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Etude de la conséquence en français contemporain: Le cas de trois oeuvres d'Emile Zola

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par Lysette Nanda
Université de Yaoundé I - DEA de langue française 2006
  

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2. MOTIVATION

Lors de la soutenance de mon mémoire en cycle de maîtrise, il y a deux ans, j'ai été interpellée par un membre du jury pour justifier l'emploi de la conjonction de coordination et dans une phrase. Sur le champ, j'ai réalisé que et était en attaque de phrase. Sa valeur était difficile à déterminer alors qu'il n'y avait pas de faute de construction. Voyant mon embarras, le président de jury m'a invitée à poursuivre la recherche de la valeur de et. Et c'est dans cette perspective que j'ai découvert que j'ai utilisé et, de manière intuitive, pour exprimer la conséquence. Ce qui m'a amenée à préconiser qu'il y a plusieurs formes d'expression de la conséquence que j'ai appréhendée comme une notion à la fois fonctionnelle et notionnelle.

Sur le plan fonctionnel, la conséquence est exprimée, selon les grammaires, à travers le complément circonstanciel de conséquence (CCC). Cette forme ne représente, dans notre étude, qu'un des divers moyens susceptibles d'exprimer ce concept. Sous cette forme, elle se présente sous une étiquette globalisante de complément circonstanciel qui est apparue au Moyen-Âge. La grammaire de cette époque entrevoyait déjà l'expression du complément dans l'étude de la notion de rection. A ce sujet, Linacre commenté par Chevalier (1968 :163) parle de complémentation secondaire. Il donne l'adverbe pour exemple et déclare : les adverbes appartiennent aux verbes et servent à établir un fait ou à répondre à une question suscitée par un fait, et à exprimer le temps, la place, la manière ou tout autre circonstance par rapport à ce fait. Au XVIIème siècle, l'abbé Girard également glosé par Chevalier (op cit : 685) reconnaît que dans la phrase, chaque mot concourt à l'expression du sens bien que cela ne soit pas de la même manière ; les uns étant en régime dominant, les autres en régime assujetti, et les troisièmes en régime libre, selon la fonction qu'ils y font. Le complément circonstanciel, déjà reconnu par l'abbé Girard comme l'élément de la phrase qui est en régime libre, n'a donc pas été inventé au XIXème par la grammaire scolaire, comme le déclare Petiot (2000 : 57-58). D'ailleurs, l'auteur souligne que ce constituant existe depuis le 1er siècle avant J.C. sous un aspect plutôt rhétorique. Elle le signifie en ces termes : c'est à Quintilien qu'on doit le terme circumstantiae qui regroupe temps, lieu, personnes, choses, motif, finalité, moyen. Dans son évolution cependant, la notion subit un changement au niveau de son appellation et de la catégorie du discours qui le représente. En effet, l'auteur ajoute à la même page qu'

en fait jusqu'à l'entrée des compléments circonstanciels dans la grammaire scolaire du XIXè siècle, c'est l'adverbe qui est la catégorie apte à exprimer la circonstance : au XVIIIè siècle, Dumarsais propose le terme de complément adverbiale, ce qui souligne son caractère périphérique par rapport au noyau propositionnel qui est un « objet grammatical »

Toutefois, il s'agit d'une révolution sur le plan pédagogique qui est liée à la compréhension et à l'écriture du texte. Et ce changement a renforcé la classification amorcée par la grammaire antique. C'est de cette révolution que nous tenons aujourd'hui le complément circonstanciel de cause, de but, de concession, de conséquence, etc. Cet étiquetage se fonde sur le contenu de l'information que véhiculent les compléments circonstanciels.

Pour Wagner et Pinchon (1962), Chevalier et alii (1964) et même Grevisse (1969), comme pour Leeman (1998 :58), le CCC, tout comme n'importe quel complément circonstanciel,

complète l'idée exprimée par le verbe en indiquant les conditions, les circonstances dans lesquelles se trouve le sujet, ou s'accomplit l'action du sujet. Il indique donc la manière, le but, le lieu, la cause, etc. dans lesquels se déroule l'action du verbe.

Pour Tomassone (2002 :181), il ne sert à rien de multiplier les désignations et d'identifier les fonctions si tout cela ne permet pas de mettre en évidence le fonctionnement des unités dans les phrases ou, ajoutons-nous, de reconnaître l'apport du sujet parlant. Quel que soit le cas, cette brève revue synchronique permet de constater que le complément circonstanciel connaît beaucoup de difficultés tant au niveau de la délimitation de ses bornes que de son fonctionnement. D'où l'intérêt de découvrir ce qu'en disent les grammaires.

Les Le Bidois (1938 : 446) ne définissent pas la conséquence, ils reconnaissent tout de même qu'elle se dévoile dans deux propositions liées par des subordonnants qui traduisent le lien de conséquence. Brunot et Bruneau (1949 : 551) ne donnent pas non plus de définition à la notion que nous étudions. Les efforts de ces auteurs sont concentrés sur la distinction entre le but et la conséquence. Pour cela, ils déclarent  que toute proposition introduite par une conjonction de « manière » (de sorte que, de façon que, etc.) qui présente le mode de subjonctif doit donc être considérée comme une proposition de but.

Quant à Wagner et Pinchon (1962 : 591-594), ils pensent qu'en plus du fait que le contenu des propositions subordonnées de conséquence est présenté comme la conséquence ou le résultat du contenu de la proposition qui leur sert de support, le mode varie suivant ce que veut exprimer le locuteur. Ainsi, dans une phrase complexe, le verbe de la dépendante est à l'indicatif quand on actualise la conséquence - qu'elle soit réelle ou éventuelle - et au subjonctif si la conséquence fait l'objet d'une interprétation. Dans ce cas, nous pensons qu'une étude en contexte de la conséquence serait très intéressante.

Chevalier et alii (1964 : 149-151), partagent entièrement plutôt le point de vue de Brunot et Bruneau lorsqu'ils ajoutent que l'étude de la conséquence ne peut se faire que par opposition à la cause parce que la relation de consécution comporte deux termes comme la relation de cause. En effet, ils estiment que dans la subordination causale, on met en dépendance la cause [alors que] dans la subordination consécutive, on met en dépendance l'effet. Le mode qui exprime une attitude du sujet parlant à l'égard de son énoncé semble déterminant dans l'expression de la conséquence.

En effet, Chuilon (1986 :81) affirme que l'emploi du subjonctif permet de présenter la conséquence comme un état à atteindre. On peut alors avoir à faire à une conséquence souhaitée, voulue, irréelle... Chuilon rejoint ainsi Wagner et Pinchon malgré la distance qui existe entre ces générations.

La notion de conséquence présente des liens si complexes, si diversifiés, si délicats à identifier et si subtils à décrire que Grevisse et Goosse (1993 :1630) ont dit qu'il ne [leur] a pas paru nécessaire de définir [cette] catégorie qui emprunte sa dénomination à la langue ordinaire. Cette affirmation témoigne non seulement de la difficulté que les grammaires ont à donner une explication à la notion qui nous intéresse, mais aussi l'embarras qu'on éprouve lorsqu'il faut clarifier, de manière précise, les outils susceptibles d'exprimer la conséquence. Ce constat est réel, d'ailleurs Riegel et alii (1996 :516) eux aussi ne définissent pas la notion, ils reconnaissent simplement que la conséquence est subordonnée syntaxiquement et sémantiquement.

Ainsi, la grammaire ne perçoit la conséquence qu'à travers les CCC. Elle donne donc une liste figée des outils qui introduisent la notion en jeu tout en considérant les différentes formes d'expression de la conséquence comme étant synonymes. Elle ne montre pas clairement la place du sujet parlant encore moins le sens qui sous-tend l'utilisation de chaque outil de conséquence.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery