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La cohésion sociale en France et au Maroc

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par Othman GAGA
Université Mohammed V Souissi - Licence en gestion, option: finance des entreprises 2008
  

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2.3.1. Historique des banlieues:

Au XIXe siècle, la révolution industrielle a développé les villes. Les terrains se situant au centre-ville deviennent de plus en plus chers, les populations les plus démunies ont été obligées de quitter les villes et de s'installer dans les périphéries. On parle alors de la ségrégation des populations pauvres : « L'extension des grandes villes modernes confère au terrain dans certains quartiers, surtout dans ceux situés au centre, une valeur artificielle, croissant parfois dans d'énormes proportions ; les constructions qui y sont édifiées, au lieu de rehausser cette valeur, l'abaissent plutôt, parce qu'elles ne répondent pas aux conditions nouvelles ; on les démolit donc et on les remplace par d'autres. Cela a lieu surtout pour les logements ouvriers qui sont situés au centre et dont le loyer, même dans les maisons surpeuplées, ne peut jamais, ou du moins qu'avec une extrême lenteur, dépasser un certain maximum. On les démolit et à leur place on construit des boutiques, des grands magasins, des bâtiments publics... Il en résulte que les travailleurs sont refoulés du centre des villes vers la périphérie, que les logements ouvriers, et d'une façon générale les petits appartements, deviennent rares et chers et que souvent même ils sont introuvables. Car, dans ces conditions, l'industrie du bâtiment, pour qui les appartements à loyer élevé offrent à la spéculation un champ beaucoup plus vaste, ne construira jamais qu'exceptionnellement des logements ouvriers »( Frédéric Engels, 1873)

En France, les premières prémices des banlieues débutent en 1894, date de la loi Siegfried, encourageant la construction des habitations à bon marché [HBM] assurée par des sociétés de droit privé. L'intervention directe de l'Etat en matière d'aménagement urbain est esquissée à partir de 1928, période de l'entre-deux-guerres, avec d'une part la loi Sarrault en mars qui lutte contre l'urbanisation anarchique qui caractérisait à l'époque les banlieues et d'autre part la loi Loucheur en juillet qui finançait la construction de 200 000 HBM et de 60 000 logements destinés à la classe moyenne.

Après la seconde guerre mondiale, la France connaît un énorme chantier de reconstruction. Une demande pressante se fait sentir dans le secteur du bâtiment. Bénéficiant d'une large ligne de crédit grâce au plan Marshall, l'Etat relance le secteur du bâtiment. La loi du 3 septembre 1947, crée les logements à loyers modérés [HLM] remplaçant ainsi les HBM et élargit le réseau des sociétés de crédit immobilier [SCI] pour l'accession à la propriété. Une large série de construction de « grands ensembles » s'effectue à la hâte sans accorder

d'importance au long terme. En effet, entre le début des années cinquante et le milieu des années soixante-dix 7 millions de logement sont édifiés. Les superficies étaient donc considérables, il fallait tout naturellement trouver des terrains à bas prix, et par voie de conséquence, les nouvelles constructions étaient éloignées des centres urbains.

La période de rénovation urbaine coïncide avec la reprise de l'immigration visant à combler la carence de la main d'oeuvre. La rénovation urbaine a pour mission de moderniser l'habitat « populaire », en éradiquant les taudis. Les « grands ensembles » sont considérés comme une promotion sociale pour les ménages modestes. A partir de 1961, des programmes sociaux de relogement [PSR] sont crées, les premières « cités de transites » sont crées pour accueillir « provisoirement » les familles les plus vulnérables principalement les familles maghrébines. Ces familles issues de l'immigration sont victimes de plusieurs traitements discriminatoires. Car elles représentaient, semble-t-il, une menace pour les projets de rénovation urbaine. « La stratégie visant à élever la valeur sociale et symbolique de la commune, c'est-à-dire à opposer au stigmate de la banlieue prolétaire une représentation plus digne de la condition ouvrière, suppose en effet de construire une bonne image du groupe. (...) Or, massivement embauchés comme OS et manoeuvres, les immigrés appartiennent aux fractions les plus déqualifiées et les moins considérées du groupe ouvrier et sont éloignés du modèle de respectabilité ouvrière que les élus défendent, en raison de leurs conditions de travail et d'existence mais aussi de leur statut d'immigrés et de leur mauvaise réputation héritée de la colonisation. D'une certaine manière, ils contreviennent au but poursuivi de promotion collective de la classe ouvrière»( Olivier Masclet, 1975)

Dans les villes ouvrières comme celle de Gennevilliers, les offices HLM réservent dans un premier temps en priorité les logements sociaux aux « Français » modestes. Dans un contexte où la concurrence est rude pour l'obtention de ces logements, les immigrés maghrébins, en majorité algériens, bien qu'étant considérés comme faisant partie de la classe ouvrière ne sont pas traités sur le même pied d'égalité que les ouvriers français. Pire encore, les ouvriers immigrés sont rejetés même par les élus communistes qui revendiquent pourtant les droits de la classe ouvrière.

Ainsi, à l'antagonisme entre la classe ouvrière et le patronat s'ajoute un antagonisme entre les ouvriers de pur souche « Français » et les ouvriers issus de le l'immigration. En effet, les premiers disposent du droit de vote et sont défendus par les syndicats et les élus communistes. En revanche, les seconds sont exclus de toute participation citoyenne. Ainsi des

HLM d'une qualité inférieure telles que la cité d'urgence, cité de transit puis les HLM à normes réduites ont pris la charge d'accueillir les familles immigrées.

Au milieu des années soixante-dix, les constructions HLM commencent à décroître. Les loyers grimpent, la crise économique structurelle pousse L'Etat à se désengager du financement des logements sociaux. La loi Barre, promulguée en 1974, commence alors à encourager les ménages à s'orienter vers le marché privé de logement. La classe moyenne, les employés et la classe ouvrière supérieure sont encouragés à quitter les logements HLM pour devenir propriétaires de petits pavillons relevant du secteur privé. Ce qui a provoqué un départ massif des ménages les moins vulnérables. Les HLM deviennent des ghettos concentrant une population très appauvrie composée principalement d'immigrés, elle est qualifiée d' « indésirable » et « à problème ». Des émeutes urbaines commencent à surgir dès 1979 dans la banlieue de Lyon, des jeunes affrontent les forces de l'ordre et incendient des voitures, depuis les émeutes n'ont cessé de se produire dans diverses banlieues.

A présent, les ghettos couvrent d'opprobre la France. Les gouvernements qui se succèdent tentent d' « en finir avec les ghettos » et de renouer avec une cohésion sociale solide par le biais de la mixité sociale et la promotion de l'égalité des chances. Cependant les différentes réformes inhérentes aux banlieues s'attaquaient plus aux conséquences qu'aux causes des ghettos. La dernière réforme en vue est : « Espoir Banlieue, une dynamique pour la France » présentée par le président de la république Nicols Sarkozy le 8 février 2008. Cette réforme est-elle capable d'en finir réellement avec les ghettos ? Ou bien les banlieues seraient-elles condamnées à panser leurs plaies en silence à tout jamais ?

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