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Analyse des performances commerciales de l?Afrique et de son intégration au commerce international

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par Erik Vekamenako Vengo
Université Protestante au Congo - Licence en Economie Monétaire et Internationale 2006
  

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Section 3. Les politiques commerciales

L'analyse des réussites asiatiques est intéressante à plus d'un titre. Elle permet de montrer la complexité du développement économique et la pluralité des acteurs, des institutions et des réseaux qui y contribuent. La construction d'un tissu dense et touffu d'institutions assure aux dynamiques de croissance les conditions de stabilité et d'approfondissement. Les politiques sectorielles viennent alors renforcer ce tissu et contribuer à sa consolidation. Les politiques industrielles, agricoles ou les politiques macroéconomiques, contribuent à ce processus de longue haleine de construction d'institutions capables de conduire le développement économique et d'améliorer la compétitivité des économies. Les politiques commerciales n'échappent pas à cette dynamique et s'intègrent par conséquent de manière étroite au processus de montée en puissance de la croissance et de l'amélioration de l'insertion internationale des économies.

Ainsi, les politiques commerciales ne peuvent être analysées ni mises en oeuvre en dehors des choix et des stratégies de développement. Au contraire, elles sont des éléments incontournables de toute stratégie de développement et viennent par conséquent renforcer ses options et ses choix. La dynamique des politiques commerciales suit par conséquent et doit s'intégrer dans la dynamique et l'évolution des choix globaux de développement. Elle contribue de ce point de vue à l'approfondissement et au renforcement du tissu institutionnel nécessaire au développement.

1. Vision stratégique des pays d'Asie

La grande différence qui existe entre les pays africains et les pays asiatiques ne réside pas dans une plus ou moins grande ouverture sur le marché international mais plutôt comme le mentionne Hakim Ben Hammouda dans la dynamique de développement et sa capacité à formuler des visions à moyen et long terme en vue d'appuyer le processus de croissance, et ce depuis le milieu des années 60. (73(*))

La vision stratégique du développement en Asie du Sud-Est a permis aux pouvoirs publics d'opérer les arbitrages nécessaires en matière d'investissements, de financements, de subventions ou d'appuis institutionnels à des secteurs par rapport à d'autres.

1.1. Choix des secteurs d'orientation de l'investissement

Cette vision s'observe à trois niveaux. Le premier concerne le choix des secteurs d'orientation de l'investissement public ou privé. Les pays asiatiques ont entamé leur processus de développement avec des stratégies d'import-substitution des biens de consommation finale. Cette stratégie a progressivement évolué vers la mise en place d'activités exportatrices de biens intensifs en travail. Ensuite, on a enregistré le développement d'activités d'import-substitution pour les biens intermédiaires et les biens d'équipement.

La maîtrise de ces activités a amené ces pays à les orienter vers l'exportation et à devenir par conséquent exportateurs de biens intensifs en nouvelles technologies. Ces évolutions sont venues répondre dans les pays asiatiques aux contraintes des dynamiques de croissance et à l'essoufflement des secteurs.

Les pays africains n'ont pas été en mesure d'opérer les changements nécessaires, et l'essentiel de leur potentiel productif et d'investissement a été orienté vers les stratégies d'import-substitution de biens de consommation finale sans qu'ils soient en mesure d'opérer ni l'ouverture nécessaire, ni les remontées de filières dans les productions destinées au marché interne.

1.2. Arbitrage entre marchés internes et insertion internationale

La vision stratégique s'observe également dans les pays asiatiques dans cette volonté de construire les dynamiques de croissance autour d'une articulation entre les marchés internes et l'insertion internationale.

Depuis la fin des années 60, les économies asiatiques ne se sont pas précipitées dans la libéralisation des échanges tête baissée mais plutôt d'une manière maîtrisée qui réponde au besoin d'importation des biens d'équipements et des nouvelles technologies nécessaires à la poursuite des dynamiques de croissance, et au souci de l'exportation afin de maintenir à long terme l'équilibre de la balance de paiement. Or, la plupart des économies africaines ont opté dans les années 60 et 70 pour le choix exclusif du marché interne. L'ouverture forcée des années 80 n'a pas été en mesure d'apporter les gains espérés du fait de la faiblesse du potentiel productif.

1.3. Appui des pouvoirs publics aux dynamiques de croissance

Le troisième niveau de perception de la vision stratégique en oeuvre dans les pays asiatiques est relatif à l'appui des pouvoirs publics aux dynamiques de croissance.

Cet appui ne s'est cependant pas dirigé de manière passive vers l'ensemble des secteurs économiques. Au contraire, il a été sélectif et s'est orienté vers des secteurs spécifiques. Il a d'abord profité aux secteurs de biens de consommation finale pour ensuite se concentrer sur de nouvelles activités comme les secteurs intensifs en travail et plus tard vers les biens intensifs en nouvelles technologies.

L'expérience africaine est de ce point de vue différente dans la mesure où l'appui des pouvoirs publics a été constant et invariant, et s'est dirigé essentiellement vers les secteurs de biens de consommation finale dans le cadre des stratégies d'import-substitution, sans se soucier des comportements rentiers qui ont commencé à se développer dans la plupart des pays.

Ainsi, les politiques commerciales dynamiques sont celles qui s'intègrent le mieux à des stratégies de développement actives et cherchent à appuyer les dynamiques de croissance et à améliorer la compétitivité des économies. Ces stratégies ne sont pas le produit d'un choix exclusif entre ouverture ou contrôle excessif. Au contraire, elles sont le résultat d'une quête incessante des combinaisons optimales entre ces deux alternatives afin de consolider le développement.

2. Caractéristiques des politiques commerciales

Sur base de l'analyse comparative des expériences asiatiques et africaines, l'auteur Hakim Ben Hammouda détermine trois principales caractéristiques des politiques commerciales dynamiques.

2.1. Evolution dans le temps de la politique commerciale

La première est l'évolution dans le temps de la politique commerciale, qui ne peut se figer dans un choix exclusif entre ouverture et restriction.

Les politiques commerciales dynamiques cherchent à déterminer les moments opportuns (le timing) pour ouvrir leurs économies sur l'extérieur ou exercer certains contrôles afin d'appuyer les dynamiques de croissance et de construire la compétitivité des économies.

2.2. La diversification

La seconde caractéristique des politiques commerciales est leur caractère diversifiée selon les secteurs.

L'ouverture ou le contrôle ne s'appliquent pas dans une politique commerciale dynamique de manière linéaire à l'ensemble des secteurs économiques. Au contraire, il s'agit d'options stratégiques qui sont mises en oeuvre dans des secteurs spécifiques à des moments particuliers de leur développement. Ainsi, la question fondamentale n'est pas tant l'ouverture ou le contrôle mais plutôt l'ordre et les séquences de ces options dans les différents secteurs de l'économie. En d'autres termes, il s'agit de déterminer les moments d'ouverture et de fermeture qui peuvent différer d'un secteur à un autre.

2.3. Différenciation au sein du même secteur

La dernière caractéristique des politiques commerciales concerne leur caractère différencié non seulement entre secteurs, mais également au sein du même du secteur.

A ce niveau, le développement du secteur électronique en Corée est assez significatif des usages différenciés des outils de la politique commerciale au sein du même secteur. Les débuts de l'industrie électronique remontent aux années 60 avec le développement de quelques unités d'assemblage pour le marché local. Ces unités jouissaient à l'époque d'une grande protection à travers l'application de droits de douane prohibitifs pour les importations.

Cependant, dès la fin des années 60 et le début des années 70, la stratégie coréenne va changer et tirer profit des stratégies de délocalisation de l'électronique grand public des entreprises japonaises et américaines. Ainsi, on enregistre le développement d'activités exportatrices dans ce domaine et une plus grande ouverture de l'économie vers les importations de composants, de biens d'équipements et d'autres biens intermédiaires, et leur réexportation.

Dès le milieu des années 70, la Corée et Taiwan mettent en place de nouvelles stratégies dans ce domaine visant la production locale de composants électroniques et leur intégration dans les produits informatiques et les ordinateurs. Ce changement de choix stratégique s'est également accompagné d'une évolution de la politique commerciale appliquée à ce secteur, du développement d'une politique de plus grande ouverture pour les produits de consommation finale, et des options plus restrictives dans le domaine des composants et autres biens intermédiaires.

Ainsi, les politiques commerciales dynamiques s'appliquent de manière différenciée aux différents segments d'un secteur économique donné. Il s'agit alors de déterminer les séquences d'ouverture ou de contrôle à mettre en oeuvre pour appuyer les dynamiques internes aux différents secteurs.

En définitive, la politique commerciale a joué un rôle important dans la mise en oeuvre des choix et des stratégies de développement.

* 73 BEN HAMMOUDA Hakim, op. Cit., p.25

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