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Le discours religieux en Tunisie: L'exemple de la communauté juive

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par Sadek MTIMET
Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis ( Université Al-Manar) - Master en sciences poltiques 2007
  

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PREMIERE PARTIE

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UN DISCOURS RELIGIEUX JUIF

A CONTENU VARIABLE

La Communauté juive a développé tout au long de son parcours en Tunisie deux rapports : le premier rapport est exogène, il concerne les rapports de ses membres avec les autres. Cette Communauté vit sous l'autorité politique et sociale de l'autre, qui n'est pas juif . Alors, les juifs, conscients de leur caractère minoritaire, ont développé des rapports d'aménagement : pas de confrontation mais pas de soumission, c'est un discours de cohabitation ( Chapitre Premier ). Il y a un accord implicite de répartition des tâches. L'autorité en place laisse à la Communauté la possibilité de se doter des organes de représentation sans immixtion aucune. La Communauté en contrepartie cède l'espace public à l'autorité, c'est-à-dire qu'elle se retire du champ politique. Le chef de la Communauté est le levier de correspondance entre sa Communauté qu'il représente auprès des autorités mais en même temps il est le représentant du pouvoir politique en place auprès de sa Communauté . Ce double rôle du Qâyid de la Communauté constitue une passerelle entre la grande majorité musulmane et la Communauté juive, c'est dire que le système n'est pas clos mais il y a interférences entre la majorité et la minorité.

Par ailleurs, la Communauté juive , acceptant cette cohabitation a développé à travers le temps un discours religieux flexible (Chapitre deuxième) qui est à la base de sa personnalité et sa culture adaptative à toutes les circonstances. Dès lors, le discours se développe en fonction des rapports de force existants en place, le discours juif de la période makhzen n'est pas la même que la période du protectorat. Le changement du statut politique et juridique était pour quelque chose .

Chapitre 1 - Un discours religieux de cohabitation

La situation sociale et juridique des juifs, dans la Régence de Tunis, tout au long de la période beylicale était stable et sans changements notoires . En vertu des principes du droit musulman, les juifs, dhimmi-s, jouissent du respect absolu de leur culte et de leur statut (1). La "dhimmitude" est un concept juridique développé par les juris consultes musulmans pour aménager un statut juridique aux "Gens du Livre" vivant dans l'espace territorial de "Dar al-Islam". En outre, et au fil des temps, une sorte d'accord politique tacite s'est développé : les juifs cèdent l'espace public au pouvoir politique en place en contre partie d'une liberté totale d'exercer leur culte et du bénéfice d'une relative autonomie leur permettant de s'administrer et de satisfaire leurs besoins en matière cultuelle et sociale .

Cette stabilité sociale et ce sentiment d'être protégés par les autorités en place ont engendré un discours religieux de cohabitation avec le milieu social et politique dans lequel vivait cette Communauté . En réalité, ce genre de discours était systématisé en réaction positive aux événements extérieurs. Deux moments historiques, dans le parcours de la Communauté en Tunisie, ont développé chez elle un discours de circonstance, collaborateur et impliqué avec le pouvoir politique en place : le premier c'est avec l'Etat tunisien beylical (Section1), le deuxième était avec l'Occident européen (Section 2), spécialement avec la France. Ce discours religieux collaborateur et de cohabitation, qui frôle parfois l'opportunisme trouve sa légitimité et son fondement dans l'adage, développé par les rabbins de la "diaspora", selon laquelle:" la loi du prince est La loi" : (dina el-malkhûta dîna).

Par ailleurs, ce discours a vite évolué vers d'autres cieux, vers une modernité plus actuelle, lente et non corrosive, et ce lors de l'arrivée des juifs livournais (Grana-s) en Tunisie dès le début du XVIIe siècle. Le Pacte fondamental tunisien de 1857 aurait pu être un cadre pour une nouvelle forme de citoyenneté pour les juifs en Tunisie mais l'instauration du protectorat, facteur principal parmi d'autres, a avorté le processus . Alors, les juifs tunisiens attendaient leur "émancipation" d'en dehors du pays. L'état des relations internationales au milieu du XIX siècle encourageait déjà ce genre de démarche (la montée en puissance de l'Europe et l'agonie de "l'homme malade" ottoman, ce qui implique une lutte pour le partage des marchés de son empire).

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(1) Ben Achour M.-Az., "La tolérance dans l'histoire des pays musulmans", in L'islam et l'espace euro-méditerranéen, Cahiers I.S.I.S. VIII, Publications du Centre Universitaire de Luxembourg, 2001, pp. 41-46

Section 1- La judaïcité et l'Etat tunisien

Sous l'égide de l'Etat beylical, la Communauté juive a souvent obtenu un statut d'autonomie sociale qui lui permettait de vivre d'une façon acceptable son existence religieuse. Cette situation procure une place privilégiée à l'échelle économique et une autonomie quant à l'organisation institutionnelle de la vie communautaire. En réalité, ce statut assure à la fois une protection dans un cadre discriminatoire (Paragraphe I) pour les membres de la Communauté juive et contribue, en même temps, à l'intégration de ce groupe religieux (Paragraphe II) dans le tissu social tunisien.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo