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L'impact local des revenus migratoires dans le departement de Louga (Senegal): approche geographique

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par Papa Issa NDIAYE
Universite Gaston Berger de Saint Louis - Maitrise de geographie 2007
  

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B-2/ Destination et organisation de l'émigration internationale lougatoise

22 Griots

23 Boucherons, boisseliers

Carte 2: Destinations des émigrés à partir des principaux foyers de départ dans le département de Louga

B-2-a/ Destination des émigrés lougatois

Le « Ndiamour-Ndiambour » ou habitant de la région de Louga a une tradition de mobilité. La Guinée, la Coté d'Ivoire et le Gabon ont été les premières destinations ; ensuite vers la fin des années 70 ils ont investi l'Europe et plus particulièrement la France. Cette période correspondait à la politique française d'ouverture à l'immigration internationale de travail. Ce n'est que plus tard, quand la législation française a commencé à se durcir, que les pays de l'Europe du sud comme l'Espagne et l'Italie ont commencé à accueillir les émigrés lougatois.

Certaines études empiriques montrent que les migrants ne sont généralement pas issus des couches les plus pauvres de la population. La raison est simple : la migration, surtout lorsqu'elle se fait à destination de l'étranger, engendre des coûts (frais de transport, coûts d'obtention des documents nécessaires à la migration,...) que ne peuvent supporter les ménages les plus défavorisés. Cette contrainte est d'autant plus forte, que les pauvres n'ont souvent ni la possibilité de fournir des garanties suffisantes pour pouvoir emprunter, et une épargne propre pour financer le départ en émigration.

Malgré toutes ces difficultés, le nombre d'émigrés ne cesse d'augmenter. Cet élan, presque généralisé au départ, qui touche à la fois les hommes et les femmes, s'organise dans une dynamique bien structurée qui permet au candidat, futur émigré, de réussir son voyage.

L'Europe reste la destination favorite des émigrés lougatois. En effet 96% des flux migratoires est orienté vers le vieux continent. L'Afrique et les Etats-Unis représentent des pourcentages très faibles respectivement, 2,49% et 1,23%.

Figure 1 : Diagramme pays de destinations des émigrés lougatois

destination des émigrés lougatois

6,79

11,11 2,491,23

30,24

48,14

France

Italie

Espagne

Autres pays européens Pays africains

Etats unis

Source : données enquêtes personnelles, 2007

Dans les détails l'Italie domine : 48,14% des émigrés originaires du département y sont installés. L'Espagne suit avec 30%, soit un peu moins de 10 000 émigrés. La France constitue un grand paradoxe, puisque au départ du Sénégal, la quasi totalité des candidats ont comme destination ce pays. Cependant, en raison du durcissement de la réglementation française en matière d'immigration et des difficultés liées à l'obtention d'un travail, les émigrés en ont fait une plaque tournante. Ils ne restent que quelques jours avant des traverser la frontière pour l'Italie ou l'Espagne. Après 1994, la France semble être pour les migrants sénégalais une porte d'entrée vers l'Italie grâce à l'intermédiation des "passeurs" entre Nice et San Remo autour du poste frontalier de Vintimille. La plupart des migrants Sénégalais bénéficiaires des régularisations de la loi Dini24, déclarent être entrés en Italie en passant par la France après avoir obtenu un visa de très court séjour (Fall, A. S., 2003 ).

Le rythme élevé des départs, est ainsi facilité par des réseaux officieux. Cette
amplification des départs est soutenue par des réseaux complexes à la quête d'un
élargissement de l'espace migratoire lougatois par l'exploration sans cesse de nouvelles

24 Loi du 21 février 1998 portant réglementation de l'immigration. L'article 19 affirme explicitement : « L'entrée sur le territoire de l'État pour des motifs de travail dépendant, même saisonnier, et de travail autonome, s'effectue dans le cadre des quotas d'entrée fixes » chaque année par des décrets signés par le président du Conseil « sur la base des critères et autres indications » (art. 3, alinéa 4).

destinations. Les investissements rapides et colossaux de ceux qui sont partis il n'y a pas longtemps sont des facteurs attractifs pour les candidats potentiels.

B-2-b/ Organisation de l'émigration internationale lougatoise

La migration internationale s'organise selon des référents nouveaux où la question de l'identité est fondamentale (Fall A. S, op. cit.). Cette migration relativement récente est dirigée principalement vers l'Europe du Sud. A ses débuts, elle était plutôt organisée selon des logiques familiales. Mais de plus en plus aujourd'hui elle est organisée selon une identité émergente qui est la confrérie religieuse. Les réseaux confrériques, contrairement aux réseaux familiaux, sont plus ouverts, dynamiques, modulables.

L'organisation de l'émigration lougatoise en réseau trouve son origine dans l'organisation de la société sénégalaise. La vie communautaire traditionnelle et les pratiques anciennes de l'islam dans la région ont constitué les deux principaux motifs qui ont favorisé la constitution de « réseaux de solidarité » c'est-à-dire des « regroupement des personnes qui partageant des objectifs communs, crée les conditions favorables à une vie communautaire basée sur l'entraide mutuelle » (Bâ, op. cit. ). Ces réseaux sont pour les émigrés des structures sociales qui servent à l'accueil et à l'insertion résidentielle et/ou socio-professionnelle du migrant.

Au niveau du département de Louga, les réseaux sont moins représentés contrairement en Europe où ils sont biens structurés. En effet, les us et coutumes locaux veulent que celui qui aspire à la migration doit garder son projet secret. C'est dans l'ombre que se prépare le départ du candidat. Il existe des personnes - des passeurs - qui facilitent le voyage des candidats. Ce service rendu s'échange contre trois à quatre millions de FCFA. Ce qui signifie que la migration n'est pas à la portée de toutes les bourses.

Dans les familles lougatoises, seul le départ du premier migrant est financé par la famille. Ce dernier, une fois bien installé, s'occupe de la venue des autres membres (frères, cousins...) En migration, les derniers venus sont accueillis par leurs aînés de la même famille. Ainsi les charges financières qui lui étaient assignées vont se réduire considérablement avec les envois des frères ou cousins émigrés. De ce fait, il aura la latitude de construire une maison, de fonder une famille et si possible, d'investir.

Cependant, il semble important de nuancer de telles généralités. En effet outre les fortes inégalités sociales, il existe des familles au sein d'un même village, d'un même quartier qui n'ont jamais pu vivre en communauté. Ces derniers dans le cadre de la migration font appel aux réseaux confrériques. Un autre bémol réside dans le fait que, comme l'explique Barry (1971), « les guerres entre les différentes tendances qui minent souvent l'entente villageoise - voire du quartier- constituent une autre raison militant contre l'existence d'une « solidarité mécanique » entre tous les lougatois, et qui serait transposable en situation migratoire ». Néanmoins la solidarité islamique reste d'actualité et de rigueur.

La religion, ou plus exactement, la confrérie est une identité fortement présente dans les modes de sociabilité parmi les migrants de la nouvelle génération, contrairement aux migrants de l'ancienne génération qui mettaient en avant des valeurs relatives à la famille, à l'honneur et à l'ethnie. Daum C. (1994) remarque que les associations religieuses mourides constituent des cadres d'impulsion des investissements collectifs suppléants dans ce domaine les carences de l'Etat ». La constitution de réseaux n'est pas l'apanage des seuls mourides. Les autres confréries participent à cette logique et poursuive les mêmes objectifs pour faciliter l'intégration de leurs compatriotes.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein