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La cohésion sociale en France et au Maroc

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par Othman GAGA
Université Mohammed V Souissi - Licence en gestion, option: finance des entreprises 2008
  

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4.2. Lutte contre la pauvreté et la précarité

4.2.1. INDH

E

n matière de lutte contre la pauvreté et la précarité, l'Initiative nationale du développement humain (INDH) prend une place majeure. En effet, ce projet est lancé en 2005 par SM le roi Mohamed VI en personne visant à combler le retard affiché par le Maroc dans la réalisation des Objectifs du Millénaire.

Ainsi, le domaine d'action de L'INDH s'articule autours de quatre axes : o le soutien aux activités génératrices de revenus.

o le développement des capacités.

o l'amélioration des conditions d'accès aux services et infrastructures de base (éducation, santé, culte, route, eau et assainissement, protection de l'environnement etc.).

o le soutien aux personnes en grande vulnérabilité.

D'une durée de quatre ans allant de 2006 à 2010, l'INDH prévoit un budget de 10 milliards de DH répartis comme suit :

Programmes concernant l'ensemble des préfectures et provinces : programme transversal 2 500 millions de Dh

programme de lutte contre la précarité 2 500 millions de Dh

Programmes ciblés territorialement :

programme de lutte contre l'exclusion sociale en milieu urbain ciblant 250 quartiers urbains : 2 500 millions de Dh

programme de lutte contre la pauvreté en milieu rural ciblant 360 communes rurales : 2 500 millions de Dh

Cependant, la stratégie de L'INDH est éparpillée comme le décrit si bien Lahcen HADDAD : « On sait ce qu'on veut mais on ne sait pas comment y arriver. On trace des

visions mais il semble qu'on ne dispose pas de bonnes stratégies pour y arriver. » En effet, ce qui fait défaut à L'INDH c'est le manque de buts réalisables et bien précis accompagnés de résultats mesurables.

Signalons aussi que depuis l'instauration de l'INDH aucun résultat notable n'est constaté, le Maroc a même régressé dans le classement du développement humain, il est certain qu'il est encore tôt de dresser un bilan sur l'INDH, cependant l'Etat doit redoubler d'efforts pour mettre en place une stratégie visible à même de réaliser les objectifs escomptés.

4.2.2. La caisse de compensation

L

a caisse de compensation a pour rôle le subventionnement de certains achats des résidents du royaume. Elle prend partiellement en charge le prix de vente d'une multitude de produits de large consommation. En voici quelques exemples :

Produits

Prix subventionné

Prix réel

Kilo de sucre

8

10

Bonbonne de gaz

40

108

Kilo de farine

5.5

7

Le subventionnement de ces produits coûte cher. Le budget de la caisse de compensation s'élève à 20 milliards qui a été rallongé du double pour atteindre 40 milliards de dirhams soit 3 fois plus que le budget quadriennal de l'INDH. Ce sacrifice de la part de l'Etat est louable quand on sait que le budget alloué à ladite caisse dépasse 3% du PIB qui représente le niveau de déficit toléré. En effet, le but est d'assurer à la population la plus vulnérable un pouvoir d'achat décent en contournant la loi de l'économie de marché.

évolution du budget de la caisse de compensation
en milliards de dh

45 40 35 30 25 20 15 10 5 0

 
 

20032004 2005 2006 2007 2008

L'évolution du budget de ladite caisse a progressé d'une façon vertigineuse, cela est dû à la dépendance économique du marché international. En effet, le Maroc importe 96% de ses besoins énergétiques, 62% de son sucre et 53% du blé tendre en moyenne au cours des dix dernières années.

Le fonctionnement de la caisse, à terme, devient intenable. En plus de cela, une étude effectuée par le HCP montre que 20% de la population la plus aisée monopolisent 40% des subventions alimentaires :

Produits

20% de la population aisée

20% de la population pauvre

Farine

40.2%

6.1%

Sucre

41.2%

9.3%

Huile de table

48%

6.3%

Produits pétroliers

75%

1%

On constate donc que le ciblage est inapproprié, ce qui fausse la mission de ladite caisse. En prenant en compte ces deux facteurs :

o la dépendance du marché international qui connaît une flambée des prix. o un ciblage mal cadré.

La nécessité de réformer la caisse de compensation s'impose avec acuité.

La Banque mondiale a proposé au Maroc une piste à suivre, celle des pays latino- américains et asiatiques ayant une expérience probante dans ce domaine. Afin de mieux apprécier la performance de ces pays, nous allons voir l'expérience du Mexique.

En 1995, Le Mexique a opéré sa stratégie de lutte contre la pauvreté dans un contexte de crise économique. La pauvreté au Mexique se caractérisait par des conditions de vie insalubres, taux de mortalité infantile élevé et par l'inégalité entre homme et femme en matière d'éducation. L'Etat mexicain a lancé le programme « Progresa » dans un premier temps puis le programme « Oportunidades » qui est une continuation du premier. Oportunidades s'articule autours de trois axes : la santé, l'éducation et l'alimentation. Dans ce sens, ledit programme en intégrant ces trois élément assure aux familles un minimum de bien-être. Ainsi, ses objectifs se déclinent de la façon suivante :

o améliorer la situation de l'éducation, de la santé et de l'alimentation des familles vivant dans l'extrême pauvreté,

o intégrer les interventions au niveau de l'éducation, de la santé et de l'alimentation, o encourager la responsabilité et la participation active des familles,

o redistribuer les revenus à ceux qui vivent dans des conditions d'extrême pauvreté.

Pour ce faire, le Mexique a appliqué une méthodologie ciblée qui implique la coresponsabilité des bénéficiaires.

L'Alimentation

o Les transferts d'argent

o Les compléments alimentaires pour les enfants de moins de cinq ans et pour les femmes enceintes et celles qui allaitent leur bébé.

o (Liés à des visites régulières aux centres de santé)

La santé

o Des actions préventives

o Un ensemble de mesures répondant aux besoins de santé élémentaire

o Sensibilisation à l'hygiène et l'alimentation

o Des mesures pour renforcer la qualité des services

L'éducation

o Des bourses d'études

o Des fournitures scolaires (Liées à une fréquentation scolaire régulière)

Il est important de spécifier comment l'opération se déroule. Les transferts d'argent vont à la mère, ils sont fonction du nombre d'enfants inscrits à l'école, de leur présence et le progrès accompli dans les différentes classes, et des visites au centre de santé. Les mères bénéficiant du programme sont informées, par le biais d'une brochure, que les avantages conférés par Oportunidades ne sont subordonnés ni à une participation à des événements politiques, ni à un vote pour un parti quelconque. Le fonctionnement du programme est transparent, et le mode d'opération, de même que les conditions, sont disponibles sur Internet ( www.oportunidades.gob.mx) et au registre fédéral. Une liste du nombre de familles qui bénéficient du programme par localité, municipalité et état est aussi publiée. Toutes les données sur Oportunidades peuvent être auditées.

Actuellement, cinq millions de familles bénéficient de ce programme soit 25% de la population. Le programme Oportunidades a été couronné de succès, plusieurs évaluations ont démontré des résultats positifs dans les domaines de l'alimentation, la santé et l'éducation. Les transferts d'argent ont permis l'augmentation du revenu de ces familles à hauteur de 25%.

Le Maroc peut tirer quelques leçons du modèle mexicain :

i. Concevoir un cadre conceptuel pour l'allègement de la pauvreté:

a. identifier/ donner de la transparence aux subventions et les transferts d'argent.

b. le rôle des programmes individuels.

c. de la consistance et de la cohérence dans l'effort global.

ii. Définir les arrangements institutionnels:

a. programmes efficaces

b. identifier le niveau de responsabilité gouvernementale pour chaque programme.

iii. Renforcer les capacités pour effectuer et maintenir les changements:

a. la nécessité pour une agence avec des pouvoirs décisionnaires très forts sur l'allocation du budget et la conception du programme.

b. promouvoir des appréciations «horizontales» de ce que font les ministères et les agences.

c. un soutien politique solide.

d. légitimer les propositions en se basant sur des évidences empiriques.

e. concevoir et suivre de près sa mise en oeuvre attentivement.

iv. Assurer la durabilité financière:

a. pas de superflu.

b. la cohérence avec la politique économique.

Cependant, cette entreprise doit s'effectuer dans la transparence la plus totale. Dans le cas du Maroc, la corruption qui est, force est de constater, enracinée dans les rouages de l'administration publique et surtout dans le milieu rural faussera toute initiative aussi ambitieuse soit-elle. Pour remédier à ce problème, il faudra s'atteler sur d'autres secteurs comme la bonne gouvernance et la démocratie.

Les énormes inégalités sociales qui touchent la majorité de la population représentent un réel danger sur la cohésion sociale de notre pays. En effet, la population pauvre souffre d'un ostracisme, lequel altère l'adhésion de cette population à la nation. Preuve en est l'immigration clandestine qui touche beaucoup de jeunes qui préfèrent aller vers l'autre rive au péril de leur vie, le taux bas de participation aux élections législatives de 2007, et de façon plus âpre les attentats terroristes comme ceux du 16 mai. Rappelons que la cohésion sociale est avant tout le partage de valeurs communes, lesquelles rendent le tissu social plus

soudé. En cela, seule l'école peut répandre ces valeurs. Seulement il ne faut pas se leurrer, l'existence des valeurs communes est subordonnée à la décence de la condition de vie de tout un chacun. L'action de l'Etat doit donc s'orienter vers deux secteurs à savoir :

o l'amélioration des conditions de vie de la population,

o la promotion de valeurs communes inculquées par l'école telles que la démocratie, la lutte contre la corruption, la tolérance, l'égalité entre les deux sexes...

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld