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L'accès à  l'eau potable et les risques diarrhéiques dans les zones irrégulières de Ouagadougou: Les cas de Yamtenga

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par Appolinaire KOMBASSERE
Université de Ouagadougou - Maitrise de Géographie 2007
  

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II.2.2. La croissance spatiale

Il nous est quasiment impossible de décrire et d'analyser l'évolution spatiale des villes africaines, notamment Ouagadougou sans faire référence au modèle sur lequel elles ont été érigées. Le 1er mars 1919, Ouagadougou devenait la capitale de la nouvelle colonie de Haute Volta. Sous l'impulsion du premier gouverneur, le Lieutenant François Charles Alexis Edouard Hesling, de profondes modifications s'opérèrent dans le paysage urbain. Afin de mieux étendre son pouvoir, il procéda à une différenciation fonctionnelle des quartiers qui constituaient la ville (RICARD A., 2002). Il fut ainsi construit un quartier administratif et un quartier commercial, nettement séparés des quartiers traditionnels et du centre historique de la ville (RICARD A., op. cit.). Les quartiers administratifs ou européens se différenciaient des quartiers traditionnels par leur niveau d'équipement et d'aménagement (larges rues droites, édifices rectangulaires). Cette différenciation de l'espace en quartiers centraux privilégiés en matière d'équipements par rapport aux quartiers périphériques, a fini par influencer fortement la répartition des services sociaux de base, et par s'imposer comme une approche d'urbanisme. Elle aura des implications sur les conditions d'approvisionnement en eau de la ville que nous évoquerons dans les lignes à venir.

La croissance accélérée de la population a entraîné un développement rapide du tissu urbain. La ville de Ouagadougou s'étend à une allure inquiétante depuis les années 1970. Comme nous l'avons déjà évoqué, cette extension est imputable à deux dynamiques parallèles : l'une dite légale parce que planifiée et contrôlée par l'Etat et l'autre dite irrégulière produisant les zones irrégulières. Ces deux dynamiques ont pour point commun un mode de construction horizontal qui se traduit par une superficie qui passe de 32,7 km² en 1960 à 87,6 km² en 1980, pour atteindre 170,5 km² en 1990 et 201 km² en 2000 (UR CTEM, 2006). L'évolution spatiale peut se percevoir à travers la carte 2.

Avant 1960, la croissance spatiale de la ville était modérée puisque le flux migratoire était faible et plus orienté vers le centre ville (Bilibambili, Dapoya, Paspanga, Ouidi).

De 1960 à 1984, à la faveur de l'indépendance et des sécheresses des années 1970, le phénomène migratoire prit une ampleur considérable, engendrant une extension démesurée de l'espace urbain avec pour corollaire, le développement des quartiers irréguliers. Au cours de cette période, les rares opérations de lotissement ne s'inscrivaient dans aucune logique ou programme d'ensemble. A peine plus de 1 000 ha ont été restructurés, soit 20 ha par an (YRA A., 2002), bien que la nécessité s'en soit faite énormément sentir.

Carte 2: Croissance spatiale de Ouagadougou de 1932 à 2003

 

La période allant de 1984 à 1991 a été caractérisée par les lotissements populaires à grande échelle, organisés par le pouvoir révolutionnaire. Cela a permis de dégager 64 000 parcelles sur un espace de 3 000 ha (MIHU, 1999, cité par YRA A., 2002) et contribua à accroître de façon considérable l'espace urbain en changeant sa physionomie. Cependant, cela a introduit une spéculation foncière qui a relégué les pauvres en périphérie et maintenu les pratiques d'occupation illégale de l'espace urbain (OUATTARA A., 2004).

De 1991 à 2003, d'énormes efforts furent consentis par les autorités à travers le plan de développement des villes moyennes sensé retenir les populations rurales et freiner l'extension démesurée qui avait repris corps depuis le début des années 1990. Comme la précédente opération, le succès fut passager. En effet, l'intégration des villages périurbains dans le territoire communal a favorisé l'extension des limites de l'urbanisation régulière et irrégulière (Graphique 2).

Graphique 2 : Evolution de la surface urbaine

Source : UR CTEM, 2006

La lecture de la figure révèle que les espaces irréguliers représentaient près de la moitié de la surface urbaine totale au cours des années d'indépendance. Ils se sont développés à partir de cette date, en témoigne leur taux de croissance en 1975, plus de trois fois supérieur (11%) à celui des zones régulières (3%) selon la SAED (Société d'Aménagement et de Développement) (YRA A., 2002). Ils représentaient 75% de la superficie urbaine totale au début des années 1980, chiffre révélateur de la forte croissance de ces espaces qui accueillaient alors plus de 60% de la population. L'opération de restructuration entreprise par le CNR (Conseil National de la Révolution) a permis de les réduire considérablement à la fin des années 1980. Cependant, l'urbanisation irrégulière qui avait repris dès le début des années 1990, concernait plus de 6 000 ha en 1996 et s'est accompagnée à partir de cette date d'une densification plus significative (JANIQUE E., 2006). La population qui y résidait était alors estimée à plus de 300 000 habitants soit plus du tiers de la population totale (MDHU, 1996, cité par YRA A., 2002).

D'une manière générale, on peut retenir que les plans d'urbanisme qui se sont succédés depuis 1960 (étude d'urbanisme de 1961, schéma de structure de 1973, schéma d'aménagement de la banlieue de Ouagadougou, projet Grand Ouaga) sont restés sans effet satisfaisant sur la croissance des zones irrégulières. Ces espaces n'étant pas officiellement reconnus, ils ne bénéficient pas d'équipement de base.

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