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Etude de la conséquence en français contemporain: Le cas de trois oeuvres d'Emile Zola

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par Lysette Nanda
Université de Yaoundé I - DEA de langue française 2006
  

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3.2.2. Le concept de performance

Austin constate que dans la société, le langage ne se contente pas de décrire. Par performance donc, il faut entendre l'accomplissement de l'acte en contexte. Les énoncés performatifs sont ceux qui accomplissent des actions. A cet effet, Austin (1970 :84) précise que pour qu'il y ait énonciation performative, [...] il faut que cette énonciation effectue une action. Dans ces conditions, parler, c'est agir. L'énoncé performatif est donc un énoncé qui pose un acte, qui agit sur l'allocutaire pour modifier ses comportements. A propos, certains verbes sont appelés performatifs parce qu'ils disent ce qu'ils font, à la condition que l'énoncé soit dit à la première personne et au présent de l'indicatif. C'est le cas des verbes comme remercier, féliciter, promettre, maudire, etc. En disant je vous remercie d'être venu, le locuteur n'est ni entrain de décrire une situation, ni d'affirmer qu'il remercie, mais il pose l'acte de remercier. Cela amène Austin (1970 : 41) à relever qu'il semble clair qu'énoncer la phrase (dans les circonstances appropriées, évidemment), ce n'est ni décrire ce qu'il faut reconnaître que je suis en train de faire en parlant ainsi, ni affirmer que je le fais : c'est le faire. Mais dans notre travail, les verbes comme entraîner, provoquer, inciter, suffire, résulter, etc., expriment la conséquence dans le contexte du récit. Toutefois, certains actes doivent être prononcés dans les circonstances adéquates et par des personnes appropriées.

3.2.3. Le concept d'acte

Il s'agit, dans le cadre de notre étude, de l'acte de langage qui est un moyen mis en oeuvre par un locuteur pour agir sur son environnement par ses mots. De ce fait, il cherche à informer, inciter, demander, convaincre, aviser, etc. son ou ses interlocuteurs par ce moyen. L'acte de langage désigne aussi l'objectif du locuteur au moment où il formule son propos. En effet, le langage ne sert ni simplement, ni seulement à représenter le réel, mais à accomplir des actes. Il en existe deux types : l'acte de langage direct et l'acte de langage indirect.

Les actes de langage directs sont des énoncés dans lesquels le locuteur ne prend aucun détour pour exprimer son message. Parlant d'acte de langage direct, Austin (1970 : 37) pense que, pendant longtemps, les philosophes ont supposé que le but d'une affirmation ne pouvait être que de décrire un état de chose ou d'affirmer un fait, dans ce sens l'affirmation devait être soit vraie, soit fausse ; ce que rectifie l'auteur lorsqu'il fait observer :

On est venu à voir que bon nombre de mots fort embarrassants insérés dans des affirmations apparemment descriptives ne servent pas à indiquer un caractère supplémentaire et particulièrement étrange de la réalité qui est rapportée, mais à indiquer [...] les circonstances dans lesquelles l'affirmation est faite, ou les réserves auxquelles elle est sujette ou la façon dont il faut la prendre [...].

Donc, pour Austin, un individu s'adresse à un autre dans l'idée de faire quelque chose. On peut alors modéliser l'acte de langage comme n'importe quel autre type d' acte: il a un but (aussi appelé intention communicative), un corps (c'est-à-dire une réalisation) et un effet. Les actes de langage directs englobent les actes locutoires, illocutoires, perlocutoires.

Quant aux actes de langage indirects, ce sont des énoncés qui disent une chose pour en signifier une autre. C'est le lieu par excellence du langage détourné. En guise d'exemple, un acte d'injonction peut se retrouver dans un acte d'interrogation et vice-versa comme l'exprime cet énoncé Peux-tu me passer du sel ? En fait cette question n'est qu'apparente ; le sens réel de l'énoncé est passe-moi du sel ! C'est une injonction. Il existe donc une différence entre la signification littérale d'un énoncé et la signification que l'on peut attribuer à son énonciation. C'est le domaine par excellence de l'implicite (ou implicature) comme les présuppositions et les sous-entendus. Pour marquer la différence entre les deux types d'actes, Riegel et alii (1996 :588) relèvent que :

Alors que les actes de langage directs utilisent la forme linguistique associée par convention à l'acte de langage spécifique, les actes de langage indirects sont accomplis au moyen d'un énoncé contenant une forme associée conventionnement à un acte que celui qu'il vise à accomplir.

Dans l'un ou l'autre cas, l'identification d'un acte de langage conditionne largement l'interprétation du message délivré, au-delà de la compréhension de son contenu sémantique. Par exemple, la motivation de l'énoncé J'ai appris que tu as obtenu ton diplôme peut être de féliciter son destinataire, de s'excuser d'avoir douté de sa réussite, ou simplement de l'informer du fait rapporté. Cette conception met en avant les effets que les discours exercent sur les auditeurs. A ce niveau l'attention est focalisée sur la dimension interactive et interactionnelle que toute production langagière présuppose. La pragmatique a donc deux tâches : définir les actes de langage, c'est-à-dire caractériser les traits du contexte, déterminer quelle proposition est exprimée par un énoncé donné.

Le problème des actes de langage est de trouver les conditions nécessaires et suffisantes pour la réussite, ou simplement l'accomplissement normal d'un acte de langage.

Les exemples ci-après expliquent bien ces propos :

15a. - Avoue que tu as couché avec, [....]  

- Eh bien ! oui, c'est vrai [...] (Lbh, p. )

15b. Jamais, mon chéri, je ne t'ai dit que ma mère m'avait laissé cette

bague. Du coup, Roubaud la dévisagea, pâlissait lui aussi (Lbh, p.67)

15c. Le cabaretier s'était mis à marcher, en sifflant d'un air dédaigneux. [...]. Non, c'était trop bête, cette grève. Alors, pour la première fois, des paroles aigres furent échangées entre ces deux hommes, [...]. (Ge, p.172).

Comment montrer que les connecteurs en gras introduisent une conséquence ? L'étude tiendra compte de tous les concepts opératoires qui doivent être pris en compte simultanément pour que le résultat soit probant.

Ainsi pour les énoncés [15a-15b], on soulignera qu'il s'agit d'un dialogue entre Roubaud, le mari jaloux et sa femme Séverine. Pour comprendre la conséquence qui est introduite par les groupes de mots en gras, il faut prendre en compte, dans l'analyse de ce fragment de discours, du contexte macrostructurale, de l'identité de ces personnages, du lieu qui est ici une chambre d'auberge. C'est cette mise en commun qui permettra de justifier le fonctionnement de l'interjection eh bien (réaction de l'interlocuteur) et de l'adverbe du coup, deux catégories de discours bien différentes des subordonnants originels de la conséquence.

La théorie des actes de langage se fonde donc sur une opposition à l'illusion descriptiviste qui veut que le langage ait pour fonction première de décrire la réalité et que les énoncés affirmatifs soient toujours vrais ou faux. Pour cette théorie au contraire, la fonction du langage est tout autant d'agir sur la réalité et de permettre à celui qui produit un énoncé d'accomplir, ce faisant, une action. Dans cette optique, les énoncés ne sont ni vrais ni faux.

En partant de l'idée que parler, c'est d'une certaine manière, agir sur l'auditeur, la pragmatique linguistique permet de mieux observer la façon dont un orateur exerce de l'autorité sur ses auditeurs au moyen de son discours. Une étude pragmatique de l'expression de la conséquence s'avère intéressante parce qu'elle révélerait la force qu'a cette fonction dans l'argumentation.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery