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La pauvreté au Sénégal

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par Adama KHAYA
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrîse analyse et politiques économiques 2004
  

Disponible en mode multipage

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Table des matières Pages

Abréviations........................................................................................... 3

Remerciements....................................................................................... 4

Dédicace............................................................................................... 5

Chapitre introductif.................................................................................. 6

Section 1 : Contexte.............................................................................. 6

Section 2 : Objectifs.............................................................................. 7

Chapitre I : Dimension de la pauvreté......................................................... 8

Section 1 : Diagnostic générale de la pauvreté........................................... 8

Section 2 : Secteurs stratégiques............................................................ 11

Chapitre II : Stratégie de lutte contre la pauvreté.......................................... 19

Section 1 : La création de richesse.......................................................... 20

Section 2 : Accélération de la promotion de l'accès aux services sociaux

de base.............................................................................. 27

Section 3 : La protection sociale et la prévention........................................ 34

Section 4 : La bonne gouvernance.......................................................... 39

Chapitre III : Suivi et évaluation de la stratégie.............................................44

A- Principe de la mise en oeuvre.............................................................44

B- Pilotage et suivi du DSRP.................................................................45

C- Instruments et procédures de mise en oeuvre...................................... 46

D- Evaluation.....................................................................................46

E- Problème de communication.............................................................47

F- Financement de la stratégie............................................................. 48

G- Processus d'articulation de la SRP et le budget national............................. 49

Conclusion.......................................................................................... 51

Abréviations

CREA= centre de recherche en économie appliquée

EPPS= enquête auprès des ménages sur la perception de la pauvreté au Sénégal

ESAM= enquête de suivi auprès des ménages

ESPS= enquête de suivi de la pauvreté au Sénégal

ICS = industrie chimique du Sénégal

ORSEC= organisation des secours

PAM = programme alimentaire mondial

PDEF= programme décennal de l'éducation et de la formation

PEPAM= programme d'eau potable et d'assainissement du millénaire

PNDS= plan national de développement sanitaire

PPTE= pays pauvres très endettés

PRN = programme de renforcement de la nutrition

PTIP = programme triennal d'investissement public

QUID= questionnaire unifié des indicateurs de développement

SCA= stratégie de croissance accélérée

SNEEG= stratégie nationale d'équité et d'égalité du genre

SNPS= stratégie nationale de protection sociale

SRP = stratégie de réduction de la pauvreté

STEP = stratégies et technologies contre l'exclusion sociale et la pauvreté

TBS = taux brut de scolarisation

TIC = technique de l'information et de la communication

Remerciements

Ce travail que nous venons d'achever au cours de l'année 2007-2008, s'inscrit dans le cadre du suivi des conditions de vie des populations, de l'accès aux services sociaux de base, avec un accent particulier sur les aspects et les facettes liés à la pauvreté au Sénégal.

Ce mémoire traitant de la pauvreté au Sénégal a bénéficié du soutien tant bien moral, matériel que financier de plusieurs personnes particulièrement :

v Mes parents Yamar et Aram Mbodji

v A tous les enseignants sans exceptions qui ont participé à ma formation intellectuelle

v A mon professeur encadreur, M. Ababacar KEITA, qui n'a ménagé aucun effort pour le suivi, l'accomplissement et la réussite de ce travail.

v A l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) plus particulièrement au service de la documentation

v A Fossar DIOP et Moussa COULIBALY pour le soutien matériel

v Je tiens également à remercier toutes les personnes qui ont voulu répondre à mes questions, pour leur disponibilité et leur patience.

Dédicaces

Je dédie ce mémoire à :

Mes parents : Yamar et Arame MBODJI. Sans vous, je ne serais pas là entrain d'écrire ce mémoire, vous m'avez donné la vie, nourrie et éduqué. Longue vie à vous ; je vous adore

Ma grand-mère Maguette NDIAYE, qui ne cesse de prier pour notre réussite, longévité à vous et famille.

Mes frères et soeurs : Diarra, Awa, Ibrahima, Maram

Mes tantes : Bity que je considère comme ma maman, Ngouye et Mbayang

Ma deuxième famille particulièrement : Pa Mady, Maama Moussou, Fossar, Khady, Mariama, Daddy

Au personnel de la scolarité : Khady SARR NDIAYE, Ndeye LO, Yacine Mané...

Tous les étudiants de la promotion Moustapha KASSE plus particulièrement ceux de l'option Analyse pour leur solidarité fraternelle

Fatou WADE à qui je réserve une mention spéciale. Depuis que je t'ai connu tu m'as soutenu et donné la force, le pouvoir d'affronter les choses difficiles. Je t'adore et t'estime beaucoup

L'ensemble des membres du Daarah NAYLOUL MARAAM particulièrement à maman Fatou SEYE, lamine NIANG, ma fille Aminata SALL

Mon guide spirituel, Serigne Saliou MBACKE. Vous avez été un guide exemplaire et modèle, K'ALLAH vous accueille dans son paradis éternel.

Thème :  :

PROBLEMATIQUES, DEFINITIONS, STRATEGIES DE LUTTE ET SUIVIS

CHAPITRE INTRODUCTIF : CONTEXTE ET OBJECTIFS DE LA PAUVRETE

SECTION 1 : CONTEXTE

Au Sénégal, la mise en oeuvre des politiques de stabilisation depuis la fin des années 70 suivies des premiers programmes d'ajustement structurel au milieu des années 80, a certes contribué à améliorer le cadre macro-économique, mais les performances économiques sont restées en deçà des espérances.

Cependant, les performances économiques enregistrées n'ont pas contribué à améliorer les conditions de vie des populations et à réduire substantiellement la pauvreté. Le Sénégal n'a pas encore réalisé l'objectif de l'éducation universelle au niveau de l'enseignement primaire (le taux de scolarisation dans le primaire se situe à environ 70% tandis que le taux global est estimé à 32% et l'analphabétisme touche plus de la moitié de la population). La situation des femmes sénégalaises en matière d'éducation et de formation est préoccupante avec un taux d'analphabétisme de plus de 70% contre 48,9% pour les hommes. Quant aux indicateurs de santé, ils demeurent en deçà des recommandations de l'OMS. Même si le Sénégal est cité comme pays de référence en Afrique en termes de lutte contre le VIH/SIDA, le système de santé dans son ensemble fait face à de graves contraintes. On note la recrudescence des endémies locales et la malnutrition de plus en plus, les populations notamment les plus vulnérables (les enfants, les femmes, les handicapés, les réfugiés...)

En matière d'accès à l'eau potable, l'objectif visé par le Sénégal est d'atteindre le plutôt possible, les recommandations de l'OMS, soit 35 litres/habitant/jour. Actuellement, les populations disposent de 28 litres/ habitant/jour.

Pour lutter ou réduire la pauvreté à moitié à l'horizon 2015, l'Etat mettra en place de manière soutenue une politique économique et sociale permettant de relever significativement ses performances socio-économiques et de placer le pays sur le sentier de développement humain durable. A cette fin, le Sénégal a initié en 2000, après l'adoption de son document intérimaire, un processus participatif de préparation d'une stratégie de réduction de la pauvreté fondée sur une croissance distributrice et la satisfaction des besoins de bases des populations pauvres.

Le consensus autour de cette stratégie met l'accent sur la nécessité d'une mobilisation des décideurs politiques, des acteurs nationaux et des partenaires au développement pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion à travers l'établissement d'un lien étroit entre la réduction de la pauvreté, le progrès économique et le renforcement des capacités.

SECTION 2 : Les Objectifs

Les différents diagnostics établis au cours de l'élaboration du DSRP, ont montré la nécessité d'investir dans le secteur social, notamment l'éducation, la santé, l'hydraulique par le développement d'infrastructures pouvant satisfaire la forte demande d'une part et de promouvoir les activités génératrices de revenus, en particulier l'emploi des jeunes d'autre part.

Ce travail permettra de fournir les indicateurs pertinents sur l'éducation, la santé, le chômage, le patrimoine et la consommation des ménages.

Ce document s'articulera autour de trois chapitres à savoir la dimension de la pauvreté, la stratégie de lutte contre ce phénomène ainsi que le suivi de la mise en oeuvre de la stratégie de lutte.

Chapitre I : la dimension de la pauvreté

Section 1 : Diagnostic de général de la pauvreté

A : Définition du concept

La pauvreté est un phénomène multidimensionnel. Plusieurs définitions et approches existent pour la cerner. En particulier, l'on distingue les approches fondées sur le bien être, les besoins de base et les capacités.

La mesure de l'incidence de la profondeur et de la sévérité de la pauvreté nécessite la résolution des deux questions fondamentales que sont l'identification des individus pauvres et la construction d'indicateurs pertinents sur la base des informations disponibles. Dans la pratique, deux approches sont généralement utilisées : l'une dite objective et l'autre subjective.

L'approche objective s'appuie sur une information quantitative résumée à travers un indicateur monétaire ou non monétaire. Une ligne de pauvreté est alors définie comme un seuil en deçà duquel le ménage (ou l'individu) est considéré comme pauvre (ESAM I, 1994).

L'approche subjective est basée sur la perception par les populations de leurs conditions d'existence. Les populations s'auto désignent pauvres ou non pauvres selon des critères qui leur sont propres. A cet égard, un proverbe africain définit la pauvreté comme « l'absence d'avoir, de savoir et de pouvoir ». Cette perception de la culture renvoie à la nature des formes d'organisation sociale et politique des communications locales et aux stratégies sous-jacentes. Ainsi, importe-t-il d'investir dans la culture qui détermine la manière de vivre et de combattre la pauvreté. L'analyse de la perception de la pauvreté au Sénégal qui se lit à travers les langues nationales peut s'articuler autour de quelques indicateurs dont les plus saillants se retrouvent dans la définition suivante : « est pauvre celui qui n'a rien, qui ne peut régler ses besoins sociaux primaires, qui vit sans accès à des opportunités ». Ce type extrême de la pauvreté est généralement appelé « ndool » (wolof), « baasdo » (pulaar), « seetan » (bambara) etc.

Le pauvre vit dans un dénouement total économique et social, il est sans soutien et ne compte que sur l'aide que lui apporte son entourage pour survivre. Il est souvent qualifié de déclassé social et plongé dans un état de misère quasi-permanent. Son trait dominant est qu'il s'auto exclue lui-même du tissu social.

Les ménages pauvres disposent de sources de revenus assez précaires qui ne permettent pas de couvrir entièrement les besoins en alimentation. Pour expliquer la pauvreté, les populations évoquent les responsabilités individuelles exprimées à travers le proverbe : « le paresseux est responsable de son état d'indigence » mais aussi pour le manque de relations sociales. Le tissu relationnel est ici une référence centrale. Plus on élargit l'horizon de ses relations familiales, confrériques, ethniques etc, plus ont fait face à la pauvreté, au dénuement, à la vulnérabilité.

Nous allons maintenant nous focaliser sur les aspects de manifestations de la pauvreté avant d'attaquer ses caractéristiques pour terminer sur le point de rupture.

B- Aspect des manifestations de la pauvreté

D'ordinaire, c'est dans le processus d'appauvrissement accéléré par une crise économique persistante que les individus, notamment parmi les plus vulnérables sont coupés des circuits leur permettant d'accéder aux ressources productives. Ce manque de moyens propres favorise ensuite une détérioration continuelle des conditions de vie, aggrave les inégalités et mène, à terme, à l'extrême pauvreté. Cette dynamique conduit à une rupture des liens sociaux et à l'exclusion des couches les plus défavorisées. Un tel déficit ou défaut de relations sociales pousse certains individus aux pratiques ci-après :

La violence et la délinquance : les personnes détenues sont pour la plupart des jeunes. Les statistiques de la justice les plus récentes indiquent un taux de criminalité de 1,8% marqué par une progression rapide des infractions et une forte présence des jeunes parmi la population carcérale. Cette montée de la délinquance des jeunes peut être imputable au relâchement des efforts des parents dans la prise en charge de l'éducation des adolescents en perte de repères. En outre, la violence faite aux femmes est devenue un fait courant dans les quartiers pauvres et dans les familles démunies conduisant souvent à des drames.

La mendicité : les talibés et mendiants (enfants et adolescents) sont estimés à environ 100000 (DAS : direction action sociale). Ce phénomène des talibés en quête quotidienne de nourriture et d'argent pour leur propre survie que pour l'entretien de leur marabout, et repérables au niveau des carrefours, des marchés, des mosquées, des banques et autres endroits publics des centres villes, est un véritable problème social.

La prostitution: les statistiques sur la prostitution sont rares et souvent approximatives ou incomplètes. Toutefois, une enquête de prévalence des infections sexuellement transmissibles chez les prostituées clandestines de Dakar (IRD), évolue l'âge médian des prostituées à 28 ans. Presque 20% d'entre elles n'avaient pas l'âge légal (21 ans), alors que le tiers était célibataires, la plupart était divorcée (48%), mariée (12%) ou veuve (6%). La prévalence de l'infection du VIH chez ces prostituées est de l'ordre de 14% alors que se situe entre 1 et 2% dans la population totale.

La dégradation de l'environnement : le coût démographique élevé et les longues années de sécheresse ont fortement contribué à la fragilisation de l'environnement. En milieu rural, la faible qualité de vie des populations continue de faire pression sur les ressources naturelles expliquant ainsi le rythme inquiétant de la déforestation malgré les efforts fournis dans ce domaine.

Par contre, selon les populations (EPPS) en 2001, les principaux signes de la perception de la pauvreté sont dans l'ordre, la difficulté à se nourrir, le manque de travail, le manque de soins, le manque de logement décent. Ainsi, considèrent elles que les priorités de l'Etat devraient être dans l'ordre : l'emploi des jeunes (20,1%), la réduction des prix de denrées de première nécessité (18,9%), l'accès aux soins de santé de base (17,7%), l'éducation des enfants (11,3%).

C- Caractéristiques de la pauvreté au Sénégal

Au sein des ménages eux même, la pauvreté est aussi très répandue : une majorité de 52,2% se considère comme pauvre. Comme pour les communautés aussi, le sentiment d'être pauvre a sensiblement baissé dans les ménages, au cours des quatre dernières années. En 2001-2002, deux chefs de ménage sur trois (65,7%) considèreraient leur ménage comme pauvre, soit une baisse de 3 points de pourcentage annuellement. La différence de niveau de pauvreté entre les communautés et les ménages reflète simplement le fait qu'on peut trouver des ménages non pauvres dans des quartiers ou villages eux-mêmes déclarés très pauvres. Même si l'incidence est légèrement moins forte qu'au niveau de la communauté, les tendances sont les mêmes dans les différents milieux de résidence. Les dakarois sont mieux lotis avec une incidence de pauvreté déclarée de prés de 40% contre 43,4% dans les autres villes et 61,6% en milieu rural. Paradoxalement, même si les proportions de ménages qui s'auto déclarent « un peu riche » sont statistiquement faibles, elles sont très proches entre la ville et la campagne (prés de 6% en milieu rural contre 5,2% dans les autres villes et 4,9% à Dakar. L'insuffisance monétaire semble poser le plus de problème aux ménages. En effet, à la question de savoir si au cours des 12 derniers mois, le ménage avait des revenus suffisants pour faire face aux besoins de ses membres, plus de trois chefs de ménage sur quatre (76,7%) ont répondu négativement (d'après dossier ESPS 2005-2006). Cela peut paraître surprenant que le manque d'argent soit plus ressenti que les autres manques, étant donné que la satisfaction de la plupart de ces besoins dépend en général de la disponibilité d'argent. Alors comment peut-on avoir satisfait plus ces besoins si on a eu moins besoins ? Intuitivement, cette situation peut être comprise en rapport avec le sens et l'importance qu'on accorde généralement à l'argent en espèce : au Sénégal, on dit presque toujours «  de l'argent, on en a pas assez ». Au delà de cette hypothèse sur la sensibilité de tout ce qui touche l'argent ; ce décalage peut s'expliquer par le fait qu'un bon nombre de ménages reçoivent des transferts, ce qui réduit les déboursements de leur part pour satisfaire des besoins tels que l'éducation des enfants, les soins de santé et dans une moindre mesure, le logement, la nourriture et l'habillement...

D- Point de rupture

Les points de rupture qui constituent les principaux facteurs de basculement dans le processus de paupérisation peuvent se présenter sous formes conjoncturelles ou structurelles particulièrement en milieu rural, comme ils peuvent relever de la responsabilité ou de la non responsabilité de l'homme. Dans plusieurs cas, le basculement observé relève des facteurs et institutionnels. Cependant, les facteurs anthropiques ne manquent pas d'avoir eux aussi une forte prégnance dans les conditions de vie des ménages (ESPS).

Les facteurs naturels sont l'ensemble des facteurs qui découlent de rupture dans l'écosystème et de leurs conséquences. Les facteurs naturels les plus cités par les populations sont les sécheresses successives dont la plus désastreuse fut celle de 1973, l'érosion côtière, l'intrusion marine et son corollaire, la salinisation des terres, la dégradation des terres traduites par un appauvrissement entraînant une faible productivité, les calamités naturelles telles que les incendies, les inondations des champs et la destruction des cultures par les parasites.

D'autres points de rupture, particulièrement signalés en milieu urbain relèvent également de l'évolution naturelle, notamment le décès, la retraite ou la perte d'emploi du principal pourvoyeur de ressources ainsi que l'incapacité physique découlant de la vieillesse ou à la suite d'une maladie handicapante.

Quant aux facteurs anthropiques et institutionnels, ils relèvent de la responsabilité directe ou indirecte de l'homme. Les facteurs anthropiques les plus cités par les populations sont : les pratiques usuraires et le divorce, le déplacement des populations à la suite des conflits, la pression démographique, les conflits foncier et le vol de bétail, la réduction du trafic de la société nationale des chemins de fers du Sénégal (SNCS) qui a supprimé beaucoup d'activités autour des gares, la mise en place des politiques d'ajustement structurel (nouvelles politiques agricoles et industrielles) et leur corollaire et la dévaluation en 1994, dont les effets défavorables (perte de pouvoir d'achat) ont été davantage ressentis en milieu urbain.

Section 2 : Secteurs stratégiques

Santé et pauvreté

La santé est une condition essentielle de l'épanouissement d'une population et un des facteurs clés du développement d'un pays. En effet, un état sanitaire médiocre a des conséquences négatives sur les populations, et donc, sur le processus de développement. Il se traduit par un écart important entre une demande non satisfaite de services sanitaires et une offre de santé encore faible. La demande de services sanitaires, peut être appréciée à travers le nombre d'habitants et l'importance du budget que les populations affectent à la santé. On distingue ainsi une demande notionnelle, estimée directement par une correspondance entre la taille de la population et ses besoins sanitaires d'une part, entre une demande effective et la capacité des populations à en supporter les implications financières d'autre part. L'écart entre les demandes notionnelle et effective explique la précarité de l'Etat de santé des populations ; cette précarité se reflète, au Sénégal, à travers le niveau de l'offre de services sanitaires, l'impact des problèmes de santé et l'accessibilité aux services de santé.

a -Niveau des dépenses en soins de santé encore faible :

La demande des ménages en infrastructures et services sanitaires dépend de leurs revenus, du niveau de tarification de ces services, ainsi que d'autres déterminants clés des décisions des ménages, à savoir : le coût total à supporter ainsi que la qualité des soins médicaux. La politique gouvernementale en matière de santé aura un impact d'autant plus significatif qu'elle mettra l'accent sur l'accessibilité de ces services et infrastructures.

Les dépenses de santé annuelles au Sénégal s'élèvent à 52 milliards de FCFA. Elles représentent, en moyenne, 3,4% des dépenses totales de consommation qui ont été estimées à 147495 FCFA par personne par an. Ce taux varie selon le niveau de vie. Ainsi de 2,8% au niveau des populations rurales contre 4% environ dans les autres centres urbains ; de même chez les catégories considérées comme ?non pauvres?. Ces disparités sont d'autant plus accentuées que les dépenses totales des populations rurales sont deux fois moins importantes que celles disponibles en milieu urbain. Ces chiffres montrent la part relativement faible du budget de la consommation qui est allouée aux services sanitaires par la population, en raison des bas revenus.

b- L'impact des problèmes de santé sur la productivité

L'impact des problèmes de santé sur la productivité du travail, sur la pauvreté en particulier, et sur le développement humain en général, est une donnée importante dans la mesure de la performance d'une économie. En effet, les absences au travail pour cause de maladie peuvent être plus ou moins longues et affecter sérieusement la production et les revenus des ménages.

D'une manière générale, la maladie peut contribuer à appauvrir le ménage par l'imputation de ses revenus (journée sans travail donc sans gain) mais aussi de son patrimoine (vente de biens par nécessité pour soigner un malade) ou s'opposer au développement humain.

Selon l'enquêté, sur cent malades, moins du tiers seulement n'a pas observé de repos nécessitant une absence au lieu de travail ou à l'école. Prés de la moitié (46,4%) a en une maladie ou une blessure qui a nécessité un repos médical pouvant aller jusqu'à 6 jours.

Les absences d'une telle durée sont plus fréquentes à Dakar (51,2%) et dans les autres villes (47,0%). Les absences longues de 7 jours où plus, pour raison de maladie, sont plus observées en milieu rural (25,8% des malades) qu'en milieu urbain (moins de 20,0%).

Ces comportements différents, eu égard à la durée de repos pour des raisons de santé, pourraient s'expliquer par la différence du niveau d'activités et des contraintes professionnelles entre milieux.

En effet, si le niveau élevé du sous emploi en milieu rural agricole et la nature du travail (indépendant pour la plupart) favorisent le repos, à Dakar l'intensité des activités génératrices de revenus nécessaires pour faire face aux dépenses quotidiennes, d'une part et la plus grande dépendance à un salaire d'autre part, pousseraient plutôt les malades ou blessés à vite retourner au travail.

c- L'accessibilité aux services de santé

L'accessibilité des services de santé qui permet d'évaluer l'efficacité du système de santé renvoie à la notion de proximité géographique et aux moyens financiers des usagers pour faire face au coût du traitement qui inclut le paiement des soins et du transport pour se rendre à la structure souhaitée. Elle est appréhendée à travers la distance parcourue ou le temps mis pour accéder à un service, éléments déterminants de la fréquence des visites.

Au niveau national, 38,7% des ménages mettent 30 minutes ou plus de marche, pour se rendre au service de santé le plus proche. Bien que cette situation d'ensemble soit préoccupante en soi, elle cache des disparités d'accès encore plus fortes entre le milieu urbain et le milieu rural : 56,0% des ménages ruraux n'accèdent à un service de santé qu'après trente minutes et plus de marche, proportion qui n'atteint pas 16,9% en ville. Sous l'angle de la proximité des infrastructures, les inégalités deviennent plus visibles encore : si en milieu rural, plus de quatre ménages sur dix (40,5%) mettent une heure ou plus de marche pour atteindre le service de santé le plus proche, en milieu urbain, c'est moins de deux ménages sur cent qui se trouvent dans la même situation. La plus grande difficulté dans l'accès, pourrait expliquer la plus faible fréquentation des établissements sanitaires très distants des usagers en milieu rural.

Tableau de répartition en % de ménages selon le temps mis (en mn) pour accéder au service de santé le plus proche

Temps mis en mn

Milieu de résidence

Dakar

Autres villes

Urbains

Rural

Ensemble

0-14

56,4

51,6

54,0

34, 1

43,1

15-29

26,6

31,6

29,1

10,0

18,2

30-44

10,3

12,2

11,2

8,9

9,8

45-59

4,6

3,4

4,0

6,6

5,5

60 et plus

2,1

1,3

1,7

40,5

23,4

Ensemble

100

100

100

100

100

Source : Enquête de suivi de la pauvreté au Sénégal (ESPS, 2005-2006), ANSD, Dakar, Sénégal.

B- Education et pauvreté

Au Sénégal, le taux de croissance démographique estimée à 2,5% exerce de fortes pressions sur le système éducatif national. Elle requiert en effet, chaque année, un accroissement des intrants scolaires, dans de très fortes proportions, pour maintenir les performances auxquelles le système éducatif est parvenu en matière d'accès.

Les ressources budgétaires allouées au secteur augmentent d'année en année. En effet, celle-ci sont passées de 32% du budget de fonctionnement en 2002 à près de 40% en 2005, ce qui traduit une importante volonté pour le renforcement du système éducatif qui demeure un axe central de la croissance et de la lutte contre la pauvreté. Cependant, les résultats obtenus sont mitigés. Dans l'ensemble, près de 80% des enfants scolarisés dans l'enseignement primaire habitent à moins de 30 minutes de leurs établissements scolaires. C'est en milieu urbain (87,3%) et à Dakar (92,9%) en particulier que les établissements scolaires sont plus accessibles. En revanche, en milieu rural, la proportion d'élèves résidants à moins de 30 minutes des établissements primaires est de 69,5%. Environ 56% des populations sont satisfaites de la qualité des services éducatifs et c'est en milieu urbain que le niveau de satisfaction est plus élevé. L'accès aux fournitures scolaires reste un problème majeur pour l'éducation. En effet, 80% des populations non satisfaites de la qualité des services d'éducation n'ont pas accès à une fourniture complète. Ce constat fait ressortir le besoin de mener davantage d'actions, notamment en faveur du monde rural pour l'atteinte des objectifs du PDEF et plus généralement ceux du sommet mondial sur l'éducation pour tous (EPT, 2000).

Le taux brut de scolarisation élémentaire est en constante progression passant de 69,4% à 82,5% entre 2001 et 2005 mais reste insuffisant. Ce taux reste en dessous de la moyenne de l'Afrique au sud du Sahara, tout comme le nombre d'élèves par enseignant qui est de 51 au Sénégal contre 44 en moyenne en Afrique au sud du Sahara. Il est de 95% dans les zones urbaines et de 70% dans les zones rurales. Malgré ce progrès, près de 300000 enfants en âge d'aller à l'école primaire en milieu rural et 36000 enfants dans les zones urbaines ne sont pas scolarisés. Pour les zones rurales, un tiers d'entre eux se trouvent dans la région de Diourbel, suivie de Kaolack et de Louga.

Concernant les efforts consentis en milieu rural, les ressources sont réparties de façon inéquitable entre les zones rurales et zones urbaines. Selon certaines estimations faites par la banque mondiale, le coût par élève dans les zones rurales est d'environ 28000 FCFA/an contre 47000 FCFA dépensés par le gouvernement par élève urbain. Le gouvernement a fait des efforts considérables pour augmenter l'offre d'enseignement primaire dans les zones rurales. Dans la période de 2000 à 2004, 7109 nouvelles salles de classes primaires ont été construites et 930 réhabilitées (81% en milieu rural). Les ressources intérieures ont permis de financer 53% et les partenaires, 42%. Les 5% restant financés par des projets multisectoriels appuyés par des partenaires travaillant directement avec les collectivités locales et des communautés.

Pour améliorer la fréquentation et l'apprentissage des élèves, le gouvernement du Sénégal a également soutenu des cantines scolaires. Dans l'ensemble, selon une évaluation de la banque mondiale, 28% des écoles primaires offrent des repas scolaires. Ce taux est de 34% en milieu rural. Les cantines scolaires semblent avoir un effet positif sur les inscriptions et les résultats. Il est ressorti d'une évaluation d'impact du programme de cantines scolaires du PAM au Sénégal, menée en 2004, que le taux d'inscription et le taux de réussite sont positivement corrélés à la présence des cantines.

Source DSRP II, ANSD, Sénégal

C- Patrimoine et pauvreté

Le fait pour un ménage d'être propriétaire ou non de certains types de biens peut permettre de mesurer indirectement son statut socio-économique. Ainsi, l'ESPS s'est intéressé sur une liste de biens qui comporte des éléments aussi différents de confort comme la radio, la montre, la télévision, le téléphone, le réfrigérateur mais aussi des biens plus importants comme le matériel roulant (bicyclette, motocyclette, voiture, charrette, etc.), les animaux, les terrains ou la terre agricole, entre autres.

Dans ce présent rapport (ESPS), l'analyse porte sur le statut d'occupation de logement et la possession (et non le simple usage) de terres cultivables. Détenir ces biens est considéré comme une forme de sécurité. En effet, la terre à usage d'habitation garantit une relative sécurité du point de vue du logement alors que la possession de terre à usage professionnelle constitue un atout pour l'exercice d'une activité agricole ou non agricole. A ce titre, la terre est une préoccupation des ménages.

Le logement : en 2005-2006, plus de huit ménages sur dix (80,9%) étaient propriétaires ou copropriétaires du logement qu'ils occupaient au moment de l'enquête, alors que 15,6% étaient locataires ou colocataires. Le reste des ménages, peu nombreux (3,1%) était logé gratuitement par un tiers (parents, amis ou entreprise). La propriété d'un logement baisse avec l'urbanisation : presque tous les ménages ruraux 95,2% sont propriétaires de leur logement. Dans les autres villes et à Dakar, les ménages propriétaires font respectivement sept sur dix (70,6%) et six dix (60,2%). Par contre, la location, phénomène essentiellement urbain, est une pratique très peu répandue en milieu rural : 36,6% des ménages dakarois et 21,7% de ceux des autres villes sont locataires tandis que seulement 2,6% des ménages ruraux payent un loyer pour leur logement.

La terre à usage agricole : prés de six résidents sur dix (58,4%) vivent en milieu rural et exercent des activités agricoles. Dans ce contexte, la possession de terres comme facteur de production revêt un intérêt capital. La possession de terres cultivables devrait donc être plus valorisée par les ruraux qui tirent leurs revenus essentiellement d'activités agricoles. Parmi les ménages propriétaires de terres cultivables, la majorité (56,7%) possède des superficies inférieures à un hectare et 24,3% seulement détiennent des lopins de plus de quatre hectares. Au Sénégal, la possession de terres cultivables est le fait des ruraux qui tirent leurs revenus essentiellement d'activités agricoles. Comme indiqué plus haut, l'urbanisation et la modernisation des activités dans le maraîchage, les ménages à Dakar ne sont pas attirés par la terre à usage agricole. Ainsi, la presque totalité des ménages urbains (96,9% à Dakar et 89,0% dans les autres villes) propriétaires de terres cultivables, détiennent des lopins de moins d'un hectare. Respectivement, moins de 1% et 5% d'entre eux possèdent des terres de plus de quatre hectares. Par contre, en milieu rural où la possession de terre trouve toute sa signification, ces proportions sont nettement plus importantes et atteignent respectivement 24,6% et 43,3%.

Le bétail : sont considérés dans cette analyse deux catégories d'animaux : le gros bétail et les autres animaux d'une part, les moutons, les chèvres et autres animaux de taille moyenne d'autre part. Les résultats font état de 13 339 624 têtes de bétail répartis entre 66% pour le bétail de taille moyenne et 34% pour le gros bétail. En moyenne, un ménage possède cinq animaux en 2005-2006. Cette moyenne nationale cache toutefois des disparités entre milieux de résidence. En effet, si en milieu rural un partage équitable du bétail permettrait à chaque ménage d'obtenir au moins huit animaux, dans les autres villes chaque ménage n'aurait qu'un seul animal alors qu'à Dakar les ménages disposent en moyenne de moins d'un animal. L'urbanisation poussée à Dakar et dans les autres villes constitue très certainement la raison principale de la rareté de ces animaux en milieu urbain.

(Source, ANSD, ESPS 2005-2006)

D- Chômage et pauvreté

Cette partie traite exclusivement ou fait référence à la population en situation de chômage, lors du 2e passage de ESAM de 2001-2002. Les informations qui y sont analysées reflètent la situation du moment.

La population habituellement en chômage : cette population est constituée des personnes qui n'ont pas travaillé de façon continue pendant 3 mois au cours des 12 derniers mois et qui sont à la recherche ou en attente d'un emploi la plupart du temps dans la période de référence.

Cette population estimée à 208 135 habitants dont 133 803 hommes et 74 332 femmes, au niveau national en 2001-2002. On remarque également que le chômage est surtout le fait des citadins, en général. En effet, on observe que la majorité des chômeurs réside en milieu urbain 74,9% (dont 52,9% à Dakar et 22% pour les autres villes) contre 25,1% en milieu rural. Cette tendance se dégage quel que soit le sexe. En d'autres termes, la proportion des chômeurs, tant chez les hommes que chez femmes, est plus élevée en milieu urbain qu'en milieu rural. Toutefois, il est à noter que les proportions observées dans les autres villes sont les plus faibles.

En 2001-2002, le taux de chômage est de 5,6% au niveau national (source : ESPS, ANSD, Sénégal).

Le chômage affecte plus les hommes que les femmes : respectivement le taux de chômage est de 6,5% et 4,5%. Ce phénomène est plus important à Dakar (17,1% contre 15,9%) que dans les autres villes (8,5% contre 7,2%) et en milieu rural (2,1% contre 1,8%).

Au niveau national, les résultats du tableau ci-après montrent que le chômage affecte plus la population habituellement active âgée de moins de 35 ans. En effet, c'est à ces âges que les taux de chômage observés sont supérieurs à la moyenne nationale qui est de 5,6%.

L'analyse de la structure par âge du chômage met en relief des variations selon le milieu de résidence. A Dakar urbain, le chômage est plus aigu chez les moins de 30 ans. Dans les autres villes il l'est chez les moins de 35 ans ; tandis qu'en zone rural, ce phénomène est surtout le fait des moins de 25 ans et des personnes de plus de 70 ans.

Tableau de répartition des chômeurs, de la population habituellement active et du taux de chômage selon le milieu de résidence et l'âge en 2001-2002

Entre 1994-1995 et 2001-2002, le niveau du chômage a sensiblement baissé au niveau national. Cette évolution du niveau du chômage est fortement influencée par celle observée dans les autres villes et en milieu rural. En effet, au cours de la période on observe que le risque de chômer a diminué aussi bien dans les autres villes qu'en milieu rural ; alors qu'elle a enregistré une hausse à Dakar urbain.

La population actuellement en chômage : cette population est constituée par des personnes qui n'ont pas travaillé au cours de sept derniers jours pendant au moins une heure et qui sont à la recherche ou dans l'attente d'un emploi dans la période de référence. Au moment du deuxième passage de l'ESAM de 2001-2002, l'effectif des chômeurs du moment est estimé à 214 469 habitant soit 3,2% de la population en âge de travailler actuellement au niveau national. Près de sept chômeurs sur dix (67,5%) sont des hommes. Cela est sans nul doute induit par le faible degré de qualification des femmes par opposition aux hommes. La majorité de ces demandeurs d'emploi résident plutôt en milieu rural (46,7%) qu'à Dakar (35,1%) et dans les autres villes (18,3%).

On observe que les chômeurs actuels n'ayant jamais travaillé représentent 38,6% des demandeurs actuels d'emploi. Selon le milieu, ces résultats montrent que plus de la moitié des chômeurs actuels vivant en milieu rural (59,8% dans les autres villes et 59,6% à Dakar) n'ont aucune expérience professionnelle contre 14,6% en milieu rural.

En outre, on remarque que la majorité des chômeurs ayant une expérience professionnelle résident en milieu rural : 65,1% contre 22,9% à Dakar et 12,0% dans les autres villes. Quelque soit le milieu de résidence, on observe un effet genre au profit des hommes. En effet, la proportion d'hommes en situation de chômage et ayant déjà travaillé est plus importante que celle des femmes, quelque soir le milieu de résidence : 76,7% dans les autres villes, 68,9% des ruraux et 65,5% à Dakar.

Plus de la moitié des chômeurs ayant déjà travaillé sont des agriculteurs ou ouvriers de l'agriculture et de la pêche (53,7%) au niveau national. Les ouvriers et employés non qualifiés (23,9%) constituent le second groupe de chômeurs actuels ayant une expérience professionnelle.

Ces résultats révèlent également que les zones urbaines sont caractérisées par la prédominance des chômeurs expérimentés ayant comme professions « ouvriers et employés non qualifiés » : 48,2% à Dakar et 41,3% dans les autres villes. Alors qu'en milieu rural, on note que 77,3% des chômeurs expérimentés sont des agriculteurs ou ouvriers de l'agriculture et de la pêche.

Au niveau national, l'analyse selon le genre montre que les hommes prédominent, quelle que soit la profession des chômeurs expérimentés. Cependant, on observe que l'écart est réduit chez les ouvriers ou employés non qualifiés : 55,3% sont des hommes contre 44,8% de femmes. Selon le milieu, ces résultats mettent en évidence que les chômeurs expérimentés prédominent seulement au niveau des professions intermédiaires et des ouvriers ou employés non qualifiés à Dakar, ainsi qu'au niveau des employés de type administratif ou de personnel des services et vendeurs dans les autres villes.

Ces informations ci-dessous sont tirées du document de Stratégie pour la croissance et la Réduction de la pauvreté (DSRP II) : 2006-2010.

Chapitre II : Stratégie de lutte contre la pauvreté

L'analyse des causes, déterminants, manifestations et vécu de la pauvreté au Sénégal montre que la forte croissance nécessaire pour réduire de manière durable la pauvreté nécessite au préalable un cadre macroéconomique sain et une gestion saine et transparente des ressources publiques qui passe par une bonne gouvernance économique et judiciaire. Cette croissance n'est cependant pas suffisante pour atteindre les objectifs, si elle ne s'accompagne pas d'une réduction des inégalités de revenus et des discriminations dans l'accès aux services sociaux entre milieu rural et urbain, le renforcement du capital humain, le renforcement de la décentralisation et la participation des acteurs dans la formulation et la mise en oeuvre des politiques et stratégies. Par ailleurs, les événements vécus ces dernières années ont montré que les acquis en matière de croissance et de renforcement du capital humain sont souvent remis en cause du fat de l'occurrence de chocs de diverses natures (catastrophes, accidents) et d'absence de protection contre les risques sociaux.

Pour prendre en charge de manière harmonieuse et cohérente ces différents défis, le Sénégal a retenu une stratégie axée sur quatre leviers fondamentaux :

1- la création de richesse

2- l'accélération de la promotion de l'accès aux services sociaux de base

3- la protection sociale et prévention et gestion des risques et catastrophes

4- la gouvernance et le développement décentralisé et participatif.

En ce qui concerne la création de richesse, différentes études statistiques révèlent une forte corrélation entre le revenu national par tête et les indicateurs de pauvreté, qu'ils soient monétaires ou non monétaires.

Au Sénégal, les analyses faites sur les déterminants de la pauvreté montrent bien l'importance du facteur « insuffisance de revenus » et justifient amplement que la promotion de la création de richesses dans un cadre macro-économique sain et stable, constitue encore le premier pilier dans le but de favoriser l'émergence et le renforcement de l'emploi productif. L'analyse des indicateurs du cadre macroéconomique et des contraintes à la croissance montre que le Sénégal doit relever les défis suivants : comment augmenter les exportations de manière durable en appuyant des secteurs à forte valeur ajoutée où le Sénégal dispose d'avantages comparatifs sur le marché ? Comment répondre à la demande intérieure en biens et services par la production intérieure en vue de garantir la sécurité alimentaire ?

Pour relever ces défis, le Sénégal mettra simultanément en oeuvre une stratégie de croissance accélérée, une stratégie d'appui aux secteurs productifs de substitution à l'importation en particulier dans le domaine agricole pour garantir la sécurité alimentaire.

Le Sénégal a retenu l'accélération de la promotion de l'accès aux services sociaux de base comme second pilier de sa stratégie en vue notamment de relever le stock de capital humain, base d'une croissance durable, répondre à la demande sociale et favoriser l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Les ménages, aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain, sont exposés à une variété de chocs (sécheresse, inondations, accidents, maladies, fluctuation des prix de produits de base...) qui les empêchent d'accumuler les biens et le capital humain susceptibles de les aider à sortir de la pauvreté. C'est pourquoi le Sénégal met l'accent sur la nécessité de faire de la protection sociale, en particulier des groupes vulnérables, un des piliers de sa stratégie pour assurer une réduction durable de la pauvreté.

Enfin, un des enjeux principaux de la lutte contre la pauvreté est la nécessité de toucher toute la population sénégalaise ciblée en répondant à ses besoins spécifiques et en assurant la célérité et la transparence dans la formulation, le pilotage, l'exécution et le suivi évaluation des politiques publiques et des programmes de développement.

A cet effet, le Sénégal a inscrit la bonne gouvernance et la décentralisation dans les priorités de lutte contre la pauvreté, confirmant le consensus, exprimé par les acteurs de la vie socio-économique, sur le rôle important du capital dans la croissance à long terme.

Cependant, nous articuleront ce chapitre autour de quatre sections à savoir : la création de richesse, l'accélération de la promotion de l'accès aux services sociaux de base, la protection sociale et la bonne gouvernance.

Section 1 : La création de richesse

A partir de données des deux enquêtes sénégalaises auprès des ménages (ESAM I et II), le Centre de Recherches Economiques Appliquées (CREA) de l'université Cheikh Anta DIOP de Dakar a établi que l'élasticité de l'incidence de la pauvreté par rapport au taux de croissance du revenu réel par tête, sous l'hypothèse que l'inégalité des revenus ne change pas, était de -1,38. Une croissance robuste et mieux répartie est donc un pré requis fondamental pour une réduction significative de la pauvreté.

La stratégie de création de richesse reposera sur une croissance économique forte, suffisante pour avoir un impact quantitatif substantiel sur la prévalence nationale et régionale de la pauvreté. Il sera ainsi recherché :

1-une croissance soutenue par des secteurs qui ont un impact important et durable sur l'amélioration des revenus en milieu rural et urbain

2-une croissance génératrice d'emploi, portée par l'investissement et les exportations.

Cette stratégie repose sur un scénario de croissance qui augmente les revenus des pauvres, c'est-à-dire une croissance qui favorise les secteurs et les régions où les pauvres vivent et utilisent les facteurs de production qu'ils possèdent. Jusqu'à présent, la majorité des pauvres sont localisés en milieu rural et dépendent en majeure partie directement de l'agriculture et les facteurs de production qu'ils possèdent et qu'ils utilisent le plus se résument à la terre, au travail et très rarement au capital. Une croissance favorable aux pauvres (croissance pro pauvre) devra mettre l'accent sur les zones rurales, la hausse de la productivité et des revenus de l'agriculture et être très intensive en travail.

Dans l'optique de renforcer le caractère inclusif de la croissance, le gouvernement a identifié des activités ou domaines d'activités prioritaires dans les secteurs suivants :

1- secteur primaire (agriculture, élevage, pêche, foresterie) dans une dynamique intersectorielle, avec tous les autres susceptibles de contribuer à son essor : industrie, hydraulique, transport, artisanat

2- micro finance et entreprenariat féminin

3- PME/PMI et agro-industrie

4- toute opportunité de développement des initiatives privées génératrices d'emplois dans les autres secteurs économiques (mines, énergies, bâtiments et travaux publiques, TIC) qui peuvent être réalisées aussi bien en milieu urbain qu'en milieu rural.

Du fait des interactions sectorielles et de la répartition spatiale de la population active et de la pauvreté, le Sénégal doit axer sa stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté et des inégalités, en priorité, sur le relèvement de la productivité de l'agriculture notamment à travers les produits à demande intérieure et internationale croissance. Aussi, toutes les dispositions (mesures fiscales, institutionnelles, infrastructures physiques, encadrement et formation, systèmes d'information sur les marchés nationaux et internationaux) seront prises pour favoriser le développement d'unités de transformation et de conservation des produits agricoles.

Parallèlement, l'accent sera mis sur les autres secteurs porteurs de croissance, mais également sur les facteurs de croissance à long terme comme le capital humain et les infrastructures de base.

En somme, l'axe création de richesses sera basé sur un cadrage macroéconomique pour la période 2006-2010 et axé autour de la mise en oeuvre de la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA) et de différentes politiques sectorielles orientées vers la réduction de la pauvreté.

A- Cadre macroéconomique

Après une croissance de 5,5% enregistrée en 2005, les premières tendances de l'économie en 2006 sont marquées par la persistance de la hausse des prix du baril de pétrole et les difficultés des Industries Chimiques du Sénégal (ICS), laissant augurer une croissance du PIB de 4,0%. Ce résultat s'explique par le ralentissement de l'activité du secteur industriel qui est passée d'une croissance de plus de 8% et une baisse de 0,9%.

Le redressement du secteur primaire (6,8%) et le dynamisme du secteur tertiaire (5,1%) permettraient d'atténuer l'impact des difficultés du secteur secondaire.

Au niveau du secteur primaire, la croissance était en 2006 à 6,8% contre 9,4% en 2005, en raison du ralentissement de tous les sous-secteurs.

S'agissant du secteur secondaire, la poursuite de la hausse des prix du pétrole, ainsi que les difficultés des ICS ont fortement impacté l'évolution de l'activité industrielle. En dehors des effets directs de la hausse des prix des produits pétroliers sur les sous-secteurs du raffinage de pétrole, les effets induits ont été notés également dans les autres industries. A ces difficultés s'ajoutent les contre performances des industries chimiques qui se sont traduites par un arrêt de la production d'engrais et d'acide phosphorique.

Pour ce qui concerne le secteur tertiaire, la croissance de 5,1% reste essentiellement tirée par le sous-secteur des transports et télécommunications qui enregistrent une progression de 9,0% en 2006. Le léger repli du rythme des activités commerciales (2,5% en 2006) est lié à baisse des marges des produits du secondaire. Toutefois, les évolutions des autres marges restent positives et sont respectivement de 3,8% pour les produits primaires et de 5,9% pour celles sur les produits importés.

Le niveau général des prix, mesuré par le déflateur du PIB était de 3% par rapport à 2005. Cette hausse résulterait essentiellement de la flambée du prix du baril de pétrole.

B- Stratégie de croissance accélérée

Dans la perspective d'atteindre les taux de croissance requis pour la réalisation des objectifs de réduction de la pauvreté de moitié d'ici à 2015 (OMD1), le gouvernement a initié le processus d'élaboration d'une SCA pour créer les conditions de nouveaux gains de productivité afin d'atteindre un taux de croissance de 7 à 8%.

Cette stratégie qui sera bâti autour de « l'approche grappe », vise à assurer une forte croissance des secteurs ciblés avec un effet d'entraînement sur l'ensemble de l'économie et à renforcer la synergie intersectorielle. Il s'agira d'accélérer la croissance économique, en améliorant qualitativement la structure de la croissance pour la rendre plus efficace dans la lutte contre la pauvreté et en diversifiant les sources pour la sécuriser et la pérenniser.

C- Politiques sectorielles

Sous secteur de l'agriculture :

L'agriculture demeure encore un des secteurs les plus importants de l'activité économique. Elle occupe de 60% de la population active du pays et continue de rester le principal levier pour le développement des secteurs artisanal et industriel. Cependant, sa contribution à la formation du produit intérieur brut reste faible et variable d'une année à l'autre. Pour les années passées, elle se situe à moins de 10%. Malgré l'augmentation des ressources qui lui sont affectées (le budget d'investissement est passé de 9% en 2003 à 15% en 2005 et le budget de fonctionnement de 1% environ en 2003 à 4% en 2005), les performances restent encore erratiques. En 2004/2005, les productions ont accusé une baisse de 31% sont 367363 tonnes en valeur absolue. Cette baisse est principalement due au péril acridien qui a eu des conséquences sur les rendements (mil -23%, sorgho -14%). Le coefficient de dépendance alimentaire du pays en céréales reste très important (plus de 50%). En effet, la production céréalière qui constitue une des composantes importantes de la production alimentaire ne cesse de baisser, creusent ainsi le déficit céréalier.

La baisse de la productivité des cultures pluviales et la faiblesse des superficies irriguées, résultent de l'insuffisance des investissements dans le secteur irrigué, des lenteurs dans la mise en oeuvre des réformes structurelles, notamment dans la filière arachide et le foncier et de la grande vulnérabilité du secteur face aux aléas naturels.

Le secteur agricole demeure confronté à d'énormes difficultés récurrentes dont les plus importants sont : la baisse du revenu réel des paysans qui a provoqué la réduction très sensible de l'utilisation des intrants agricoles, la saturation et la dégradation des terres, le transfert de technologies et de connaissances souvent inapproprié et sans rapport avec les niveaux des ressources tirées de l'exploitation agricole, l'accès difficile au système de crédit rural, la non disponibilité de semences de bonne qualité, en quantité suffisante , notamment pour la filière arachide, l'obsolescence du matériel agricole, l'exode rural avec comme corollaire le vieillissement des chefs d'exploitation en particulier dans le bassin arachidier, les insuffisances de fret pour les produits horticoles, l'insuffisance et la mauvaise qualité des pistes de production et le manque d'infrastructures de stockage et de transformation.

Conjuguées à d'autres facteurs, ces faiblesses de l'agriculture sénégalaise sont à l'origine du déséquilibre financier et de l'absence de compétitivité des filières, notamment celles tournées vers l'exportation et expliquant et expliquent, pour une large part, la très forte prévalence de la pauvreté en milieu rural. Aussi urge-t-il de mettre en place les conditions propices de l'accélération de la croissance dans le secteur agricole, celle-ci devrait avoir un double impact sur la réduction de la pauvreté.

Le premier, d'ordre structurel, est lié à la contribution très importante que joue l'agriculture dans les performances de l'économie dans son ensemble, notamment l'apport de ressources tirées des exportations de produits agricoles et aux économies de devises consécutives à la réduction des importations et une amélioration de la sécurité alimentaire.

Le second effet positif d'une accélération de la croissance agricole est plus direct et consiste en une amélioration immédiate des revenus moyens des paysans.

Etant donné la nature et la structure de la pauvreté, au Sénégal, cette amélioration des revenus agricoles doit contribuer de façon très significative à sa réduction.

Dans cette optique, le gouvernement a élaboré, en 2004, une loi d'orientation agro-sylvopastorale, pour traduire son option de faire de l'agriculture un moteur de croissance de l'économie. Pour ce faire, le développement agro-sylvopastorale passe par une stratégie de diversification des productions agricoles, l'augmentation de la compétitivité et de la productivité des exploitations agricoles sur une base durable, avec comme stratégie d'accompagnement, le développement d'une économie non agricole en milieu rural.

Pour atteindre ces objectifs, des investissements et des mesures seront mis en oeuvre principalement pour la maîtrise de l'eau, base de sécurisation, d'intensification et de modernisation de l'agriculture pour faire passer le taux de superficies irriguées sur superficies totales cultivées de 4% en 2005 à 10% d'ici 2010 et 20% en 2015.

A cet effet, l'Etat réalisera au moins 15000 ha d'aménagement hydro agricole en moyenne par an à travers des programmes dans les différentes parties du pays.

Sous secteur de l'élevage

Ce sous secteur n'atteint pas encore les niveaux de performances attendus en dépit de son potentiel et du rôle important qu'il joue sur le plan socio-économique. Pour l'essentiel, les activités de production continuent d'être menées selon les modes traditionnels d'élevage.

L'élevage doit faire face à de nombreux obstacles qui ont pour noms :

1- l'insécurité alimentaire du cheptel liée au mode d'élevage extensif basé sur les pâturages naturels et soumis aux aléas climatiques, aux feux de brousse et à la pression des cultures

2- l'existence de maladies transfrontalières émergentes et ré émergentes

3- le sous-équipement et le faible niveau de technicité des producteurs

4- le faible niveau d'encadrement et de formation des éleveurs

5- l'existence de nombreux intermédiaires dans les circuits de commercialisation du bétail, entraînant un renchérissement des prix de la viande à la consommation

6- la non maîtrise des statistiques de l'élevage

7- l'inexistence d'un tissu industriel adéquat pour la transformation des produits d'élevage

8- l'absence d'une sécurité foncière pour les activités pastorales

9- l'insuffisance des services énergétiques pour la conservation et la transformation des produits d'élevage.

Il en résulte de cette situation :

i- une faible productivité du cheptel

ii- des revenus faibles et peu diversifiés pour l'éleveur

iii- une facture laitière excessive évaluée à plus de 35 milliards de francs CFA par an

iv- des productions aléatoires et insuffisantes en viande et en lait se traduisant par une consommation per capita à 11Kg de viande et 33 litres de lait

v- un faible accès au marché international

vi- une dégradation des écosystèmes pastoraux et agro-pastoraux.

Afin d'enclencher une dynamique de rupture et créer les conditions à une croissance forte et durable pour une plus grande contribution du sous-secteur à l'objectif global de lutte contre la pauvreté, l'Etat s'est fixé un certain nombre d'objectifs stratégiques dont les plus importants visent à :

1- assainir l'environnement de la production

2- sécuriser l'élevage pastoral et agro-pastoral

3- accroître la productivité du sous-secteur en vue de garantir la sécurité alimentaire

4- améliorer conditions de mise en marché des produits animaux en veillant à assurer l'équité dans les rapports de prix, les termes de l'échange villes campagnes

5- renforcer le système d'information et de gestion du sous-secteur.

Les stratégies à court et moyen termes, ont été identifiées afin d'assurer une plus grande fluidité des activités tout au long de la filière bétail viande, la relance de la production laitière, la multiplication des espèces à cycles court (petits ruminants et volaille locale), une sécurisation durable de l'alimentation animale, le traitement et la transformation des dérivées animaux (peaux, cornes etc). Outre la mise en place d'infrastructures adéquates (abattoirs au niveau des régions...) et la lutte contre les maladies affectant le petit ruminant qui joue un rôle important dans la création de richesse, d'autres mesures seront prises en ce qui concerne le financement, l'accès au crédit, l'organisation, la politique sanitaire et la sécurité.

Relance de la pêche et le développement de l'aquaculture :

Le secteur de la pêche au Sénégal comprend deux branches : la pêche maritime et la pêche continentale.

La pêche maritime contribue pour 12% PIB du secteur primaire, 2,5% au PIB total et assure une activité rémunératrice à plus de 17% de la population active. Malheureusement, on constate depuis une décennie une surexploitation des principales espèces marines liée à un effet de pêche excessif et à l'existence de surcapacité de capture et de traitement. Il s'y ajoute une dégradation prononcée des habitats marins due aux mauvaises pratiques et pêche et à la pollution. Sur les cinq dernières années, les débarquements ont enregistré des fluctuations importantes qui ont affecté les performances du secteur. Dans l'ensemble, les principales contraintes auxquelles le secteur de la pêche est confronté sont :

1- l'insuffisance des connaissances sur l'état des ressources

2- la cohabitation de plus en plus conflictuelle entre les acteurs de la pêche artisanale mais aussi entre la pêche artisanale et la pêche industrielle, due en partie, à l'exiguïté des zones de pêche

3- l'insuffisance des quais de débarquement et l'aire de transformation

4- les techniques désuètes de capture et les moyens de conservation à bord des embarcations, en plus de l'éloignement des zones de pêche, constituent les causes fondamentales de perte de qualité des espèces

5- le manque de formation et d'organisation des acteurs des différentes filières.

La pêche continentale n'a pas bénéficié comme la pêche maritime, de politiques et stratégies de développement d'envergure ; ce qui explique la faiblesse des moyens d'exploitation et de la qualification des acteurs du sous-secteur. Les plans d'eau continentaux se caractérisent aussi par une dégradation prononcée des habitats halieutiques et une nette chute de leur productivité.

L'aquaculture, malgré ses potentialités importantes, est restée peu dynamique depuis une vingtaine d'années au Sénégal en raison de sérieuses contraintes qui limitent son développement. Ces contraintes sont principalement :

la faiblesse des connaissances sur la disponibilité en eau et les potentialités aquacoles des espèces de poissons ciblés

la faiblesse des rendements des exploitations aquacoles existantes

le coût exorbitant des aménagements et les contraintes foncières limitant la disponibilité des sites

le coût élevé des aliments aquacoles

le manque de formation et de savoir-faire sur les techniques aquacoles

l'absence d'un environnement incitatif pour attirer l'investissement privé

les problèmes de coordinations des les interventions des acteurs.

En vue de renverser ces tendances lourdes qui pèsent sur la pêche et l'aquaculture, les objectifs ci-après ont été définis :

ü assurer la gestion durable et la restauration des ressources halieutiques

ü satisfaire la demande nationale en produits de la pêche

ü valoriser les ressources halieutiques et moderniser la pêche artisanale

ü promouvoir la professionnalisation et la qualification accrue des acteurs du secteur de la pêche et de la transformation

ü améliorer le système de financement des activités de la pêche et de l'aquaculture

ü renforcer la coordination régionale et sous régionale.

Pour atteindre ces objectifs, la stratégie globale qui a été ainsi définie avec l'ensemble des acteurs est axée sur :

· une utilisation rationnelle et responsable des ressources de la pêche

· le développement durable de l'aquaculture vivrière et l'aquaculture de rente (marine et continentale) dans les zones à fort potentiel aquacole, dans le respect de l'écosystème et de la biodiversité aquatique

· une meilleure protection et un environnement institutionnel (juridique, financier etc) plus adapté aux exigences de développement du secteur et une coopération internationale plus équilibrée

· le renforcement des capacités des acteurs tant publics que privés du secteur

· une meilleure distribution des produits halieutiques sur toute l'étendue du territoire national.

Les mines :

Le secteur minier représente globalement un chiffre d'affaires de plus de 100 milliards de FCFA et emploi plus de 2500 salariés permanents, il contribue pour près de 2% du PIB du secteur secondaire et représente plus de 20% des exportations de biens et de services. Toutefois, le secteur fait face à des obstacles tels que :

- la lourdeur des investissements nécessaires à la mise en oeuvre des projets miniers

- le déficit d'infrastructures de transport adéquates dans les zones à potentiel minier

- l'absence d'une politique minière axée sur un développement endogène et ayant un impact appréciable sur le revenu des résidents.

Pour relever ces contraintes, le gouvernement a adopté, en 2003, un code minier plus attractif pour les investisseurs. Les objectifs retenus dans ce code qui seront poursuivis dans le cadre de la mise en oeuvre de la stratégie de réduction de la pauvreté visent à :

1- renforcer les dispositions sur la gestion de l'environnement et la réhabilitation des mines et carrières

2- faire bénéficier les collectivités locales des retombées financières de l'exploitation du sous-sol

3- alléger les procédures et promouvoir l'exploitation artisanale en faveur des populations locales

Dans le but d'opérationnaliser ces options, les mesures envisagées portent principalement sur la création des conditions favorables au développement et à la promotion du secteur minier. Il s'agira de :

- veiller à une meilleure connaissance de la géologie et des ressources minérales du Sénégal à travers notamment la mise en place d'un cadastre minier et d'un centre de documentation

- tirer durablement un bénéfice social et économique de l'exploitation et la transformation des ressources minérales par la sensibilisation, la formation, l'éducation et l'appui à l'orpaillage

- contribuer à la diversification des sources de revenus des populations pour la recherche de nouvelles applications aux substances à faibles débouchés.

Technologie de l'information et de la communication :

Le développement des technologies de l'information et de la communication figure également au rang des priorités retenues en matière de promotion des services. L'objectif principal est d'accélérer le développement des télés services en milieu urbain et rural.

A cet égard, il s'agira, entre les efforts dans la promotion de l'investissement public et privé en faveur de l'accès au téléphone et à l'intérêt sur l'ensemble du territoire, grâce au fonds d'accès universel. L'élaboration et la mise en oeuvre des programmes de formation adaptés aux besoins des filières des TIC devraient également contribuer à soutenir le développement des télé-services en milieux urbain et rural pour l'accès au marché. Par ailleurs, le développement des services devra être accompagné par une politique accélérée de promotion des services e-gouvernement, favorable à l'efficacité de l'action publique et à la modernisation de ses services et par l'amélioration de la couverture électrique au niveau rural. Un programme d'appui aux entreprises pour l'accès aux marchés ainsi que l'appui aux radios communautaires devraient également contribuer à soutenir le développement de l'information et de la communication.

Section 2 : Accélération de la promotion de l'accès aux services sociaux de base

A- Capital humain et renforcement des capacités

La mise en place d'infrastructures de base de qualité et mieux réparties géographiquement ainsi que la mise à la disposition des populations de services sociaux indispensables constituent des préalables pour renforcer le stock de capital humain et apporter des solutions viables à la demande sociale à travers des investissements conséquents dans les services sociaux (éducation, santé, hydraulique, transport...).

La volonté du gouvernement de renforcer le stock de capital humain, à travers notamment le renforcement du système éducatif et l'amélioration de la situation s'est traduite par une allocation conséquente de ressources au secteur de l'éducation et de la formation et la santé. En effet, les ressources budgétaires allouées à ces secteurs n'ont cessé d'augmenter d'année en année.

a- Education-formation

Le Sénégal a démarré, depuis 2000, la mise en oeuvre du programme décennal de l'éducation et de la formation (PDEF) qui fixe les orientations du gouvernement en matière d'éducation jusqu'en 2010.

Pour améliorer et renforcer les acquis du PDEF en vue d'atteindre la scolarisation universelle au niveau du cycle fondamental, le gouvernement a entrepris la mise à jour du PDEF (PDEF, 2005-2007). La deuxième phase du PDEF, qui compte mettre l'accent sur la qualité, repose sur les options suivantes :

- l'universalisation de l'achèvement du cycle alimentaire et l'amélioration de l'accès dans les autres cycles

- la création des conditions d'une éducation de qualité à tous les niveaux de formation

- l'éradication de l'analphabétisme et la promotion des langues nationales

- l'élargissement des compétences des communautés et des collectivités dans le système éducatif, notamment dans la gestion des écoles, le suivi de la qualité et la mobilisation des ressources

- la promotion et l'orientation de la formation professionnelle vers le marché du travail

- l'élimination des disparités entre groupes économiques (riches/pauvres), entre sexes, inter et intra régionales, entre milieux (urbain/rural), à tous les niveaux d'enseignement et la prise en compte des besoins des enfants handicapés

- le partenariat efficace et bien coordonné

- l'ouverture à la coopération régionale au sein de l'espèce CEDEAO.

Pour promouvoir l'éducation qualifiante des jeunes et des adolescents et orienter la formation professionnelle vers le marché du travail et de l'emploi, les stratégies sont orientées autour de :

- la révision en profondeur de l'offre de formation formelle et non formelle (alphabétisation, éducation communautaire de base, etc) et la mise en place d'une carte nouvelle des filières

- l'élaboration /révision des programmes de formation selon l'approche par les compétences

- la promotion d'un partenariat dynamique avec le privé

- l'organisation du système d'apprentissage en suscitant un consensus, en fondant l'apprentissage sur les valeurs sociales de solidarité et en mettant en place un cadre juridique approprié

- la réduction des inégalités entre sexes

- la formation des adolescents et des jeunes de 13 à 18 ans décrochés du système éducatif formel et non formel sans disposer des outils minimaux.

A cet égard, l'Etat s'attachera à mettre en place les conditions devant lui permettre de répondre aux besoins éducatifs de tous les jeunes et de tous les adultes en assurant un accès équitable à des programmes adéquats et des manuels notamment des manuels non stéréotypés intégrant la dimension genre, ayant pour objet l'acquisition de connaissances ainsi que de compétences nécessaires à la vie courante. L'éducation non formelle sera soutenue à travers la poursuite de la construction des espaces jeunes, l'élaboration de modules de renforcement des capacités des jeunes et de leurs groupements.

Au niveau de l'environnement scolaire, les difficultés d'accès à l'eau potable, aux services énergétiques, aux blocs sanitaires, l'absence de murs de clôtures, limitent les performances du secteur. Ainsi, pour renforcer la qualité du système éducatif, il s'agira de veiller à une intégration adéquate de ces besoins dans les infrastructures scolaires.

b- Santé et nutrition

Malgré les efforts consentis et les progrès réalisés, le secteur reste caractérisé par une insuffisance des infrastructures sanitaires et sociales et en prestation de services.

Les progrès réalisés dans la première phase du PNDS seront poursuivis pour atteindre en 2010 entre autres, un taux de couverture vaccinale DTC3 de plus de 80%, un taux de consultation primaire curative de 60%, un taux de consultation prénatale de 65%, une proportion d'accouchement assistés par un personnel formé de 70%, un taux de prévalence du VIH/SIDA de moins de 3%.

La stratégie retenue sera fondé sur :

1. la correction de l'insuffisance de l'accès aux soins par une politique de dotation suffisante et de qualité en infrastructures et le recours des services à base communautaire pour pallier l'insuffisance de personnels

2. l'allègement des dépenses de santé (médicament surtout) chez les pauvres

3. l'accès aux mutuelles de santé

4. le développement des ressources humaines

5. l'appui au secteur privé et la médecine traditionnelle

6. le renforcement du contrôle des maladies endémiques et de la surveillance épidémiologiques

7. l'accroissement des performances des programmes de santé de la reproduction, notamment par la promotion de stratégies innovatrices d'appui à la planification familiale

8. l'appui institutionnel au niveau central, régional de district.

Les mesures et actions concrètes envisagées devront permettre de renforcer la lutte contre la mortalité maternelle, de consolider les acquis des programmes (lutte contre le paludisme, vaccination), d'intégrer des programmes de lutte contre la bilharziose, la lèpre, le ver de Guinée, la tuberculose etc, de développer des programmes en faveur des maladies non transmissibles ou liées a la vieillesse et de renforcer les deux piliers à savoir la prévention et la prise en charge de la lutte contre le VIH/SIDA.

En ce qui concerne la nutrition, l'Etat poursuivra la mise en oeuvre d'une politique de nutrition multisectorielle en vue d'améliorer la situation nutritionnelle des femmes et des enfants. Cette politique vise à :

§ réduire de moitié la prévalence de la malnutrition chez les enfants 0-5 ans

§ éliminer durablement les troubles liés aux carences en iode et l'avitaminose A

§ réduire d'un tiers la prévalence de l'anémie

§ assurer une disponibilité et un accès durable à une alimentation en quantité et qualité suffisantes pour toute la population

Ces objectifs seront poursuivis à travers le programme de renforcement de la nutrition (PRN) [2002-2015].

Ce programme a permis dans sa première phase de toucher de 20% des enfants âgés de moins de 5ans et de tester avec succès des expériences ayant permis une réduction significative de la prévalence de la malnutrition et une amélioration générale de la situation nutritionnelle des enfants et des femmes.

Pour la période 2006-2010, le PRN prévoit d'augmenter la couverture des enfants de 20% à 50%, soit 900000 enfants âgés de moins de 5ans. Cette intensification des interventions de nutrition est encore plus nécessaire dans les zones rurales qu'elle devra cibler en priorité au regard des indicateurs montrant une prévalence largement élevée de la malnutrition en milieu rural, qu'en milieu urbain.

c- l'accès à l'eau potable

Le gouvernement a fait du secteur de l'eau potable une priorité pour la réduction de la pauvreté. Cette priorité s'est traduite dans le plan d'actions du DSRP (2003-2005). Pour renforcer les acquis et inscrire les objectifs dans une perspective globale et à long terme, le gouvernement a élaboré en 2005, le Programme d'Eau potable et d'Assainissement du Millénaire (PEPAM), à travers lequel, les objectifs de réduction de la pauvreté dans le secteur de l'eau seront mis en oeuvre.

Les résultats attendus en 2015 pour l'atteinte par le Sénégal des OMD sont que 100% des ménages en milieu urbain et 82% des ménages en milieu rural aient un accès à l'eau potable. En vue de d'accroître le taux d'accès à l'eau potable et promouvoir une gestion durable des ouvrages, il s'agira à court terme (d'ici à 2010) de réaliser en milieu rural 200 nouvelles adductions d'eau multi villages, 150 extensions dont 70 constructions de châteaux d'eau et 200 puits modernes et la consolidation des infrastructures existantes d'une part, et, d'autre d'augmenter l'extension des réseaux et les branchements sociaux en milieu urbain et périurbain.

La stratégie retenue sera centrée autour de :

1. la préservation et l'amélioration des acquis de l'hydraulique urbaine

2. l'intensification de développement de l'hydraulique rurale

3. la responsabilisation et la participation accrue des acteurs directs (collectivités locales, usagers, secteur privé)

4. une meilleure synergie intersectorielle (hydraulique, décentralisation, assainissement, énergie, santé), optimisation technique et maîtrise des coûts des infrastructures

5. la gestion rigoureuse des ressources en eau

6. mise en place de mécanismes pour assurer les équilibres financiers durables du service public à l'eau.

A cet égard, l'Etat mettra en place un cadre unifié des interventions qui proposera à tous les acteurs en ensemble de règles communes et un outil de coordination. Ce cadre permettra d'amener la capacité d'exécution et d'absorption du secteur à la hauteur des besoins des dix (10) prochaines années de promouvoir les synergies intersectorielles et la cohérence des interventions.

d- L'accès à l'assainissement

L'assainissement est au centre des préoccupations du gouvernement du Sénégal et constitue une cible retenue par la communauté internationale pour l'atteinte des OMD. C'est à ce titre qu'il constitue une des composantes du PEPAM, élaboré en 2005. Aussi, les objectifs prioritaires retenus visent à porter :

· le taux d'accès des ménages ruraux à un système autonome d'évacuation des excréta et des eaux usées de 17% en 2004 à 59% en 2015

· le taux d'accès des ménages urbains à un service d'assainissement de 56,7% en 2002 à 78% en 2015. Les taux d'accès attendus, à l'horizon 2015 sont de 85% à Dakar, 72% dans les centres assainis et 68% dans les centres non assainies.

Il s'agira à court terme (d'ici 2010), de réaliser 71000 systèmes individuels et 84000 édicules public, en milieu rural. Pour le milieu urbain, il a été retenu la réalisation, d'ici à l'horizon 2015, de 92400 branchements dont (28600 branchements sociaux) sur le réseau collectif ou réseau semi-collectif et l'installation de 135000 systèmes autonomes. En ce qui concerne la collecte et le traitement des eaux usées, il est prévu de porter les capacités STEP à plus de 34000 m3/jour à Dakar. L'Etat prendra les mesures d'accompagnement pour le renforcement des capacités des acteurs des services de l'Etat, des consommateurs, des collectivités et du secteur privé.

Les actions et mesures envisagées contribuent à l'atteinte des objectifs suivants :

· améliorer l'accès des ménages à des systèmes d'évacuation des excrétas

· améliorer l'accès des ménages à des systèmes adéquats d'évacuation des eaux pluviales

· améliorer l'accès à des systèmes de gestion des déchets solides

· changer positivement les attitudes et comportements des populations

· améliorer le cadre institutionnel et organisationnel avec la mise en oeuvre des réformes dites de deuxième génération.

Par ailleurs, de nouveaux programmes d'accès à l'assainissement ciblés sur les ménages les plus pauvres seront mis en oeuvre pour améliorer l'efficacité des programmes de branchements subventionnés.

La stratégie retenue sera centrée autour :

· mise en place des réformes de deuxième génération à travers la loi sur le service public de l'eau potable et de l'assainissement : actualisation des instruments contractuels Etats-ONAS, la préparation d'un code de l'assainissement, l'intégration de la problématique eaux pluviales dans la stratégie

· l'optimisation des techniques et le renforcement des infrastructures, notamment pour réduire les impacts environnementaux et exploiter la complémentarité entre l'assainissement collectif, semi-collectif et autonome

· l'amélioration progressive de l'équilibre financier de l'ONAS.

B- cadre naturel, habitat et cadre de vie

Le cadre naturel qui contribue à renforcer le capital humain, est à l'instar de celui-ci un levier important de la croissance à long terme, mais également du cadre de vie. A ce titre, la communauté internationale a placé l'environnement au centre des Objectifs du Millénium pour le Développement (OMD).

a- Gestion des ressources naturelles et de l'environnement

Le Sénégal dispose de potentialités naturelles relativement importantes (13 millions d'hectares de forêts, soit 65% du territoire en 1990). Toutefois, l'évolution générale des ressources naturelles est marquée par l'accélération du processus de dégradation écologique dans un contexte de crise climatique sévère sont les effets sont aggravée par les modèles non durables de consommation et de production.

En ce qui concerne les ressources en sol, elles connaissent des phénomènes de dégradation (salinité, acidification, érosion éolienne et hydrique, etc) du fait entre autres de l'adoption de techniques et de pratiques culturales non adéquates, du dépassement des capacités de charge au niveau de certains écosystèmes et l'accroissement de la compétition sur des espaces de moins en moins productifs, etc. Aujourd'hui, les besoins de restauration de la fertilité des sols sont estimés à 2,4 millions ha.

En ce qui concerne le couvert végétal et de diversité biologique, les potentialités sont encore importantes. Cependant, une réduction considérable du couvert végétal a été notée au cours des quatre dernières décennies à cause de l'avancée des fronts agricoles et charbonnier dont les effets sont renforcés par la sécheresse et l'utilisation du bois de chauffe et le charbon de cuisine. Il convient de souligner également que la gestion des ressources naturelles fait face à d'autres difficultés telles que :

- les pressions humaines sur le milieu, en particulier la pression foncière et les implantations massives souvent anarchiques des réceptifs hôteliers et touristiques

- la péjoration du climat

- le phénomène de salinisation des terres, des eaux souterraines et des eaux de surface

- l'écrémage des espèces pour le bois d'oeuvre

- les actions de cueillette

- les feux de brousses qui compromettent la régénération de certaines espèces

Cette dégradation des forêts qui servent d'habitats et de source d'alimentation aux espèces a eu des impacts directs sur la faune, en rendant précaires son développement et sa survie. Elle aussi des impacts négatifs sur la lutte contre les changements climatiques, en ce sens que les forêts constituent des puits de carbone pouvant contribuer à la réduction du CO2 dans l'atmosphère.

En ce qui concerne la pollution, le Sénégal fait face à des problèmes liés aux rejets gazeux provenant des industries, des pots d'échappement des véhicules, des déchets solides qui souillent les eaux, des déchets dangereux comme les pesticides, les déchets biomédicaux et les déchets infectieux. Dans ce cadre de gestion de ces déchets, le Sénégal fait face à de multiples problèmes :

· coût d'élimination jugé élevé de certains déchets

· difficultés à identifier une technologie appropriée à un coût raisonnable

· absence d'équipement collectif national de traitement des déchets dangereux

· absence d'équipement approprié de collecte, de transport et d'élimination des déchets infectieux. L'autre problème d'environnement auquel le Sénégal fait face est l'adaptation aux effets néfastes des changements climatiques.

A cette fin, la stratégie reposera sur un cadre institutionnel amélioré et une meilleure organisation de la gestion de l'environnement, la suscitation et la stimulation des attitudes positives d'appropriation des stratégies et des actions par l'ensemble des acteurs et la promotion des modes de production et de consommation durable pour mieux préserver les ressources naturelles.

En effet, il s'agit de trouver les moyens en vue de remédier simultanément aux problèmes de développement économique et de réduction de la pauvreté sans épuiser ou dégrader davantage les ressources terrestres. La promotion de modes de production et de consommation durables, en plus de protéger l'environnement contre les diverses dégradation, permettra de générer des bénéfices économiques notamment la création d'emplois, le développement de l'industrie, l'amélioration à l'accès aux marchés et le progrès des technologiques, entre autres éléments.

b- Habitat, cadre de vie

Concernant le cadre de vie urbain, il faut retenir que la population urbaine du Sénégal est passée de 25% en 1960 à 41% à l'an 2002 et que ce phénomène est dû en partie à un exode des populations rurales vers les villes, Dakar en particulier. Par ailleurs il faut noter que dans la plupart des villes, les zones insalubres et impropres à l'habitation représentent 30 à 40% de l'espace occupé et concentrent une proportion importante de population. Ainsi, l'occupation de l'espace se fait sans le respect des schémas d'urbanisme et sans l'évolution se fait sans le respect des schémas d'urbanisme et sans l'évaluation environnementale des options d'aménagement, pourtant obligatoire selon les dispositions du code de l'environnement.

La taudification du bâti, le nomadisme des populations des quartiers péri urbains durant l'hivernage, les problèmes d'hygiène et de santé entraînés par les inondations, l'insécurité liée à la mal urbanisation sont un ensemble de facteurs de vulnérabilité dégradant le cadre de vie dans les quartiers populaires. Pour réserver ces tendances, le gouvernement compte mettre en oeuvre des politiques d'amélioration du cadre de vie en milieux urbain et rural, de promotion de l'habitat social. Aussi les objectifs prioritaires ci-après seront poursuivis :

v assurer un meilleur accès aux parcelles viabilisées et appropriées

v étendre la réhabilitation foncière au profit des quartiers concernés par les inondations.

A cet effet, l'Etat poursuivra différents programmes en vue notamment d'éradiquer les bidonvilles et les habitats précaires et dans les zones inondables.

Section 3 : La protection sociale et la prévention

Le diagnostic fait sur la protection sociale au Sénégal a montré l'existence de dispositifs formels de protection sociale (CSS, IPM, IPRES), les assurances privées, les mutuelles professionnelles complémentaires.

Ces systèmes connaissent de sérieux problèmes de performances et de limites dans leurs capacités de réponses aux divers besoins de protection sociale et de gestion des risques. Ils sont actuellement sous la contrainte d'une série de défis considérables liés à la nécessité de s'adapter à un monde de travail en mutation, aux nouvelles structures socioprofessionnelles et familiales émergentes, ainsi qu'aux bouleversements démographiques des prochaines années. Pour relever tous ces défis, diverses initiatives sectorielles ont été prises avec l'appui des partenaires au développement. Pour sa part, le gouvernement a pris une série de mesures : des lettres de politiques sectorielles sur la sécurité sociale, l'équité et l'égalité de genre et des actions en faveur de certaines catégories vulnérables comme les personnes handicapés et les retraités.

Pour assurer une cohérence dans les interventions, le gouvernement a inscrit la formulation d'une stratégie de protection sociale intégrée dans les priorités du pays et retenu de faire de cette stratégie l'instrument de mise en oeuvre des actions de lutte contre la vulnérabilité dans la stratégie de réduction de la pauvreté.

A- Les points de lutte contre la vulnérabilité

La protection sociale et la gestion des risques constituent les instruments privilégiés pour une croissance accélérée et une réduction de la pauvreté. A ce titre, des interventions publiques destinées à aider les individus, les ménages et les communautés seront mises en oeuvres pour mieux aplanir les irrégularités de revenus et de consommation et de réduire la probabilité de pertes dévastatrices de bien être et de basculement dans la pauvreté.

L'objectif de la Stratégie Nationale de Protection Sociale (SNPS) est de renforcer et d'étendre de manière équitable, d'ici à 2015, les instruments de protection sociale en faisant passer, le taux de couverture en assurance maladies de 20% à 50% de la population et mettant en place un régime de protection sociale qui couvre les risques liés aux calamités et les risques pour le secteur informel et artisanal. A cet égard, il s'agira :

· de garantir l'accès aux services sociaux de base des groupes vulnérables

· d'augmenter l'accès aux instruments de gestion des risques et aux systèmes de protection sociale notamment les mutuelles

· d'améliorer le ciblage, le suivi et l'évolution des actions dirigées vers les groupes vulnérables.

· de mettre en place des systèmes de prévoyance pour les risques agricoles

· de garantir des revenus aux personnes en difficultés, tout en leur permettant de s'insérer dans les systèmes formels de protection sociale

· de renforcer les mécanismes de transferts directs des ressources en faveur des groupes vulnérables.

B- Objectifs de la stratégie nationale de protection sociale

Pour atteindre les objectifs assignés à la SNPS, des actions et mesures seront mises en oeuvre à travers quatre composantes.

1-la réforme et le renforcement des systèmes de sécurité sociale

Les principales contraintes relevées concernent l'évasion sociale, la faiblesse du niveau des prestations, l'absence d'une couverture intégrale et l'exclusion du chômage dans le paquet de risques sociaux couverts par les systèmes. Par ailleurs, il est constaté la persistance des discriminations à l'égard des femmes fonctionnaires et travailleuses du secteur privé pour la prise en charge de leur mari et ayant droits en matière d'assurance maladie. Il en est de même pour la pension de réversion et la fiscalité.

Cependant, la stratégie retenue porte, d'une part, sur la mise en oeuvre de mesures pour rattraper le retard accusé par le système de sécurité sociale et, d'autre part, d'élargir le champ de couverture obligatoire, personnel et matériel pour répondre aux besoins exprimés par les salariés et les autres catégories de populations actives.

Les actions envisagées visent en priorité les objectifs suivants :

ü promouvoir la prévention des sociaux

ü lutter contre l'évasion sociale

ü réformer les textes législatifs et réglementaires et consolider le dispositif de régulations.

ü élargir le champ d'application des services de sécurité sociale notamment en les étendant à l'habitat social pour les travailleurs

ü réformer les textes et les lois discriminatoires en vue de prendre en compte les besoins spécifiques de sécurité sociale des femmes

ü réduire les risques de basculement des travailleurs dans la pauvreté (consécutives à la maladie, à la vieillesse et la perte d'emplois) par la mise en place des mécanismes d'anticipation adaptés.

La réalisation des mesures prioritaires permettra d'atteindre d'ici 2010 les résultats suivants : d'une part la quasi-totalité des entreprises sont à jour de leurs cotisations sociales et d'autre part, un nouveau régime de sécurité sociale est élaborée et mis en oeuvre.

2-Extension de la protection sociale

Au Sénégal, la protection sociale ne couvre que le 7,8% de la population dans un environnement marqué par la prédominance des exploitations familiales (dans l'agriculture, l'artisanat, etc.) et l'extension du secteur informel, principal refuge des sans emplois en particulier des femmes

Pour enclencher une dynamique de rupture et créer les conditions d'une extension durable de la protection sociale, les objectifs suivants seront poursuivis :

renforcer les mutuelles de santé et améliore le système d'assurance-maladie en vue de faire bénéficier d'un système de protection contre le risque-maladie à la totalité de la population active occupée et leurs ayants droits.

mettre en place des systèmes de prévoyance sociale pour les personnes exerçant le métier de l'agriculture et les acteurs économiques du secteur informel, de l'artisanat, etc.

A terme, il s'agira, de porter le taux de couverture du risque-maladie de la population à au moins 28% en 2010 et à 50% d'ici 2015 contre 7,8% en 2005.

La stratégie sera basée sur la promotion d'un système moderne de protection sociale qui intègre et valorise nos valeurs d'entraide tout en s'appuyant sur des règles et des mécanismes formels basées sur la notion de prévoyance et de partage des risques. Le système visera la branche santé avant son élargissement aux autres branches (vieillesse, accidents) avec dans une première étape un ciblage sur les ruraux et les routiers. Les personnes diminuées ou indigentes seront prises en charge dans ces systèmes à travers des mécanismes de solidarité sous forme de parrainage et d'assistance sociale déjà en cours dans certaines mutuelles (exemple l'expérience de la commune de Dakar).

3-Prévention et gestion des risques majeurs et catastrophes

Les risques et catastrophes auxquelles les populations sont exposées maintiennent les groupes les plus vulnérables dans la précarité et font basculer d'autres dans la pauvreté. Du fait de leurs conséquences sur les personnes et sur l'environnement, ils font perdre à l'économie nationale des gains de croissance importants. A cet effet, le gouvernement a pris des initiatives importantes marquées par l'adoption d'un arsenal juridique et la mise en place de la commission supérieure de protection civile, du comité national de sécurité civile et de plusieurs plans et organes de gestion et prévention des catastrophes dont le plus connu est le plan ORSEC.

Malgré ces atouts, il convient de constater que les modalités d'application des textes et règlements posent problèmes. Par ailleurs, les organisations et structures sectorielles présentent des limites dans la gestion des risques qui ont des impacts plus globaux notamment l'absence d'une vision stratégique à moyen terme de gestion des risques qui soit en cohérence avec les politiques de développement durable et de lutte contre la pauvreté, l'inadaptation de la réglementation en matière de sécurité par rapport à l'évolution de la société, de la technique et des comportements humains et l'absence de culture de la prévention des risques auprès des populations.

Pour lever ces contraintes, le gouvernement, conformément aux engagements du « cadre d'action de HYOGO 2005-2015 » et de la « la Stratégie Régionale Africaine de Prévention des Catastrophes » a élaboré un programme de prévention et de gestion des risques majeurs et catastrophes qui vise principalement les objectifs suivants :

promouvoir des stratégies et mécanismes de prévention et de gestion des risques en appui aux plans nationaux notamment avec la mise en place d'une plateforme nationale de réduction des risques et catastrophes

assurer la coordination et la promotion de la culture de la prévention et de la gestion des risques à travers la mise en oeuvre d'une stratégie de communication et de mobilisation sociale efficace

renforcer l'arsenal juridique et réglementaire

maîtriser les accidents industriels majeurs et les inondations

réduire les facteurs de vulnérabilité dans les secteurs et renforcer l'assistance sociale aux groupes vulnérables en cas de catastrophes.

Ces objectifs seront accompagnés par des actions de recherche et de formation sur le concept de risques et catastrophes et mis en oeuvre à travers des programmes de prévention et de gestion des risques, des accidents majeurs, de promotion des systèmes d'assurance dans les secteurs agricole, artisanal etc.

4-La protection des groupes vulnérables

L'analyse des risques montre que certaines catégories sociales du fait de l'insuffisance de revenus et de capital social sont plus exposés que d'autres quand surviennent certains chocs collectifs ou individuels (maladie, catastrophes, etc.) ; ce qui les expose et/ les maintient dans la pauvreté. A terme, au moins 500000 familles/an, en situation d'extrême pauvreté, auront reçu un transfert de ressources leur permettant un accès durable aux services sociaux.

Des programmes spécifiques seront mis en place au profit des groupes particuliers comme les handicapés, les femmes en situation de vulnérabilité, les enfants en situation de vulnérabilité, les jeunes, les travailleurs atypiques, les réfugiés et rapatriés, les personnes vivant avec des maladies chroniques (VIH/SIDA, les insuffisances rénales, diabète, cancer...) et les personnes déplacées.

· Concernant les personnes handicapées, les actions envisagées visent à améliorer leur situation économique et sociale et à lutter contre les préjugés dont elles sont victimes. Il s'agit :

- d'améliorer l'état sanitaire et la mobilité des personnes handicapées

- de promouvoir l'éducation et la formation des personnes handicapées par le développement intégratrice

- d'améliorer leur insertion économique et sociale

La mise en place oeuvre d'un programme national de réhabilitation à base communautaire sera le principal instrument qui permettra, d'ici 2010, d'appareiller près de 20000 personnes handicapées et d'adopter un appui financier et technique à prés de 3000 GIE.

· S'agissant de la protection des femmes en difficulté, l'Etat poursuivra les réformes juridiques et réglementaires déjà entamées conformément aux principes affirmées dans la constitution qui reconnaît de manière explicite les droits des femmes notamment ceux liés à l'accès aux terres. Il s'efforcera aussi d'harmoniser les lois nationales et la convention relative à l'élimination de toutes formes de discriminations à l'égard des femmes.

A cet effet, des dispositions seront prises pour :

- promouvoir des droits des femmes et des filles par la sensibilisation de toutes les populations

- améliorer la situation économique et sociale des femmes en situation de vulnérabilité en particulier par la mise en place d'infrastructures d'allègement des travaux domestiques, la mise à la disposition des femmes rurales de technologies et équipements appropriés pour la transformation et la conservation des produits.

- renforcer les capacités des femmes pour réduire leur vulnérabilité par des mesures spécifiques dans le cadre des programmes sectoriels de l'éducation, de la santé et de la justice

- améliorer l'accès et le séjour des filles dans tous les niveaux d'enseignement et promouvoir l'enseignement professionnel

- lutter contre les violences faites aux femmes et aux jeunes filles.

· Pour les enfants en situation de vulnérabilité, l'objectif est de renforcer les actions prioritaires menées pour éliminer les pires formes de travail des enfants et les protéger contre toutes formes d'exploitation, d'abus et de violence.

Il s'agira plus spécifiquement de :

- développer une stratégie de prise en charge et réinsertion sociale des enfants en conflit avec la loi et des enfants en situation difficile

- créer et renforcer les capacités des institutions spécialisées de prise en charge des enfants en situation de vulnérabilité.

- développer des actions d'information, de communication sociale, de recherche, de plaidoyer, de renforcement des capacités et de promotion d'actions directes pour éliminer l'exploitation des enfants par la mendicité

- faire un plaidoyer auprès des autorités politiques, religieuses, coutumières, partenaires au développement et de toute la communauté en faveur de meilleures conditions de vie des talibés.

· Concernant les personnes âgées, l'Etat mettra en oeuvre des actions prioritaires qui visent leur épanouissement physique et moral, l'amélioration de leur prise en charge et leurs conditions de vie. Des mesures spécifiques sont également prises en vue d'assurer des pensions de retraites décentes pour les retraités et garantir la visibilité à long terme des régimes. La poursuite des mesures engagées par l'Etat permettra de mettre en place un système durable qui assure un accès gratuit aux services de santé à la majorité des personnes âgées d'ici 2010.

· Egalement pour les jeunes, l'Etat s'attachera à améliorer leurs conditions de vie et à promouvoir leur insertion sociale et économique. Ainsi, des actions prioritaires pour réduire la vulnérabilité seront menées en vue de :

- préserver les jeunes et les adolescents des IST/SIDA

- renforcer les programmes d'insertion sociale et économique des jeunes à travers la décentralisation et le renforcement des ressources du Fonds National d'Action pour l'Emploi (FNAE), du Fond National de Promotion de la Jeunesse (FNPJ) et de l'Agence Nationale pour l'Emploi des Jeunes (ANEJ).

- lutter contre la drogue et le tabagisme à travers des programmes de prise en charge des jeunes toxicomanes.

- développer des programmes de filets de sécurité pour les jeunes travailleurs (marchands ambulants, cireurs, restauratrices, artisans...).

· Enfin concernant les personnes déplacées et rapatriées, des dispositions spécifiques seront prises pour leur réinsertion et leur réintégration. Des mesures d'accompagnement sont également mises en oeuvre pour leur permettre de bénéficier des opportunités de création de création de richesse, de renforcement des capacités et d'accès aux services sociaux de base. Ainsi, un fonds spécial de soutien aux personnes déplacées et rapatriées sera mis en place avec l'appui des partenaires au développement. Un accent particulier sera également mis sur les restrictions en faveur de la sécurisation et de la reconstruction des zones de départ des personnes déplacées pour ainsi encourager leur retour dans leurs lieux de résidence habituels. Exemple : le cas des réfugiés mauritaniens. Pour le cas spécifique des réfugiés, l'Etat prendra des mesures pour améliorer les stratégies de gestion des réfugiés par l'appui aux stratégies d'aide au retour et le renforcement des capacités et de Commission Nationale d'Eligibilité (CNE).

Compte tenu des interrelations population-développement et l'impact de certaines tendances démographiques sur les groupes vulnérables, l'Etat prendra des mesures pour assurer une meilleure maîtrise des phénomènes démographiques.

Section 4 : La bonne gouvernance et le développement décentralisé

La stratégie du gouvernement, déclinée dans le Programme National de Bonne Gouvernance (PNBG), vise à conforter l'Etat de droit dans une société démocratique, l'efficacité et la transparence dans la gestion économique et social. Le gouvernement entend ainsi ancrer dans l'esprit de chaque citoyen les valeurs et les vertus de la stabilité ainsi que celle d'un environnement propice à la production et à des pratiques transparentes de gestion dans les secteurs publics et privés.

A- Amélioration de la qualité du service public

Pour relever les défis d'une administration de qualité, le gouvernement compte poursuivre une politique qui vise l'efficacité dans la gestion économique et sociale. A cet effet, ces objectifs sont retenus :

o rationaliser les structures administratives pour une meilleure prise en charge des missions.

o renforcer la déconcentration en le portant au même niveau que la décentralisation.

o veiller à la qualité des services rendus aux usagers-citoyens et aux usagers-entreprises.

o réduire le déficit de communication interne et externe de l'administration.

o Impulser une gestion moderne des ressources humaine garantissant une disponibilité de personnel de qualité, responsabilisé et motivé.

En ce qui concerne l'amélioration de la gestion des finances publiques et les procédures de passation et d'exécution des marchés publics, l'Etat poursuivre la mise en oeuvre des plans d'actions. Dans cette perspective, il est envisagé :

§ d'étendre progressivement la mise en place des cadres de dépenses sectorielles à moyen terme à tous ministères

§ de poursuivre la déconcentration et l'ordonnancement des dépenses publiques

§ de renforcer la transparence dans l'exécution de la loi des finances.

Ces initiatives seront soutenues au niveau du ministère de l'économie des finances, par une meilleure organisation des structures internes.

Au niveau des ministères techniques, il s'agira de renforcer les capacités dans le domaine de la formulation des stratégies et politiques sectorielles de la préparation, du contrôle et du suivi des projets et programmes. En plus de cela, des mesures seront prises en vue d'assurer une meilleure coordination des aides et de mettre en place un suivi des dépenses publiques orienté vers les résultats.

B- La gouvernance judiciaire

Un système juridique et judiciaire propice à la gouvernance et au développement est celui dans lequel les lois sont clairement définies et uniformément appliquées par un pouvoir objectif et indépendant. Il veille au respect de la loi et des droits des citoyens et facilite la circulation des personnes et biens (mouvement des capitaux privés ...) conformément à la vocation de service public de l'Etat. En vue d'une plus grande accessibilité et une efficacité durable, les activités de la justice seront orientées vers la population, les services publics et privés.

Le Sénégal attache une importance particulière contre la corruption dans la mesure où elle accroît la pauvreté, fausse les perspectives de développement économique et social, induit des surcoûts notamment pour les pauvres et sape les bases de la démocratie. La corruption se manifeste surtout lors des attributions de marchés publics ou lorsque les systèmes de contrôle de l'utilisation des finances publiques peuvent être contournés. Elle se manifeste aussi dans le fonctionnement des services publics.

Dans le domaine de la lutte contre la corruption, des efforts ont été faits avec la mise en place d'un cadre de lutte contre le blanchissement des capitaux et la mise en place de la commission de lutte contre la corruption.

Ces initiatives constituent des avancées notables qu'il convient de consolider et de renforcer. Il s'agira d'intensifier la lutte contre la corruption en renforçant l'indépendance de la justice et son accessibilité et en recherchant une plus grande qualité des services publics qui donnent aux usagers une place centrale.

C- La décentralisation locale

Le processus de la décentralisation a enregistré des avancées significatives depuis 1996 avec l'érection de la région et collectivité locale et le transfert de certaines compétences. Toutes les collectivités locales rencontrent de nombreuses difficultés, notamment dans les domaines des moyens budgétaires et financiers, des capacités des ressources humaines locales, le manque de synergie dans les instruments de planification et de gestion.

Pour renforcer la décentralisation et le développement local en vue de rendre plus efficace la lutte contre la pauvreté, l'Etat s'attachera à poursuivre les actions et réformes en cours. Il s'agira de :

o améliorer le cadre institutionnel et organisationnel en vue d'améliorer le développement local.

o renforcer les capacités des collectivités locales avec l'amélioration des moyens humains.

o accroître les ressources et poursuivre les réformes budgétaires et financières des collectivités locales en vue d'assurer le financement des infrastructures et des équipements.

Pour assurer la coordination des interventions en faveur des collectivités locales, le gouvernement d'appuiera sur le Programme National de Développement Local (PNDL) qui sera le principal instrument de mise en oeuvre de la stratégie de réduction de la pauvreté au niveau décentralisé.

D- Le développement des pôles secondaires

Le taux d'urbanisation du Sénégal se situe à 41,5% avec plus de la moitié des citadins (54,0%) vivant dans l'agglomération urbaine de Dakar. Cette forte concentration de la population s'explique par la persistance de la migration dans la capitale car six migrants sur dix habitent la capitale. En effet, sur les 2.333.420 habitants de la capitale, 877.330, soit 37,6% se sont installés à Dakar depuis au moins un an (ESAM2). Toutefois, contrairement à une idée reçue, ce n'est pas l'exode rural qui alimente la capitale nationale mais plutôt la migration d'origine urbaine, c'est-à-dire en provenance des communes de l'intérieur du pays. En effet, l'enquête 1-2-3 (septembre 2002) a montré que la capitale sénégalaise est caractérisée par une forte migration dénommée « migration durée de vie » qui touche plus les hommes que les femmes. Ainsi, plus d'un dakarois sur quatre est né hors agglomération. Parmi ces migrants, prés de six sur dix sont originaires d'une capitale régionale, d'un chef lieu de département ou d'une autre commune et un sur dix vivent de l'étranger. Selon la même source, les motifs de migration, les plus fréquemment évoqués sont :

le renforcement familial

la recherche d'emploi

la poursuite des études et la formation.

Ces raisons de migrer s'expliquent par la concentration des opportunités d'emploi et de formation à Dakar par rapport aux villes secondaires qui ne disposent pas d'infrastructures nécessaire pour offrir les services de qualité et le cadre de vie attractive. En effet, le tiers Ouest du pays et en particulier l'axe Dakar-Thiès continue de concentrer l'essentiel des biens de production d'importance et des facteurs de promotion sociale et économique des populations.

En 1997, cet axe a accueilli 89% du volume d'investissement et 81,4% des emplois privés. Les contraintes des autres villes se caractérisent par leur faible niveau d'urbanisation et une pauvreté notoire en activités économiques urbaines. Il s'y ajoute des problèmes de logements décents et d'environnement, qui offrent un cadre de vie qui ne répond pas aux exigences d'une ville fonctionnelle du point de vue spatiale et moderne dans son urbanisation.

La poursuite de cette dynamique risque de renforcer la pauvreté urbaine à Dakar, les problèmes d'habitat, de mobilité urbaine, de chômage urbain et d'intégration sociale. Pour renverser cette tendance, le gouvernement compte mettre en oeuvre une stratégie volontariste de promotion des villes secondaires et des capitales régionales pour en faire des pôles de développement.

Dans le sens de la redynamisation des espaces et des économies rurales, la création de villes secondaires stratégiques et l'équipement des villages centres constituent des actions importantes pour accroître les possibilités de valorisation des produits en provenance de ces espaces et garantir l'accès aux services sociaux de base et une urbanisation de qualité. Ainsi, les objectifs poursuivis visent à assurer un développement harmonieux, par la promotion du développement à la base et inversant les tendances actuelles de concentration des équipements et des activités vers la frange Ouest du pays.

De manière plus spécifique, la stratégie de développement des villes secondaires vise entre autres, à renforcer les infrastructures de soutien, de promouvoir des territoires compétitifs, favoriser une meilleure répartition des villes, renforcer le réseau de villes existant dans l'espace national et créer les conditions d'une meilleure valorisation des activités rurale. Ainsi, il s'agira de :

ü renforcer les infrastructures de base par l'amélioration de la qualité de la disponibilité et de l'accessibilité des services

ü réparer les villes frontalières à jouer un rôle de premier plan dans l'intégration sous régionale

ü relever le niveau d'urbanisation en améliorant les réseaux de voirie, d'adduction d'eau et d'assainissement

ü renforcer le poids des collectivités locales dans les politiques de développement

ü assurer un meilleur accès aux parcelles viabilisées aux populations pauvres.

E- Le dialogue social

La promotion du dialogue social comme mécanisme de prévention et de gestion des conflits par la négociation et la concertation permanente est un indicateur de bonne gouvernance.

Le dialogue social est à la fois fin et moyen dans tout processus de développement, contribuera aux effets pour relever les défis de l'heure que sont : la pauvreté, la productivité, l'investissement, la croissance et l'emploi (CNDS : charte nationale du dialogue social, 2002). C'est dans ce contexte qu'il faut situer le 1er forum national sur le dialogue social (21 et 24 février 2001) avec la participation des organisations syndicales, d'employeurs et de travailleurs. Il en a résulté, la signature de la charte sociale le 22 novembre 2002 après un processus de négociation de plus d'un an par une vingtaine d'organisation. Le document repose sur des principes de liberté syndicale, de liberté du travail et du respect des règles établies et définit un code de conduite, une structure et des mécanismes du dialogue social. Les objectifs suivant sont retenus :

o approfondir à tous les niveaux le dialogue social

o tenir compte des changements intervenus dans l'environnement socioéconomique afin de trouver l'équilibre nécessaire entre le renforcement de la compétitivité des entreprises et les intérêts des travailleurs

o pourvoir des formations, notamment sur la négociation collective, l'économie, la législation sociale et les normes internationales du travail destinées aux représentants des organisations de travailleurs et d'employeurs.

o aider à l'échange d'information et à la facilitation d'études relatives à l'emploi, à la productivité sur les revenus et la situation sociale des travailleurs et de leurs familles

o renforcer les capacités de la société civile afin de lui permettre de jouer un rôle plus attractif dans la formulation des stratégies de développement.

Le gouvernement appuiera le comité national de dialogue social en vue de la mise en oeuvre du plan d'action élaboré en veillant à une participation effective des acteurs.

Chapitre III Suivi et évaluation de la stratégie

Les premières années de mise en oeuvre du DSRP ont permis de mettre en place et de tester un dispositif participatif de pilotage et de suivi de la stratégie. Cela a permis de créer une dynamique de collaboration et de dialogue sur les politiques publiques entre les différents acteurs. Les leçons tirées par les acteurs ont aussi mis en évidence les difficultés rencontrées pour introduire les changements dans les méthodes et procédures de travail.

Malgré les insuffisances constatées dans le fonctionnement des instances de pilotage du DSRP, la participation des acteurs a été assurée à travers les séminaires et ateliers qui ont réuni, outre les membres du comité national de pilotage, toutes les parties prenantes du processus.

Ces différentes rencontres ont permis d'adopter :

· la liste des indicateurs de suivi de la mise en oeuvre de la SRP

· les orientations des programmes d'appui budgétaire des partenaires tels que « les crédits de soutien à la réduction de la pauvreté », « le programme appui budgétaire de l'union européenne »

· les contenus des instruments de mise en oeuvre

· les stratégies sectorielles et multisectorielles comme la SNPS, la SNEEG.

Au niveau sectoriel, les comités ministériels de suivi ont été handicapés par le manque de moyens techniques et matériels nécessaires à l'exécution de leurs taches et leur faible implication dans le processus de programmation interne des ministères. Pour lever ces contraintes, il est retenu l'élaboration du programme consolidé des actions des organes nationaux et régionaux de pilotage et de suivi de la SRP et de garantir le financement.

Au niveau régional, les comités régionaux se sont fortement mobilisés pour élaborer leurs plans d'opérations régionaux et des projets à partir de ces documents après des renforcements de capacités dans le domaine. Toutefois, ces projets n'ont pas été pris en compte dans le processus d'arbitrage budgétaire du fait d'absence de mécanismes adaptés.

Pour lever ces contraintes, il est prévu d'introduire les mécanismes suivants qui seront utilisés selon les cas :

1. le parrainage des projets des régions par les ministères

2. le financement à travers le Fonds d'Equipements des Collectivités Locales (FECL)

3. la mise en place d'un fonds d'appui aux initiatives des régions pour assurer l'efficience et la durabilité des interventions, la démarche participative et décentralisée (de pilotage, d'exécution et de suivi-évaluation des programmes) mise en oeuvre sera renforcée en vue de garantir l'efficacité des interventions, la cohérence avec les programmes sectoriels et les initiatives locales.

A- Principes de la mise en oeuvre

La mise en oeuvre de la stratégie de réduction de la pauvreté sera toujours régie par les principaux principes suivants qui ont été largement approuvés par les acteurs : la proximité, le laisser-faire, la transparence, la participation, la célérité, la subsidiarité, la complémentarité et la synergie.

1. En vertu du principe de proximité, les lieux de décision concernant la mise en oeuvre des interventions relatives à la Stratégie de Réduction de la Pauvreté doivent être le plus proche possible des bénéficiaires et de leur lieu de résidence en vue d'assurer un meilleur ciblage des interventions.

2. En vertu du principe de laisser-faire, l'Etat reconnaît que la mise en oeuvre de la Stratégie de Réduction de la Pauvreté n'est pas l'affaire seulement des instances officielles et administratives mais également celle des collectivités locales des acteurs de la société civile et du secteur privé.

3. En vertu du principe de transparence, il conviendra de mettre en place aux différents niveaux d'intervention, une série de mécanismes garantissant la visibilité et le contrôle, de façon à établir l'équilibre entre responsabilité et autonomie.

4. En vertu du principe de participation, les bénéficiaires des projets et programmes de pauvreté doivent être associés à toute décision les concernant personnellement.

5. En vertu du principe d'équité, il convient de garantir l'égalité de droits et responsabilités dans l'implication des différentes parties prenantes en prenant en compte les différences de genre, les inégalités sociales ainsi que les spécialités régionales et locales dans le pilotage et l'exécution du DSRP et dans les différents domaines d'activités de lutte contre la pauvreté.

6. En vertu de la subsidiarité, la mise en oeuvre sera organisée en responsabilisant les acteurs intervenant aux différentes échelles administratives du niveau local au niveau national en fonction des avantages comparatifs et terme d'efficacité, de ciblage, d'économie d'échelle, etc.

7. En vertu du principe de célérité, il convient d'adopter des procédures qui assurent à la fois la rapidité et la transparence dans les décaissements, la passation et l'exécution des marchés.

8. En vertu du principe de complémentarité et de synergie, la stratégie doit viser la combinaison efficiente des moyens et des ressources vue d'optimiser les résultats.

B- Pilotage et suivi du DSRP

Les différents acteurs (Etat, collectivités locales, société civile, secteur privé, bailleurs de fonds) auront pour responsabilité de s'assurer que le programme touche effectivement les populations ciblées.

Dans le souci de parvenir à cette fin, il s'avère nécessaire d'établir des réseaux d'interlocuteurs et de représentants des populations cibles comprenant notamment les agents des services décentralisés ou déconcentrés, les élus locaux, les dirigeants d'organisations communautaires telles que les associations villageoises de développement, les groupements féminins, les organisations de jeunes et les associations professionnelles, de façon plus générale, les organisations de la société civile.

En s'appuyant sur les principes de base de la stratégie et en s'inscrivant dans une dynamique de cohérence avec options fortement affirmées dans le cadre de la décentralisation, le cadre institutionnel de mise en oeuvre du DSRP est articulé autour de deux niveaux : le niveau stratégique et le niveau opérationnel.

Le niveau stratégique est celui de la définition et de la formation des politiques qui comprend :

· le comité interministériel d'orientation présidé par le premier ministre

· le comité national de pilotage présidé par le ministre de l'économie et des finances et regroupant les représentants des ministères, des organisations de la société civile, les collectivités locales, du secteur privé, des syndicats.

· les comités régionaux de pilotage présidés par les gouverneurs et regroupant les services déconcentrés de l'Etat, des organisations de la société civile et des collectivités locales.

Ces comités ministériels doivent jouer un rôle décisif dans l'articulation des politiques sectorielles à la stratégie, dans la mise en cohérence et la synergie dans les programmes ministériels. Au niveau régional, les cellules de suivi ont en charge la conduite des activités de suivi de la SRP.

A travers ce dispositif, le gouvernement traduit sa volonté de s'assurer que les actions seront menées en cohérence et que sur le terrain, les interventions obéissent aux priorités définies dans le DSRP.

C- les instruments et les procédures de mise en oeuvre

Depuis 2002, le DSRP est devenu le cadre de référence pour l'élaboration des plans sectoriels de développement, et des programmes d'investissement et des contributions des partenaires au développement à la lutte contre la pauvreté.

Les programmes sectoriels et multisectoriels seront considérés comme les principaux instruments de mise en oeuvre du DSRP. De tels programmes décriront de manière détaillée et pour les différents secteurs considérés, les objectifs à atteindre, la nature des activités à mettre en oeuvre, les zones d'intervention, le calendrier d'exécution des activités et les résultats attendus.

Ces programmes constitueront un cadre suffisamment souple pour permettre une meilleure coordination des activités des différents acteurs (Etats, secteur privé, collectivités locales, organisations de la société civile, partenaires au développement) qui auront la possibilité d'apporter leur contribution dans les domaines où ils ont des avantages comparatifs. Après une phase test dans les secteurs de l'éducation, la santé, la justice et l'environnement, l'Etat étendra l'expérience des cadres de dépenses publiques à moyen terme (CDMT) aux autres secteurs d'ici 2010. En attendant la généralisation de ces CDMT, des plans d'opérations sectorielles (POS) et des plans d'opérations régionales (POR) serviront de cadre de programmation opérationnelle pour les ministères et les régions.

D- L'évaluation de la stratégie

La mise en place d'un système de suivi et d'évaluation est essentielle pour juger de la progression réalisée en direction des objectifs visés et des résultats à atteindre. Elle vise les objectifs suivants :

1. le suivi du processus de la mise en oeuvre de la stratégie

2. l'évaluation de ses impacts à travers les indicateurs intermédiaires et de résultats

3. le suivi et l'évaluation de l'exécution financière

4. la mise en place d'un système d'information

De manière générale, le suivi quantitatif de la mise en oeuvre du DSRP est fondé sur une liste élargie d'une centaine d'indicateurs retenus au terme d'un processus ayant impliqué les sectoriels, les partenaires au développement, la société civile et les collectivités locales. Les secteurs concernés ont largement contribué au choix des indicateurs selon les critères fixés objectivement, à savoir la pertinence, la fiabilité et la stabilité. La possibilité d'être renseigné a également été retenue comme critère après avoir étudié et validé le coût de la collecte.

L'exercice de renseignement des indicateurs a révélé de grandes faiblesses de sources de données par rapport aux données historiques, même si d'importants efforts ont été enregistrés au cours de la période récente.

Les principaux problèmes de suivi de ces indicateurs sont essentiellement centrés sur la non disponibilité de séries rétrospectives. Les enquêtes n'étaient pas suffisamment réalisées et la plupart des sources administratives souffrent encore de moyens adéquats pour assurer une collecte régulière et fiable. Il faut dire qu'entre 2001 et 2005, plusieurs activités d'enquêtes ont été réalisées (DSRPII, ANSD), ce qui a permis de résorber le gap important d'informations.

Sur la période 2006-2010, il est prévu de faire chaque année un rapport d'avancement et la cinquième année, un rapport d'évaluation de la SRP.

La première année du DSRPII (2006) est marquée par la réalisation des évaluations de la mise en oeuvre du DSRP (2003-2005) à travers une enquête de suivi et évaluations participatives conjointes des projets et programmes avec l'implication de tous les acteurs. Ces travaux constituent à la fois un bilan et l'établissement d'une situation de référence pour le suivi des progrès d'ici 2015.

La poursuite du calendrier d'exécution des opérations d'enquêtes permettra de documenter les différents types d'évaluation. Le Sénégal compte respecter la programmation des activités de collecte dans le cadre des projets de recensement, d'enquêtes auprès des ménages, de mise à jour des données des villages, des enquêtes démographiques et de santé.

La recherche d'adéquation des sources au besoin de suivi et d'évaluation du DSRP, est surtout motivée par engagement à renseigner les indicateurs de suivi du DSRP dont la liste restreinte avait été arrêtée d'un commun accord avec les partenaires au développement. En plus des opérations d'enquêtes statistiques, les sources administratives seront mieux organisées afin de produire des informations régulières et fiables.

Le suivi sectoriel de la mise en oeuvre est assuré par les comités ministériels qui ont pour mission de coordonner les activités de la SRP dans les domaines de compétences des ministères et de veiller à la cohérence dans la planification et les interventions. Le comité devra produire un rapport sur l'état d'avancement des projets et programmes et sur l'évolution des indicateurs dans le secteur.

Au niveau général, le suivi est assuré par les cellules régionales de suivi qui ont pour mission de vérifier sur le terrain la mise en oeuvre des projets et programmes, l'évaluation des indicateurs et l'articulation entre les plans locaux de développement et les plans régionaux. Chaque cellule produira un rapport annuel d'avancement qui sera soumis au comité régional de pilotage de la SRP.

E- Le problème de communication

L'une des principales insuffisances de la mise en oeuvre du DSRP sur la période 2003-2005 relevées par les acteurs concerne les déficits d'informations et de communication entre les différents acteurs et le grand public sur le DSRP.

A cet effet, il a été engagé la mise en place d'un portail de développement avec la participation des acteurs, ainsi qu'un processus de formulation d'une stratégie de communication capable de faciliter une meilleure liaison entre les différents organes de pilotage et de suivi de la SRP.

F- Le financement de la stratégie

L'intégration dans le processus budgétaire de fonds mobilisés dans le cadre de la mise oeuvre de la stratégie de la lutte contre la pauvreté, déjà entamée, sera privilégiée en vue d'éviter les doubles emplois et créer une synergie des dépenses et une célérité dans l'exécution. Une telle intégration des fonds dans le processus budgétaire confirmerait le DSRP dans son rôle de consolidation du lien entre allègement de la dette et réduction de la pauvreté et mobilisation des ressources pour l'atteinte des OMD.

Compte tenu de ces considérations, il s'avère important que les ressources mobilisées dans le cadre de la réduction de la pauvreté soient intégrées dans le processus de planification et de programmation de l'Etat en s'assurant de toute la transparence et l'esprit de responsabilité requis dans la gestion des apports pour le financement d'activités dans le DSRP.

A cet égard, les priorités porteront sur les besoins prioritaires et sur les zones les plus pauvres (milieu rural, périphérie des villes).

Une fois estimé, le coût des activités prioritaires de la stratégie, les obligations de résultats qui s'imposent à tous les acteurs requièrent que les ressources affectées à leur financement proviennent en priorité de la contribution de l'Etat, de l'allègement de la dette et de l'assistance des partenaires au développement soient mobilisées et utilisées et leur impact évalué de façon coordonnée, partagée et transparente.

Enfin, les dispositions décrites ci-dessus visent à assurer une prise en charge opérationnelle de la participation et du lien étroit à préserver entre allègement du poids de la dette et la réduction de la pauvreté.

Ainsi, il est attendu que la mise en oeuvre de la stratégie soit l'occasion de bâtir et entretenir un nouveau partenariat avec les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux qui sont interpellés pour coordonner leurs concours en termes de volumes mobilisés.

Au nom de nouveau partenariat, il est attendu des bailleurs de fonds qu'ils privilégient l'assistance budgétaire, l'alignement et l'efficacité de l'aide au développement et intègrent les fonds destinés à des projets dans une approche de programmes sectoriels prioritaires de la stratégie de réduction de la pauvreté.

L'ensemble des actions retenues par acteurs au cours du processus participatif et devant avoir un impact significatif sur la pauvreté a été répertorié dans une matrice de mesures. Les objectifs prioritaires et les actions correspondantes ont été identifiés dans le cadre d'un Plan d'Actions Prioritaires (PAP) couvrant la période 2006-2010 selon une procédure décrite dans la partie suivante.

G- Processus d'articulation de la SRP et le budget national

Etape 1 : Elaboration des instruments de la mise en oeuvre

Pour les besoins de la mise en oeuvre de la stratégie de réduction de la pauvreté, les actions prioritaires de la matrice des mesures sont traduites en documents opérationnels dans les différents secteurs.

A cet effet, les objectifs et les lignes d'action de la matrice des mesures ont été traduits en plans d'opérations sectorielles (POS) et plans d'opérations régionales (POR). Ces documents, principaux instruments de mise en oeuvre du DSRP, leurs activités spécifiques, leur calendrier d'exécution, les indicateurs et une évolution des coûts.

Etape 2 : Evolutions des besoins du PAP

Le calcul des montants du PAP est fait sur la base des coûts des projets et programmes prioritaires identifiés. Les secteurs des domaines des OMD ont des programmes bien évalués, les montants ont été repris pour tout ce qui concerne le secteur.

Exemple : Assainissement et eau potable (PEPAM), nutrition, éducation (PDEF), santé (PNDS).

Une méthode a été mise au point pour vérifier si les montants proposés dans ce programme permettront d'atteindre les OMD. C

Cette méthode repose sur le principe des élasticités des indicateurs par rapport au budget alloué.

Pour les autres secteurs et domaines où il n`y a pas de programmes évalués et où les projets ne sont pas tous formulés, les informations sur les objectifs ciblés, les indicateurs de résultat et les coûts unitaires ont été utilisés pour déterminer les besoins en financement : c'est le cas pour la protection sociale, les groupes vulnérables, les actions dans le domaine des sénégalais de l'extérieur.

Etape 3 : Programmation

Les besoins de financement des actions prioritaires, identifiés dans le PAP sont ensuite comparés aux ressources disponibles dans les programmes existants.

Le gap de financement a été calculé et réparti entre les engagements de l'Etat, les ressources issues de l'annulation de la dette et les engagements à rechercher auprès des performances financiers.

La mise en oeuvre de la stratégie nationale de réduction de pauvreté nécessite des investissements additionnels de 76 milliards en 2006, 292 milliards en 2007, 460 milliards en 2008, 434 milliards en 2009, 540 milliards en 2010, soit un total de 1800 milliards sur la période.

Les charges de fonctionnement additionnelles occasionnées par la mise en oeuvre de la stratégie sont estimées à 16 milliards, 27 milliards, 35 milliards et 39 milliards respectivement en 2006, 2007, 2008, 2009, 2010.

Le financement de la stratégie sera fera à partir de la contribution de l'Etat, des ressources issues de l'annulation de la dette, de l'apport des partenaires au développement et diverses contributions.

- En ce qui concerne les ressources issues de l'annulation de la dette (PPTE, G8...) elles devraient être affectées prioritairement vers le milieu rural et les zones périphériques des grandes agglomérations urbaines et dans les secteurs et de l'éducation, de la santé, des infrastructures, de l'accès à l'eau potable, de l'assainissement, de la gestion des ressources naturelles et de l'environnement et de l'agriculture sur la base d'un ciblage à partir des indicateurs de pauvreté et du déficit d'accès aux services sociaux de base.

- L'apport des partenaires sera constitué de diverses modalités (appui budgétaires, appui projets, emprunts, subventions).

- Le secteur privé notamment national, interviendra selon diverses modalités : partenariat public privé, actionnariat populaire, projets sociaux, participation dans des programmes d'économie sociale et solidaires.

Conclusion

Ce sujet a traité des questions relatives à la pauvreté, à son contexte, ses objectifs, sa dimension, ses caractéristiques ainsi que les secteurs qui sont les plus touchés par ce fléau, pour en terminer sur les moyens de lutte contre cette pauvreté.

Si l'on juge par l'évolution des indicateurs, le niveau de vie de la population sénégalaise s'est nettement amélioré au cours des cinq dernières années. Ainsi, la pauvreté du point de vue des ménages a baissé passant de 65,7% en 2001-2002 à 52,2% en 2005-2006 (ESPS, ANSD).

Sur la même période, l'accès aux différents services sociaux de base s'est également amélioré de même que l'état de santé de la population.

Le taux de scolarisation au primaire a connu un gain par rapport à son niveau de 62,8% (ESPS, ANSD) d'il y a cinq ans.

Cependant, les disparités entre les pauvres et les non pauvres restent très importantes si l'on tient à l'analyse à l'analyse de l'habitat et du cadre de vie ainsi que le niveau des revenus des ménages qui restent encore précaires.

Il est important de souligner que cette étude est le fruit de collectes de données tirées sur différents ouvrages, sur différentes enquêtes ainsi que sur les travaux fournis par des établissements spécialisés.






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault