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Etude lexico-semantique des noms des journaux au Rwanda

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par Pierre Canisius MUTSINZI
Université Nationale du Rwanda (UNR) - Licence en Langue et Littérature Française, Option Science du Langage 2007
  

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CHAP. I PANORAMA DE LA PRESSE RWANDAISE

1.0. INTRODUCTION

Avant d'entrer dans le vif du sujet, il nous est indispensable de parler dans ce premier chapitre, de la presse. Etant donné qu'elle est une culture nouvelle au Rwanda, il est question non pas de traîner dans de nombreuses théories et définitions, mais de passer en revue l'avènement de la presse au Rwanda, et son évolution. Il nous sera également possible de spécifier les grandes périodes qui l'ont marquée et qui se définissent à leur tour par les traits marquants de notre histoire.

1.1. Vue panoramique de la presse rwandaise

1.1.1. La presse rwandaise avant la colonisation

L'histoire nous apprend que le congrès de Berlin de 1885 assura le partage de l'Afrique entre trois grandes puissances coloniales déjà établies, auxquelles s'ajoutèrent les Belges et les Allemands. Avant cette date, au Rwanda comme partout en Afrique, la transmission de l'information se faisait d'une façon traditionnelle. On ne pouvait se transmettre l'information ou le message que de bouche à oreille ou à l'aide de quelques instruments à percussion. Ce moyen leur était imposé en raison d'une population totalement analphabète. Il persista alors, jusqu'au moment où le missionnaire évangélisateur introduisit l'alphabet, ce qui a permis une ouverture d'esprit de la masse paysanne à d'autres valeurs socio- culturelles.

a) La transmission orale ou de bouche à oreille

Cette façon de communiquer que l'on peut appeler « presse conversationnelle » consistait à recevoir une information de la bouche d'une personne et la transmettre aux autres à son tour, créant ainsi une chaîne de communication. Elle n'était pas, cependant, sans risque. La plupart du temps, de cette circulation de l'information pouvait naître des rumeurs, à cause soit des oublis, des malentendus, ou même des grossissements d'information.

b) La presse basée sur les instruments à percussion

La seconde manière de communication dont disposaient les Rwandais était celle des instruments traditionnels comme le tambour, la flûte, la corne, etc. Ceux-ci interviennent surtout :

§ Dans certaines cérémonies royales (la mort du roi par exemple)

§ Lors de la chasse

§ Lors des expéditions guerrières

§ Au cours des veillées, etc.

1.1.2 La presse rwandaise pendant et après la colonisation

1.1.2.1. La presse rwandaise pendant la colonisation

Cette période se caractérise par une « nouvelle presse » ou « presse moderne » communément appelée « mass communication ». Elle recouvre sans aucun doute la presse écrite, la radio, la télévision, etc. Signalons ici que le Rwanda n'a connu, pendant toute la période coloniale que la presse écrite. C'est à peine après l'indépendance qu'il dispose de la radio nationale. Quant à la télévision, elle ne vit le jour qu' en 1993.

a) Sous la domination allemande

Il est à souligner que pendant la domination allemande, la situation de la presse demeura comme avant. En lisant BART, A. (1982 :23), nous nous rendons compte que « non seulement les Allemands se sont préoccupés davantage (au premier plan) de l'organisation administrative et politique du pays, mais aussi leur effectif était trop insignifiant pour justifier la création d'un journal propre dans un pays tout entier de civilisation orale où il n'y avait nul autre lecteur même potentiel. »

A côté des Allemands, le pays était occupé également par les missionnaires qui avaient comme principal objectif d'enseigner la parole de Dieu et de convertir le plus grand nombre de gens possible. Bart, ajoute que : « débordés par des questions spirituelles et matérielles de l'installation dans le pays, les missionnaires n'ont pas réalisé de journal pendant la période d'administration allemande. »

Tout bien considéré, le souci de l'information persistait chez les Pères Blancs. A travers leurs écrits apparaissent quelques éléments sur leur information surtout dans leur correspondance. En citant la Lettre de Léon Delmas, Bart, (1982 : p50) nous donne l'exemple de ce qu'écrivait le père Léon Classe le 10 mars 1910 : « Mgr (Hirth) demande quand je commencerai le journal pour le Rwanda. Si nous ne trouvons pas une presse. J'ai répondu que le vicariat de suite la presse, les confrères m'aideront et je chercherai au dehors, nous rendrons au Vicariat ses avances. » Cette soif n'a cessé de hanter les missionnaires catholiques, qui finirent par être, plus tard, à l'origine de la presse rwandaise. Ils finirent par créer bon nombre de journaux comme l'affirme Tudesq (1999 : 53) « Les Pères Blancs ont créé les premiers journaux aux pays des mille collines : L'Echo du Kivu puis en 1923, le Petit Echo au Rwanda et surtout en 1933, un mensuel en kinyarwanda devenu le Kinyamateka. Il est créé aussi en 1954, le journal « Temps Nouveaux d'Afrique » qui traitait les nouvelles de la région environnant le Rwanda : le Burundi et l'Est du Congo- Belge. Le petit journal des enfants « Hobe » vit le jour en 1955 sous l'initiative de Mgr Bigirumwami, devançant ainsi « Imvaho » l'aîné de la presse publique qui débuta en 1960. »

Il convient d'ajouter à cette liste d'autres journaux de l'église catholique qui datent de la même période bien qu'il ne nous est pas facile d'inventorier toutes les revues parues à cette époque. Nous parlons par exemple de L'Echo du Séminaire de 1938, qui fut un bulletin de liaison entre les anciens du Séminaire à l'époque ; L'Ami, en 1945, revue des anciens élèves du Séminaire ; Théologie et Pastorale au Rwanda, paru en 1946. Il s'agit de revue du Clergé écrit en français et en kinyarwanda. Il y avait également Kurerera Imana en 1949, Cor Unum en 1955 qui était un bulletin de l'amicale des anciens du Séminaire, Agisiyo Gatolika mu Rwanda paru depuis 1958 et bien d'autres.

b) Pendant la domination Belge

Les Belges, à leur arrivée, ont entrepris des initiatives dans le secteur social, d'enseignement, de santé publique, etc. L'enseignement aura servi de base à l'existence de la presse. L'alphabétisation préoccupe ainsi le gouvernement colonial belge, mais les publications concernant le Rwanda restent minimes. Toujours en lisant Bart, (1982 : 30) qui cite cette fois- ci Durieux « ce régime très sévère en matière de presse faisait suite aux incidents assez sérieux, dus à une propagande pan- nègre originaire d'Amérique et à l'introduction dans la colonie des pamphlets et des journaux émanant de la même source tous susceptibles de provoquer l'insubordination, voire la révolte des indigènes contre les Blancs, à les exciter contre eux, et à détruire leur autorité morale indispensable.... ». Un peu plus loin, le même auteur nous fait part de la réflexion qu'a faite Dryepont, après une étude minutieuse de la situation au Congo, et précise que : «il n'y a pas de presse coloniale indigène pour la bonne raison que le nombre des lettrés de couleur y est encore infime. Quoi qu'il en soit, il ne nous paraît pas contestable qu'elle ne pourra être utile que si elle est rédigée, par les Européens, très prudents, très avertis, très expérimentés et ayant énormément de doigté. Laissée aux mains des gens de couleur, elle ne pourra manquer de devenir dangereuse et subversive ... » (Dryepont, cité par Bart, 1982 :31).

En réalité, cette réflexion est partagée par BART, (1982 :127) « les Belges qui reconnaissaient très bien la puissance de la presse comme arme dont les indigènes pouvaient se servir pour demander leur liberté et leur indépendance n'eurent pas le souci de l'encourager, par contre ils prirent des mesures draconiennes afin d'étouffer dans l'oeuf la naissance et la conception de pareilles idées ». Ces mesures eurent aussi comme objectifs d'empêcher aux colonisés tout contact avec la presse écrite étrangère qui, à leurs yeux, constituerait un handicap à l'oeuvre déjà entreprise. Ce qui est clair, poursuit Bart (1982 :128), c'est qu'  « il fallait tout simplement une presse produite par les Belges eux-mêmes et qu'ils devaient suivre à la loupe pour éviter le pire éventuel ». Au cours des dernières années de la colonisation et surtout depuis août 1956, l'évolution de la presse d'inspiration indigène s'est caractérisée par la présentation et la défense des programmes politiques.

c) Naissance de la presse politique au Rwanda

Depuis sa naissance en 1933, la presse rwandaise était monopolisée par les missionnaires Pères Blancs, pour des raisons déjà évoquées. Les années 50 ont vu naître des idées nouvelles qui furent à la base de la naissance de ce que l'on appelle « la presse politique ou la presse révolutionnaire». Les élites de l'époque, appelés « évolués », avaient besoin d'un organe de presse dans lequel ils pouvaient exprimer leurs opinions sans passer par la presse catholique. C'est ainsi que Grégoire Kayibanda avait, le premier exprimé dans l'Ami, son désir en ces termes : «il faut une presse pour les évolués, réalisée par eux et pour eux, pour qu'elle soit correspondante à leurs aspirations. Mais loin de la remplacer, la presse des évolués confirme la nécessité de celle destinée à éclairer les masses. Il faut que celles-ci soient préparées à recevoir l'éventuelle action des élites, il faut qu'elles soient réceptives, aux problèmes ou en voie de l'être sainement par les cercles ou les périodiques d'évolués. » (Kayibanda, cité par Bart, 1982 :162)

Les principaux journaux de ce courant sont : Soma, lancé le 31 Août 1955 et qui devait être le porte- parole du peuple et plus tard, celui du premier parti politique : APROSOMA. Ijwî ryaa rubaanda rugufî, le 2ème journal, paru à Astrida en 1958 appartenant lui aussi à APROSOMA et remplace plus tard Soma. En troisième lieu, vient Rwaanda nzîizâ, propriété de l'UNAR, depuis le 15 juillet 1959 et devait ainsi faire face aux articles incendiaires de Soma et Ijwî ryaa rubaanda rugufî. Il y eut enfin, l'Unité, journal créé à son tour par Africa, Rutsindintwarane et Rwagasana, membres de l'UNAR qui étaient restés au Rwanda. Il fut en fait un prolongement de Rwaanda nzîizâ dont l'arrêt est daté de novembre 1959 suite à l'exil de son comité de rédaction.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote