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Exploitation minière au Sud-Kivu: de la responsabilité des entreprises et de l'etat

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par Frank MAYUNDO MUYUMBA
Université du CEPROMAD Bukavu/Sud-Kivu/RD Congo - Licence en Management et Sciences Economiques  2006
  

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CARTE SUR LES GITES DE PRINCIPAUX MINERAUX

II.3. DE LA MINE AU COMPTOIR

Les exploitants miniers ayant des cartes d'exploitants artisanaux ou sans cartes font extraction minière dans les sites d'orpaillages de leur choix .La quantité de minerais extraite par eux est amenée auprès des négociants qui parfois les rencontrent aux chantiers et achètent les minerais après purification (séparer les minerais de l'impureté) la quantité des matières à acheter. A leur tour, ils amènent les minerais achetés aux comptoirs où une nouvelle purification suivra avant l'achat.

II.3.1. LA PRODUCTION : LES g CREUSEURS P

La première phase consiste à repérer un emplacement propice à l'exploitation. La prospection est conduite par des villageois connaissant bien les lieux ou par d'anciens mineurs ayant travaillé pour les sociétés industrielles. Il faut en effet un minimum de connaissances et d'expérience pour le choix d'un site. Si les premiers tests se révèlent prometteurs, le prospecteur creuseur constitue une équipe d'une dizaine d'hommes, recrutés dans le cercle de ses connaissances.

D'où, avant d'exploiter, il est indispensable d'obtenir l'autorisation du « propriétaire » des lieux. Une équipe d'au moins 9 hommes est importante, deux semaines parfois, de marche dans la forêt avant d'être à pied d'oeuvre sont exigées sous la conduite du propriétaire, qualifié de « chef des collines » qui autorise l'ouverture du chantier dans un « carré minier ».

Qu'il s'agisse d'or, de cassitérite ou de coltan, l'organisation du travail repose à la base sur la constitution d'une équipe. Le chef d'équipe, titulaire de la carte de creuseur, est un acteur essentiel dans la chaîne de production.

II. 3.1.1. Les outils

Ainsi, quel que soit le minerai exploité, le travail s'effectue manuellement à l'aide de quelques outils élémentaires. Le choix des outils dépend de la nature de la roche à laquelle l'équipe de travail a à faire :

Les roches dures, filons de cassitérite, carrières de pierre nécessitent l'usage de la barre à mine pour faire éclater la roche en blocs d'une dimension telle qu'ils peuvent être portés à tête d'homme. Dans les galeries étroites d'extraction de la cassitérite les mineurs utilisent un burin et un marteau. C'est encore le marteau qui sert à concasser les pierres jusqu'à atteindre la granulométrie recherchée. Et Pour travailler en roche meuble on utilise des pelles et des pioches. Les récipients destinés au lavage sont soit des cuvettes soit des jerricanes en plastique coupés par moitié. Les jerricanes servent aussi au transport de l'eau.

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A ce titre, et en exploitation artisanale, l'énergie humaine est en général la seule disponible. L'extraction, le concassage, le lavage, toutes ces tâches s'effectuent à la main. Les travaux les plus durs, notamment dans les galeries et les carrières reviennent aux hommes. Les femmes généralement, interviennent dans le lavage du minerai mais surtout dans le portage, du minerai des lieux d'extraction vers les points de vente, portage de l'eau depuis les sources ou les cours d'eau vers les chantiers. Dans la zone aurifère de Kamituga par exemple, les femmes porteuses sont surnommées « hilux » en référence au célèbre véhicule Toyota.

En plus et dans cette même zone aurifère de Kamituga, des femmes participent aussi activement au concassage. Appelées « twangeuses » elles utilisent des demi arbres récupérés sur des véhicules hors d'usage pour effectuer cette tâche dont les gestes rappellent ceux du pilage des céréales ou de la banane plantain afin d'obtenir de la farine (twangeuses vient du verbe « kutwanga » en Kiswahili, « piler », en français). Bref, ces tâches représentent une débauche d'énergie musculaire considérable qui parfois se solde par une productivité dérisoire ou par fois nulle souvent après de longues périodes de travail et d'espoir.

11.3.1.2. L'eau :

L'eau est un auxiliaire très indispensable dans les processus de production et remplit une fonction essentielle dans l'exploitation minière. D'abord pour le décapage des terrains superficiels. L'exploitation hydraulique nécessite de grandes quantités d'eau et une source d'énergie permettant la projection par un monitor d'un jet d'eau sous pression. Elle est hors de portée des artisans mais utilisée en exploitation semi-industrielle très souvent.

L'eau est également utilisée dans le lavage du minerai, et dans l'objectif de récupérer les éléments de forte densité. C'est pourquoi, quand les exploitants n'ont accès qu'à de faibles quantités d'eau, ils ont recours à un procédé consistant à creuser un trou et à le remplir d'eau, et à l'aide d'une cuvette « lave », les éléments lourds se déposent au fond du récipient auquel on imprime un mouvement rotatif pour faciliter le processus de tri sous la surveillance d'un membre de l'équipe.

Lorsque les exploitants disposent d'un peu de capital, ils s'équipent en motopompes de manière à faire monter l'eau au-dessus du chantier et à l'utiliser ensuite par gravité en la faisant s'écouler dans une succession de petits bassins de rétention où les mineurs procèdent au tri densimétrique de la boue à l'aide de pelles. Ce type d'opération peut être repris également dans un cours d'eau de bas de versant. Ces aménagements sont les héritiers directs des « slices », rigoles en bois ou en tôle destinées à une première concentration. Celle-ci se poursuit à l'aide d'un plateau ou « karaï » fabriqué à partir d'un fond de fût métallique, et afin de l'utiliser comme batée ou comme vanne.

Un autre procédé de lavage, destiné à une seconde concentration après un deuxième concassage, consiste à immerger un caisson, ou gigue, dont le fond est constitué d'un tamis à maille fine dans un baquet rempli d'eau ; en secouant la gigue dans l'eau le sable et les impuretés remontent à la surface, les parties lourdes se concentrent au fond. Cette dernière opération, souvent effectuée par des petits négociants, livre un produit net prêt à être expédié aux comptoirs pour exportation.

La séparation des matières en suspension dans l'eau peut se faire en utilisant à la fois la gravité et la force centrifuge. Ainsi, en circulant dans une spirale verticale l'eau projette les particules légères vers l'extérieur, ne retenant que les éléments lourds.

Ce système qui ne représente sans doute pas un investissement considérable nécessite néanmoins des motopompes pour faire monter l'eau comme dit ci-haut.

Les orpailleurs qui travaillent dans un matériaux alluvionnaire, utilisent l'eau des rivières pour l'évacuation des stériles et pour laver les sables aurifères. Une manière originale de récupérer l'or contenu dans les alluvions consiste à les tamiser puis à les déverser dans un filet d'eau circulant sur un lit d'écorces alvéolées prélevées sur des troncs de bananier. Les fines particules d'or se déposent dans ces alvéoles pour y être récupéré.

De cette façon, l'eau remplit une fonction cruciale lors des différentes phases de tri et de concentration des minerais. La dépense d'énergie humaine consommée pour apporter l'eau sur les chantiers est considérable pour la plupart des petites équipes de creuseurs car elles n'ont pas les capacités financières qui leur permettraient de s'équiper en motopompes.

Soulignons néanmoins que la quantité de la production minière des exploitants artisanaux n'est pas bien connue par la division de tutelle dans la mesure où la plus part des exploitants artisanaux travaillent dans la clandestinité et ne sont pas également surveillés par le Service d'Assistance et d'Encadrement du Scale Mining, SAESSCAM en sigle.

Il s'agit d'un service public, à caractère technique et spécialisé du Ministères des Mines, doté d'une autonomie administrative et financière, qui a vu le jour par la publication du Décret n° 047&C/2003 d 23 mars 2003 portant création et statut d'un service dénommé Service d'Assistance et d'Encadrement du Small Scale Mining, en sigle SAESSCAM.

La note circulaire n° 005/CAB.MIN/Mines/01/2003 du 13 décembre 2003 précise que ce service a la mission d'organiser, assister et encadrer les exploitants artisanaux, les groupements d'exploitants artisanaux, des coopératives minières et des exploitants miniers à petite échelle. Ce service a comme objectifs :

1° Promouvoir l'émergence d'une classe moyenne Congolaise dans le secteur de la petite mine en

assurant la formation et en apportant l'assistance technique et financière aux coopératives minières et

aux exploitants du secteur de la petite mine, en vue de renforcer leurs capacités managériales ; 2°Assurer le suivi de flux de matières de la petite mine et de l'artisanat minier depuis le chantier jusqu' au

point de vente, en vue de canaliser toute la production dans le circuit officiel de la commercialisation ; 3° Veiller, après vente, au recouvrement de l'imposition forfaitaire de à l'Etat suivant les modalités et

mécanismes fixés ;

4° Inciter les regroupements des exploitants miniers artisanaux en coopératives minières ;

5° Contribuer à l'amélioration du bien-être des communautés locales où se déroulent les activités minières artisanales et/ou à petite échelle, par le développement intégré en application des dispositions du règlement minier ;

6° Vulgariser les normes de sécurité sur les sites d'exploitation et de veiller à leur strict application ;

7° Inciter l'exploitant minier artisanal ou de la petite mine à investir dans les autres secteurs de l'économie nationale, en vue, notamment, de préparer l'après mine ;

8° Susciter et participer à la création d'un fonds de crédit minier et à sa gestion pour la promotion des petites et moyennes entreprises minières ;

9° Octroyer aux creuseurs des équipements adaptés aux conditions géologiques des gisements exploités par ceux-là, en vue d'améliorer leur productivité qualitative et quantitative.

Au regard de ces objectifs du SAESSCAM, certaines conditions sont néanmoins exigées aux exploitants artisanaux des mines pour bénéficier de l'appui de ce service. Il faut déposer un dossier contenant les éléments suivants57 :

· Les statuts notariés et preuve de leur dépôt au greffe du Tribunal de Grande Instance ;

· Nouveau registre de commerce ;

· Numéro d'identification ;

· Permis d'exploitation de Petites Mines (PEPM) ou une preuve de procédure en cours pour l'obtention dudit titre minier ;

· Signature d'un contrat de collaboration avec le SAESSCAM.

Comme on peut le constater, ces conditions ne sont pas à la portée de tout exploitant étant donné qu `elles ne sont pas de nature à favoriser la promotion des exploitants individuels. Elles conviennent seulement qu'aux coopératives alors que l'esprit coopératif pose encore problème surtout dans un secteur où l'incertitude est grande. Si l'Etat tient à la promotion des exploitants artisanaux, il devra les aider à se regrouper en coopératives, vulgariser les textes réglementaires de la filière minière et les formes ou leur faciliter l'acquisition de cette formation.

57 Gaby Ntambwe, Analyse de l'appui aux exploitants artisanaux des minerais et son impact sur leur developpement socio-Oconomique, cas des artisanats appuyes par le SAESS CAM au Sud-Kivu, memoire, p.14. 2005-2006.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein