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Ressources Naturelles et Gestion des conflits "cas du cercle de douentza"

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par Mahamadou Moctar Dicko
Université du Mali/Faculté des Lettres des Arts et des Sciences humaines - Maitrise en Anthropologie 2006
  

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CHAPITRE V GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

1-Gestion locale des ressources naturelles :

Depuis des siècles les ressources naturelles sont gérées en cinquième région par les communautés locales comme des ressources communautaires. Dans le cercle de Douentza la problématique de la conservation et de la gestion des ressources se présente sous deux aspects selon que l'on est sur les zones de plateau ou dans les zones de plaines. Le plateau se caractérise par un espace réduit et des ressources très limitées (sols superficies) soumises à des pressions d'exploitation et des processus de dégradation (érosions) très intenses. Très tôt les communautés sonrai et Dogon ont su développer des techniques adaptées au milieu , basées sur un savoir local de conservation des eaux et des terres particulièrement dans le domaine de la production agricole (transport de terre ; murettes de pierre ; protection et surveillance ; production de fumure organique). Les dogon ont une forte tradition de gestion et d'aménagement des ressources. Pour Thomson et Coulibaly si les Dogon « avaient mal gérées les ressources du plateau » sur lequel ils ont trouvé refuge au moment des troubles civils et dynastiques du XV au XIX siècle « ils auraient du descendre vers les plaines plus riches mais aussi exposées aux attaques ». Les villages, descendus s'installer dans les plaines au début du XIX siècle, ont conservé, quelque fois en les assouplissant, leurs traditions de gestion des ressources naturelles.

Par contre dans les zones de plaines et de dunes, ou l'espace ne constitue pas une contrainte et ou les ressources sont nombreuses par rapport au plateau, l'approche de la gestion et de la conservation des ressources est tout a fait différente. Les peuls, leurs serfs, les Tamasheq ont appliqué des systèmes de gestion des ressources moins élaborés, sans doute parce que leurs ressources étaient plus abondantes. Tous ces groupes exercent un certain contrôle sur l'accès et l'utilisation des ressources à travers des arrangements institutionnels locaux.

Les activités des communautés dans le domaine de la gestion des ressources naturelles sont nombreuses. Les populations sont pour la plupart conscients de la disponibilité limitée des ressources naturelles ce qui explique les actions menées par les communautés pour les protéger ou pour en interdire l'utilisation abusive. En exemple nous pouvons citer le cas de la mare « Férendi » reconnue comme propriété du village de Oualo. Cette mare est située dans la plaine Yaïré entre les villages de Oualo et Almina. Elle fait l'objet d'un

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surcreusement chaque quatre ans à la date de surcreusement fixée par le village de Oualo. Les villages participants a cette activité en plus de celui de Oualo sont ceux de Almina, Kara et Tombori. Cette mare fait également l'objet d'une pêche collective annuelle à une date entre le mois de mai et de juin fixée par le village de Oualo et officiellement communiquée aux villages qui participent au surcreusement. Cependant tous les villages intéressés peuvent participer à la pêche collective

Comme presque partout au Mali, les coutumes et droits traditionnels se caractérisent par : « la quasi-absence du mode d'appropriation individuelle ; l'inaliénabilité de ces ressources. En effet la terre et les autres ressources appartiennent toujours à une collectivité : le village, le lignage ou la famille »i

Les principaux acteurs impliqués dans la gestion des ressources naturelles sont le chef de village et son conseil et les chefs des ménages. Dans le cercle de Douentza le chef de village est considéré comme le propriétaire des terres et des ressources. L'accès à ces ressources est subordonné à des procédures spécifiques. Pour les terres cultivables, le prêt de parcelle est conditionné au consentement préalable du gestionnaire du domaine et à l'engagement de ne pas planter d'arbre, ni de dépasser les limites.

L'accès aux autres espèces ligneuses ou herbacées e aux chaumes des champs,

pour la cueillette, la coupe de bois ou les pâturages, est libre, même pour les

étrangers.

Un des arrangements les plus répandus était une organisation villageoise qui règlementait l'accès et l'exploitation des ressources forestières. Les ressources faisant l' objet de cette réglementation sont : le bois de feu, le bois vert pour la construction, le charbon, le bois destiné à la fabrication des outils, les terres, les produits de cueillette, les pousses d'herbe destinées à nourrir le bétail local et transhumants. L'accès de ces ressources est généralement réservé aux communautés. Par exemple le ramassage de bois mort pour des besoins domestiques est généralement libre pour les résidants tandis qu'une autorisation des autorités villageoises, généralement du chef est nécessaire pour la coupe du bois vert. Les forêts, les pâturages et les points d'eau sont gérés comme des ressources communes, par contre les terres arables sont la propriété des villages qui en

assurent I accès et la gestion. Ces arrangements se font le plus souvent au niveau local de manière simple et facile à comprendre pour les communautés résidentes et les utilisateurs externes des ressources. La plupart des systèmes d'appropriation sont établis au niveau du village, sauf celui sur les pistes de transhumance, datant du conquérant Sékou Amadou qui gérait l'utilisation des terres dans le delta intérieur du Niger et des terres environnantes au début du XIX siècle. Des couloirs de transhumance furent percés pour permettre la mobilité des troupeaux peuls entrant et sortant du delta pour se nourrir selon les changements de saison. Il officialisa la fonction de « Jowro » et leur accorda la gestion des pâturages. Les Jowro étaient désignés par les chefs de clan en fonction de leur compétence en élevage et de leur intégrité. Ils avaient pour fonction de gérer la transhumance des animaux en provenance et à destination des pâturages de la région, en fonction des pluies saisonnières et des inondations fluviales. La plupart de ces pistes de transhumance existe encore et sont reconnus par les agriculteurs.

Les communautés locales ont aussi des dispositifs de surveillance et de mise en application. Des groupes de jeunes sous la direction d'un ancien en général étaient chargés de parcourir les terres du village. Les infractions étaient sanctionnées au niveau local selon la gravité de l'acte.

2 - Tentatives étatiques de gestion des ressources :

Durant la colonisation les terres, les forêts sont devenues officiellement propriété de l'état. Le décret colonial du 04/07/1935 affirmait le contrôle de l'état sur la plupart des ressources naturelles. Cependant à Douentza comme un peu partout au Mali, le pouvoir de l'état était limité et les institutions locales continuaient d'exercer leur contrôle sur la gestion des ressources. Après l'indépendance, les autorités des premières et deuxième République, ont étendues leur emprise sur les ressources naturelles renouvelables. Le processus commença dans les années 1970 et le code forestier du 30 janvier 1986(loi 86-43) paracheva le contrôle de l'état sur les ressources. Les nouvelles réglementations imposaient des restrictions à l'abattage des arbres dans les forêts domaniales et les aires protégées. Certaines dispositions du code autorisaient les agents du service forestier à règlementer de nombreuses espèces poussant sur les terres des agriculteurs. Les communautés locales ne sont plus impliquées dans la gestion des ressources. Il faut avoir un permis délivré par le service forestier pour pouvoir couper du bois. Le système imposé par le code forestier rendait la coupe légale du bois excessivement cher aux autochtones. Les exploitants commerciaux qui respectaient la réglementation pouvaient couper là ou ils

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voulaient, même sur des aires les communautés, elles-mêmes avaient protégées voire plantées.

Les contrevenants au nouveau code étaient passibles d'amende voire d'emprisonnement. Les responsables locaux qui tentaient de résoudre les différends sur les ressources par l'application d'une réglementation locale se voyaient infliger des amendes. Cette affirmation du contrôle de l'état sur les ressources avait ouvert la voie à un long affrontement entre utilisateurs locaux et fonctionnaires de l'état, responsables de la mise en application des lois. Les réglementations locales sur les ressources qui avaient fait leurs preuves dans la pratique ont été mises de côté. Cette attitude s'est traduite par une dégradation des ressources et la multiplication des conflits entre les utilisateurs.

Avec l'avènement de la troisième république et l'engagement du processus de décentralisation les initiatives locales de gestion des ressources des ressources par les communautés locales ont refleuries. Elles sont stimulées par des mesures d'accompagnement officiel et par divers organismes internationaux et locaux.

L'état intervient dans la zone à travers les structures issues de la réforme du M A E P (Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et de la Pêche) au niveau du cercle par le S L R C (Service Local de la Réglementation et du Contrôle) et à la base par un poste de contrôle. Au plan technique, en matière d'Appui Conseil d'Aménagement et d'Equipement Rural (AACAER), il y a au niveau local un agent et le Service Local d'Appui Conseil d'Aménagement et d'Equipement Rural au niveau du cercle. Ces structures sont chargées de la vulgarisation agricole et de la réglementation des ressources. Elles sont chargées d'apporter le message technique aux communautés locales ainsi qu'aux divers utilisateurs des ressources.

Les enquêtes démontrent l'importance des institutions coutumières locales dans la gestion quotidienne des ressources naturelles

Dans la zone il existe des brigades de surveillance chargées de surveiller et de protéger les ressources ligneuses contre les coupes abusives et l'exploitation frauduleuse des produits de cueillettes (fourrages, gommes, gousses et fruits)

Les actions des communautés dans la gestion et la protection des ressources sont soutenues par les services techniques et les ONG intervenants dans la zone.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo