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Le Réseau Formation Fleuve au Sénégal : pour une régulation participative de l'offre de formation agricole et rurale

( Télécharger le fichier original )
par Xavier MALON
Université Toulouse 1 Sciences sociales - Diplôme d'Université - Ingénierie de formation et des systèmes d'emploi 2007
  

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III.2.1.2.3- Les enjeux

L'appréhension des enjeux est nécessaire pour rendre compte de l'implication des acteurs, tout au moins si l'on se place dans la perspective d'un changement à accompagner.

Nous opérerons d'entrée de jeu une distinction nette entre les enjeux « affichés », relevant de l'organisation RESOF, et les enjeux spécifiques propres à ses membres, que révèle leur décision de matérialiser leur appartenance à travers leur adhésion.

S'agissant des seconds, l'exercice n'est pas aisé car nous pourrions assez facilement répartir l'ensemble des organisations membres en une douzaine au moins de catégories d'acteurs selon les buts qu'ils poursuivent (au moins de par leur statut).

Privés (bureaux d'études, conseil)

Associations de dév. local

Dispositifs de formations paysannes

Ecoles et CF publics

Organisations professionnelles

projets

Centres de formation privés

Services étatiques d'appui

Centres de formation interprofessionnels

ONG

Sociétés régionales de dévt

Réseaux thématiques

Là également, des entretiens de compréhension permettront dans un avenir proche de cerner plus précisément leurs attentes et stratégies respectives, à court terme et à long terme.

Enfin, il n'est pas interdit de penser que les enjeux généraux affichés et les enjeux particuliers plus ou moins cachés puissent se recouper selon les acteurs, et selon les périodes.

La difficulté de démêler l'écheveau des interrelations, des interactions et des stratégies émanant de quarante cinq organisations aux profils très variés s'apparente à un casse-tête chinois (les plus compliqués), sans compter les stratégies individuelles qui peuvent différer au sein de ces mêmes organisations.

Au plan de la première catégorie d'enjeux, ceux pour lesquels l'entité RESOF oeuvre au quotidien, la visibilité n'est pas aussi parfaite que nous pourrions l'espérer de prime abord.

Nous avons eu à en faire cas lorsque nous nous sommes attachés à montrer la diversité des finalités et objectifs poursuivis, et leur relative fluctuation dans le temps.

Entre :

· la mise en réseau de compétences, pour faire jouer les complémentarités et proposer une réponse-formation globale,

· un cadre de concertation, de réflexion et d'échanges entre professionnels de la formation,

· la régulation, pour assainir le secteur, piloter la rationalisation de l'allocation des financements qui le drainent et tendre vers une meilleure adéquation de l'offre à la demande de formation des ruraux,

...le grand écart semble difficilement contournable.

Il est tentant (et sans doute trop facile) de faire le parallèle avec le jeu des chaises musicales : nul ne sait quand s'arrêtera la musique, mais chacun n'a qu'une préoccupation en tête, celle de batailler ferme pour trouver au final une place assise afin de ne pas se faire éliminer prématurément.

Cette stratégie de positionnement produit nécessairement une dynamique ; en revanche, elle peut représenter une masse d'inertie redoutable dès lors que certains termes apparaissent porteurs de danger, à tort ou à raison.

Il en va ainsi de la régulation, surtout lorsqu'on lui accole les expressions « certification » ou « agrément », qui peuvent à juste titre provoquer la crainte d'un bureau d'études ou d'un consultant, dont la vente de prestation formation est son gagne-pain.

Cette inquiétude peut également peser sur des enseignants du secteur public, nombreux à intervenir en « freelance » au gré des opportunités.

Dans un autre registre, la recherche de synergies entre des compétences (publiques et privées, qui plus est) jusque là en situation de concurrence sur le marché relève d'un équilibre subtil et instable ; tant que sa réalité n'a pas été éprouvée, l'espoir d'une relation gagnant-gagnant cède le pas au statu quo, par crainte d'y perdre.

La satisfaction du statu quo ne représente certes pas la panacée, mais elle nous semble cependant traduire un consensus dont s'accommodent bon nombre des membres du réseau.

L'approche douce annihile la défiance, produit de la confiance et du dialogue, et à terme de la transparence ; l'appartenance à un réseau d'envergure peut être source de légitimité voire de prestige pour les organisations les plus petites, elle procure dans tous les cas une « carte de visite ».

Les relations développées et le carnet d'adresses mis en commun peuvent être source d'opportunités, tant pour les offreurs de services que pour les acteurs situés du côté de la demande, ou encore pour certaines structures d'intermédiation ou d'appui dans le développement rural, comme dans le développement local.

La demande enfin, en côtoyant l'offre de services plurielle, peut parfaire son information et opérer une présélection discrète en vue de futures décisions.

Ces aspects positifs ne sont pas négligeables, on peut seulement leur reprocher d'être difficilement mesurables. Finalement, chacun y trouve, peu ou prou, ce qu'il est venu chercher mais l'intérêt collectif, sur un plan plus « macro », reste mal quantifiable car le pas de temps gomme les avancées, comme le ferait une fonction de lissage pour une courbe.

Un des champs d'action les plus fédérateurs, et le plus facile à mettre en oeuvre, consisterait dans ce contexte particulier à mobiliser des ressources (ce qui ne signifie pas ses ressources propres, issues des adhésions) pour développer des actions de renforcement de capacités au service de ses propres organisations membres ; les avantages sont quadruples :

1) - Satisfaction des bénéficiaires directs,

2) - Consensus général (une formation ponctuelle ne représente pas un danger pour l'avenir),

3) - Génération d'activités, mobilisatrice : il se passe quelque chose,

4) - Justification « visible » de la pertinence de la structure, qui est en mesure d'offrir des services à ses membres.

Nous verrons un peu plus tard l'application concrète de ce principe, sous la forme de plans minimaux de formation des producteurs (notamment).

Nous terminerons ce tour d'horizon relatif aux enjeux multiples, nous avons tenté d'en rendre compte, en nous intéressant aux acteurs extérieurs au RESOF, mais occupant une position institutionnelle privilégiée ; nous aborderons notamment le cas des Conseils régionaux (quatre sont directement concernés par la zone d'action du réseau) et des services déconcentrés des ministères sectoriels en charge du développement rural et de l'éducation.

Le conseil régional a vocation à élaborer et conduire une politique de formation, à l'échelle de la région administrative. Or, si la « mécanique » très centralisée du dispositif Education Nationale lui échappe en grande partie pour la dimension éducative, en revanche la formation professionnelle, très éclatée entre de multiples acteurs institutionnels et non institutionnels, n'apparaît pas être mieux prise en charge à son niveau.

Au cours d'un entretien récent auquel participait l'animateur du RESOF, le Secrétaire général du conseil régional de Saint-Louis nous a fait part de l'intérêt qu'il portait à l'élaboration d'une future « carte scolaire » de la formation professionnelle, notamment dans sa composante rurale, la plus dispersée et donc la moins connue.

Ce cadre paraissait désireux de travailler avec le réseau dans ce sens, au moins pour un début de collaboration. Nous avions noté que cet acteur clé ne connaissait pas le RESOF, bien que ses services aient été démarchés à plusieurs reprises au cours des années précédentes (de même que l'Agence Régionale de Développement).

Nous avons également souvenir du discours prononcé par le vice-président de celle collectivité, à l'occasion d'un atelier sur la mise en place d'un pilotage régional de la FAR dans la Vallée organisé par le RESOF en décembre 2004.

Au cours de l'entretien évoqué plus haut, il nous avait semblé symptomatique que nos interlocuteurs confondent à plusieurs reprises le RESOF et le CIFA (qui l'héberge) ; nous aurons d'ailleurs l'occasion de revenir sur ce point.

Les relations entre l'organisation et les trois autres conseils régionaux ne paraissent pas davantage suivies ; pourtant, l'objectif d'impliquer fortement les élus locaux dans le pilotage et le financement de la FAR, grâce à l'action du RESOF, est déjà ancien.

Ainsi, au chapitre Perspectives, qui conclut le bilan réalisé par le Bureau d'Appui à la Coopération sénégalo-suisse, pour la phase 1999-2002, on peut lire que les conseils régionaux de Saint-Louis et de Ziguinchor sont impliqués dans la mise en place des pôles régionaux de formation.

S'agissant des services étatiques déconcentrés, ou même des chambres consulaires, la situation est comparable ; citons parmi ceux-ci les Directions Régionales du Développement Rural, les Inspections Régionales des Services Vétérinaires, les Services Régionaux des Eaux et Forêts, et l'Inspection d'académie.

La logique d'un réseau de ce type, par essence souple et informel, nous empêche de leur reprocher de rester à l'écart, c'est à dire de ne pas intégrer le réseau. Cependant les interactions pourraient être nombreuses dans le champ des formations rurales, et plus largement dans le domaine du renforcement de capacités.

En réalité les moments de dialogue sont rares et, au quotidien, ces services ignorent superbement la présence du RESOF en tant qu'acteur du territoire, même s'il leur arrive de répondre ponctuellement à une invitation ; nous notons d'ailleurs que l'initiative des contacts est souvent à sens unique.

Deux explications peuvent être avancées ; ces différents services doivent déjà gérer leurs propres contraintes de fonctionnement et de positionnement dans la logique de recentrage de l'Etat sur ses missions « régaliennes ».

La seconde hypothèse tient peut être à ce que l'intérêt de développer un nouveau partenariat ne leur apparaît pas évident.

Même si l'ambition du RESOF se limitait aux échanges de pratiques entre ses membres (ce qui n'est pas le cas) pour permettre à chacun de progresser, nous ne pourrions malgré tout que nous étonner du caractère aussi ténu du tissu relationnel développé par le RESOF avec les autres systèmes de son environnement qui sont sources d'interdépendances fortes dans le territoire : financements, aspects réglementaires, orientations politiques.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand