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Education des enfants et société:relations complémentaires ou conflictuelles. Interroger la conscience de l'éducateur face à la société

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par Anne-Carole Boquillon
Université de Tournai - Graduat éducateur spécialisé 2008
  

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5 CONCLUSION

Nous en sommes à l'heure où on recherche comment faire pour rendre nos enfants heureux mais les excès sont bien évidement présent. La preuve en est par le nombre croissant de thérapies et la recherche de la solution miracle, pour irradier les différents symptômes.

Les termes  « troubles obsessionnels compulsifs » et « troubles du comportement alimentaire », par exemple, sont des termes qui enferment le sujet dans des concepts simplistes et réducteurs. Certes, le symptôme sera éradiqué, mais les causes profondes de la souffrance ne seront toujours pas perçues par le sujet, qui demeurera toujours dans une ignorance totale quant à son fonctionnement psychique. Un symptôme qui n'a pas été compris en profondeur se manifestera à nouveau sous une forme ou une autre. Les causes de l'hyperactivité, qui est un mot dénué de sens, sont tout à fait autres que ce que ce concept ne le laisse entrevoir. Les causes profondes ne peuvent être perçues si, avant même de recevoir  le patient, le thérapeute lui a déjà conceptualisé son problème. Votre enfant a un comportement qui correspond à l'hyperactivité, il est donc hyperactif. Il n'y a eu, dans ce contexte, aucune place à l'écoute et à la souffrance. Il n'y a eu qu'un personnage qui, tel un ordinateur savant, a posé un diagnostic rudimentaire et réducteur.  

La psychologie se distingue donc sans conteste de l'image qui est véhiculée dans les médias actuellement. Le comportementalisme s'inscrit dans une époque où seules les démarches pouvant mener à un bonheur futile, illusoire et immédiat sont mises en exergue. Nous sommes dans l'ère du coaching, de la quête du maître, de celui qui nous aidera et nous guidera. Toutes ces démarches s'inscrivent corrélativement dans un investissement de plus en plus important de l'homme dans le matériel, tout en manifestant de plus en plus d'exigences au niveau de ses désirs, au détriment de l'être qui lui se trouve réifié chaque jour davantage.

L'essentiel reste de savoir comment l'enfant peut parler des difficultés auxquelles il se heurte. Dans le choix actuel de notre société, l'enfant, traité comme un corps dérangeant à rééduquer, à réadapter, à guérir chimiquement, demeure le grand absent. On doit se rendre à l'évidence que la place qu'il occupe et ce qu'il a à dire de son histoire singulière n'intéressent pas. Ce qui constitue le paradoxe de notre société actuelle où le discours ambiant tendrait à nous faire croire l'inverse et dans laquelle l'enfant roi est susceptible de tout entendre !

« Pourquoi avons-nous si peur du jugement critique des enfants, alors qu'ils ne deviendront jamais eux-mêmes s'ils n'ont pas critiqué leurs parents, soumis aux mêmes lois qu'eux ? »23(*)

Les parents craignent les réactions de l'enfant. Chacun connait la loi qui le concerne, même les enfants qui l'ont apprise à l'école, ou par des campagnes d'information. Les parents, ont de ce fait là, la crainte, que s'ils se montrent « trop autoritaires », que l'enfant puisse en parler autour de lui et qu'ils soient étiquetés comme « mauvais parents ».

Mais ils ont surtout la crainte de perdre leur objet d'amour. En étant autoritaire, ferme sur leurs décisions en contradiction avec leur enfant, celui-ci pourrait cesser de les aimer et prendre son indépendance d'une manière ou d'une autre.

L'enfant, qui de nos jours est le centre de l'intérêt, pour lequel on sacrifie beaucoup de chose pour faire son bonheur, que l'on désire protéger des malheurs, de la souffrance, risquerait de nous tourner le dos et de couper les ponts.

« Perdre l'objet d'amour », vous n'avez jamais entendu ça ? Si bien sûr, mais le plus souvent lorsqu'on vous parle d'un enfant qui craint de perdre l'amour de ses parents. Comme si les parents retournaient en enfance, un retour à leurs origines. Ne serait-ce pas justement parce qu'on responsabilise de trop l'enfant, qu'il est porteur de tant d'intérêt que les parents retrouvent des réactions enfantines ? On pourrait presque penser qu'il y a eu un échange des rôles adulte/enfant !!!!

Que dire de cette hyper-protection de l'enfant ? Celui-ci ne risque-t-il pas d'être face, plus tard dans la vie, à des problèmes que ses parents ne pourront pas résoudre ? Ne sera-t-il jamais confronté à la réalité de la vie ? Avons-nous oublié, dans notre dévouement la raison principale de l'éducation ?

Ils ont besoin de stabilité, de règles, de références pour leur avenir, de savoir faire la différence avec leur futur enfant, pour leur vie sociale, leur équilibre.

A force de toujours vouloir placer l'enfant au centre des préoccupations, n'aurait-on pas falsifié le développement de celui-ci ?

L'enfant, sous le couvert de toutes ces lois, et de la reconnaissance de la psychologie de l'enfant, n'a-t-il pas bénéficié de trop de pouvoir ? N'a-t-il pas perdu sa place d'enfant en étant très souvent considéré comme l'égal d'un adulte ?

« N'est-ce pas l'exagération d'une certaine conduite éducative qui consiste à tenter de nous montrer toujours sous notre meilleur jour plutôt que de parler et d'assumer nos faiblesses ? »24(*)

En effet, dans la société actuelle, beaucoup de choses sont en lien avec le semblant. Il faut toujours « avoir l'air » d'être bien, bien élevé, poli, conforme aux règles. L'erreur ne semble plus permise.

Or, quand on se rend compte d'une de nos faiblesses, on ne peut l'avouer ou on ne le veut pas. Perdre la face serait une catastrophe. Que penserait l'opinion publique et surtout comment nos enfants pourraient accepter l'idée que leurs parents n'arrivent pas eux-mêmes à être parfait alors qu'ils les poussent, eux encore enfants et innocents, sans responsabilité, à être bon à l'école, à montrer qu'ils sont bien élevés, bien intégrés dans la société, etc.

Il faudrait peut-être accepter l'idée que l'être humain parfait n'existe pas et n'existera jamais. Du moins tant qu'il s'agira de vrais êtres humains et non de robots. La société actuelle recherche la perfection de ses citoyens. Chaque pays souhaite être le meilleur, la référence par rapport aux autres pays. N'y-a-t-il pas des concours, des études, des statistiques et des analyses de résultats de l'éducation, de la santé mentale et physique, de l'économie même parfois sous la fausse preuve d'intérêt politique mondiale sur le réchauffement planétaire pourtant crucial ?

Je n'ai pas désiré faire, dans mon travail de fin d'études, une comparaison entre différents pays. Que ce soit la Belgique, la France, les pays scandinaves, ainsi que tous les autres pays industrialisés, tous rencontrent le problème de l'éducation. Mais mon refus se situe surtout au niveau de la compétition mondiale qu'ils se font afin de savoir qui est le meilleur, qui a développé le meilleur système d'éducation, les meilleures méthodes pédagogiques, etc.

A mes yeux, ces compétitions faussent complètement l'intérêt de notre évolution sociale. L'éducation de nos enfants n'est pas un enjeu financier mais l'expression d'une volonté humaine de construire des relations sûres et durables.

Prendre le temps de s'occuper d'un enfant. Ce ne sont pas la télévision, les jeux vidéos, etc. qui le feront évoluer. C'est la promiscuité, l'échange, la complicité avec sa famille qui lui permettront d'ouvrir grand ses yeux sur le monde. Il sera curieux de découvertes, de connaissances, et trouvera toujours une envie d'avancer. Un désir derrière lequel il sera toujours en train de courir.

Nous sommes arrivés à un tel point de difficultés de langage, en français notamment, que les professionnels de la langue française ont décidé de simplifier la langue : en supprimant certains accents, en modifiant certaines règles (le « s » de mathématique(s) par exemple). En faisant cela, en s'adaptant à la nouvelle génération en difficulté, ne fait-on pas un affront aux racines de notre langue ? N'oublie-t-on pas l'histoire de nos mots et, par la même occasion, notre histoire ? En adaptant et en facilitant l'apprentissage, faisons-nous réellement un acte bénéfique pour les enfants ? Ne leur simplifie-t-on pas, une fois de plus, la vie en écartant les obstacles (pourtant bénéfiques à la construction de l'identité).

Il ne faudrait pas élever nos enfants de la même manière que nous avons été élevé, ni vouloir leur inculquer nos connaissances, notre savoir ; ils sont nés dans un monde différent de celui où l'on est né, c'est une génération différente de la nôtre.

Ne pas être pressé de les voir grandir, ne pas tout faire pour qu'ils sachent tout, tout de suite. Il faudrait leur laisser le temps de grandir à leur rythme, afin de favoriser leur épanouissement personnel.

En tant que future éducatrice, je souhaite avant tout, par l'intermédiaire de ce travail, ne pas me retrouver dans certaines situations décrites, comme dans le rôle de l'éducateur totalitaire, par exemple. Dans ce métier, il me semble que la place la plus importante doit être donnée à la tolérance, qui permet d'accepter les autres comme ils sont, malgré leurs faits et gestes, et de toujours croire que l'erreur est humaine, qu'une seconde chance existe, et que tout à chacun est libre de choisir sa voie.

Ce travail de fin d'études pourrait ne jamais être terminé. Il y a de nombreux sujets que je n'ai pas abordés, d'autres que je n'ai pas approfondis. Il ne m'était pas possible de tout regrouper dans ce travail, et dans une même idée, le nombre de pages dans ce cas-là aurait fait fuir le lecteur. Les sujets que j'ai ainsi abordés sont une sorte d'exemple pour illustrer mon propre ressenti vis-à-vis de l'éducation face à la société.

Puissions-nous toujours être en harmonie avec notre conscience.

« Etre libre, ce n'est point pouvoir faire ce que l'on veut, mais c'est vouloir ce que l'on peut. »
Jean Paul Sartre

* 23 Caroline Eliachefff, « à corps et à cris » « être psychanalyste avec les tout-petits »

* 24 Caroline Eliachefff, « à corps et à cris » « être psychanalyste avec les tout-petits »

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault