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Communication via les médias à  base de réseaux

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par Marie-Josèphe Couturas
Université Paris 1 Sorbonne - DEA Sciences Politiques 2000
  

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8 Démocratique, la révolution des réseaux ?

La réalité, c'est que le cyberespace, comme tout espace social, est un mélange de valeurs qui s'affrontent et de paramètres contradictoires. Nous sommes juste au milieu non d'une révolution de la communication ou de l'information comme l'appelle les experts, mais d'une révolution du pouvoir.

En utilisant les réseaux qui leur sont accessibles, les individus découvrent une nouvelle voie pour prendre le pouvoir détenu jusqu'alors par ces grandes institutions que sont les gouvernements, les entreprises et les médias. Des courants tels que la personnalisation, la décentralisation et la "désintermédiation", le contournement des intermédiaires, permettent déjà d'avoir plus de contrôle sur la vie quotidienne, les hiérarchies s'aplanissent et le pouvoir descend vers l'utilisateur final. Les processus de prise de décision sont en pleine mutation.

Les communications sont désormais facilitées avec la famille, les amis et même les étrangers à l'autre bout de la planète, mais le système n'est pas parfait (ex : les interruptions en cas de catastrophe naturelle existent). Nous disposons de plus en plus quand et comme nous le voulons d'informations diverses et variées. Les transactions commerciales via les réseaux sont rendues moins coûteuses car les courtiers et les intermédiaires sont contournés. De nouvelles formes d'engagement et d'organisation politiques sont possibles; elles sont sources d'une mobilisation qui a fait ses preuves par exemple dans le cas des activistes, de Belgrade au Chiapas en passant par le Tibet avec l'usage de sites web globaux et de listes de diffusion de messages. Aterritorialité qui permet de défendre son territoire et sa liberté.

Les réseaux interconnectés permettent de transcender les limites de la géographie et des contextes locaux pour faire de nouveaux bonds sociaux. Les vies humaines sont également enrichies par la possibilité d'apprendre et d'explorer avec un niveau de profondeur jamais atteint auparavant. Moyennant l'obtention d'un accès pour tous, et si tout le monde optimise correctement l'usage du réseau, la révolution du pouvoir pourrait bien réussir à renforcer les individus et la démocratie, comme les "cyberutopistes" le prédisent. Le changement de pouvoir qui s'opèrent peut générer de vrais dangers pour l'individu et pour la société. Il est possible d'imaginer quelques uns des scénarios possibles :

- Griserie: amenée par la prise du pouvoir détenu par les politiciens accusés d'être trop souvent corrompus, les intermédiaires trop coûteux et les géants de la presse à sensation, aller trop loin au risque de perdre de vue les bons côtés des régimes démocratiques républicains, la qualité que les intermédiaires apportent aux produits et services, la valeur que les journalistes transmettent en vérifiant l'intégralité de leurs informations.

- Hébétude: séduits par le confort de la vie en ligne, le risque est grand d'oublier que rien ne remplace le contact en face à face, avec des amis, des voisins, des professeurs, des collègues de travail, des citoyens, et le plaisir subtil dû au hasard des rencontres, rétrécissant les horizons individuels et privant d'opportunités intéressantes de vie, d'échanges humains.

-Prise au piége de l'interactivité: enthousiasmés par la sensation d'une liberté sans limites avec cette nouvelle vie de branché, ne pas voir de quelle façon les grandes institutions, surtout les entreprises, influencent toujours et même réduisent nos choix. Cliquant naïvement dans l'univers virtuel l'être humain pourrait croire qu'il est maître de sa destinée, alors qu'en fait, ce qui lui est offert en ligne est principalement sous-tendu par des objectifs de profit. Pis encore s'il ne remarque pas que des droits aussi fondamentaux que la liberté d'expression et la protection de la vie privée se retrouvent plus ou moins subtilement limités.

-Motivé par le désir légitime de simplifier son existence et d'entretenir des relations avec des personnes du même milieu, risquer sans le vouloir d'augmenter la fracture sociale et le déclin de l'Etat- nation. En ligne, probablement utiliser des technologies de filtrage élaborées pour éliminer les messages et informations non désirés, y compris ceux qui sont pourtant les clés pour une culture politique ouverte. Hors ligne, l'écart entre ceux qui possèdent les informations et les autres risque d'augmenter. Avec moins d'expériences et de sources d'information partagées, les citoyens ressentiront moins de points communs et d'obligations envers leurs semblables.

Le nouveau contrôle individuel offert par la technologie peut être aussi bien l'élément le plus prometteur de notre nouveau monde en ligne que le plus décevant.

Les réseaux ne sont pas par essence démocratiques. En fait, l'impact social et politique du Net par exemple dépend entièrement de la façon dont les usagers s'en servent.

La liberté sans contrainte n'est plus une liberté démocratique. Les gouvernements ont un rôle à jouer pour contrôler les frontières électroniques, résoudre les conflits, promouvoir la concurrence et la croissance et en particulier garantir que les bénéfices de la révolution du pouvoir soient aussi larges que possible.

Protéger les droits de chacune des parties impliquées dans ces nouvelles formes de communication doit permettre de préserver la liberté d'expression en ligne, la vie privée et la défense des consommateurs. Les réseaux peuvent être utilisés pour renforcer la société civile et la sphère publique, en créant des espaces pour les communications sans entraves et non commerciales, en fortifiant les coopérations et en préservant les cultures minoritaires.

Les communautés virtuelles et l'exploration en ligne peuvent être très satisfaisantes et sources d'un fort enrichissement culturel, en particulier pour ceux que les interactions sociales du monde réel effraient d'autant plus s'ils vivent dans un environnement répressif, mais les réseaux doivent être utilisés pour renforcer les communautés d'intérêt et non pour les laisser à l'écart.

Face à cette révolution des circuits de décision, les individus doivent rééquilibrer leur nouveau pouvoir avec leurs responsabilités envers la société dans son ensemble. La préservation de la liberté d'expression dans le cyberespace, par exemple, dépendra non seulement de l'abrogation de certaines lois qui peuvent s'avérer inadaptées, ou de l'interruption de poursuites judiciaires inadéquates contre les fournisseurs d'accès, mais aussi de la conduite des individus et des entreprises. Il est nécessaire de garder à l'esprit que le cyberespace, la société en réseau, n'est qu'une brique en construction et que d'autres concepts fondamentaux dont nous avons pas encore l'idée viendront naturellement à sa suite.

La liberté d'expression et la démocratie en général, peuvent s'épanouir à l'ère des ntic mais seulement si chacun fait les sacrifices requis, c'est-à-dire travaille à préserver une sphère publique dédiée à l'interaction entre les citoyens, sans succomber aux illusions du cyberespace ni à la séduction du contrôle individuel total, et si chacun s'engage à utiliser la technologie pour favoriser la diversité et l'interdépendance, en évitant l'exclusion et l'intolérance. Les réseaux ne seront démocratiques que parce qu'ils auront été construits ainsi.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway