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Théorie de la Reconstruction Rationnelle. Programmes de Recherche et Continuité en sciences

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par Julien NTENDO BIASALAMBELE SJ
Faculté de Philosophie St Pierre Canisius, KInshasa - Licence en philosophie 2007
  

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I.1.1.e. La vérification dans les sciences expérimentales

Dans les sciences expérimentales, la vérification dépend de la nature de la connaissance scientifique en jeu ainsi que de ses objets. Dans ces sciences, la connaissance est une entreprise visant :

« à reconstruire des schémas ou des modèles abstraits et à déterminer, au moyen de la logique mathématique, les relations entre les objets abstraits de ces modèles de façon à en déduire finalement des propriétés correspondant avec suffisamment de précision à des propriétés empiriques qu'on peut observer35(*) ».

En effet, les sciences empiriques ne manipulent pas l'objet tel qu'il se donne dans la réalité, ni l'objet tel qu'il est perçu36(*). Leur objet est toujours abstrait, construit abstraitement et on en fait correspondre les propriétés avec l'objet factuel. Ces constructions conceptuelles sont les résultats d'un immense projet de réduction de phénomènes.

Ces objets scientifiques sont les faits, les lois ou les théories. Il leur manque, de facto, la richesse de l'objet perçu car le chercheur choisit de négliger ou de neutraliser volontairement une large part des propriétés sensibles auxquelles est soumis l'objet naturel. Dans ces sciences, la vérification varie selon qu'elle est un processus de validation d'un fait virtuel ou d'une théorie scientifique.

Dans un premier temps, la vérification d'un fait scientifique est un effort de conceptualisation qui fait intervenir la notion d'hypothèse. Dans un cadre référentiel construit37(*), la vérification vise à rendre les faits virtuels comme des énoncés abstraits et des hypothèses scientifiques articulables par la théorie en rapport avec l'expérience38(*). Pour sa validation, la vérification d'un fait scientifique nécessite une confrontation.

Ensuite, en tant que validation d'une théorie scientifique, la vérification intègre trois aspects fortement liés, tout en reconnaissant la primauté du donné formel. Cette triple vérification est à la fois un contrôle sémantique, l'établissement de la cohérence syntaxique d'une théorie et la reconnaissance du pouvoir théorique de prédiction de faits nouveaux39(*).

La vérification d'une théorie scientifique vise finalement l'ajustement de la théorie à l'empirie grâce aux principes mathématiques et logiques. Elle devient un système opératoire qui contrôle la capacité de la théorie à représenter des phénomènes ou des faits, en minimisant la distinction entre les faits virtuels et les faits factuels. Ce contrôle interroge la capacité de la théorie à actualiser son volet virtuel avec l'empirie.

L'exigence de vérification ou de testabilité des théories scientifiques et leur idéal d'une connaissance prouvée ont tellement fasciné le monde scientifique qu'elles se sont personnifiées dans un bon nombre de courants dont l'empirisme, le positivisme, et surtout dans le formalisme logico-mathématique. Le point de vue positiviste mérite d'être examiné dans la mesure où il sert de point d'ancrage à la critique poppérienne du justificationnisme.

* 35 AKENDA K., J.C., op. cit., p. 256.

* 36 Dans de l'introduction de son Etude d'histoire et de philosophise de sciences, Georges Canguilhem utilise l'image de cristaux pour peindre le portrait de l'objet des sciences expérimentales. De même que la science des cristaux interroge la nature des cristaux, de même la science est un discours sur les objets naturels. Ce discours est un exposé de propositions objectives constituées par un ensemble d'hypothèses et de vérifications. Les hypothèses et la méthode de vérification n'ont pas plus d'importance que le résultat escompté. Les sciences ne traitent donc pas des objets naturels, factuels ou donnés dans l'expérience. En effet, l'objet est indépendant du discours, mais les hypothèses prescrivent un cadre d'interprétation qui force la nature à couler dans le moule de la méthode expérimentale. L'objet naturel n'est donc pas l'objet scientifique. Ce dernier est construit par la science elle-même à partir du moment où elle met au point des méthodes capables de constituer une théorie. L'objet scientifique n'est pas le cristal lui-même, mais une série d'hypothèses, de discours, des élaborations conceptuels sur la nature des cristaux. Il est pour ainsi dire construit et culturel. Cfr. GANGUILHEM, G., op. cit., pp. 16-17.

* 37 D'après La nouvelle alliance D'Ilya Prigogine et Isabelle Stengers, l'activité scientifique est une activité de construction et de mathématisation de la réalité grâce à la méthode expérimentale. Cette méthode qui, elle-même a fait la force de la science moderne inaugurée par Newton, Galilée et leurs successeurs. La force de cette méthode réside dans la rencontre qu'elle réalise entre la théorie et la technique. Ce que nos deux auteurs appellent le dialogue expérimental suppose une pratique de manipulation et de préparation du fait physique afin de le faire correspondre à la description théorique. Cette pratique est une relation entre la théorie et l'expérience, relation qui s'explique par le fait que l'expérimentation interroge les processus naturels en référence à des hypothèses qui énoncent les principes généraux auxquels obéissent les processus naturels. Dans la mesure où l'expérimentation vise à décrire avec précision des situations idéales ou des relations de « causes-effets » reproductibles, l'expérimentation juge et interroge la nature. La réponse de la nature est enregistrée avec précision, mais la nature même de la réponse dépend de l'hypothèse idéale qui oriente l'expérience Cfr. PROGOGINE, I. & STENGERS, I., La nouvelle alliance, Paris, Folio-Essai, 1980, pp. 76-77.

* 38 Cfr. AKENDA K., J. C., op. cit., p. 268.

* 39 Idem, pp. 268-269. Avec Imre Lakatos, il appert clairement que le progrès théorique d'une science est vérifié par la possibilité de prédiction de faits nouveaux ou de faits inédits que la théorie ouvre par rapport à celle qu'elle supplante. C'est ce qui ressort de la version sophistiquée du Falsificationnisme méthodologique que Lakatos discerne dans le système poppérien.

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