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Analyse des performances commerciales de l?Afrique et de son intégration au commerce international

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par Erik Vekamenako Vengo
Université Protestante au Congo - Licence en Economie Monétaire et Internationale 2006
  

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Section 1. Les stratégies d'import-substitution

A partir des années 50 et particulièrement dans les années 60 et 70, la plupart des pays en développement avaient opté pour les stratégies d'import-substitution.

Ces stratégies s'étaient fixées pour objectif de produire localement les produits de consommation importés auparavant des pays développés. L'import-substitution était donc un moyen pour ces pays de lancer leur développement économique et de réduire leur dépendance par rapport aux anciennes métropoles coloniales à travers la diversification de leurs structures productives. Ces stratégies devaient commencer par la production des produits de consommation finale et remonter progressivement vers les produits intermédiaires et les biens de capital.

Ces stratégies se sont en outre accompagnées d'une politique commerciale extérieure restrictive et d'une grande protection des activités industrielles naissantes. Ces stratégies devaient ainsi consolider l'indépendance politique fraîchement acquise par certains pays en développement à travers une plus grande autonomie économique.

1. Justification de stratégies d'import-substitution

Dans la littérature économique, les stratégies d'import-substitution étaient justifiées à l'époque par trois arguments majeurs (67(*)).

§ Argument Historique

Le premier est d'ordre historique et concerne l'expérience des pays qui ont lancé leur développement au cours du 18ième et du 19ième siècle. En particulier, les Etats-Unis, la France et l'Allemagne ont construit leur développement industriel dans un contexte fortement contrôlé et ont pu tirer profit d'un haut niveau de protectionnisme afin de construire des dynamiques de croissance forte. L'expérience du Japon, avec les réformes du Meiji, est une illustration des rapports positifs entre développement économique et protection des activités locales. Plus récemment, l'expérience d'industrialisation rapide entamée par l'ex-URSS dans les années 30, par la Chine et la plupart des ex-pays du bloc socialiste, avait exercé un grand attrait sur les pays en développement ;

§ Argument de l'industrie naissante

L'argument de l'industrie naissante a été développé par F. List au cours du 19ième siècle (68(*)), et qui avait encouragé les décideurs allemands à faire de la protection un moyen privilégié pour accélérer la croissance économique. Il sera ensuite repris par les économistes classiques comme J. Stuart Mill.

Cet argument justifie le recours à la protection par un pays dans les premiers stades du développement industriel afin d'aider ses industriels à atteindre le niveau de savoir-faire moyen dans l'industrie. De manière beaucoup plus précise, cet argument préconise le recours à un tarif extérieur durant une période transitoire où le prix des produits locaux est supérieur à celui des produits importés. Cette taxe devrait être utilisée pour financer les investissements nécessaires, notamment dans le domaine des ressources humaines, afin d'aider les produits locaux à faire face à la concurrence étrangère.

§ Argument de la détérioration des prix des produits de base

Le troisième argument qui avait justifié à l'époque les recours aux stratégies de développement d'import-substitution est lié à la détérioration des prix des produits de base exportés par les pays en développement depuis la crise des années 30.

Cet argument a été mis en exergue par Raul Prebish (69(*)), Secrétaire Général de la CEPAL et de la CNUCED. Il expliqua que cette tendance s'inscrivait dans la dynamique de l'économie internationale et trouvait son explication dans la faible élasticité de la demande des produits primaires. Ainsi, afin de faire face à cette baisse structurelle des cours des produits exportés par les pays en développement, il recommanda fortement le recours à l'industrialisation afin de transformer localement les produits exportés auparavant.

2. Caractéristiques des stratégies d'import-substitution

Le système était caractérisé par une stratégie commerciale fortement restrictive et par une faible ouverture sur l'extérieur. Ainsi, un système complexe de protection tarifaire et non tarifaire, de contrôle de change et de licences d'importation a été mis en place dans la plupart des pays en développement afin de défendre la production locale.

Par ailleurs, la plupart des pays en développement avaient également opté pour une politique de taux de change élevé afin de décourager les importations et de favoriser les produits locaux dans la concurrence avec ceux importés.

Parallèlement aux politiques commerciales restrictives, les stratégies d'import-substitution se sont accompagnées d'un large interventionnisme étatique dans différents domaines, notamment en matière de financement à travers le maintien de taux d'intérêt négatifs favorables aux investissements.

3. Impact sur les économies africaines

Les stratégies d'import-substitution ont permis à l'Afrique de connaître un niveau élevé de développement économique à partir de la fin des années 60 et particulièrement dans les années 70. Le taux de croissance annuel moyen du PIB industriel était estimé à 5,5 % entre 1970 et 1980. Ce taux sera négatif entre et 1980 et 1984 (- 2,5 %) et très faible entre 1984 et 1987 (0,4 %). Par ailleurs, la part des activités manufacturières dans le PIB a augmenté rapidement et, même si l'agriculture continuait à dominer les économies africaines, le rôle de l'industrie était en nette progression. La croissance des activités manufacturières a entraîné dans son sillage une augmentation rapide de l'emploi industriel et de sa part dans l'emploi total en Afrique.

Ainsi, les stratégies d'import-substitution ont permis aux pays africains d'amorcer un important processus de modernisation de structures économiques archaïques héritées de la colonisation.

4. Remise en cause des stratégies d'import-substitution

Dès la fin des années 70, pour plusieurs raisons, ces stratégies vont rapidement connaître leurs limites en Afrique comme partout ailleurs dans le monde. Les raisons qui expliquent cet échec sont les suivantes :

- La première est liée à la faible articulation interne des activités industrielles. Ainsi, le développement des activités de biens de consommation finale s'est traduit par une croissance rapide des importations des produits intermédiaires et des biens de capitaux, ce qui a entraîné un accroissement des déséquilibres commerciaux et par conséquent du déficit de la balance des paiements ;

- Cet échec s'explique également dans la faiblesse des marchés intérieurs et leur incapacité à offrir d'importants débouchés pour les nouvelles activités industrielles. En Afrique, le marché intérieur se réduisait à une faible classe moyenne urbaine. Le monde paysan, du fait de la faiblesse de la productivité agricole et par conséquent de ses revenus, était exclu du nouveau mode de consommation moderne ;

- La crise de l'import-substitution trouve aussi son explication dans la réduction des disponibilités de financement pour les pays en développement. A ce niveau, il faut rappeler que ces stratégies avaient pu tirer profit tout au long des années 70 du relèvement des cours de matières premières qui a permis aux Etats d'intervenir de manière forte dans l'appui de ces stratégies de développement ;

- Le dernier argument qui a cependant été le plus souvent utilisé pour expliquer la crise des stratégies d'import-substitution est probablement celui de la faiblesse de la productivité des nouvelles entreprises.

Contrairement à l'objectif des stratégies d'import-substitution, la protection n'a que rarement incité les entreprises à investir et à moderniser leurs appareils productifs et on a plutôt assisté à l'émergence de comportements rentiers de la part des entreprises qui ont tiré profit de la protection que la faible ouverture sur l'extérieur leur accordait.

* 67 BEN HAMMOUDA Hakim, op. Cit., p.8-9

* 68 Idem, p.9

* 69 BEN HAMMOUDA Hakim, op. Cit., p.9

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