens d'une maîtrise des circuits d'approvisionnement en produits vétérinaires chez les éleveurs pour une meilleure gestion de la TAA. Mais, si dans cette étude l'auteur commence à effleurer la problématique de la communication dans la gestion des interrelations entre les producteurs et leurs prestataires de service, dans l'étude suivante la communication est au coeur de l'appropriation des innovations technologiques.

    BONTOULOUGOU Jocelyne et al8(*), (2000) : ont mis en relief les enjeux et l'influence de la communication dans l'appropriation des innovations technologiques en milieu rural. En recherchant les causes de l'échec de la mise en oeuvre du plan de lutte contre la TAA dans la vallée du Mouhoun, ils ont analysé les rapports sociaux pouvant exister entre prestataires de services professionnels et populations en tant que raisons communicationnelles parmi les causes de l'arrêt des activités. Pour eux, ces raisons sont sous tendues par des variables socioculturelles (rapports sociaux de coopération et de conflit), perception sociale des prestataires de service et de la qualité de ces services) (P 41, 2000). Mais s'il ne s'agit que de difficultés liées à la gestion des interrelations entre les différents acteurs dans cette recherche, plus loin ce sont les canaux de communication et la qualité de l'information qui constituent des sources de blocages à l'adoption des innovations en milieu rural.

    Ayoro Bertille9(*) (1998) : a inscrit dans son mémoire de maîtrise en sociologie les canaux de diffusion et la qualité de l'information au centre des blocages communicationnels à la diffusion des innovations techniques en milieu rural. Pour cet auteur, il y a blocage lorsqu'il y a inadéquation entre le réseau de communication des vulgarisateurs d'avec celui des adoptants. De même, la qualité de l'information dépend de la confiance accordée à sa source de production. De ce point de vue, elle rejoint les travaux américains et ceux réalisés par Mendras et Forsé sur les mécanismes de diffusion des innovations en milieu rural. L'ensemble de ces travaux a analysé le réseau de communication en tant que circuit de diffusion de l'innovation. Ils se sont attardés sur le rapport entre les sources d'informations utilisées par les vulgarisateurs et celles des adoptants. En analysant dans un premier temps, les sources d'information des adoptants, ils ont montré qu'elles produisent des comportements nouveaux au niveau des paysans. Ensuite, ils ont montré comment l'adéquation des sources utilisées par les vulgarisateurs d'avec celles et les valeurs culturelles du milieu local est facteur de succès de l'innovation. Enfin, sur la base de cette variable ils ont dressé une typologie des adoptants. Certes, une communication efficace est nécessaire pour une meilleure diffusion et adoption des innovations. C'est pourquoi, les auteurs suivants insistent sur la nécessité de saisir au mieux les fonctions et les objectifs de la communication dans la société.

    Monique L. Salomon et al,10(*) (1997) : ont mis en relief dans leur ouvrage l'influence du système de communication sur les processus d'adoption des innovations. Dans une perspective fonctionnaliste, ces auteurs replacèrent la communication dans les structures d'organisation de la société. Ainsi, rechercher les fonctions et les objectifs de la communication et de l'information étaient au coeur de leurs préoccupations. Pour ces auteurs, le système de communication doit être appréhendé dans ses deux dimensions d'organisation formelle et informelle

    S'inscrivant dans la même logique, le rapport de l'atelier de formation en vulgarisation qui s'est déroulé du sept (7) au huit (8) Mai 1998 à Sokodé, au Togo sous l'égide de la FAO dans le cadre du Projet régional de lutte contre la TAA s'est penché sur la problématique de la formation des agents de terrain en vulgarisation. Il souligne la nécessité de la connaissance du milieu local par ces derniers afin d'éviter les éventuelles situations de blocages. Ainsi, la maîtrise du système de communication traditionnel en tant que fondement de toutes les activités de communication et d'information par les animateurs apparaît capitale. Dans cette logique, ce rapport présente les médias traditionnels de communication et les acteurs sociaux.

    Dans ce rapport, les MTC sont définis comme étant toutes les formes organisées de production de savoirs et de l'information gérées directement par la communauté elle-même. « Réponses culturelles et endogènes à la satisfaction des différents besoins en matière d'informations, d'éducation, de protestation sociale et de divertissement, ces MTC sont composés des contes, proverbes, devinettes, chansons de femmes, masque, griots et musiciens ». Ce rapport fait ressortir finalement que dans la société traditionnelle l'informateur est le crieur public, le batteur de tam-tam, le joueur de gong ; que l'éducateur est le notable, le sage ou le chef et que ce dernier est source de production de l'information. Si ce rapport se limite à une description des processus de communication, nous nous sommes inspiré de Dominique Wolton qui en fait une analyse critique.

    Dominique Wolton11(*: dans son article sur «la communication, un enjeu scientifique et politique majeur du XXIe siècle », il établit un lien entre modèle socioculturel et systèmes techniques de communication dans un contexte de mondialisation de plus en plus marqué par le développement des techniques de communication. A partir du constat que le développement de ces techniques a rapproché les hommes et les sociétés, en rendant plus visibles les différences culturelles, sociales et religieuses, et en augmentant les inter compréhensions, il formule l'hypothèse que «la communication est un enjeu scientifique et politique majeur du XXIe siècle ».

    En mettant en relation, le triomphe des techniques, la réduction des espaces géographiques et celle des différences culturelles, sociales et religieuses, la volonté de tolérance entre les hommes et le besoin de communiquer, il parvient à conclure qu'il faut « socialiser les techniques pour éviter de techniciser la communication » (P310). Pour lui, la communication est à la fois un «processus technique »et une «valeur de libération». Ainsi avant d'être interpersonnelle ; media ou nouvelle ; politique et interculturelle, elle est modèle d'organisation de la société, à travers les valeurs, les symboles et représentations (P310). Avec ce dernier, la communication à une dimension symbolique au-delà des outils techniques qui se manifeste dans les stratégies de communications des acteurs sociaux et dans la diversité des modes de communication. Mais avec les auteurs ci-dessous, il apparaît une prédominance de la communication interpersonnelle dans les stratégies de communication en matière de santé chez les populations rurales.

    Dr Kiyombo (Mbela) et al.12(*) (2002) : ont analysé le système de communication des populations dans une étude de base sur les comportements de la population rurale face à la diarrhée dans deux zones de santé en République Démocratique du Congo.

    Cette étude dont l'objectif global est d'élaborer une stratégie de communication pour le changement de comportement en matière d'hygiène domestique s'est déroulée dans un contexte de persistance de la diarrhée chez les enfants de moins de cinq (5) ans en dépit des efforts combien nombreux consentis par le Projet SANRU III pour le financement et la construction d'infrastructures d'eau et d'assainissement visant à l'amélioration de la santé rurale par la réduction de la morbidité et de la mortalité dues à la diarrhée. C'est donc face aux conséquences de la diarrhée sur les ménages et les systèmes de Santé en terme de pertes de ressources, à la précarité des conditions d'hygiène domestique et aux comportements inadéquats des populations rurales ayant bénéficiées des infrastructures réalisées par le Projet SANRU III qu'un collectif d'auteurs dirigé par le Dr. Kiyombo Mbela s'est interrogé sur la stratégie appropriée pour promouvoir l'hygiène domestique présentée comme cause de la persistance de la diarrhée.

    En formulant l'hypothèse qu'il existe des facteurs, aussi bien internes qu'externes liés au changement de comportement d'une personne capables de bloquer ou de favoriser l'émergence de comportements hygiéniques chez les populations, ces auteurs ont exploré les domaines clés de l'hygiène domestique en rapport avec la diarrhée à savoir le lavage des mains, l'évacuation des excréta et la gestion de l'eau de boisson chez les mères, les infirmiers, les médecins, les chefs coutumiers et religieux.

    Les résultats de cette recherche basée sur des entretiens, des focus group et l'observation directe révèlent que les mères tout comme les infirmiers sont sensibilisées sur l'hygiène et ses relations avec la diarrhée mais ont un niveau de connaissance faible en rapport avec le lavage des mains, la gestion de l'eau et des excréta. Mieux les infirmiers connaissent la nécessité de cette hygiène, mais ne savent pas tous les moments critiques de lavage des mains. Par ailleurs, ces auteurs remarquent que les différents comportements sont supportés par des croyances défavorables et l'insuffisance des équipements. De plus, cette étude révèle la diversité des sources d'information chez les populations observées. La communication interpersonnelle est privilégiée et se réalise par le biais du contact physique dans le centre de santé, à domicile et dans les lieux de culte (église, mosquée, temple etc.).

    Cette communication interpersonnelle est aussi utilisée sous sa forme traditionnelle et gérée par les chefs du village et le crieur. Ce qui s'inscrit dans la vision dite de la communication sociale décrite par Alex Mucchielli et ses collaborateurs.

    Mucchielli, (Alex), Corbala (J.A.) et al13(*). (1998) : avec ces auteurs se dessine une approche critique des méthodes d'étude des communications, longtemps dominées par le paradigme de la communication individuelle.

    A travers « deux visions de la communication », ces auteurs font une analyse critique des deux méthodes d'étude des processus de communication connues de nos jours à savoir la communication individuelle et celle dite sociale.

    Ainsi, ils pensent que si pendant des siècles le paradigme de la communication individuelle a permis d'élucider de nombreuses problématiques des communications dans les sciences sociales, il apparaît de nos jours comme un « idéal type » au regard de l'influence de plus en plus marquée du contexte sur les processus de communication. Face à cette nouvelle problématique, Alex Mucchielli et ses coauteurs proposent un dépassement de ce modèle pour prendre en compte la dimension culturelle de tout processus de communication.

    Mais avant, ces auteurs ont présenté deux approches de la communication à savoir la communication individuelle et la communication sociale fondées sur leur conception de l'individu et de sa relation avec la société globale. En effet, suivant le modèle dit « communication individuelle », l'individu est conçu comme une«entité constituée d'un corps et d'un esprit», close, renfermée et séparée de son semblable, mais douée de raison et de volonté. Toutefois, pour les tenants de la « communication sociale, l'individu apparaît comme «un acteur social» «participant»d'une totalité qui le subsume à savoir la société globale ». Il est vrai qu'avec cette théorie, le concept d'acteur soit revisité et construit sur la base de la culture locale, mais il faut reconnaître qu'en matière de communication, l'individu à toujours été acteur du fait qu'il utilise ses sens (bouche, oreilles, yeux) et la langue (élément culturel par excellence) pour communiquer. C'est pourquoi il faut refuser à ces auteurs l'opposition systématique entre les deux modèles qu'ils présentent. Il faut plutôt y voir une complémentarité, car ce qui transparaît dans la communication sociale n'est rien d'autre qu'une prolongation plus pérenne de la communication individuelle. A notre sens, si on va de la communication individuelle à la communication sociale, ce qui change fondamentalement n'est pas le processus de communication avec ses acteurs, moyens et canaux, c'est plutôt le temps et l'espace.

    De tout temps et en tout lieu, l'homme se sert de ses organes de sens (bouche, oreilles, mains, yeux) et de sa culture pour communiquer. Sous ce rapport nature et culture se complètent utilement pour que nous puissions nous consulter, mettre en commun les choses que chacun de nous détient par devers soi. Toutefois, de cette opposition, signification et contexte des communications apparaissent comme pistes de recherche.

    En sommes, cette revue de lecture révèle une multiplicité d'études descriptive et analytique de la communication qui ont inspiré nos analyses et nos réflexions partant du cas de la gestion des interrelations chez les éleveurs de la province du Kénédougou et leurs prestataires de services vétérinaires.

    II/ Construction du modèle d'analyse théorique

    1) Cadre de référence sociologique

    Nous optons pour une combinaison de rationalité individualiste et celle dite collective. Car l'utilisation des trypanocides se présente comme un cas d'innovation technique dont l'adoption relève avant tout de l'individu et de son bon vouloir. Par ailleurs, il faut se convaincre que cet individu est membre d'une société, d'une collectivité avec quoi il interagit dans ses prises de décisions. Dans cette logique notre cadre de référence est interactionniste ; celui que nous empruntons à MENDRAS et FORSE. Ces auteurs ont utilisé ce modèle dans l'analyse des mécanismes d'adoption et de diffusion du maïs hybride en France. Ils sont partis du principe que dans les processus d'adoption et de diffusion des innovations, la prise de décision se fait en trois étapes à savoir : l'information, le savoir et la persuasion. Chacune de ces étapes est sous l'influence de quatre variables : l'individu et ses motivations, la qualité de l'innovation, les sources d'informations et de communications et le système de valeurs sociales.

    2) Elaboration des hypothèses de travail.

    a) Hypothèse principale :

    Dans la province du Kénédougou, la communication existante entre les agro-éleveurs et leurs prestataires de services vétérinaires pour le contrôle de la Trypanosomose animale africaine est biaisée par les difficultés infrastructurelles, socioculturelles, économiques, professionnelles et contextuelles auxquelles ils sont confrontés dans l'utilisation des trypanocides.

    b) Hypothèses secondaires :

    - il existe des stratégies et des canaux de communication par lesquels les agro-éleveurs acquièrent et s'échangent les informations sur la TAA ;

    - les logiques sociales qui sous-tendent leurs comportements sont inscrites dans leurs habitudes socioculturelles de gestion de la santé et de la communication ;

    - les caractéristiques socioprofessionnelles de l'informateur ; la proximité, l'accessibilité, la disponibilité et la crédibilité de la source d'information déterminent plus les comportements des agro-éleveurs dans le choix des sources d'informations sur la TAA ;

    - les pratiques et attitudes des fournisseurs de trypanocides influencent de manière significative sur la relation de communication existante entre les agro-éleveurs et leurs prestataires de services vétérinaires.

    3) Identification des variables et leurs indicateurs

    Dans la présente étude deux catégories de variables provenant des outils d'enquête utilisés ont été identifiées : les variables indépendantes et les variables dépendantes.

    a) les variables indépendantes

    A partir des outils élaborés par le Projet, les variables suivantes semblent influencer de façon indirecte les actes et comportements de nos enquêtés face à l'utilisation des trypanocides et la communication. Ce sont : l'âge, le statut familial, l'appartenance religieuse, le groupe ethnique, l'effectif du cheptel, l'origine géographique, le statut socio-professionnel, le niveau d'instruction, le niveau de formation et le niveau d'expérience. Les variables et leurs indicateurs sont consignés dans le tableau ci-dessous.

    Tableau 1:Tableau récapitulatif des variables indépendantes et leurs indicateurs.

    Variables

    indicateurs

    Age

    Jeune et vieux ou enfant et adulte

    Aîné et cadet

    Sexe

    Homme

    Femme

    Religion

    Animiste

    Musulman

    Chrétien

    Niveau d'instruction

    Scolarisé, non scolarisé

    Alphabète, analphabète

    Statut familial

    Chef de famille / personne déléguée

    Appartenance ethnique

    Siamou, Sénoufo, Toussian, Dioula, Samogho, Mossi, etc.

    Taille du troupeau

    Petit troupeau (moins de 25 têtes) ;

    Moyen troupeau ([25-50 têtes]) ;

    Grand troupeau (plus de 50 têtes)

    Niveau de formation

    Formé par le Projet / non formé

    Niveau d'expérience

    Expérimenté / sans expérience.

    b) les variables dépendantes.

    Il s'agit d'un ensemble d'éléments observables sur le terrain susceptibles de modifier la compréhension du phénomène que nous étudions. Ils se rattachent à l'aspect géographique, aux infrastructures, aux équipements, aux activités des enquêtés et les différentes variantes de l'automédication et de la communication.

    1/ Milieu d'origine;

    2/ Nature des infrastructures vétérinaires disponibles ;

    3/ Lieu de localisation de ces infrastructures ;

    4/ Leur niveau d'équipement ;

    5/ Historique des infrastructures ;

    6/ Les lieux de travail

    7/ Service vétérinaire et ses indicateurs :

    - périodes d'activité des services,

    - types de consultations effectives,

    - types de traitements disponibles,

    - qualité des traitements,

    - mode de prise en charge.

    8/ gestion des pharmacies vétérinaires et ses indicateurs :

    - périodes d'activité ;

    - médicaments vendus ;

    - conditions de livraison et d'achat de ces médicaments ;

    - conditions de conservation de ces médicaments ;

    - l'observance des principes déontologiques ;

    - caractéristiques du personnel employé ;

    - la rentabilité.

    9/ vente des médicaments de la rue et ses indicateurs :

    - périodes d'activité ;

    - circuits d'approvisionnement et de distribution ;

    - caractéristiques des vendeurs ;

    - conditions d'achat et de vente ;

    - types de médicaments vendus ;

    - conditions de conservation des médicaments ;

    - la rentabilité.

    10/ Qualité de l'accueil du public auprès des prestataires et ses indicateurs :

    - temps d'attente ;

    - personnel d'accueil ;

    - temps de consultation ;

    - conseils.

    11/ Système de communication et ses indicateurs :

    - acteurs ;

    - bases sociales ;

    - les outils de communication ;

    - les logiques de communication ;

    - significations sociales et individuelles de la communication.

    12/ Information et ses indicateurs :

    - types d'information disponibles ;

    - types d'information désirés ;

    - sources d'information ;

    - circuit de l'information ;

    - qualité de l'information ;

    - usages sociaux de l'information ;

    13/ Stratégie de communication et ses indicateurs :

    - réunions ;

    - conférences ;

    - visites à domicile ;

    - conseil des anciens ;

    - conseils de famille ;

    - assemblées villageoises ;

    - formations ;

    - journaux

    - conseils après vente et traitements ;

    - discussions dans les groupes restreints ;

    - information ;

    - sensibilisation.

    14/ Besoin d'information et ses indicateurs :

    - étiologie de la TAA ;

    - itinéraire thérapeutique approprié ;

    - description de la TAA ;

    - les médicaments de qualité ;

    - l'attitude à adopter en cas d'échec de traitement ;

    - délai d'attente ;

    - soins d'un animal malade.

    4) Construction des concepts

    « C'est un fait amusant, parfois affligeant, mais toujours paradoxal que les sociologues et anthropologues n'ont guère su utiliser d'une manière collective les symboles linguistiques ; ils ont la triste réputation de ne pas s'entendre sur les termes. C'est donc peut être surtout au plan macrosociologique que le vocabulaire devient le plus hésitant : les termes se mêlent ou glissent sous nos doigts, la confusion est maîtresse » (Roger, (G), 1968, P14).

    Cette phrase exprime toute la nécessité de définir les concepts que nous employons. Même si Marcel Mauss pense qu'il s'agit de définition provisoire, E. Durkheim nous recommande d'en faire une première tâche afin d'éviter les confusions et de dire clairement aux autres ce qui est en question. Mais, quelle est la portée sociologique de ce débat qui ressemble fort à une polémique familiale entre Durkheim et son neveu Mauss ? Définir les concepts dans une recherche revient à asseoir ses bases scientifiques à savoir son universalité, sa spécificité et son originalité. En effet, n'est-ce pas dans les mots qu'il utilise que le sociologue se singularise par rapport à l'économiste, au psychologue ou au juriste ? N'est-ce pas aussi dans la conceptualisation qu'on reconnaît l'ancrage sociologique et l'originalité d'un débutant en recherche ?

    Pour se conformer à cette exigence, nous définissons les concepts ci-après : automédication, communication, déterminants sociologiques, information vétérinaire, innovation technique, médecine vétérinaire, prestataires de services vétérinaires, sphères de relation, stratégie d'information et de communication, système de représentations sociales et utilisation rationnelle des médicaments/trypanocides.

    a) Automédication

    C'est le choix et la prise de médicament sans avis médical selon le Petit Larousse illustré (1992). Ce concept a reçu plusieurs définitions dans le domaine de la santé humaine. Elles mettent en exergue les différentes conceptions de l'automédication. Mais, nous nous appuyons sur la définition donnée par Roger Zerbo (2002) pour élaborer une acception qui soit applicable à la santé animale. Prenant acte des définitions usuelles en sociologie et anthropologie de la santé, ce dernier dira que l'automédication « caractérise une situation dans laquelle une personne entreprend d'acquérir un médicament pharmaceutique et de se faire un traitement médical sans aviser un spécialiste en la matière » (Zerbo, 2002, P22-23). L'existence d'un mal vécu ou son soupçon et l'assistance médicale sont au fondement de son acception. D'où en dernier ressort, il pense que c'est « une forme autonome de soin où le patient devient lui-même son propre médecin, une thérapie présomptive sans assistance médicale » (Zerbo, 2002, p 23).

    Appliquer à notre contexte, le concept « d'assistance médicale » est à relativiser. Est-ce qu'une personne qui va acheter son médicament en pharmacie avec ou sans ordonnance n'est pas assistée médicalement ? Est-ce qu'une personne qui se soigne lui-même en demandant conseil et aide d'un quelconque spécialiste en la matière n'est pas médicalement assistée ? Est-ce qu'un spécialiste de la santé qui vend des médicaments ou effectue des traitements non conformes aux règles et lois en vigueur dans le pays ne pose-t-il pas un acte d'automédication ? Nous pensons qu'il faut prendre en compte et au sérieux sa dimension juridique et institutionnelle dans la mesure où ce fait d'automédication est présent aussi bien du côté des demandeurs de médicaments et de soins que de celui des fournisseurs. C'est pourquoi, nous dirons tout simplement que l'automédication est un acte de choix et de prise de médicament avec ou sans assistance médicale par une personne malade ou soupçonnée l'être. C'est un acte de choix et de prise de médicament médicalement et socialement assisté ou pas, accompli par un éleveur pour prévenir ou guérir son bovin malade de la TAA ou soupçonné l'être.

    b) Communication

    D'origine latine, ce concept revêt des significations variées qui se sont construites sur la base d'une définition première et en fonction des différents contextes d'usage. En effet, dans le Petit Robert (1976), la communication renvoie à l'action de communiquer. Par ailleurs, il définit communiquer comme le passage ou l'échange de messages entre un sujet émetteur et un sujet récepteur au moyen de signes ou signaux (Dictionnaire de langues françaises, 1976). A partir de cette définition, la communication est un processus d'interaction entre deux personnes ou deux groupes. Il s'agit là de la communication interpersonnelle. Partant de cette acception de base, la communication a fait l'objet d'usages et d'interprétations variés allant de la linguistique à la psychologie en passant par la technologie, la psychologie sociale et la sociologie. Ainsi pour SHANNON, la communication est un système, mettant en présence des éléments tels que la source, le canal, le destinataire et le message. Quant à WESLEY Mac LEAN, la communication est une situation où le message requiert une importance capitale. Aussi, pour des auteurs comme LASSWELL, BALLE et COOLEY, la communication est un processus à travers lequel des significations sont transmises entre personnes ou entre groupes. Très spécifiquement pour Charles COOLEY cité par R MUCHIELLI, « c'est le mécanisme par lequel les relations humaines existent et se développent ; elle inclut tous les symboles de l'esprit avec les moyens de les transmettre à travers l'espace et de les maintenir dans le temps. Elle inclut l'expression du visage, les attitudes, les gestes, le ton de la voix, les mots, les écrits, l'imprimé, le chemin de fer, le téléphone, le télégraphe et tout ce qui va jusqu'au dernier achèvement de la conquête de l'espace et du temps » (MUCHIELLI, 1984, P32).

    Si jusqu'à présent la communication se conçoit uniquement en rapport avec les techniques et la société, les définitions qui vont suivre établissent une relation d'avec le changement, en particulier le changement de comportement en matière d'innovation technique. La communication désigne l'ensemble des activités, des procédures et des structures par lesquelles les hommes s'échangent des mots, des signes, des représentations. On distingue deux grandes dimensions de la communication : la communication interpersonnelle, entre deux personnes seulement, et la communication médiatée, qui fait intervenir un nombre indéfini de personnes dans des formes fixées pour tous ceux qui appartiennent à la même société ou à la même communauté. Tandis que la communication interpersonnelle s'inscrit dans les formes du langage (langue, gestes, expressions du visage, etc.), la communication médiatée s'inscrit dans les médias, censés diffuser dans l'espace public des informations mises en forme par un médiateur (journaliste, publicitaire, animateur culturel, professionnel du spectacle, etc.) au nom d'un destinateur (journal, institution, parti politique, etc.) qui donne une légitimité, une consistance institutionnelle, à la communication ainsi produite et diffusée. Le destinateur peut être un acteur existant concrètement (gérant de journal, marque faisant de la publicité, auteur dramatique), ou existant dans des formes sociales non identifiables à un acteur (un parti politique, une opinion ou une idéologie, un système politique, une culture dominante, qui s'expriment par des médias interposés). Il ne faut pas confondre le destinateur, qui donne sa légitimité au message, et le destinataire, à qui il est destiné. (Lamizet B. in Benoît D (DIR.)14(*) 1995, p 131). Il y a communication quand un message est émis et reçu. En matière d' éducation pour la santé, un message est une chose que l'on considère important que les membres de la communauté sachent ou fassent. L'origine peut en être un agent de santé local, les pouvoirs publics ou les membres de la communauté eux-mêmes qui reconnaissent la nécessité d'un changement. Il est transmis directement lors d'une conversation privée, d'une réunion de groupe ou d'un exposé ayant trait à la santé, ou indirectement à la radio ou dans un journal. Ce qui importe est ce qui se produit quand le message parvient aux gens auxquels il est destiné. S'ils l'entendent, le comprennent et sont enclins à le croire, il y a eu bonne communication. Il est rare que la communication à elle seule modifie un comportement car, un comportement est trop complexe pour cela. Mais il est nécessaire de faire entendre, comprendre et croire certains faits ou certaines idées pour ouvrir la voie aux modifications de comportements souhaités et à une participation de la communauté en connaissance de cause. (OMS, L'éducation pour la santé, 1990, p 198)15(*). De toutes ces définitions, la différence entre les auteurs se situe au niveau du canal utilisé, du code employé et du contexte dans lequel se déroule la communication.

    Les processus de communication se réalisent sous deux formes : la forme interpersonnelle et celle dite médiatée impliquant six éléments à savoir un émetteur, un récepteur, un message, un canal, un code et un contexte.

    Dans notre étude, l'émetteur et le récepteur sont soit un individu soit une institution ou un groupe social. Le canal est la parole et le message est l'ensemble des connaissances, pratiques et attitudes, actes et comportements, informations relatif à la santé animale. Quant au code, c'est l'ensemble des valeurs et représentations sociales, normes et règles sociales régissant la vie sociale des agro-éleveurs et leurs prestataires de services vétérinaires. Enfin le contexte implique les bases sociales, les lieux et espaces sociaux, l'idéologie, la mentalité, les croyances et les pratiques magico-religieuses, caractéristique de leur vie sociale. Dans la province du Kénédougou, canal, code et contexte donnent un sens particulier aux processus de communication qui s'y déroulent. C'est pourquoi, nous définissons la communication comme un processus d'échange de choses matérielles et immatérielles propres à la société des agro-éleveurs et leurs prestataires de services entre deux individus mis face à face. Très spécifiquement, c'est un échange de questions-réponses, de conseils et de culture vétérinaire entre deux éleveurs ou entre un éleveur et son prestataire de service mis face à face dans les conditions limitatives du temps et de l'espace. Il est socialement et culturellement déterminé.

    c) Déterminants sociologiques

    Le mot déterminant désigne couramment ce qui est explicatif d'un fait. Il est de ce fait synonyme de facteur, de raison, de cause. En effet, «outre son sens mathématique trop spécial pour être exposé ici ce mot est utilisé quelque fois pour désigner chacun des éléments qui détermine un fait ou un résultat» est-il écrit dans (Lalande, 1976, p 220). Dans ce sens il s'agit de facteur dans l'entendement de GUY ROCHER écrivant ceci : «en effet un élément d'une situation donnée qui, du seul fait de son existence ou par l'action qu'il exerce entraîne ou produit un changement» (ROCHER, 1968, T3, page 25). Cette conception est dominante dans beaucoup de recherches portant sur l'étude des déterminants, depuis les études de corrélations mathématiques initiées en sociologie par DURKHEIM jusqu'à nos jours. Il convient de savoir que ce concept a aussi une acception linguistique et une acception psychologique.

    Mais dans tous les cas, il se dégage un invariant qui est la relation s'établissant entre deux faits, deux objets ou tout autre chose. Ce qui est au fondement de notre analyse des pratiques d'usage des trypanocides et de la communication y afférente. En ce sens que la communication entreprise par les agro-éleveurs pour le contrôle de la TAA est sous tendue par l'ensemble des valeurs, mentalités, idéologies, attitudes, normes et règles, croyances et représentations sociales associé aux pratiques de gestions des maladies animales en particulier la TAA.

    d) Information vétérinaire

    Selon le petit Larousse illustré (1992), l'information est l'action d'informer, de s'informer. Couramment, elle désigne la chose qu'on communique qui peut être une annonce, un avis, un message, une note, une nouvelle, un renseignement etc. C'est le contenu, la substance, l'élément mobile de la communication selon la littérature sociologique. Pour nous, cette chose, ce contenu, cette substance, cet élément mobile a une signification. Et, c'est la formation de l'esprit par l'apport des connaissances nouvelles. Elles sont constituées des messages vétérinaires. Or, dans notre étude, les messages vétérinaires constituent l'ensemble des connaissances, attitudes, pratiques et représentation des éleveurs et leurs prestataires de services dans le domaine de la santé animale leur permettant de gérer la TAA, d'échanger et de se partager les expériences, les compétences et les habitudes acquises en la matière. C'est pourquoi l'information vétérinaire se définit comme un acte de formation des éleveurs et leurs prestataires de service par l'apport de l'ensemble des connaissances, attitudes, pratiques, représentations et croyances relatives à la TAA. Cette définition s'adapte mieux à leur contexte d'autant plus que dans leur système d'information et de communication, l'important est accordé à la signification de l'information qu'à son contenu.

    e) Innovation technique

    Le concept d'innovation technique est une catégorie centrale d'analyse en sociologie rurale. Il a reçu des contenus divers selon les auteurs. Mais nous faisons allégeance à Olivier De Sardan16(*) qui définit l'innovation technique comme : «toute «greffe» de techniques, de savoirs ou de modes d'organisation «inédits» (en général sous forme d'adaptations locales à partir d'emprunts ou d'importations) sur des techniques, savoirs et modes d'organisation en place ». Partant de cette définition, il établit un lien entre innovation et changement social. En ce sens qu'elle est perçue comme un processus de changement social donnant lieu à plusieurs interprétations. Mais ce qui nous intéresse, c'est le type de rapport existant entre les éléments empruntés ou importés et ceux existants sur place dans lequel réside l'intérêt d'étudier l'innovation. A ce sujet, de nombreux chercheurs, ayant adopté une perspective moderniste l'ont analysé en terme de rupture, d'opposition entre l'emprunt et l'existant. En conséquence, l'innovation leur posait des problèmes qui s'exprimaient en termes de« blocage», de« résistance », de «frein»ou de «refus ». Mais à l'examen de ces termes, le succès ou l'échec d'une innovation dépend plus de son importance pour les adoptants. Plus cette importance est certaine plus elle réussit et vis versa. Cette importance est appréciée par rapport à l'existant dans une logique de complémentarité ; car l'important réside justement dans le surplus apporté par l'innovation. C'est dans cette perspective que nous abordons l'innovation technique.

    f) Médecine vétérinaire

    Le Petit Larousse illustré (1992) définit la médecine comme : « l'ensemble des connaissances scientifiques et des moyens mis en oeuvre pour la prévention, la guérison ou le soulagement des maladies, blessures ou infirmités ». Cette acception a été reprise par Roger Zerbo (2002) lorsqu'il définissait la « médecine moderne » comme étant « une pratique thérapeutique au cours de laquelle la prise en charge du patient consiste à administrer de produits médicaux modernes. Ces produits sont recommandés ou prescrits par un thérapeute qui a acquis la connaissance du métier suite aux études de médecine, sanctionnées par un diplôme. (...) » (ZERBO, 2002, p 32). Mais cela s'applique aux maladies des hommes et marque la différence entre cette médecine et celle dite traditionnelle.

    Pour celles des animaux, c'est le mot vétérinaire qui convient. Et, un vétérinaire se définit comme « une personne qui, diplômée d'une école nationale vétérinaire, exerce la médecine des animaux » (Petit Larousse illustré, 1992). Prenant acte de ce qui précède, nous définissons la médecine vétérinaire comme l'ensemble des connaissances scientifiques et des moyens techniques mis en oeuvre pour la prévention, la guérison ou le soulagement des maladies, blessures ou infirmités des animaux. Très spécifiquement, c'est l'ensemble des connaissances et moyens techniques mis en oeuvre pour la prévention et la guérison de la TAA. Ces connaissances et moyens techniques sont obtenus soit dans une école, soit dans une université ou un institut et reconnus légalement par le diplôme de docteur vétérinaire.

    g) Prestataires de services vétérinaires

    Tiré du jargon des économistes, ce concept est né de la volonté de ces derniers de trouver un concept à mesure d'intégrer les services en tant que biens économiques. Son emploi touche tous les domaines de l'activité humaine à la faveur de la libéralisation des échanges et la globalisation de l'économie qui n'épargne actuellement aucun domaine. S'inscrivant dans cette dynamique, « prestataires de services vétérinaires » désigne l'ensemble des acteurs ayant pour activité principale ou secondaire la vente, la distribution, la consommation des médicaments vétérinaires et les traitements des maladies animales, en particulier la trypanosomose.

    Dans notre cas spécifique, ce sont les agents publics d'élevage, les docteurs vétérinaires, les vendeurs de médicaments de la rue, les vaccinateurs, les éleveurs propriétaires de grands troupeaux et certains commerçants. Par leurs rôles et les liens qui s'établissent entre eux, les prestataires de services vétérinaires s'appréhendent en deux catégories dans la province du Kénédougou à savoir : les professionnels de la santé animale (les docteurs vétérinaires, les techniciens d'élevage et les ingénieurs zootechniques) et les non professionnels (vendeurs de médicaments de la rue et les vaccinateurs). Du point de vue économique on parle de secteur formel et de secteur informel pour désigner les deux catégories précitées.

    Toutefois, sur la base de la privatisation qui sépare le rôle de l'Etat d'avec celui des individus, on parle de secteur public (agents des services d'élevage embauchés comme fonctionnaires de l'Etat) et de secteur privé (vétérinaires privés et leurs représentants ou employés ; vendeurs des médicaments de la rue ; vaccinateurs locaux et quelques commerçants ordinaires). Prenant acte des différentes appellations, nous les emploierons en fonction des variables suivantes : niveau de qualification (diplôme), niveau de légalité (textes et lois) et type d'institution (Etat ou marché) dès qu'il sera nécessaire.

    h) Sphères de relation

    Ce concept tire son origine de la théorie des sphères en communication. Il renvoie aux différents milieux qui influencent les capacités de communication au niveau de l'individu. S'appuyant sur cet acquis théorique, nous définissons une sphère de relation comme des cercles d'activités multiformes auxquelles personne n'y échappe dans une société donnée. Chaque sphère dispose d'une capacité d'influence qui est fonction des variables âge, sexe, statut social et disposition biophysique de l'individu. En apparence isolée, une sphère de relation se caractérise par sa capacité d'interférer avec telle ou telle sphère. En se fondant sur les sphères pour analyser l'influence socioculturelle sur le processus de communication chez les agro-éleveurs, nous nous intéressons aux relations sociales dans la famille, au travail, avec les groupes de pairs et en aventure comme bases sociales de la communication.

    i) Stratégie de communication

    Selon le Petit Larousse illustré (1992), une stratégie est un art, l'art de coordonner des actes, des actions, des manoeuvres en vue d'atteindre un but précis. Roger Zerbo s'est appuyé sur cette définition lorsqu'il construisait son concept de stratégie thérapeutique comme étant « tout ce qui entre dans l'univers médical des ménages » (Roger Zerbo, 2002, p35). Appliquer à la communication, Dominique Wolton énumérera un ensemble de faits, gestes, comportement, attitudes et représentations des individus face à la communication qu'il qualifie de « diversités de modes de communication » comme étant les stratégies de communication.

    Prenant acte de ces définitions, nous entendons par stratégie de communication dans notre étude, tout ce qui entre dans l'univers d'information et de communication des agro-éleveurs et de leurs prestataires de services, utilisé ou susceptible d'être utilisé par ces derniers pour transmettre et recevoir des messages vétérinaires.

    j) Système de représentations sociales

    L'expression système de représentations sociales est beaucoup utilisée en sociologie. De nos jours, elle est une catégorie centrale d'analyse sociologique.

    De ce fait, nous n'avons aucune intension de la discuter ici, car nous manquons de ressources matérielles, intellectuelles et méthodologiques nécessaires. Notre objectif est de fournir les éléments entrant dans notre étude. D'emblée, il faut entendre par représentations sociales selon Jodelet, (D), (1989)17(*), « l'acte de penser par lequel un sujet se rapporte à un objet qui peut être une personne, une chose, un évènement naturel, une idée ». Sous ce premier angle, elles désignent le rapport des individus à leur environnement physique, social et mental. Ce qui est variable d'un individu à un autre ou d'une société à une autre. A ce propos ABRIC (JC), (1994)18(*) écrit qu' «elles sont à la fois le produit et le processus d'une créativité mentale par laquelle un individu ou un groupe reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification spécifique ».

    Nous remarquons qu'à travers cette citation, une insistance est faite sur la dimension psychologique. Toute chose qui met en relief plus la perception psychosociale que celle socioculturelle dans la mesure où chaque individu construit au cours des échanges qu'il entretient avec autrui ces images mentales correspondant à ses jugements sur les divers objets de son univers. D'où, en guise de complément, nous convoquons Gilles Ferréol, dans Dictionnaire de sociologie qui, intègre dans sa définition, les croyances, les valeurs, les règles et les normes, les idées etc....bref la dimension socioculturelle . Si nous définissons un système comme un ensemble cohérent, organique, fonctionnel et logique, alors le concept de système de représentations sociales prend la signification d'un ensemble cohérent d'idées, de valeurs, de modèles, de croyances, de règles, de normes et connaissances organisées en interaction constante et perpétuelle dont la logique de fonctionnement concerne la gestion des interrelations sociales et qui organisent, structurent, guident et déterminent la vie et les pratiques des acteurs.

    k) Utilisation Rationnelle des Médicaments /Trypanocides

    D'origine Anglaise, c'est la traduction en Français de l'expression « Rational Drug Use ». Cette expression provient de l'Organisation Mondiale de la santé (OMS) qui l'a créée et vulgarisée depuis 1980 dans le domaine de la santé humaine. Mais, il faut souligner qu'on en est venu à l'emploi de cette expression dans le contexte d'apparition de résistance aux médicaments par les agents pathogènes des maladies parasitaires (l'exemple du paludisme).

    Selon l'OMS cité par Délia Grace19(*), on parle de Rational Drug use (Utilisation Rationnelle des Médicaments) quand un  « médicament approprié pour une maladie est administré correctement en un intervalle de temps adéquat et à moindre coût au bénéfice du patient (malade) et sa communauté » Partant de cette définition, des concepts analogues se sont développés dans la littérature médicale. Ce sont « appropriate drug use » (utilisation appropriée des médicaments) et « judicious drug use » (utilisation judicieuse des médicaments) dont la différence d'avec l'utilisation rationnelle des médicaments se situe dans la non prise en compte de la résistance par ces derniers.

    Appliqué pour la première fois dans le domaine de la santé humaine, ce concept gagne progressivement la santé animale par le biais de l'Organisation Internationale des Epizooties (OIE), homologue de l'OMS dans ce domaine. Il est connu et enrichi sous l'appellation « Prudent Drug Use » ou « Responsable Drug Use » (Délia, 2003, PP4-5) .Mais les chercheurs et experts travaillant dans le projet BMZ- ILRI ont gardé la terminologie utilisée par l'OMS au sens de Prudent Drug Use. Pour eux, l'utilisation rationnelle des médicaments dans le domaine de la médecine vétérinaire est une stratégie de lutte contre la TAA en présence de la chimiorésistance.

    Elle consiste :

    - techniquement à faire un bon diagnostic de la maladie, à choisir un médicament trypanocide de bonne qualité et à prix abordable, à faire un dosage correct par l'estimation du poids de l'animal, à faire une bonne administration (bonne préparation du médicament, bon choix du site d'injection, stérilisation des matériels, et bonne maîtrise de la technique d'injection) tout en respectant les conseils d'hygiène, de sécurité et de posologie nécessaire ;

    - médicalement, c'est un recours thérapeutique efficace, pratique, simple, faisable mais difficile à appliquer parce qu'il va à l'encontre des textes et lois réglementaires et régulateurs de la médecine vétérinaire au Burkina ;

    - économiquement, c'est une stratégie de lutte qui réduit les dépenses allouées à l'achat des trypanocides par les éleveurs ;

    - socialement, c'est une stratégie d'information et de formation des éleveurs sur la santé animale en particulier la TAA, visant à renforcer leurs connaissances et compétences en la matière  dans sa pratique, mais une automédication dans son principe;

    - Institutionnellement c'est une stratégie d'organisation particulière de la médecine vétérinaire au Burkina Faso soit en appliquant les textes et loi en vigueur, soit en les revisitant pour prendre en compte l'importance et le rôle de chaque acteur social ;

    - Culturellement, l'URM/URT est une innovation technique dans le domaine de la santé animale en particulier dans la lutte contre la TAA qui vient renforcer la stratégie existante à savoir l'usage des trypanocides. En tant qu'innovation, elle implique des bouleversements et changements sociaux.

    Toutefois, nous la définissons comme une stratégie d'information et de communication visant à améliorer les connaissances et compétences des agro-éleveurs en matière de gestion de la santé animale, en particulier la TAA dans la province du Kénédougou.

    III/ Méthodologie

    Voulant comprendre les logiques et représentations sociales qui sous-tendent les processus d'information et de communication relatifs à la gestion de la santé des bovins, notre approche méthodologique est de type hypothético-déductif à la fois quantitative et qualitative. Par ailleurs, cette recherche gagnerait à être mieux approfondie si elle s'inscrivait dans un champ sociologique spécifique. En la matière, la présente étude s'inscrit principalement dans le domaine de la sociologie de l'information et de la communication, parce que l'objet de recherche évoque un fait de production et de reproduction sociale à savoir la pratique pastorale dont les grands enjeux sont liés à l'information et la communication relatives à la gestion des maladies qui menacent la santé des bovins. Accessoirement, nous faisons appel à d'autres théories et concepts appartenants à d'autres champs sociologiques pour étayer notre analyse des pratiques, comportements et attitudes des agro-éleveurs et leurs prestataires de services vétérinaires face à l'usage des médicaments et la communication y relative. Il s'agit :

    - de la sociologie rurale, parce que nous investiguons dans un milieu rural ayant ses logiques propres en matière de gestion des maladies animales;

    - de la socio-anthropologie de la santé, car nous faisons face à un phénomène de santé et de consommation de médicament dans les sociétés humaines. Même, si notre réflexion porte sur la santé animale, il faut admettre que les pratiques et les comportements sont identiques à ceux de la santé des hommes ;

    - de la sociologie du travail, car nous investiguons des lieux de production économique, et de travail salarié ;

    - de l'anthropologie du changement social, dans la mesure où nous nous servons du passé des acteurs pour comprendre leurs pratiques et comportements actuels.

    Mais la présente recherche reste une investigation sociologique qui vise à appréhender les déterminants et les enjeux de l'information et de la communication associée à l'utilisation des médicaments trypanocides chez les agro-éleveurs du Kénédougou et leurs prestataires de services vétérinaires.

    1) Site de recherche.

    Cette étude s'est déroulée dans la province du Kénédougou. Mais, le champ d'investigation a couvert huit (8) villages situés dans la partie sud de cette province et appartenant à la zone d'Orodara et au poste vétérinaire de Koloko suivant l'organisation vétérinaire de la province en zone d'activité technique en élevage (ZATE), en poste vétérinaire (P V) et en zone d'aménagement pastoral (Z A P).

    Il s'agit des villages de Diéri, Kotoura, M'biè, Samogohiri, Sokoroni, Sokouraba, Toussian-Bandougou et wolonkoto dont le choix se justifie par leurs taux significatifs de prévalence (10%) et de résistance (6%).

    2) La population cible.

    Elle est composée des agro-éleveurs et leurs prestataires de services vétérinaires. Très spécifiquement, il s'agit des agro-éleveurs (chef de ménage ou non) ; des vaccinateurs locaux (formés ou non) ; des vendeurs de médicaments de la rue ; des agents publics d'élevage et des docteurs vétérinaires installés en clientèle privée ou leurs représentants. Le rôle joué par chaque acteur dans l'utilisation des médicaments trypanocides, le niveau de qualification et de compétence de chacun ont guidé notre choix.

    3) Les personnes ressources.

    Dans le souci d'approfondir nos analyses et réflexions, des personnes ressources ayant des savoirs et compétences reconnus dans les domaines de la médecine vétérinaire et de la communication ont été identifiées. Ce sont les chercheurs du Projet ILRI/BMZ et leurs animateurs enquêteurs ; les chefs des différents villages et leurs griot ou informateurs ; les responsables politiques des services publics d'élevage et les représentants des organisations professionnelles (l'Ordre National Vétérinaire et Groupements des éleveurs en l'occurrence).

    4) Echantillonnage.

    L'échantillon par définition est la fraction d'une population donnée qui permet de mesurer un caractère donné en estimant la proportion d'une variable dans l'ensemble de la population cible.

    Mais, en tenant compte de la volonté du Projet ILRI/BMZ d'impliquer tous les acteurs dans cette étude et la nature (quantitative et qualitative) des données à collecter, nous avons procédé par un choix raisonné des personnes enquêtées ou interviewées. Ainsi à partir des renseignements et des informations reçus pendant la phase exploratoire et en concertation avec les responsables du Projet, l'échantillon définitif est composé de :

    - 12 professionnels de la santé animale sur un effectif total de 14 prestataires professionnels dont 3 agents publics d'élevage existants et 9 vétérinaires privés ;

    - 43 non professionnels sur un nombre total estimé de 80 prestataires non professionnels dont 32 vaccinateurs locaux et 11 vendeurs de médicaments de la rue.

    Les personnes pour l'observation directe ont été choisies en fonction de leur disponibilité, de leur facilité de compréhension et de coopération, de la confiance qu'elles ont placée au Projet ILRI/BMZ, de leur rôle dans l'utilisation des trypanocides, de leur niveau de qualification et de compétence en la matière. Pendant cette phase d'observation, nous avons fait des séjours de trois à sept jours maximum avec deux vaccinateurs locaux (formé et non formé), un agent public d'élevage, un représentant de pharmacie privée et un responsable de clinique privée.

    Du côté des agro-éleveurs, un choix raisonné a été fait en tenant compte de la diversité des villages, de leur niveau d'instruction, de leur niveau de connaissance, de compétence et d'expérience et de leurs profiles socio-économiques et sociodémographiques. Mais , dans le souci d'obtenir un échantillon représentatif pour les analyses statistiques, cent (100) personnes correspondant au tiers des 348 agro-éleveurs engagés dans la lutte communautaire avec le Projet ILRI/BMZ ont été enquêtées. Elles ont été choisies dans les huit villages d'investigation avec un quota de 15 personnes originaires des 4 villages d'intervention du Projet et 10 personnes des 4 villages témoin.

    5) Les outils de collecte des données.

    Des outils quantitatifs et qualitatifs précédemment élaborés par le Projet ILRI/BMZ nous ont servi pour la collecte des données. Leur multiplicité se justifie par le caractère transversal du thème d'étude (couvrant plus de trois domaines de recherche), la pluralité d'acteurs impliqués et la volonté du Projet d'élaborer une stratégie de lutte efficace, durable et adaptée au contexte local pour mieux gérer la TAA. C'est ainsi que les outils ci-après ont été appliqués :

    - un questionnaire pour collecter des informations relatives aux pratiques et attitudes des prestataires de services ;

    - un questionnaire pour collecter des informations sur les sources et le besoin d'information et de communication chez les agro-éleveurs.

    - une grille d'observation directe pour collecter les informations relatives aux attitudes et comportements des prestataires dans l'exercice de leur métier ;

    - des discussions de groupe pour collecter des données construites collectivement par les différentes catégories d'acteurs et des informations traduisant les points de vue de chaque groupe ;

    - un guide d'entretien individuel nous a permis de collecter les informations sur les déterminants socioculturels de l'information et la communication chez les agro-éleveurs.

    6) la réalisation de l'enquête.

    Démarrée en Mars 2004, cette enquête s'est achevée en Novembre 2004. Pendant ce temps, nous avons sillonné aussi bien des concessions, des champs, des marchés locaux que des services publics d'élevage, des pharmacies et cliniques privées vétérinaires à la recherche des informations. Dans cette collecte de données, nous avons procédé par étapes successives selon le nombre d'outils à appliquer.

    Nous avons commencé par une enquête formelle auprès des prestataires de services. La technique utilisée à cet effet est le remplissage du questionnaire séance tenante en utilisant les langues Dioula et Français. Cinquante cinq (55) personnes ont été interviewées dont quarante trois (43) prestataires non professionnels et douze (12) professionnels.

    Ensuite, nous avons effectué des sorties de terrain, des visites de marchés locaux, de pharmacies et cliniques vétérinaires privées en guise d'observation directe. Au cours de cette phase, nous nous sommes comporté en ami, accompagnant ou aide des prestataires en les suivant pas à pas toute la journée. A cet effet, nous avons pu observer les pratiques, attitudes et comportements d'un agent public d'élevage, de deux vaccinateurs locaux (formé et non formé), d'un vendeur ambulant de médicaments de la rue, d'un représentant de pharmacie vétérinaire et d'un responsable de clinique privée dans l'exercice de leur profession, en particulier l'application des traitements et la vente de trypanocides. Du même coup, nous avons pu observer les attitudes et les comportements de quatre vingt (80) éleveurs dans la satisfaction du (des) besoin (s) de santé de leur (s) animal (aux) et les informations y afférentes. Nous avons enfin pu suivre les actes et comportements des praticiens du terrain en épreuve d'examen clinique sur quatre vingt quinze (95) animaux malades appartenant à quatorze (14) propriétaires. Les langues Dioula et Français ont été utilisées pour s'exprimer et la prise de notes séance tenante pour enregistrer nos observations.

    De même, c'est au cours d'un atelier, organisé à Bobo-Dioulasso les 16 et17 Août 2004 que nous avons réalisé 31 discussions de groupe et 2 discussions collectives avec 5 groupes constitués à cet effet. Cet atelier qui avait pour objectif de débattre des thèmes liés à la compréhension et perception des échecs de traitement, à l'utilisation des trypanocides et au système d'information y relatif a regroupé toutes les parties prenantes de l'usage des médicaments trypanocides. Etaient présents à cet atelier des décideurs politiques ( DPRA du Kénédougou et du Houët, DRRA des Hauts Bassins, Ordre National Vétérinaire section Bobo-Dioulasso) ; des chercheurs ; des agro-éleveurs ; des agents publics d'élevage ; des pharmaciens et vétérinaires privés ; des vaccinateurs locaux et des vendeurs de médicaments de la rue.

    Pour collecter les données utiles, nous avons adopté une démarche participative qui consistait à présenter aux participants quelques résultats des études et enquêtes passées sur chaque thème et à les repartir suivant le rôle joué par chacun dans l'usage des trypanocides pour en discuter plus en profondeur. L'animation de ces groupes était assurée par un étudiant ou travailleur du projet. Et après chaque séance de discussion, nous réunissions tous les participants pour un débat en plénière afin d'arrêter une position commune. Nous avons utilisé les langues Dioula et Français pour se communiquer et les données ont été collectées par prise de notes séance tenante.

    Enfin, nous avons réalisé onze (11) entretiens semi directifs dont sept (7) auprès des agro-éleveurs et quatre (4) avec leurs prestataires en guise de complément de données sur leur système d'information et de communication actuel. La technique utilisée à cet effet a été l'entretien oral en Dioula ou en Français avec prise de notes séance tenante.

    7) Les techniques de traitement des données.

    Au regard de la quantité importante des données collectées, nous avons varié les techniques de traitement afin de pouvoir combiner l'analyse statistique et l'analyse qualitative.

    Ainsi, les données quantitatives ont fait l'objet de traitement statistique. Elles ont été saisies sur le tableur EXCEL. Et, pour l'analyse, les réponses données aux différentes questions ont été regroupées par catégorie de variable, puis codifiées par numérotation des différentes modalités des variables. Enfin, elles ont fait l'objet d'analyse statistique descriptive. En la matière, les données ont été soumises à trois tests (proportion, signification et corrélation) en utilisant le logiciel Munitable (équivalent de SPSS for windows 10.00) version anglaise :

    - le test de proportion pour dégager les différentes proportions;

    - le test paramétrique pour la comparaison des différentes moyennes appliquées à des données de distribution normale (histogramme à un seul sommet). Pour ce faire, le T-Test a été appliqué pour les variables admettant deux (2) modalités seulement et ANOVA à un facteur pour les variables admettant plus de deux modalités.

    - le test non paramétrique pour la comparaison des moyennes appliquées à des données de distribution anormale (histogramme à deux sommets). Pour ce faire, nous avons appliqué le test Mann-Whitney (équivalent de T-test) et le test Kruskal-Wallis (équivalent de ANOVA) ;

    - le test de corrélation pour dégager les relations entre les différentes variables.

    Quant aux données qualitatives, elles ont été dépouillées manuellement en regroupant les réponses des interviewés sous le thème correspondant et en procédant à l'analyse du contenu.

    8) Les difficultés rencontrées.

    Au cours de la conduite de ce présent travail de recherche, nous avons été confronté aux difficultés inhérentes à toute recherche de terrain. Elles sont liées à la langue, à la méfiance, au refus de certains prestataires de services de répondre aux questions et à la lassitude des agro-éleveurs. D'abord, sans l'aide des enquêteurs animateurs, la non maîtrise des termes techniques de la langue locale Dioula nous aurait fait perdre des informations utiles pendant les entretiens.

    Ensuite, en dépit de l'autorisation officielle suivie d'explications des objectifs et intérêts de l'étude que nous présentons à chaque enquêté, certains prestataires de services ont refusé de répondre à nos questions sous prétexte qu'elles s'apparentent à une inspection auxquelles ils ne peuvent pas répondre au risque de divulguer des « secrets professionnels ».

    Enfin, nous avons été confronté à la fatigue des agro-éleveurs soumis à une série répétée d'enquête depuis deux ans malgré leur engagement pris de collaborer avec le projet jusqu'à la fin des études. « Haï, nous sommes fatigués avec vos enquêtes là qui ne finissent jamais » disent-ils. Toutefois, à l'aide d'une politique de terrain basée sur la saturation des informations, la diversité maximale, la triangulation et l'itération, nous avons pu surmonté ces difficultées.

    CHAPITRE II : PRÉSENTATION DE L'ESPACE D'ÉTUDE ET ANALYSE DES CIRCUITS DE COMMUNICATION DANS LES VILLAGES D'ENQUÊTES.

    I/ Présentation de la province du Kénédougou

    1) Aperçu géographique.

    Située à l'extrême ouest du Burkina Faso entre 4°30 et 5°30 de longitude Ouest et 10°5 et 12°5 de latitude Nord, la province du Kénédougou couvre une superficie de huit mille deux cent soixante cinq (8265) kilomètres carré (km2). Elle est limitée au nord et à l'ouest par la république du Mali ; à l'est par la province du Houet et au sud par les provinces de la Léraba et la Comoé comme l'indique la carte ci-dessous. Orodara, une commune urbaine située à 75 km à l'ouest de Bobo-Dioulasso et à 55 Km de la frontière du Mali voisin est son chef lieu de province.

    Le relief de la province est marqué par la présence de plateaux et de plaines inclinées vers le nord de sorte que les départements de Kangala, Koloko, Samogohiri, Orodara et Kourinion sont en altitude tandis que ceux de Djigouera et Banzon sont en contrebas. La grande partie est constituée de plateaux dont l'altitude moyenne est de 450 m (400 m au nord et 500 m au sud). En effet, les départements de samoroguan, sindo, Kourouma, N'Dorola, Morolaba et Kayan reposent sur de vastes plaines irriguées par de nombreux cours d'eau permanent. A ces deux grandes unités topographiques, on peut apercevoir dans cette province quelques collines et escarpements (vers N'Dorola).

    Appartenant au climat tropical de type sud soudanien, elle reçoit en moyenne 900 à 1400 mm de pluie par an. Une saison humide (Mai à Novembre) et une saison sèche (Décembre à Avril) avec quelques variations caractérisent le climat de la province du Kénédougou. On rencontre cinq (5) types de sols dans cette province à savoir : les sols gravillonnaires, les sols argilo-sableux en surface et argileux en profondeur, les sols argilo-sableux à argileux en surface, les sols limono-argileux à argilo-limoneux en surface et argileux en profondeur et les sols sableux en surface et argileux en profondeur.

    Par ailleurs, son réseau hydrographique est constitué de deux principaux cours d'eau (le Banfing et le Mouhoun), de mares et de sources d'eau naturelles. Ainsi donc, à la faveur d'une pluviosité relativement élevée, doublée d'une assez bonne qualité des sols, il s'est développé un couvert végétal dense avec une diversité d'espèces ligneuses et fauniques. La savane boisée, la savane arborée, la savane herbeuse, la forêt claire et la forêt galerie constituent les différentes formations végétales rencontrées dans la province du Kénédougou.

    2) Aperçu historique et politico-admistratif.

    La province du Kénédougou tient son appellation de l'ancien royaume du même nom fondé au XIXè siècle. En effet, au cours du XVIIè siècle, des Sénoufo fondèrent un royaume qui connut son apogée au XIXè siècle. Sous Daoula TRAORE (1845-1865), le Kénédougou devint un véritable empire qui s'étend de Tengrela (Mali) à Niéllé près de Korhogo (côte d'Ivoire) au sud et jusqu'aux environs d'Orodara (Burkina Faso) à l'est. Il correspond au Tangouara, pays des Sénoufo Tagoua. Il atteint au Nord les frontières de Ségou (Mali), au Nord-est les Sénoufo Nanerguè de Kourouma et N'dorola (Burkina-Faso) et les Minianka. Daoula allait assièger les Bambara de Bani avec l'aide de El Hadj Omar Tall, mais une série de courts règnes affaiblit l'empire après sa mort.

    Entre 1850 et 1860, la tentative de Sikasso de contrôler le cours supérieur de la Volta noire (province du Kénédougou actuel et sud de la comoé) déclencha un long conflit avec les Ouattara (de 1865 à 1890) qui se termina par la désagrégation socio-politique du Gwiriko (empire des Ouattara). Mais, le Kénédougou est toujours confronté à des guerres de toute sorte. Il retrouvera son salut vers 1870, lorsque Tiéba (fils de Fama Daoula) qui avait été pris en captivité fut libéré et accéda au pouvoir.

    Toutefois les provinces périphériques du Kénédougou avaient repris leur indépendance et le nouveau roi ne contrôlait plus qu'un territoire réduit sur le Lotyo. Véritable conquérant, il fortifia le village de Sougokan, localité de ses parents maternels à laquelle il donna le nom de Sikasso et en fit sa capitale. A partir de là, il reconquiert péniblement son royaume encore fortement teinté d'un animisme Sénoufo en dépit de la présence d'un islam dioula. Engagé dans cette reconstruction impériale, il affronta Samory Touré sur la frontière du Bagoé. Ce fut une guerre de défense nationale pour les Sénoufo qui culmine au siège de Sikasso entre 1887 et 1888. Pour écarter cette menace samorienne, Tiéba dû se rapprocher des Français sans cependant se transformer en un instrument passif.

    Sorti victorieux et aguerri de cette bataille contre Samory, il reprend le vieux duel qui opposait le Kénédougou au Gwiriko. Il investit l'Est du royaume, s'appuya sur les Sofa placés dans des grands centres comme Kourouma et marcha sur le Gwiriko. Mais, il se heurta à un regroupement solidaire des peuples du Gwiriko sous l'autorité d'Amoro, chef des Tiéfo. Ainsi, avec son armée, ils rencontrèrent les Sénoufo à Bama où Tiéba trouva la mort, obligeant ses sofas à replier sur Sikasso. Son frère Bambemba lui succède et doit faire face à une pressante amitié française qu'il soupçonne périlleuse pour l'indépendance de Sikasso. Pour contrer ce coup d'annexion de son royaume, il se rapprocha de Samory, mais ce fut trop tard et en 1898, les français conquièrent Sikasso.

    Ainsi donc, le royaume du Kénédougou fut disloqué et intégré dans les possessions françaises mettant fin à son existence. De nos jours, le Mali, le Burkina et la Côte d'ivoire se partagent et l'espace géographique et les peuples qui constituaient ce royaume. Mais, il faut souligner qu'en dehors de la conquête ou de la restauration du pouvoir, l'histoire sociale et politique du Kénédougou est très peu connue. L'histoire des structures administratives, des structures sociales et leurs relations internes, des stratégies de domination socio-économique et politique semblent échapper aux historiens.

    La province du kénédougou actuel constitue avec celle du Houët et du Tuy la région des Hauts Bassins dont le siège se trouve à Bobo-Dioulasso. Mais, depuis la période coloniale, elle a connu plusieurs mutations administratives allant de la subdivision à la province en passant par la sous-préfecture. En effet, en 1953, elle était déjà érigée en subdivision (celle de Orodara). Puis, en 1975, elle devient sous-préfecture avec Koloko, N'dorola et Orodara comme arrondissements. Dès lors, elle subit les différentes mutations administratives qu'a connues le pays à travers les actes suivants :

    - ordonnance n°83-012/CNR/PRES du 15 septembre 1983 portant division du territoire national en 25 provinces ;

    - ordonnance n°84-055/CNR/PRES du 15 août 1984 portant découpage du territoire national en 30 provinces et 250 départements;

    - décret n°96-150/PRES portant promulgation de la loi n°10/96/ADP du 25 avril 1996 portant modification des limites de province ;

    - décret n°96-42/PRES/PM/MATS portant promulgation de la Loi n°10/96/ADP du 25 avril portant création de 28 départements ;

    La province du Kénédougou compte actuellement 13 départements et 169 villages. Les groupes ethniques qui y vivent appartiennent au système socio-politique de type décentralisé. Ce sont des populations rurales encore régies par des formes d'organisation villageoise où conception politique et foi religieuse animiste s'entremêlent. Elles sont soumises à l'autorité de l'Etat moderne au niveau national, provincial et départemental, mais à l'échelle du village, le pouvoir s'exerce à des niveaux divers. Dans les villages, le pouvoir politique est détenu par un chef de village. Mais, il est assisté dans la prise des décisions par les chefs coutumiers (chef de terre, chef de brousse et chef des chasseurs), les chefs administratifs (responsable administratif villageois et chefs de quartiers) et les chefs religieux (Imams, grands marabouts et responsables des églises chrétiennes).

    3) Organisation socioculturelle.

    Sur les terres de la province du Kénédougou habite une population d'environ 209920 habitants au recensement administratif de 2001 avec une densité de 22 habitants/km2. Elle est composée des groupes ethniques Sénoufo, Siamou, Bobo, Mossi, Dioula, peulh, Toussian, Samogho et autres minorités représentés dans les proportions suivantes.

    Tableau 2 : proportion des ethnies présentes dans la province du Kénédougou.

    Ethnie

    Sénoufo

    Siamou

    Bobo

    Mossi

    Dioula

    Peulh

    Autres

    Proportion (%)

    54

    6

    5

    5

    3

    2

    25

    Source : Document de passation de service, DPRA-Kénédougou, Orodara, 2004.

    Ces peuples se sont installés par vagues successives. Les Sénoufo dont l'histoire situe l'installation depuis des temps immémoriaux sont les autochtones. Mais, ils furent bousculés à l'intérieur de la province par des invasions successives des peuples Dioula, Bolon, Samogho, Tiéfo, Toussian Karaboro venus du Mandé , de la Côte d'Ivoire et du Ghana actuel entre 1700 et 1714. Ils seront rejoints au cours des années 1970 par les migrants Mossi, gourounsi, Lobi-Dagara et peulh venus respectivement du plateau mossi, du sud-ouest et du nord du pays à la recherche des terres arables pour les uns et de pâturages pour les autres. De nos jours, on rencontre une mosaïque de populations vivant en communautés villageoises avec une assimilation des migrants aux autochtones. C'est une population jeune (3,47% de vieux et 49,31% d'enfants), à majorité féminine et inégalement répartie dans l'espace. Les fortes densités de populations se rencontrent dans la partie sud de cette province avec une population totale estimée à 84326 habitants (RGPH ; 1996). Selon le schéma de classification des formations sociales du pays en sociétés centralisées et en sociétés acéphales, celles de la province du Kénédougou appartiennent à la deuxième catégorie.

    Ce que les anthropologues et historiens ont coutumes d'appeler les démocraties villageoises. Dans ces sociétés, l'organisation est de type lignager où la société est dirigée par un conseil des anciens composé des différents chefs de lignages constitutifs du village. Elles sont structurées en quartiers et en concessions ayant respectivement au sommet un chef. Si sur ce plan spatial, il existe une hiérarchie, au niveau social, la société est structurée en classes d'âge, en castes et en corps de métiers spécialisés.

    Dans la province du Kénédougou, les religions musulmane, catholique et protestante coexistent au côté d'un animisme vivace qui demeure ancré dans les mentalités des gens. Contrairement à la plupart des sociétés du pays qui ont abandonné leurs coutumes, croyances, pratiques et valeurs traditionnelles au profit de celles dites modernes, les groupes sociaux de la province du Kénédougou ont su garder et préserver leurs coutumes et valeurs essentielles au contact de la modernité.

    C'est ainsi qu'en dépit d'un islamisme très ancien, nous remarquons de nos jours que certains rites et cérémonies coutumières sont de rigueur chez les populations de la province du kénédougou. Ce sont parmi tant d'autres :

    - le koulanchan, une cérémonie de bénédiction aux dieux de la brousse afin d'obtenir de bonnes récoltes qui est célébrée chaque année en début d'hivernage.

    - Le koltongbo, cérémonie de remerciements aux ancêtres et aux dieux de la brousse célébrée chaque année après les récoltes.

    - Le Kènèkènè, initiation des femmes à la vie du foyer.

    - La circoncision, initiation des adolescents à la vie adulte.

    A cela, s'ajoute un nombre significatif de rites et de cérémonies d'entrée et de sortie dans un groupe fermé (société sécrète, société des chasseurs, dozo, des forgerons, des guérisseurs traditionnels etc.). Ces rituels et cérémoniels marquent l'ensemble des activités de production et de reproduction sociale. A l'image de tous les groupes sociaux, l'ordre et la cohésion sociale sont régulés par un certain nombre de totems, d'interdits, de règles, valeurs et normes sociales dont la violation est vivement réprimée par la société. Signes et indicateurs d'identité familiale, clanique ou lignagère, ils véhiculent des valeurs et normes sociales auxquelles ces populations rurales de la province du Kénédougou se singularisent.

    4) Organisation économique.

    Plusieurs activités économiques sont pratiquées dans la province du Kénédougou, mais force est de reconnaître que l'arboriculture, l'agriculture et l'élevage occupent plus de quatre vingt pourcent des populations (80%). En première ligne, le Kénédougou est une zone arboricole par excellence surtout dans sa partie sud. Elle produit d'énormes quantités de mangues, d'agrumes, et d'anacardes.

    Par exemple, le village de Samogohiri produit annuellement 300 tonnes de mangues à lui seul. Le maraîchage est une activité porteuse dans cette zone avec une production significative de tomates, de pomme de terre, d'aubergines de carottes, haricot vert, piment concombres, gombo, oseilles, etc. Mais l'agriculture reste prédominante dans les activités économiques dont les facteurs de production sont la terre, le capital et le travail. C'est une agriculture traditionnelle orientée vers l'autoconsommation en voie de modernisation (44% de ménages possède au moins une charrue contre une moyenne nationale de 27%). Elle est basée sur une organisation familiale avec le ménage comme unité de production. L'exploitation des champs est de type collectif et s'effectue autour du chef de lignage appelé chez les Sénoufo, le « Boulodatigui ». Ce dernier détient toutes les responsabilités aussi bien techniques que religieuses. Mais ce mode d'organisation socio-agricole admet aussi une dimension individuelle qui s'exprime à travers les champs particuliers dont la récolte est dissociée des récoltes communautaires.

    Les exploitations sont structurées en champs de cases, en champs permanents et en champs de brousse. Deux types d'outillages sont utilisés : l'outillage traditionnel composé de daba, hache, pioche, coupe-coupe et un outillage moderne à travers la culture attelée (charrue, tracteur, sarcleur, etc). La fertilisation des sols par apport de fumiers et d'intrants agricoles est de faible niveau au regard de leur qualité agronomique. Les principales productions agricoles de la province du Kénédougou sont :

    - Les céréales composées de mil, de sorgho, de maïs, de riz et de fonio ;

    - Les tubercules composées d'ignames, de patates, de maniocs, de voandzou et de tarots ;

    - Les cultures de rente composées de coton, de l'arachide, de sésame, de niébé et de soja.

    Ainsi au vu de la diversité des productions réalisées, cette province connaît en général un excédent céréalier. Ce qui entraîne une commercialisation importante des produits agricoles. Outre les marchés locaux (Orodara, Djigouera, Koloko, N'dorola et Sindo), les produits céréaliers sont exportés vers les pays voisins (Mali, Niger et la Côte d'Ivoire). Quant au coton, l'écoulement se fait à travers un circuit organisé de la SOFITEX.

    De même, l'élevage connaît depuis trois décennies un développement remarquable avec un cheptel estimé à un million cinquante neuf mille quatre cent soixante et un (1059461) têtes d'animaux vivants en 2004 dominés par la volaille et les bovins comme l'indique le tableau suivant. Avec un cheptel bovin estimé à trois cent cinquante et un mille sept cent soixante dix neuf (351779) têtes, elle occupe la quatrième place derrière le Séno, la Gnagna et le Houët sur le plan national à raison de ses nombreux atouts écologiques. Cependant, cet élevage reste à quatre vingt pourcent (80%) traditionnel. Il est pratiqué sous trois formes :

    - L'élevage commun à tous les agriculteurs, reposant sur la volaille, les petits ruminants et les boeufs de trait ;

    - L'élevage bovin sédentaire observé chez les agro-éleveurs et les éleveurs peulh ;

    - L'élevage transhumant observé chez les pasteurs peulh.

    Les alentours des champs de culture, les abords des cours d'eau, les jachères sont les pâturages de la plupart des élevages tandis que la transhumance s'effectue dans la brousse lointaine. Dans cette province, l'élevage a une importance reconnue sur le plan social et économique.

    Tableau 3: effectifs du cheptel de la province du Kénédougou selon les espèces rencontrées.

    Espèces présentes

    Effectifs

    Bovins

    351779

    Ovins

    84445

    Caprins

    39719

    Porcins

    6530

    Lapins

    299

    Asins

    22219

    Chiens

    9815

    Chats

    7270

    Dindons

    1961

    Canards

    602

    Pintades

    80587

    Poules

    427225

    Pigeons

    27110

    Total

    1059461

    Source : ENEC II, 12/02/2004, MRA.

    Toutefois, il fait l'objet de gestion traditionnelle. En effet, les animaux sont la plupart abandonnés à eux-mêmes sans gardiennage rigoureux, ni d'apport de ration alimentaire complémentaire. Seuls, les animaux de case (bovins d'embouche, boeufs ou ânes de trait, cochon et volailles améliorées) bénéficient de certains soins particuliers (entretien, nutrition, gardiennage etc.).

    En conséquence son développement se trouve quelques fois compromis par des contraintes d'ordre structurel et sanitaire. Les études antérieures réalisées dans la province du Kénédougou soutiennent que les maladies de bétail constituent une contrainte majeure au développement de l'élevage. Les principales maladies de bétail rencontrées sont la péripneumonie bovine contagieuse (PPBC), la fièvre aphteuse, la pasteurellose, le charbon symptomatique, la cowdriose, les infections gastro-intestinales et surtout la trypanosomose animale.

    Pour le contrôle de ces maladies, il existe des recours variés, comprenant des méthodes traditionnelles et des méthodes modernes parmi lesquelles les trypanocides sont utilisés pour le cas de la TAA. Ces maladies affectent l'état de santé des bovins en dépit d'une situation alimentaire relativement meilleure. Cependant, la province connaît de nos jours une faible couverture vétérinaire liée à l'insuffisance du personnel public qualifié et à la rareté des vétérinaires privés. Par conséquent, il y a moins de contacts entre les spécialistes de la santé animale et les agro-éleveurs.

    Pour finir, il existe dans la province du Kénédougou bien d'autres activités économiques à savoir le petit commerce, la pêche, la chasse, la foresterie (bois de chauffe et charbon) et l'artisanat (poterie, sculpture, peinture, tannerie, bijouterie, vannerie, batiks, etc.).

    Sans ressources minières, cette province ne dispose pas d'unités industrielles à proprement parler, sauf une unité de la Société des Fibres et Textiles (SOFITEX) installée à Ndorola pour l'égrainage du coton et quelques micros entreprises de transformation des produits agro-pastraux installées à Orodara, Diéri, etc.

    En résumé, la province du Kénédougou dispose d'importantes ressources socio-économiques capables d'assurer son développement. Mais, elle demeure enclaver d'autant plus que son réseau de transport et communication est très limité. Certes, les trois catégories de routes (nationale, régionale et départementale) connues au Burkina y sont représentées, mais l'état défectueux de ces routes rend certains départements (Samogohiri, Kangala, samoroguan, Sindo, Morolaba par exemple) inaccessibles temporairement (surtout en saison des pluies).

    Pire encore, elle connaît depuis lors des difficultés de liaisons téléphoniques avec son monde extérieur, car son réseau de télécommunication est sous développé. Il se compose :

    - du téléphone résidentiel ou privé dont une centrale automatique installée à Orodara appuyé par un équipement automatique à N'dorola assure les liaisons nationales et internationales ;

    - du téléphone à usage public représenté par un nombre limité de télécentres dans la ville de Orodara ;

    - du téléphone mobile avec l'installation à Orodara en 2004 des réseaux de téléphonie mobile existants au Burkina ayant un taux de couverture ne dépassant pas les limite de la commune d'Orodara ;

    - de la presse écrite dont il existe un correspondant AIB à Orodara. La province est également desservie par la plupart des journaux nationaux (Sidwaya, le Pays, l'Indépendant, Le Jeudi, l'Observateur, le Matin, l'Expresse du Faso) et des journaux internationaux ;

    - de la radio dont il existe une station FM à Orodara, « la voix du verger ». Du reste elle demeure le média le plus populaire avec la possession d'un poste récepteur par la quasi-totalité de la population. Cependant, les émissions de la Radio Nationale du Burkina et d'autres stations radio étrangères sont reçues par temps favorables ;

    - de la télévision dont les émissions de la Télévision Nationale du Burkina et la Télévision du Mali sont reçues par temps favorables également par quelques personnes détentrices de ce media. Certes tous les organes de télécommunication sont représentés dans cette province, mais la couverture territoriale est faible entraînant des communications défectueuses ponctuées de coupures (surtout en hivernage).

    II/ Description des villages d'enquête et caractéristiques sociologiques des agro-éleveurs.

    1) Cas des villages d'intervention du Projet BMZ.

    a) Village de Kotoura.

    Situé au sud, dans le département de kangala à 50 km d'orodara, le village de kotoura est limité au nord par Bama, au sud par kagnambougou, à l'ouest par sayaga et sarkandiala, à l'est par kangala et au nord-est par mahon. Il est arrosé par 1000 mm d'eau/an. Son espace physique est un plateau parsemé de trois cours d'eau dont le NAMPELOGO seul est permanent. C'est une zone de savane arborée qui s'éclaircit sous la pression démographique et foncière. Zone marécageuse favorable à la plantation.

    Ce village serait fondé par un chasseur venu de kangala et signifie « village dans la touffe du marigot » Sa population est estimée à 2800 habitants en majorité Sénoufo des clans TRAORE, DIALLO, KONATE, SANGARE et OUATTARA. Le village est structuré en sept (7) quartiers présidés chacun par un chef de quartier. Il est dirigé par un chef de village, assisté par les chefs de quartier et le chef de terre. Sa population est composée d'animistes, de musulmans et de chrétiens. Mais la vie et les pratiques du groupe sont régies par les règles et les croyances animistes. A chaque début et fin de saison hivernale, des sacrifices présidés par le chef de terre sont organisés autour de l'autel de la terre. Le village est animé par un groupement villageois et sept (7) associations d'entraide culturale.

    Les habitants de kotoura s'occupent dans l'agriculture, dans l'élevage, dans l'arboriculture et bien d'autres activités artisanales. L'élevage bovin est en voie de développement malgré la TAA qui est une menace réelle. Pour gérer cette maladie, les producteurs ont recours aux services d'un vaccinateur présent dans le village et de l'agent public installé au PV de Koloko (distant de 12 Km du village).

    Par ailleurs ils s'approvisionnent en produits trypanocides dans les marchés locaux des villages environnants et maliens. A kotoura, il existe une école primaire, un dispensaire et un dépôt pharmaceutique.

    b) Village de M'bié.

    Situé dans le département de Kourignon, à 18 Km à l'est d'Orodara, M'Bié est limité à l'est par Guéna, au nord par Sidi, à l'ouest par Mina et au sud par Kourignon. Le village est localisé au sud de la route nationale no 8 (Bobo-Orodara) dans une dépression entourée de collines rocailleuses. M'Bié qui signifie en langue Toussian « c'est tout le village comme ça » aurait été découvert par les colons il y a environ 54 ans.

    Sur le plan physique on rencontre des sols sableux à argilo sableux, des sols argileux hydromorphes, des sols limoneux et des sols gravillonnaires à latérites sur les collines. Avec une végétation de type savane arborée, il est traversé par un affluent du fleuve Mouhoun et une rivière au bord de laquelle on rencontre une végétation de raphias.

    Le village compte 346 habitants regroupés dans 25 ménages. Cette population est composée de Toussian, de Siamou, de Mossi, de Gourounsi, de Bobo, de Dioula, etc. Le village est dirigé par un chef de village assisté d'un chef coutumier et du RAV. Il est structuré en quatre quartiers correspondants aux quatre grands lignages fondateurs (Traoré, Ouattara, Coulibaly et Keita). La religion animiste domine la vie du groupe. Cette religion organise et guide les pratiques et l'ensemble des activités de production. A ce titre, il existe une société des masques présidée par le chef de terre. Il existe également trois associations de culture et un groupement villageois qui participent à l'animation de la vie du village.

    Sur le plan agricole, les populations produisent du maïs, du sorgho, du mil, du fonio, des tubercules et du coton. C'est une agriculture à faible niveau technique orientée vers l'autoconsommation. La pratique pastorale vient en appoint à l'agriculture. Les populations de M'Bié font du maraîchage, de l'arboriculture, de l'apiculture, de l'artisanat, de la chasse, etc. Mais, il faut noter que le village connaît un manque d'infrastructures socio-économiques et administratives (un seul forage).

    c) Village de Sokouraba.

    Situé dans le département de Kangala, à 35 Km au sud-ouest d'Orodara, Sokouraba est limité au nord par Kangala et Samogohiri, au sud par Tourni et Kangalaba, à l'ouest par Kangalaba et à l'est par Todié et Samogohiri. Son nom authentique «Kafina » signifie «nouvel endroit ou maison nouvelle»aurait été fondé par TRAORE Bê (Samogho) venu de Kayes (Mali) et par TRAORE Kamana (Senoufo) venu de Lafigué.

    Suivant cet ordre, les Samogho sont détenteurs de l'autel de la terre et les Senoufo, détenteurs du pouvoir politique.

    Sokouraba appartient à un plateau dominé par quelques collines au sud (wani). Il reçoit en moyenne 1000 mm de pluie par an et est parcouru par trois cours d'eau dont un permanent. Il est dominé par une végétation de savane arborée claire riche en essences végétales et fauniques.

    Sur le plan démographique, une population de 2937 habitants habite ses terres avec une prédominance nette des femmes (51%) et de jeunes. C'est une population dynamique. Car il existe 10 «tons» ; 2 GV ; 6 GPC ; 4 OSC (Organisation de Société Civile) ; APEE et un comité de «l'initiative de Bamako». Deux groupes ethniques dominent : Samogho et Sénoufo aux cotés des pasteurs peulhs. Le village est structuré en 4 quartiers, en 3 hameaux de cultures et un camp peulh.

    Les deux religions dominantes sont l'animisme et la religion musulmane qui organisent et dirigent la vie et les pratiques des gens

    Sur le plan agricole, l'espace de production est organisé en 5 zones de cultures utilisant une technologie manuelle et attelée. On y produit des céréales, du coton, des légumes et fruits. Sur le plan pastoral, il existe 5 campements d'élevage dont un campement peulh. Il dispose de 16 étables fumiers et 18 parcs fumiers. Le manque de couloir de passage à bétail crée souvent des conflits violents entre agriculteurs et éleveurs. La gestion de la santé animale est laissée à l'initiative de chaque éleveur qui sollicite le plus souvent les services des vaccinateurs. Le marché de Kangala et les vendeurs ambulants (peulh) leur fournissent les produits vétérinaires.

    Sur le plan de relation avec l'extérieur, Sokouraba est en conflit avec Samogohiri pour des questions de limites territoriales et d'autorités. Sur le plan des infrastructures socio-économiques et administratives, il existe à Sokouraba, une école à 3 classes, un dispensaire, une maternité, un magasin, un jardin collectif, un moulin à grain, une presse karité.

    d) Village de Sokoroni.

    Situé dans le département de Koloko à 58 Km d'Orodara, le village de Sokoroni aurait été fondé par un chasseur du nom de Zibogwo venu du Mali. Sokoroni signifie «lieu de la vente de viande d'éléphant» en langue Sénoufo. Faisant partie de ce vaste ensemble qu'on appelle le Tagwara, il est limité au nord par Nafanasso, à l'ouest par Sifarasso, à l'est par Koloko, au sud par Outilla, Kourouma et Sountourkou, au sud-est par Bama et Sayaga. Il est encerclé par une rivière non pérenne et reçoit en moyenne 800 à 900 mm d'eau par an.

    Le village est structuré en cinq (5) quartiers (Dobougou, Tagwasso, Diassara Kroubasso ou Julakin). Sa population est estimée à 2600 habitants, regroupés dans 46 concessions. Le groupe ethnique principal est le Sénoufo. Mais il y a aussi les Dioula, Toussian, Siamou, Mossi, Samogho et Peulh.

    C'est une population musulmane en majorité dont les pratiques et les croyances sont soutenues par les règles et les principes musulmans. Dans la gestion de l'espace, les seuls interdits sont ceux prescrits par l'Islam et les coutumes. Le village est dirigé par un chef de village assisté d'un chef de terre, d'un RAV et des cinq (5) chef de quartiers (lignages).

    L'agriculture est l'activité principale de production. Les cultures céréalières, cotonnières, les tubercules et fruits constituent l'essentiel des productions agricoles. Sur le plan pastoral, l'élevage des bovins prédomine. Mais la perte des animaux par la maladie, l'absence de zone de pâturage, de piste à bétail et l'incommodité du parc à vaccination constituent des contraintes à l'épanouissement de ce secteur. A cela, s'ajoute la difficile gestion des pâturages, car c'est une zone de transhumance. Sur le plan de la gestion des maladies en particulier la TAA, les éleveurs ont recours aux prestations du vétérinaire Public de Koloko et aux vaccinateurs locaux. Ils se procurent des trypanocides auprès des vendeurs ambulants et sur les marchés de Sifarasso, Sikasso et Hèrèmakono (Mali). Enfin, notons que l'activité commerciale exercée par les femmes est florissante à Sokoroni et l'artisanat est pratiqué par une minorité. De nombreuses organisations paysannes participent à l'animation du village. Ce sont entre autres les GVH et GVF, l'association des chasseurs, l'association sportive, la communauté musulmane, le comité de gestion de la santé, l'association des parents d'élèves et les «tons»des différents quartiers.

    Sur le plan des réalisations, Sokoroni possède une école à six (6) classes, un dispensaire, une mosquée, un moulin, un parc de vaccination, deux (2) fermes privées et trois (3) forages. Fort de cet acquis, les habitants de Sokoroni ont des rapports économiques (marché), culturels (baptême, funérailles, fêtes), matrimoniaux (mariage) suivis avec leurs voisins.

    2) Cas des villages témoins.

    a) Village de Diéri.

    Le village de Diéri est situé à 12 Km à l'Ouest d'Orodara sur la route nationale n°8 menant à Sikasso (Mali). Il est limité à l'Est par Orodara, au Sud-ouest par Samogohiri, au Sud-est par Kotoudemi ; au Nord-ouest par Diolé et au Nord par Diossogo. Diéri signifie en langue Dioula « agrandir, prospérer »et aurait été fondé vers 1880 par un chasseur « DOZO »venu du Mandé (Mali) du nom de BARRO Sabena. Son climat est de type soudanien, recevant en moyenne 1037mm d'eau par an. On y rencontre des sols argilo limoneux. D'une végétation de savane arborée et arbustive, le terroir de Diéri est traversé par 4 cours d'eau non pérennes (Siakoro, Kotoudemi, Kotoroni et Kodjalé).

    Sa population est estimée à 2298 habitants (INSD ,2000). Elle est composée de DIOULA, de SIAMOU, de SAMOGHO et de PEULH.

    C'est une population fortement islamisée dont les coutumes, les habitudes et les pratiques s'en inspirent. Le village est dirigé par un chef dont la fonction est héréditaire et se transmet de père en fils ou de frère en frère. Il a un habitat groupé et est structuré en six concessions : dougoutigui-so, daouda-so, banakoro-so, siamou-so, djéli-so, karamogo-so, et un campement peuhl. Les décisions sont prises de façon démocratique en assemblée générale, réunissant deux hommes et deux femmes de chaque concession autour du chef du village. Cependant une seule personne assure les fonctions de chef du village et de chef coutumier. Il compte 42 exploitations. Six groupements et associations participent à l'animation de la vie quotidienne du village.

    Les productions agricoles sont composées de cultures céréalières ; de cultures de rente ; du maraîchage et des fruits. Cette agriculture est d'un niveau technique avancé. Son cheptel bovin est de 300 têtes .Cet élevage se fait selon le système du confiage des boeufs au bouvier peulh au prix variant entre 3000 et 5000frs CFA. L'abreuvage des troupeaux est gratuit et se fait aux abords des forages et fontaines du village. Les habitants de Diéri disposent d'importantes infrastructures de base (eau, santé, éducation, alphabétisation, etc.). Ils fréquentent les marchés d'Orodara, de Bobo, de Koloko et ceux d'environnants.

    b) Village de Samogohiri.

    Situé à 25 km au sud-ouest de Orodara, Samogohiri est limité au nord par Lougoua et Bakoubougou ; à l`ouest par kangala et Sokouraba ; au sud par Todié et Saraba et à l'est par Diéri et Kotoudemi. Il aurait été fondé vers 1663 par Lamine Cissé (marabout), venu de Yaba (Sikasso). Plus tard, vers 1843 il fut rejoint par un chasseur Siamou (Traoré Kiné). Les deux hommes lièrent une alliance pour donner naissance à Samogohiri qui signifie « prospérité ».

    Appartenant au climat sud soudanien, il reçoit en moyenne 1000 mm de pluie par an. D'une végétation de savane arbustive dense, ce village est traversé par un cours d'eau permanent (Denfou) et deux cours d'eau à régime temporaire.

    Sa population est estimée à 3506 habitants (INSD, 2000). Les groupes ethniques Samogho, Siamou, Mossi et peulh y habitent sur son terroir. Le village est dirigé par un chef assisté d'un conseil des anciens. La chefferie est la propriété du clan Cissé qui l'a remise aux Traoré. Elle est héréditaire. Quant à la terre, elle appartient au lignage des Cissé, mais le doyen d'âge de chaque quartier assure la gestion du domaine foncier de ces lignages suivant un mandat de trois ans renouvelable et par génération. Le village est structuré en trois quartiers (Biéton, Sangaon et Doution). La vie du groupe et l'ensemble des pratiques sociales sont régies par les coutumes. A ce titre, les valeurs telles que le respect des anciens, du groupe, l'attachement aux ancêtres sont de rigueur. Le chef de terre assure les sacrifices au début et à la fin des activités de production.

    L'agriculture demeure l'activité principale suivie de l'élevage et l'arboriculture. Le cheptel bovin est estimé à 884 têtes avec une prédominance de boeufs de traits. Ainsi, se développa la culture attelée dont l'introduction dans le village remonte en 1984 et la généralisation dans les années 1994. La chimiothérapie demeure la stratégie principale de gestion de la trypanosomose animale africaine. Les vaccinateurs (majorité peulh) assurent les soins de santé des animaux.

    Chef lieu du département de Samogohiri, il est doté d'une préfecture, d'une école primaire à six (6) classes (créée en 1953 et normalisée en 2002-2003), d'un dispensaire, d'une maternité, d'un dépôt pharmaceutique, de trois forages, un grand puit, trois bornes fontaines, six moulins, un marché (lieu tous les cinq jours) et d'une route praticable.

    c) Village de Toussian-Bandougou

    Le village de Toussian-Bandougou est situé à 7 km de Orodara. Il est limité au nord par Orodara et Bandougou ; au sud par Dan ; à l'est par Toussiamasso et à l'ouest par Fon. Il a été créé par un chasseur du nom de TIANSAN SANOGO, venu de Pénier (badara). De son nom authentique « siow » qui signifie en langue Toussian « se cacher pour vivre », il est devenu Toussian-bandougou  «  le village s'est aggrandi ».

    Son climat est de type soudanien avec une pluviométrie variant entre 1000 et 1200 mm/an. Il est situé sur un bassin versent où existent des sols argilo-limoneux et sableux en majorité, dominé par une végétation de savane arborée et forêt galerie le long des cours d'eau. Deux cours d'eau traversent le village.

    Sur ses terres habitent les populations Toussian, Samogho et Peulh au nombre de 427 habitants en majorité féminine (54%), jeune et dynamique dont la vie, les usages et les coutumes sont régis par la religion animiste. Le système éducatif traditionnel se manifeste à travers les initiations. Le village est dirigé par un chef de village dont la fonction est héréditaire et se transmet de père en fils. Il est assisté par le chef de terre et le RAV. Le village est structuré en quatre quartiers (TANGA, SOUMAKA, TINKA et SOUME). Les trois grandes religions (animisme, islam et christianisme) sont représentées à égalité. Son habitat est de type dispersé et la gestion foncière de type lignager.

    Les productions agricoles (céréales, tubercules), arboricoles forment les piliers de l'économie du village. Quant à l'élevage, sa pratique est de type traditionnel en association avec l'agriculture. En dehors des pasteurs peulh, propriétaires de grands troupeaux (50 à 100 têtes), le cheptel bovin est dominé par les boeufs de trait. La restriction des zones de pâturage ne manque pas de créer des conflits entre agriculteurs et éleveurs. La gestion de la santé des animaux relève de l'initiative individuelle. En matière d'infrastructures socio-économiques et administratives, le village dispose d'un moulin, d'un centre d'alphabétisation, de deux forages et d'une école primaire à trois classes.

    Situé non loin de la route Orodara-Banfora, ce village reçoit de nombreux intervenants extérieurs (quatre projets). Il entretient de bons rapports commerciaux, coutumiers et matrimoniaux avec Orodara (marché) et ses voisins immédiats (Dan, Bandougou, Kourignon...).

    d) Village de Wolonkoto

    Situé au nord d'Orodara, dans le département de Koloko et à 7 Km de la route Orodara-Sikasso, le village de Wolonkoto est limité à l'ouest par les villages de Natendougou et Imatoro ; au sud par Mahon, Mampédougou et Bakaribougou ; à l'est par Lanfiéra au nord par Banakoro et Songlo et au nord-ouest par Guigolo, Dobougou et Jalakaso.

    Wolonkoto, qui signifie en langue locale «lieu des ravins » serait fondé par des forgerons à la recherche du fer pour la fabrication de leurs outils aratoires (dabas, haches, pioches etc.). Cependant il faut dire que c'est sous le règne de TRAORE Zatogo que Wolonkoto a pu se structurer en village.

    Sur le plan physique, le village de Wolonkoto présente un relief accidenté. Situé dans une dépression entourée de collines (altitude moyenne, 600 m), il est dominé par des sols gravillonnaires de fertilités moyennes mais parcourus par des ravins. Il est traversé par une rivière au bord de laquelle, on trouve des sols limono- sableux et des formations végétales riches en essence. Arrosé par 800 à 900 mm d'eau par an le couvert végétal est de type savane arbustive avec des forêts galeries.

    Le village est dirigé par un chef avec la collaboration du chef de terre, des chefs de lignage (ou chef de quartiers) et du RAV. Sa population est estimée en 1996 à 2485 habitants composés par les groupes Sénoufo-Siamou, Toussian, Mossi, Peulh etc. C'est une population jeune (60%) et à majorité féminine (52%). L'animisme et l'islam sont les deux religions du village. Aussi les règles et les principes édictés par ces religions sont au fondement de la vie, des pratiques et des activités de production dans le village. Des sacrifices sont organisés au début et à la fin de l'hivernage. De même des rites initiatiques à la danse des masques et les fêtes sont les pratiques sociales plus en vue. Le village est structuré en sept (7) quartiers correspondant aux sept (7) lignages constitutifs du village. A Wolonkoto, la terre appartient au lignage. L'animation culturelle du village est assurée par des organisations et associations paysannes au nombre de huit (8), GVH,  GVF «tons », l'association des chasseurs, l'association des parents d'élèves, la communauté musulmane, le comité de gestion des forage, le comité de gestion de la santé.

    Le système de production dominant est l'agriculture avec des cultures céréalières (mil, maïs, sorgho etc....), des cultures de rentes (coton) et du maraîchage (gombo, choux, tomate, laitue, aubergine, piment etc....). Mais, il y a aussi la pratique de l'arboriculture, de la chasse, de l'apiculture et l'élevage. A cet effet, il faut noter que l'élevage des bovins est de type traditionnel, connaissant très peu d'innovation, surtout pour la gestion des maladies du bétail. Ce sont toujours la pratique de l'automédication et l'usage des médicaments traditionnels. Par conséquent, il n'existe pas de zone de pâturage ni de piste à bétail délimitée. Or le village se trouve sur un axe de transit pour les troupeaux en provenance de la Kossi, de Sérékéni et de Kouka. Il dispose d'un parc métallique avec un couloir de contention. En matière de gestion de la TAA, les éleveurs fréquentent le service vétérinaire de Koloko.

    Sur le plan relationnel les rapports commerciaux (marché) et matrimoniaux (mariage) vont bon train entre Wolonkoto et ses voisins à l'exception de Mahon avec lequel il y a une sorte de compétition infrastructurelle. Egalement tous les services déconcentrés de l'Etat dans les domaines agricole, éducatif, sanitaire, pastoral, forestier et technique sont présents dans le village. Wolonkoto dispose de nombreuses infrastructures de base.

    Des huit (8) villages précédents, trois cent cinquante agro-éleveurs (350) ont participé à la lutte communautaire avec le Projet ILRI/ BMZ. Mais, cent (100) agro-éleveurs, présentant les caractéristiques sociologiques suivantes ont répondu à nos questions : ce sont uniquement des hommes à raison de la non implication des femmes dans l'élevage bovin. Ces derniers sont tous adultes et parmi eux, 65% de jeunes et 35% de vieux selon le tableau suivant.

    Tableau 4 : répartition des agro-éleveurs en fonction de leur âge. 

    Age

    Nombre

    Proportion (%)

    Jeune

    65

    65%

    Vieux

    35

    35%

    Total

    100

    100%

    Source : résultat d'enquête.

    Selon leur appartenance religieuse, on obtient 63% de musulmans ; 6% de chrétiens et 31% d'animistes selon le tableau ci-dessous. Mais, l'utilisation des lieux de culte comme espace de contact et de transmission des informations marque l'influence de la religion sur la communication entre les agro-éleveurs.

    Tableau 5: répartition des agro-éleveurs en fonction de leurs religions. 

    Religion

    Nombre

    Proportion (%)

    Animistes

    31

    31%

    Chrétiens

    6

    6%

    Musulmans

    63

    63%

    Total

    100

    100%

    Source : résultat d'enquête.

    Selon leur niveau d'instruction respectif, nous obtenons à l'issue de l'enquête 30% d'alphabétisés et 70% d'analphabètes. Ce qui montre qu'une majorité des agro-éleveurs est non alphabétisée.

    Tableau 6: distribution des agro-éleveurs par niveau d'instruction.

    Niveau d'instruction

    Nombre

    Proportion (%)

    Analphabète

    70

    70%

    Alphabétisé

    30

    30%

    Total

    100

    100%

    Source : résultat d'enquête.

    Ces agro-éleveurs sont en majorité, soit 69% des chefs de famille selon le tableau suivant. Ainsi, ils assument toutes les responsabilités liées à l'utilisation des trypanocides. Par conséquent les décisions d'achat des trypanocides et de traitement sont prises par les agro-éleveurs eux-mêmes.

    Tableau 7: distribution des agro-éleveurs en fonction du statut familial.

    Statut familial

    Nombre

    Proportion (%)

    Chef d'exploitation

    69

    69%

    Autre personne déléguée

    31

    31%

    Total

    100

    100%

    Source : résultat d'enquête.

    Ils se répartissent entre les principaux groupes ethniques présents dans le Kénédougou avec une prédominance du groupe Sénoufo, 54% contre 46% pour les autres. Le tableau suivant donne les différentes proportions en la matière.

    Tableau 8: répartition des agro-éleveurs en fonction du groupe ethnique.

    Groupe ethnique

    Nombre

    Proportion (%)

    Senoufo

    54

    54%

    Toussian

    17

    17%

    Samogho

    12

    12%

    Dioula

    8

    8%

    Siamou

    4

    4%

    Autres

    5

    5%

    Total

    100

    100%

    Source ; résultat d'enquête.

    Par ailleurs, ils se composent en majorité de propriétaires de petits troupeaux. Selon, les données de l'enquête, 65% d'agro-éleveurs possèdent au moins une paire de boeufs de labour ; 22% possèdent un troupeau sédentaire de plus de 20 têtes de bovins et 13% possèdent un troupeau sédentaire d'au moins 50 têtes de bovins. Ce qui entraîne peu de motivation pour les professionnels qui ne se déplacent pas pour traiter un ou deux animaux.

    Ils proviennent de huit villages localisés dans les départements de Koloko et d'Orodara comme l'indique la carte suivante. De plus, la majorité est éloignée des services vétérinaires. En effet, dans la province du Kénédougou, il existe deux pharmacies-cliniques privées basées respectivement à Banzon et à N'Dorola distantes de 50 Km de Orodara. Un seul dépôt représentant la clinique de N'Dorola est à Orodara. Par ailleurs, une pharmacie basée à Hèrèmakono, soit 60 Km à la frontière du Mali et cinq (5) autres basées à Bobo, soit 75 Km interviennent massivement dans cette partie sud du Kénédougou. En conséquence, les agro-éleveurs ont moins de contacts avec les professionnels de la santé animale susceptibles de leur fournir des informations de qualité sur la TAA.

    Figure 1: carte de distribution spatiale des agro-éleveurs et leurs prestataires de services vétérinaires.

    Source : Institut Géographique du Burkina, Avril 1985, modifiée

    De tout ce qui précède, l'étude s'est intéressée à des agriculteurs sédentarisés qui ont adopté la pratique de l'élevage comme une activité secondaire. Ils sont en majorité analphabète, mais ayant un niveau de connaissance élevé sur la TAA et l'usage des trypanocides. Ainsi, sur la base de ces connaissances et de l'expérience accumulée au fil des ans, ils réalisent eux-mêmes de nombreux traitements, comme affirme la majorité d'entre eux : « la dernière fois que mon boeuf est tombé malade, j'ai fais moi-même le traitement avant d'appeler le vaccinateur ». De cette déclaration, il ressort que l'automédication caractérise leurs pratiques thérapeutiques. Mais, ils la justifient par les difficultés rencontrées pour accéder aux services de santé animale.

    En la matière, il existe cinq (5) agents d'élevage pour couvrir les huit (8) village et un seul dépôt pharmaceutique installé à Orodara. Face à cette situation d'insuffisance et de rareté, les agro-éleveurs ont recours aux services des vaccinateurs locaux et vendeurs ambulants présents dans tous les villages. Mais, ils sont sans qualification et ayant une insuffisance de culture vétérinaire. Ce qui constitue des contraintes à leur quête d'information vétérinaire.

    III/ Analyse critique des circuits d'information et de communication chez les agro-éleveurs.

    Chez les agro-éleveurs de la province du Kénédougou, la communication est perçue comme « une grande valeur sociale » en raison de son importance dans l'organisation et la vie du groupe. Dans les entretiens, cette importance se représente par les fonctions sociales de la communication dans leur système d'organisation sociale à savoir l'éducation d'une part et d'autre part la gestion des relations sociales.

    D'abord les interviewés affirment que la communication remplit une fonction éducative dans la mesure où elle participe à « former les esprits des gens dans la société » et à « développer de nouvelles idées ». Pour montrer cette relation entre l'éducation et la communication, ils soutiennent avec force que : « c'est par la parole que nous communiquons ». Or cette parole sous toutes ses formes fait l'objet d'une éducation à laquelle le jeune enfant Sénoufo, Siamou, Toussian, Samogho ou Dioula se soumet dès son bas âge. En effet, conscient des multiples circonstances dans lesquelles l'homme est appelé à parler dans sa vie, les groupes ethniques présents dans le Kénédougou soumettent leurs enfants à une éducation à la parole dont les veillées de contes sont des occasions privilégiées d'apprentissage et de formation au savoir parler. D'ailleurs dans leur système de représentation sociale, savoir parler, savoir maîtriser la parole en tout lieu et en tout temps est un impératif de communication comme l'exprime le proverbe suivant : « si tu ne sais dire la vérité en tout lieu et en tout temps, donne ton sabre de guerre à une femme et elle te conduira vers la victoire ». Obéissant à cette logique, ces groupes ethniques accordent un soin particulier à l'acte de prise de la parole. C'est pourquoi, l'on constate que dans ces dites sociétés la parole n'est pas donnée à qui veut parler mais à qui sait parler. Car cet acte implique le respect des hiérarchies sociales, la soumission de l'individu au groupe et le respect des traditions et coutumes. Ainsi, en situation réelle, c'est l'aîné qui prend la parole, demande l'autorisation du groupe, des ancêtres ou d'Allah, parle et la donne aux autres suivant la loi du plus âgé au moins âgé et celle de la génération la plus ancienne à la dernière. Du reste, cette relation entre communication et éducation dans les sociétés de tradition orale a été déjà démontrée par André Nyamba20(*).

    Parlant des Sanan, qui présentent d'ailleurs une organisation sociale analogue à celle des Senoufo, Siamou, Toussian ou Dioula , il analyse l'importance de la parole dans leur organisation sociale en ces termes : « les Sanan parlent dans de multiples circonstances de leur vie : à la fête, au décès ,lors des funérailles , relations sociales , etc. ; c'est pourquoi dans leur système d'éducation , il existe une éducation à la parole dont les veillées de contes sont des occasions d'apprentissage de la parole ; c'est le temps du « savoir dire » qui précède celui du « savoir-faire » et celui du « savoir-être ». Mais en réalité les deux derniers savoirs se construisent sur le premier. D'où l'importance de savoir maîtriser la parole, en tout lieu et en tout temps ».21(*) Certes, il en était ainsi pendant longtemps, mais de nos jours, cette éducation à la parole a perdu de rigueur suite à la multiplicité des lieux d'éducation chez les agro-éleveurs. En ce sens que l'éducation des enfants Senoufo ou Dioula n'est plus seulement l'apanage de la famille, du lignage ou de la société, mais aussi celui de l'école, des medersa et des média.

    Ensuite, les agro-éleveurs affirment que la communication participe à la gestion des relations sociales dans la mesure où elle vise à la « recherche de l'entente au sein de la société ». Ce qui s'explique par les nombreux et fréquents contacts entre agro-éleveurs révélés par les enquêtes. Mais, les fréquentes salutations familiales illustrent bien cette relation entre communication et gestion des relations sociales. En effet, ils sont soumis à de longues salutations matinales qui dépassent le cadre familial pour embrasser les concessions voisines, celles du quartier, celles des belles familles ou les concessions d'autres villages. Comme l'écrit André Nyamba22(*) « le matin, après s'être `lavé les yeux' l'on va saluer l'aîné de la famille, s'enquérir de sa santé, savoir s'il a passé une bonne nuit ; il s'agit de longues litanies répétitives dont l'objectif de toute évidence n'est pas prioritairement d'ordre informationnel ; (...) », elles ne visent pas seulement à s'enquérir des nouvelles et de la santé des autres mais aussi recherchent la cohésion familiale voire sociale. Car à travers leur fréquence, ces populations de tradition orale manifestent un grand besoin d'entretien de bonnes relations sociales à l'intérieur et à l'extérieur du groupe. Des relations sociales allant des rapports familiaux, des liens de parenté, de voisinage, d'alliance et d'affinité aux rapports d'échanges économiques avec l'extérieur en passant par les rapports hiérarchiques et d'autorité à l'intérieur des groupes sociaux. Et ces salutations prennent l'allure d'une obligation sociale au point que tout manquement est vivement ressenti et condamné par la société. Pour ce faire, deux expressions sont couramment utilisées : « c'était ta salutation... ! », employée lorsqu'on salue quelqu'un à qui on veut lui témoigner sa volonté de maintien de bonnes relations et « salut à toi..., il y a deux jours », employée pour signifier le refus de rompre les relations sociales à quelqu'un qui était perdu de vue.

    Conscients de ce rôle social de la communication dans leur système d'organisation sociale, les agro-éleveurs accordent une attention particulière à sa gestion. Ainsi des personnes sont déléguées dans chaque village pour servir d'informateurs de la communauté à travers des circuits organisés et reconnus par tous. La figure suivante en indique une représentation simplifiée sans tenir compte des spécificités de chaque village.

    Figure 2: circuit simplifié d'information dans les villages du Kénédougou.

    Chef du village

    Griot /informateur du village

    Population

    Le schéma ci-dessus indique que les informations proviennent du chef du village et transmises à la population par le biais du griot ou de l'informateur du village. Du reste, il faut admettre avec les griot ou les informateurs que le chef de village est la source de production de l'information comme s'exprime un jeune griot originaire du village de Diéri : «L'information vient du chef de village. Il me la transmet oralement et je suis chargé d'informer la population ».

    Ce que les différents chefs confirment à travers les propos ci-après : « les chefs ne disposent pas de radio ni de téléphone ; ce sont les griots qui se chargent d'informer la population » dixit le chef de village de Diéri. Et le responsable administratif du village de M'bié d'affirmer ceci : « dans le village on a un informateur chargé de la diffusion des informations ». Mais l'ensemble des déclarations précédentes indiquent que le « chef », le « griot ou l'informateur du village » et la « population » sont les acteurs clés socialement identifiés qui participent au fonctionnement de ce système.

    D'abord, le « chef » représente la source d'information de toute la société comme s'expriment les agro-éleveurs eux-mêmes en majorité : « nous obtenons nos informations chez le chef ». Il a pour rôle de produire l'information et de la diffuser au sein de la société. Ce rôle est bien perçu par la majorité des chefs interviewés car pour eux : « il faut faire circuler l'information ». Mais, cet acteur source et producteur d'information est pluriel dans les représentations et les expressions des agro-éleveurs. Le « chef » dont il est question dans leurs propos ne correspond pas uniquement au chef du village. Il est aussi : « le chef de famille » ; «  le chef de quartier », « le chef de terre », « le responsable administratif ». Bref, c'est le « chef », dépositaire d'une autorité politique et morale. Certes dans une conception orchestrale de la communication, le chef est incontournable dans le circuit de communication. Mais, il comporte des biais de communication relatif à son statut de chef politique ayant un rapport spécifique à l'information. Les chefs estiment qu'ils font « circuler » les informations, mais il faut admettre l'existence possible de sélection des informations et des destinataires. Et cette sélection introduit des biais dans la communication qui s'énoncent en termes de blocage, de rétention, de distorsion, d'intoxication, de désinformation et de sous information.

    Ensuite, le « griot » ou « l'informateur » du village représente le vecteur social des informations. Intermédiaire entre le « chef » et la population, son rôle est de diffuser les messages du chef auprès de la population comme ils le définissent eux-mêmes : « notre travail là consiste à faire passer l'information ». Ce sont les griots dans certains villages et les informateurs dans d'autres. Mais, si les griots sont les professionnels de la communication d'autrefois, les informateurs actuels semblent être une innovation technique entreprise par les communautés elles-mêmes dans ce domaine. D'ailleurs, ceci n'est pas un cas isolé en la matière car de la voix naturelle, des trompettes, du tam-tam et des pieds, ces communautés en sont venues à l'usage du vélo et du microphone équipé de haut parleur comme moyens techniques d'information et de communication. Et, entre les informateurs et le « chef », il y a le « messager » du « chef ». Celui-ci est un proche parent que le « chef » choisi de son propre gré pour l'envoyer auprès du « griot » ou « l'informateur » du village en cas de besoin. Mais, selon l'adage qui dit que « le griot est la bouche et l'oreille du chef », ces intermédiaires au service du chef ont-ils la capacité de véhiculer une information contraire à celle du chef ? Ceci pour montrer que les griots ou informateurs sont associés au processus de sélection qui commence avec le chef sans oublier qu'ils sont de véritables sources de déformation des informations dans la société.

    Enfin, la « population » représente une pluralité d'acteurs sociaux parmi lesquels les individus isolés, et les organisations de la société civile (OSC). Ce sont les récepteurs des informations provenant du « chef ». Mais ils sont aussi « informateurs » dans la mesure où l'information reçue par un individu est « partagée avec les autres ».

    Deux outils de communication sont utilisés dans ce système. Dans les entretiens, les différents acteurs affirment qu'ils s'informent par «  la bouche, en face à face » et se déplacent par «  le vélo ». Mais, il existe une pluralité de lieux de transmission des informations. Dans les villages fortement islamisés, la majorité des informations sont transmises à la mosquée comme l'affirme le chef de village de Sokoroni : « Avant, on envoyait des enfants vers les différentes concessions, mais, présentement, on passe l'information dans les mosquées ». Ce qui s'inscrit dans les stratégies d'information des chefs de façon générale. Mais, la mosquée n'est pas le seul lieu du côté de la population de Sokoroni comme le dit leur président des éleveurs : « Chez nous ici, quand quelqu'un a besoin de nouvelles, il s'adresse au chef de quartier ou bien il va à la mosquée ». Dans les villages où le facteur religieux n'est pas très déterminant, les informations se transmettent «chez le chef, dans les concessions, pendant les réunions, en assemblée villageoise, sous l'arbre à palabre et pendant les occasions de culte, de rencontre et de rassemblement dans les villages ». Ce qui s'inscrit dans la logique des outils et espaces de communication utilisés par les agro-éleveurs. Ils sont qualifiés de média traditionnels de communication (MTC) en opposition aux média modernes tel que la radio, le journal, le téléphone, la télévision, le cinéma, l'Internet etc. L'interaction entre tous ces éléments forment un circuit officiel, connu de tous les acteurs par lequel les informations sont véhiculées dans les villages. Cependant, lorsque certains enquêtés affirment qu'ils reçoivent aussi les informations « par les amis » et qu'on peut les transmettre également « par bouche à oreille », il convient de noter qu'il existe un circuit parallèle par lequel, l'information circule de proche en proche. Ce qui s'inscrit dans la logique des relations sociales dans la mesure où ce sont des relations de parenté, d'alliance, d'affinité, de copinage, de partenariat et d'aventure qui caractérisent les contacts selon la majorité de nos enquêtés.

    Figure 3: esquisse d'un circuit d'information dans les villages du Kénédougou sud.

    Source officielle : - chef du village,

    - chef de terre,

    - responsable administratif

    Chefs de quartier / conseil des anciens.

    Mosquée et autres lieux.

    Griot / informateur du village

    Population: - chef de ménage,

    - organisations de la société civile,

    - individus.

    Source parallèle : relations sociales

    (Parents, amis, alliés, copains et partenaires)

    Source : résultat des entretiens.

    Au regard de ce circuit, la circulation des informations semble obéir à deux logiques sociales à savoir la logique des relations sociales et celle de l'organisation socio-politique de la société.

    Selon la logique des relations sociales, les agro-éleveurs reçoivent les informations par l'intermédiaire des personnes avec qui ils entretiennent des relations d'amitié, d'alliance, de collaboration et de parenté. Elle est représentée par la source parallèle sur le schéma. Suivant cette source, l'échange des informations se déroule essentiellement à l'intérieur de cercles fermés d'amis, de parents, de copains, etc. En conséquence, les individus isolés, sans contacts extérieurs ont moins d'informations dans ce système. Or, un village est par définition un lieu d'interconnexion où tous les habitants se connaissent. D'où, la diffusion des informations de proche en proche par bouche à oreille semble adapter à ce contexte. Quant à la logique de l'organisation socio-politique, les agro-éleveurs reçoivent les informations suivant la structuration de la société en quartier, en clan et en concession et la stratification de la société en classe d'âge, en caste, en corps de métier spécialisé et en groupement. Cette logique est représentée par la source officielle des informations qui ont pour origine soit le chef de village, le chef de terre ou le responsable administratif villageois. Mais à partir de là, les informations partent dans quatre directions :

    - la première, ce sont les griots/ informateurs qui vont informer la population dans leurs maisons ;

    - la seconde direction, le chef réunit ses différents chefs de quartiers en conseil des anciens et leur transmet les informations. Ces derniers réunissent dans leurs quartiers respectifs leurs différents chefs de famille et leur transmettent les informations afin qu'ils informent leurs membres de famille respectifs ;

    - la troisième direction, ce sont les griots/informateurs qui vont informer les différents responsables des associations, groupements et tons, qui se chargent d'informer leurs membres respectifs ;

    - enfin, la quatrième direction, particulièrement observable dans les villages fortement islamisés, ce sont les griots/informateurs qui s'adressent à la foule après les prières à la mosquée. Mais les quatre directions ne sont pas exclusives, car dans un même village, un même individu peut recevoir les informations provenant des quatre directions voire des deux sources. Le problème est de savoir que chaque source comporte des risques de modification des informations dans la mesure où il existe toujours un ou deux intermédiaires entre le chef qui émet et l'agro éleveur qui reçoit. Des risques qui constituent à nos yeux des contraintes dans la quête d'information de qualité en ce sens que l'agro éleveur n'est pas directement en contact avec le professionnel de la santé. Par conséquent, il ne reçoit pas le message délivré par ce dernier mais un message venant de son chef de village avec tous les biais de sélection et de dénaturation possibles. C'est pourquoi, de nos jours, les agro-éleveurs ont besoin d'informations sur la TAA délivrées par les professionnels de la santé à travers les formations et les brochures en langue locale.

    CHAPITRE III : TRANSACTIONS TRYPANOCIDES ET STRATÉGIES DE COMMUNICATION CHEZ LES PRESTATAIRES DE SERVICES.

    Le présent chapitre vise à dégager les difficultés de communication auxquelles les prestataires de services sont confrontés dans leur tâche d'information et de sensibilisation des agro-éleveurs à travers l'analyse de leurs pratiques et attitudes dans l'utilisation des trypanocides. Mais avant, il est nécessaire de savoir quels sont les acteurs sociaux en présence et quelles sont leurs stratégies de communication ?

    I/ Rôles, caractéristiques et importance des acteurs en présence.

    L'utilisation des trypanocides est une pratique médicale réservée aux spécialistes de la santé animale selon les textes et lois réglementaires de la médecine vétérinaire au Burkina-faso. Mais, à la faveur de la privatisation de la profession vétérinaire, vendre ou appliquer les médicaments trypanocides ne sera plus l'apanage des seuls spécialistes de la santé animale, car on assiste à l'émergence d'autres acteurs non autorisés. D'où, nous distinguons deux catégories de prestataires de services à savoir les professionnels de la santé animale et les non professionnels.

    1) Les professionnels de la santé animale.

    Ils regroupent les personnes qui exercent la médecine vétérinaire avec les qualifications et les compétences requises par le code de santé animale au Burkina Faso. Ce sont les agents publics d'élevage, les docteurs vétérinaires et les nouveaux acteurs.

    Dans la province du kénédougou, les agents publics d'élevage restent les premiers professionnels de la santé animale connus de nos jours auxquels se réfère en priorité le terme « vétérinaire » employé fréquemment par les agro-éleveurs. Traditionnels fournisseurs de services vétérinaires, ils sont composés d'agents et de techniciens d'élevage au nombre de trois (3) dans notre zone d'étude. Basés à la direction provinciale à Orodara et au poste vétérinaire frontalier de Koloko, ils ont été tous formés à l'école Nationale de Santé Animale (ENSA) de Ouagadougou. Mais, au-delà de la formation initiale, ils ont tous reçu en moyenne trois (3) formations complémentaires dans les domaines :

    - de la lutte contre la TAA ;

    - de la surveillance épidémiologique ;

    - des travaux de laboratoire ;

    - de l'aviculture ;

    - de l'élevage des petits ruminants ;

    - de l'embouche bovine ;

    - de la gestion des projets et micro-projet et

    - des méthodes de recherche accélérée (MARP).

    Ce sont des agents expérimentés ayant en moyenne trois (3) ans d'expérience sur le terrain.

    Agissant en qualité de fonctionnaire d'Etat, ils interviennent plus dans les traitements que la sensibilisation des éleveurs et le contrôle de la profession. Selon les données d'enquête, ils ont réalisé en moyenne 124 fois de traitements trypanocides l'année passée. De plus, ils ont donné en moyenne 57 fois de conseils aux éleveurs. Mais, ils déclarent dans les entretiens qu'ils n'ont pas « les moyens matériels, logistiques et la capacité pour le contrôle des trypanocides et leur commercialisation ». Cependant, dans la nouvelle organisation des services de santé animale issue de la libéralisation de la profession de médecine vétérinaire, les services publics sont chargés de toutes les questions liées à la vulgarisation, à la formation, à la sensibilisation et au contrôle de l'exercice de la profession vétérinaire sur le terrain en priorité.

    Quant aux docteurs vétérinaires, ils regroupent toutes les personnes ayant obtenues le diplôme de doctorat en sciences et médecine vétérinaires après des études supérieures et ayant reçue une autorisation préalable pour s'installer en privé. Deux docteurs vétérinaires sont installés dans la province du Kénédougou. Ils sont tous localisés dans sa partie nord avec une représentation sous forme de dépôt pharmaceutique au sud. Mais, l'enquête a pris en compte ceux de Bobo, intervenants fortement dans cette partie sud. Ils ont été formés à l'EISMV (Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires) de Dakar, au Sénégal pour la majorité et en France, au Maroc, en Russie pour une minorité. Ils ont reçu en majorité au moins une formation spécialisante dans les domaines suivants : médecine tropicale, productions animales et reproduction génétique (insémination artificielle). Ils ont en moyenne dix sept ans d'expériences dans les domaines de l'enseignement, de la recherche et de la santé en exercice privé. Engagés dans des entreprises privées, ils sont tous responsables de cabinets de soins vétérinaires de nature clinique et pharmaceutique. Sur le terrain, ils agissent en qualité de cliniciens, pharmaciens grossistes et pharmaciens détaillants. Ainsi, ils offrent des services cliniques, des médicaments et des conseils aux éleveurs. Mais, selon les données d'enquête, ils interviennent plus dans la vente des médicaments que dans les soins et les conseils. En effet, ils estiment avoir vendu au cours de l'année écoulée en moyenne quatre mille (4000) fois de trypanocides contre cent (100) fois de traitements réalisés et quatre vingt (80) fois de conseils donnés. Ce qui est le reflet du rôle actuel joué par les vétérinaires privés installés en majorité dans les officines pharmaceutiques pour la vente des médicaments au détriment des soins et de la sensibilisation sur le terrain. Or dans l'organisation actuelle des services vétérinaires au Burkina, ils ont la charge de la commercialisation/distribution des médicaments vétérinaires de qualité, de la prise en charge des animaux malades et de l'information des éleveurs.

    Outre les agents publics d'élevage et les docteurs vétérinaires, il faut ajouter de nouveaux acteurs professionnels ayant reçus une autorisation préalable pour s'installer en privé. Techniciens d'élevage et ingénieurs zootechniques en majorité, ce sont d'anciens fonctionnaires de l'Etat en retraite ou ayant quittés la fonction publique pour s'installer en privé à la faveur de la libéralisation de la profession vétérinaire. Ils ont été formés à l'ENSA de Ouagadougou avec en moyenne vingt et deux (22) ans d'expériences dans la fonction publique et dans l'exercice de la médecine vétérinaire en privé. Ils jouent les mêmes rôles actuels que les docteurs vétérinaires et bénéficient des mêmes attributions et avantages conférés par le code de la santé animale.

    Toutefois, à côté des acteurs professionnels dont les rôles et statuts ont été définis par le code de la santé animale au Burkina et légitimés par l'ordre national vétérinaire, s'est développé une catégorie d'acteurs non professionnels, reconnus sous l'appellation « d'amateurs de la médecine vétérinaire » dans le jargon des spécialistes.

    2) les non professionnels.

    Ils sont composés de vaccinateurs et de vendeurs de médicaments de la rue. Ils regroupent les anciens auxiliaires de la santé animale, les éleveurs propriétaires de grands troupeaux, les marchands de bétails, les commerçants et de nouveaux acteurs.

    - les anciens auxiliaires : Ce sont d'anciens vaccinateurs formés par les services publics d'élevage et licenciés à la faveur de la libéralisation de la profession vétérinaire intervenue en 1991. Ce sont des acteurs formés et expérimentés. En effet, outre, la formation initiale reçue sur la vaccination, ils ont acquis des connaissances supplémentaires dans le domaine agro-pastoral. Ils ont en moyenne vingt (20) ans d'expériences dans le métier. Ils interviennent plus dans les traitements que la vente des médicaments ou l'information des éleveurs. Non reconnu par les textes et lois régulateurs de l'exercice de la médecine vétérinaire au Burkina, leur rôle actuel s'explique par l'insuffisance du personnel qualifié sur le terrain. Du reste, ces auxiliaires sont nés d'une volonté politique nationale de pallier à un déficit de professionnels sur le terrain à un moment donné de son histoire. C'est donc en 1963 que les services provinciaux en charge de l'élevage ont procédé au recrutement des premiers vaccinateurs pour la mise en oeuvre de la campagne internationale de lutte contre la peste bovine patronnée par la Hollande. Ils jouaient le rôle de vaccinateur au sens authentique du mot, c'est-à-dire inoculer le vaccin contre la peste dans l'organisme des bovins. Pour ce faire, ils ont reçu une formation sur le tas concernant la préparation, le dosage et l'injection du vaccin. Une fois, la campagne terminée, ils seront intégrés dans la fonction publique en qualité d'auxiliaire de la santé animale et participer aux différentes activités vétérinaires sur le terrain.

    De nos jours, ces derniers sont au centre d'une polémique comme l'écrit Omar Diall et al23(*) « ces agents issus des communautés d'éleveurs constituent une force supplétive pour les services vétérinaires. Mais l'existence même de ce corps est au centre de nombreuses controverses. Les vétérinaires privés voient en ces éleveurs formés des concurrents potentiels sur le terrain, tandis que les services de l'Etat les considèrent comme une certaine banalisation de la profession vétérinaire »

    - les commerçants : Ce sont des personnes associant la vente des médicaments vétérinaires à celle des biens de première nécessité. En nombre important dans le Kénédougou sud, certains sont installés sur place dans les villages ou dans le marché d'Orodara tandis que d'autres se baladent de village en village et font la ronde de tous les marchés locaux. Sans qualification ni formation en matière d'exercice de la médecine vétérinaire, ils interviennent significativement dans la vente des médicaments et l'information des éleveurs. La confiance réciproque et l'expérience quotidienne sous tendent leurs pratiques. Non prévu dans l'organisation actuelle des services vétérinaires, leur rôle actuel s'explique par le manque de pharmacies vétérinaires dans le Kénédougou sud.

    - les marchands de bétail : Ce sont les exportateurs d'animaux par la route vers les pays voisins tels que le Mali, La Côte d'Ivoire, le Ghana et le Nigeria. Ils interviennent dans la vente des médicaments, dans l'information et les traitements dans une moindre mesure, comme le disent les agro-éleveurs eux-mêmes « nous obtenons quelque fois aussi nos médicaments et nos informations avec les commerçants de boeufs ». Ils gardent toujours par devers eux des médicament (pour faire face aux cas de maladies urgentes) qu'ils emportent au cours des voyages. Mais, une fois de transit dans ces pays, ils profitent des facilitées d'achat de médicaments trypanocides et en achètent une certaine quantité qu'ils ramènent. De retour, ces médicaments sont, soit autoconsommés, soit prêtés ou vendus aux autres éleveurs. De plus en plus, ce phénomène prend de l'ampleur, car avant de partir ces marchands procèdent à une évaluation des besoins réels des éleveurs afin d'acheter les quantités correspondantes.

    - les propriétaires de grands troupeaux : Ce sont les pasteurs peulh et certains agro-éleveurs ayant une longue expérience dans la pratique pastorale. Perçus comme les détenteurs des savoirs locaux en santé animale, ils possèdent toujours des trypanocides pour usage personnel en cas de besoin urgent, surtout lors des mouvements de transhumance. Impliqués dans une forte automédication, ces derniers contribuent à la distribution des médicaments, à leur application et à l'information des agro-éleveurs. Mais, dans les discussions de groupe les agro-éleveurs soutiennent ceci : « nous obtenons aussi nos médicaments, nos soins et nos informations avec les peulhs et ceux qui ont duré dans ce travail d'élevage » pour montrer leur rôle non négligeable dans les soins et l'information.

    Symbole de la persistance de la tradition et des coutumes, le recours aux propriétaires de grands troupeaux ne saurait être déterminé seulement par l'inaccessibilité et l'indisponibilité des autres acteurs. Il semble que cela traduit une certaine fidélité des agro-éleveurs à leurs coutumes agro-pastorales. En effet, dans leur organisation sociale, les propriétaires de grands troupeaux représentent les spécialistes de la santé animale. Ainsi, dans la division sociale du travail, ils s'occupent de toutes les questions relatives à l'élevage, en particulier la santé animale.

    - les nouveaux acteurs sont des éleveurs qui ont appris à vacciner les animaux par imitation au contact d'un spécialiste de la santé animale et ceux qui ont été choisis dans leurs communautés respectives pour être formés par des Projets ou ONG . Qualifiés de vaccinateurs locaux ou d'agents communautaires de santé animale, ils ont été formés sur le tas dans les domaines de l'élevage de la volaille, des petits ruminants, de l'embouche bovine, de l'entretien des bovins et de la santé animale (vaccination). En la matière, le Projet BMZ2, dans sa phase d'activité sur le terrain a formé vingt deux (22) vaccinateurs locaux sur :

    - la lutte intégrée contre la TAA, prenant en compte le contrôle contre les vecteurs, l'utilisation des trypanocides et l'élevage du bétail trypanotolérant ;

    - l'utilisation rationnelle des trypanocides ;

    - le diagnostic et les soins de la TAA ;

    - le diagnostic et les soins des maladies additionnelles ;

    - la médecine traditionnelle ;

    - l'alimentation des animaux.

    Ils sont peu expérimentés (3 ans de pratique vétérinaire), car entrés récemment dans le métier de vétérinaire. Non autorisés à pratiquer les injections trypanocides, ils interviennent fortement dans la vente, le traitement et l'information des éleveurs. Mais, selon l'un d'eux les traitements dépassent la vente et la sensibilisation : « dans tout ce village de Kotoura et environnant c'est moi qui fait les traitements. Et chaque fois, je leur dit de me prévenir tôt quand ça ne va ».

    Parmi cette pluralité d'acteurs sociaux qui interviennent dans l'offre des services vétérinaires, cinquante cinq (55) personnes appartenant à huit (8) catégories de prestataires ont répondu à nos questions selon la figure suivante. Mais sur le terrain, ils sont tous qualifiés de vétérinaire. Ce qui crée une confusion dans les esprits des agro-éleveurs qui ont du mal à distinguer le vrai vétérinaire du faux. Il s'en suit une crise de confiance entre les agro-éleveurs et leurs prestataires de services entraînant un contexte défavorable à une communication efficace.

    Figure 4: proportion des prestataires de services enquêtés.

    Source : résultat d'enquête.

    Ils sont en majorité instruits, soit 63,6% de notre échantillon dominé par 40% de scolarisés ayant au moins le niveau primaire. Le tableau suivant donne plus de détails en la matière.

    Tableau 9: Distribution des prestataires par niveau d'instruction.

    Niveau d'instruction des prestataires de services

    Nombre

    Proportion (%)

    Non scolarisé

    14

    25.5

    Alphabétisé

    2

    3.6

    Enseignement coranique

    4

    7.3

    Primaire

    22

    40.0

    Secondaire

    2

    3.6

    Supérieur

    11

    20.0

    Total

    55

    100

    Source : résultat d'enquête.

    Ils sont composés en majorité de non professionnels n'ayant aucune qualification sur la santé animale, soit 78,19% contre 21,81% de professionnels selon le tableau ci-dessous.

    Tableau 10 : répartition des prestataires par niveau de qualification.

    Niveau de qualification

    Nombre

    Proportion (%)

    Professionnels de la santé animale

    12

    21,81%

    Non professionnels

    43

    78,19%

    Total

    55

    100%

    Source : résultat d'enquête.

    Il faut toutefois remarquer qu'il existe plusieurs types de qualification, car selon le diplôme obtenu, on distingue des agents techniques d'élevage, des techniciens et techniciens supérieurs d'élevage, des ingénieurs d'élevage, des ingénieurs zootechniques et des docteurs vétérinaires. Ils se répartissent comme le montre le tableau ci-dessous. Il se dégage nettement une prédominance des docteurs vétérinaires parmi les professionnels du privé mais ils sont absents sur le terrain et relayés par les vaccinateurs qui sont sans diplôme. A l'opposé les agents publics sont présents mais peu fréquentés par les agro-éleveurs. En conséquence, on se demande quelle est la qualité des messages sur la TAA reçus par les agro-éleveurs qui sont permanemment en contact avec des informateurs sans véritable culture vétérinaire ?

    Tableau 11: distribution des prestataires professionnels selon le diplôme obtenu.

     

    Professionnels du privé

    Professionnels du public

    Non professionnels

    Docteur vétérinaire

    67%

    0%

    0%

    Techniciens d'élevage

    11%

    100%

    0%

    Ingénieur d'élevage

    11%

    0%

    0%

    Vaccinateur formé

    11%

    0%

    5%

    Sans diplôme

    0%

    0%

    95%

    Total

    100%

    100%

    100%

    Source : résultat d'enquête.

    Certains ont reçu au moins une formation complémentaire tandis que d'autres n'ont reçu aucune formation avant de se lancer dans l'exercice de leur activité. Selon la figure ci-dessous, environ 41,8% de prestataires ont reçu au moins une formation complémentaire contre 27,3% qui s'appuient sur leur formation de base et 30,9% n'ont aucune formation. Les sujets de formation sont variés et relatifs ou non à la santé animale.

    Figure 5: répartition des prestataires suivant le niveau de formation.

    Source : résultat d'enquête.

    Enfin, la majorité des prestataires de services ont acquis des expériences dans le domaine de la santé animale. Ces expériences sont diverses et variables dans le temps. Mais, les agents publics restent les plus anciens (23 ans d'expérience) dans la profession vétérinaire devant les vaccinateurs (21 ans) et les docteurs vétérinaires (17 ans). Quant à la majorité des non professionnels, ils demeurent les nouveaux acteurs avec 4 à 5 ans d'expérience dans la vente et les traitements vétérinaires.

    A ces acteurs de terrain, s'ajoutent les fabricants de médicaments, les chercheurs, les décideurs, les services d'appui sociaux. A l'exception des fabricants, ils sont représentés dans le Kénédougou sud à travers les structures suivantes :

    - le CIRDES pour la recherche ;

    - le PNGT2 pour l'appui aux éleveurs ;

    - la DPRA, LA DRRAHB et l'ONV pour les décisions politiques.

    De tout ce qui précède, il existe une pluralité d'acteurs sociaux qui interagissent dans l'offre des soins vétérinaires dans la province du Kénédougou. Ce qui a été confirmé par les acteurs eux-mêmes dans les discussions de groupe. Du reste, l'importance et la position de chaque groupe ont été perçues par ces acteurs en l'affectant un score d'importance. Ces scores vont de 1 à 10. Les scores moyens qui traduisent les différentes perceptions sont représentés à travers le tableau ci-dessous. Selon lequel, les différents acteurs estiment en majorité que les vendeurs de trypanocides, leurs consommateurs et les autorités de régulation sont les principaux groupes en présence. Ce sont en l'occurrence les agro-éleveurs, les vétérinaires privés, les vendeurs de médicaments de la rue, les vaccinateurs locaux et les agents publics d'élevage. Cependant, les fabricants sont perçus comme importants par les vétérinaires privés et les agents publics d'élevage.

    Les décideurs sont seulement importants aux yeux des agents publics. L'autorité de régulation et de contrôle, les ONG et les services d'éducation sont perçus comme moins importants par l'ensemble des acteurs. Enfin, les agro-éleveurs accordent beaucoup d'importance à tous les acteurs issus des communautés villageoises. Leurs perceptions s'expliquent par la présence ou l'absence de l'acteur en question sur le terrain. C'est pourquoi l'on remarque que les acteurs les plus importants sont les acteurs existants et actifs sur le terrain. Tandis que les moins importants sont ceux qui restent méconnus sur le terrain.

    Tableau 12: perceptions liées à l'importance de chaque groupe d'acteur chez les agro-éleveurs, les agents publics d'élevage et les vétérinaires privés.

    Groupe d'acteurs

    Agro-éleveurs

    Agents publics d'élevage

    Vétérinaires privés

    Projet

    9

    Non évaluée

    Non évaluée

    Agro-éleveurs

    7

    10

    10

    Agents communautaires

    6

    7

    5

    Agents publics

    6

    9

    6

    Fabricants de trypanocides

    4

    5

    8

    pharmacies détaillant

    3

    8

    8

    Vendeurs de médicament de la rue

    2

    6

    6

    Décideurs politiques

    0

    3

    3

    Autorité de contrôle (ONV)

    0

    4

    2

    Services d'éducation

    0

    0

    5

    ONG

    0

    0

    4

    Groupement des éleveurs

    7

    3

    3

    chercheurs

    Non évaluée

    9

    6

    Importateurs/grossistes

    Non évaluée

    Non évaluée

    8

    Source : résultat d'enquête.

    Des rapports d'échanges économiques caractérisent les relations entre les différents acteurs. Même si cet échange reste symbolique entre les agro-éleveurs et les vaccinateurs locaux, il est monétaire pour la majorité des acteurs. En outre, les différents acteurs sont soumis à des jeux d'influence réciproque dont les appréciations données par les agro-éleveurs, les agents publics d'élevage et les vétérinaires privés se présentent de la manière suivante :

    - Les agro-éleveurs estiment qu'ils sont fortement influencés par les agents publics d'élevage et tous les non professionnels issus de leurs communautés. A l'opposé, ils exercent une influence sur tous les vendeurs de médicaments à travers leur pouvoir d'achat et n'ont aucune influence sur les agents publics d'élevage.

    - Ayant une forte influence sur les agro-éleveurs, les agents publics d'élevage ont moins d'influence sur les autres acteurs et moins influencés également par eux en dehors du service.

    - Les docteurs vétérinaires sont influencés par leurs clients, les grossistes, les fabricants et les autres concurrents. Inversement, ils influencent sur leurs clients et les autres pharmacies. Chaque groupe subi ces jeux d'influences réciproques à l'exception des décideurs politiques et des services d'éducation et d'appui-conseil. Ce qui crée nécessairement des interrelations entre les acteurs dans la mesure où chaque acteur se sent interconnecté à l'autre. Il s'ensuit l'idée qu'au-delà des échanges économiques, les agro-éleveurs et leurs prestataires de services vétérinaires entrent respectivement en contact avec les uns et les autres. Ainsi, ils ne se limitent pas seulement à échanger des médicaments ou des traitements contre de l'argent mais ils échangent aussi des choses immatérielles parmi lesquelles des politesses, des questions-réponses, des informations et des conseils.

    Ce qui s'inscrit dans la thèse de Jean Baudrillard qui soutient que  la consommation est un système d'échange. Et par là, il développe l'idée selon laquelle la consommation n'est pas seulement l'achat d'un bien ou d'un service pour satisfaire un besoin, c'est aussi l'achat de signes (distinctifs) destinés à rentrer en contact avec les autres. Pour ce faire, il compare la consommation à un langage et il pense que l'achat d' un vêtement, d'une voiture, d'un meuble permet à l'individu de communiquer ses valeurs aux autres et de s'intégrer à l'intérieur d'un groupe. Ainsi, il tisse un lien étroit entre la communication et la consommation dont les codes sont transmis par la famille, la publicité et les media. Mais, il faut se situer dans une société de haute consommation dans laquelle les individus cherchent à se faire distinguer les uns des autres à travers les biens et les services achetés pour comprendre tout le sens de ces propos. Dans le contexte social des agro-éleveurs et leurs prestataires de services, ils permettent de fonder la relation qui existe entre la consommation et la communication et par la même occasion, soutenir l'existence d'un système de communication pour le contrôle de la TAA.

    Du reste, la communication est indissociable de la consommation dans la mesure où l'information est à la base de toute transaction commerciale. En effet, tout vendeur a besoin de communiquer à ses clients et au public toute information relative à ses produits. Tout comme un acheteur a besoin de toute information relative au produit qu'il désir. D'où, il s'établit entre vendeur et acheteur un processus d'échange d'informations dont le nombre et la fréquence des contacts fondent son efficacité. Entre les agro-éleveurs et leurs prestataires de services, cette communication est l'ensemble des activités, des procédures et des structures par lesquelles ils s'échangent les informations sur la TAA. Dans l'utilisation des trypanocides, les procédures de vente et de traitements trypanocides dans les cabinets de soins vétérinaires, dans les services publics d'élevage et dans la rue constituent les activités et lieux de contact entre agro-éleveurs et prestataires de services vétérinaires. Ce qui fonde l'idée d'une communication dont il est question d'analyser les stratégies, les objectifs et les difficultés y afférentes chez les prestataires de services.

    II/ Stratégies de communication utilisées par les prestataires de services.

    Dans la province du Kénédougou, le rôle des prestataires dans l'utilisation des trypanocides ne se limite pas seulement à la vente et aux traitements. Outre ce rôle issu des pratiques actuelles, ils contribuent à informer et à sensibiliser les agro-éleveurs sur la santé animale. Pour ce faire, un ensemble de stratégies est mis en oeuvre pour l'accomplissement de cette mission de nature sociale et désintéressée. Mais avant, quelles sont les sources d'information utilisées par les prestataires de services ?

    Dans la province du Kénédougou, les principales sources d'information sur la santé animale chez les prestataires de services vétérinaires sont dominées par les collègues (87,3%), les fournisseurs de médicaments (80%) et les services étatiques (69,1%) selon la figure n° 6. En effet, c'est à travers les échanges entre collègues ; les achats des médicaments ; les notes et réunions de service ; la lecture des journaux d'informations générales et spécialisées ; l'écoute des émissions radio et télévisuelles ; la participation aux campagnes de vulgarisation, aux ateliers, séminaires et réunions de formation qu'ils acquièrent leurs informations vétérinaires. Ainsi, il existe plusieurs occasions par le biais desquelles, les prestataires de services s'informent sur la santé animale. Mais, les occasions de vente des trypanocides, de traitement de cas de trypanosomose animale et les stratégies commerciales en la matière sont utilisées pour transmettre les informations aux agro-éleveurs. Dans cette logique, les moyens utilisés sont les conseils qui accompagnent la vente et les traitements, les modes de promotion, d'exposition, de vente et d'application des trypanocides. Mais, par ordre d'importance, les conseils apparaissent au premier plan. De natures diverses et de volumes variables selon les catégories de prestataires, ils sont évalués au cours d'une année comme le montre le tableau n° 13.

    Figure 6: sources d'information vétérinaire utilisées par les prestataires de services.

    Source: résultat d'enquête.

    Tableau 13: volume des conseils au cours d'une année par prestataires.

    Prestataires de services

    Nombre de fois de conseils

    Représentants

    130

    Vétérinaires privés Burkina Faso

    80

    Vétérinaires privés Mali

    30

    Importateurs/grossistes

    0

    Agents publics d'élevage

    57

    Agents communautaires

    57

    Vendeurs de médicaments de la rue

    321

    Vaccinateurs locaux

    100

    Total

    825

    Source : résultat d'enquête.

    Dans une dynamique comparée entre les différents prestataires représentés dans le tableau ci-dessus, les vendeurs de médicaments de la rue enregistrent un volume de conseils supérieur à celui des vétérinaires privés, qui est aussi supérieur au volume donné par les agents publics d'élevage. En effet, confrontés d'épars et d'autres à une concurrence déloyale, à une pauvreté des éleveurs et à une conjoncture économique, les professionnels du public et du privé ne cherchent qu'à rentabiliser leur « business » en se spécialisant davantage dans la vente des trypanocides au détriment de l'information.

    Or, dans la division des tâches issue de la privatisation de la profession vétérinaire, l'information, la sensibilisation, la formation des éleveurs et la vulgarisation pastorale sont dévolues aux agents publics de l'Etat et du privé. Mais, si ces derniers donnent moins de conseils, alors quelle est la conséquence sur la communication ? A ce propos, cela a un impact sur la qualité des messages reçus par les agro-éleveurs parce que le contenu et les objectifs des messages émis par les non professionnels ne sont pas adaptés à la communication pour le changement de comportement des agro-éleveurs en faveur d'un meilleur contrôle de la TAA. En effet, il convient de noter que les nombreux conseils délivrés par les non professionnels concernent plus des informations d'ordre général que des informations spécifiques visant à promouvoir l'utilisation rationnelle des trypanocides. Par ailleurs, elles s'inscrivent dans leurs stratégies commerciales et de quête de légitimité sociale.

    En effet, pourchassés par les autorités politiques et tolérés par la société, ils font constamment recours à la force de la parole pour se créer une identité sociale. C'est pourquoi, ils cherchent permanemment à convaincre, voire à persuader leurs clients en multipliant les conseils à leur endroit.

    Ainsi, ils ne visent pas à informer de façon désintéressée mais à conquérir des marchés commerciaux et à se constituer une clientèle. En conséquence, ils constituent une source de biais de communication.

    Sans qualification en santé animale, les non professionnels disposent d'une culture vétérinaire insuffisante ne pouvant pas leur permettre de délivrer des messages de qualité sur la TAA et susciter l'adoption de l'utilisation rationnelle des trypanocides par les agro-éleveurs.

    Outre les conseils, certaines stratégies commerciales sont utilisées par les prestataires de services pour diffuser les informations sur la santé animale. Ce sont la publicité, la présentation des médicaments ; les techniques et le mode de vente. Mais avant de les décrire de façon détaillée, certains prestataires de services rencontrés nous parlent de leurs stratégies d'informations et de communication.

    Pour un agent communautaire de santé animale résidant dans le village de M'bié, vieux, scolarisé et formé par le Projet ILRI/BMZ : «je conseille aux agro-éleveurs de me contacter ou bien de contacter un collègue quand ils ont des problèmes de santé animale ». Et, il profite «des réunions» du groupement des éleveurs et des «occasion de rencontre ou de rassemblement dans le village» pour adresser ses conseils aux agro-éleveurs.

    Quant à un jeune vaccinateur local formé et scolarisé, il affirme ceci : «ma stratégie principale consiste à rassembler les éleveurs que je trouve sur le terrain et à les sensibiliser sur les causes des maladies animales, les stratégies de lutte adéquates et l'entretien des bovins en général». De même, ajoute un jeune vendeur ambulant résidant au secteur n°4 de Orodara : «si un client vient pour acheter chez moi, je profite le sensibiliser. Mais il arrive des moments que je me déplace dans les villages avec quelques produits me balader de concessions en concessions pour les présenter aux éleveurs». Si ces différents propos proviennent des prestataires non professionnels, voici ce que dit le seul pharmacien basé à Orodara, représentant d'une clinique pharmacie et vaccinateur de carrière : «Moi, je sors rarement de la pharmacie. Donc, c'est quand les éleveurs viennent ici que je profite les sensibiliser. De plus lorsque j'aperçois un responsable de groupement des éleveurs de passage, je l'appelle, je me renseigne sur les problèmes de santé de leurs bovins et je lui donne quelques conseils. Les éleveurs aiment qu'on les informe de plus en plus, car ils veulent savoir » ! Des propos qui traduisent une grande motivation pour ce vaccinateur de carrière reconverti en pharmacien de communiquer avec les agro-éleveurs. Mais, il est confronté à un manque d'occasions de contact avec les agro-éleveurs car il est peu fréquenté à raison de l'indisponibilité et du coût élevé des médicaments vendus dans sa pharmacie. De plus, il a une insuffisance de culture vétérinaire à transmettre, car il n'a aucun diplôme vétérinaire. D'où, il s'agit d'une quête de clientèle doublée d'un désir de communiquer avec les agro-éleveurs.

    De ces propos traduisant le point de vue des différents prestataires présents sur le terrain dans la province du kénédougou, il faut retenir qu'une seule stratégie d'information est en vigueur. Elle consiste à conseiller les agro-éleveurs à travers la « parole » et le «contact physique » pendant la vente et les traitements trypanocides. Ce qui est en adéquation avec le mode de communication dominant chez les agro-éleveurs à savoir la communication interpersonnelle par l'intermédiaire de la parole et du contact physique. En effet, ces derniers baignent dans une culture d'oralité dans laquelle la communication n'est possible que par la possession de la parole. Et dans leur système de représentations sociales, posséder la parole est très significatif dans la mesure où la conscience populaire révèle que « l'Homme n'a ni queue, ni crinière par lesquelles il puisse être attrapé. C'est par sa parole qu'on l'attrape... ». Proverbe Dioula auquel se réfère l'ensemble des sociétés de cette province pour se représenter l'importance de la parole dans leur organisation sociale. Il a été précédemment employé par André Nyamba24(*) lorsqu'il écrivait dans le même sens à propos des Sanan (peuples apparentés des Dioula) que « la parole est au coeur de l'organisation des Sanan ; (...) ».

    En outre, il y a la publicité et les techniques commerciales. D'abord, une forme de publicité sournoise est observable chez tous les prestataires.

    Toutefois ils refusent de l'avouer, parce que la publicité sous quelque forme que ce soit est condamnée par le code de santé animale au Burkina Faso. Elle est mise en oeuvre par le décor des structures de santé animale, dans le mode de présentation des médicaments et dans les techniques de vente. En effet, les décors extérieur et intérieur d'une structure de santé animale, en particulier les structures privées sont faits d'affiches sur lesquelles on voit des images et des écritures relatives à la santé animale. Comme l'indique la figure n°7, tous les cabinets de soins vétérinaires privés ont recours à des affiches tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de la maison. Et par ces affiches, les gérants renseignent leur clientèle sur les nouveaux produits qu'ils reçoivent. En la matière, la stratégie consiste à afficher tout nouveau médicament reçu avec toutes les informations y afférentes et dès qu'un client arrive on l'invite à lire ces affiches. Après la lecture, on lui donne des explications complémentaires. De ce fait, les affiches deviennent un support scripto-visuel d'information et de communication sur la santé animale utilisé abondamment par les prestataires de services. Mais, ces affiches dont l'origine est à rechercher sans doute du côté des firmes pharmaceutiques, sont l'apanage des professionnels.

    Chez les non professionnels, la promotion des nouveaux produits se fait par le « don de médicament pour essayer ».Technique de marketing social qui consiste à remettre un échantillon de nouveaux produits arrivants sur le marché à leurs clients les plus fidèles pour un test afin d'obtenir leurs appréciations sur son efficacité. Stratégie commerciale de prime abord mais aussi, stratégie d'information et de communication dans la mesure où le vendeur, muni des emballages et de ses propres connaissances en la matière procède à une véritable formation des clients-test afin qu'ils puissent respecter strictement les consignes des fabricants.

    Ensuite, l'exposition des médicaments sur les étagères, sur les tables ou sur les étalages met en relief les images et les écritures figurants sur les emballages au besoin de qui veut se renseigner. A l'image de la figure n°8, chez tous les vendeurs, les trypanocides sont exposés sur des étagères pour ceux officiant en pharmacie ou en clinique et sur des tables ou étalages pour les vendeurs de la rue. Mieux, certains professionnels procèdent à une inscription des différents prix sur les boîtes exposées. De ces modes de présentations des produits, un client qui arrive identifie de lui-même le produit qu'il désire à travers les images pour la majorité analphabète et les écritures pour ceux qui savent écrire et lire. Ce qui réduit le temps de transaction en terme d'impact sur la communication.

    Enfin, la vente à la « criée » ou le » porte à porte » sont des techniques commerciales qui mettent le vendeur en contact direct avec son client. Par ces techniques, le vendeur parle, décrit et vante les qualités de ses produits. Certes, les prestataires de service déploient une multiplicité de techniques pour échanger avec les agro-éleveurs dès qu'ils se retrouvent face à face pendant les transactions trypanocides. D'où, il est question de savoir comment elles se déroulent ? Quelles sont les possibilités et les difficultés de communication y relatives ?

    Figure 7: Photo d'une pharmacie vétérinaire.

    Figure 8: pharmacie vétérinaire vue de l'intérieure.

    III/ Consommation des trypanocides et biais de communication.

    De nos jours, les trypanocides demeurent les médicaments utilisés pour lutter contre la TAA dans la province du Kénédougou. Utilisés en grande quantité par les agro-éleveurs et leurs prestataires, ce sont des substances chimiques qui tuent les trypanosomes ou les empêchent de se multiplier. Il en circule une gamme variée, appartenant à deux groupes de médicaments : le Diminazène (DIM) et l'Isométhamidium (ISMM). Identifiés sur le plan social par leurs noms commerciaux et par leurs couleurs ils sont présentés en détail dans le tableau ci-dessous.

    Tableau 14: Trypanocides en circulation dans la province du Kénédougou.

    Trypanocides

    Noms commerciaux

    couleur

    Posologie d'emploi

    Durée de protection

    Délai d'attente

    Prix moyen (F CFA)

    Diminazène

    Berenil®, Veriben®, Lobazène®, Sangavet®, Trypadim®, Diamyl®, Nozomyl®, etc.

    Jaune

    Curatif pour 3,5/7 mg/kg

    7 à 14 jours

    21jours

    320/1,05g

    2500/10,5g

    Isométhamidium

    Trypamidium® Securidium®, Samorin®, Veridium®, etc.

    Rouge

    Curatif à 0,5 mg/kg

    Préventif à 1 mg/kg

    3 mois

    30 jours

    420/1g 3500/1,25g

    Source : Résultat d'enquête.

    Ils sont vendus en petit et grand sachet. Soit respectivement 1,05g et 10,5g pour le Diminazène ; 1g et 1,25g pour l'Isométhamidium. Ils sont également commercialisés sous forme de poudre ou granulée à dissoudre dans de l'eau bouillie et refroidie à défaut de l'eau stérilisée et à des proportions indiquées par le fabricant (souvent inscrites sur les paquets). La solution obtenue est destinée à être injectée dans l'organisme de l'animal. A ce stade, il est recommandé d'injecter une solution mesurée en fonction du poids de l'animal par voie intramusculaire pour obtenir un résultat efficace. Dans le tableau ci-dessous on retrouve leurs modes de dilution respectifs.

    Tableau 15: modes de dilution, dosages et sites d'injection.

    Typanocides

    Petit sachet

    Grand sachet

    Dosages (mélange)

    Concentration (en %)

    Sites d'injection

    DIM (Berenil®)

    1,05g/12,5ml d'eau

    10,5g/125ml

    15ml

    150ml

    7

    Cou, épaules et les fesses

    ISMM (Trypamidium®

    1g/100ml

    1g/50ml

    1,25g/12,5ml

    1,25g/6,5ml

     

    1

    2

    Cou, épaules et les fesses

    Source : résultat d'enquête.

    Leur distribution est assurée par une pluralité d'acteurs sociaux ayant des rapports diverses à la médecine vétérinaire. En effet, il ressort de nos entretiens deux catégories de perceptions : « activité principale » pour les vétérinaires privés et une majorité des vendeurs de médicaments de la rue et « activité secondaire » pour les agents publics d'élevage, les vaccinateurs locaux, les éleveurs et une minorité des vendeurs ambulants.

    Du reste, affirme un docteur vétérinaire, importateur/distributeur en gros de médicaments vétérinaires, installé en clientèle privée dans la ville de Bobo-Dioulasso et principale source de médicaments trypanocides en circulation dans la province du Kénédougou : « c'est ma profession. Depuis que je suis rentré de mes études en 1994, j'ai commencé à l'exercer ». De son point de vue, il s'agit d'une appropriation individuelle et une défense de la profession vétérinaire, mais les vendeurs ambulants revendiquent leur place. Ainsi, lorsqu'un vendeur ambulant résidant au secteur n°4 de Orodara et importante source de trypanocides provenant de la rue affirme: « j'ai abandonné l'agriculture pour faire de cette activité mon occupation principale », il en fait sa profession aussi. De même quand l'unique agent public d'élevage en poste à Koloko affirme ceci : « cette activité est une composante de ma fonction d'agent public d'élevage installé à la frontière ici », il situe sa place et son rôle. Dans le même ordre d'idées, un vaccinateur local, initialement formé à l'aviculture et réalisant de nombreux traitements annuels dans le village de M'bié et environnants situe sa place en ces termes: « c'est ma seconde occupation ici après l'agriculture ».

    Des perceptions qui riment avec leurs motivations d'entrée dans cette activité. Le « chômage » est la principale motivation chez les vétérinaires privés. Certes pour la majorité, c'est le « non accès à la fonction publique » qui les a conduit à s'installer à titre privé. Mais, cela est à nuancer, car certains ont démissionné de la fonction publique pour s'installer en clientèle privée. Ce qui a un impact sur leur motivation dans la mesure où ils n'ont pas choisi la profession par vocation mais par nécessité d'emploi. Pendant que les vaccinateurs et éleveurs évoquent «la rareté des vétérinaires », les vendeurs de la rue avancent « le manque de pharmacies vétérinaires » pour justifier leur pratique. C'est pourquoi, ils sont prêts à tout faire sur le terrain et à n'importe prix malgré leur manque de formation.

    En outre, cette activité est exercée au sein d'institutions publiques et privées vétérinaires localisées à Bobo-Dioulasso, Orodara, Koloko et Hèrèmakono d'une part et d'autre part dans la rue selon le tableau ci-dessous. Ainsi, pour accéder aux animaux dans les villages, les prestataires de services privés installés à Bobo-Dioulasso doivent parcourir une distance maximale de 120 Km et une distance minimale de 60 Km. De même, le vétérinaire privé situé à Hèrèmakono (Mali) parcourt une distance maximale de 60 Km et une distance minimale de 5 Km pour atteindre les éleveurs. Et le seul pharmacien privé basé à Orodara doit parcourir une distance maximale de 50 Km et une distance minimale de 3 Km pour atteindre ses clients. Quant aux agents publics d'élevage situés à Koloko et Orodara, ils doivent parcourir une distance maximale de 50 Km et une distance minimale de 3 à 10 Km pour atteindre les éleveurs. A l'analyse, les professionnels privés et publics sont éloignés des agro-éleveurs au profit des non professionnels présents dans les villages. En matière de communication, cela entraîne la réduction des contacts entre agro-éleveurs et prestataires de services professionnels dans la mesure où les agro-éleveurs justifient leur recours aux non professionnels par l'absence des vétérinaires privés et l'insuffisance des agents publics sur le terrain. Mais, c'est un biais pour échapper à la contrainte de distances et les frais y afférentes qu'ils doivent supporter en allant consulter un professionnel situé à 60 Km minimum. Ainsi, ressenti comme une contrainte par les agro-éleveurs et leurs prestataires professionnels, le facteur distance exerce une influence négative sur leur motivation et réduit le nombre des contacts entre eux.

    Tableau 16 : localisation des prestataires de services par rapport à leurs clients.

    Localisation des structures de santé animale

    Villages les plus éloignés (distance maximale en Km)

    Villages les plus proches (distance minimale en Km)

    Pharmacies privées à Bobo

    120 Km

    60 Km

    Dépôt de Orodara

    50 Km

    3 Km

    Agent public de Orodara

    50 Km

    7 Km

    Agent public frontalier de Koloko

    50 Km

    10Km

    Pharmacie à Hèrèmakono

    60 Km

    5 Km

    Vaccinateurs locaux

    Dans les villages

    Dans les villages

    Vendeurs de médicaments de la rue

    Dans les villages

    Dans les villages

    Agents communautaires de santé animale.

    Dans les villages

    Dans les villages

    Source : résultat d'enquête.

    D'histoire récente, la majorité des structures vétérinaires a été créée au cours des années 1990 correspondant au début du processus de libéralisation de la médecine vétérinaire au Burkina Faso. De façon chronologique, les agents publics sont en tête, suivis des importateurs/grossistes, des cabinets privés, des vaccinateurs, des vendeurs de la rue et des agents communautaires de santé animale. Cette mise en place est le reflet de l'histoire évolutive du domaine de la santé animale au niveau national. En effet, pendant longtemps l'offre des services vétérinaires était assurée par l'Etat à travers les agents publics. Ensuite sous la pression du programme d'ajustement structurel (PAS), on assiste à la libéralisation de la profession vétérinaire. Ce processus a conduit à l'émergence d'acteurs privés chargés désormais d'offrir les services et les médicaments vétérinaires aux éleveurs. L'Etat devant assurer un cadre réglementaire adéquat. Mais, le manque de régulation a entraîné l'apparition des non professionnels pour combler le vide laissé par les acteurs publics et privés dans les campagnes. Cette installation récente a eu pour impact le sous équipement médico-technique et logistique des structures vétérinaires privés.

    Néanmoins la majorité dispose d'un équipement de base à savoir l'eau courante, l'électricité, le téléphone, l'ordinateur et le fax dans les proportions ci-dessous. Ainsi, en matière de communication, toutes les structures vétérinaires disposent de téléphone pour assurer leurs besoins de communications avec l'extérieur.

    Tableau 17: équipement de base.

     

    Eau courante (%)

    Electricité (%)

    Téléphone (%)

    Ordinateur (%)

    Fax (%)

    Représentant

    50

    50

    50

    0

    0

    Importateur

    0

    100

    100

    100

    50

    Cabinets privés

    44

    67

    56

    44

    22

    Agents publics

    67

    67

    33

    0

    0

    Source : résultat d'enquête.

    En outre la majorité ne dispose pas de matériels techniques vétérinaires comme l'indique le tableau suivant. Mais, il convient de savoir que les structures publiques sont en général plus équipées que les structures privées. Et parmi ces dernières, les cabinets de soins sont plus équipés que les pharmacies grossistes. Ce manque de matériels techniques vétérinaires affecte la qualité de leurs prestations et par ricochet leur pouvoir de persuasion en matière de communication. En effet, comment un professionnel de la santé animale peut-il convaincre un agro éleveur de le fréquenter pendant qu'il est lui-même en manque de matériels de soins ? En communication si la parole permet de faire entendre et comprendre certains faits et certaines idées, un support matériel technique conséquent permet de faire voire et croire à ces faits et idées.

    Tableau 18: Proportion des équipements techniques dans les structures sanitaires vétérinaires.

     

    Représentants (%)

    Détaillants (%)

    Grossistes (%)

    Cabinets de soins (%)

    Services publics (%)

    Salle de consultation

    0

    60

    0

    33

    33

    Table d'hospitalisation

    0

    20

    0

    11

    33

    Salle d'opération

    0

    0

    0

    0

    33

    Réfrigérateur

    50

    60

    50

    56

    100

    Congélateur

    0

    20

    50

    22

    67

    Microscope

    0

    0

    0

    0

    33

    Centrifugeuse

    0

    0

    0

    0

    0

    Source : résultat d'enquête.

    De même, le tableau ci-dessous indique que les agents publics et les grossistes sont bien équipés en moyens de transport. En revanche, certains cabinets de soins sont confrontés à un manque de moyens de déplacement. Or, ils sont censés effectuer de nombreux déplacement afin de couvrir leur zone d'intervention. Par conséquent, leurs possibilités de contacts avec les agro-éleveurs se trouvent considérablement réduites. Du reste, « le manque d'équipement logistique » est ressenti par l'ensemble des prestataires comme une contrainte majeure dans leurs pratiques trypanocides.

    Tableau 19: situation de l'équipement des structures sanitaires vétérinaires en moyens de transport.

     

    Motocycle (%)

    Car (%)

    Représentant

    0

    0

    Indépendants

    80

    20

    Grossistes

    100

    100

    Cabinets privés

    67

    33

    Agents publics

    100

    33

    Source : résultat d'enquête.

    Enfin, les non professionnels disposent d'un équipement limité à la possession d'un vélo, d'une moto, d'un thermomètre et d'une seringue selon le tableau ci-dessous. La possession d'un vélo ou d'une moto par les non professionnels montre à quel niveau ils sont susceptibles d'entrer en contact avec les agro-éleveurs dans les campagnes les plus reculées de la province du Kénédougou.

    De plus, par la faveur des formations données par le Projet ILRI/ BMZ, ils détiennent un matériel technique vétérinaire composé de thermomètre, de ruban doseur et de seringue capable de convaincre les agro-éleveurs de la qualité de leurs prestations. De ce fait, ils apparaissent plus crédibles aux yeux des éleveurs. Mais, leur manque de qualification, leurs insuffisances de formation et d'expérience constituent des risques d'acquisition de mauvaises informations sur la TAA. Certes, ils ont le temps, les moyens médico-techniques et logistiques leur permettant de nouer de nombreux contacts avec les agro-éleveurs, mais ils ont peu de culture vétérinaire à les transmettre.

    Tableau 20: état d'équipement des prestataires non professionnel.

     

    Vélo

    Moto

    Thermomètre

    Seringue

    Vendeurs de la rue

    50%

    50%

    0%

    10%

    Vaccinateurs locaux

    50%

    70%

    40%

    90%

    Agents communautaires

    100%

    22%

    100%

    95%

    Source : résultat d'enquête.

    De ce qui précède, la province du Kénédougou connaît une faible couverture vétérinaire de son territoire à raison de la rareté des vétérinaires privés et de l'insuffisance des agents publics d'élevage. Ce qui est une difficulté structurelle qui contribue à réduire le nombre et la fréquence des contacts entre agro-éleveurs et leurs prestataires de services. A cela s'ajoutent les difficultés rencontrées dans l'application des trypanocides à savoir la mentalité et l'état d'esprit des prestataires, le temps, la qualité du personnel, la nature, le coût et la rentabilité des prestations offertes.

    En effet, la majorité des structures vétérinaires sont des « entreprises individuelles » dont la recherche du profit et la rentabilité caractérisent la mentalité et déterminent l'état d'esprit de leurs responsables. Ce qui entraîne une rareté des déplacements pour traiter deux ou trois animaux. En contrepartie, ils ont un personnel employé pour prendre en compte les plus petits besoins des consommateurs dont les spécificités liées à chaque catégorie de prestataires se présentent de la manière suivante. En moyenne, les cabinets de soins emploient 2 à 3 personnes. Leur personnel est composé de femmes et d'hommes adultes, jeunes, scolarisés, ayant acquis des connaissances sur le tas dans leurs domaines respectifs. Ils travaillent sur la base de l'expérience acquise au fil des années. Le personnel qualifié se retrouve du côté des importateurs /grossistes, qui, emploient des diplômés du secondaire ou du supérieur. Employés comme vendeurs ou vendeuses de médicaments, vaccinateur, agent commercial, magasinier, secrétaire, comptable, assistant vétérinaire, chauffeur et gardien, ils sont plus en contacts avec les agro-éleveurs. Mais, ils sont sans qualification requise. Par conséquent, ils ont des possibilités de communication limitée. A l'opposé, les non professionnels n'offrent pas d'emploie salarié. Mais, ils sont accompagnés dans leurs tâches quotidiennes par des personnes apparentées.

    Les prestataires de services ont des emploies de temps variables. Mais, les non professionnels disposent d'un temps de travail plus long que les professionnels. Ils consacrent en moyenne, 13,23 heures par jour sur le terrain contre 8,3 heures pour les professionnels. De ce fait, ils s'occupent plus dans la semaine, car 70% des non professionnels travaillent sept jours sur sept dans la semaine contre 33% de professionnels. Cette situation s'explique par le fait que les non professionnels ne disposent pas de calendrier de travail conséquent et n'obéissent pas à aucune législation en matière de travail contrairement aux professionnels qui sont soumis à la codification socio juridique du travail au Burkina Faso. Ainsi, pendant que les agents publics sont soumis au calendrier de huit (8) heures par jours et cinq (5) jours dans la semaine, les non professionnels affirment dans leur majorité qu'ils n'ont « pas d'heure de travail ». Aussi, pendant que la majorité des privés sont obligés de respecter la règle de dix (10) heures maximum par jours et des temps de culte, la majorité des non professionnels affirment qu'ils « travaillent à n'importe quel moment » pourvu que la demande se manifeste. Partant de là, les professionnels sont soumis à une contrainte de calendrier de travail qui les oblige à une gestion rationnelle du temps. Ainsi, ils procèdent à une planification de leurs activités d'intervention dans laquelle la priorité est accordée à la vente et au traitement au détriment de l'information. Du reste, une analyse comparée de la quantité de vente des trypanocides, du volume des traitements réalisés et de celui des conseils donnés au cours d'une année écoulée montre que les différents prestataires accordent une faible place à l'information dans leurs prestations. En effet, contre un total de 297 fois de conseils donnés en douze mois, l'ensemble des prestataires professionnels ont vendu 6775 fois de trypanocides et réalisé 1038 fois de traitements comme l'indique le tableau ci-dessous.

    Tableau 21: quantité de traitements réalisés en douze mois selon les prestataires.

    Nombre de fois de prestation / prestataire

    Vente de DIM

    Vente d'ISMM

    Administrer DIM

    Administrer ISMM

    Conseils donnés

    Représentants

    225

    60

    0

    0

    130

    Cabinets privés du BF

    300

    100

    60

    40

    80

    Cabinets privés du Mali

    3000

    300

    12

    1

    30

    Importateurs/grossistes

    3000

    800

    0

    0

    0

    Agents publics d'élevage

     
     

    83

    41

    57

    Total

    6525

    250

    765

    273

    297

    Source : résultat d'enquête.

    Les trypanocides sont vendus sous plusieurs noms commerciaux à des prix variables. Selon les tableaux suivants, les prix varient d'un prestataire à un autre, d'un pays à un autre et en fonction du volume du paquet.

    Tableau 22: Prix du DIM en fonction du prestataire et du volume du paquet.

     

    Gamme de DIM

    Prix moyen du petit sachet (CFA)

    Fluctuation du prix (CFA)

    Prix moyen du grand sachet (CFA)

    Fluctuation (CFA)

    Représentants

    2

    675

    550-800

    3525

    3300-3700

    Vétérinaires privés

    3

    672

    600-750

    3525

    3300-3700

    Grossistes

    4

    533

    500-550

    3500

    3500

    Agents communautaires

    8

    633

    375-1000

    5050

    3500-6500

    Vaccinateurs locaux

    6

    430

    300-550

    3536

    2500-5000

    Vendeurs de la rue

    8

    425

    350-500

    3515

    2500-5000

    Source : résultat d'enquête.

    Au regard de ce tableau, les non professionnels offrent une large gamme de trypanocides à dose unique et à des prix nettement moins chers que les professionnels. Par contre les trypanocides à dose multiple coûtent plus chers chez les non professionnels que chez les professionnels. Le tableau ci-dessous met en relief cette différence de prix entre les professionnels et les non professionnels.

    Tableau 23: variation du prix du DIM entre les professionnels et les non professionnels.

     

    Gamme de DIM

    Prix moyen /petit sachet (CFA)

    Intervalle des prix (CFA)

    Prix moyen/grand sachet (CFA)

    Intervalle des prix (CFA)

    Professionnels privés

    4

    647

    500-800

    3520

    3300-3700

    Non professionnels

    11

    554

    100-300

    4590

    2500-6000

    Source : résultat d'enquête.

    De même, il existe une gamme variée de trypanocides au Mali qu'au Burkina. Et les trypanocides du Mali coûtent moins chers que ceux du Burkina. Par exemple, la seule pharmacie d'Hèrèmakono, au Mali dispose plus de variétés de trypanocides à coût moins élevé que l'ensemble des onze (11) pharmacies investiguées au Burkina Faso.

    Tableau 24: comparaison des prix du DIM au Burkina Faso et au Mali.

     

    Gamme de DIM

    Prix moyen/petit sachet (CFA)

    Intervalle des prix

    (F CFA)

    Prix moyen/grand sachet (CFA)

    Intervalle des prix (CFA)

    Pharmacies privées-Burkina Faso

    4

    647

    500-800

    3520

    3300-3700

    Pharmacie privée- Mali

    5

    325

    300-400

    2550

    2250-3000

    Source : résultat d'enquête.

    Sous ce premier rapport, les prix de vente des trypanocides sont déterminés par quatre facteurs à savoir : le niveau de qualification du prestataire, la gamme existante, le lieu de provenance et le prix d'achat. De ces facteurs, le prix d'achat est le plus déterminant dans la mesure où les prestataires, offrant plus de variété de trypanocides à prix moins chers s'approvisionnent au Mali tandis que ceux qui offrent une gamme limitée à prix élevé s'approvisionnent au Burkina Faso. Or, au Mali, il existe une large gamme de trypanocides à des prix abordables. Les facteurs explicatifs de ce constat sont liés à l'existence d'une centrale de conditionnement des médicaments vétérinaires basée à Sikasso et à la flexibilité de la réglementation et des taxes fiscales et douanières en matière de vente des trypanocides.

    Dans cette logique, la disponibilité et l'accessibilité des trypanocides semblent déterminer leur prix chez les prestataires de services vétérinaires au Kénédougou. Toutefois les prix sont influencés par le volume du sachet contenant les trypanocides. En effet, il existe de petits sachets contenant une dose de trypanocides et de grands sachets contenant de multiple dose. Or, les trypanocides à dose unique (petit sachet) coûtent plus chers au Burkina Faso que ceux à dose multiple tandis que le contraire se vérifie au Mali. Il en découle que les trypanocides à dose unique coûtent plus chers au Burkina qu'au Mali tandis que ceux à dose multiple présentent des prix sensiblement égaux. Cette variation des prix des trypanocides en fonction du volume du sachet est perceptible à travers les tableaux suivants. Il se dégage l'idée que le coût des trypanocides est plus élevé dans les pharmacies vétérinaires au Burkina Faso qu'au Mali. Du reste : « le coût élevé des trypanocides » est évoqué dans le discours des agro-éleveurs comme une contrainte dans l'utilisation des trypanocides. Ce qui explique le recours vers les vendeurs ambulants et les pharmacies du Mali avec qui, ils réalisent de nombreux contacts au détriment des professionnels du Burkina. Par conséquent, le coût élevé des prestations apparaît comme un facteur défavorable à la fréquentation des professionnels du Burkina.

    Tableau 25: prix des trypanocides selon le volume du sachet au Burkina.

     

    Trypanocides

    Prix moyen (CFA)

    Prix moyen/grand sachet (CFA)

    Prix moyen/petit sachet (CFA)

    Veriben®

    DIM

    325

    361

    650

    Trypamdim®

    DIM

    320

    350

    650

    Trypamidium®

    ISMM

    425

    461

    679

    Veridium®

    ISMM

    412,5

    431

    700

    Source : résultat d'enquête.

    Tableau 26: variation de prix entre grands et petits sachets de trypanocides au Mali.

    Gamme

    Trypanocides

    Prix/grand sachet (CFA)

    Prix/petit sachet (CFA)

    Diamyl®

    DIM

    300

    225

    Sangavet®

    DIM

    400

    250

    Diminaveto®

    DIM

    300

    250

    Trypamidium®

    ISMM

    412,5

    600

    Source : résultat d'enquête.

    Pour terminer, il ressort des données que la marge bénéficiaire de la vente des trypanocides est plus élevée au Mali qu'au Burkina Faso. Mais, en fonction des prestataires, elle est plus élevée chez les non professionnels que chez les professionnels et plus élevée chez les importateurs/ grossistes que chez les détaillants des cabinets privés. Ce qui s'explique par la concurrence déloyale des grossistes, des agents publics et des vendeurs de la rue dont subissent les cabinets privés. Le tableau ci-dessous présente cette marge bénéficiaire en fonction des fournisseurs et du pays d'origine des trypanocides. Enfin, en fonction de la catégorie de trypanocides et du volume du contenant, la marge bénéficiaire est plus élevée pour la vente des curatifs (DIM) que la vente des préventifs (ISMM) et plus élevée pour la vente des petits sachets que la vente des grands sachets. Toutefois, la vente des trypanocides génériques rapporte plus de bénéfice que celle des trypanocides authentiques (originaux). En conséquence, cette marge bénéficiaire apparaît comme un important facteur qui favorise la chimiorésistance et son développement dans la province du Kénédougou dans la mesure où la vente des variétés rapportent plus de bénéfice que celle des trypanocides originaux (ou de qualité). Ce qui peut entraîner des échecs de traitement à raison du sous-dosage de leur principe actif depuis le lieu de fabrication. Or de l'avis de la majorité des spécialistes interrogés, « le sous-dosage » est présenté comme principale cause de la chimiorésistance.

    Mieux, en situation de résistance, les trypanocides préventifs sont plus recommandés que les curatifs. Or, on remarque que la vente des curatifs rapporte plus de bénéfice que les préventifs. Il en découle que la vente élevée des trypanocides curatifs peut favoriser le développement de la résistance. Mais en terme d'incidence sur la communication, la recherche de la rentabilité est une source de motivation des sorties de terrain qui explique le refus des professionnels de se déplacer pour le traitement d'un ou de deux animaux malades et le peu de temps accordé à un éleveur qui vient acheter un ou deux sachets de trypanocides. C'est pourquoi, on constate qu'une faible place est accordée à l'information parmi les activités des professionnels.

    Tableau 27 : marge bénéficiaire de la vente des trypanocides par type de fournisseur et par pays.

    Prestataires

    Marge bénéficiaire moyenne

    Prestataires

    Marge bénéficiaire moyenne

    Cabinets de soins

    9,9

    Agents publics

    10,6

    Pharmacies/détaillants

    8

    Importateurs/grossistes

    10,6

    Professionnels

    9,9

    Non professionnels

    23,6

    Mali

    14

    Burkina Faso

    9

    DIM

    10,9

    ISMM

    8

    DIM original

    9

    DIM Générique

    11,6

    ISMM original

    8,0

    ISMM générique

    8,1

    Grand sachet

    6,3

    Petit sachet

    13,8

    Source : résultat d'enquête.

    Les trypanocides vendus dans la province du Kénédougou proviennent de deux sources principales : la source Burkinabé et la source malienne. Au Burkina Faso, la majorité des prestataires s'approvisionnent chez quatre (4) importateurs/grossistes, basés à Bobo-Dioulasso. Ce sont FASOVET, SODIVET, SAGRICHEM et SOPELA. En retour, les grossistes s'approvisionnent auprès des firmes pharmaceutiques occidentales suivantes : Laprovet, Merial, Ceva, Intervet et Keprovet. Au Mali, les non professionnels s'approvisionnent chez Pharmavet Koné, Pharmavet Mali et Medivet. Ce sont des importateurs/grossistes dont le premier est basé à Sikasso et les deux autres à Bamako avec représentation à Sikasso. Très spécifiquement, tous les prestataires de services professionnels enquêtés au Kénédougou sud (Burkina Faso) s'approvisionnent dans les trois pharmacies basées à Bobo-Dioulasso. Par contre, les sources d'approvisionnement des non professionnels sont diversifiées avec une prédominance de la source malienne.

    Pour cette catégorie de prestataires, les tableaux suivants indiquent les sources et les origines géographiques des trypanocides qu'ils vendent. Mais, d'ores et déjà, le secteur informel reste leur principale source d'approvisionnement. En effet, la majorité des non professionnels, soit 44% de notre échantillon achète leurs trypanocides dans la rue et sur les marchés locaux chez les vendeurs ambulants. Cependant, ils proviennent en majorité, soit 47% de notre échantillon, du Burkina Faso.

    Tableau 28: sources des trypanocides vendus par les non professionnels.

     

    Pharmacies

    Secteur informel

    Agents publics

    Non spécifier

    Vendeurs de la rue

    9

    6

    0

    3

    Vaccinateurs locaux

    6

    11

    1

    3

    Agents communautaires

    23

    27

    1

    3

    Total

    38%

    44%

    2%

    9%

    Source : résultat d'enquête.

    Tableau 29: origine des trypanocides vendus par les non professionnels.

     

    Mali

    Burkina

    Côte d'Ivoire

    Non spécifier

    Vendeurs de la rue

    10

    5

    0

    3

    Vaccinateurs locaux

    6

    13

    1

    0

    Agents communautaires

    19

    29

    1

    0

    Total

    35%

    47%

    2%

    3%

    Source : résultat d'enquête.

    De ce qui précède, nous retenons que les trypanocides en circulation dans la province du Kénédougou proviennent en grande majorité des firmes pharmaceutiques occidentales en transitant par les importateurs/grossistes, les cabinets de soins privés, les agents publics d'élevage, les vaccinateurs et les agents communautaires pour parvenir aux agro-éleveurs. Leur provenance géographique est la France et la Hollande en Europe ; Ouagadougou et Bobo au niveau du Burkina Faso. Cependant, force est de constater que face à ce circuit dit officiel, une part importante des trypanocides provient des centrales de conditionnement des médicaments vétérinaires du Mali. Basées à Bamako et Sikasso, elles sont en relation avec des firmes pharmaceutiques sud américaines et asiatiques. Fabriqués ou mis en conditionnement dans ces différentes localités, les trypanocides parviennent aux agro-éleveurs de la province du Kénédougou en transitant par les pharmacies grossistes, les détaillants, les cabinets de soins du Mali et les vendeurs de la rue.

    Très spécifiquement, les vendeurs ambulants sont les principaux vecteurs des trypanocides en provenance du Mali dans le Kénédougou. Il se dégage alors un circuit de communication intimement lié à la circulation des trypanocides dont les images et les écritures figurant sur les emballages des médicaments constituent les sources d'information. Dans cette logique, les actes d'achat et de vente sont synonymes d'échange d'information en ce sens que l'agro éleveur qui va acheter un paquet de trypanocide pose un acte symbolique d'achat d'information. De même, en vendant ce paquet de trypanocides, le prestataire pose un acte symbolique de vente d'information. D'où, il est indéniable que la circulation des trypanocides s'accompagne d'une circulation des informations sur la TAA. Il reste à savoir comment elles sont véhiculées par les prestataires de services dans leurs comportements quotidiens?

    Dans les pharmacies et officines vétérinaires, les trypanocides sont exposés sur des étagères dans des emballages en paquets et séparés des clients par un comptoir. Ils sont vendus sous forme de transaction dont la durée varie d'un vendeur à un autre et en fonction du besoin du client. En la matière, les débutants cherchant à attirer la sympathie et la confiance des clients passent plus de temps en compagnie de leurs clients que les anciens ayant une clientèle déjà constituée et fidélisée. A cet titre, nous avons enregistré un temps moyen de transaction égale à 2 mn pour les débutants contre 1mn pour les anciens. De même, nous avons observé que les importateurs/ grossistes passent moins de temps en compagnie des clients que les cliniques-pharmacies. La transaction à ce niveau dure en moyenne 3 mn pour ces derniers contre 1 mn pour les premiers. Enfin, nous avons observé que plus les besoins du client sont nombreux plus la transaction s'avère longue.

    Ensuite, cette transaction est initiée dans la majorité des cas par le vendeur. Nous avons observé que lorsqu' un client pénètre dans une pharmacie, il est accueilli avec sympathie et courtoisie par un souhait de bienvenue par un personnel employé composé en majorité de jeunes femmes, scolarisées, jouant le rôle de vendeur et une minorité de jeunes hommes scolarisés jouant le rôle de vendeur/vaccinateur. Ces personnes reçoivent régulièrement un public composé en majorité d'adultes à prédominance masculine et analphabète. Leurs motifs de consultation concernent en majorité des demandes « d'avis » ; « de renseignements » ; « d'achat de médicaments » et en minorité des « demandes de consultation ou de soins ». Mais, nous avons observé que dans les pharmacies grossistes, ils concernent plus les « achats de médicaments » tandis que les demandes de « consultations ou de soins » s'observent dans les cliniques-pharmacies. Ce public cosmopolite entre et ressort des pharmacies sans aucun papier médical, seul ou en compagnie de leur (s) animal (aux) malade (s).

    Ainsi, nous avons constaté qu'il y a l'affluence dans la majorité des pharmacies ; que les petits ruminants et les animaux de compagnie constituent la majorité accueillie en clinique ; que la majorité des déplacements concernent les boeufs de labour et les troupeaux sédentaires et que la majorité des besoins exprimés par les clients sont satisfaits. En effet, les différentes sollicitations des clients trouvent réponse à travers les stratégies suivantes:

    1. les demandes « d'avis » et de « renseignements » sont satisfaites en majorité par des réponses accompagnées d'explications aux différentes questions du demandeur.

    2. les demandes « d'achat » de médicaments sont satisfaites par la livraison des médicaments désirés. Cette livraison se fait sans ordonnance et au comptant dans la majorité des cas. Les crédits sont rares. Les médicaments sont ensuite emballés dans des sachets et remis au demandeur suivi de conseils sur sa posologie d'emploi dans la majorité des cas.

    3. les demandes de « consultations » sont satisfaites par l'examen clinique de l'animal. Il est réalisé dans la majorité des cas par les responsables. Il se limite au diagnostic clinique. Quant aux demandes de « soins médicaux », ils sont satisfaits par les traitements. Ils sont réalisés en majorité par les vaccinateurs. Et, dans la majorité des cas observés, les injections sont bien faites, mais suivies de peu de conseils.

    Sommes toutes, il convient de retenir qu'il y a communication et circulation des informations sur la TAA par le biais des contacts pendant les occasions d'achat et de vente des trypanocides. Ainsi, de nombreux besoin d'avis, de renseignement et d'informations sont satisfaits à travers les stratégies de question-réponse et de conseil après vente. Mais, les objectifs visés dans ce processus de communication concerne plus le marketing social que la sensibilisation, l'éducation et la communication pour une meilleure gestion de la TAA. De plus, vendre ou acheter les trypanocides sans ordonnance médicale est entré dans les habitudes de tous les acteurs. Cette pratique est d'ailleurs en quête de légalité, au regard de la légitimité sociale dont elle bénéficie auprès des praticiens. Enfin, au regard de l'étroitesse des locaux et des difficiles conditions de température, d'aération et de propreté dans lesquelles les médicaments sont conservés, il convient de s'interroger sur la qualité des médicaments vendus dans les pharmacies. Néanmoins, cette interrogation devient cruciale et plein de sens lorsque ces médicaments sont vendus dans la rue et sur les places du marché.

    De nos jours, la vente des médicaments dans la rue est une réalité dans la province du Kénédougou. Phénomène préoccupant pour la santé animale et la sécurité de la profession vétérinaire, les trypanocides de la rue sont exposés à l'air libre et à la merci de la poussière sur des tables ou étalés à terre sur des plastiques.

    Si, sur les places du marché, les tables ou étalages sont installés sous un hangar ou à l'ombre d'un arbre, à domicile, on retrouve les médicaments rangés dans des cartons au coin de la chambre. Mélangés à bien d'autres médicaments vétérinaires ou humains, les trypanocides sont transportés dans des cartons par vélo, par moto ou par car du domicile vers le marché. Ils proviennent en majorité des pharmacies maliennes. A ce sujet, les propos des acteurs sont sans équivoques : « j'achète mes médicaments en pharmacie, chez Pharmavet Koné ou Medivet, à Sikasso » affirme un jeune vendeur ambulant résidant à Orodara et fréquentant tous les principaux marchés du Kénédougou sud et celui de Banfora. « Moi, j'achète mes médicaments dans les pharmacies à Sikasso (Mali), en particulier chez Pharmavet Koné» ajoute un jeune vendeur ambulant, illettré, résidant au secteur n°4 d'Orodara de grande renommée régionale. Ainsi donc, ce sont des médicaments homologués. Toutefois, ils sont fraudés vis-à-vis de la loi burkinabé dans la mesure où ils entrent sur le territoire sans passer par la douane, ni être soumis au contrôle de qualité.

    La vente se fait en gros, en demi-gros ou en détail. La livraison se fait le plus souvent après un long marchandage. Une fois parvenu à un accord sur le prix, le vendeur les emballe dans un sachet noir et les remet au client. Le paiement au comptant ou à crédit est accepté par tous les vendeurs. Toutefois, les prix sont fixés suivant la quantité de sachets de trypanocides demandés. De conditions de conservation inappropriées, les médicaments de la rue, bien qu'illégalement vendus, sont néanmoins consommés par la majorité des agro-éleveurs. En effet, nous avons observé qu'un public large et à dominance masculine ; composé d'enfants et d'adultes ; de jeunes et de vieux ; d'analphabètes et de scolarisés et même de spécialistes de la santé animale vient acheter les médicaments de la rue. Toujours en conversation, excité, envahi par les clients, le vendeur est le premier à interpeller son client. En effet, nous avons observé que dans la majorité des cas, le vendeur est l'initiateur de la transaction. Du reste, cela fait partie intégrante de leurs stratégies de vente à savoir la criée, l'interpellation, le porte à porte etc. Mais, force est de constater que ces vendeurs manquent le plus souvent de temps pour échanger les salutations d'usage avec leurs clients. Alors, la transaction commence par le questionnement du client pour s'enquérir de ses problèmes. Ainsi, la majorité des problèmes exposés par ces derniers sont « l'achat de médicaments » et les « demandes de renseignements ». Lesquels trouvent solution à tous les coups, même mauvaise. C'est pourquoi, nous avons constaté que les vendeurs livrent une quantité importante de conseils à leurs clients. Mais, il reste à savoir quelle est leur qualité afin de saisir leur possibilité d'information des agro-éleveurs ? Car, la majorité de ces vendeurs de la rue sont analphabètes, jeunes et désoeuvrés qui ont choisi ce travail par nécessité d'occupation. Ne sachant ni lire ni écrire, ils se réfèrent à l'expérience et aux images figurant sur les emballages des médicaments pour se constituer en vétérinaire.

    Ce manque de qualification et de connaissances est exprimé par l'ensemble des acteurs rencontrés en ces termes : « nous ne savons pas lire ni écrire, nous ne sommes pas non plus allés à l'école, apprendre ce que nous faisons comme travail actuellement. Nous regardons ce que nous montre les images figurant sur les emballages des médicaments pour travailler ». Dans ce sens quelle culture vétérinaire ont-ils à transmettre aux agro-éleveurs avec qui les contacts sont nombreux et fréquents ?

    Enfin, à travers les pratiques et attitudes suivantes issues de l'observation directe de quatorze (14) cas de traitements effectués par deux (2) vaccinateurs locaux, un vétérinaire privé, un agent d'élevage et un gérant de dépôt pharmaceutique, une certaine culture vétérinaire tend à se formaliser.

    - un traitement dure en moyenne 4 mn ;

    - il s'effectue sans véritable diagnostic ;

    - les acteurs ont une bonne maîtrise des techniques d'injection, car la profondeur d'injection et le retrait de la seringue se passent sans écoulement de sang ni de produits ;

    - une bonne connaissance des produits indiqués ;

    - une bonne connaissance des sites d'injection et des voies d'administration, car les sites révélés sont les fesses, les épaules et le cou. La voie d'administration intramusculaire est utilisée par tous les prestataires ;

    - un surdosage des produits, car 65% des prestataires font recours à la double dose ;

    - une injection des produits sans estimation du poids de l'animal ;

    - un manque de propreté dans les injections, car les conditions d'hygiène et de propreté telles que le lavage des mains, la stérilisation du matériel technique (seringue et aiguille), le nettoyage du site d'injection ne sont pas respectées ;

    - un manque de suivi des traitements ;

    - une rareté de conseils, car au-delà des conseils sur la posologie d'emploi des médicaments et sur la prévention, rien ne se dit sur les soins d'un animal malade,les causes de la maladie, le délai d'attente, la protection des produits et l'attitude à adopter en cas d'échec du traitement ;

    - les prestataires ne sont pas sensibilisés sur les échecs de traitements, ils ont estimé en majorité un taux d'échec de traitement inférieur à dix pourcent (10%). Or, les études épidémiologiques et parasitologiques ont révélé un taux moyen de quarante pourcent (40%) dans les villages du Kénédougou.

    En résumé, une pluralité d'acteurs sociaux intervient dans l'offre des services vétérinaires dans la province du Kénédougou. Ayant des caractéristiques et des logiques d'action différentes, ils développent un ensemble de stratégies de marketing social qui leur permettent de communiquer avec les agro-éleveurs.

    Mais, la période de vente ou de traitements trypanocides demeure la principale occasion de contact avec les agro-éleveurs. Au cours de ces contacts, il y a non seulement échange de trypanocides contre de l'argent mais aussi échange d'informations, de conseils et de connaissances sur la TAA provenant essentiellement des images et écritures figurant sur les emballages. Toutefois, la qualité de l'échange se trouve affecter par un certain nombre de difficultés rencontrées par les prestataires dans l'application des trypanocides. De nature structurelle, professionnelle, économique, socioculturelle et contextuelle, elles ont produit deux effets sur la communication à savoir la réduction des contacts et l'apparition de sources de blocage, de rétention, de distorsion, d'intoxication, de déformation des informations et de sous information. Mais, l'action conjuguée d'un ensemble d'éléments imbriqués les uns dans les autres dont l'insuffisance des professionnels de la santé animale sur le terrain expliquent l'apparition des deux effets. D'où, les agro-éleveurs manifestent de nos jours un grand besoin d'information de qualité sur la TAA en dépit des connaissances dont ils disposent et de la présence massive des vendeurs ambulants et vaccinateurs locaux dans leurs villages.

    Chapitre IV : besoin et stratégies d'information chez les agro-éleveurs.

    Ce chapitre vise à analyser le besoin d'information des agro-éleveurs et à décrire leurs stratégies de communication en vigueur. Pour ce faire, nous partons des analyses statistiques des données d'enquête et de l'analyse du contenu des entretiens réalisés sur les sources d'information des agro-éleveurs dans la province du Kénédougou.

    I/ Constat et analyse du besoin d'information chez les agro-éleveurs.

    Dans la province du kénédougou, la demande d'information sur la TAA est une demande individuelle. Ainsi, chaque agro éleveur diversifie ses sources d'informations en fonction de ses besoins. Plus le besoin est grand plus les sources se multiplient. Ce qui s'inscrit dans leur stratégie d'information et de communication relative à la santé. D'une façon générale dans leur système de représentation sociale, il ressort de la conscience populaire qu'il faut « vendre sa maladie pour obtenir son médicament approprié ». Ce besoin est appréhendé à travers une analyse comparée des informations désirées par les agro-éleveurs par rapport à celles dont ils disposent.

    En effet, les agro-éleveurs manifestent un grand désir d'information sur la TAA, comme ils le disent à l'unanimité : « nous avons encore besoin d'informations sur la TAA ». Il est matérialisé sur le graphique ci-dessous.

    Figure 9: estimation du besoin d'information chez les agro-éleveurs.

    Source : résultat d'enquête.

    Au regard de ce graphique, le manque à gagner est important. Par ailleurs, il concerne la majorité des informations relatives à la TAA avec une prédominance des informations sur les soins, la résistance et les mauvais effets liés aux médicaments trypanocides. Pour combler ce vide, ils manifestent un énorme désir dont les informations désirées se présentent de la manière suivante :

    - Les informations sur la qualité des trypanocides et les moments critiques de leur application à savoir le dosage, la dilution et l'administration sont fortement désirées ;

    - les informations sur la prévention de la TAA, les soins complémentaires d'un animal malade, l'attitude à tenir en cas d'échec de traitement et d'une façon générale l'entretien des bovins.

    Le graphique suivant laisse apercevoir de manière détaillée les types d'information désirés par ces derniers.

    Figure 10: représentation des informations désirées chez les agro-éleveurs.

    Source : résultat d'enquête.

    Ce qui est le reflet de leur état de connaissance sur la gestion de la TAA et du niveau d'implication des prestataires de services dans leur information. En effet, selon les résultats de l'enquête CAP, les agro-éleveurs ont des lacunes. De même, les données d'observation montrent que les informations relatives à la qualité des médicaments, à leurs mauvais effets, à leurs conditions de conservations, à la résistance, au dosage, au délais d'attente et à l'hygiène y afférente sont peu communiquées aux clients.

    Mais, ces comportements ne sont pas spécifiques aux prestataires de services vétérinaires. Ils s'inscrivent dans la logique de gestion de l'information et de la communication propre à toute organisation sociale ou entreprise. En effet, selon Roger Mucchielli25(*) le type d'information influence significativement sur les stratégies mises en place pour informer le public dans une organisation ou une entreprise. Pour ce faire, il distingue quatre types d'information à savoir l'information générale, l'information motivationnelle, l'information promotionnelle et l'information opérationnelle ou spécifique. Parmi lesquels, l'information opérationnelle ou spécifique est la moins connue du public, car elle se rattache aux choses dites « secrètes » de l'organisation ou de l'entreprise. Mais, quelles sont les choses secrètes dans l'utilisation des trypanocides ? Il semble que le secret de l'utilisation des trypanocides réside dans sa préparation, sa dilution et son dosage. Pendant longtemps, les informations y relatives sont peu communiquées par les professionnels de la santé animale.

    Enfin, l'expression de ce désir n'est pas homogène. Elle est variable d'un type d'information à un autre dans la mesure où certaines informations sont plus désirées par rapport à d'autres. Ce qui montre que les informations moins désirées sont disponibles. Selon, le graphique ci-dessous les agro-éleveurs disposent d'informations de base dominées par celles relatives aux soins, au diagnostic, à la qualité des trypanocides, au dosage, à la résistance, à la prévention et aux mauvais effets. Mais en comparant les informations disponibles d'avec celles désirées, il se dégage une similitude dans l'expression du besoin. Ce qui montre une volonté affichée des agro-éleveurs de savoir tout sur la TAA. Et, il semble que cela s'inscrit dans leurs mentalités, comme s'exprime le gérant du dépôt pharmaceutique de Orodara, vaccinateur de carrière ayant travaillé pendant longtemps auprès des éleveurs dans la vulgarisation agro-pastorale : « les éleveurs veulent savoir ; ils aiment qu'on les informe toujours ! » Mais, cette volonté exprimée par les agro-éleveurs de savoir tout sur l'utilisation des trypanocides n'est pas soutenue par une volonté politique. Car la politique nationale de santé animale mise en oeuvre par la direction générale des services vétérinaires du Ministère des ressources animales condamne l'utilisation des trypanocides par les agro-éleveurs. Ce qui devient alors une nouvelle contrainte à l'application des stratégies préférées par les agro-éleveurs à savoir les brochures élaborées en langue locale Dioula et les formations. Or, l'origine du déséquilibre entre le besoin d'informations sur la TAA exprimé par les agro-éleveurs et les informations reçues se retrouve du côté de l'insuffisance des activités de sensibilisation menées par les agents publics et des séances d'informations entreprises par les vétérinaires privés.

    Certes, autoriser l'application des trypanocides par les agro-éleveurs à majorité analphabète et sans culture vétérinaire appropriée ne saurait être une stratégie efficace et durable pour le meilleur contrôle de la TAA en situation de résistance, mais l'Etat doit jouer son rôle d'arbitre et d'organisateur du jeu entre les différentes parties impliquées dans l'utilisation des trypanocides.

    Figure 11: représentation des informations disponibles chez les agro-éleveurs.

    Source : résultat d'enquête.

    En résumé, il existe un grand besoin d'information sur la TAA chez les agro-éleveurs du Kénédougou sud malgré les bonnes connaissances dont ils disposent. En réalité cela signifie qu'ils ont des connaissances limitées. Ce sont des savoirs paysans qui se sont construits sur la base de l'expérience quotidienne avec la maladie. Ils se limitent à l'identification des signes cliniques de la maladie, à la reconnaissance des médicaments trypanocides et leurs prix et à la pratique des injections.

    II/ les sources d'informations vétérinaires utilisées par les agro-éleveurs.

    Dans la province du Kénédougou, les agro-éleveurs affirment ceci : « nous obtenons nos informations sur la TAA avec les vétérinaires, les peulh et certains des éleveurs expérimentés ». Mais en réalité, il existe une pluralité de sources d'information sur la santé animale, en particulier la TAA et les médicaments trypanocides.

    Selon les données d'enquête, les vaccinateurs, certains éleveurs, les agents publics d'élevage, les vendeurs de médicaments de la rue, les services publics agricoles, les pharmacies privées et les détenteurs des savoirs locaux en santé animale (SL/SA) représentent les principales sources. Elles sont composées de 43% de sources localisées dans les villages et de 57% de sources extérieures aux communautés villageoises. Ce sont en majorité leurs fournisseurs de médicaments trypanocides composés de 71% de professionnels de la santé animale contre 29% d'amateurs. Parmi ces fournisseurs de services, 62% ont reçu au moins une formation en santé animale contre 38% n'ayant aucune formation ; 57% sont sans expérience dans l'exercice de la médecine vétérinaire contre 43% d'expérimentés et 58% sont issus des services publics d'élevage, 28% issus des services privés et 28% proviennent des communautés villageoises. Ainsi, pour le besoin de la description et de l'analyse, le concept de source d'information a été appréhendé en fonction du lieu de provenance du prestataire et de son statut socio-professionnel. Les différentes sources sont matérialisées sur le graphique suivant.

    Figure 12 : représentation graphique des sources d'information sur la TAA.

    Source: résultat d'enquête.

    Au regard de ce graphique, les choix de nos enquêtés portent plus sur les vaccinateurs formés et les éleveurs suivis des agents publics d'élevage. Ce qui s'explique par l'effet du contexte actuel marqué par l'intervention du Projet ILRI/BMZ ayant réalisé des activités d'animation et de formation dans tous les villages. D'où, les vaccinateurs formés et les éleveurs sont le produit des formations. De plus, les sources ne sont pas utilisées au même degré par les agro-éleveurs. Selon le graphique ci-dessous certaines sources ont un taux d'usage plus élevé tandis que d'autres ne sont pas du tout utilisées.

    Parmi les sources prioritaires, les vaccinateurs formés sont les plus importants devant les agents publics d'élevage et les pharmacies privées. Par contre les pasteurs peuls, les vendeurs de médicaments de la rue et les détenteurs des SL/SA ne sont pas du tout utilisées par les agro-éleveurs.

    Ce qui s'explique par le fait que les agro-éleveurs ont conscience des biais de communication que comportent les non professionnels représentés dans le cas précis par les peulh, les vendeurs ambulants et les éleveurs expérimentés. En effet, ils savent que leur manque de culture vétérinaire est un handicap à la qualité des informations qu'ils désirent sur la TAA.

    Figure 13: fréquence comparée des sources les plus utilisées et celles non utilisées.

    Vacc formé

    Les sources les plus utilisées et les sources non utilisées

    0

    10

    20

    30

    40

    50

    60

    70

    80

    90

    Eleveurs

    Vacc

    Vacc non formé

    Peulhs

    Informel

    Agents

    Vieux/trad

    Pharm

    Services agricoles

    Score total

    Non utilisées

    Plus utilisées

    Source : données d'enquête.

    Ainsi, en comparant l'ensemble des sources citées par rapport aux sources prioritaires, les vaccinateurs formés et les agents publics d'élevage sont les sources les plus utilisées. Ce qui s'explique par le fait que les agro-éleveurs ne recherchent pas seulement des informations vétérinaires, mais aussi des informations de qualité. Or, ils savent que cette information de qualité se retrouve du côté des spécialistes de la santé animale, en l'occurrence les vétérinaires de profession, les agents publics d'élevage et dans une moindre mesure les vaccinateurs formés. D'une façon générale, cela s'inscrit dans la logique d'information et de sensibilisation entreprise par le Projet BMZ2. Dans sa mise en oeuvre, le Projet a contribué à relever le niveau de sensibilisation des agro-éleveurs à travers des séances de formation réalisées dans les différents villages. D'où, il semble que la qualité de l'information détermine ici le choix des agro-éleveurs.

    Il semble aussi que les agro-éleveurs font une nette distinction entre leurs fournisseurs de médicaments et leurs fournisseurs d'informations sur la TAA.

    C'est pourquoi, ils estiment que c'est à travers « la parole des vendeurs de médicaments, les emballages des médicaments, la formation reçue, l'alphabétisation reçue, la radio, les journaux et la télévision » qu'ils s'informent véritablement sur la TAA. Pour ce faire, ils ont estimé que 95% des informations reçues proviennent des paroles des vendeurs de médicaments et 64% des emballages contre 42% et 41% provenant respectivement des formations reçues et de la radio. Par conséquent, les paroles données par les vendeurs de trypanocides, les emballages de protection des trypanocides et les formations reçues sur la santé animale sont les véritables sources d'information sur la TAA chez les agro-éleveurs comme le montre la figure ci-dessous.

    Figure 14: canaux de communication utilisés.

    Source : résultat d'enquête.

    Par ailleurs quatre (4) média à savoir la parole, l'écriture, la radio et la télévision constituent les supports d'information. Ce qui indique l'existence de deux modèles de communication inscrits respectivement dans des systèmes socialement définis à savoir la communication interpersonnelle et la communication médiatée. Mais, on observe une prédominance de la communication interpersonnelle mise en évidence par les paroles des vendeurs et les formations. Ce qui nous plonge dans une société de tradition orale.

    Mais, quelle est la qualité des messages reçus quand on sait que la majorité des vendeurs sont des non professionnels de surcroît analphabètes et que la majorité des agro-éleveurs ne savent pas lire ni écrire en français pour comprendre les écritures figurant sur les emballages des trypanocides ? Dans une analyse comparée des canaux de communication préférés par rapport à ceux utilisés, les agro-éleveurs ont perçu les biais de communication y afférents. C'est pourquoi, ils ont choisi en priorité les brochures en langue locale et les formations données par les spécialistes de la santé animale comme moyens efficaces et adaptés pour recevoir leurs informations sur la TAA comme l'indique la figure suivante. Toutefois, si tous les agro-éleveurs sont formés et dotés de brochures en langue Dioula sur l'utilisation des trypanocides, quels sont les changements sociaux qui en résulteraient dans les échanges des informations entre eux et avec leurs prestataires de services ?

    Figure 15 : canaux de communication préférés.

    Source : résultat d'enquête

    En définitive, il faut retenir que les acteurs informateurs des agro-éleveurs sur la santé animale sont divers. Les informations sont transmises de façon majoritaire par le biais de la parole et du contact physique selon le processus de communication interpersonnelle. Cependant, il faut rechercher leur origine dans les connaissances des acteurs sur la TAA et dans les écritures et images figurant sur les emballages des sachets de médicaments trypanocides. Il reste à savoir qu'est ce qui détermine le comportement des agro-éleveurs dans l'utilisation des sources d'information vétérinaire ?

    Selon les données d'enquête, la proximité, l'accessibilité et la fiabilité déterminent le choix de la majorité des agro-éleveurs. Dans cet ordre d'idées, les sources les plus importantes sont les sources les plus proches et accessibles aux agro-éleveurs. Elles sont représentées en majorité par les éleveurs eux-mêmes et les vaccinateurs résidants dans leurs communautés respectives. Comme l'indiquent le graphique ci-dessous, les agro-éleveurs ont estimé qu'ils sont plus proches des éleveurs, des vaccinateurs, des détenteurs des SL/SA et des agents publics d'élevage. Ainsi, il apparaît de nouveau que les agro-éleveurs sont plus proches des non professionnels que des professionnels de la santé animale.

    Ce qui constitue également un facteur défavorable à une communication de qualité dans la mesure où ces non professionnels ont peu de culture vétérinaire à partager avec les éleveurs.

    Figure 16 : situation des utilisateurs par rapport aux sources d'informations sur la TAA.

    Source: résultat d'enquête.

    Par ailleurs, ils ont des contacts fréquents et nombreux avec les mêmes sources, mais dans un ordre différent. Ainsi, à la suite des éleveurs et des vaccinateurs viennent les vendeurs de la rue avant les détenteurs des SL/SA et les agents publics. Il se dégage l'idée que les agro-éleveurs ont des difficultés pour trouver la place qui sied aux agents publics d'élevage. En effet, ils soutiennent que l'inaccessibilité et l'indisponibilité des agents publics d'élevage expliquent leur recours aux non professionnels. Ce qui est infirmé à travers la figure n°17. D'où, il faut conclure à un biais de politesse à leur endroit. Mais, encore une fois, la majorité des contacts des agro-éleveurs se réalisent avec les non professionnels. Or, ces derniers sont non seulement analphabètes mais aussi sans qualification requise en santé animale. En conséquence, ils ne peuvent être considérés comme des sources de qualité en matière de communication pour le contrôle de la TAA. Du reste, le danger y relatif est perçu par les agro-éleveurs eux-mêmes dans la mesure où ils manifestent une priorité de confiance envers les professionnels. En effet, les agro-éleveurs ont estimé que la crédibilité de la source est aussi un facteur déterminant dans leur processus d'information sur la TAA. Pour ce faire, les vaccinateurs formés, les éleveurs expérimentés et les agents publics d'élevage sont perçus comme les sources les plus crédibles selon la figure n°18.

    Figure 17: fréquence d'interaction avec les sources d'information chez les agro-éleveurs.

    Source : résultat d'enquête.

    Figure 18: représentation graphique des niveaux de confiance aux sources d'informations.

    Niveau de confiance aux sources d'informations

    50

    100

    150

    200

    250

    300

    350

    Vacc formés

    Eleveurs

    Agents

    Vacc non form

    Peuls

    Pharm

    Informel

    Vieux/trad

    Ag Serv

    Score total

    Source : résultat d'enquête.

    Au regard de ce graphique, les sources les plus crédibles selon les agro-éleveurs sont par ordre de confiance décroissant les vaccinateurs formés, les éleveurs et les agents publics d'élevage. Les vaccinateurs non formés et les pasteurs peulh enregistrent un niveau de confiance acceptable. Par contre, les pharmacies privées et les vendeurs de médicaments de la rue sont peu crédibles. Toutefois une priorité est accordée aux spécialistes de la santé animale et aux vaccinateurs formés selon la figure ci-dessous. Ainsi dans l'ordre de priorité, les agents publics viennent en tête suivis des vaccinateurs formés, des pharmacies vétérinaires et des services publics agricoles au détriment des vaccinateurs non formés, des éleveurs, des vendeurs de la rue, des vieux et des peulh. En comparant la figure n°18 et la figure n°19, il se dégage l'idée que les agro-éleveurs préfèrent s'informer auprès des spécialistes de la santé animale et les vaccinateurs formés. Mais, compte tenu de leur insuffisance, ils se contentent des non spécialistes disponibles dans les villages. Ce qui montre une fois de plus que les agro-éleveurs sont à la recherche des informations de qualité et non n'importe quelle information vétérinaire. C'est pourquoi, ils fondent leur niveau de confiance sur les caractéristiques individuelles et socioprofessionnelles de l'acteur informateur. Ainsi, cette confiance dépend du niveau de qualification, de la formation, de l'expérience acquise et de la motivation qui caractérise l'acteur informateur. Mais, si cela justifie bien la confiance placée aux spécialistes de la santé, celle placée aux vaccinateurs formés semble obéir à une autre logique.

    Figure 19 : représentation graphique des confiances prioritaires.

    Source : résultat d'enquête.

    En effet, pour les agro-éleveurs la connaissance et l'appartenance collective justifient la confiance placée aux vaccinateurs formés. Les mots employés pour exprimer ce déterminisme sociologique sont les suivants : « je le connaît » affirme un jeune agro éleveur, analphabète et non formé pour justifier sa confiance à un vaccinateur formé. « C'est nous qui les avons choisis pour participer à la formation » affirme un vieux responsable des éleveurs. Et un vieux agro éleveur, analphabète et propriétaire de grand troupeau d'affirmer que : « nous avons confiance à nos vaccinateurs formés, parce qu'ils vivent avec nous. Nous partageons les mêmes problèmes de la vie. Et la plupart sont des parents, des amis et des proches ». Certes, les vaccinateurs formés dont il question ici sont des agro-éleveurs qui ont été choisis par leurs communautés respectives pour être formés par le Projet. Ainsi, ils sont non seulement membre de la société mais entretiennent aussi des relations sociales et partagent des référents culturels avec les agro-éleveurs. C'est pourquoi ils bénéficient de la confiance des agro-éleveurs en dépit de leur manque de qualification. Ainsi, il convient de souligner que les caractéristiques individuelles, la motivation et le savoir de l'acteur, son appartenance à la communauté locale, la proximité, la disponibilité et l'accessibilité de la source déterminent la confiance placée par les agro-éleveurs à telle ou telle source d'information sur la TAA. Or, cette confiance détermine de façon significative, soit 97,7% le choix de telle ou telle source par les agro-éleveurs.

    En effet, les analyses statistiques ont montré que les facteurs relatifs à la proximité, à la disponibilité et à la confiance influencent respectivement à 88,4% ; 84,7% et 97,7% sur l'usage d'une source d'information par les agro-éleveurs. D'où, il est important de savoir que dans la province du Kénédougou, chaque agro éleveur diversifie ses sources d'information sur la TAA. Et le choix de telle ou telle source est déterminé non seulement par sa proximité, son accessibilité et sa disponibilité mais aussi le niveau de qualification, le niveau de formation, le niveau d'expérience, la motivation de l'acteur informateur ainsi que son savoir et son appartenance à la communauté locale. Ce qui obéit à une certaine rationalité qui consiste à minimiser les pertes en multipliant les chances. Mais, c'est une rationalité limitée par l'inaccessibilité, l'indisponibilité des professionnels de la santé animale et l'analphabétisme en tant que conditionnements sociaux qu'ils doivent prendre en compte comme l'écrit Dominique Desjeux 26(*) :  «Je postule que les acteurs n'agissent pas contre ce qu'ils pensent être leurs intérêts, sauf sous contrainte, sans postuler pour autant que le comportement humain est toujours la résultante d'un calcul rationnel constant Je postule aussi que la vision du monde, le système de valeur et les normes sociales conditionnent en partie l'acquisition de ces intérêts ». Soumis de ce fait à la double contrainte de la TAA et de l'insuffisance du personnel qualifié, les agro-éleveurs diversifient leurs sources d'information afin d'y échapper.

    Cependant, les possibilités offertes d'échapper à cette double contrainte varient d'un individu à un autre. C'est pourquoi, ils présentent des comportements divergents par rapport aux sources d'information utilisées. A ce titre, les jeunes agro-éleveurs consultent plus les professionnels de la santé animale que les vieux agro-éleveurs, soit en moyenne 94,2% contre 86,3%.

    A l'opposé, ils vont tous consulter les non professionnels plus que les professionnels, soit en moyenne 71,3% contre 52,8%. De même, tous les importants groupes ethniques présents dans la province du Kénédougou consultent plus les professionnels que les non professionnels, soit en valeur de signification de 1,9% contre 2,7%. Mais, d'un groupe ethnique à un autre, les Sénoufo, les Samogho et les Siamou consultent plus les professionnels que les Toussian, et autres groupes minoritaires consultant plus les non professionnels. De la même manière, les agro-éleveurs ayant été formés sur la santé animale, en particulier la TAA consultent plus les professionnels que les non professionnels, soit 1% contre 4,8% en valeur de signification. Cependant, les agro-éleveurs scolarisés consultent plus les professionnels que les non scolarisés, soit 4,5% contre 9,89% en valeur de signification. Aussi, tous les propriétaires de troupeaux consultent plus les non professionnels que les professionnels, soit 26,5% contre 49,7%. Par contre les chefs de ménage consultent plus les professionnels que les non professionnels, soit 16,0% contre 43,2%.

    De ce qui précède, il convient de noter que le choix des professionnels de la santé animale par les agro-éleveurs est fondé sur leur appartenance ethnique, leur niveau de formation sur la TAA, leur niveau d'éducation et leur statut familial. A l'opposé, le choix des non professionnels est fondé sur leur appartenance ethnique et leur niveau de formation. Ce qui montre finalement que chez les agro-éleveurs, le choix de telle ou telle source d'information sur la TAA est fondé sur leur appartenance à tel ou tel groupe ethnique et sur leur savoir sur la santé animale, en particulier la TAA. Du reste, comme l'indique le tableau de signification suivant, les variables, groupe ethnique, niveau de formation, niveau d'éducation et statut familial exercent une influence sur le choix des agro-éleveurs face aux sources d'informations sur la santé animale, en particulier la TAA. Par contre l'âge et la taille semblent n'exercer aucune influence sur leurs choix.

    Tableau 30: influence des variables socioculturelles sur les sources d'information.

    Variables sociologiques

    professionnels

    Non professionnels

    Age

    0,528

    0,713

    Groupe ethnique

    0,019**

    0,027*

    Niveau de formation

    0,045*

    0,01**

    Niveau de scolarisation

    0,048*

    0,989

    Statut familial

    0,016*

    0,432

    Taille du troupeau

    0,497

    0,2665

    Source : résultat d'enquête. * significatif dans une relation de corrélation.

    Cependant cette influence est significative à l'ordre de 10% pour le niveau de formation et de 5% pour l'appartenance ethnique. Etant donné qu'une signification de faible valeur indique une forte influence selon les statisticiens, alors l'appartenance ethnique avec une valeur de signification de 0,019 apparaît plus déterminante. Ce qui est le reflet de l'influence des facteurs socioculturels sur les comportements et les pratiques des agro-éleveurs. Comme dans bien d'autres domaines de la vie sociale, l'influence de la culture sur les pratiques et les comportements des hommes a été à plusieurs reprises démontrée par les culturalistes. Comme l'écrit Sylvie Fainzang27(*) « l'évidence des analyses fournies par certains travaux de sciences sociales concernant l'incidence des variables socioculturelles, socio-économiques, socio-professionnelles ou sociodémographiques des individus sur leurs conduites apparaît confirmée à travers les matériaux recueillis ici (...) », le recours à l'information vétérinaire est socialement et culturellement déterminé chez les agro-éleveurs du Kénédougou. Dans un tel contexte, quelles sont les stratégies mises en oeuvre pour acquérir et se partager cette information ?

    III/ Stratégies de communication utilisées par les agro-éleveurs.

    De l'analyse du discours des agro-éleveurs, il se dégage deux sortes de stratégies d'information et de communication sur la TAA. Ce sont des stratégies individuelles et des stratégies collectives. En effet, il faut admettre de prime abord que la demande d'informations relatives à la TAA est une demande individuelle. Par conséquent, chaque agro éleveur tente de trouver l'information par des initiatives personnelles avant de recourir aux autres. Ce recours individuel consiste à se référer à ses propres connaissances sur la TAA. L'expression utilisée par la majorité pour mettre en relief cette stratégie est « se consulter ». Comme l'affirme un jeune enquêté alphabétisé et vaccinateur local délégué à la gestion d'un grand troupeau familial : « quand un de nos boeufs tombe malade du sumaya, je fais les traitements moi-même en me servant de ce que je connais sur cette maladie ». De même, ajoute un jeune enquêté, analphabète et propriétaire de petit troupeau : « quand mes boeufs tombent malades, je traite moi-même. Mais, si c'est grave, je vais voir le vaccinateur ». Enfin, déclare un jeune interviewé scolarisé et formé : « avant, je me renseignait sur le sumaya chez les vétérinaires à Orodara. Mais, depuis que j'ai reçu la formation, je me base sur ça ». Elle est fondée sur l'individu et ses propres connaissances sur la santé animale. Il reste à savoir que la quête de l'information n'est pas permanente à travers cette stratégie, car il faut attendre que l'animal tombe malade pour « se consulter ». Or, ce n'est pas tous les jours que les animaux tombent malade. Ce qui implique une rareté d'occasions d'information sur la TAA susceptible de biais dans la communication pour une meilleure gestion de la TAA qui se veut permanente.

    En outre, il y a la stratégie individuelle qui consiste à « consulter » un intermédiaire comme s'expriment les enquêtés : « La dernière fois que mon boeuf est tombé malade du sumaya, je me suis renseigné sur les méthodes de lutte chez mon frère » affirme un vieil agro éleveur, analphabète et propriétaire de petit troupeau. Aussi, renchérit un jeune agro éleveur propriétaire de petit troupeau et analphabète : « Quand, mon boeuf de labour que tu vois là-bas s'immobilisait pendant les labours, je me suis renseigné avec mon voisin de champ. Et il m'a dit ceci «va voir le vaccinateur car ton boeuf souffre du sumaya» ». « Depuis que je travaille avec le Projet, je prends régulièrement mes informations sur la TAA avec ceux que nous avons choisi pour être formés par le Projet » affirme un jeune agro éleveur scolarisé et délégué à la gestion du troupeau familial. De plus, déclare un jeune agro éleveur propriétaire de petit troupeau et vaccinateur formé : « Avant, je me renseignais sur le sumaya avec les vétérinaires». Pour un vieil agro éleveur analphabète : « j'ai un peulh qui suit mon troupeau. C'est lui qui me renseigne de temps en temps sur ces maladies là ». Enfin, de l'avis d'un vieux, propriétaire de grand troupeau et marchand de bétail : « mon troupeau est suivi par le vétérinaire bien avant l'arrivé du Projet. Il me conseille d'observer bien mes boeufs et si quelque chose ne va pas de le prévenir le plutôt possible ».

    Tout comme la stratégie qui consiste à se « consulter soi-même », le recours aux autres est adopté par tous les agro-éleveurs sans distinction sociale. En effet, jeunes comme vieux ; alphabétisés comme analphabètes ; propriétaires de grand troupeau comme propriétaires de moyen et petit troupeau ; chefs de famille comme personnes déléguées consultent un intermédiaire pour se renseigner sur la TAA. Les intermédiaires vont des parents aux vétérinaires en passant par les voisins, les peulh et les vaccinateurs villageois. Dans les discours des enquêtés, les mots « frère, voisin de champ, vaccinateur, peulh et vétérinaire » désignent les intermédiaires. Partant de là, il se dégage un itinéraire d'information et de communication intimement lié à leur itinéraire thérapeutique individuel qui consiste à essayer d'abord avec ses propres connaissances avant de recourir à une tierce personne. Ce qui semble s'inscrire dans une logique culturelle des individus face à leurs problèmes personnels. Comme dans bien d'autres domaines de la vie sociale, il y a une prédisposition mentale chez chaque individu à rechercher l'autosatisfaction à partir de ses propres forces et faiblesses. Du reste, dans le cas de l'automédication en santé humaine Roger Zerbo a montré que cette prédisposition mentale est un fait culturel qui favorise l'automédication. A ce titre, il écrivait ceci : « Sur le plan culturel, il y a une prédisposition mentale voilée mais favorable à l'autosatisfaction. L'individu cherche d'abord à se prendre en charge, à résoudre ses problèmes personnels avant de faire appel à une tierce personne. L'homme mobilise d'abord ses ressources et ses compétences personnelles pour satisfaire ses besoins. C'est en cas de difficultés que l'on fait appel à un soutien extérieur, il en est de même pour les problèmes de santé » (Roger Zerbo ; 2002, p 121).

    A l'opposé, il se dégage des stratégies collectives. Elles sont entreprises par la société globale comme affirment les interviewés : « Quand, j'ai besoin d'une information quelconque du sumaya, je me réfère au délégué qui va en chercher chez les vétérinaires » affirme le président des éleveurs du village de M'bié. « Nous obtenons nos informations sur le sumaya au sein de notre groupement » renchérit un autre président de groupement. Enfin, déclare le président des éleveurs de Diéri : « quand il y a une information concernant le traitement des animaux, je me promène de porte en porte pour informer les gens ou bien je convoque une réunion du bureau au cours de laquelle j'informe les autres, qui se chargerons de passer l'information de quartier en quartier ». Cette stratégie qui est en voie d'émergence est déterminée par la participation de l'individu à la vie de la société. En la matière la province du kénédougou dispose de nombreux regroupements sociaux à savoir les groupements villageois, les associations, les tons, les sociétés sécrètes, les confréries et les groupes d'entraide culturale. Véritables relais de communication et lieux de dissémination des informations, ces différentes Organisations de la Société Civile (OSC) jouent un rôle important dans la diffusion des informations vétérinaires. Car lorsque le chef ou le président des éleveurs reçoit une information vétérinaire, il la transmet aux responsables des OSC pour informer leurs membres respectifs.

    Ce qui s'inscrit dans leur stratégie de gestion communautaire de la communication à savoir la communication dirigée par le chef du village dont il faut se référer à leur système général de communication pour mieux saisir les logiques sociales qui les sous-tendent. Selon les propos des enquêtés, il semble que cette stratégie est inscrite dans leur système social d'information et de communication. En témoignent les propos suivants émis au moment des entretiens : «Je me promène de porte en porte pour informer les gens pour la plus part ou bien je convoque une réunion de bureau pour informer les autres, qui, à leur tour se chargent de passer l'information de quartier en quartier » ; déclare un vieux agro éleveur, analphabète et président de groupement. « Avant on se déplaçait de concession en concession au son du tam-tam pour informer les gens. Maintenant j'utilise un vélo, un microphone et un haut parleur pour informer les gens » disait un jeune griot, analphabète. « Par les amis aussi on obtient des informations » ajoute un vieux enquêté scolarisé et responsable administratif. Enfin pour le chef de village de Dieri : « dès que j'ai une nouvelle, j'envoie un enfant appeler le griot, c'est son travail ». Au-delà de cette forme de gestion collective de la communication qui transparaît à travers ces discours, il se dégage une diversité de modes d'information et de communication à savoir : « le porte-à-porte ; le bouche-à-oreille; les assemblée villageoises ; les réunions de bureau ; le conseil des anciens et autres rencontres ». Ce qui correspond à la pluralité des circuits d'information qui existent dans les différents villages investigués.

    Certes, par la consultation des prestataires de services et la participation à la vie de la société, les agro-éleveurs obtiennent des informations sur la TAA. Mais cela comporte des biais dans la mesure où les personnes consultées sont en majorité des non professionnels ayant des connaissances limitées sur la gestion de la TAA et l'utilisation des trypanocides. De plus, la forme dirigée de la communication par le chef du village a ses avantages dans une société où la cohésion sociale est forte et l'autorité politique du chef reconnue et respectée par tous. Mais, serait-elle efficace dans des sociétés comme celles des Sénoufo, Siamou, Toussian ou Samogho où le chef jouit d'une autorité morale en tant que gardien des traditions et des coutumes ? Certainement pas, car soumis à la loi des ancêtres et au pouvoir des coutumes au même titre que ses sujets, le chef a très peu d'influence sur la décision des individus. Ainsi, il ne dispose d'aucun instrument de coercition sur les individus en dehors des coutumes. Or, il ne peut pas s'en servir pour des fins personnelles. D'où, le chef peut servir de relais en matière de communication pour le changement de comportement en faveur de l'utilisation rationnelle des trypanocides. Il peut servir d'exemple en tant que leader de la communauté mais il ne peut obliger un individu à décider contre ses propres intérêts.

    CONCLUSION.

    Dans la province du Kénédougou, les stratégies, les pratiques, les comportements et les attitudes des agro-éleveurs et leurs prestataires de services dans le contrôle de la TAA sont déterminés par des facteurs socioculturels susceptibles de servir de base d'appui à l'élaboration d'une stratégie de communication efficace et adéquate. En effet, confrontés à la persistance de cette maladie et aux nombreux et fréquents échecs de traitements trypanocides, ils ont mis en place un système de communication pour s'échanger les informations sur la TAA. Il est caractérisé par une pluralité de sources d'information chez les agro-éleveurs comme du côté de leurs prestataires de services. Mais, la présente étude visait à identifier et à analyser les facteurs socioculturels qui influencent les comportements et les stratégies des agro-éleveurs dans la quête d'informations sur la TAA. Pour ce faire, une investigation sociologique par enquêtes formelles, par entretiens et par observation sur les pratiques, les stratégies, les comportements et les attitudes des agro-éleveurs face à la santé animale et à la communication a prouvé l'existence de facteurs favorables ou défavorables à un meilleur contrôle de la TAA.

    En effet, les agro-éleveurs ont recours à une pluralité de sources d'informations sur la TAA dominées par leurs fournisseurs de médicaments vétérinaires. Et, les informations obtenues proviennent à 95% des conversations avec les vendeurs de médicaments au moment des achats et à 64% des images figurant sur les emballages des médicaments. De plus, ils utilisent deux stratégies de communication pour obtenir les informations. Une stratégie à l'échelle individuelle qui consiste à se consulter d'abord avant de consulter une tierce personne sous-tendue par des habitudes socioculturelles en matière de gestion de la santé d'une part et une stratégie collective inscrite dans leur logique sociale de communication à savoir la gestion dirigée de la communication par le chef du village d'autre part. Mais, par-delà des habitudes socioculturelles, d'autres facteurs déterminent les comportements des agro-éleveurs dans l'utilisation des sources d'information. Car, la fréquentation d'une source d'information sur la TAA est d'abord fonction de sa crédibilité aux yeux des utilisateurs (97,7%), de sa proximité (88,4%) et de sa disponibilité/accessibilité (84,7%). Puis des caractéristiques socioprofessionnelles (niveau de qualification, de formation, d'expérience) et du degré de motivation de l'informateur. Et, des caractéristiques sociologiques des agro-éleveurs telles que l'appartenance ethnique, religieuse, l'éducation, la formation, l'expérience et le statut familial. Mais la confiance, l'appartenance ethnique et le niveau de formation s'avèrent être les variables significatives. En conséquence, notre hypothèse principale se trouve partiellement vérifier. En ce sens que les échanges de trypanocides entre les agro-éleveurs et leurs prestataires s'accompagnent d'informations diverses sur la TAA.

    Toutefois, certaines difficultés socioculturelles, économiques, techniques, professionnelles et institutionnelles rencontrées dans la pratique quotidienne contribuent à biaiser la qualité des informations reçues. Ce qui explique le fait que de nos jours, les agro-éleveurs accordent plus de crédit aux professionnels de la santé animale avec qui ils désirent recevoir des brochures en langue locale et des formations sur la TAA. Mais soumis à la double contrainte de la maladie et de la rareté de ces derniers, ils vont consulter les non professionnels disponibles et accessibles. Or, cela affecte la qualité des messages émis ou reçus. En effet, la capacité des professionnels de leur transmettre des messages de qualité est limitée par un manque de temps, de moyens logistiques, médico-techniques ; de motivation et l'usage d'auxiliaires non qualifiés ayant peu de culture vétérinaire. A l'opposé, celle des non professionnels est limitée par leur manque de qualification et d'instruction. A cela, s'ajoute un contexte d'utilisation des trypanocides défavorable marqué par :

    - une crise de confiance due à l'existence d'une pluralité de prestataires présentant une gamme variée de trypanocides qui crée la confusion dans les esprits des agro-éleveurs ;

    - la pratique de l'automédication, la pauvreté et l'analphabétisme de la majorité des agro-éleveurs entraînant une faible fréquentation des spécialistes de la santé animale ;

    - la concurrence déloyale due au manque de régulation de la profession sur le terrain entraînant une rareté de déplacement des professionnels privés vers les agro-éleveurs.

    Ce qui confirme notre hypothèse principale, car l'action simultanée de ces contraintes inhérentes à leurs pratiques trypanocides entraîne une communication biaisée dont les principaux biais sont la réduction des nombres et fréquences des contacts et l'apparition de sources de blocages, de distorsion, de rétention et de déformation des informations. Or, si l'on soutien l'idée d'un changement de comportement en faveur de l'adoption de l'utilisation rationnelle des trypanocides pour un meilleur contrôle de la TAA, alors que faut-il faire dans un tel contexte de communication ? Il semble qu'un renforcement des capacités de communication des systèmes de santé animale s'impose dans la mesure où le déséquilibre existant entre le besoin actuel des agro-éleveurs et les informations reçues provient d'un déficit de communication des professionnels de la santé animale.

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    III/ Ouvrages spécifiques.

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    30. MIEGE (Bernard), 1989, La société conquise par la communication, Grenoble, PUG, 228 pages.

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    IV/ Thèses et mémoires

    33. BANGOU (Louis), 1990 : Yabake ou les grandes funérailles chez les Sénoufo de Sokouraba (province du Kénédougou). Essai d'Anthropologie sociale et culturelle, Mémoire de Maîtrise en sociologie, Université de Ouagadougou.

    34. KABORE (Hortense), 2001 : L'utilisation du téléphone mobile cellulaire et les implications socioéconomiques dans la ville de Ouagadougou, Mémoire Maîtrise en sociologie, Université de Ouagadougou, P 17-18.

    35. OUEDRAOGO (Dénis), 2002 : Analyse socioéconomique des pratiques de gestion de la TAA et des facteurs associés au développement de la chimiorésistance dans la province du Kénédougou (Burkina Faso), thèse de doctorat ès sciences économiques, Université de Ouagadougou, 210 pages.

    36. SANOGO (Bertille), 1998 : Innovation technique, blocages socioculturels et communicationnels. L'expérience des Unités de production cotonnière dans le département de fouzan, province du Tuy, Mémoire Maîtrise sociologie, Université de Ouagadougou, 99f.

    37. SOUBEIGA (Kanba André), 1994 : Les stratégies de soins de santé primaire au Burkina Faso : mobilisation communautaire et logiques paysannes (exemple de la Sissili), thèse de doctorat en sociologie, Université de Bordeaux II, 374 pages.

    38. TEKO-AGBO (Assiogbon), 2003 : Les contrôles des trypanosomoses et la qualité des trypanocides : cas du Benin et du Togo, Mémoire de DEA en Biologie Animale, Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal), 53 pages.

    39. YAMEOGO (Evariste), 1998 : Les logiques d'usages des médicaments modernes dans la ville de Ouagadougou. Cas des médicaments en vente illicite, Mémoire Maîtrise en sociologie, Université de Ouagadougou, 134 pages.

    40. ZERBO (Roger), 2002 : Besoins de santé et stratégies thérapeutiques, la population face à l'automédication : cas du district sanitaire de Kossodo dans la ville de Ouagadougou, Mémoire Maîtrise en sociologie, Université de Ouagadougou, 136 pages.

    V/ articles et revues.

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    42. CABANES (Roger), 1987 : « filières et stratégies socioprofessionnelles (étude de cas de douze ouvriers à Sao Paulo, Brésil » in cahiers des sciences Humaines, vol 23, n° 2, P 163-181.

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    44. ILRI/ BMZ2, 2003-2004 : « gestion améliorée de la chimiorésistance dans le cadre de la lutte intégrée contre la TAA dans la zone cotonnière de l'Afrique de l'ouest », bulletin d'information n°1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5, Nairobi (Kenyan) ; 6 pages chacun.

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    VI/ Rapports et documents de travail.

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    52. OUEDRAOGO (Dénis) et al, 1999 : Acteurs et fonctionnement du marché des intrants vétérinaires dans la province du Kénédougou : analyse descriptive de l'importance et du rôle des facteurs institutionnels, document de travail n°2, CIRDES/ILRI, Bobo-Dioulasso, 25 pages.

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    - 1995 : Rapport dignostic conjoint village de Kotoura, 22 pages

    - 1996 : Rapport dignostic conjoint village de wolonkoto, 23 pages

    - 1999 : PGT (Plan de Gestion du Terroir) Sokoroni, 28 pages

    - 1999 : PGT (Plan de Gestion du Terroir) Wolonkoto, 30 pages

    - 2003 : PGT (Plan de Gestion du Terroir) Samogohiri, 29 pages

    - 2002 : PGT (Plan de Gestion du Terroir) Dieri, 58 pages

    - 1999 : PGT (Plan de Gestion du Terroir) Sokouraba, 23 pages

    - 2000 : PGT (Plan de Gestion du Terroir) M'bié, 26 pages.

    54. POSTE Vétérinaire/KoloKo, 2003 : Rapport mensuel statistique n°2, DPRA-Kénédougou, Koloko, 25 pages.

    55. WOLF-DIETER (Kürger), 2004: Rapport de mission. Appui à la mise en oeuvre des stratégies de lutte contre la TAA développées par le projet pour une meilleure gestion de la chimiorésistance, ILRI/BMZ2, 38 pages.

    56. ZATE-Orodara, 2004 : rapport mensuel statistique, DPRA-Kénédougou, 20 pages.

    VII/ Monographies et enquêtes.

    57. MAIRIE de Orodara, 2004 : Monographie de la commune de Orodara, 68 pages.

    58. MRA (Ministère des ressources animales), 2004 : Deuxième enquête nationale sur l'effectif du cheptel, T2, Ouagadougou, 64 pages.

    59. OUEDRAOGO (Bernard) et al, 2004 : Monographie socio-foncière de la province du Kénédougou, PNGT2/ Bexam Développement, 103 pages.

    60. TRAORE (Moussa), 2001 : Monographie de la province du Kénédougou. DREP/Ouest- Bobo-Dioulasso, 150 pages.

    VIII/ Séminaires, ateliers et communications orales.

    61. ABIOLA (François Adébayon) (Direction), 2001 : Utilisation des trypanocides en Afrique subsaharienne. Actes du séminaire sous-régional, Dakar, 53 pages.

    62. TAMBOURA (Hamidou), 2002 : « savoirs locaux en santé animale : caractéristiques et potentiels pour un développement durable de l'élevage au Burkina Faso ». Atelier sur la problématique de l'intégration des savoirs locaux dans les programmes de développement, MAC/BM, Ouagadougou, 10 pages.

    IX/ Sites Web.

    63. CIRDES : www.org/plan.htm.

    64. FAO/ OMS/OIE (1999) : www.fao.org/docrep/u220f01.htm

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    69. www.csdptt.org/article299.html (article sur la téléphonie rurale)

    70. www.umoncton.ca/johnson/s04710/bibliog.html (sociologie de la communication).

    71. http://cormas.cirad.fr/fr/applica/galtier.htm (paradigme sur marché céréalier et communication

    72. www.chu-rouen.fr/ssf/info/communication.html (études sur la communication)

    ANNEXES

    Annexe n° I: listes des tableaux et figures.

    Liste des tableaux.

    Tableau 1:Tableau récapitulatif des variables indépendantes et leurs indicateurs. 15

    Tableau 2 : proportion des ethnies présentes dans la province du Kénédougou. 43

    Tableau 3: effectifs du cheptel de la province du Kénédougou selon les espèces rencontrées. 46

    Tableau 4 : répartition des agro-éleveurs en fonction de leur âge. 56

    Tableau 5: répartition des agro-éleveurs en fonction de leurs religions. 56

    Tableau 6: distribution des agro-éleveurs par niveau d'instruction. 56

    Tableau 7: distribution des agro-éleveurs en fonction du statut familial. 57

    Tableau 8: répartition des agro-éleveurs en fonction du groupe ethnique. 57

    Tableau 9: Distribution des prestataires par niveau d'instruction. 71

    Tableau 10 : répartition des prestataires par niveau de qualification. 71

    Tableau 11: distribution des prestataires professionnels selon le diplôme obtenu. 72

    Tableau 12: perceptions liées à l'importance de chaque groupe d'acteur chez les agro-éleveurs, les agents publics d'élevage et les vétérinaires privés. 74

    Tableau 13: volume des conseils au cours d'une année par prestataires. 77

    Tableau 14: Trypanocides en circulation dans la province du Kénédougou. 82

    Tableau 15: modes de dilution, dosages et sites d'injection. 83

    Tableau 16 : localisation des prestataires de services par rapport à leurs clients. 84

    Tableau 17: équipement de base. 85

    Tableau 18: Proportion des équipements techniques dans les structures sanitaires vétérinaires. 86

    Tableau 19: situation de l'équipement des structures sanitaires vétérinaires en moyens de transport. 86

    Tableau 20: état d'équipement des prestataires non professionnel. 87

    Tableau 21: quantité de traitements réalisés en douze mois selon les prestataires. 88

    Tableau 22: Prix du DIM en fonction du prestataire et du volume du paquet. 89

    Tableau 23: variation du prix du DIM entre les professionnels et les non professionnels. 89

    Tableau 24: comparaison des prix du DIM au Burkina Faso et au Mali. 90

    Tableau 25: prix des trypanocides selon le volume du sachet au Burkina. 91

    Tableau 26: variation de prix entre grands et petits sachets de trypanocides au Mali. 91

    Tableau 27 : marge bénéficiaire de la vente des trypanocides par type de fournisseur et par pays. 92

    Tableau 28: sources des trypanocides vendus par les non professionnels. 93

    Tableau 29: origine des trypanocides vendus par les non professionnels. 93

    Tableau 30: influence des variables socioculturelles sur les sources d'information. 112

    Liste des figures

    Figure 1: carte de distribution spatiale des agro-éleveurs et leurs prestataires de services vétérinaires. 58

    Figure 2: circuit simplifié d'information dans les villages du Kénédougou. 61

    Figure 3: esquisse d'un circuit d'information dans les villages du Kénédougou sud. 64

    Figure 4: proportion des prestataires de services enquêtés. 71

    Figure 5: répartition des prestataires suivant le niveau de formation. 73

    Figure 6: sources d'information vétérinaire utilisées par les prestataires de services. 77

    Figure 7: Photo d'une pharmacie vétérinaire. 81

    Figure 8: pharmacie vétérinaire vue de l'intérieure. 81

    Figure 9: estimation du besoin d'information chez les agro-éleveurs. 99

    Figure 10: représentation des informations désirées chez les agro-éleveurs. 100

    Figure 11: représentation des informations disponibles chez les agro-éleveurs. 102

    Figure 12 : représentation graphique des sources d'information sur la TAA. 103

    Figure 13: fréquence comparée des sources les plus utilisées et celles non utilisées. 104

    Figure 14: canaux de communication utilisés. 105

    Figure 15 : canaux de communication préférés. 106

    Figure 16 : situation des utilisateurs par rapport aux sources d'informations sur la TAA. 107

    Figure 17: fréquence d'interaction avec les sources d'information chez les agro-éleveurs. 108

    Figure 18: représentation graphique des niveaux de confiance aux sources d'informations. 109

    Figure 19 : représentation graphique des confiances prioritaires. 110

    Annexe n°II : les outils de collecte des données.

    A) Questionnaire d'enquête adressé aux prestataires de services vétérinaires.

    Enquête N°1 : prestataires de services professionnels.

    Fiche N° 1a. Prestataire de services professionnels/ vétérinaires privés.

    1) a Nom ........................... 1 b Prénom ...............................Enquête Nb .........

    2 ) a Nom du Cabinet ................................................................................

    2 ) b Adresse .............................................................................................

    ................................................................................................

    3 ) a Qualification en santé animale................................................................

    3 ) b Pays ............................ 3) c En (date )...........................................

    3) d Si le responsable n'est pas un vétérinaire, demandez s'il est lié à un vétérinaire privé. Nom............................. .....................................

    Adresse .................................................................................................

    3) e Formations complémentaires post-universitaires

    Numéro

    Sujets

    Date

    1

     
     

    2

     
     

    3

     
     

    4

     
     

    4) Expériences professionnelles avant l'ouverture du cabinet

    Numéro

    Expériences

    Date

    1

     
     

    2

     
     

    3

     
     

    4

     
     

    5) Quelle est la motivation principale de votre engagement en exercice privé ? (Cochez une seule réponse)

    Le non accès au recrutement à la fonction publique La rémunération

    L'indépendance Le chômage

    Autres

    6) a Votre lieu de travail est-il ?

    Une clinique

    Un cabinet de soins vétérinaires

    Une pharmacie

    Un poste vétérinaire

    Autre.

    6) b Votre cabinet est-il une succursale ou une entreprise individuelle ? ...........................

    7) En quelle année avez-vous installé ce cabinet ? -....................................................

    8) Combien d'employés travaillent dans votre cabinet ?..............................................

    Fonction au cabinet

    Age

    Nombre d'année en service au cabinet

    Formation de base

    Formation complémentaire

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    9) a Horaires d'ouverture de :.......heures à .........heures et de :.........à .............heures

    9) b Jours d'ouvertures

    Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche.

    10) Indiquez l'équipement disponible.

    10 Equipement

     

    Téléphone

     

    Eau

     

    Electricité (réseau)

     

    Réfrigérateur

     

    Congélateur

     

    Microscope

     

    Centrifugeuse

     

    Ordinateur

     

    Fax /télécopie

     

    Motocyclette

     

    Véhicule

     

    Salle de traitement

     

    table pour animaux

     

    Salle réservée aux interventions chirurgicales

     

    Autres

     

    11) Indiquez vos clients et le nombre approximatif de vos visites de terrain et accueils en pharmacie au cours des douze (12) mois passés.

    11 Clients

    Accueils en pharmacie

    Visites

    Filières

     
     

    Animaux de compagnie

     
     

    Boeufs de trait

     
     

    Petits ruminants

     
     

    Porcs traditionnels

     
     

    Troupeaux sédentaires

     
     

    Troupeaux transhumants

     
     

    Volailles améliorées

     
     

    Volailles traditionnelles

     
     

    Autres

     
     

    Services rendus.

    12) Quels produits utilisez-vous contre la trypanosomose ? Quel est leur prix ? Classez les par ordre d'efficacité.

    Produits

    Nom

    Prix d'achat (CFA)

    Prix de vente (CFA)

    Efficacité

    Petit sachet

    Grand sachet

    Petit sachet

    Grand sachet

    DIM

     
     
     
     
     
     

    DIM

     
     
     
     
     
     

    DIM

     
     
     
     
     
     

    DIM

     
     
     
     
     
     

    DIM

     
     
     
     
     
     

    ISMM

     
     
     
     
     
     

    ISMM

     
     
     
     
     
     

    Comprimé

     
     
     
     
     
     

    Tétracycline

     
     
     
     
     
     

    13) Combien de fois avez-vous fait les services suivants au cours de la semaine passée et des douze (12) mois passés ?

    Services

    Semaine passée

    Douze (12) mois passés

    Vente de DIM

     
     

    Vente de ISMM

     
     

    Administrer le DIM

     
     

    Administrer le ISMM

     
     

    Donner conseils

     
     

    Sources d'approvisionnement en trypanocides

    14) Listez par ordre d'importance vos fournisseurs de trypanocides (ISMM, DIM)

     
     
     
     
     
     

    15) Quel est le dosage du bérénil que vous utilisez ou recommandez pour ?

    Malade

    Dosage

    Poids

    Zébu adulte

     
     

    Métis adulte

     
     

    Jeune (80kg)

     
     

    16) En moyenne quel est le pourcentage de guérison suivant les traitements avec

    Le DIM .......................et l'ISMM.......................

    17) Si le traitement ne marche pas qu'est-ce que vous suggérez à vos clients ?

    18) Quelles autres activités commerciales ou rémunératrices liées à l'élevage menez-vous ?

    19) Quelles contraintes rencontrez-vous dans le cadre de vos activités ? Citez les trois plus importantes.

    20) Au cours des trois dernières années vos affaires ont-elles augmenté, diminué, ou sont-elles restées stables ?

    Sources d'information sur la trypanosomose

    21) Quels sont vos sources d'informations sur la santé animale ? Classez les par ordre de fiabilité et de préférence.

    Sources

    Nombre de consultation

    Confiance

    Préférence

    Pendant la formation initiale

     
     
     

    Par les collègues

     
     
     

    Les services étatiques

     
     
     

    Les fournisseurs de médicaments

     
     
     

    Les média (Radio, TV, Journaux)

     
     
     

    Réunions et conférences prof.

     
     
     

    Campagne de vulgarisation

     
     
     

    Projet sur la santé animale

     
     
     

    Autres à spécifier

     
     
     

    22) Combien de fois avez-vous consulté ou reçu des informations de chaque source au cours des six mois passés ?

    Fiche : 1b. Prestataires de services professionnels - agents publics d'élevage.

    1a. Nom ........................... 1b. Prénom ............................ Enquête Nb ...........

    2 a. Poste ...........................................................................................

    3 a. Qualification en santé animale ..................................................................

    ...............................................................................................................

    3 b. Pays ................................. 3 c. En (date ) ..............................................

    3 d. Formation complémentaire post-universitaires (sujets et date) :

    Numéro

    Formations et sujets

    Dates

    1

     
     

    2

     
     

    3

     
     

    4

     
     

    4. Expériences professionnelles post-universitaires avant :

    Numéro

    Expériences professionnelles

    Dates

    1

     
     

    2

     
     

    3

     
     

    4

     
     

    5. Date d'installation:...................................................

    6. Indiquez l'équipement disponible.

    8. Equipement

     

    Téléphone

     

    Eau

     

    Electricité (réseau)

     

    Réfrigérateur

     

    congélateur

     

    Microscope

     

    Centrifugeuse

     

    Ordinateur

     

    Fax /télécopie

     

    Motocyclette

     

    Véhicule

     

    Salle de traitement

     

    table pour animaux

     

    Salle de chirurgie animale

     

    Autres

     

    7. Indiquez vos clients et le nombre approximatif des visites de terrain et accueils réalisés pour les douze (12) mois passés.

    9. Clients

    Accueils en pharmacie

    Visites

    Filières

     
     

    Animaux de compagnie

     
     

    Boeufs de trait

     
     

    Petits ruminants

     
     

    Porcs traditionnels

     
     

    Troupeaux sédentaires

     
     

    Troupeaux transhumants

     
     

    Volailles améliorées

     
     

    Volailles traditionnelles

     
     

    Autres

     
     

    Services rendus.

    10 a. Quels sont les produits que vous utilisez dans le cas de la trypanosomose ? Quel est leur prix ? Classez les par ordre d'efficacité.

    Produits

    Nom

    Prix d'achat

    Prix de vente

    Efficacité

    DIM

     
     
     
     
     
     

    DIM

     
     
     
     
     
     

    DIM

     
     
     
     
     
     

    DIM

     
     
     
     
     
     

    DIM

     
     
     
     
     
     

    ISMM

     
     
     
     
     
     

    ISMM

     
     
     
     
     
     

    Comprimé

     
     
     
     
     
     

    Comprimé

     
     
     
     
     
     

    Tétracycline injection

     
     
     
     
     
     

    11. Combien de fois aviez-vous fait les services suivants dans la semaine passée et pendant douze (12) mois passés ?

    Services

    Semaine passée

    12 mois passés

    Vente de DIM

     
     

    Vente de l'ISMM

     
     

    Administrer le DIM

     
     

    Administrer l'ISMM

     
     

    Donner conseil sur les trypanocides

     
     

    Sources d'approvisionnement en trypanocides.

    12. Listez vos fournisseurs de trypanocides (ISMM, DIM) par ordre d'importance

    Fournisseurs de trypanocides

    Importance

     
     
     
     
     
     

    Connaissances sur la TAA et la chimiorésistance.

    13. Quel est le dosage du bérénil® que vous utilisez / recommandez pour ?

    Sujet

    Dosage

    Poids

    Zébu adulte

     
     

    Métis adulte

     
     

    Jeune (80kg)

     
     

    14. En moyenne, quel est le pourcentage de guérison suivant les traitements avec :

    DIM ....................................et ISMM..........................................

    15. Si le traitement ne marche pas qu'est-ce que vous suggérez ?

    16. Quelles peuvent être les causes de la chimiorésistance ?

    17. Quelles contraintes rencontrez-vous dans le cadre de vos activités ? Notez les trois plus importantes.

    18. Quelles sont les contraintes dans le contrôle des trypanocides et de vendeurs de trypanocides ?

    Information sur la trypanosomose.

    19. Quelles sont vos sources d'information sur la santé animale ? Combien de fois avez-vous consulté (ou reçu des informations) de chaque source dans les six (6) derniers mois ? Classez- les par ordre de fiabilité et de préférence.

    Sources

    Importance

    Confiance

    Préférence

    Pendant votre formation initiale

     
     
     

    Vos collègues

     
     
     

    Les services étatiques

     
     
     

    Les fournisseurs de médicaments (privé)

     
     
     

    Les média (Radio, TV, Journaux)

     
     
     

    Campagne de vulgarisation

     
     
     

    Projet sur la santé animale

     
     
     

    Réunions et conférences professionnelles

     
     
     

    Journaux professionnels et autres

     
     
     

    Enquête n° 2 : fiche 2- Prestataires de services non professionnels

    1) a Nom ............ 1) b Prénom .........................

    Enquête N°............

    2)Adresse...................................................................................................................................................................................

    3) Scolarisation et formations :

    Sujets

    Dates

    1

     
     

    2

     
     

    3

     
     

    4

     
     

    4) Depuis quelle année avez-vous commencez à exercer ce métier ?...........................................

    5) a Quelles sont vos heures de travail par jour ?

    Horaires d'ouverture : de............heures à ............heures et

    de............heures à ............heures

    5) b jours d'ouverture (encercler) :

    Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche

    6) Lieu de travail :..............................................................................................

    7) Equipement disponible. (Cochez les réponses) :

    Vélo

    Mobylette

    Véhicule

    Thermomètre

    Unité de mesure (à préciser)

    Autres (à préciser)

    8) Quels produits utilisez-vous contre la trypanosomose ? Quel est leur prix ?classez les par ordre d'efficacité.

    Produits

    Nom (ou couleur)

    Prix d'achat

    Prix de vente

    Efficacité

    Petit sachet

    Grand sachet

    Petit sachet

    Grand sachet

    DIM

     
     
     
     
     
     

    DIM

     
     
     
     
     
     

    DIM

     
     
     
     
     
     

    DIM

     
     
     
     
     
     

    ISMM

     
     
     
     
     
     

    ISMM

     
     
     
     
     
     

    Comprimé

     
     
     
     
     
     

    Comprimé

     
     
     
     
     
     

    Tétracycline injection

     
     
     
     
     
     

    Tétracycline gélule

     
     
     
     
     
     

    9) Combien de fois aviez vous fait les services suivants au cours de la semaine passée et des douze (12) mois passés ?

    Services

    Semaine passée

    Douze mois passés

    Vente de DIM

     
     

    Vente de ISMM

     
     

    Administrer soi- même le DIM

     
     

    Administrer soi- même le ISMM

     
     

    Donner conseil sur les trypanocides

     
     

    10) Listez par ordre d'importance vos fournisseurs de trypanocides.

    Fournisseurs

    Ordre d'importance

     
     
     
     
     
     

    11) Indiquez vos clients et le nombre approximatif des visites de terrain et accueils à votre lieu de travail réalisés au cours des douze (12) mois passés.

    Filières

    Lieu de travail

    Visites

    Total

    Animaux de compagnie

     
     
     

    Boeufs de trait

     
     
     

    Petits ruminants

     
     
     

    Troupeaux sédentaires

     
     
     

    Troupeaux transhumants

     
     
     

    Volailles améliorées

     
     
     

    Volailles traditionnelles

     
     
     

    Autres (à spécifier)

     
     
     

    Total

     
     
     

    12) Quelles autres activités commerciales ou rémunératrices liées à l'élevage menez-vous ?

    13) Quelles contraintes rencontrez-vous dans le cadre de vos activités ?citez les trois plus importantes.

    14) Au cours des trois dernières années, vos affaires ont-elles augmenté, diminué ou sont- elles restées stables ?

    15) Information sur la trypanosomose

    Listez par ordre d'importance, de fiabilité et de préférence vos sources d'informations sur les trypanocides.

    Sources

    Importance

    Confiance

    Préférence

    Pendant votre formation initiale

     
     
     

    Vos collègues

     
     
     

    Les services étatiques

     
     
     

    Les fournisseurs de médicaments (privé)

     
     
     

    Les média (Radio, TV, Journaux)

     
     
     

    Campagne de vulgarisation

     
     
     

    Projet (formation donnée)

     
     
     

    Autres (à spécifier)

     
     
     
     
     
     
     

    16) chimiorésistance

    Quel dosage de bérénil® utilisez-vous pour les cas suivants ?

    Cas

    Dosage

    Poids

    Zébu adulte

     
     

    Métis adulte

     
     

    Jeune (80 kg)

     
     

    17) a. en moyenne quel est le pourcentage de guérison suivant les traitements avec :

    le DIM ..................................et l'ISMM..........................................

    17) b. si le traitement ne marche pas qu'est-ce que vous suggérez à vos clients ? .....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    18) Dans quel cas indiquez-vous l'utilisation du bérénil® ou du trypamidium ?

    Cas

    Bérénil

    Trypamidium

    Pour guérir les boeufs malades de la trypanosomose

     
     

    Pour guérir les autres maladies

     
     

    Pour prévenir la trypasomose

     
     

    Pour redonner de la force

     
     

    Pour donner l'appétit

     
     

    Autres (à spécifier)

     
     

    B) Grille d'observation directe.

    Fiche 3a. -Prestataires de services pharmaceutiques

    Date ................... Prestataires de services ................................ Heures ..............

    Heures

     
     
     
     
     

    Temps passé pour la rencontre

     
     
     
     
     

    Lieu

     
     
     
     
     

    Age

    1

    2

     
     
     
     

    Sexe

    1

    2

     
     
     
     

    Initiatrice de transaction

     
     
     
     
     

    Vendeur

     
     
     
     
     

    Avis sur les produits

     
     
     
     
     

    Problèmes

     
     
     
     
     

    Signes

    1

    2

    3

     
     
     
     

    Types de produits

    1

    2

    3

     
     
     
     

    Quantité vendue

    1

    2

    3

     
     
     
     

    Prix

    1

    2

    3

     
     
     
     

    Mode de paiement

    1 au comptant

    2 par crédit

     
     
     
     

    Avis sur le dosage

     
     
     
     
     

    Avis sur l'administration

     
     
     
     
     

    Avis sur le délai d'attente

     
     
     
     
     

    Avis sur la prévention de la maladie

     
     
     
     
     

    Avis sur les échecs de traitement

     
     
     
     
     

    Avis sur les soins d'un animal malade

     
     
     
     
     

    Fiche 3b -Prestataires de services cliniques.

    Informations

    Durée de la maladie

     

    Espèce

     

    Traitement déjà effectué

     

    Race

     

    Nombre de malades

     

    Sexe

     

    Examen clinique

    Ganglion

     
     
     

    auscultation

     

    Signes de la maladie

     

    Membranes muqueuses

     
     

    Les yeux

     
     

    La bouche

     
     

    Température

     
     
     
     
     

    Diagnostic

    Coprologie

     

    Autres

     

    Sang

     
     
     
     
     
     
     

    Traitement

    Produits utilisés

     

    Produits

     

    Prix

     

    Prix

     

    Quantité

     

    Quantité

     

    Dosage !

     

    Dosage

     

    Injection technique

    Nouvelle seringue

     
     
     

    Seringue bouillie

     
     
     

    Nouvelle aiguille

     
     
     

    Aiguille bouillie

     
     
     

    Lavage des mains

     
     
     

    Solution nouvellement préparée

     
     
     

    Manipulation de la seringue

     
     
     

    Contention du boeuf

     
     
     

    Site d'injection

     
     
     

    Profondeur d'injection

     
     
     

    Retrait de la seringue

     
     
     

    Ecoulement de sang

     
     
     

    Ecoulement du produit

     
     
     

    Division du dosage >20 ml

     
     
     

    Seringue propre

     
     
     

    Site d'injection propre

     
     
     

    Conseils

    Délai d'attente

     
     
     

    Soin d'un animal malade

     
     
     

    Manque de guérison

     
     
     

    Prévention de la maladie

     
     
     

    Cause de la maladie

     
     
     
     
     
     
     

    Condition de stockage des produits

    Protection contre soleil

     
     
     

    Protection contre la chaleur

     
     
     

    Protection contre la poussière

     
     
     

    Utilisation des anciens produits avant les nouveaux

     
     
     

    C) Questionnaire d'entretien sur les sources d'informations relatives à la TAA chez les agro-éleveurs.

    1/ Quelles sont vos sources d'informations sur la santé animale ? Donner un nombre entre 1 et 5.

     

    Oui /non

    Le plus proche =5

    Le plus utilisé=5

    Le plus fiable=5

    Autres producteurs

     
     
     
     

    Tradipraticiens

     
     
     
     

    Vieux

     
     
     
     

    Peulhs transhumants

     
     
     
     

    Vaccinateurs formés

     
     
     
     

    Vaccinateurs non formés

     
     
     
     

    Vendeurs ambulants

     
     
     
     

    Vendeurs sur le marché

     
     
     
     

    Service étatique agricole

     
     
     
     

    PNGT 2

     
     
     
     

    BMZ 2

     
     
     
     

    Vet pharmacie-Orodara

     
     
     
     

    Vet pharmacie-Bobo

     
     
     
     

    Vet pharmacie-Hèrèmakonon

     
     
     
     

    Vet agent Koloko

     
     
     
     

    Vet agent Orodara

     
     
     
     

    2/ Quelles sont les informations dont vous avez besoin ?

     
     

    Oui/non

    Plus nécessaire=5

    Satisfactions avec les informations disponibles : le plus =5

    Trypanosomose

    Diagnostique

     
     
     
     

    La prévention

     
     
     
     

    Causes

     
     
     

    Trypanocides

    Produits disponibles

     
     
     
     

    Prix des produits

     
     
     
     

    Qualité des produits

     
     
     
     

    Dilution

     
     
     
     

    Administration

     
     
     
     

    Dosage

     
     
     
     

    Stockage

     
     
     
     

    Délais d'attente

     
     
     
     

    Mauvais effets

     
     
     
     

    Résistance

     
     
     

    Traitements complémentaires

    Soins des animaux malades

     
     
     
     

    Nutritions

     
     
     

    Autres

     
     
     
     

    3/ Sources d'informations.

    a) Quelle est la dernière fois que vous avez consulté les sources suivantes ?

    b) Selon vous, ces sources sont-elles adaptées pour transmettre les renseignements sur l'utilisation des trypanocides ?

     

    Dernière consultation

    Moyens pour transmettre sur l'utilisation des trypanocides 5= plus préféré

     

    Semaine

    1mois

    =1an

    1à 5 ans

    >5ans

    1

    2

    3

    4

    5

    Vendeurs des produits vétérinaires

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Emballages des produits vétérinaires

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Formation dans le village

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Formation hors village

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Alphabétisation

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Radio

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Journal

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Brochure

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    4/ Contacts avec les autres acteurs.

    Autres éleveurs

    Tradipraticien

    Vieux

    peulhs

    Vaccinateur formé

    Vaccinateur non formé

    Vendeurs ambulants

    Vendeurs du marché

     
     
     
     
     
     
     
     

    PNGT

    BMZ

    Pharmacie à Hèrèmakono

    pharmacie Orodara

    Pharmacie à Bobo

    Agent public à Koloko

    Agent public à Orodara

     
     
     
     
     
     
     
     
     

    D) Guide d'entretien de groupe réalisé au cours d'un atelier à Bobo-Dioulasso les 16 et 17/08/2004.

    Ce guide a été adressé aux différents groupes d'acteurs sociaux impliqués dans l'utilisation des trypanocides dans la province du Kénédougou. Les entretiens de groupe ont été réalisés au cours d'un atelier de réflexion-débat ayant regroupé ces groupes d'acteurs à savoir les agro-éleveurs, les vaccinateurs, les vendeurs de médicaments de la rue, les vétérinaires privés, les agents publics d'élevage, les décideurs politiques et les chercheurs. Au cours de cet atelier, les thèmes ci-après ont été débattus en groupes restreints, puis en plénière.

    I/ Du constat, des causes et manifestations de la chimiorésistance.

    Depuis quand avez-vous (ou vos clients) constaté les échecs de traitement ?

    Quelle est l'ampleur de ces échecs de traitements ? Sont-ils rares, fréquents ou nombreux ?

    Quelles sont les autres des échecs de traitements que vous connaissez ?

    Avez-vous changé de pratiques à cause de ces échecs de traitements ?

    Connaissez-vous la résistance avant cet atelier ? Avec qui et quand avez-vous reçu les informations là-dessus ?

    II/ Des effets de la chimiorésistance.

    Quels les effets des échecs de traitements qu'avez-vous constaté ?

    Selon vous quelles peuvent être sur le bétail, l'agriculture, les ménages, les vendeurs de médicaments vétérinaires et l'économie du Kénédougou si la résistance continue de s'augmenter jusqu'à ce que les trypanocides ne marchent plus ?

    Qu'allez-vous faire dans ces circonstances ?

    Indiquez nous comment et à quel niveau (allant de 1 à 10) êtes-vous affecté par le problème de la résistance ?

    III/ Des méthodes de lutte contre la TAA et des informations y afférentes.

    Connaissances des méthodes de lutte disponibles.

    Des problèmes liés à l'accessibilité et au coût de ces méthodes.

    Des sources d'informations y relatives.

    des contraintes et suggestions.

    IV/ Des acteurs impliqués dans l'utilisation des trypanocides.

    Importance ;

    Statuts et rôles ;

    Des liens entre acteurs.

    V/ De la responsabilité de chaque groupe d'acteur dans la problématique de la TAA et des échecs de traitements.

    Contribution de chaque groupe d'acteur ;

    Solutions possibles.

    VI/ De la lutte contre les vecteurs et de l'Utilisation Rationnelle des Trypanocides.

    des voies et moyens d'appui à la lutte contre les vecteurs ;

    des voies et moyens pour promouvoir l'Utilisation Rationnelle des Trypanocides.

    VII/ synthèse des stratégies et suggestion pour la lutte contre les vecteurs et la meilleure gestion de la TAA.

    E) Guide d'entretien individuel adressé aux agro-éleveurs et leurs responsables communautaires.

    Ce guide nous a permis de collecter des informations sur les sources d'information en vigueur dans leurs communautés respectives. Il a été adressé aux agro-éleveurs et leurs responsables (groupement des éleveurs, chef de village, RAV, chefs coutumiers et religieux). Ces entretiens se sont déroulés dans les villages et en langue locale Dioula. Lors de ces entretiens, les thèmes suivants ont été discutés.

    I/ De l'identification des sources d'information dans la communauté et en particulier sur la santé animale.

    II/ De la compréhension du besoin d'informations vétérinaires.

    III/ Du système d'information et de communication en vigueur dans les communautés.

    IV/ De la circulation de l'information.

    F) Guide d'entretien individuel adressé aux prestataires de services.

    Ce guide a été adressé à quatre (4) prestataires de services actifs sur le terrain dans la province du Kénédougou à savoir un vaccinateur formé, un vendeur de médicaments de la rue, un agent communautaire de santé animale et le gérant du dépôt pharmaceutique en guise de complément d'informations sur leurs pratiques et attitudes.

    I/ Des motivations d'entrée dans le métier.

    II/ Des perception et représentation sociales liées au travail.

    III/ Des stratégies d'information sur la santé animale

    Annexe N° III : photos de terrain

    Trois variétés de Diminazène en circulation dans la province du Kénédougou

    Vendeur ambulant de médicaments de la rue.

    Devanture d'une pharmacie vétérinaire.

    Photo d'un vaccinateur local entrain de traiter un bovin malade de la trypanosomose.

    Photos des participants à l'atelier du 16 et 17 août 2004 à Bobo-Dioulasso.

    TABLE DES MATIÈRES

    DÉDICACE. I

    REMERCIEMENTS. II

    SIGLES ET ABRÉVIATIONS III

    SOMMAIRE. 1

    INTRODUCTION GÉNÉRALE. 3

    CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIE. 6

    I/ CONSTRUCTION DE L'OBJET D'ÉTUDE. 6

    1) Question de départ 6

    2) Justification 7

    3) Objectifs et intérêts 8

    4) Phase exploratoire. 9

    5) Problématique 11

    II/ CONSTRUCTION DU MODÈLE D'ANALYSE THÉORIQUE 14

    1) Cadre de référence sociologique 14

    2) Elaboration des hypothèses de travail. 14

    3) Identification des variables et leurs indicateurs 15

    4) Construction des concepts 19

    5) Revue de littérature 28

    III/ MÉTHODOLOGIE 34

    1) Site de recherche. 34

    2) La population cible. 35

    3) Les personnes ressources. 35

    4) Echantillonnage. 35

    5) Les outils de collecte des données. 36

    6) la réalisation de l'enquête. 37

    7) Les techniques de traitement des données. 38

    8) Les difficultés rencontrées. 39

    CHAPITRE II : PRÉSENTATION DE L'ESPACE D'ÉTUDE ET ANALYSE DES CIRCUITS DE COMMUNICATION DANS LES VILLAGES D'ENQUÊTES. 40

    I/ PRÉSENTATION DE LA PROVINCE DU KÉNÉDOUGOU 40

    1) Aperçu géographique. 40

    2) Aperçu historique et politico-admistratif. 41

    3) Organisation socioculturelle. 43

    4) Organisation économique. 44

    II/ DESCRIPTION DES VILLAGES D'ENQUÊTE ET CARACTÉRISTIQUES SOCIOLOGIQUES DES AGRO-ÉLEVEURS. 48

    1) Cas des villages d'intervention du Projet BMZ. 48

    2) Cas des villages témoins. 51

    III/ ANALYSE CRITIQUE DES CIRCUITS D'INFORMATION ET DE COMMUNICATION CHEZ LES AGRO-ÉLEVEURS. 59

    CHAPITRE III : TRANSACTIONS TRYPANOCIDES ET STRATÉGIES DE COMMUNICATION CHEZ LES PRESTATAIRES DE SERVICES. 66

    I/ RÔLES, CARACTÉRISTIQUES ET IMPORTANCE DES ACTEURS EN PRÉSENCE. 66

    1) Les professionnels de la santé animale. 66

    2) les non professionnels. 68

    II/ STRATÉGIES DE COMMUNICATION UTILISÉES PAR LES PRESTATAIRES DE SERVICES. 76

    III/ CONSOMMATION DES TRYPANOCIDES ET BIAIS DE COMMUNICATION. 82

    CHAPITRE IV : BESOIN ET STRATÉGIES D'INFORMATION CHEZ LES AGRO-ÉLEVEURS. 99

    I/ CONSTAT ET ANALYSE DU BESOIN D'INFORMATION CHEZ LES AGRO-ÉLEVEURS. 99

    II/ LES SOURCES D'INFORMATIONS VÉTÉRINAIRES UTILISÉES PAR LES AGRO-ÉLEVEURS. 102

    III/ STRATÉGIES DE COMMUNICATION UTILISÉES PAR LES AGRO-ÉLEVEURS. 113

    CONCLUSION. 116

    BIBLIOGRAPHIE. 118

    I/ OUVRAGES MÉTHODOLOGIQUES ET TECHNIQUES. 118

    II/ OUVRAGES GÉNÉRAUX. 118

    III/ OUVRAGES SPÉCIFIQUES. 119

    IV/ THÈSES ET MÉMOIRES. 120

    V/ ARTICLES ET REVUES. 120

    VI/ RAPPORTS ET DOCUMENTS DE TRAVAIL. 121

    VII/ MONOGRAPHIES ET ENQUÊTES. 122

    VIII/ SÉMINAIRES, ATELIERS ET COMMUNICATIONS ORALES. 122

    IX/ SITES WEB. 122

    ANNEXES 124

    TABLE DES MATIÈRES XXIII

    * 1(In Changement social, 1968, P 96).

    * 2 (In Madeleine GRAWITZ, Méthodes des sciences sociales, Paris Dalloz, 6è édition, 1984)

    * 3 (In La société de consommation, 1970)

    * 4 (Ensemble des connaissances acquises dans le domaine de la médecine vétérinaire)

    * 5 (Ecart par rapport à la réalité)

    * 6 ( In Haw to investigate drug use in communities, Geneva, WHO, 1992)

    * 7 (In Analyse socioéconomique des pratiques de gestion de la TAA et des facteurs associés au développement de la chimiorésistance dans la province du Kénédougou, Université de Ouagadougou, 2002)

    * 8 (In « la participation des acteurs, un exercice difficile. Leçon de l'expérience d'un plan de lutte contre la TAA dans la vallée du Mouhoun (Burkina -Faso) » paru dans la Revue Forum, Nature, Science et société, volume VIII, n°1, PP 33-43, 2000)

    * 9 (In Innovations techniques, blocages socioculturels et communicationnels. L'expérience des unités de production cotonnière dans le département de fouzan, Province du Tuy, Université de Ouagadougou, 1998)

    * 10 (In Networking for innovation, 1997)

    * 11 (In Année sociologique, 51, n°2, P309-326, 2001)

    * 12 (In Identification des comportements actuels et désirés en rapport avec l'hygiène domestique dans les zones de santé de Kangu et de Kabondo Diando ; rapport d'étude préalable au développement de la stratégie de communication pour le changement de comportement de la population rurale. Ecole de santé publique/Environmental Heath project/SANRU III, République Démocratique de Congo (RDC), 2002)

    * 13 (In Théorie des processus de la communication, Paris, Armand colin, PP 81-115, 1998)

    * 14 (In Introduction aux sciences de l'information et de la communication, Paris, les éditions d'Organisation, 1995)

    * 15 (In Manuel d'EPS dans l'optique des soins de santé primaire, Genève, 1990)

    * 16 (In Anthropologie et développement, Paris, Karthala, 1995, P 78)

    * 17 (In Les représentations sociale, Paris, PUF, 1989, P 137)

    * 18 (In Pratiques sociales et représentations, Paris, PUF, 1994, P 47)

    * 19 (In Rational drug use in the management of the trypanosomosis and trypanocides resistance, document de travail n°4 , Bobo-Dioulasso, 2003, PP 4-5)

    * 20 (« Les significations sociales et individuelles du téléphone chez les Sanan du Burkina Faso » in Enjeux des technologies de la communication en Afrique. Du téléphone à l'Internet, 2004)

    * 21 (Ibid, 2004)

    * 22 (Ibid, 2004)

    * 23 (In Manuel de l'auxiliaire vétérinaire, SPANA (Mali), 2001)

    * 24 (Op. cit, 2004)

    * 25 (In Communication et réseaux de communication, 1971)

    * 26 (In Stratégie paysanne en Afrique noire, P 129)

    * 27 (In Médicament et sociétés, 2001)






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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld