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Etude de la conséquence en français contemporain: Le cas de trois oeuvres d'Emile Zola

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par Lysette Nanda
Université de Yaoundé I - DEA de langue française 2006
  

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2.2.3. L'hypothèse

Le système hypothétique en français peut exprimer la condition ou l'éventualité ; et la conjonction si est l'élément qui sert à introduire les phrases dans ce système. Il existe plusieurs moyens d'exprimer l'hypothèse  par exemple la juxtaposition d'énoncés au conditionnel, au présent ou à l'imparfait. De toutes les façons Cohen (1965 : 53) déclare que

dans les phrases hypothétiques à deux propositions jointes, l'une des

deux seulement exprime la condition avec un caractère plus ou moins

positif ou éventuel, l'autre peut exprimer ou non l'éventualité dans le

résultat de la condition exprimée.

Pour ce qui est de la conjonction si, Culioli et alii (1987 :112-114) en distinguent sept emplois: si standard, si déductif, si explicatif, si austinien, si concessif, si adversatif, si dialectique. Pour ces auteurs, une telle représentativité suppose un principe général de déformation inhérent au fonctionnement du langage. Ces auteurs soulignent par là l'aisance avec laquelle le discours manipule les éléments que la langue met à sa disposition. La démarche est que les auteurs travaillent à contexte constant, c'est-à-dire que la structure contextuelle retenue est MARQUEUR + PROTASE + APODOSE : si p, q. Ils affirment eux-mêmes que certains contextes sont exclus de l'étude, sans toutefois spécifier lesquels. Cependant, dans cette structure P représente la subordonnée introduite par si pour marquer la condition à laquelle est soumise la réalisation d'une action ou pour exprimer son éventualité. Dans ce cas, affirment Niquet et alii (1989 :231), les locutions à la condition que peut être remplacée par si pour la subordonnée conditionnelle, tandis que au cas où le remplace dans l'expression de l'éventualité.

Sur le plan discursif et parlant du système si... alors, il pourrait donc être glosé, souligne Hybertie (op cit.: 35) par au cas où P1 serait vraie, dans ce cas, P2 peut être validée. De manière concrète [12a'], glose de [12a] serait : au cas où tu ne la lâches pas, alors je t'étrangle.  Etienne et Chaval se disputent une fille ; ce dernier choque son rival en forçant la fille à l'embrasser en sa présence, d'où l'énonciation de [12a]. La validité de P1 est simplement envisagée, elle est éventuelle, ce qui rend également éventuelle la validité de P2. Alors reprend le repère fictif construit par si de P1 : si tu ne la lâches pas, pour en faire le repère de P2. Le locuteur pose P1 sans se prononcer sur sa validité. Cette nuance de sens peut être liée à la position de la protase comme c'est le cas dans [13a-c] ci-dessous :

12a. Mais Etienne, les lèvres blanches, criait :

« Si tu ne la lâches pas, alors je t'étrangle ». (Ge, p480) ;

12b. Et vous rentrerez ensuite tout droit, et si Bébert touche à Lydie, [...], je vous ficherai des claques. ( Ge, p 258 ) ;

12c. Mais il lui faisait trop peur. Si elle montait devant lui tout le temps, il la brutaliserait. (Ge, p299) ;

D'une manière générale, P1 pose un cadre dans lequel une autre proposition peut être validée. Avec la locution au cas où, on est dans le domaine de la supposition qui consiste, dit Ducrot (1972 :167), à demander à l'auditeur d'accepter pour un temps une certaine proposition p qui devient provisoirement le cadre du discours, et notamment de la proposition principale q. Cependant, dans leur étude sur alors, Culioli et alii (1987 : 24) reconnaissent la structure si p alors q avec la possibilité que le connecteur alors ne soit pas marqué comme dans [12b et c]. Les auteurs reconnaissent, par ailleurs, que si n'admet la combinaison avec alors que dans des utilisations spécifiques : si standard, si déductif, si explicatif. Il est à souligner en passant que le si standard peut selon l'emploi, devenir déductif ou explicatif. Alors est, comme le disent Culioli et alii (op.cit.26-28), le marqueur d'une double opération de connexion et de disjonction entre le repère construit par la protase et celui construit par l'apodose. Connexion parce qu'il joint deux énoncés liés par une relation logique de cause à effet et disjonction parce qu'il signifie que l'état de chose décrit dans P1 présage ce qui va se passer dans P2, l'évènement de P2 étant toutefois distinct de celui de P1. Mais la conjonction si vient empêcher la réalisation effective de la conséquence, et la présente comme éventuelle. Alors se pose la question de savoir si la locution si...alors autorise encore une inférence. Toutefois, à l'issue de nos investigations sur alors, il apparaît que l'emploi de ce marqueur permet d'interpréter une situation comme prévisible. Cette connaissance que l'on a du monde et la position de la protase favorisent l'interprétation de P2 comme conséquence éventuelle, possible de P1.

Dans [12c], nous avons affaire au conditionnel qui exprime des faits dont la réalisation dépend de certaines conditions. C'est aussi le mode du verbe exprimant une possibilité contingente, une affirmation atténuée, un souhait. Ce qui mène Bonnard (1992 :194-195) à relever le contraste qui existe entre le conditionnel, l'indicatif et le subjonctif. A ce sujet, l'auteur écrit l'indicatif énonce un fait en le donnant pour réel. Le subjonctif énonce un fait sans considérer sa réalité. Le conditionnel énonce un fait en le donnant pour imaginaire. N'ayant pas eu d'occurrence dans notre corpus, nous avons emprunté l'occurrence ci-après à l'auteur :

13. Tu serais un lion et je t'aurais blessé d'une flèche. (Bonnard, 1992 : 194)

Dans cette phrase, par l'emploi du conditionnel au lieu de l'indicatif, le locuteur affirme qu'il ne donne pas pour vrai le fait qu'il exprime ; il demande qu'on l'imagine, qu'on le suppose vrai pendant un certain temps ; le fait est fictif, c'est-à-dire imaginaire : le verbe serais exprime un état présent imaginaire. Le verbe aurais blessé exprime une action passée imaginaire. Conclusion, quand le fait est imaginé dans le présent ou le passé, dit Bonnard (op cit), il apparaît très nettement comme irréel, puisqu'il est démenti par la réalité. La valeur spécifique du conditionnel est donc de créer une situation imaginaire. La conjonction de coordination et, compris parmi les connecteurs inférentiels de conséquence, infère ici une conséquence imaginaire, donc irréelle.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand