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Problématique de la prise en charge des enfants en détresse par les mères institutionnelles : cas du village d'enfants SOS lomé

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par Kodzo Amenu HAMENOU
Université de Lomé - Maitrise en Sociologie 2004
  

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CADRE CONCEPTUEL THEORIQUE

ET METhODOLOGIQUE

DE LA RECHERCHE

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE

1. Cadre de la recherche et critères du choix du sujet 

Le choix de ce sujet de recherche intitulé « Les Mères institutionnelles et la prise en charge des enfants en détresse : cas des Mères SOS du Village d'Enfants Lomé » nous a été dicté par nos préoccupations au sujet de l'encadrement dont font objet les enfants en situation difficile confiés aux mères institutionnelles. Comme on peut le remarquer, ces enfants n'évoluent pas dans le cadre de leur famille naturelle. Certes, c'est pour combler ce vide que les mères ont été institutionnalisées au niveau des Villages d'enfants SOS. Elles ont pour tâches de partager leur vie avec leurs enfants, de les traiter avec affection et respect, et de leur offrir protection et sécurité. Elles tentent aussi de mener une vie semblable à celle d'une famille naturelle avec les enfants qui sont sous leur responsabilité. Cette mission ne se réalise pas sans difficulté. Entre la mère naturelle et l'enfant, il y a toujours une complicité indicible. Alors on est tenté de croire que la mère institutionnelle quoi qu'elle fasse ne pourra égaler la mère naturelle dans son affection. Or, justement leur rôle, c'est d'atteindre l'intégration et l'insertion des enfants sous leur bienveillance. Il est à rappeler aussi que certaines mères SOS ont leurs propres enfants, leurs enfants naturels. Il existe donc une dualité de la conduite à tenir pour ces mères devant leurs enfants naturels et leurs enfants institutionnels. La compréhension de cette double vie de ces mères dans ce cadre institutionnel justifie le choix de notre sujet de recherche.

2. Problématique

Mettre au monde un enfant est un processus biologique. Eduquer un enfant, l'encourager, l'aider à devenir autonome et conscient de ses responsabilités relève d'une mission sociale. Cette mission exige amour, énergie et résistance, courage et confiance pour relever les défis, la capacité à accepter les critiques et à apprendre d'avantage encore. C'est un ensemble d'aptitudes et de qualités que les femmes ainsi que les hommes peuvent acquérir et développer. Ceci traduit le fait que l'homme et la femme peuvent et doivent éduquer l'enfant.

Avec l'industrialisation, les conditions de vie changèrent et la vie familiale telle une communauté économique et consommatrice prirent un nouveau caractère qui se traduisit par le fait que l'homme alla travailler à l'extérieur du foyer familial et la mère accomplissa un travail de (re)production du foyer. C'est ainsi qu'apparut le modèle précurseur de la famille actuelle. Les exigences à l'égard de la mère, qui en général demeura encore la principale responsable de l'éducation et de l'encadrement des enfants, se multiplièrent progressivement au cours du temps.

En résumé, ce qu'il faut retenir des évolutions qui se sont produites à travers le monde, en Afrique et au Togo en particulier est que la nécessité d'une division des tâches au sein de la famille était liée à des raisons sociales. Cette nécessité de diviser les tâches a entraîné une attribution des rôles spécifiques à chaque sexe que le « caractère naturel » des femmes et les différentes idéologies maternelles ont renforcée. On interpréta « l'amour maternel » comme une qualité biologiquement conditionnée et en déduisit la capacité biologique d'une femme à être enceinte, sa responsabilité sociale à prendre en charge et éduquer les enfants. Encore aujourd'hui, on inculque aux femmes dès leur petite enfance, le rôle de femmes, c'est-à-dire mère qu'elles joueront plus tard avec tous les attributs qui s'y rattachent comme par exemple, « amour maternel » et «  instinct maternel ». Et on ne cesse d'entendre que seule une femme, qui a elle-même donné la vie à un enfant, est vraiment capable de bien s'occuper et d'éduquer des enfants. De tels propos traduisent à quel point l'expression « accoucher » (l'aspect biologique) est, pour beaucoup de gens, associée à l'expression « bonne-mère » (l'aspect social).

Au Togo comme partout ailleurs en Afrique, les femmes assument le rôle qui leur est assignée par la société, le rôle de la mère. C'est sur la maternité que s'alignent presque tous les objectifs personnels. C'est pour cette raison que une femme sans enfant a moins de valeur, même si dans d'autres domaines, elle a de grands succès. Ainsi très peu de femmes renoncent à la maternité pour faire carrière. Disons que c'est sur la femme que repose la charge principale de la prise en charge, l'éducation des enfants et si elle ne prend pas soin d'eux ou si elle les quitte, elle est "exclue" de la société.

Le fait que la relation avec leurs propres enfants n'évolue souvent qu'après leur naissance est confirmé par de nombreuses mères qui, immédiatement après la naissance de leurs enfants, n'éprouvaient pas encore de « sentiments maternels » typiques d'un amour débordant de tendresse. Elles racontent que ce n'était que dans la phase postérieure, où elles s'occupaient et prenaient en charge leurs enfants qu'elles commençaient à s'attacher à ces petits bébés et parvenaient ainsi à consolider leur relation mère-enfant. De même les aptitudes et habilités nécessaires à l'éducation ne vont pas de pair avec la faculté d'allaiter un enfant ; la femme a besoin de temps pour les développer. Il apparaît ici clairement qu'il existe deux étapes essentielles dans la maternité et le rôle de parents : Au cours de la première étape, l'acte de la naissance, il s'agit de donner la vie à l'enfant. Cet enfant qui commence à vivre va donc manifester ouvertement des attentes telles que le fait que l'on prenne soin de lui, qu'on le guide et le soutienne. En donnant naissance à l'enfant, on lui promet de respecter ses attentes de la vie, de protéger sa vulnérabilité et de lui apporter paix et espace pour lui permettre de se développer. Cette promesse renferme la deuxième étape importante de la maternité et le rôle de parent. Dans cette étape, le père ou la mère surtout prennent conscience de cette promesse et essaient de l'honorer au mieux.

Il est cependant fréquent de voir aujourd'hui que le monde soit confronté au fait que les parents, seulement parce qu'ils ont conçu ou donné naissance à un enfant, ne soient pas nécessairement capables de suivre l'enfant dans sa vie en l'encourageant.

Ils ne peuvent assumer la responsabilité sociale de leur enfant pour des raisons diverses : mort, maladie, pauvreté, surmenage, irresponsabilité etc.... et ne peuvent donc pas répondre de façon adéquate aux besoins de l'enfant en lui procurant paix, attention et un sentiment de sécurité.

A ce moment, il est nécessaire que d'autres personnes assument cette responsabilité. C'est le cas précis des mères SOS dont il est question dans notre recherche. C'est la mère SOS qui assume la maternité sociale, qui remplace les parents biologiques et se met à la disposition de l'enfant d'une façon aussi large et comparable parfois même mieux à celle des parents biologiques. Ce qui la sépare de la maternité réelle est l'aspect biologique, le fait simplement qu'elle n'ait pas mis au monde cet enfant. Et à voir le résultat de près, les mères SOS arrivent à accomplir leur mission même parfois plus que les mères naturelles elles-mêmes. Ce professionnalisme maternel par lequel les mères SOS s'occupent affectivement des enfants en détresse comme leurs propres enfants nous amène à nous poser un certain nombre de questions.

Quel est ce savoir-faire dont disposent ces mères pour accomplir leur tâche ? Existe-t-il des facteurs favorisant l'accomplissement de la mission de la mère SOS ? Comment arrivent-elles à atteindre les objectifs d'une intégration et d'insertion sociale de ces enfants qui ne sont pas les leurs ?

C'est la réponse à toutes ces questions qui constitue la cheville ouvrière de notre recherche.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera