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L'insécurité alimentaire dans la région du Nord au Cameroun: représentations sociales, stratégies de lutte et enjeux

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par Alain Christian ESSIMI BILOA
Université de Yaoundé I - Master en sociologie 2010
  

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I-1-1-1 Le climat

D'une manière générale, le climat dans la région du Nord est tropical de type soudanien avec une tendance guinéenne au sud de la province et sahélienne au nord de Garoua. La pluviométrie moyenne annuelle varie entre 500 et 1.200 mm d'eau avec une saison de pluie de 4 à 6 mois par an.

Pendant les mois de décembre et janvier, le climat est froid et sec tandis que pendant les les mois de novembre et décembre, il est froid et humide. La température moyenne est de 35°C et les mois où l'on enrégistre les températures les plus élévées sont ceux de mars et avril avec des températures oscillant entre 18 et 50°C.

On note une opposition entre une longue saison sèche, qui est de rigueur de cinq à sept mois, et une courte saison de pluies. La première saison va d'octobre à juin, la seconde de juin à octobre. Cette prédominance de la saison sèche est caractéristique des pays africains, en particulier ceux du Sahel.

Guy PONTIER et Michel GAUD affirment que :

36 Ibrahim BABA KAKE, ELIKIA M'BOKOLO, Histoire générale de l~Afrique, Paris, Casterman, 1978, p.9.

(( Le continent africain connaît de forts contrastes climatiques, les précipitations et par voie de conséquence les ressources en eau représentent souvent un facteur limitant, contrainte au développement. Les zones arides couvrent près de 60 % du continent ... L'Afrique subsaharienne francophone est bien représentative de cette diversité climatique, puisque l'on j' retrouve toute la palette des régimes climatiques, depuis les zones désertiques aux précipitations rares jusqu'aux zones équatoriales aux précipitations abondantes réparties sur toute l'année. La zone la plus sensible aux aléas climatiques est la zone sahélienne définie au sens large. »37

Cependant, la présence des arbres améliore ce climat de façon considérable, et rend le paysage des montagnes attrayants. Plus loin, ils concluent en affirmant que : (( le climat imprime ainsi fortement son empreinte sur l'environnement et sur les sociétés humaines »38. Ainsi, des éléments du climat tels la durée des pluies ou la sécheresse entraînent souvent l'insécurité alimentaire.

> L'irrégularité et la durée des pluies

A cause des perturbations climatiques qui ont lieu à l'échelle mondiale et nationale, le cycle et le rythme des pluies connaissent progressivement de nombreux dysfonctionnements. La conséquence immédiate est que la croissance des plantes est fortement perturbée et ne produisent plus le rendement escompté. Il arrive donc que les pluies arrivent plus tôt que prévu et durent à peine 45 jours. Par conséquent, les plants qui sont semés et qui commencent à germer ne résistent pas à la sécheresse. HAMITI TIZI nous apprend à ce sujet que :

(( Quand on n'attend pas les pluies et qu'elles arrivent avant l'heure, la sécheresse va aussi vite arriver. Tout ce qui va pousser va mourir parce que ce n'est pas encore solide. Même si ça ne meurt pas, quand on va récolter il n j' aura presque rien dedans parce que ça n'a pas bien pris. »

Parfois, la situation est inversée et les pluies surviennent tard ; ce qui fait que les plants n'atteignent pas la maturité et/ou ne produisent pas suffisamment. Tantôt c'est l'abondance des pluies qui détruit les plants. Le dernier aspect est qu'il arrive qu'il n y ait pas de pluie du tout. Dans ce cas, les semailles sont très difficiles.

37 Guy PONTIER et Michel GAUD, (( L'environnement en Afrique » in Afrique Contemporaine, Trimestriel n°161, 1992, p. 60.

38 Guy PONTIER et Michel GAUD, op.cit.

Quel que soit le cas de figure qui se présente, aucun n'est enviable parce que la production agricole en pâtit. Ce dérèglement du rythme des pluies peut être imputé à la sécheresse qui sévit dans cette partie du pays.

Quand la saison sèche a été très rude, le retour des pluies est souvent caractérisé par d'innombrables inondations. Celles-ci sont fréquentes entre les mois de juillet et d'août. Si elles peuvent être bénéfiques pour l'agriculture, des inondations imprévues dues à des pluies anormalement importantes ont des effets dévastateurs. En effet, la saison des pluies de juillet et août cumule à elle seule 2/3 du total pluviométrique annuel de la région. Ainsi, à la suite des multiples pluies du mois d'août 2007, le réseau hydrographique de la région, constitué essentiellement de cours d'eau saisonniers appelés (( mayos » issus de montagnes avoisinantes, a rapidement été saturé, créant des inondations.

(( Le mal a été accentué par la topographie plane de la pédologie de la région où les sols argileux et très peu perméables entraînent une longue stagnation des eaux. Les routes desservant la région ont été coupées. Les popoulations ont donc dû patienter pendant plusieurs jours, se passant de leurs activités agricoles. Les plus téméraires allaient récolter les produits épargnés par les eaux, perchés sur des pirogues (..)

Cependant, le grand sujet d'inquiétude concerne le risque de suraccident : la survenue d'épidémies, notamment le choléra. Les inondations mettent en effet hors d'usage la quasi-totalité des puits des zones affectées : ceuxci sont envahis par les eaux souillées produites par l'évènement. Le risque de suraccident concerne aussi la survenue possible de la famine dans la localité, car des plantations sont dévastées par les eaux. Les inondations détruisent des greniers contenant les réserves alimentaires de plusieurs familles. Le petit bétail est également emporté par les eaux en furie. Il va sans dire que cela accroît la vulnérabilité des populations en période de soudure, notamment lors de la saison sèche. »39

Le bilan de ces inondations survenues en 2007 dans le village d'Houmbal fait état de : 43 cases et 19 greniers détruits, près de 5 hectares de plantations dévastés, près de 100 têtes de bétail et environ 200 têtes de volailles emportées.

HAMITI TIZI se souvient :

(( Il y a peut-être trois ans, le village a connu une situation grave à cause des inondations. C'était pendant les grandes vacances en août. Il avait plu pendant des jours et des jours. L'année-là, on avait perdu presque tout. Il ne restait rien. Il n'y avait pas grand-chose à manger et les gens avaient faim. Les greniers étaient vides. Si on ne nous venait pas en aide, je ne sais pas comment on allait vivre ici. »

39 MINATD, Rapport sur l'état de la protection civile au Cameroun, Yaoundé, février 2008, pp.34 -35.

> La sécheresse

Les sécheresses sont causées par le manque de pluies sur une longue période. Elles se produisent généralement dans des régions chaudes et sèches. Dans la plupart des cas, la zone est sèche car les précipitations y sont très minimes. La pluie qui tombe sera vite absorbée dans le sol ou sera emportée par le courant d'air qui se déplace sur le terrain. Par conséquent, la terre est très sèche et pas grand-chose n'y pousse. Elle sévit dans la région du Nord entre les mois de février et d'avril. D'après la FAO40, la sécheresse, phénomène insidieux qui progresse lentement, détruit les cultures vivrières, tue les êtres humains et les animaux et à des effet à long terme sur l~environnement. La sécheresse affecte les populations de différentes façons : il est important de comprendre et de suivre ces différences dans le temps pour prévenir la famine. Par exemple, la sécheresse peut entraîner des mouvements inhabituels de troupeaux sur de longues distances, en quête de pâturages, et les mettre en contact avec de nouvelles maladies.

Par ailleurs, les systèmes d'irrigation risquent d'être touchés, notamment lorsqu'il ne pleut pas pendant une très longue période. Les rendements des cultures sont réduits lorsque l'eau d'irrigation vient à manquer ou lorsqu'elle devient trop saline. Les puits peu profonds, les points d'abreuvement et les petits reservoirs s'assèchent ou sont contaminés, ce qui compromet la santé des humains et des animaux.

La terre, qui n'est plus protégée par la végétation, devient vulnérable à l'érosion éolienne et lorsque les pluies reviennent enfin, à l'érosion hydrique. A son tour, l'érosion entraîne une perte de fertilité des sols, ce qui réduit par la suite le rendement des cultures. L'augmentation du ruissellement sur les sols érodés peut entraîner l~envasement des retenues d'eau et des ouvrages d'irrigation, aggraver le phénomène d'érosion et provoquer des inondations.

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