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Analyse comparée du revenu et de sa distribution entre les producteurs de tomate utilisant les biopesticides et les pesticides chimiques en zone périurbaine du Sud Bénin

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par Christhel Sonia Jésugnon PADONOU
Université de Parakou - Diplome d'ingénieur agronome 2008
  

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Aho et Kossou, 1997 définissent la lutte biologique comme l'ensemble des méthodes par lesquelles peuvent être limités, les effets des organismes végétaux et animaux nuisibles sur les cultures, le bétail et leurs produits, en exploitant les ennemis naturels de ces organismes. La lutte biologique se base sur des concepts écologiques et son évolution suit de près celle de l'écologie. L'emploi des biopesticides à base de microorganismes entomopathogènes fait partie de cette lutte.

L'Agence de protection environnementale EPA (2007) définit les biopesticides comme des pesticides dérivés des animaux, des bactéries, des champignons, des plantes et de certains minéraux. Nous distinguons les pesticides biochimiques (phéromones sexuels et extraits de plantes) qui procurent des substances naturelles (peu toxiques à l'homme) pour contrôler les ravageurs des cultures ; les pesticides à base de microbes (bactéries, champignons, virus entomopathogènes ou protozoaires) qui peuvent contrôler les différents types de ravageurs et les protecteurs systémiques tels que Bt, Dipel, Biobit (Coulibaly et al., 2006).

L'utilisation des biopesticides dans la lutte parasitaire a l'avantage de diminuer les risques de santé surtout chez les enfants et les femmes et les risques de pollution de l'environnement (Adétonah, 2005). Par exemple, le neem (Azadirachta indica A. Juss) est un produit naturel et non toxique à l'homme, il est 100% biodégradable, protège mieux l'environnement et a un large spectre d'action sur plus de deux cents (200) espèces de ravageurs (EPA, 2007).

Dans le cadre de cette étude, les biopesticides utilisés pour la protection des cultures maraîchères concernent essentiellement l'utilisation des extraits aqueux des feuilles de neem (Azadirachta indica).

Les extraits aqueux sont obtenus à partir de plusieurs plantes qui possèdent des propriétés insectifuges. Il s'agit entre autres du neem, du papayer (Carica papaya), du piment (Peper guineense), de l'ail (Allium sativum)...

L'obtention d'extraits aqueux pour 1 ha de culture consiste à piler une quantité de 15kg de feuilles fraîches à laquelle on ajoute 1 litre d'eau et un morceau de savon pour permettre à la solution obtenue d'être adhésive aux cultures à traiter. Le récipient contenant le mélange obtenu est fermé avec une bassine. On laisse reposer ce mélange pendant douze heures environ. Ensuite, on procède au filtrage.

Le filtrat ainsi obtenu est dilué dans 9 litre d'eau et est utilisé pour traiter les cultures. La pulvérisation sur les cultures de tomate se fait soit à l'aide de pulvérisateur ou avec des tiges de plantes que le producteur plonge dans la bassine contenant le filtrat (PEDUNE- Bénin, 2000).

Les extraits de neem (encore appelé margousier sont les plus utilisés). L'azadirachtine est la matière active que l'on retrouve dans les amandes des graines du margousier (Neem tree). Cet extrait contient plusieurs ingrédients actifs qui affectent les insectes soit en les repoussant, en inhibant leur alimentation ou leur développement. Il est très peu toxique pour les mammifères et se décompose rapidement dans l'environnement ( www.creer.qc.).

La photo1 montre le circuit d'obtention des extraits aqueux de neem.

Photo1 : Processus d'obtention d'extraits aqueux de neem

Source : PEDUNE - Bénin, 2000

Ø Impact des biopesticides

Lorsque toutes les méthodes de prévention ont échoué et qu'il est indispensable d'utiliser un pesticide, le premier choix devrait être orienté vers des produits qui ont le moins d'impact sur l'environnement et la santé humaine. Les biopesticides font partie des pesticides à faible impact sur la santé et l'environnement. Ils ont les caractéristiques suivantes:

- ils présentent les plus faibles risques, à court et long terme, pour la santé humaine ;

- ils ont peu d'impact sur les organismes non visés ;

- ils sont très spécifiques à la cible visée ;

- ils présentent les plus faibles risques pour l'environnement pendant leur manipulation et leur élimination ;

- ils permettent de restreindre ou d'éliminer l'utilisation d'insecticides chimiques ;

- ils sont moins toxiques que les pesticides chimiques ;

- ils favorisent les cultures sous serre ;

- ils diminuent les risques de développement de la résistance des ravageurs ;

- ils ont une plus grande spécificité d'action ;

- ils améliorent la qualité de vie des travailleurs agricoles ;

- ils offrent aux consommateurs des produits sains ;

- ils se dégradent rapidement et diminuent ainsi les risques de pollution ;

- ils maintiennent la biodiversité des biotopes (www.creer.qc.).

Ø Système de production

Ruthemberg (1980) considère chaque exploitation comme une hiérarchie de systèmes appartenant premièrement au large système de la zone rurale et consistant dans un second temps en des activités variées qui sont elles aussi des systèmes (cultures, élevage, tracteurs, etc.). L'exploitation est par conséquent un système « homme-biologie-machine » c'est-à-dire un système hybride et encore plus complexe que les systèmes de cultures ou d'élevage qui sont stochastiquement déterminés.

Les instruments politiques de mesure se basent sur des agrégats qui nécessitent de regrouper en classes, les exploitations qui sont similaires dans leurs structures et qui sont supposées se retrouver au niveau de la même fonction de production.

Le système de production peut se définir comme étant un regroupement de systèmes individuels d'exploitation disposant à peu près d'un même niveau de ressources, pratiquant les mêmes modes de production, bénéficiant des mêmes sources de subsistance et assujettis aux mêmes contraintes pour lesquelles des stratégies et interventions de développement similaires peuvent être élaborées (Dixon et Gulliver, 2001).

Par ailleurs, Jouve cité par Daane et al., (1992) définit le système de production comme un ensemble structuré de moyens de production (force de travail, terre, équipement, etc.) combinés entre eux pour assurer une production végétale et/ou animale en vue de satisfaire les objectifs des responsables de l'exploitation agricole.

Selon Dixon et Gulliver (2001), les analyses des systèmes de production peuvent permettre de déterminer les priorités régionales en matière d'investissement rural et de recherche, contribuer à identifier et à diffuser les meilleures pratiques dans un système de production et à surveiller leur impact. Ces applications intéresseront probablement le secteur privé et les autres utilisateurs non gouvernementaux. Mais, le secteur privé y compris l'industrie des engrais, peut aussi tirer des informations utiles des données déjà disponibles, par exemple en considérant le niveau d'intensification et de diversification dans chaque système afin de déterminer les domaines où les demandes en engrais seront importantes.

Une étude récente de la (FAO, 2001 cité par Simeni- Tchuitè, 2005) a défini des catégories de systèmes de production agricole et à un niveau plus étendu, de grands systèmes de production, définis comme des ensembles de systèmes de production individuels dirigés par des ménages comparables en termes de ressources, de moyens d'existence, de vulnérabilités, d'opportunités et de contraintes, et pour lesquels il serait approprié d'appliquer des stratégies et des interventions de développement analogues.

Carloni (2001) a défini quinze (15) grandes catégories de systèmes de production agricole en Afrique subsaharienne parmi lesquels le système irrigué. D'après cet auteur, le système irrigué possède un potentiel élevé de croissance en agriculture et dans la réduction de la pauvreté. Les projections de la FAO pour l'année 2030 indiquent que dans les trente prochaines années, la production provenant des terres irriguées pourrait s'accroître de 100 à 200 %.

Dans le cadre de cette étude, le système de production maraîcher défini par Jouve sera utilisé car cette définition s'applique aux systèmes d'exploitation identifiés dans la zone d'étude

Ø Le revenu agricole

Le revenu agricole est la différence entre la production et les charges liées à cette production. Ainsi, nous distinguons deux types de revenu : le revenu net et le revenu brut.

Le revenu agricole brut est la différence entre la production brute et les charges réelles payées pour cette production. Les charges comprennent les coûts d'intrants variables (semences, différents engrais, insecticides, coût de la main d'oeuvre). Il est calculé pour une seule campagne agricole (Adégbidi, 1994).

Le revenu agricole net est la différence entre le revenu agricole brut et les amortissements des matériels et équipements agricoles utilisés pour la production. Ce revenu prend en compte l'autoconsommation, l'accumulation en nature et le revenu monétaire (Adégbidi, op.cit.). 

C'est ce revenu qui sera calculé dans la présente étude.

Ø Distribution du revenu

La distribution des revenus aussi bien à l'intérieur des ménages qu'entre les ménages (riches comme pauvres) est un critère sur lequel on devrait se baser pour justifier de la pertinence d'une technologie (Nouhoheflin, 2001).

La distribution de revenu entre les personnes économiquement actives est influencée par les différences de rémunération relatives au sexe. La dispersion des revenus des hommes diffère souvent de celles des femmes (Lecaillon et al., 1984). La disparité de rémunération entre les hommes et les femmes est due aussi bien aux différences dans les activités qu'aux pratiques discriminatoires. Dans bien de cas, les femmes effectuent les activités agricoles les moins rémunératrices parce que leur niveau de formation et d'éducation est souvent inférieur à celui des hommes. Les différences en termes de qualification qui déterminent les disparités des revenus entre les sexes sont elles-mêmes dues au statut des femmes dans la société (Nouhoheflin, 2001).

Les petits exploitants, bien qu'ils constituent la plus grande partie de l'offre des produits agricoles, disposent des revenus très faibles dans leurs exploitations en raison de la nature des intrants utilisés et surtout de leurs conditions de vie. L'éminent problème de l'inégale distribution des revenus provient justement de ces facteurs évoqués (Nouhoheflin, op. cit.).

Dans la présente étude, la distribution du revenu sera étudiée au niveau des utilisateurs de biopesticides et des utilisateurs de pesticides chimiques de l'ensemble de la zone d'étude et des différentes zones agroécologiques.

Ø Pauvreté et inégalité

Le concept de pauvreté a considérablement évolué suivant les différentes périodes de la théorie économique. Plusieurs approches ont été utilisées pour définir la pauvreté.

Kiros (1993), définit la pauvreté comme une situation de non satisfaction des besoins alimentaires. Ces besoins sont exprimés en termes de quantité d'aliment nécessaire pour un sujet. Or, parmi les méthodes proposées pour la mesure du besoin minimum, les plus importantes sont la quantité d'aliment disponible et le nombre de calories par tête et par jour, les données anthropométriques (Glewwe et al., 1998).

Une autre définition de la pauvreté est celle basée sur le concept des « besoins de base ». Cette approche soulève beaucoup de questions en ce qui concerne la détermination complète des besoins de base. Toutefois, elle a permis de distinguer deux groupes de besoins à savoir : les besoins physiques tels que l'habillement, le logement et les besoins sociaux tels que les services de santé et d'éducation (Streeten, 1977 ; Streeten et al., 1981). Pour ces auteurs, le pauvre est défini comme toute personne ou groupes de personnes privées de l'un de ces besoins. Cette approche pourrait fournir des indicateurs utiles de mesure de pauvreté si les niveaux de ces besoins peuvent être objectivement spécifiés. Ceci constitue une autre contrainte pour l'appréciation du niveau de vie d'un individu donné. Ainsi l'approche centrée sur les besoins de base ne permet donc pas d'apprécier de façon précise le phénomène de pauvreté.

Autre approche est celle basée sur l'utilisation des indicateurs démographiques. Ces indicateurs incluent l'espérance de vie à la naissance et la mortalité infantile. Mais ces types de données sont rarement disponibles sous forme désagrégée pour des régions spécifiques ou pour des groupes sociaux à l'intérieur d'un pays. Ces indicateurs peuvent connaître une amélioration bien que les conditions de vie des populations demeurent inchangées.

D'autres conceptions sur la pauvreté sont basées sur l'utilisation des indices composites tels que « Physical Quality of life index ». De nos jours, l'indicateur le plus utilisé pour la mesure de la pauvreté est « l'Indice du Développement Humain (IDH) ». Cet indice regroupe l'espérance de vie, l'alphabétisation, l'éducation, la santé et le revenu par habitant. Les études réalisées par le Programme des Nations Unies pour le Développement en 2001 et qui utilisent ce dernier indicateur ont révélé que les niveaux de pauvreté sont plus élevés dans les pays situés au Sud du Sahara.

De façon générale, nous constatons que les différentes approches utilisées pour mesurer la pauvreté présentent toutes des insuffisances. D'une part, elles sont basées sur des considérations étroites et statiques de la pauvreté alors que le problème de pauvreté devrait être analysé dans un contexte socioéconomique. Par ailleurs l'assertion selon laquelle les pauvres constituent un groupe homogène avec des caractéristiques identiques est loin d'être une réalité. Selon Kiros (1993), les pauvres des pays africains situés au Sud du Sahara constituent des groupes hétérogènes du point de vue caractéristiques socioéconomiques. On y distingue des paysans sans terre, des pastoralistes, des salariés, des auto-employés, des réfugiés, des pêcheurs, etc...(Bibangambah, 1985).

Par ailleurs, il existe une relation évidente entre pauvreté et inégalité. Selon World Bank (2001), l'inégale répartition des revenus à l'intérieur des pays n'a pas diminué ni augmenté ces 30 dernières années. Pour une même vitesse de croissance, les pays ayant au départ une forte inégalité réduiraient moins la pauvreté que ceux présentant au départ une faible inégalité. Et si la croissance est accompagnée par une forte inégalité, son impact sur la pauvreté sera réduit. C'est pourquoi les différentes stratégies de lutte contre la pauvreté doivent avant tout chercher à réduire les inégalités existant au sein de la population. De plus, partout où des succès significatifs ont été remportés dans la lutte contre la pauvreté, les conditions suivantes étaient réunies : le pays connaissait une croissance économique soutenue et équitable (PNUD, 2001). Dès lors, l'inégalité dans la distribution des revenus est un facteur important pour la compréhension du phénomène de pauvreté.

L'une des causes de la pauvreté est la diminution de la production agricole et du revenu par habitant. La production et le revenu sont deux indicateurs très importants d'évaluation de la pauvreté en milieu rural

Dans le cadre de cette étude, l'indicateur qui sera pris en compte pour l'évaluation de la pauvreté est le revenu des producteurs.

Ø Approche Genre

Le mot « genre », de l'expression anglaise « gender » a été introduit dans le vocabulaire du développement dès les années 1970 (IFAID Aquitaine, 2001).

Le terme genre n'est pas synonyme de femme ! Le genre ne désigne pas les femmes mais les relations entre les hommes et les femmes, puisqu'il fait référence aux différences sociales entre les femmes et les hommes (www.tanmia.ma.htm).

Le genre est donc plus large que la promotion des femmes seulement et se centralise sur la relation entre les hommes et les femmes, entre les générations, entre les classes socioprofessionnelles, soulignant leurs rôles, l'accès et le contrôle sur les ressources productives (terre, capital, travail qualifié), la division du travail, et les besoins (Igué, 2005). Il est un concept d'analyse sociale qui prend en compte, dans une communauté donnée, l'existence des différentes catégories socio-économiques et les liens qu'elles développent entre elles.

Par ailleurs, le concept genre implique deux notions fondamentales : la notion d'équité et celle de l'égalité (ACDI, 1999 ; CQFD, 2004) :

- l'équité est le fait d'être juste non seulement envers les femmes et les hommes, mais également envers toutes les autres fractions de la société. Elle vise un juste équilibre entre toutes les fractions de la société dans l'accès et le contrôle des ressources et avantages, aux bénéfices du développement, aux mécanismes de décision. Autrement dit, il faut donner les mêmes chances à toutes les composantes de la société. L'équité entre les sexes est le moyen par lequel on atteint l'égalité entre les genres.

- l'égalité suppose que toutes les composantes de la société ont le même statut et qu'elles jouissent des mêmes conditions pour réaliser pleinement leurs droits humains et des mêmes aptitudes pour contribuer au développement et bénéficier des résultats.

En effet, l'égalité de genre signifie l'absence de discrimination basée sur le sexe ; un traitement similaire pour les hommes et les femmes tant dans la répartition des ressources et des bénéfices, que dans l'accès aux services, dans la concrétisation des droits, dans les chances d'avoir des responsabilités significatives. Elle implique une égalité de chances pour les femmes et pour les hommes, à jouer un rôle clé dans les processus majeurs de développement (Niang, 2004). Les inégalités du genre sont reflétées dans les activités et comportements ; modelées par la société et influencées par la religion, l'économie, les normes, les valeurs culturelles et le système politique et dynamiques et varient d'une culture ou d'une société à l'autre (Spiller, 2000).

Dans cette étude, l'aspect genre s'évaluera en considérant le sexe des producteurs bien que le concept genre va au-delà de ces considérations.

2.2. Revue de littérature sur le maraîchage

- Zones de production des cultures maraîchères.

Sagbohan (1998) distingue cinq grandes zones de production maraîchères au Bénin :

- Malanville et Karimama à l'extrême nord, zones en activité d'octobre à avril avec des cultures irriguées de pomme de terre, d'oignon à gros bulbes et de tomate de variété Roma auxquelles sont associées les cultures de piment, de gombo, de courgettes et de manioc ;

- La région de Natitingou au Nord-Ouest avec la culture irriguée de tomate, de pomme de terre, oignon, piment et gombo ;

- Le plateau Adja au Sud-Ouest (Klouékanmè, Toviklin, Lalo, Dogbo et des sites environnants) avec de petites exploitations paysannes sur lesquelles sont produits la tomate locale, le piment et le gombo en saison de pluies ;

- La région du Sud-Est regroupant Sèhouè, Pobè et la vallée de l'Ouémé. Les deux premières localités produisent exclusivement de la tomate en saison de pluies tandis que la vallée de l'Ouémé se caractérise par les cultures de décrue où la tomate et les légumes feuilles sont surtout produits ;

- Les zones périurbaines constituées de ceintures de cultures maraîchères : Cotonou,

Porto-Novo, Parakou, Natitingou, Djougou produisent des légumes locaux et exotiques (laitue, haricot vert, carotte, chou, concombre, betterave, etc.) durant toute l'année grâce à un arrosage manuel.

- Systèmes de production maraîchers au Sud-Bénin.

Pour Tiamiyou (1995), les productions maraîchères se réalisent essentiellement à travers quatre systèmes de cultures lorsque qu'on se réfère à la source d'approvisionnement en eau.

Il s'agit :

- des systèmes de cultures pluviales. Ils sont les plus importants en superficie et en production avec des cultures extensives de gombo, tomate, piment et légumes-feuilles locaux. On les rencontre dans le Mono, le Borgou, le Zou-nord et l'Atlantique ;

- des systèmes de cultures de bas-fonds. Ils sont prédominants dans les trois départements du Sud, particulièrement autour des villes pour la presque totalité des spéculations maraîchères ;

- des systèmes de cultures de décrue qui concernent particulièrement la tomate, les

légumes-feuilles locaux (amarante, grande morelle, crin-crin, célosie), le gombo et le piment.

Ils sont réalisés essentiellement dans les deltas des fleuves Mono et Ouémé et dans le département de l'Atlantique à So-Ava ;

- des systèmes de cultures irriguées dans le Borgou, au niveau des Sous-préfectures de

Karimama et de Malanville. Les principales spéculations conduites sous ce système sont l'oignon et la pomme de terre.

Le PADAP, (2003) distingue au Sud du Bénin, quatre (4) systèmes de production maraîchers, en fonction des caractéristiques agroécologiques, de la taille des exploitations, des systèmes d'irrigation, des périodes de production et des systèmes de culture et d'élevage. Cette étude présente une des plus importantes catégorisations des systèmes de production maraîchers au Sud-Bénin. Elle distingue:

- Les systèmes de production des terres de barre

Ils sont caractérisés par un seul type de maraîchage. La principale culture observée est la tomate à laquelle s'ajoute le piment. Les légumes feuilles locaux tels que le Célosie, la Grande morelle, et l'Amarante sont également produits par certaines exploitations. La moyenne des surfaces exploitées en légumes est de 7.000 m². Le piment est généralement repiqué après la tomate. Il bénéficie de la protection du feuillage des pieds de tomate et se développe lorsque le cycle de la tomate est achevé. La tomate est essentiellement produite pendant la grande saison des pluies. Les apports de matière organique et des engrais minéraux sont quasiment inexistants. La grande majorité des producteurs n'utilise aucun pesticide sur les cultures légumières.

- Les systèmes de production de décrue en basse vallée de l'Ouémé

Ils sont basés sur des activités saisonnières. Les cultures maraîchères se pratiquent en périodes de basses eaux. Les surfaces exploitées sont situées dans la plaine d'épandage de crue. Les cultures légumières sont peu diversifiées. La majorité des surfaces est plantée avec des légumes fruits (la tomate, le piment et le gombo). Les producteurs pratiquent des cultures pures. Les rotations concernent principalement le gombo, le piment et la tomate et permettent de limiter les problèmes sanitaires.

- Les systèmes de production maraîchers en zone sableuse du littoral de Grand-Popo

Les systèmes de production en zone sableuse du littoral de Grand-Popo, sont caractérisés par le maraîchage à base de l'oignon. Cette activité agricole s'est développée au cours des quinze dernières années. Les surfaces exploitées varient entre 100 m² et 7 ha. La disponibilité en terres est encore assez élevée, mais celle-ci reste difficilement accessible aux maraîchers.

- Les systèmes de production maraîchers en milieu intra-urbain.

Les systèmes de production maraîchers en milieu intra-urbain, sont caractérisés par la pratique exclusive du maraîchage très intensif, permettant de produire une forte valeur ajoutée sur des surfaces limitées. L'offre globale en légumes est très diversifiée. On y rencontre des légumes feuilles (locaux et exotiques), des plantes aromatiques, des légumes fruits et des légumes bulbes et racines. Mais il existe une spécialisation au niveau de certains maraîchers. La majorité des légumes cultivés ont des cycles de production de moins de trois mois ou permettent des récoltes régulières. Les exploitations de ces systèmes se caractérisent par la présence presque permanente de légumes feuilles notamment la grande morelle.

- Importance des cultures maraîchères

Les cultures maraîchères de par les vitamines et les éléments minéraux qu'elles fournissent à l'organisme, occupent une place essentielle dans l'alimentation. Elles constituent une source importante d'emploi et de revenus pour de nombreux producteurs dans les zones périurbaines et rurales du Bénin (Sikirou et al., 2001).

D'après le PADAP (2003), les exploitations axées sur le maraîchage sont porteuses de plus de 60.000 emplois directs au sud Bénin (chefs d'exploitation, actifs familiaux, salariés et main- d'oeuvre temporaire) et 25.000 emplois indirects en amont et en aval de la filière. En outre, les revenus générés par le maraîchage permettent à des milliers de familles de vivre.

Une étude spécifique effectuée par Soumahoro (1999) a examiné dans quelle mesure la production maraîchère urbaine et périurbaine pourrait contribuer à la résolution de l'épineux problème du chômage des jeunes à Cotonou. Les résultats obtenus à l'aide des tableaux de synthèse des informations des enquêtes, des outils de statistique descriptive montrent que les 522 exploitations maraîchères recensées dans la circonscription urbaine de Cotonou, à Godomey et à Abomey-Calavi sont mises en oeuvre par des jeunes de moins de 40 ans dont 52,6% constituent les chefs d'exploitation et 47,4% des emplois d'ouvriers salariés permanents. En général, une exploitation crée deux emplois. Cependant, le niveau d'instruction est bas de même que la formation en agriculture, ce qui constitue un handicap dans la gestion efficace de leurs exploitations. Les contraintes majeures à la promotion de l'emploi dans ce sous-secteur sont l'étroitesse des débouchés des produits maraîchers de type européen ; l'insuffisance d'informations de la population sur les plans du revenu et de la valeur nutritive des légumes ; les problèmes fonciers (précarité, insuffisance et cherté des terrains de culture).

- Importance de la tomate

La tomate (Lycopersicum esculentus) ou (Solanum lycopersicum L. ou Lycopersicon lycopersicum (L.) Karsten ex Farw ) est une plante annuelle de la famille des Solanacées, originaire du Mexique. Le terme désigne aussi ce fruit charnu, qui est l'un des aliments les plus importants dans l'alimentation humaine et qui se consomme frais ou transformé (article de Wikipédia, l'encyclopédie libre du 9 septembre 2008).

Cultivée sous presque toutes les latitudes, sur une superficie d'environ 3 millions d'hectares, ce qui représente près du tiers des surfaces mondiales consacrées aux légumes, la tomate est le légume le plus consommé dans le monde après la pomme de terre. Plus de 100 millions de tonnes de tomates sont récoltées chaque année dans le monde (FAO, 2006).

La tomate est le légume le plus cultivé de toutes les cultures maraîchères en République du Bénin et rentre dans la plupart des préparations culinaires (http://www.runetwork).

Riche en eau (93 à 95 %), la tomate ne renferme que de faibles quantités d'éléments énergétiques (environ 3 % de glucides, moins de 1 % de protéines, des traces de lipides). De ce fait, elle ne fournit guère plus de 15 kcalories aux 100 g, soit 63 kJoules. Les teneurs maximales en vitamine C (20 mg et plus) se rencontrent dans les tomates de plein champ, en pleine saison. C'est un apport appréciable, puisque le besoin quotidien en vitamine C de l'adulte est de 80 mg (http://www.declic-bio.fr).

La tomate est également riche en lycopène, ce qui lui donne sa couleur rouge. Cet antioxydant diminuerait le risque de maladies cardiaques et de certaines formes de cancer, dont celui de la prostate (http://www.declic-bio.fr). Le tableau 1 présente la valeur nutritionnelle moyenne pour 100g de tomate crue. La tomate tient une place importante dans l'alimentation humaine. Elle s'utilise en frais, en salade et en jus, ou transformée, sous forme de purée, de concentré, de condiment et de sauce.

Il faut signaler que si le fruit possède de nombreuses vertus culinaires et diététiques, il n'en est pas de même des tiges et des feuilles qui sont toxiques (De Broglie et al., 2003)

Tableau 1 : Valeur nutritionnelle moyenne pour 100g de tomate crue

Composants de la tomate crue Valeur nutritionnelle pour 100g

Eau

93,8g

Valeur calorique

19Kcal

Eléments énergétiques

Protides

0,8g

Glucides

3,5g

Lipides

0,3g

Vitamines

Provitamine A

0mg

Vitamine B1

0,06mg

Vitamine B2

0,05mg

Vitamine B6

0,08mg

Vitamine C

18mg

Vitamine PP

0,6mg

Minéraux

Fer

0,4mg

Calcium

9mg

Magnésium

11mg

Phosphore

24mg

Potassium

226mg

Sodium

5mg

Fibres

1,2g

Source: (Favier et al., 2003)

- Rentabilité des cultures maraîchères

En se basant sur les systèmes précédemment définis par le PADAP (2003), Singbo et al., (2004) ont réalisé une étude financière qui a porté sur l'évaluation du budget partiel. L'utilisation du taux marginal de rentabilité a montré que la tomate procure la meilleure rentabilité dans la vallée de l'Ouémé et dans les villages de Gnito et Sazué de la Commune de Grand-Popo. Les principales cultures dans ce système sont la tomate, le piment et la grande morelle. Les résultats obtenus montrent que dans la zone côtière (Communes de Grand-Popo, de Sèmè-podji et de Ouidah), l'oignon, le piment et la tomate constituent les principales cultures dans les systèmes identifiés. A l'instar de la tomate dans la basse vallée de l'Ouémé, c'est l'oignon qui représente ici la culture la plus rentable pour les maraîchers.

Enfin, pour ce qui est des systèmes très intensifs des zones urbaines de Cotonou et Porto-Novo, la laitue et la grande morelle apparaissent comme étant les cultures les plus importantes et dans une moindre mesure l'amarante. L'amarante est plus rentable que les deux autres cultures.

Contrairement au Sud Bénin, la rentabilité des différents systèmes et des spéculations qui fournissent les revenus substantiels n'a pas été déterminée pour le Nord. Toutefois, ces systèmes sont relativement plus mécanisés qu'au Sud.

Il ressort des études effectuées sur le maraîchage en Afrique que les types de légumes cultivés sont reliés aux objectifs de trésorerie des exploitations. Ainsi, Moustier et al., (2004) distinguent :

- les légumes-feuilles à cycle court (moins d'un mois) comme l'amarante, le chou chinois et l'oseille locale qui sont peu sensibles aux parasites et ne demandent que peu d'intrants. Ils s'adressent à une large clientèle qui les consomme régulièrement et assurent ainsi une rentrée d'argent quasi-quotidienne au producteur. Leurs marges par hectares sont les plus faibles ;

- les légumes-feuilles à cycle long (un à deux mois) comme les morelles, les choux, la ciboule et les épinards permettent de disposer de fortes recettes périodiques qui peuvent répondre à des besoins financiers importants : problème de santé, épargne pour construction d'une maison ;

- les légumes tropicaux et les légumes d'origine tempérée à cycle court (moins de deux mois) comme la laitue et le persil qui peuvent servir de tête de rotation pour financer le reste de la campagne maraîchère ;

- les légumes d'origine tempérée à cycle long (plus de deux mois) comme les tomates, les carottes, les aubergines violettes et les concombres présentent des risques liés à la production et à la commercialisation. Leurs marges par hectare sont cependant les plus élevées.

Des spéculations spécifiques ont fait l'objet d'une étude de rentabilité. On note des études sous-régionales et des études localisées au Bénin.

Le LARES (2004) s'est appuyé sur une analyse de la compétitivité prix, des coûts de revient (coûts de production et coûts de commercialisation) des filières tomate et pomme de terre au

Bénin, au Niger et au Nigéria pour montrer que les coûts de production de tomate augmentent fortement au Bénin en contre-saison. Dans le bassin de Lalo, la technique d'arrosage avec de l'eau achetée à l'ex-Société Béninoise d'Electricité et d'Eau (SBEE) est très coûteuse ; à Natitingou, l'augmentation des coûts provient de la faiblesse des rendements de cette période, due à l'absence d'un système performant d'irrigation ; à Guéné, la culture de contre-saison implique l'utilisation de la motopompe qui représente alors 75% du coût de production et le fait augmenter de plus de 60% par rapport à la saison pluviale.

En saison des pluies, le prix de revient de la tomate béninoise est plus bas que ceux des produits provenant des bassins concurrents. On note que les tomates issues du bassin de Guéné au Bénin présentent un coût de revient inférieur aux autres quel que soit le marché et la saison considérée. Pour ce qui est de la pomme de terre, celles en provenance du Nigéria sont plus compétitives que celles originaires du Bénin.

La Matrice d'Analyse de Politique (MAP) a été utilisée par l'IITA (2002b) pour déterminer la compétitivité des systèmes de production de la tomate et du chou au Bénin et au Ghana. Les résultats obtenus stipulent que le système de production de chou le plus rentable au Bénin est celui qui utilise la motopompe pour l'irrigation et assure les traitements phytosanitaires par un biopesticide (Dipel ou biotit). Au Bénin, la tomate produite dans un système utilisant les pesticides chimiques et les engrais est la plus rentable ; mais ses coûts sont aussi les plus élevés.

Dans le cas des recherches localisées au Bénin, Ando (1985) a effectué dans la basse vallée du fleuve Ouémé une étude sur le problème de l'allocation rationnelle des facteurs de production dans les systèmes de production maraîchère en rapport avec les autres cultures vivrières. L'approche de programmation linéaire a été utilisée. Ce modèle a révélé que les productions de piment et de gombo ne sont suffisantes que pour l'autoconsommation ; seule la tomate permettrait de réaliser un surplus commercialisable, le gombo procurant les revenus marginaux les plus faibles. Au même moment, la détermination des marges a montré que le piment représentait 40% du revenu total par hectare et la tomate 36%. D'autre part, les enquêtes ont établi que le piment avait la préférence des paysans. Ces derniers résultats ont été confirmés par Singbo et al., (2004).

Gonroudobou (1985) a réalisé une étude portant sur l'économie de la production maraîchère dans les quartiers périphériques de Porto-Novo. Cette étude avait plusieurs objectifs : la détermination des coûts de production et de commercialisation des légumes, le calcul des marges des maraîchers et des commerçantes, l'étude des circuits de distribution et l'identification des contraintes liées à la production et à la commercialisation et enfin, l'étude de la consommation des légumes. Les outils utilisés sont ceux de la statistique descriptive pour la caractérisation des producteurs, des commerçantes et des consommateurs. Une analyse économétrique utilisant le modèle de régression portant sur l'estimation du produit brut a montré que ce dernier augmente quand la superficie augmente et que celle-ci n'est pas conditionnée par le nombre d'années de maraîchage et la charge engagée dans la production.

A travers le calcul des coûts et des marges, il ressort que ce sont les grossistes détaillants et les détaillantes qui perçoivent les marges les plus élevées et les pertes les plus élevées.

2.3. Cadre théorique

- Facteurs affectant la distribution de revenu

Selon Nouhoheflin (2001), la distribution de revenu au sein d'une couche de la population est influencée par deux facteurs : le groupe socioéconomique et le genre.

Les petits exploitants, bien qu'ils constituent la plus grande partie de l'offre des produits agricoles, disposent des revenus très faibles dans leurs exploitations en raison de la nature des intrants utilisés et surtout de leurs conditions de vie. L'éminent problème de l'inégale distribution des revenus provient de ces facteurs évoqués. Par conséquent, la production totale de l'exploitation est affectée et la productivité est souvent faible (Nouhoheflin, op.cit).

Aboyadé (1973) en réalisant une étude de revenu sur l'économie nigériane a utilisé un échantillon de 1635 personnes et a trouvé sur le plan professionnel que l'économie nigériane était concentrée dans la production primaire pour environ 76,27%. Sa courbe de Lorenz de la distribution des revenus a indiqué une grande inégalité. 90% des ménages ont gagné environ 61% du revenu total pendant que les 10% du groupe supérieur ont concentré presque les 39% du revenu total. Il a aussi trouvé que certaines variables telles que la profession, la taille des exploitations et l'éducation étaient positivement corrélées avec le revenu.

Selon Paukert et Lecaillon (1984), la profession et le statut social jouent un rôle important dans la distribution des revenus. Dans beaucoup de cas, ce rôle correspond à une stratification des catégories socioprofessionnelles. Ces auteurs affirment que la relation entre la distribution des revenus et la stratification socioprofessionnelle est particulièrement claire dans les pays en développement.

Selon (Lecaillon et al., 1984), la dispersion de revenu à l'intérieur de chaque groupe joue de plus en plus un rôle important dans la concentration totale des revenus. Ils concluent que les disparités dans le revenu moyen entre groupes socio-économiques comptent pour 60 à 80% de l'inégalité des revenus dans les pays en développement.

Par ailleurs, Byrelee (1973) dans une étude sur la croissance de l'emploi direct et du revenu au Nigéria a observé que le coefficient de Gini, un coefficient de mesure d'inégalité, a indiqué une grande disparité dans la distribution de revenu. Il souligne que l'augmentation du revenu du secteur agricole n'est pas équitablement distribuée.

Essang (1971) dans son étude sur la distribution du revenu entre les paysans producteurs de caféiers, a trouvé que 80% de ces producteurs ont reçu seulement 20% du revenu total et a observé que l'inégalité de revenu était considérée comme l'inégalité d'accès aux sources de crédit, aux services de vulgarisation et aux nouvelles technologies. Le coefficient de Gini qu'il a obtenu au sein des paysans est très élevé (0,7).

Nouhoheflin (2001), dans son étude sur l'impact de l'adoption des nouvelles technologies de niébé sur l'amélioration et la distribution des revenus dans les sous-préfectures de Savè et de Klouekanmè (Bénin) a trouvé que l'indice de Gini pour l'ensemble de la zone d'étude est de 0,489 chez les adoptants et de 0,524 chez les non-adoptants des nouvelles technologies. L'indice de Gini est plus élevé chez les non-adoptants que chez les adoptants. Il s'en suit donc que l'inégalité est beaucoup plus prononcée chez les producteurs non-adoptants.

Au niveau du genre, cette étude a montré que l'indice d'inégalité présente la même tendance que précédemment. Toutefois, l'inégalité est beaucoup plus amoindrie chez les hommes que chez les femmes. En somme l'étude montre que l'inégalité observée dans la distribution du revenu a diminué après l'adoption des nouvelles technologies qui incluent les extraits aqueux et les variétés améliorées du niébé.

Les nouvelles technologies ont alors tendance à réduire les inégalités dans la distribution des revenus au niveau de la zone d'étude.

- Impact des technologies alternatives sur le revenu des exploitations agricoles.

Selon Aitchédji (2001), en dehors des économies d'autosubsistance où l'augmentation de la production physique peut être suffisante pour justifier la pertinence sociale d'une nouvelle technologie, dans une économie marchande, la préférence d'une nouvelle technologie à celle déjà existante dépend de son avantage en termes de coût de production, de revenu et de profit.

Kpangon (2002) ressort dans son étude portant sur l'impact socio-économique de l'adoption des nouvelles technologies du niébé sur la réduction de la pauvreté dans le département des collines (BENIN) que le revenu du niébé n'est contrôlé par la femme que si elle le cultive sur son propre champ. L'étude révèle que plus de 60% du travail familial consacré à la production de niébé provient de la femme que ce soit sur son propre champ ou sur le champ de son mari. Cette étude montre également que les nouvelles technologies de niébé ont induit un revenu supplémentaire sensible chez les adoptants et aussi qu'elles ont induit une amélioration du niveau de vie des adoptants.

Allogni (2002), dans son étude sur l'impact des nouvelles technologies de la culture de niébé sur le revenu et les dépenses des ménages agricoles au Bénin, montre d'une part que l'adoption des nouvelles technologies contribue à l'accroissement de 13% des revenus nets des producteurs de niébé et d'autre part que les nouvelles technologies du niébé ont contribué à l'amélioration des conditions de vie des adoptants.

- Théories relatives à la mesure des inégalités

Les professionnels utilisent trois mesures principales de l'inégalité : les indices de Gini, de Theil et d'Atkinson.

L'indice de Gini standard mesure deux fois la surface comprise entre la courbe de Lorenz (qui représente la part des revenus accumulés sur l'axe vertical en fonction de la distribution de la population sur l'axe horizontal) et la ligne de distribution uniforme. Selon Félicie (2006), un grand nombre d'expressions mathématiques ont été proposées pour l'indice de Gini, mais la plus aisée à utiliser est fondée sur la covariance entre le revenu Y d'un individu ou d'un ménage et le rang F que cet individu ou ce ménage occupe dans la distribution du revenu (la valeur de ce rang va de 0 pour le plus pauvre à 1 pour le plus riche).

Si on représente par y, le revenu moyen, l'indice de Gini standard est défini comme

G= 2 cov (Y, F) / y .avec F, la fonction de distribution et Y.

Pour une population de taille n et de moyenne où les revenus sont représentés par yi et yj (i et j représentant les sous-groupes = 1,...,n et = 1,...,n), Gini (1912) définit son indice comme suit :

L'indice de Gini élargi utilise un paramètre v pour renforcer certaines parties de la distribution. Plus la pondération est élevée et plus la partie inférieure de la distribution voit son importance renforcée (í = 2 pour l'indice de Gini standard) :

Une autre famille de mesures de l'inégalité est la mesure d'entropie générale, qui se définit comme suit :

avec  ; et

GE(1) correspond à l'indice de Theil.

Les mesures de la classe GE sont sensibles aux changements dans la partie inférieure de la distribution pour des valeurs de á proches de 0 ; elles sont également sensibles aux changements qui affectent l'ensemble de la distribution pour á égal à 1 et aux changements dans la partie supérieure de la distribution pour des valeurs supérieures à 1.

Atkinson a proposé une troisième classe de mesures de l'inégalité. Cette classe utilise également un paramètre å (qui mesure l'aversion à l'inégalité), et certaines de ses propriétés théoriques sont similaires à celles de l'indice de Gini élargi. 0<å<8: plus la valeur de å est élevée plus grande est l'inégalité dans la population (Atkinson, 1970).

La classe d'Atkinson se définit comme suit :

Le coefficient de Gini est à la fois une mesure purement statistique de la variabilité et une mesure normative de l'inégalité. Les principaux avantages de l'indice de Gini sur les autres mesures de l'inégalité sont décrits ci-après.

En tant que mesure statistique de la variabilité, l'indice de Gini peut traiter un revenu négatif, propriété que certaines autres mesures de l'inégalité ne possèdent pas. Ce point est important lorsqu'il s'agit de traiter l'impact d'un changement apporté à une politique sur l'inégalité de revenu parce que le revenu de certains ménages peut être négatif. Autre avantage de cet indice provient des concepts qui lui sont liés (comme l'élasticité de l'indice de Gini par rapport au revenu, définie plus loin) : ces mesures possèdent des propriétés statistiques mieux connues que celles d'autres mesures de l'inégalité. On peut ainsi juger si l'impact d'un changement apporté à une politique sur l'inégalité de revenu ou de consommation est statistiquement significatif à la marge. Ce n'est pas le cas aujourd'hui pour la plupart des autres mesures de l'inégalité. Par ailleurs, l'indice de Gini peut être représenté graphiquement comme une fonction de la courbe de Lorenz. Cette représentation géographique permet de visualiser les différences d'inégalité entre les autres types de répartitions, de même que l'impact différentiel des diverses sources de revenu ou de consommation.

L'indice de Gini repose sur de solides fondations théoriques, ce qui n'est pas le cas de certaines autres mesures de l'inégalité. En qualité d'indice normatif, le coefficient de Gini représente la théorie de la privation relative (Runciman 1966), qui est une théorie sociologique expliquant les sentiments de privation entre des individus de la société (Yitzhaki 1979, 1982). L'indice de Gini peut également être une mesure de l'inégalité découlant d'axiomes sur la justice sociale (Ebert et Moyes, 2000).

Il existe plusieurs interprétations intuitives de l'indice de Gini qui permettent de mieux comprendre la signification de ce que l'on mesure.

La valeur de l'indice de Gini représente la différence attendue dans les revenus de deux individus ou ménages choisis au hasard dans la population globale. Par exemple, un indice de 0,60 signifie que si le revenu moyen par habitant de la population est de 1 000 dollars (tous les montants en dollar sont exprimés au taux actuel), la différence attendue dans le revenu par habitant de deux ménages choisis au hasard sera de 600 dollars (60 % du revenu moyen de 1 000 dollars).

Pour toutes ces différentes raisons, nous utiliserons dans cette étude l'indice de Gini pour apprécier l'inégalité comme l'on fait plusieurs autres auteurs (Zhu, 2002 ; Pyatt et Fei, 1980, Nouhoheflin, 2001 etc.).

DEUXIEME PARTIE : ZONE D'ETUDE ET METHODOLOGIE

CHAPITRE 3. PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE

Cette section a pour objectif de présenter l'espace géographique et l'environnement socioéconomique et culturel de la zone d'étude dans laquelle se sont déroulées les enquêtes.

3.1. Délimitation de la zone d'étude

La présente étude s'est déroulée au Sud du Bénin. Cette zone est comprise entre 6°10 et 6°45 de latitude Nord, et 1°34 et 2°48 de longitude Est. Selon le zonage agroécologique du Bénin réalisé par le MEHU en 2003, la zone d'étude couvre la zone sableuse littorale et fluvio-lacustre. Les enquêtes ont été menées dans les communes d'Adjohoun (vallée de l'Ouémé), de Sèmè-podji (département de l'Ouémé) et de Grand Popo (département du Mono).

Ces milieux d'investigation sont répartis en trois zones de production. Il s'agit de :

- la zone des bas-fonds : Adjohoun et Gnito (Grand-Popo rural) ;

- la zone intra urbaine : Porto-Novo et Cotonou et

- la zone du cordon littoral située sur la bande littorale : Sèmè-Podji et Grand-Popo.

Seules les zones de bas-fonds et du cordon littoral ont été concernées par cette étude.

Adjohoun, Sèmè-podji et Grand-Popo sont considérées comme des zones de production périurbaines car ces localités se situent à la périphérie des villes.

La diversité de l'écosystème de la zone d'étude conjuguée aux caractéristiques socio-économiques et démographiques des différentes localités sus-citées traduit les différents types de maraîchage observés sur l'ensemble de la zone et les catégories d'individus qui s'adonnent à cette activité.

3.1.1. Zone de bas-fonds

Cette zone est composée des villages d'Agonli Lowé et de Dannou, commune d'Adjohoun, situés dans la vallée de l'Ouémé et de Gnito situé dans une partie rurale de Grand-Popo.

Située au Sud-Est du Bénin, la commune d'Adjohoun couvre une superficie de 308 km2 et est située à 32 km de Porto-novo, la capitale politique du Bénin. Le relief est composé de deux (02) unités géomorphologiques :

- un plateau de faible altitude dont le modèle présente des ondulations moyennes fortes,

- une plaine inondable d'axe Nord-Sud qui, dans la topo-séquence Est-ouest jouxte le plateau. Elle s'étend de part et d'autres du fleuve Ouémé qui l'inonde annuellement les mois de juillet et de novembre.

Gnito est l'un des villages de l'arrondissement de Sazué dans la commune de Grand-popo. Il présente les mêmes caractéristiques que les villages d'Agonli Lowé et de Dannou dans la commune d'Adjohoun.

La particularité de la zone de bas-fonds est que le sol est à dominance argileux, ce qui amène les maraîchers à produire seulement à des périodes précises de l'année.

3.1. 2. Zone du cordon littoral

La zone du cordon littoral encore appelée zone côtière regroupe le site VIMAS dans la commune de Sèmè-podji et les sites de Grand-Popo littoral et d'Agoué dans la commune de Grand-Popo.

Sèmè-Podji se trouve dans un ensemble géomorphologique homogène : la plaine côtière située dans le département de l'Ouémé. D'une superficie de 250 km2, elle se présente comme une plate-forme constituée des dépôts récents fluvio-lacustres, des cordons littoraux anciens et de cordons littoraux récents issus d'une sédimentation littorale. Coincée entre le complexe mer-lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo, le relief de Sèmè-Podji varie par endroits, entre le niveau de la mer et 6 m d'altitude environ.

Grand-Popo est situé au Sud-Ouest du département de Mono entre 6°17' de latitude Nord et 1°49' de longitude Est. D'une superficie de 289 km2, Grand-Popo s'étend sur une longueur de 20km en bordure de la ligne côtière située entre Grand-Popo et Hilacondji, de part et d'autre de la route inter-Etats Cotonou-Lomé. Cette commune est située à une altitude de 5 m au-dessus de la mer, avec une nappe phréatique proche, rarement plus de 3 m, parfois 1,2 à 2 m de profondeur. L'eau est douce jusqu'à une profondeur de 8 à 10 m de profondeur et à couleur jaunâtre au-delà de cette profondeur.

3.2. Caractéristiques physiques

3.2.1. Données climatiques

La pluie et l'humidité relative font parties des données climatiques les plus importantes en production maraîchère. En effet, en dehors des incidences directes que ces facteurs exercent sur les cultures (inondations des périmètres maraîchers, pourrissements des fruits etc.), la prolifération des parasites est également liée à ces facteurs (Hounkponou, 2003).

- Pluviométrie

Les régions du Sud-Bénin jouissent d'un climat subéquatorial de type guinéen caractérisé par la succession annuelle de 4 saisons, le climat subéquatorial règne au Sud-Bénin jusqu'à la latitude de Savè. Nous distinguons :

- une grande saison des pluies de mi-Mars à mi-Juillet ;

- une petite saison sèche de mi-Juillet à mi-Septembre ;

- une petite saison des pluies de mi-Septembre à mi-Novembre ;

- une grande saison sèche de mi-Novembre à mi-Mars.

La pluviométrie annuelle (1.400 mm à l'Est et 900 mm à l'Ouest) et sa répartition autorise une période de croissance des végétaux de 240 j/an. Les températures varient peu (25 à 30 °C). Le relief est uniforme et peu marqué, la bande sableuse est une plaine alors que les vallées se présentent sous forme de dépressions ouvertes ou encaissées.

On y retrouve des sols d'origine alluviale ou colluviale. Les sols hydromorphes sont fertiles, mais inondables par les crues des fleuves, tandis que les sols sableux sont peu fertiles, et favorables aux plantations de cocotiers et de filao.

Les principales formations végétales sont : la savane herbeuse, le fourré arbustif et les prairies. Les principales cultures sont : le maïs, le niébé, le manioc, le palmier à huile et le cocotier. La densité de population rurale par km² de superficie cultivable est de 174 habitants/km².

Les communes de Sèmè-podji, Adjohoun et Grand Popo qui ont servi de cadre pour cette étude se retrouvent dans cette zone.

Le climat connait beaucoup de modifications qui sont caractérisées par des pluies irrégulières suivant les années. Ce phénomène constitue une entorse pour l'agriculture pluviale, faute d'aménagements appropriés susceptibles de favoriser la maîtrise de l'eau. En effet, la zone de la Vallée de l'Ouémé enregistre une pluviométrie moyenne de 1122,19 mm d'eau par an irrégulièrement répartie tout au long des saisons pluvieuses. En ce qui concerne la zone du cordon littoral, les hauteurs annuelles moyennes sont de 1500mm d'eau pour Sèmè-Podji et 900 mm d'eau pour Grand-Popo. De l'Est à l'Ouest, on note une évolution en dents de scie (1122,19 mm à 900 mm) de la pluviométrie moyenne annuelle. Les deux différentes saisons des pluies observées au Sud-Bénin déterminent les périodes de fortes productions maraîchères grâce à la disponibilité de l'eau. Le phénomène est contraire à Adjohoun, et dans la zone rurale de Grand-Popo (Gnito) où la crue inonde les terres cultivables. L'exploitation de ces terres cultivables n'est possible qu'en période de décrue qui généralement a lieu au cours des saisons sèches.

3.2.2. Données pédologiques

Les principaux types de sols rencontrés au Sud-Bénin sont caractérisés par une couverture sédimentaire qui comprend plusieurs classes de sols (PADAP, 2003).

- La classe des sols peu évolués. Cette classe regroupe les sols du cordon littoral. Ces sols sont chimiquement pauvres et ne peuvent être utilisés pour la production agricole, à moins que l'on apporte des amendements organiques. Ils se rencontrent à Sèmè-poji et à Grand-Popo.

- La classe des sols faiblement ferralitiques encore appelée terre de barre. Ce sont des sols roux, bien pourvus en matières organiques à cause de la crue saisonnière. Ces sols se retrouvent à Adjohoun et Gnito et sont riches et propices pour la culture du riz et certains cultures de contre-saison comme le maïs, le niébé, le manioc et pour la production maraîchère.

3.3. Caractéristiques humaines

La population de la commune d'Adjohoun est estimée en 2002, à environ 56.455 habitants, avec une densité globale de 189,9 habitants/km² (RGPH3, 2002). Elle est composée de 48,14 % d'hommes et 51,86 % de femmes. La répartition par âge indique que la population est très jeune, avec plus de 80 % de personnes âgées de moins de 40 ans.

Au plan économique, l'agriculture est la principale activité qui occupe environ 80 % de la population. Les principales cultures sont : le maïs, le manioc, l'arachide, le palmier à huile, les cultures maraîchères et le niébé. D'autres activités telles que le commerce, les transformations agro-alimentaires, les petits métiers, la pisciculture, le petit élevage, l'élevage de porcs, la production de plantes ornementales et l'artisanat constituent après l'agriculture les occupations des populations.

Dans la commune de Sèmè-podji, la population est estimée en 2002 à environ 55.928 habitants. La diversité socio-culturelle à Sèmè-podji est assez remarquable. Les groupes socio-culturels dominants sont les Xwla, les Défi et les Goun.

L'économie de la commune de Sèmè-podji est assez diversifiée avec cependant une prédominance remarquable des secteurs primaire et tertiaire. Le secteur primaire occupe environ 30 % des actifs dans l'agriculture, la pêche et l'élevage. Quant au secteur tertiaire, il occupe environ 53 % des actifs (RGPH3, 2002). Les activités commerciales et celles de transit sont les deux pôles essentiels de ce secteur. Il est peu développé et surtout informel.

La population de la Commune de Grand Popo a été évaluée en 2002 à 40.335 habitants, soit une densité moyenne de 140 habitants/km². Elle compte environ 9.633 ménages avec une taille moyenne de 4,2 individus. La répartition spatiale de la population est peu homogène, avec près de 45 % de la population concentrée dans les deux arrondissements urbains de la Commune ( Grand Popo et Agoué).

En 2002, le rapport de masculinité était de 100 femmes pour 92,7 hommes. La répartition par âge indique que plus de 50 % de la population appartiennent à la tranche d'âge de 0 à 9 ans (RGPH3, 2002).

Le peuplement de Grand Popo s'est construit autour des groupes socio-culturels majoritaires que sont les Xwla, les Xwéda et les Mina, tous dérivant du grand groupe socio-culturel Adja.

Au plan économique, les principales activités pratiquées à Grand Popo sont : l'agriculture, la pêche, l'élevage, la transformation des produits agricoles, l'artisanat et le commerce. On y pratique aussi du petit élevage, une intense activité de commercialisation des produits agricoles, des activités artisanales de transformation des produits agricoles.

Le secteur agricole occupe plus de 40 % des ménages. Le domaine de production concerne les céréales (maïs, riz), les cultures maraîchères (oignon, tomate, carotte, piment, légumes feuille), les légumineuses (niébé, arachide) les tubercules (manioc) et les cultures industrielles (canne à sucre, palmier à huile etc.).

CHAPITRE 4. CADRE MÉTHODOLOGIQUE

Ce chapitre retrace la méthodologie suivie pour aboutir aux objectifs fixés.

Dans un premier temps, le choix de la zone d'étude sera justifié, suivi de la description des différentes méthodes de collecte, de traitement et d'analyse des données.

4.1. Choix de la zone d'étude, des villages et sites

L'enquête s'est déroulée dans les zones situées le long de la côte du Sud-Bénin. Il s'agit de la zone de bas-fonds (Adjohoun et Gnito) et la zone du cordon littoral (Sèmè-podji et Grand-Popo littoral).

Les cultures maraîchères sont produites dans toutes les régions du Bénin à des proportions différentes. Dans les zones urbaines et périurbaines du sud Bénin, la dynamique du maraîchage est nettement plus intense.

Le maraîchage est une activité à caractère intensif au sud du Bénin (Hounkpodoté et Tossou, 2001). La pratique très ancienne des producteurs dans les activités de maraîchage (Baba, 1989), la demande de plus en plus forte en produits maraîchers en raison de la croissance démographique et de la proximité des zones productrices avec le Nigeria (pour ce qui est de la région de la vallée de l'Ouémé) et du Togo et du Ghana (pour ce qui est de la région de Grand Popo) sont entre autres des critères qui justifient le choix de cette zone pour l'étude.

Par ailleurs les zones de production du Sud Bénin ont bénéficié de la diffusion des nouvelles technologies de protection des cultures contre les pestes grâce aux divers projets (ADA /IITA, INRAB, SPV...).

Le choix de Grand-popo, d'Adjohoun et de Sèmè-poji est également lié au fait que ces zones produisent la tomate.

Enfin le choix des zones du Sud Bénin est lié à la diffusion de la technologie de production biologique sur les cultures maraîchères. Ces zones ont été également choisies parce qu'elles constituent le cadre d'exécution des travaux du projet ADA.

Le choix de ces deux grandes zones nous permettra d'éviter les effets d'homogénéité qu'on rencontre souvent avec une seule zone et qui porteraient des limites aux résultats de la recherche.

Les principaux critères qui ont présidé le choix des villages et sites sont :

- la zone de production : ce critère répond à la nécessité de représentation des catégories retenues à l'issue du découpage. Il offre une garantie suffisante de fiabilité et de validité des résultats.

- l'importance relative du maraîchage au niveau des villages et des sites : cette importance est appréciée à partir de la combinaison de deux paramètres à savoir les superficies exploitées, et le nombre d'exploitations maraîchères.

- l'accessibilité du village ou du site pendant la période d'étude : ce critère permet d'éviter les pertes de temps, de ressources et les risques inutiles.

- les différentes catégories de producteurs de tomate dont les utilisateurs de biopesticides et les utilisateurs de pesticides chimiques (chefs d'exploitation hommes comme femmes) ont permis de comparer le revenu et sa distribution entre ces différentes catégories de producteurs.

Les études antérieures sur le maraîchage au Sud-Bénin (PADAP, 2003 ; Adorgloh-Hessou, 2006), distinguent globalement trois grandes zones de production maraîchère en se basant sur des critères tels que le site agroécologique, les caractéristiques socio-économiques du milieu, les principales spéculations développées, etc. Ces résultats ont été confirmés par la phase exploratoire de notre étude. Nous avons alors retenu pour l'échantillonnage, un découpage en deux zones de production maraîchère, à savoir :

- la zone de bas-fonds qui regroupe la Vallée de l'Ouémé représentée par la commune d'Adjohoun et la zone rurale de la commune de Grand Popo (Gnito). Les systèmes de production sont basés sur des activités saisonnières. La culture maraîchère concerne presque exclusivement les légumes locaux qui se pratiquent une seule fois dans l'année, lors de la décrue.

- la zone côtière regroupe les communes de Sèmè-podji et la partie sableuse de Grand-Popo. L'oignon, le piment, la tomate, et la carotte sont au coeur des différents systèmes de production cette zone. Les cultures se pratiquent sur la bande sableuse du littoral et tout au long de l'année.

Ce découpage de la zone d'étude, a servi de point de départ pour l'échantillonnage.

4.2. Phases de collecte des données

L'étude s'est déroulée en trois phases séquentielles à savoir : la revue documentaire, la phase exploratoire et l'enquête approfondie.

4.2.1. Revue documentaire

La revue documentaire constitue la base de la recherche. Elle a débuté depuis la phase d'élaboration de la proposition de recherche jusqu'à la rédaction complète de la thèse. Cette étape a été consacrée à la collecte, à l'exploitation, à l'analyse et à la synthèse de la documentation disponible sur les cultures maraîchères, dans le monde, en Afrique et au Bénin. Elle a permis de faire le point des connaissances sur le maraîchage en général et sur la production de tomate au Sud-Bénin en particulier. La revue documentaire a été également utile dans l'analyse et les interprétations des résultats. Plusieurs bibliothèques et centres de documentation ont été mis à contribution pour la collecte de l'information. Il s'agit entre autres du centre de documentation de l'IITA, la BIDOC de la FSA et les bibliothèques du Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et de la Pêche (MAEP), de l'Institut National pour la Recherche Agricole au Bénin (INRAB), des centres de documentations des Centres Communaux pour la Promotion Agricole (CeCPA), de l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE) et de personnes ressources.

L'internet a été une source d'informations très importante tout au long de cette étude.

4.2.2. Phase exploratoire

Elle a permis de faire l'état des lieux des zones de production de la tomate, et d'améliorer le questionnaire structuré. Elle a duré environ deux semaines. Des entretiens de groupe ont été organisés avec des maraîchers des différents villages et sites visités, afin de recueillir des informations générales sur les sites de production (superficie totale du site, nombre d'exploitants, principales spéculations, les contraintes, les différentes méthodes de lutte utilisées contre les ravageurs et maladies des légumes etc.). Quelques entretiens individuels avec les maraîchers ont permis de tester le questionnaire afin de mieux l'affiner pour la phase d'enquête. Ces entretiens ont également permis d'identifier les utilisateurs de biopesticides parmi les producteurs de tomate dans les différentes localités. Les structures d'encadrement (CeRPA, CeCPA, ONG etc.) ont été, elles aussi, sillonnées pendant cette phase.

4.2.3 Phase d'enquête approfondie.

Des informations qualitative et quantitative ont été collectées individuellement auprès des maraîchers sélectionnés à l'issue de la phase exploratoire. Les méthodes utilisées regroupent les entretiens structurés avec comme outil principal le questionnaire et les entretiens semi-structurés. Les principales informations recueillies ont été relatives :

- aux caractéristiques socioéconomiques, culturelles et sociodémographiques des producteurs (sexe, âge, ethnie, origine, religion, statut matrimonial, nombre de personnes par ménage, nombre d'actifs agricoles, nombre d'inactifs, niveau d'instruction...) ;

- aux caractéristiques des différentes exploitations (Superficies emblavées, différents systèmes de cultures, techniques culturales, quantité produite, statut du foncier) ;

- à l'estimation des coûts et de la quantité des intrants agricoles (semences, engrais minéraux: urée, NPK; engrais organique : bouse de vache et fientes de volailles; pesticides chimiques et extraits aqueux de neem).

- à l'estimation de la quantité et du type de main d'oeuvre utilisée par activité (défrichement, préparation des planches, semis ou repiquage, sarclage/binage, arrosage, traitements phytosanitaires, épandage d'engrais, récolte et vente);

- à l'estimation du capital (coût et mode d'acquisition de la terre, coût d'achat de tout le matériel utilisé au champ et la durée de vie de ce matériel pour le calcul des amortissements) ;

- à l'estimation des recettes brutes issues de la vente des paniers de tomate ;

Cette phase a abouti au traitement des données collectées, puis à l'analyse des résultats obtenus.

4.3. Echantillonnage

Le choix des exploitations maraîchères, a été dans un premier temps, raisonné de façon à prendre en compte la diversité des situations géographiques et des systèmes de production dans les différentes localités et les sites de production. Pendant la phase d'enquêtes fines, une pré-typologie est systématiquement élaborée au niveau de chaque site ou village pour identifier les systèmes existants et estimer leur importance relative. Elle se base sur des critères tels que la superficie emblavée en tomate, le niveau d'équipement des exploitations, l'âge et le sexe des maraîchers qui semblent plus discriminatoires au niveau des exploitations. La proportion de chaque système permet alors de définir sur la base du quota préalablement fixé pour le site ou le village la part de chacun des groupes dans l'échantillon final.

Dans un second temps, on a fait intervenir le critère d'aléa pour le choix des unités de recherche à l'intérieur des catégories identifiées. Il nous paraît important de préciser que les producteurs interviewés sont ceux qui étaient présents lors de l'enquête.

Au total, cent trente six producteurs de tomate (136) ont été enquêtés. Cinquante cinq (55) producteurs de tomate ont été retenus pour l'enquête fine à raison de 21 dans la zone de bas-fonds et 34 dans la zone côtière. Le taux de réalisation des prévisions est égal à 84%. L'écart de 15 % non réalisé est surtout dû à la non disponibilité des maraîchers et au temps relativement court imparti à la phase d'enquête. Le tableau 2 présente la répartition de l'échantillon suivant les localités retenues.

Tableau 2 : Répartition des unités de recherche par zones et par villages ou sites

Zones de production

Communes

Villages ou sites

Nombre prévu

Nombre realisé

Taux de réalisation (%)

Zone de bas-fonds

Adjohoun

Agonlin Lowé

8

6

75

Dannou

7

7

100

Grand Popo

(Zone rurale)

Gnito

10

8

80

Zone côtière

Sèmè Podji

VIMAS

15

14

95

Grand Popo

(littoral)

Grand Popo

20

16

80

Agoué

6

4

67

Total

66

55

84

Source: Enquêtes socioéconomiques, Juillet - Août 2008

4.3.1. Critères d'identification des systèmes de production de la zone d'étude.

Les typologies rencontrées dans la littérature suggèrent deux principaux critères qui permettent de différencier les systèmes de cultures maraîchères. Ce sont :

Ø la source d'approvisionnement en eau qui distingue les cultures pluviales, de bas-fonds, irriguées et de décrue (Tiamiyou (1995) ; Mbaye et Renson (1997) et PADSA (2001). De même Tiamiyou et Sodjinou (2003) ont décrit des systèmes similaires sur les bords du fleuve Niger.

Ø le critère de l'analyse financière par Singbo et al. (2004).

On peut noter que ces paramètres permettent de caractériser à une échelle géographique plus importante que la ville ou la Commune, les systèmes de cultures semblables rencontrés dans plusieurs régions.

Ø Assogba (2007) a distingué 5 types d'exploitations maraîchères au Sud-Bénin en se basant sur les critères telles que la zone de production, la superficie exploitée, la main-d'oeuvre disponible, le site écologique, le régime foncier, l'équipement d'irrigation, l'équipement de traitement, la méthode de protection des cultures contre les ravageurs et maladies, l'encadrement technique, l'accès au crédit agricole, et les caractéristiques des maraîchers (âge, sexe, principale activité). Ces exploitations sont :

- Petites exploitations modernes en milieux intra-urbain et suburbain ;

- Exploitations modernes de taille moyenne en milieu suburbain ;

- Grandes exploitations modernes en milieu suburbain ;

- Grandes exploitations traditionnelles en milieu rural ;

- Petites exploitations traditionnelles en milieu rural.

Les critères de différenciation décrits par Tiamiyou (1995), Mbaye et Renson (1997), PADSA (2001) et Assogba (2007) seront utilisés pour réaliser la typologie des systèmes de production de notre zone d'étude parce que les systèmes de production qui y sont rencontrés (systèmes de cultures irriguée et de décrue) s'identifient parfaitement à ceux décrits par ces auteurs.

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