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L'insécurité alimentaire dans la région du Nord au Cameroun: représentations sociales, stratégies de lutte et enjeux

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par Alain Christian ESSIMI BILOA
Université de Yaoundé I - Master en sociologie 2010
  

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IV- LA COORDINATION ET L'HARMONISATION DES

INTERVENTIONS DES DIFFÉRENTS ACTEURS

Comme le miel attire les abeilles, l'insécurité alimentaire attire nombre d'acteurs. Chacun y va de ses stratégies mais toutes visent le même objectif a priori : l'autosuffisance alimentaire permanente des populations. Ces acteurs sont l'Etat, les bailleurs de fonds, les organismes internationaux, les ONG, le secteur privé et les populations. La circulation des informations entre les divers intervenants est floue ; tous évoluent en rang dispersés.

BIYONG BIYONG affirme à cet effet que :

« Il est dificile de savoir ce que font les uns et les autres, bref l'on constate qu'il y a un manque de transparence sur ce que fait chaque différent acteur ou catégorie d'acteurs. La consultation entre les différents acteurs est insuffisante dans la région et beaucoup d'interférences sont légion »123.

La nécessité s'impose donc à l'Etat, qui est le garant du bien-être des populations, d'encadrer et d'harmoniser les actions de tous les intervenants. Ces actions parcellaires peuvent être mises en commun afin de permettre une optimisation des résultats. Tous les intervenants doivent inscrire leurs actions dans le respect du cadre institutionnel existant et des politiques adoptées par le gouvernement.

Un premier pas dans ce sens a été franchi en 1986 avec la création, par décret N°86/1411 du 24 novembre 1986, d'un Comité de gestion de l'assistance de la FAO et du PAM, sous la tutelle du MINAGRI (devenu MINADER).

Selon ce décret, le comité est chargé de la gestion, du suivi et de la coordination de toute

forme d'assistance dispensée ou initiée au Cameroun par ces deux organismes. A cet effet, il :

- identifie, formule, exécute ou suit l'exécution, en rapport avec les départements ministériels et organismes concernés des projets et programmes d'action concrète dans lesquels cette assistance est octroyée ;

- coordonne et suit les activités des deux institutions et celles de leurs programmes spéciaux entreprises au Cameroun dans le domaine de l'alimentation et de l'agriculture notamment dans les secteurs de la production végétale et animale, la pêche, la foresterie, la formation, la recherche et la vulgarisation ;

123 BIYONG BIYONG, op.cit., p.40.

- assure avec les représentants de la FAO et du PAM l'évaluation des projets et programmes assistés ;

- assure des liaisons permanentes entre les différents ministères et organismes publics intéressés par les activités de la FAO et du PAM ;

- centralise les contributions, subventions, dons de toutes origines destinés à soutenir la réalisation de son programme d'actions concrètes d'une part, et d'autre part supervise sous l'autorité du ministère de tutelle toutes les opérations ayant trait à la gestion de l'assistance alimentaire d'urgence en cas de calamité ;

- organise et exécute en rapport avec le représentant-résident du PAM, toute opération d'achat et de distribution de produits alimentaires locaux dans le cadre de la politique des transactions triangulaires définies par le PAM dans le but de stimuler la production alimentaire nationale et de favoriser la coopération technique entre pays en développement.

Dans le cadre de ses activités, le comité dispose de trois magasins de stockage à Maroua, Garoua et Ngaoundéré respectivement. Il assure le stockage, la manutention et le transport des vivres depuis ces magasins jusqu'aux bénéficiaires (écoles, villages ...). Les activités du comité sont coordonnées par un Secrétaire Permanent124.

Mais, l'Etat devrait encore mieux faire dans l'encadrement des structures de développement rurales et plus particulièrement les OPR. Regroupées au sein de GIC, les populations essaient de trouver des solutions communes à l'insécurité alimentaire. Ces GIC travaillent ainsi dans des domaines aussi variés, qui vont de l'agriculture à l'élévage en passant par le commerce. L'agriculture est cependant l'activité qui prédomine, compte tenu du fait qu'elle constitue un des principaux leviers de son économie. Plus de 90 % de ces GIC font de l'agriculture leur activité principale. Environ 5 % développent des activités mixtes, parmis lesquelles l'agriculture.

Cette agriculture concerne :

- la maîtrise des techniques culturales, la maîtrise de l'usage des herbicides ; - la production et la commercialisation d'oignons ;

- la production et la vente d'intrans agricoles ;

- la production du sorgho, du maïs, de l'arachide, du niébé et du coton

124 L'actuel Secrétaire Permanent est M. Othon MATAPIT, ingénieur agronome.

L'élevage est pratiqué par une minorité et est orientée vers :

- les espèces bovines ;

- les caprins ;

- les volailles ;

- les porcins.

Le commerce est pratiqué par une minorité, et concerne la vente d'intrans agricoles, de produits pharmaceutiques, la vente d'espèces produites par différents acteurs.

L'Etat decrait mettre l'accent sur les OPR de femmes dans la mesure où, selon Astadjam YAOUBA,

(( au-delà des bénéfices tangibles qu'elles apportent ou souhaitent apporter à la communauté, le regroupement des femmes au sein des OPR est une manière pour elles de s'imposer, de tenter d'obtenir une reconnaissance sociale, puisqu'elles sont quotidiennement marginalisées et exclues des sphères de décision. Elles cherchent par là une autonomie vis-à-vis des hommes et de leur isolement familial : elles peuvent sortir, travailler ensemble, faire des projets en commun, échanger leurs points de vue sur l'avenir et même la vie quotidienne de la communauté »125.

L'Etat est interpellé en vue de résoudre les différends qui émaillent les relations entre ces GIC et les autorités traditionnelles. Lesdites relations ne sont pas totalement neutres. La plus souvent, elles sont empreintes d'inimitié. Plusieurs GIC se plaignent de l'attitude et du comportement des lawane et des djaworo qui, selon eux, loin de leur vouloir du bien, cherchent à détourner leurs avoirs. L'Etat devrait codifier ces rapports afin de les rendre plus harmonieux et donc plus propices au développement.

L'Etat lui-même n'est d'ailleurs pas exempt de tout reproche dans ses rapports avec les OPR puisque à l'intérieur des groupements, des mécontentements sont perceptibles chez les ruraux, car l'Etat, pour décider du financement d'un projet, élabore ses propres critères, fixe les règles, et les paysans n'ont pas d'autre choix que de s'y soumettre et d'attendre passivement. De plus, continue Astadjam YAOUBA,

(( la plupart des GIC de Pitoa sont unanimes sur les difficultés que leur pose le manque de politique agricole. Outre cette défaillance de l'Etat au niveau de la politique agricole, son souci d'accroître ou de préserver son influence sur le terrain est également un facteur limitant pour les OPR. Les logiques sont quelquefois opposées entre l'encadrement administratif et les paysans. L'Etat, dans ses interventions, cherche à appliquer un programme qui a été élaboré dans

125 Astadjam YAOUBA, op. cit., p.68.

le cadre d'une structure hiérarchique, pendant que les paysans ont pour souci d'adapter des stratégies de production à un contexte fluctuant »126.

Tous ces dysfonctionnements de l'administration ne représentent pas pour les OPR un environnement bénéfique. La naissance et la consolidation des dynamiques paysannes nécessitent des conditions favorables qui dépendent en grande partie de l'Etat car, il est de son ressort de contribuer à définir des règles du jeu claires et précises. Ainsi, les GIC pourront s'investir totalement dans la production agricole qui est leur cheval de bataille et participer à la réduction de l'insécurité alimentaire dont les populations sont victimes.

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