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La réinsertion familiale des enfants de la rue dans la ville de Ndjaména au Tchad: Etat des lieux et perspectives

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par Jacob NOUBATOINGAR LOGTO
Ecole des Cadres Supérieurs en Travail Social de Ouagadougou- Burkina - faso - Diplôme d'Etat d'Inspecteur d'Education Spécialisée 2005
  

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INTRODUCTION

Situé au coeur du continent Africain entre le 8ème et le 24ème degré de latitude nord, et entre le 13ème et 24ème de longitude Est, le Tchad est un pays de 1 284 000km2 complètement enclavé qui s'étend sur 1700km du Nord au Sud et 1000 km de l'Est à l'Ouest. Il est limité au nord par la Libye, à l'Est par le Soudan, au Sud par la République Centrafricaine et le Cameroun et à l'Ouest par le Nigeria et le Niger.

Le Tchad compte 9, 7 millions d'habitants, 50,3% a moins de 15 ans, 4% seulement a plus de 60 ans ;

L'âge médian est de 14 ans ;

On compte 93,7 hommes pour 100 femmes ;

L'espérance de vie s'établit à 48 ans ;

Le taux de fertilité est de 6,3 naissances par femme ;

Le taux de natalité de 4,5% ;

Le taux de mortalité infantile atteint 10,1% en moyenne1(*).

Le Tchad regorge d'énormes potentialités économiques mais depuis son indépendance en 1960, il est confronté à des guerres civiles successives qui ruinent son économie et ceux qui subissent le poids de cette situation sont les enfants, entre autres les enfants de la rue.

Malgré les potentialités et l'arrivée de la manne pétrolière, le Tchad fait partie de la liste des pays les moins avancés : Deux tiers des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté avec quelque 80% de la population vivant avec moins de un dollar par jour et est sous ajustement structurel depuis 1995.

Il convient également de noter que la population Tchadienne analphabète représente 67,1% de la population totale et se trouve en dehors du système scolaire Tchadien.

C'est dans cette frange que se trouvent les enfants en difficulté : les orphelins, les enfants abandonnés, les mouadjirine2(*), les victimes d'exploitation, les enfants soldats, les enfants dans la rue et les enfants de la rue qui constituent l'un des groupes cibles de la politique du Ministère de l'Action Sociale et de la Famille.

En effet il faut reconnaître que le phénomène des enfants de la rue prend de plus en plus des proportions inquiétantes dans les pays d'Afrique au Sud du Sahara avec des formes très variées.

Longtemps inconnu, méconnu, voire nié dans certaines villes du Sud, le phénomène des enfants de la rue est apparu au grand jour au début des années 1980 (ce qui ne signifie pas qu'il n'existait pas auparavant). Comme dans le domaine de l'humanitaire et du développement, l'opinion internationale fut alertée par un double appel, lancé à la fois par le secteur associatif et les médias. C'est ainsi que l'on a pu découvrir avec effroi les terribles conditions de vie de ces enfants des grandes villes d'Amérique latine, puis l'existence des milliers d'autres vivant dans des principales métropoles d'Afrique, du sous-continent indien ou du sud-est asiatique.

C'est également à cette époque que les ONG du Nord commencèrent à s'intéresser de plus près au phénomène ; l'ONG britannique Save The Children développa ainsi au début des années 1980 des programmes destinés aux enfants de la rue d'Amérique latine et d'Asie. Le bureau international Catholique de l'Enfance (BICE) fut parmi les premières associations françaises à lancer un programme d'appui spécifique aux ONG du Sud. Le thème de l'enfance en situation difficile en général, et des enfants de la rue en particulier a parallèlement été peu à peu intégré dans le discours et dans les politiques de plusieurs pays et organisations internationales, sur le plan normatif et juridique, mais également sur le plan plus opérationnel. Après avoir adopté, en 1989, la convention relative aux droits des enfants, l'assemblée générale des Nations Unies vota par exemple, le 4 mars 1994 une résolution relative aux enfants de la rue. Cette résolution en 10 points invite tous les Etats et toutes les organisations internationales et non gouvernementales à « redoubler d'efforts pour trouver des solutions définitives aux problèmes des enfants de la rue3(*) »

Certains bailleurs de fonds institutionnels ont également développé des dispositifs spécifiques d'appui aux projets en faveur des enfants de la rue : citons notamment le « programme d'éducation des enfants en situation difficile » mis en oeuvre par la division de l'éducation de base de l'UNESCO, ou encore le fonds d'aide et de coopération  « enfants des rues » mis en place en 1995 par le ministère français de la coopération. En outre l'UNICEF, qui a pour terrain de prédilection les enfants et d'autres organisations internationales ont par ailleurs mobilisé d'importantes ressources pour étudier le monde des enfants de la rue et les différentes stratégies de réinsertion.

Les réponses apportées à cette question des enfants de la rue ont varié dans le temps et dans l'espace : placement familial, internat, action éducative en milieu ouvert etc.

De toutes ces mesures, une constante semble être l'éducation même si les méthodes ont connu des évolutions. A travers l'éducation qui se fait d'abord dans la cellule familiale, chaque société a toujours oeuvré pour que les individus obéissent aux normes et aux règles sociales, permettant ainsi à la société de pérenniser certaines valeurs.

Malgré ces initiatives, la situation des enfants en général et celle des enfants de la rue en particulier demeure préoccupante tant dans le monde que dans les pays en voie de développement. Elle se traduit par des besoins sociaux de base non satisfaits : santé, éducation, formation, logement etc.

Il en résulte que c'est l'exclusion et la marginalisation d'un grand nombre d'entre eux qui les exposent à d'autres maux sociaux tels que la délinquance, la prostitution, la drogue, le chômage, le grand banditisme etc.

Dans ces conditions, le risque que le développement soit compromis est grand dans les Etats du fait que les jeunes constituent le socle du développement et l'avenir des nations.

Notre étude sur la réinsertion familiale de ces enfants s'inscrit dans cette logique de recherche des solutions à ce phénomène.

D'où notre préoccupation de réfléchir sur la question à travers le Thème : « la réinsertion familiale des enfants de la rue dans la ville de N'djaména : état des lieux et perspectives ».

Notre étude se propose donc de procéder à une analyse des stratégies mises en oeuvre jusqu'ici, de dégager un tableau des différents acteurs du terrain, d'analyser les forces et les faiblesses existantes en matière de réinsertion familiale.

Forte des constats du terrain, elle procédera en outre à des propositions de stratégies susceptibles de promouvoir une véritable réinsertion des enfants de la rue au Tchad. Et pour ce faire, elle tentera de connaître l'articulation entre les stratégies des intervenants de la réinsertion familiale des enfants de la rue et les échecs des retours en famille des enfants qu'ils accueillent.

Elle tentera par-dessus tout d'apporter une réponse par ses analyses à la question de l'enracinement des enfants dans la rue.

Elle s'articulera autour de trois grands axes suivants :

Chapitre 1 : Le cadre théorique de l'étude

Chapitre 2 : Le cadre méthodologique de l'étude

Chapitre 3 : La présentation, l'analyse et l'interprétation des résultats

Conclusion.

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE

I.1  PROBLEMATIQUE

Le problème des enfants vivant dans la rue est un phénomène social Très préoccupant pour l'ensemble de nos nations, les plus riches comme les plus pauvres. Cette réalité n'a pas de frontière aujourd'hui.

Elle a subi des mutations diverses et s'est davantage complexifiée par une constellation de facteurs sociaux récurrents ou émergents.

La grande interrogation de tous les pays concernés reste la stratégie efficace de réduction du phénomène.

De tout temps, les Etats ont élaboré et appliqué des stratégies, des associations multiples, ont fait des efforts, mais le constat qui se dégage est l'augmentation du phénomène, doublée de la précocité de l'âge d'entrée dans la rue, et la tendance à l'enracinement d'un grand nombre d'enfants dans cet espace social. Face à cette situation, on est en droit d'interroger non seulement les stratégies d'intervention mais surtout les logiques sociales qui déterminent ce phénomène.

Le problème des enfants de la rue ne concerne pas seulement les pays du sud mais il touche également des métropoles occidentales : New York, Berlin, Paris ou Marseille

Le phénomène a pris une ampleur tout à fait considérable dans les pays en développement et notamment en Afrique subsaharienne où l'urbanisation a été accélérée au cours des dernières décennies. Les chiffres avancés par les organisations internationales font le plus souvent état d'une fourchette oscillant entre 30 et 100 millions d'enfants vivant dans les rues des pays en développement4(*).

La rue devient, pour beaucoup d'enfants, un lieu de vie. Nombre d'entre eux exercent une activité laborieuse : faiseurs de poubelles, mendiants, prostitués, porteurs, collecteurs d'objets divers, employés de ménage, gardiens et laveurs de véhicules, cireurs, vendeurs de produits divers, Ces pratiques sont presque les mêmes dans tous les continents. Il s'agit en fait d'une incessante quête pour trouver leur pitance quotidienne, mais aussi, le cas échéant, pour leur famille.

Le Tchad, qui n'est pas en marge de cette réalité, est de plus en plus confronté à ce problème d'enfants vivant dans la rue. Déjà en 1962, furent créés le Centre Rural des Jeunes de Koundoul (25km de N'djaména) et le Centre d'Accueil Kotoko de Sabangali destinés à prendre en charge cette catégorie d'enfants. Malheureusement ces deux Centres qui fonctionnaient jusqu'en 1979, ont disparu du fait de la guerre. Après la guerre en 1990, le Centre de Koundoul a été ré ouvert sous l'appellation Centre Espoir de Koundoul pour l'Enfance (CNEKE).

Malgré la réouverture du Centre de Koundoul et les nombreuses actions menées sur le terrain par le gouvernement, les ONG et les associations, il demeure que le phénomène des enfants de la rue reste préoccupant et incite à une nouvelle interrogation sur les stratégies de leur prise en charge aussi bien au niveau des familles qu'à celui des centres publics et des associations.

A cet effet, les statistiques actuelles et les plus récentes sur le phénomène sont celles basées sur une enquête menée sur l'ampleur du phénomène des enfants de la rue de novembre 2002 à avril 2003 par le gouvernement tchadien et l'UNICEF dans sept (7) grandes villes (Abéché, Kélo, Bongor, Moundou, Ndjaména, Doba et Sarh).

Cette enquête dénombrait 7031 enfants dans la rue et de la rue dont 3570 dans la ville de N'djamena, soit 50,8 °/°.

Ces statistiques sont aujourd'hui certainement dépassées, à la vue de la réalité du problème, et une autre enquête s'avère impérative pour mieux camper le phénomène.

* 1 (INSEED) Institut, National de la Statistique, des Etudes Economiques et Démographiques, Tchad, profil de la pauvreté, Novembre, 2006.

* 2 « Mouadjirine » Terme désignant des enfants mendiants des écoles coraniques au Tchad.

* 3 Bernard Pirot, « Les enfants des rues d'Afrique Centrale, édition karthata, 2004, 187pages

* 4 Bernard, Pirot, « enfants des rues en Afrique centrale,» édition Karthala, 2004, 197 pages.

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