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Une approche socio-historique de la violence au XIXème siècle: le cas d'une conspiration à  Lyon en 1817

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par Nicolas Boisson
Université Pierre Mendès France Grenoble - Master recherche 2008
  

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I-1.3 Un climat de tensions politiques exacerbées par l'occupation des troupes autrichiennes et le succès du retour de Napoléon à Lyon

Rétrécissons notre champ d'observation en nous focalisant à nouveau sur la ville de Lyon. A la veille de la première prise de pouvoir par Louis XVIII, les Lyonnais voient le risque d'une nouvelle occupation de leur ville par des forces étrangères. Le 21 mars 1814, les troupes autrichiennes rentrent dans Lyon, faisant courir le risque de nouvelles violences collectives dont la ville a déjà tant été le théâtre. Comme l'observe Bruno Benoit : « En janvier 1814, devant l'approche des Autrichiens, les élites lyonnaises, tous qualificatifs et origines confondus, se décident rapidement à ne pas défendre leur ville... »173(*). Cette démission des élites lyonnaises face à l'ennemi est due à la peur de revivre un épisode de violences civiles du type de celles de 1793, mais surtout est motivée par le pari que le retour des Bourbons s'accompagnera de la paix, et donc ce retour du roi apparaîtrait comme un moindre mal. En ce sens, Bruno Benoit écrit avec justesse : « Lyon préfère se livrer à l'ennemi, qui est cependant l'ami des Bourbons, plutôt que d'être livré à lui-même ! »174(*).

Ainsi, le 8 avril 1814, la municipalité lyonnaise reconnaît bien Louis XVIII comme roi de France avant Paris, mais il nous faut comprendre qu'il y a déjà la encore divorce entre ces élites lyonnaises et le peuple de Lyon. En effet, l'épisode des Cent-Jours vient rappeler immédiatement l'assise populaire de l'Empereur en cette ville. Le royalisme ne fait pas l'unanimité sous cette première et pâle Restauration. Dés lors, il n'est pas surprenant d'observer que le 10 mars 1815, le comte d'Artois venu demander aux Lyonnais de résister au retour de l'Aigle, il est accueilli sans ferveur alors que Napoléon, le 13 mars, reçoit un accueil triomphal de la population, canuts en tête, aux cris de « Vive l'Empereur ! Mort aux royalistes ! A bas les prêtres ! »175(*). On retrouve déjà là, toutes les composantes socio-politiques du soulèvement à venir de juin 1817. Lyon est donc toujours en ces années un vivier de forces du bonapartisme populaire que nous avons décrit précédemment. Pour comprendre cette réactivation de ce sentiment, de ce sursaut jacobino-républicain associé à l'Empereur, il nous faut évoquer la désaffection des Lyonnais envers les élites politiques royalistes locales.

I-1.4 La déconsidération croissante des élites royalistes à Lyon

Ce sursaut bonaparto-républicain trouve sa source dans le sentiment de défiance des Lyonnais envers les royalistes locaux, à commencer par leur maire : le comte de Fargues. En effet, Lyon, comme nous l'avons vu précédemment, est infiltrée par les ultras depuis fort longtemps, notamment dans les rouages administratifs et politiques de la ville. Ainsi, très maladroitement le maire ultra, de Fargues, déclare le 7 mars 1815 que Bonaparte est au service des ennemis de la France, alors que ce dernier est à Grenoble. En effet, les élites royalistes lyonnaises ont compris le danger de ce potentiel bonapartiste de la ville. Dés lors sous la seconde Restauration, Lyon demeure une ville à surveiller pour le pouvoir central, et ce malgré le royalisme affiché par une partie de ses élites. Ainsi, pour les royalistes, les descendants des « Chalier » auraient épousé la cause napoléonienne. Bruno Benoit l'affirme en ces termes : « (...) s'est opérée à Lyon, aux yeux du pouvoir central, la confusion entre bonapartisme et tradition révolutionnaire. »176(*). Sur ce point, ils n'avaient peut-être pas tort au regard du mélange des symboliques révolutionnaires et bonapartistes des événements du 8 juin 1817. La conséquence de cette perception des ultras est la forte tutelle administrative pesant sur Lyon où s'entremêlent et parfois se superposent l'autorité du préfet, Chabrol de Croussol, du maire, le comte de Fargues, et du lieutenant général commandant la 19ème division militaire, le général Canuel. Ainsi, les ultras locaux surveillent activement la ville de Lyon. Face à la défiance à peine contenue des classes populaires lyonnaises à leur égard, les royalistes locaux répriment violemment toute manifestation de critique du régime restauré, très souvent en multipliant les accusations de complots en gestation, en tentant en somme de réactiver le spectre de la guerre civile lyonno-lyonnaise. Donc face à cette désaffection populaire des Lyonnais, les ultras locaux vont sévir particulièrement violemment lors de l'épisode de Terreur blanche. Cela nous mène à évoquer l'année 1816 à Lyon, marquée par les violences des ultras, leurs manipulations, mais aussi par la montée en puissance de la figure locale de Camille Jordan, certes royaliste, mais plus modéré puisqu'il rejoindra vite le camp des constitutionnels.

* 173 Bruno Benoit, op.cit, p.48

* 174 Bruno Benoit, op.cit, p.48

* 175 Rapporté par Bruno Benoit, op.cit, p.48.

* 176 Bruno Benoit, op.cit, p.49

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery