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Facteurs de risques et acces aux soins pour le paludisme dans la communauté rurale de Mampatim (Kolda): analyse géographique

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par Boubou Thiam
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal) - Maitrise Géographie 2009
  

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INTRODUCTION GENERALE

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), environ 40 % de la population mondiale, habitant essentiellement dans les pays les plus pauvres, est exposée au paludisme. Cette maladie tue chaque année 1,5 à 2,7 millions de personnes à travers le monde, dont un million d'enfants de moins de cinq ans [OMS, 2003].

Environ neuf (9) cas sur dix (10) concernent l'Afrique Subsaharienne. L'Afrique comptabiliserait prés de 90 % des cas dont la plupart sont des enfants en bas âge et des femmes enceintes.

Ces statistiques sont largement en-deçà de la réalité. En effet, elles ne prennent pas en compte les victimes de la maladie qui décèdent dans les campagnes loin de toutes structures médicales. De plus, on reconnaît aujourd'hui que le paludisme est à la fois une maladie due à la pauvreté et une cause de pauvreté [OMS, 2001]. Autant dire que s'il fallait éradiquer un des fléaux africains, le paludisme arriverait sans doute en tête de liste.

Le Sénégal n'échappe pas à cette maladie. Son profil épidémiologique se caractérise par une endémicité stable marquée par une recrudescence saisonnière et une létalité importante dans les formations sanitaires et dans les ménages [Ndiaye et al, 2007]. A titre d'exemple une morbidité de 1.240.158 cas de paludisme a été enregistrée en 2006, soit un pourcentage de 38 % des motifs de consultation [MSMP/SNIS, 2007].

Conscients de l'impact négatif du paludisme, les chefs d'Etat africains avaient manifesté leur souhait de combattre efficacement la maladie lors du sommet de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) en Juin 1997 à Harare (Zimbabwe). Cette initiative s'est soldée par la ratification, le 24 Avril 2000, de la déclaration du plan d'action d'Abuja (Nigeria) sur le projet « Faire Reculer le Paludisme » (Roll Back Malaria) en Afrique. Lequel projet émane de la proposition lancée en 1998 par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et la Banque Mondiale (BM) convaincus que seule « une approche globale et coordonnée permettrait de lutter efficacement contre la maladie ». Ce plan s'était fixé comme objectifs à atteindre avant fin 2005 :

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au moins 60 % des patients atteints de paludisme aient accès à un traitement approprié dans les 24 heures suivant la survenue des symptômes ;

· au moins 60 % des enfants et des femmes enceintes soient protégés du paludisme par des moustiquaires imprégnées d'insecticide ;

· au moins 60 % des femmes enceintes aient accès à un chimioprophylaxie ou un traitement préventif approprié.

Au Sénégal, la lutte contre le paludisme est du ressort du Programme National de Lutte contre le Paludisme. En marge des engagements d'Abuja, ce programme vise à atteindre les résultats suivants :

· au moins 60 % pour 2005 et 80 % en 2009 des personnes à risque, surtout les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans, puissent bénéficier de la combinaison la plus appropriée des mesures de protection personnelle et communautaire telles que les moustiquaires traitées aux insecticides et d'autres interventions accessibles et abordables pour prévenir l'infection et la souffrance ;

· au moins 60 % pour 2005 et 80 % en 2009 des femmes enceintes aient accès au traitement préventif intermittent, conformément aux recommandations du programme national de lutte contre le paludisme ;

· au moins 60 % pour 2005 et 80 % en 2009 des cas probables ou confirmés de paludisme aient accès à un traitement rapide, adéquat et abordable dans un délai de 24 heures après l'apparition des symptômes conformément aux recommandations du programme national de lutte contre le paludisme.

Cependant, ces actions ont à peine diminué la morbidité proportionnelle palustre au Sénégal. Elle est passée de 35,72 % en 2001 à 33,57% en 2006 [MSMP/SNIS, 2007]. Ce faible rendement peut s'expliquer, d'une part, par le fait que le manque d'information et d'éducation des populations compromet l'efficacité des services sanitaires.

D'ailleurs, le rapport d'activités de 2005 du programme national de lutte contre le paludisme mentionne que « les agents de santé ne parviennent pas toujours à mener des stratégies de prévention. Ainsi, on constate souvent une insuffisance de transfert de compétence des agents de santé aux populations ».

Au demeurant, d'autres difficultés entravent la lutte contre le paludisme. Car nous savons que « les problèmes que pose la protection sanitaire des populations ne peuvent être

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qu'exceptionnellement attribué, à des causes isolées, mais qu'ils sont dus à un ensemble de facteurs qui se conjuguent et influent les uns sur les autres : facteurs sanitaires et nutritionnels, facteurs géographiques, facteurs démographiques, facteurs psycho-culturels, facteurs socio-économiques et facteurs politiques » [Belloncle et al, 1975].

A l'image du pays, la Communauté Rurale de Mampatim, qui est notre zone d'étude, est caractérisée par une forte endémicité palustre. Elle est située dans la région de Kolda, plus précisément dans l'arrondissement de Dabo (cf. carte 1), entre12°52' de latitude nord et 14°60' de longitude ouest. Avec les Communautés Rurales de Bagadadji, Coumbacara, Dabo et Salikégné, elle forme l'un des trois (3) arrondissements du département de Kolda. Elle est limitée à l'Ouest par la Communauté Rurale de Dabo, au Sud et à l'Est par le département de Vélingara et au Nord par la Communauté Rurale de Médina Yoro Foulah. Elle couvre une superficie de 510 km2 et englobe 108 villages et hameaux.

Cette étude qui porte sur les facteurs de risques et l'accès aux soins pour le paludisme dans la Communauté Rurale de Mampatim est appréhendée en terme de relation entre l'homme et son environnement et d'accessibilité des structures sanitaires. La zone d'étude se singularise par une longue saison des pluies qui dure de quatre (4) à six (6) mois. Cette caractéristique climatique, auxquelles s'ajoutent les conditions de vie précaires de la population, fait que la Communauté Rurale de Mampatim offre un cadre idéal de développement des maladies à transmission vectorielle comme le paludisme. La récurrence de la maladie au sein de la population est accentuée par une faible couverture sanitaire obligeant certains malades à rester sur place.

Partant de ces observations, ce Travail d'Etude et de Recherche s'inscrit dans la contribution de la géographie de la santé quant à la connaissance et la compréhension des faits de santé. En effet, « l'apport de la géographie de la santé est plus que la simple addition des soins et de la géographie des maladies, encore moins de leur juxtaposition. Elle vise à mettre en perspective les déterminants naturels et sociaux des états de santé en des lieux donnés » [Salem, 1998].

Ce travail est composé de trois parties :

? la première partie traite des caractéristiques socio-démographiques et économiques et de l'offre de soins dans la Communauté Rurale de Mampatim ;

? la deuxième partie analyse le recours aux soins et la morbidité palustre dans l'espace communautaire de Mampatim ;

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? la troisième partie étudie les facteurs de risque du paludisme et les différentes stratégies de lutte développées contre la maladie dans la Communauté Rurale de Mampatim.

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Carte N°1: Situation de la Communauté Rurale de Mampatim

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Légende

Communauté Rurale de Mampatim Département de olda

Région de Kolda

Carte réalisée par Boubou Thiam Source: Base de données CSE

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I- PROBLEMATIQUE

I.1- CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE

Au Sénégal, le paludisme sévit à l'état endémique et demeure un problème de santé publique majeur. Il représente 35% des motifs de consultation [MSPM, 2006]. Il constitue la première cause de morbidité et de mortalité dans les groupes les plus vulnérables, à savoir les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, mais n'épargne nullement les adultes.

Le complexe pathogène du paludisme exige de l'eau, du sang et de la chaleur [Coz, 1973]. En effet, dans les zones sahéliennes, la transmission est surtout observée en saison pluvieuse mais elle peut se maintenir en saison sèche à proximité des mares plus ou moins permanentes là où se concentre à cette époque la population humaine [Mbaye, 1997].

Ces conditions favorables à la prolifération des moustiques se retrouvent au niveau de la Communauté Rurale de Mampatim. Elle se situe au niveau de la région de Kolda dans la zone soudano-guinéenne caractérisée par une pluviométrie annuelle de 400 à 1200 mm où la transmission du paludisme est plus longue et la prémunition plus précoce. Selon le Ministère de la Santé et de la Prévention Médicale (M.S.P.M), la région de Kolda a le taux de morbidité proportionnelle palustre le plus élevé du Sénégal, 42,67%, loin de la moyenne nationale qui est de 33,57 % [MSPM/SNIS, 2007].

Notre zone d'étude n'est pas épargnée par cette endémie. A titre d'exemple, la présomption palustre est passée de 3.663 cas en 2001 à 5.788 cas en 2005 (Rapports d'activité des postes de santé, 2001 et 2005). Ainsi, la pluviométrie joue un rôle important dans le développement du paludisme. Cependant, d'autres éléments agissent directement ou indirectement sur la prolifération des moustiques vecteurs de la transmission du paludisme.

L'anthropisation du milieu peut se traduire par une modification du réseau hydrographique (barrages, irrigation,...), des couverts végétaux (notamment par la déforestation) et par l'habitat [Niang, 2006]. Les conséquences de ces modifications des espaces naturels se font sentir sur le plan sanitaire. En effet, « dans la plupart des pays sahéliens, l'objectif de l'autosuffisance alimentaire est à l'origine d'une politique de développement des cultures irriguées. A l'instar de ces pays, le Sénégal a mis en place un vaste programme d'aménagements hydro-agricoles (barrages, digues...) visant à résoudre le problème de la sécurité alimentaire liée à une pluviométrie déficitaire chronique. Or, ces aménagements

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peuvent entraîner une perturbation complète des écosystèmes. Ils sont susceptibles d'apporter des répercussions profondes sur les maladies à transmission vectorielle, en particulier le paludisme » [Hervé et al, 1998].

Mampatim fait partie des Communautés Rurales où la Société de Développement Agricole et Industriel (SODAGRI) intervient depuis 1974 dans le cadre du développement rural intégré du bassin de l'Anambé. « La riziculture irriguée fait paraître le risque d'un développement des maladies à transmission hydrique (paludisme, bilharziose...) » [Niang, 1997].

A ces problèmes environnementaux, s'ajoute une difficulté d'ordre biologique particulière pouvant augmenter la transmission du paludisme. On remarque que l'immunité est mal acquise chez les individus. Ce qui se traduit par une apparition récurrente de la pathologie au sein de la population au point que certaines personnes finissent par la considérer comme une fatalité. Des comportements à risques qui rendent pénible la lutte contre la maladie. D'autant plus que les malades ont des difficultés pour accéder aux structures de soins du fait de la faible couverture sanitaire de la région de Kolda.

La fréquence de la maladie renvoie donc à des facteurs aussi bien biologiques, qu'environnementaux, démographiques et économiques. Tous ces facteurs font que la Communauté Rurale de Mampatim constitue un milieu favorable au développement du paludisme.

De ce fait, notre Travail d'Etude et de Recherche essai de savoir :

? Quels sont les facteurs qui peuvent favoriser le développement du paludisme ?

? Quelles sont les zones les plus touchées par la maladie ?

? Quelles sont les populations les plus affectées par la maladie ?

? Quels sont les types de recours aux soins des populations en cas d'accès palustre ?

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci