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Communication via les médias à  base de réseaux

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par Marie-Josèphe Couturas
Université Paris 1 Sorbonne - DEA Sciences Politiques 2000
  

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3 L'économie numérique, une nouvelle économie ?

3.1 Il existe bien une dynamique nouvelle dans l'économie :

Deux points essentiels à remarquer et ne pas oublier : tout d'abord la destruction créatrice est l'essence même du capitalisme, ensuite une notion méconnue, le coût de sortie.

Partout les technologies de l'information apportent dans l'industrie et les services des gains de productivité considérables. Pour certains économistes et consultants, la mise en commun des connaissances dans l'entreprise à travers le développement des réseaux, l'identification, la collecte, le traitement des informations sur les clients et pour les clients, sont désormais au coeur du processus de création de richesse et signerait la naissance d'une "nouvelle économie", dite encore électronique (e-business, e-firms, e-communities) ou numérique (digital economy).

Cette économie existe-t-elle ? Le débat prend naissance aux Etats-Unis qui connaissent depuis 1992 une période de prospérité exceptionnelle. Supérieure à celle des années 1950-1970, la croissance coïncide avec une quasi-disparition du chômage et de l'inflation puis à l'apparition d'un excédent budgétaire. La dynamique a traversé sans coup férir deux crises financières régionales majeures en Amérique latine et en Asie. Les américains se sont interrogés sur les fondements du phénomène et sur ses conditions de durabilité. Alan Greenspan lui-même, chairman de la Réserve fédérale FED a dès 1996 perçu l'originalité de la dynamique. Il ne doute pas que les technologies de l'information sont à l'origine des gains de productivité exceptionnels enregistrés par l'économie américaine pendant plus de sept ans. Grâce à la baisse des prix accompagnant l'amélioration continue des performances des produits, ils ont permis des substitutions capital- travail massives sans contrepartie inflationniste, accroissant la rentabilité du capital, favorisant l'investissement et l'emploi, et valorisant l'épargne placée en Bourse, encourageant ainsi la consommation. Il y avait urgence à étendre rapidement aux autres zones économiques le modèle de croissance et les marchés des nouvelles firmes.

Cette analyse place les gains de productivité dans l'industrie au centre de l'explication de la nouvelle croissance, et produit alors une dynamique quasi homogène d'économies d'échelle dans l'ensemble de l'industrie, et la question de savoir si nous assistons à une "nouvelle économie" se pose sur le plan local.

Toujours selon Greenspan, il ne fait aucun doute que "les innovations les plus neuves que nous appelons technologies de l'information, commencent à changer notre manière de faire des affaires et de créer de la valeur", Internet en étant à la fois le vecteur et le symbole. Le phénomène est un véritable défi à la réflexion économique, aggravé par le fait que les analystes vivent de la volatilité des cours et du rythme des introductions en Bourse. La nouvelle économie ou mieux, l'économie numérique, ouvre alors un forum dans lequel politiques, économistes et financiers, consultants, chercheurs et journalistes élaborent des discours plus ou moins neutres sur un mécanisme de croissance dont le point de consensus est qu'il résulte de la diffusion dans l'industrie de gains de productivité majeurs associés aux technologies de l'information.

Dans le cas d'une banque de réseau, c'est l'historique de la relation entre client et banquier qui sous-tend l'efficacité de la prestation bancaire. Pour optimiser sa marge et minimiser son risque, sur la vente d'un crédit par exemple, le banquier doit connaître le mieux possible les antécédents de son client.

On en déduit que la transmission de ces informations à une autre banque a, pour le client, un coût (coût de transmission, perte d'efficacité bancaire), d'où l'effet de réseau.

On peut parler de verrouillage informationnel, processus dynamique qui s'enrichit de toutes les relations entre le client et le fournisseur de services, dès lors que le fournisseur est capable de valoriser les informations en ventes additionnelles et rétrocessions d'avantages au client, avec exemptions de frais (exemple, de découverts, rabais personnalisés, vols en avion gratuits, primes de club) élevant le coût de sortie du client fidélisé.

Les réseaux s'appuient sur des infostructures physiques, qui peuvent être des guichets, employant du personnel en charge de la relation client. Ce dispositif entraîne une organisation industrielle spécifique, des chaînes de commandement et de contrôle, des conventions collectives. Cette base est désormais menacée par les technologies de l'information, qui proposent d'autres formes d'interface client, centres d'appel et site d'achat en ligne, aux coûts d'exploitation inférieurs et aux méthodes de traitement de l'information plus systématiques. Le verrouillage peut être rompu par les gains de productivité affectant le réseau. La concurrence ouverte par le commerce électronique repose sur des structures allégées de coûts de construction et d'exploitation de réseaux permettant bien souvent, plus efficacement que par l'interface physique traditionnelle, d'établir un verrouillage informationnel. Les réseaux ont intérêt à s'étendre, à s'interconnecter, s'échanger du trafic, dégrouper des actifs, croiser du capital. En développant des centres d'appels et des services en ligne, les fournisseurs deviennent multicanal et valorisent dans plusieurs directions leurs actifs informationnels. On retrouve là des dynamiques analogues à celles des opérateurs de télécommunications.

Les marques comme les médias à travers lesquels elles communiquent, sont des flux d'information univoques. En ajoutant de l'information au produit, éventuellement du symbole, de l'image, le consentement à payer du client augmente. Une rente de marque est partagée entre celle-ci et le distributeur. La maîtrise par le distributeur de l'accès au client et du feed-back informationnel créé le risque que la publicité dépensée pour la marque profite avant tout au distributeur. Le réseau actuellement amplifie ce risque en ouvrant des alliances entre les médias et distributeurs autorisant la vente en ligne des produits vendus par la publicité mais permet aussi de le circonscrire. Les marques deviennent interactives : elles peuvent utiliser leur communication pour se constituer en réseau donc élever le coût de sortie du client. La distribution cesse d'être l'aval d'une filière : c'est un élément interconnecté d'un réseau. Toute marque génératrice de trafic a vocation à devenir un portail, noeud organisationnel qui va permettre la délivrance (délivraison) de l'information dans les conditions définies : ISP, médias, banques, distributeurs, marques de luxe, centres de recherche etc. C'est par la personnalisation et le développement des services que les portails verrouillent leurs systèmes. Une relation de confiance intime s'établit, ce qui suppose aussi le respect de la confidentialité des informations, la sortie d'un portail peut devenir très pénible.

Certaines firmes ont des réseaux spécialisés leur permettant de capter des différentiels de prix dans l'espace et dans le temps. L'abaissement des coûts de réseau permet désormais aux particuliers d'enchérir en ligne pour un spectre de produits sensiblement élargi. Ce processus ne concurrence pas les traders historiques dont il accroît plutôt le volume d'affaires et améliore la liquidité des marchés.

L'essence de l'économie numérique est d'établir une concurrence entre firmes fondée sur de forts différentiels de productivité dans la gestion des réseaux. La compétition entre firmes vise alors à capter le plus grand nombre de clients possibles au sein des réseaux concurrents mais aussi complémentaires. Les clients, l'information commerciale qu'ils véhiculent et les nouveaux réseaux (communication, gestion de données, logistique) capables de les capter deviennent l'actif principal des entreprises, du moins celui dont la valeur augmente le plus rapidement. Les technologies de l'information forment le réservoir de gains de productivité qui alimente ce processus et permet l'émergence de nouvelles firmes. Les pratiques d'interconnexion, de fusion de réseaux issues de l'industrie des télécommunications, s'étendent désormais à l'ensemble des secteurs.

Ce processus n'échappe pas aux outils d'analyse forgés dans l'économie prénumérique. L'efficacité avec laquelle le codage binaire de l'information et sa circulation accélérée dans les réseaux à haut débit valorisent le verrouillage informationnel des clients est nouvelle. Si, dans l'économie mondialisée, les firmes de réseaux deviennent la règle et le client verrouillé leur actif majeur, il est probable qu'un certain nombre de représentations de l'économie sont appelées à évoluer rapidement.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus