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Alcoolisation des jeunes en France

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par Quentin Diot
Université Charles de Gaulle - Master 2011
  

Disponible en mode multipage

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Remerciement:

Je tenais à remercier dans un premier temps, toute l'équipe pédagogique de l'université de Lille 3 et surtout mon tuteur: Mr Vincent Caradec pour avoir assuré la partie théorique et empérique de celle-ci ainsi que pour l'aide et les conseils concernant le bon déroulement du mémoire.

Je tenais aussi à remercier les nombreuses personnes de Lille et de Picardie d'avoir bien voulu se soumettre aux entretiens et d'avoir répondu le plus sincèrement possible aux questions , sans qui, je n' aurais jamais pu réaliser ce mémoire.

Et pour finir , je tenais à remercier toutes les personnes m'ayant poussé et motivé à la réalisation du mémoire .

Merci à tous et toutes pour votre aide precieuse.

Introduction

L'envie de travailler sur le rapport des jeunes d'aujourd'hui avec l'alcool m'est venue assez tardivement. C'est à la suite de la diffusion d'un reportage sur une chaine télévisée à propos des « apéros géants » organisés par Facebook (réseau social sur internet) comme étant une nouvelle tendance venu des pays anglophones, que l'idée m'est venue de me pencher sur ce sujet. De plus, suite à de nombreux faits divers survenus ces derniers mois en France, la question de l'alcoolisation à outrance chez les jeunes est devenue un phénomène de premier plan qui interpelle les pouvoirs publics et les politiques sanitaires. Dans le reportage dont j'ai fait mention plus haut, on pouvait voir qu'une nouvelle forme alarmante d'alcoolisation abusive et excessive s'était amplifié chez les jeunes : le « binge drinking ». Il a pour objectif d'absorber très rapidement et en quantité excessive et intensive de l'alcool pour parvenir le plus rapidement possible à l'ivresse. Ce phénomène concerne essentiellement les adolescents de 14 à 18 ans.

L'histoire de la construction des habitus au sens bourdieusien du terme dans la population française montre que la consommation d'alcool est associée à différentes notions sociales et sociétales.

L'alcool est un produit obtenu par la fermentation de végétaux riches en sucres dont la consommation est très réglementée en France, voire interdites dans certains pays. L'alcool est une substance psychoactive qui agit dans le système nerveux. Sa consommation à court terme provoque une sensation de bien-être, de plaisir, d'excitation, alors qu'en quantité importante, elle peut engendrer l'ivresse, des nausées et autres douleurs désagréables. Aujourd'hui, l'alcoolisation des jeunes est devenue un problème de santé public ; il s'avère que la consommation en forte quantité s'est démocratisée et est même devenue à la mode. Comme l'explique Pierre Coslin dans son ouvrage Les conduites a risques à l'adolescence, l'adolescence est une période de changements physiques, physiologiques ou encore sociaux. L'instabilité qu'ils engendrent chez l'adolescent s'est amplifiée ces dernières années avec la perte des repères, l'éclatement des familles ou encore la peur de l'avenir .De ce fait, certains jeunes vont tenter d'oublier ces problèmes à travers une consommation élevée d'alcool. Ce qui peut être épisodique au départ peut très vite conduire vers une alcoolisation chronique et régulière chez les plus faibles et vulnérables d'entre eux. C'est durant l'adolescence qu'a lieu le moment de la découverte des usages de produits dits psychoactifs (alcool, drogues....). L'adolescence est une période où les jeunes sont à la recherche de l'interdit, de transgression des normes, des codes, mais sont surtout empreints de fragilité et de vulnérabilité. Les premiers résultats de l'enquête ESCAPAD en 2008 mettent en évidence qu'un peu moins de 80 % des jeunes âgés de 17 ans déclarent avoir déjà consommé de l'alcool au cours du dernier mois. Encore plus saisissant, l'enquête dévoile que 8,9% d'entre eux boivent de l'alcool régulièrement, et 0,8% déclarent en boire tous les jours de l'année. D'autres chiffres peuvent faire froid dans le dos ; un adolescent sur trois connaît sa première "cuite" avant 15 ans, et trois jeunes sur cinq ont déjà consommé de l'alcool à cet âge (65 % des garçons, 59 % des filles). Durant cette période difficile qui est l'adolescence, un certain mal-être peut apparaitre ; boire de l'alcool permet de s'évader. En effet, beaucoup de jeunes font un parallèle entre l'alcool et la fête, qui est symbole par excellence de la rupture avec le quotidien. Par conséquent, l'état d'ivresse est plus fréquent, et concerne plus de jeunes qu'auparavant.

On peut se poser la question suivante ; pourquoi les jeunes aujourd'hui boivent-ils? Pourquoi est-ce le plus souvent à cet âge que l'on entre en consommation? La question d'un possible alcoolisme de l'adolescent fait problème, et encore aujourd'hui, il existe peu de travaux à ce sujet. Même s'il est possible de recenser des études de l'INSERM, notamment sur les modes d'alcoolisations des jeunes, encore de nos jours et dans les ouvrages sociologiques, l'adolescence et l'alcoolisme sont des termes très peu souvent associés. Comme le souligne Daniel Bailly, spécialiste de la relation parents-enfants et des comportements addictifs chez les jeunes dans Particularité cliniques de l'alcoolisme de l'enfant et de l'adolescent (p170) : "Cette méconnaissance des conduites d'abus d'alcool chez l'enfant et l'adolescent apparaît d'autant plus préjudiciable que l'on sait que la plupart des sujets d'adultes traités pour l'alcoolisme ont vu débuter leur consommation excessive d'alcool avant l'âge de 20 ans".

Comment expliquer ce phénomène si précoce? Aujourd'hui dans nos sociétés, l'alcool est partout, depuis les pubs dans les revues aux magasins, en passant par la télévision, ou encore dans nos frigidaires. Certains vont jusqu'à dire que l'alcool est une drogue licite, culturellement acceptée dans les moeurs de nos sociétés. On peut donc constater que la consommation d'alcool est intériorisée en France. On peut même affirmer qu'il existe une symbolique historique à propos de l'alcool, contre laquelle il est difficile de lutter. Cependant, l'alcool consommé quotidiennement et en certaine quantité provoque chez la personne une dépendance physique et psychologique. Comme le démontre Raymond Gueibe dans son ouvrage L'alcoolisme au quotidien (page 59) l'alcool est intégré à notre culture et certaines personnes peuvent en consommer dans le but de ressentir les même effets que la drogue tels que les sensations d'évasion, d'euphorie, l'oubli des soucis. Pour Gueibe, chaque culture a sa drogue.

Alors que la mobilité sociale, la précarité, les inégalités homme/femme ou encore le chômage sont des phénomènes sociaux dont l'étude est devenue classique en sociologie, l'alcoolisation des jeunes reste encore un objet de recherche très peu étudié. Il existe peu de recherche du côté des sciences sociales dans ce domaine, qui pourtant aujourd'hui est un phénomène qui mérite d'être analysé dans nos sociétés occidentales, et plus particulièrement en Europe. En effet, la sociologie s'est très partiellement intéressée aux trajectoires de consommation et aux significations que les individus attribuent à ces pratiques, comme le remarque Sophie Le Garrec dans son ouvrage Ces ados qui `ne prennent'. Comme elle le constate, les sociologues ont le plus souvent analysé ce problème sous l'angle de la déviance ou de la marginalité. Comme le remarquent les sociologues Castel, ou encore Clément, ce sujet a longtemps été délaissé et abandonné aux sciences biomédicales, il y a eu une "problématisation médicalisée" de ce phénomène.

C'est pour cela que je m'efforcerai, dans le cadre de mon mémoire, de comprendre les significations attribuées à ces pratiques d'alcoolisation chez les jeunes, d'en analyser les configurations et les évolutions et de m'intéresser aux manières de consommer ce genre de produit.

Cependant ,il ne faut pas confondre deux phénomènes qui sont bien distincts: le phénomène de l'alcoolisation, c'est-à-dire à la consommation plus ou moins modérée d'alcool ou de boissons alcoolisées de façon relativement régulière, et le phénomène de l'alcoolisme qui est l'addiction à l'alcool contenu dans les boissons alcoolisée et qui rend une personne totalement dépendante de cette substance.

Le fait de boire de l'alcool n'est pas une activité sans conséquence puisque cela suggère une organisation, qui répond à des codes, des valeurs, des normes de sociabilité et de convivialité établis. Toutes les dernières enquêtes sur ce sujet montrent que la consommation d'alcool est généralement en diminution en France et dans le reste de l'Europe. Cependant, nous pouvons constater un phénomène de banalisation de l'alcoolisation chez les jeunes. Les dernières données à ce sujet montrent que la première "défonce" arrive dès 16 ans. La surconsommation chez les jeunes est aujourd'hui banalisée. En effet, boire devient un élément indispensable au bon fonctionnement de la fête afin de s'amuser. C'est cette banalisation de la "cuite massive" qui pose un réel problème dans nos pays occidentaux. De plus, cette alcoolisation rapide qui était majoritairement étendue chez les garçons devient de plus en plus un véritable phénomène de "mode" chez les filles.

Malgré une consommation de boissons alcooliques en constante diminution en France et en Europe depuis plusieurs décennies, une nouvelle forme plus alarmante d'alcoolisation abusive a vu le jour chez les jeunes et occupe aujourd'hui une place importante dans nos sociétés et dans notre culture. L'alcool est intégré socialement et culturellement en France, au moyen d'une tradition bien française de l'alcool avec pour acteur principal le vin, qui participe au rayonnement de notre pays à travers le monde. Cependant, aujourd'hui, les jeunes français boivent comme dans les pays anglo-saxons et ainsi pratiquent l'alcool « défonce », c'est-à-dire qu'ils sont abstinents la semaine et boivent énormément d'alcools forts le weekend.

La consommation d''alcool est souvent vue comme un passage obligatoire, un rituel pendant la jeunesse, puisqu'il est profondément intégré à de nombreux aspects de la vie quotidienne ou festive et sont insérés dans de nombreuses normes sociales. Qu'est-ce qui pousse les jeunes à se saouler et à boire autant d'alcool pour «faire la fête» ? L'alcool est-il un facteur d'intégration important? Existe-t-il un malaise chez les jeunes? Consommer de l'alcool, est-ce une déviance dans le sens propre de la sociologie de Becker? L'alcool est-il un rite de passage d'adolescent à adulte?

La consommation d'alcool est-elle due à une recherche de sensations fortes chez les jeunes? Pourquoi l'alcool est-il devenu nécessaire pour profiter pleinement d'une soirée ? Quelles raisons poussent les jeunes de 13 à 24 ans à consommer des boissons alcoolisées en soirée ?

Il ne faut surtout pas oublier que « jeunesse » est un terme très vague, surtout en sociologie ; il n'existe pas une « jeunesse standard », mais bien plusieurs dont les frontières et la définition ont évolué au cours de l'histoire. Dans son ouvrage Sociologie de la jeunesse, Oliver Galland explique que la jeunesse est une période de changements, de bouleversements chez un individu : « L'adolescence est donc un âge de transition particulièrement propice à une remise en question des règles et à une contestation des figures d'autorité. C'est un âge de grande fragilité ».

Dans un premier temps, nous allons retracer l'historique de la consommation de l'alcool dans la société française. Ce produit qui était autrefois considéré comme sain est devenu au fil des décennies un symbole de déviance. La consommation à outrance est maintenant perçue comme une maladie, même s'il existe en France une certaine culture de l'alcool. Puis nous allons observer dans une seconde sous partie pourquoi l'alcool a longtemps été un thème renié par la sociologie et laissé au domaine du médical. Pour cela, nous allons aborder les sociologies de la jeunesse et de la déviance afin d'approfondir notre réflexion sur ce sujet.

Dans une deuxième partie, nous allons faire un état des lieux de la situation actuelle en France et en Europe, en nous intéressant au passage de " l'alcool convivial " à un "alcool défonce ".

Pour finir, nous allons étudier le nouveau phénomène à la mode chez les jeunes, le « binge Drunking », et ainsi essayer de trouver quelles sont les raisons qui poussent les jeunes d'aujourd'hui à boire autant en si peu de temps.

De ce fait, nous allons commencer par une lecture historique de la relation des français à l'alcool telle qu'elle a été vécue et véhiculée en France au cours de ces derniers siècles. Pour commencer, on peut affirmer que la consommation d'alcool a deux fonctions essentielles ; une fonction sociale et une fonction sacrée (divine). En effet, à la lecture du livre de Frédérique Gardien L'alcoolisme adoslescent, en finir avec le déni (page 24), nous pouvons affirmer que l'alcool a toujours eu pour fonction première de favoriser et de créer des liens, de l'hospitalité et du plaisir. En effet, l'alcool a pour propriété première de favoriser la communication et l'interaction. Cependant, l'alcool a également une fonction sacrée ; en effet, comme le souligne Coslin dans Les conduites à risque à l'adolescence en 2003 :"la è, le vin, ou encore le cidre seront utilisés, à différentes époques, dans des contrées plus ou moins lointaines, pour approcher le Divin". Pour cela, dans son ouvrage, Coslin prend l'exemple de la culture celtique où la cervoise était servie durant les cultes pour célébrer les forces de la nature.

Comment expliquer cette désacralisation de l'alcool en France?

Retour historique

« Alcoolisme » est un mot inventé en 1849 par Magnus Huss (médecin suédois). Ce phénomène repose sur un malentendu culturel et social: l'alcool, « drogue potentielle », n'est pas perçu culturellement comme tel, mais au contraire, connoté très positivement donc le prolétariat (qui cherchait un soulagement à ses souffrances) en consommait beaucoup. L'alcool est le véritable opium du peuple, en effet il permet de supporter les conditions de travail très dures et fatigantes.

Durant des décennies, les boissons alcoolisées étaient considérées comme des produits d'origine divine. L'ivrognerie était présentée comme un phénomène individuel qui touchait toutes les couches sociales. L'image de l'ivrogne était sympathique même si en France, deux législations royales (Charlemagne - François 1er), réprimaient l'ivresse qui était considérée comme un «trouble à l'ordre public», pourtant, jusqu'au 18ème siècle, la relation homme-alcool n'a pratiquement jamais été présentée comme un problème sanitaire majeur. En effet, durant des centaines d'années, les sociétés anglo-saxonnes et méditerranéennes désignaient l'ensemble des boissons enivrantes comme des boissons magiques ayant un lien sacré entre l'homme et le divin.

Il faut attendre le XIXème siècle avec la Révolution Industrielle, pour que le Prolétariat (populations rurales ayant été déracinées des campagnes, et ainsi devenues main d'oeuvre des usines et vivant dans des situations précaires et dans l'extrême pauvreté), change la relation de l'humain avec l'alcool, en effet l'alcool étant devenu moins rare et surtout moins cher. Comme le souligne Pierre Coslin dans son livre « Les conduites à risque de l'adolescence » (page 116), la consommation de boissons alcoolisées est « intégrée à notre patrimoine socioculturel». En effet, l'alcool représente en France la première toxicomanie par son ampleur dans la population et surtout par son coût social. Durant la période de la révolution industrielle au XIXème siècle, la consommation a été favorisée par le fait que la France soit un des grand pays producteur d'alcool et à bas prix. Comme le souligne Coslin, la consommation d'alcool a également été confortée durant la guerre de 1914, par la distribution automatique de vin et d'alcool aux soldats.

Il faut attendre le début du XXème siècle pour voir une sorte de diabolisation de l'alcool auprès de la Bourgeoisie, organisations confessionnelles qui amènent en France, une nouvelle idéologie antialcoolique virulente, qui présente l'alcoolique comme un buveur d'alcool hors norme , comme une personne « vicieuse », « tarée », un déviant voir un délinquant social, et l'alcool comme un poison diabolique. La lutte contre l'alcoolisme durant ce siècle a pris une autre dimension avec la montée du courant hygiéniste qui est basée sur l'augmentation du niveau d'hygiène des populations, se traduisant par une diminution des contacts avec des substances microbiennes au cours de l'enfance, associée à un niveau de protection accru contre les infections en raison des vaccinations. (def: Wikipedia). De plus, avec l'évolution de la médecine, on fait progressivement le lien entre la consommation excessive d'alcool et certaines maladies des buveurs. L'ivrogne devient un malade. La sociologie dénonce l'alcoolisme comme production de la société, comme effet culturel.

Après, avoir relaté l'évolution de la perception de l'alcool en France, nous pouvons nous interroger dans cette partie, sur le fait que ce phénomène touchant énormément de personnes depuis plusieurs siècles a longtemps été délaissé, abandonné des écrits sociologiques. En effet, nous pouvons trouver cela paradoxal, mais il faut attendre la fin du XIXème siècle pour que la sociologie s'intéresse à ce phénomène social de grande envergure. Quelles en sont les raisons?

L'alcoolisme des jeunes, un sujet trop longtemps délaissé par la sociologie.

L'alcoolémie a longtemps été abandonnée par les sciences humaines. En effet, seuls les médecins alcoologues ont pris au sérieux cette question dès le XIXème siècle. Le premier à s'être intéressé à ce problème fut le Professeur Magnus Huus en 1852. Cette reconnaissance tardive de la pathologie montre cette lente prise de conscience. Dans son ouvrage "Sciences Sociales et alcool», sous la direction d'Alphonse D'houtaud et Michel Taleghni, ils nous dévoilent les raisons de cette tardive reconnaissance. En effet, comme ils le constatent, l'alcoologie reste majoritairement hégémonique dans les sciences biomédicales, alors que dans les sciences humaines, ce domaine ne bouscule pas les foules. Comme ils le dénoncent dans leur ouvrage, peu de sociologues ont traité ce sujet, en effet page 6 " Certes, il y a bien des sociologues français qui ont abordé à temps partiel, de façon sporadique et intermittente, des recherches alcoologiques, mais la plupart du temps ponctuelles et surtout géographiquement dispersées". Ils constatent donc un "vide", des carences des travaux sociologiques dans ce domaine. Pour cela, ils énoncent les principales raisons, comme le fait d'un manque de "financements stimulants" pour traiter ce champ. Les premières recherches dans ce domaine, sont apparus en psychologie sociale par Gabriel Tarde (1843-1904), d'ailleurs comme le constatent les auteurs, on notera, le silence de Durkheim sur ce sujet, qui pourtant rendu célèbre sur son étude sur le suicide, n'a pas pris en compte ce fait social qu'est l'alcoolisme. En effet, on peut être surpris que ce grand fléau, problème de santé publique n'a pas été étudié sociologiquement parlant à l'époque. Pour cela, Marcel Drulhe et Serge Clément, ont repris la logique de la tradition durkheimienne afin de l'appliquer sur l'alcoolisme comme un fait social. De ce fait, les deux auteurs ont prolongé la tradition sociologique durkheimienne en " l'enrichissant de réflexions nouvelles sur le boire, l'alcoolisation et l'alcoolisme, envisagés selon les différenciations par classes sociales, par sexe et par générations, n'hésitant pas à y déceler, à leur tour, un processus interactif " (page 11).

La création d'un champ de la sociologie de l'alcoolisme et des alcooliques est arrivée tardivement en France. Alors même que le chômage, les rapports de classes, les inégalités hommes/femmes sont des phénomènes sociaux dont les écrits sont devenus classique en sociologie, l'alcoolisme reste un champ d'étude délaissé aux sciences médicales. Comme le souligne les deux auteurs " il est étonnant qu'en France, où la mortalité alcoolique est plus importante que chez nos voisins occidentaux (...) il y ait si peu de recherches du coté des sciences sociales en domaine" (page 93).

Il faudra attendre que l'alcoolisme soit accepté comme un phénomène social, qui soit irréductible à un fonctionnement psychologique ou biologique, pour qu'on puisse lui appliquer le "même mode de discussion que Durkheim déploie quant au rapport du suicide ou de l'homicide" (page 101) et ainsi en faire un objet légitime dans l'analyse en sociologie.

L'étude de l'alcoolisme est passée d'une vision morale à médicale, pour ensuite tendre vers des approches psychologiques et sociologiques, et se concentrer.

L'alcoolisation chez les jeunes: un sujet contemporain inhérent à de nombreux domaines sociologiques.

A) Théories et définitions

1) Qu'est-ce que la jeunesse en sociologie?

L'alcoolisme chez les jeunes est un sujet récent et d'actualité. En effet, ces dernières années, de nombreux accidents, faits divers, ont fait énormément sensation sur la scène médiatique et politique. Le sujet est devenu une priorité pour les pouvoirs publics français ainsi que chez nos voisins Européens.

Afin de bien cerner l'intérêt sociologique qui découle de ce sujet, il est de mon devoir d'élargir les recherches dans d'autres branches de la sociologie. En effet, ce sujet demande des connaissances dans d'autres sphères de la sociologie de l'alcoolisme, comme la sociologie de la jeunesse, la sociologie de la déviance, la sociologie de la consommation. Tous ces champs de la sociologie sont intéressants à étudier car ils sont en relation directe ou indirecte avec le problème d'alcoolisation des jeunes.

En effet, comment comprendre l'alcoolisation des jeunes sans comprendre la définition de « jeunesse» ?

Pour commencer, nous allons étudier la notion de jeunesse. Pour cela, le spécialiste portant sur cette question est Olivier Galland ayant écrit « Sociologie de la jeunesse » .Il aborde plusieurs définitions de la jeunesse passant au départ d'une catégorie complètement ignorée par la société à une catégorie socialement et culturellement reconnue. En effet, dans son ouvrage, il montre que la jeunesse est un passage dont les frontières et la définition évolue constamment au cours du temps, et qu'elle varie aussi en fonction des différentes sociétés données. En effet, il n'existe pas un modèle de jeunesse type, il y a une diversité.

L'adolescence est une étape entre l'âge adulte et l'enfance. Comme le souligne Sophie Le Garrec dans « Ces ados qui "en prennent" », cette étape de la vie se caractérise par une « distanciation aux grandes instances de socialisation que sont la famille et l'école ». (page 20 ).Cependant, aujourd'hui la jeunesse se différencie de l'adolescence avec une phase d'indétermination plus longue qui ne se concentre pas seulement durant la scolarité mais aussi maintenant jusque dans l'entrée de la vie professionnelle avec la précarité des emplois. La sortie de l'adolescence ne débouche plus forcément sur un statut d'adulte comme autrefois dans le modèle traditionnel, où les jeunes ayant finit leurs études entraient directement dans la vie active. La jeunesse correspond à des situations intermédiaires entre l'adolescence et l'âge adulte. Aujourd'hui, l'allongement des études, la cohabitation avec les parents de plus en plus longue, l'entrée dans la vie active plus tardive ou encore le recul de l'âge du mariage sont les évolutions qui font apparaitre ce nouvel âge des jeunesses associé à un statut ambigu. C'est pour cela que Oliver Galland propose dans son livre de ne plus utiliser l'âge comme marque de stratification mais plutôt de prendre en compte le processus d'établissement social fondé sur le départ de la famille, le choix d'un travail ou la formation d'un couple c'est à dire de raisonner en termes de cycle de vie enfin d'analyser la façon dont s'organisent les différentes étapes sociales entre l'enfance et l'âge adulte ce qui permettra de définir des statuts , les rôles sociaux qui leur sont associés et d'observer leurs évolutions avec l'âge. De plus pour finir , nous pouvons ajouter que le fait de classer la population des jeunes par tranches d'âges suppose donc une homogénéisation des comportements alors qu'on sait qu'il existe différentes manières d'être jeune et de représenter les jeunesses. Toutefois, il ne faut surtout pas oublier le fait que cette jeunesse est constituée de plusieurs âges qui sont la préadolescence, l'adolescence, la post-adolescence et les jeunes majeurs. Il y a une grande diversité de catégorie selon l'âge de la personne.

Il me semblait important de rappeler brièvement cette notion de jeunesse au travers des écrits sociologiques afin de mieux comprendre la diversité et la complexité du terme en sachant que « la jeunesse » est une notion clé de mon mémoire.

L'autre notion sociologique importante de mon mémoire et impossible à ne pas définir est la déviance. En effet, l'abus d'alcool est aujourd'hui considéré comme l'usage de la drogue comme une déviance.

2) Qu'est-ce que la déviance en sociologie ?

Pour mener à bien mon mémoire, il est important de bien définir les termes clés du sujet, après avoir défini la jeunesse à travers la définition de Galland, il est aussi nécessaire de définir la déviance en sociologie. Pour cela, nous allons nous intéresser à la définition sociologique de Howard Becker dans son ouvrage "Outsiders. Etudes de sociologie de la déviance" parut en 1985 aux Etats-Unis où il va critiquer les différentes définitions de la déviance médicale, fonctionnaliste pour ensuite proposer la définition.

En effet, dans son livre, Becker, va s'intéresser aux fumeurs de marijuana. Pour cela, il va montrer que le fait de fumer est une pratique déviante mais avec un choix rationnel qui représente une source de plaisir plutôt qu'une volonté de transgression de la loi. De ce fait, c'est l'étiquette sociale de fumer de la drogue qui va contraindre le fumeur à la déviance et qui est ici subie. L'étiquetage est un jugement moral, rendu public, porté sur des comportements de minorités, « sous culture ». Pour Becker « le déviant est celui auquel cette étiquette a été appliquée avec succès et le comportement déviant est celui auquel la collectivité attache cette étiquette». De plus, Becker toujours dans son ouvrage, montre que les raisons de la déviance se situe dans l'existence des normes dans "l'existence de la société" c'est à dire que la déviance est créé par la société elle-même. Cependant, Durkheim se différencie de Becker, puisqu'il considère l'alcoolisme dans son ouvrage "Les règles de la méthode sociologique" (page 74) comme «  un phénomène normal, puisque général » alors que pour Becker, le déviant est celui qui est rejeté comme tel par un consensus social et sociétal normatif et qui au final, cette personne se voit comme tel.

Donc pour conclure, nous pouvons dire que la déviance est une propriété non du comportement en lui-même, mais plutôt de l'interaction entre l'individu qui réalise une pratique « déviante » et des personnes qui réagissent à cette action.

Passage d'un usage de « l'alcool convivial » à un « alcool défonce »

A) Etat des lieux en France

1) Un phénomène disparate?

L'alcoolisme est en France la première toxicomanie si on considère son cout social. En 1980, Davidson et Choquet montraient que plus de 30% des lycéens et 15 % des lycéennes buvaient de l'alcool régulièrement.

Pour beaucoup, le fait de boire de l'alcool est un moyen de pouvoir s'évader. En effet, nombreux sont les jeunes qui y mettent un parallèle entre l'alcool à la fête .Cela permet une rupture avec le quotidien. Cependant les conséquences sont alarmantes puisque les ivresses chez les jeunes ont fortement augmenté en fréquence et fait aggravant, cela concerne des individus de plus en plus jeunes en France et en Europe. L'alcoolisation des jeunes est banalisée. C'est cette banalisation de la "cuite massive" qui pose aujourd'hui un problème dans nos sociétés européennes.

Ce phénomène d'alcoolisation chez les jeunes suscite, ces dernières années, un intérêt qui s'amplifie. En effet, en 2003, en France, près de 93.3% des jeunes âgés de 18 ans avaient déclaré avoir déjà consommé au moins une fois de l'alcool. (source: inpes.sante.fr) . Cela montre bien que l'alcool est un produit intériosé dans notre pays et culturellement présent. Certaines explications tendraient vers le motif que durant l'adolescence, les jeunes individus seraient à la recherche d'identification, d'indépendance afin de correspondre à l'une des conduites à risque adoptées à cet âge. Dans le magazine La santé de L'homme, le Dr Alain Rigaud, addictologue, donne son avis à la question. Pour lui l'attrait des jeunes pour l'alcool ne daterait pas d'aujourd'hui. En effet pour lui, c'est un phénomène intemporel qui s'actualise à chaque époque dans une diversité de conduites individuelles et collectives, et se présenterait comme un « fait social total».

Les boissons alcooliques font partis de notre culture et de notre héritage et leur usage est licite et qui est valorisé autour de certaines valeurs qui sont la convivialité, le plaisir, la fête. Ceci permet d'entretenir la consommation en France. De plus, nous pouvons aussi noter, que le nombre d'alcool reste très important et de plus l'accès étant facile qui est le résultat de la difficulté à mettre en application des lois qui pourtant interdisent l'achat d'alcools chez mineurs dans les centres commerciaux. Tous ces facteurs rendent le produit entièrement inéluctable chez les plus jeunes.

De plus nous pouvons noter que la mode des apéros géants (aujourd'hui interdit par les préfets) a contribué à mettre en avant ce phénomène d'alcoolisation des jeunes. Pour le sociologue Thierry Morel, les personnes participant à ces manifestations festives sont des jeunes issus de la classe moyenne, bien insérés socialement et scolairement. Il explique "Les apéros géants sont pour eux un moyen de se réapproprier l'espace public. Plus on les interdira, plus on ira vers des débordements incontrôlés. Il y a toujours une dimension transgressive dans la fête" . (Source lemonde.fr / mai 2010).

Pour présenter ce phénomène qu'on peut dire national, nous pouvons remarquer qu'aucune région n'est épargnée par l'alcoolisation des jeunes. En effet, quasiment la totalité des régions ont un taux supérieur à 50%, c'est à dire qu'en France, à 17 ans plus d'un enfant sur deux a déjà été dans un état d'ivresse. Paradoxalement, les régions du Nord de la France sont d'après ce document les moins touchés (Le Nord Pas de Calais et la Picardie font partie des taux les plus bas de France) par ce phénomène. Cependant, nous pouvons ajouter que la région Bretagne est de loin la plus touché avec 69% des jeunes ayant connu une ivresse alcoolique durant l'année en 2008. Il y a certes des disparités régionales, cependant ce phénomène touche toutes les régions en France.

Il existe un autre facteur face à ces inégalités face à l'alcoolisation des jeunes, en effet, l'enquête 'ESPAD 2007 : « la consommation d'alcool en hausse chez les adolescents' » nous délivre que suivant le parcours scolaire, les résultats seront différents puisqu'il existe une proportion plus élevé des buveurs réguliers chez les jeunes étant en échec scolaire ou ayant un parcours scolaire plus difficiles comme ayant subi des redoublements, des réorientations dans des filières courtes ou professionnelles ou encore chez les jeunes étant sortis tôt du système scolaire.

De plus, nous pouvons ajouter qu'il existe une disparité plus importante, Coslin dans son livre Les adolescents devant les déviances, montrait l'importance ethniques face à l'alcool puisqu'il montre que neuf jeunes français métropolitains sur dix ont déjà consommé de l'alcool contre un jeune sur trois vivant en France d'origine maghrébine.

Pour la consommation d'alcool chez les jeunes, l'enquête ESCAPAD (enquête sur la santé et les consommations lors de l'appel de préparation à la défense) en 2008 montrent que ce phénomène de consommation régulier et croissant d'alcool touche plus les milieux socio-économiques plus élevés que modeste, certainement du fait que l'achat d'alcool à un cout élevé ce qui entraine d'avoir des ressources financières en conséquence. De plus, l'enquête nous montre que la consommation régulière et croissante d'alcool est plus importante dans les familles où les deux parents ne vivent pas ensemble, ou dans lesquelles les enfants sont séparés des parents (internats).

Pratique Sexuée?

On peut aussi parler de pratique sexuée, en effet à l'âge de 13-14 ans, les filles disent consommer 2,9 verres par mois, contre 1,4 verre chez les garçons. Dès 15 ans, la tendance s'inverse : quand les filles consomment 5,2 verres d'alcool par mois, les garçons en sont à 10,5 verres. A 20 ans, l'écart entre les deux sexes s'amplifie puisque les filles boivent en moyenne 15 verres et les garçons 50,4 verres.

De plus 17% des garçons de 14/18 consomment au moins 10 fois de l'alcool au cours des 10 derniers mois, contre 7% des filles.

Ce graphique nous montre bien que le pourcentage de buveurs excessifs se situe principalement dans la tranche d'âge des 15/24 ans. En effet, on note que plus de 63% des 20/24 ans se déclarent comme des "buveurs excessifs". D'ailleurs on remarquera que le pourcentage diminue au fur et à mesure que les personnes vieillissent, pour ainsi retomber à 5% pour les 75 ans et plus. Ce graphique nous confirme bien que l'alcoolisation abusive touche particulièrement la jeunesse. (Source ESCAPAD)

3) Quelques chiffres importants à connaitre en France.

Les résultats de l'enquête ESCAPAD 2008 montrent que les hospitalisations de mineurs pour éthylisme sont en constante progression en France elles sont passées de 5.239 cas en 2006 à 7.043 l'an dernier soit une augmentation de 74 %. De plus, l'enquête dévoile qu'un peu moins de 8 jeunes sur 10, âgés de 17 ans, déclaraient avoir consommé de l'alcool au cours des 30 derniers jours et 8,9% déclarent en boire régulièrement et pour finir 0,8% déclarent en boire quotidiennement. Les enquêtes montrent aussi que la consommation d'alcool est très répandue chez les jeunes de 17 ans avec plus de 77% avoir consommé durant le dernier mois. La première cuite survient vers l'âge de 16 ans. Autre chiffre très alarmant en France, c'est l'augmentation de 50% des hospitalisations chez les moins de 15 ans pour ivresse entre 2004 et 2007.

De plus l'enquête ESCAPAD nous dévoile l'augmentation des ivresses répétées, elles concernaient 19,2% des jeunes en 2003 contre 26% en 2005. Et pour finir dans cette énumération de chiffres, l'enquête estime que plus 92 % des jeunes ont déjà expérimenté l'alcool et l'ivresse.

4) Un phénomène Européen?

On peut se demander si le problème d'alcoolisation « express » des jeunes et un phénomène qui ne touche que la France ou s'il dépasse les frontières?

D'après les premières constatations des études menées, ce sujet est d'importance en Europe puisque c'est dans notre continent que la consommation d'alcool des jeunes est la plus élevée au monde.

Le rapport de l'enquête Espad (European School Survey on Alcohol and Other Drugs) pour 2007 nous dévoile que « la consommation épisodique sévère de boisson » est en constante augmentation dans les pays d'Europe. Entre 1995 et 2007, l'alcoolisation express a augmenté de 9 points. Près de 43 % des jeunes interrogés ont eu une « consommation épisodique sévère d'alcool » dans le derniers mois écoulés. Certains pays connaissent des hausses très importantes de ce « binge drinking ». Au Portugal, le nombre de jeunes scolarisés déclarant avoir déjà eu ce type de pratique au cours du dernier mois a doublé, passant de 25 % à 56 %, soit une augmentation de 31 points. Suivent la Pologne (+16 points), la France (+15 points), la Croatie (+14 points) et la Bulgarie (+12 points).

Les jeunes européens boivent de plus en plus d'alcool. Dans la majorité des pays, plus de 50% des enfants de 11 ans ont bu de l'alcool au moins une fois. La moyenne européenne montre que plus d'un jeune sur trois à 16 ans a déjà connu un état d'ivresse au cours de sa vie. En moyenne, 52 % des 16 ans ont été ivres durant les 12 derniers mois. Les ivresses répétées (10 fois ou plus dans l'année) sont surtout observées dans les pays du Nord ainsi qu'au Royaume Uni alors qu'un tel comportement reste rare dans les pays méditerranéens. La fréquence d'ébriété pour les pays d'Europe de l'Est a augmenté d'environ 40% en dix ans. De plus, on peut constater une importante augmentation chez les filles européennes. Cependant, les dernières études montrent une importante diminution de la fréquence de consommation d'alcool chez les jeunes puisqu'il indique une baisse moyenne de 25% dans 13 des 16 pays d'Europe occidental, notamment en Irlande, au Royaume-Uni et dans les pays nordiques.

Pourcentage des jeunes de 16 ans déclarants avoir consommé de l'alcool ou avoir été ivres :

Ce tableau nous montre bien que le problème de l'alcoolisation des jeunes touche majoritairement les pays nordiques. On peut l'expliquer par l'héritage de la culture de l'alcool encore très présent dans ces pays. Dans les pays du sud comme l'Italie, les habitudes de consommation sont différentes culturellement car les boissons alcoolisées sont principalement consommées à la maison plutôt que dans des bars/restaurants, en complément d'un repas. Alors qu'en Angleterre, la culture du Pub/des bars est très présente. Ceci peut expliquer ces disparités entre les différentes régions d'Europe. (Tableau source internet: attentionalcool.fr)

Par ailleurs dans le livre « Alcool et adolescence : jeunes en quête d'ivresse » dans le chapitre 18 (p313) « Les jeunes européens et l'alcool » écrit par Marie Choquet, nous montre que dans les pays où la consommation est la plus importante, la perception des risques de l'alcool est la plus faible. En effet, dans les pays comme le Danemark, le Royaume Uni les jeunes sont en moyenne 25% à percevoir le risque lié à l'alcool contre 48% en Pologne ou en Hongrie. Pour Marie Choquet, cette différence est le résultat d'une longue tradition du "boire culinaire" dans les pays comme la Pologne alors que dans les pays comme le Royaume Uni, l'alcool est surtout une occasion de se saouler, la recherche de l'ivresse rapide.

Après avoir fait un état des lieux des pays européens, nous allons dans cette dernière partie voir les nouvelles façons de consommer l'alcool chez les jeunes en France et essayer de trouver les raisons de cette alcoolisation à outrance.

B) Le binge drinking: nouveau mode d'alcoolisation des jeunes arrivé des pays anglo-saxon.

Le binge drinking se traduisant par « hyper alcoolisation » ou plus communément par "biture express", est un mode de consommation à outrance d'importantes quantités de boissons alcoolisées durant une courte période et par épisodes ponctuels ou répétés. (Source Wikipédia).

Ce type de comportement d'alcoolisation massive où l'état d'ivresse est recherché rapidement, est considéré comme une addiction, dès lors que la dépendance à l'alcool sous forme épisodique est établie.

Ayant pris naissance et ampleur dans les pays nordiques comme le Royaume Uni et mise en avant sur la scène médiatique par les stars du moment des adolescents comme Lindsay Lohan ou Britney Spears ou bien encore par la série à succès « Skins », très populaire auprès des jeunes, et qui montre les dérives d'adolescents londoniens à travers des Skins Party .Ce phénomène semble débarquer en France depuis quelques mois.

Mais qu'entend-on réellement par "binge drinking" ? Le binge drinking vient des pays anglo-saxons et scandinaves où il est considéré comme un problème important de santé publique. Certains spécialistes y voient une perversion du phénomène des « Happy hours » qui permettent de boire à un prix moindre pendant un temps limité. Paradoxalement, certains pensent que c'est peut-être aussi une conséquence du respect du fameux principe «celui qui conduit, ne boit pas » c'est à dire que lorsque ce n'est pas au tour de la personne de conduire, elle peut alors s'enivrer énormément pour ainsi profiter de la soirée.

En Angleterre, le gouvernement a lancé le 14 octobre 2006 une campagne nationale de prévention nommée « Know your limits » (Connaissez vos limites). Celle-ci est composée de spots télévisés et radios ainsi que d'affiches mettant en scène des personnes ivres qui sont victimes d'accidents, de violences ou de viols. Le but est de sensibiliser les jeunes anglais sur les conséquences d'une consommation déraisonnable d'alcool en montrant les conséquences de leur vulnérabilité.

Les dernières enquêtes montrent que ce phénomène arrive en France, d'après L'enquête Escapad 2005, en effet, 3% des jeunes de 17 ans ont déjà pratiqué le binge drinking en France. De plus, les dernières enquêtes de la Smeno montrent que le « binge drinking", touche majoritairement plus les filles que les garçons et qu'il tendrait à s'amplifier en France à raison d'une augmentation de 10% entre 2005 et 2008.

Les autorités sanitaires s'inquiètent particulièrement de ce nouveau phénomène qui engendre de nombreuses conséquences graves et qui peuvent être irréversibles à terme pour l'individu. En effet, premièrement cette façon de boire rapidement peut déboucher chez l'individu une dépendance à l'alcool, deuxièmement cette pratique peut impliquer des complications sociales et sanitaires comme la conduite en état d'ivresse, des violences urbaines, violences verbales, des viols, ou encore des rapports sexuels non-protégés avec risque de grossesse et de transmission du VIH.

Cependant, la conséquence la plus dramatique est l'intoxication alcoolique aiguë qui peut amener des comas éthyliques (avec 2 à 4 g d'alcool par litre de sang selon les individus). De plus, le jeune en état d'ébriété peut devenir la victime idéale de rixes, de violences physiques, morales ou sexuelles. Sans oublier aussi les accidents de voiture liés à l'alcoolisation.

C) Quelles sont les raisons qui poussent ces jeunes à la "biture express"?

L'alcoolisation fait partie en France d'un code de politesse culturellement ancré, vu comme un rite social. L'alcool représente le passage à l'âge adulte c'est à dire l'indépendance, l'intégration à la société. L'alcool permet l'identification aux autres comme par exemple les hommes de la famille, les personnes adultes, les copains pour leur image virile. L'alcool a une certaine reconnaissance sociale de l'identité virile.

Boire pour les jeunes permet aussi l'affirmation de sa différence face aux parents. L'alcool a un rôle d'intronisation aux rituels sociologiques de la fête. Il apparaît aussi comme un facteur important à la convivialité, et donc de l'intégration sociale de la personne.

Chez les jeunes, la consommation d'alcool relève avant tout d'un souci d'intégration. En effet, faire partie d'un groupe, c'est en acquérir les usages. Les jeunes boivent pour s'identifier à d'autres jeunes. Cependant l'autre motivation chez les jeunes de l'alcoolisation, c'est la recherche de l'ivresse rapide, recherche de ses propres limites c'est pour cela que l'utilisation de certains produits permet d'éprouver et souvent de trouver certaines sensations encore inconnues pour la jeune personne. En cette période d'entre-deux, les jeunes cherchent leur identité. L'ivresse est recherchée, moins pour le plaisir qu'elle procure, mais plus comme moyen d'évasion, oublier les difficultés du quotidien, oublier l'avenir morose ou encore la précarité.

Dans le livre "Ces ados qui "en prennent" de Sophie Le Garrec, elle explique que l'alcoolisation serait le résultat d'un "souci d'intégration par le groupe de pairs : boire est la première norme importante dans la population adolescent. La fonction de l'alcool est avant tout sociale, par le fait de se sentir dans le même état que ses pairs".

L'alcool se traduit chez les jeunes par une quête d'identité, peu sûrs d'eux-mêmes et du sens qu'ils donnent à leur vie, comme un début d'affirmation de soi.

Cependant d'autres études montrent que le fait de boire chez les jeunes, c'est pour la recherche de sensations fortes qui permettrait de lutter contre l'ennui.

Un certain mal-être, de mauvaises relations avec les parents, l'échec scolaire ou des tentatives de suicide sont souvent associés à des consommations abusives d'alcool.

4)Entre prévention et publicité

ñ Moyens pour lutter contre l'alcoolisation des jeunes en France

? Lois et prévention: retour historique

L'alcool est une drogue licite dont la production, le commerce, et la consommation sont réglementés mais encadrés en France avec notanment différentes lois pour lutter contre ce fléau qui prend de plus en plus de l'ampleur dans notre pays.La commercialisation et la distribution de l'alcool sont autorisés mais réglémentés en France depuis plusieurs siècles, principalement depuis que ces boissons sont taxées par l'Etat.

L 'une des premieres mesures permettant de sanctionner la consommation d'alcool fut d'interdire l'ivresse publique en 1873.Les textes législatifs concernant les boissons alcoolisées apparaissent dans de nombreux Codes dont le code de la santé publique qui intervient pour sanctionner les troubles de l'ordre publique. Ainsi l'ivresse constatée dans un lieu public peut s'éléver à une amende de 150 euros . En 1915, la France interdit la production d'absinthe afin de lutter contre l'alcoolisme.

La publicité des boissons alcoolisées est réglementée depuis 1941. Cette règlementation a souvent été modifiée, en 1991 la loi Evin permet de limiter fortement le droit de faire de la publicité aux boissons alcoolisées afin de protéger les jeunes des opérations de marketing. De ce fait, la publicité sur l'alcool à la télévision et au cinéma sont interdites,à cela s'ajoute l'apparition sur toutes les publicités concernant l'alcool le slogan suivant: « L'abus d'alcool est dangereux pour la santé : consommez avec modération » afin de dissuader le plus possible les jeunes à consommer de l'alcool et de montrer les risques que cela peut engendrer suite à une consommation abusive.

Plus récemment , la ministre de la santé de l'époque Roselyne Bachelot est parti en guerre contre ce phénomène grave, avec notamment différentes lois afin de lutter et de stopper ce problème de santé public chez les jeunes.

Pour cela, le gouvernement français a mis en oeuvre d'autres restrictions comme de réglementer les débits de boisson, d'en limiter le nombre et de protéger les mineurs avec le "Code des débits de boisson et de lutte contre l'alcoolisme" crée en 1954. L'une des mesures phare de Roselyne Bachelot fut d'allonger l'interdiction de la vente d'alcool à 18 ans au lieu de 16 ans.Cette interdiction devrait permettre une diminution de la consommation globale d'alcool chez les plus jeunes, alors que le nombre d'hospitalisations pour ivresse de mineurs de moins de quinze ans a augmenté de 55 % entre 2004 et 2007. Cependant les critiques venant des commerçants ne se sont pas faire attendre car pour eux il est très difficile de contrôler systématiquement la date de naissance des jeunes à chaque achat d'alcool. Par ailleurs, une enquête pour le site Rue86 révèle que cette loi est encore très peu appliquées malgré les sanctions financières.En effet, par le biais de trois jeunes complices :Joseph (12 ans), Alice (16ans), Ernest (14ans) , l'enquête montre la facilité encore aujourd'hui malgré la loi en vigueur d'acheter de l'alcool. Pour cela, ces trois adolescents ont réussi à acheter de l'alcool dans des magasins . En effet Joseph, agé de 12 ans s'est procuré 2 bouteilles de vin rouge, 1 canette de bière et une bouteille de bière avec une très grande facilité . De même pour Ernest, 14 ans,qui a réussi à acheter 1 bouteille de vin rouge, 1 bouteille de vodka, 1 bouteille de bière et a consommé un demi Monaco sans que cela pose problème, et le résultat reste le même pour Alice. Cela prouve encore les progrès à faire pour améliorer la situation et que l'interdiction n'est peut être pas la meilleur solution face à des jeunes en soif de transgression.

De plus, afin de contrer ce phénomène touchant beaucoup les jeunes durant les soirées étudiantes ,la ministre a interdit la vente d'alcool à volonté c'est à dire les opens bars, qui permettait aux étudiants de boire le maximum d'alcool à un prix écrasant toute concurrence et donc de se « défoncer » très facilement.

D'autres mesures ont été adoptés par les députés comme la vente d'alcool dans les stations-services pour toujours lutter contre les accidents de la route qui touche majoritairement les jeunes. Prévue pour être totale dans le texte initial du projet de loi, l'interdiction de vente d'alcool en stations-service n'a finalement été que majorée .En effet, l'achat d'alcool sera interdit entre 18 et 8 heures du matin, contre 22 et 6 heures auparavant.

Cependant , la loi Bachelot autorise la publicité pour l'alcool sur internet . En effet, cette mesure comble un vide juridique existant depuis la loi Evin de 1991, puisqu'à l'époque la loi interdisait la publicité pour l'alcool mais internet n'était pas encore développé.Cependant le texte précise que les publicités concernant l'alcool ne seront pas autorisées sur les sites destinés à la jeunesse. Cependant on peut se demander si cela est dissuasif en sachant que les jeunes ne vont pas forcement surfer que sur des sites de jeunnesses.

De plus ,toujours pour lutter contre l'alcoolimie au volant et surtout diminuer le nombre de jeunes morts en constante augmentation, le loi du 9 juillet 1970 instaure, pour la première fois en France, un taux légal d'alcoolémie. Ce taux sera au cours des dernières décennies couramment baisser, avec un seuil d'alcoolémie tolérée. En 2006, 21,8 % des conducteurs âgés de 18 à 24 ans impliqués dans des accidents de la route mortels présentaient une alcoolémie illégale.(ESCAPAD, OFDT, Mai 2007)

En 2009, Xavier Darcos , ministre de l'éducation à l'époque, interdit la consommation d'alcool sur la voie publique à proximité des établissements scolaires.

Cependant l'interdiction ou la restriction par des lois ne suffit pas pour gagner ce combat il faut aussi un énorme travail de prévention en amont. En effet, il faut expliquer aux jeunes , les risques engendrés par l'alcool sans toutefois être dans la sanction. Pour cela, il faut élaborer des campagnes de sensibilisations des jeunes aux risques immédiats liés à la consommation excessive d'alcool.

Ci-dessous une affiche de prévention contre l'alcoolimie des jeunes en volant.

Ce genre de compagne très percutante a pour objectif de montrer les risques liés à l'alcool comme des accidents, comportements violents et agressions, rapports sexuels non protégés ou non souhaités, comas éthyliques.

La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a lancé le 17 juillet 2008 la campagne "boire trop, des sensations trop extrêmes", accompagnant la loi limitant la consommation d'alcool chez les jeunes. Il s'agit de spots choc pour lutter contre l'alcoolisation massive des jeunes et diffusés dans différents médias : TV, radio et cinéma.Cependant ces différentes campagnes s'éloignent de la logique moralisatrice pour ne pas stigmatiser les jeunes. Le spot TV de 40 secondes commence par des jeunes sur une plage, coucher de soleil, jolies filles légèrement vêtues et pour finir par vomissement, violences, abus sexuels, noyades. De plus,un site Internet "boiretrop.fr" a été mit en place au moment de la campagne afin de fournir une information plus complète sur l'alcool et ces risques.

En fin d'année 2005, pour renforcer l'impact du principe du conducteur désigné et faciliter son appropriation par les jeunes, la Sécurité routière a décidé de baptiser le conducteur désigné par le prénom « Sam ». Les éléments de la campagne mettent en scène le concept du « conducteur désigné » avec la mise en situation de Sam, sobre et responsable, raccompagnant ses amis .

Et dans le reste du monde?

Loin de concerner que la France ,l'Organisation mondiale de la santé a montré que sur quarante pays étudiés , vingt-neuf d'entre eux interdisent ou limitent la publicité télévisuelle , vingt-huit interdisent la publicité pour le vin et vingt-trois pour la bière. Une interdiction formelle prévaut dans sept pays pour la publicité dans la presse écrite : Biélorussie, Islande, Norvège, Pologne, Fédération de Russie, Slovénie, Ouzbékistan. La publicité par voie d'affichage est également interdite dans six pays : Estonie, Finlande, Islande, Norvège, Pologne et Slovénie.

En Allemagne , pour lutter contre l'alcoolisation des jeunes qui provoque aussi d'importants problèmes de mortalités chez les jeunes, le gouvernement a mis en place un programme nommé HaLT :" Stop : c'est la limite" qui a pour objectif de faire un repérage des jeunes en situation d'ivresse lors de leur hospitalisation par le biais du médecin,et qui peut par la suite faire appel à un intervenant extérieur pour rencontrer le jeune directement.Cette mesure semble étre efficace.

Quelles sont les stratégies marketings mise en place par les industriels de l'alcool pour séduire les jeunes.

Aujourd'ui l'indrustrie de l'alcool a bien compris que les jeunes étaient une cible très intéressante pouvant ainsi maximiser leur chiffre d'affaire en incitant les jeunes a consommer de nouveaux alcools plus lights mais qui peut provoquer à long terme une dépendance.De ce fait de nombreuses stratégies marketings sont mis en oeuvre afin d'étendre le plus possible le nombre de consommateurs.

L'industrie de l'alcool répresente de nombreux emplois en France, près de cinq cent mille personnes dépendent directement ou indirectement de cette fillière économique qui est en pleine extension.

L'alcool est un enjeu important pour l'économie française, pour cela l'Etat a mis en place de nombreuses taxes qui rapportent beaucoup. Il ya une certaine hypocrisie, puisque l'Etat à travers des lois ou des mesures tentent de lutter contre l'alcoolime des jeunes mais cependant cette économie rapporte beaucoup au niveau national.

Pour cela, les industries font preuve d'imagination pour ainsi convaincre les jeunes de boire.En effet, lorsqu'on interroge les jeunes, ils ont tendance à dire qu'ils n'aiment pas forcement les alcools forts comme le wisky ou la vodka, de ce fait, ces industries ont compris qu'il fallait se diriger vers des alcools plus lights en apparence, avec une importante dose de sucre. Sachant que le sucre donne soif, il ya un effet pervers : plus on boit , plus on a soif et ainsi de suite. Ces alcools appelés "alcopops " visent un public très jeune commençant à découvrir l'alcool.Ces boissons au gout sucré où le gout de l'alcool n'est pas dominant , affiche une présentation très "jeun's" afin de séduire le plus possible le public visé qui est généralement jeune et féminin. Ces alcopops sont qualifiés de "fun".On peut dire que d'une certaine façon c'est le marketing qui alcoolise les jeunes indirectement.

C'est dans des soirées, ou dans d'autres lieux où les jeunes ont l'habitude de se réunir que l'on trouve d'abord la dernière boisson à la mode, que l'on ne pourra acheter souvent que plus tard dans les magasins. Cette stratégie fait que les adultes apprennent l'existence de ces boissons bien après les jeunes.

Les panneaux publicitaires sont très présents dans les médias : en effet, en moyenne, les jeunes voient près de 20 000 messages publicitaires à la télévision. Sur ce nombre, environ 2000 portent sur les boissons alcoolisées et sans compter les publicités sur internet, le sponsoring de concerts .

De plus nous pouvons remarquer, depuis ces dernières années, l'augmentation des boissons gazeuses mélangeant de l'alcool.Plus de 130 nouveaux alcools on été créés fortement dosés en sucre afin de répondre à la demande des jeunes comme la bière à la fraise , la vodka à la limonade ou des alcools à base de lait. Il existe une très grande diversité d'alcool afin de plaire au maximun de personnes.

De plus le marketing se développent dans les boites , dans les lieux festifs, ou les industriels offrent des bouteilles d'alcools, des tee shirts à l'éffigie de la boisson d'alcool afin de familiariser et de fideliser les jeunes le mieux possible à la marque.

A travers différentes strategies marketings, les industriels ont compris que la jeunesse était une cible intéressante économiquement avec beaucoup de potentiel à développer.En effet, ils s'adaptent aux gout des jeunes avec notamment des boissons qui ne correspondent pas aux goûts des adultes, marqueur de différenciation.Généralement, ces alcools abordent un look très tendance et coloré pour faire plus référence aux sodas qu'à l'alcool, ils misent plus sur le coté rafraichissant que sur l'alcool en lui même et avec des slogans chocs qui sont conçus pour séduire le jeune public. Il s'agit uniquement de «se désaltérer», comme le dit Four Roses; «une fraîcheur incomparable», promet William Lawson's; «à boire très frais», conseille Black & White.Ces alcools utilisent généralement les références culturelles des jeunes avec un prix pas forcement excesssif.

Cependant on notera que le gouvernement a préferé sur-taxer ces produits au lieu des les interdire,car finalement ils restent très intéressants pour l'économie française, au détriment de ces jeunes souvent vulnérables.

Conclusion des lectures sociologiques

Suite aux différentes lectures, nous sommes dans la capacité de mieux cerner le problème de l'alcoolisation des jeunes. En effet, les différents ouvrages m'ont permis de me rendre compte de la situation actuelle sur ce phénomène social touchant principalement les sociétés occidentales.

L'alcoolisation des jeunes a longtemps été délaissée en sciences humaines et plus particulièrement en sociologie. Longtemps sujet des travaux dans le médical, il faudra attendre les années 70 pour voir se développer des enquêtes, des ouvrages parlant de ce problème.

La France a toujours entretenu un rapport particulier vis à vis de l'alcool, produit ancré culturellement et socialement et qui fait le rayonnement de la France à travers le monde avec notamment le vin, produit emblématique de notre culture. Certains auteurs appellent l'alcool comme la "drogue populaire" en France.

Pour revenir au sujet portant sur l'alcoolisation des jeunes, les diverses enquêtes parues ces dernières années montrent que ce phénomène s'amplifie aux périls de la santé des jeunes. En effet, malgré une consommation en diminution ces dernières années, les enquêtes montrent une importante augmentation sur la quantité absorbée en soirée. Aujourd'hui, les jeunes boivent plus rapidement et en quantité plus grande lors d'une soirée. Ce phénomène venu des pays du nord, a pour objectif de se "défoncer" le plus rapidement possible avec le plus d'alcool possible.

On peut observer deux dimensions sur cette surconsommation. En effet, comme l'explique dans le livre: "Ces ados qui en prennent" (page 124) de Sophie Le Garrec, on peut articuler deux phénomènes qui sont dans un premier temps le conformisme, c'est à dire faire comme les autres et ainsi faire partie d'une "communauté" d'un groupe de pairs et deuxièmement comme le constate Le Garrec, l'alcool a pour effet l'oubli du quotidien le temps d'un court moment. De ce fait, les jeunes étant en crise d'adolescence et avec les changements que cela engendre comme les modifications physiques, l'alcool a donc pour vertu l'effacement de l'avenir. En effet, l'avenir est aujourd'hui incertain, angoissant voire stressant du fait du contexte actuel de la conjoncture économique, qui voit exploser la précarité et le chômage. Le Garrec appelle cela "a- temporalité".

Pour finir, nous pouvons donc voir que ce phénomène nouveau en France engendre des conséquences dramatiques pour les jeunes et leur santé. Malgré des mesures politiques comme l'interdiction des « apéros » Facebook ou l'interdiction des « Open Bars » lors des soirées étudiantes, beaucoup reste à faire pour sensibiliser les jeunes mais aussi les adultes souvent ignorants de la réalité de la situation

I)METHODOLOGIE:

1.1 Définition du sujet :

Le sujet sur lequel nous allons travailler dans le cadre du dossier de recherche, cherche à comprendre pourquoi aujourd'hui les jeunes français s'enivrent ils de façon excessive lors de soirées. En effet, je pars du constat que ce phénomène est très récent dans nos sociétés .Suite à des évènements tragiques et reprit très largement par les médias dans les rubriques faits divers, nous pouvons constater que cette nouvelle façon de boire très rapidement et de plus excessivement chez les jeunes , nous pose la question des motivations qui poussent les jeunes à prendre autant de risques , quitte à mettre leur santé voir leur vie en danger.

Pour cela , j'ai choisi d'aborder le thème de l'alcoolisation chez les jeunes en France et ainsi de tenter d'apporter quelques réponses à ce fléaux tragique qui prend de plus en plus de proportions inquiétantes dans notre pays, ainsi que chez nos voisins européens.

Nous cadrerons cette étude dans un groupe de jeunes étudiants français ainsi que chez des jeunes personnes ayant quitté le système scolaire sous les deux ans à partir d'aujourd'hui.En effet, je cherche ainsi a voir si l'alcool a été un facteur important suite à l'abandon de leur étude en cours.

Il existera deux profils de jeunes durant les entretiens, en effet, il y aura un profil de jeunes habitants dans un milieu urbain, c'est à dire dans la proximité de l'agglomération lilloise mais aussi un profil de jeunes habitants dans un milieu plus rural. Cela peut étre intéressant de voir si il existe aussi bien des similitudes ou des différences de pratiques selon l'endroit où habitent les jeunes. De ce fait, j'ai choisi Lille et la Thiérache (en Picardie , lieu où mes parents habitent) parce que c'est les deux seul lieu où je pourrais effectuer mon étude dans la mesure où le temps imparti pour ce travail m'est insuffisant pour pouvoir explorer un échantillon plus important et peut-être plus représentatif dans d'autres villes. De plus la ville de Lille est une ville étudiante où cohabitent trois universités, ce qui fait que de nombreux étudiants sont plus succeptibles de se sentir concerner par mon sujet de recherche et que j'espère renderont mes entretiens plus proche de la réalité , étant donné que je suis au coeur de le population ciblée par mon enquête et ainsi réaliser une étude la plus représentative possible du cas de la France.

1.2 La démarche d'analyse:

Pour notre étude, nous utiliserons la démarche hypotético-déductive. En effet, notre analyse se fera à partir de sources documentaires. Ces sources sont constituées de données statistiques et d'ouvrages sociologiques. Cette démarche commence par la définition d'un problème ou d'un sujet, puis on formule des hypothèses (à première vu) en puisant dans les documents et travaux qui ont été réalisés avant par d'autres auteurs. A partir de là, nous irons vérifier ces hypothèses sur le terrain. Sur un sujet aussi complexe dont l'analyse ne peut se faire par une simple explication causale, l'analyse quantitative ne saurait être suffisante, nous l'utiliserons alors simplement à travers la méthode des questionnaires afin de pouvoir chiffrer nos théories.Cependant nous auront plus recours à une analyse qualitative. Pour cela, nous utiliserons les méthodes de l'entretien, et la recherche documentaire.

De plus, je pense qu'il peut être intéressant d'utiliser l'observation dites"armée" (avec grilles) et l'observation participante. Pour cela , durant les soirées, j'observerai les différentes pratiques des jeunes , les modes de consommations qu'ils opèrent et les codes. Je pense que l'observation peut aussi s'avérer très fructueuse car le meilleur moyen de constater ,c'est d'observer. Cela permettra de compléter mes entretiens et ainsi de voir comment se déroule une soirée type d'alcoolisation chez les jeunes.

1.3 Le choix des personnes interrogés :

Le choix des personnes intérrogés est un moment crucial afin de mener correctement mon enquête, en effet, le choix des individus intérrogés est la base d'un mémoire réussi et intéressant sociologiquement, de ce fait , il faut un large pannel mais qui soit représentatif de la diversité de la jeunesse française. Pour cela, j'ai choisi d'étudier la jeunessse,puisque d"après les dernieres enquêtes, l'alcoolisation abusive touche majoritairement les jeunes. Cependant , comme le souligne Galland dans son ouvrage "La sociologie de la jeunesse" , il existe une multitude de jeunesse en France, et ayant des caractérisques différentes.De ce fait, pour essayer d'avoir un panel assez proche dans la jeunnesse française actuelle, j'ai décidé de me concentrer chez les jeunes de 16 à 24 ans. En effet, généralement durant cette tranche d'age les caractérisques sont assez similaires et proches, puisque cette période de la vie réprésente la vie lycéenne et étudiante donc des pratiques, des codes, des normes, des répresentations possédant des similitudes assez voisines. Cependant j'ai décidé d'élargir aussi mon pannel à des jeunes ayant quittés le système éducatif récemment . La population concernée sera donc principalement les étudiants, étant moi aussi étudiant, cela me facilitera pour faire mes entretiens et mes questionnaires, cotoyant aussi ce monde. A cela , nous pouvons ajouter plusieurs conversations avec des personnes adultes, agées entre 40 à 45 ans, étant bien inserées socialement, afin d'avoir leur avis sur ce phénomène et pouvoir comparer leur expérience.

De plus, pour maximiser les chances d'être le plus proche de la réalité de ce phénomène,j'ai volontairement décidé d'établir une certaine forme d'équité Homme/Femme , en essayant de récolter le même nombre d'entretien suivant le sexe et aussi d'essayer d'étendre mes entretiens à toutes les classes sociales, afin de voir si ce phénomène concerne plus une catégorie en particulier ou pas, ou si il existe d'importantes différences de pratiques et de mode de consommation.

1.4 Les terrains envisagés :

Au dela des personnes de mon entourage que je pourrais solliciter, nous irons dans les universités, en l'occurrence à l'université des sciences et technologie de Lille 1 (USTL) et à l'université Charles de Gaule (Lille 3) afin d'aller directement à la rencontre des étudiants suceptibles de répondre à mon sujet et ainsi obtenir des entretiens que je pense faire de type semi directif.

Dans un second temps, je pense intérroger les étudiants dans les lieux de consommations d'alcool comme les bars , ou encore les sorties de boites de nuit, lieux stratégiques pour trouver des individus succeptibles de répondre à mes questions ou alors prendre contact avec ces jeunes et prendre des rendez-vous pour réaliser des entretiens.

Dans un troisième temps, je pense aussi interroger des connnaissances ou amis lors de soirées privées afin d'élargir, si besoin, mon pannel. D'ailleurs , j'ai deja trouvé des personnes volontaires pour répondre à mes entretiens.

Puis dans un dernier temps, j'espère trouver des personnes grâce au "bouche à oreilles" ,et pourquoi pas faire circuler sur internet avec notanmment l'aide des réseaux sociaux des questionnaires, mais si le temps me le permet et si je ne suis pas satisfait de mes premiers entretiens.

1.4 Présentation de la grille d'entretien:

Je suis parti sur une base d'entretiens semi-directifs. Ainsi, la grille d'entretien sera divisée en plusieurs parties :

- La première partie de mon entretien sera axée sur la découverte de l'alcool chez les jeunes.Pour essayer de voir comment s'est déroulé leur première expérience avec les boissons alcoolisées. Je poserais des questions assez larges comme: Pouvez-vous me raconter comment s'est passé la première fois que vous avez bu de l'alcool? ou encore :Suite à votre première expérience d'excès, avez vous eu envie de recommencer à boire?

- Dans la seconde partie de mon entretien , nous essayerons de poser des questions concernant la fréquence de la consommation d'alcool chez la personne et aussi le contexte des consommations, avec des questions comme: Dans quel contexte buvez vous de l'alcool? (soirée? en famille? avec les amis) ? est-ce que vous buvez de la même manière ou de manière différente dans ces différents contextes? ou encore Lors de ces événements, dans quel but buvez vous de l'alcool? Combien de fois par semaine consommez vous de l'alcool?

- La troisième partie de mon entretien sera axée sur les impacts de l'individu dans le domaine familial, scolaire ou encore financière avec des questions tres larges comme: Quel est votre budget moyen pour la consommation d'alcool? ou encore :L'alcool a t'il eu des répercutions sur votre vie de famille ( votre couple, vos enfants, vos parents)?

- La quatrième partie de mon entretien se portera sur les risques et dangers de l'alcool avec des questions comme: Vous rendiez compte des risques engendrés par l'alcool sur le coup/et après? Avez vous déjà conduit ivre? Vous sentez vous dangereux pour les autres et vous même? Avez vous déjà mit votre vie en danger?(coma , rapport non protégé) si oui, cela vous a t'il dissuadé de boire autant?

- Puis la derniere partie sera plus axée les représentations lié à l'alcool comme :Quelles sont les raisons qui vous pousse à consommer de l'alcool? ou encore :Comment représentez vous la consommation d'alcool dans l'idéal? (soirée idéal) et pour finir par: Quelle conscience avez vous de l'image que vous renvoyé à vos proches?

II) L'alcoolisation des jeunes: un phénomène multi-factoriel

1) Boire, un facteur de sociabilisation et d'intégration

Apres avoir étudié mes entretiens, nous pouvons remarquer que l'alcool serai plus propice à l'intégration des jeunes. Cela révèle t'il un réel mal être des jeunes, dans une société de plus en plus individualiste et égoiste où le contact humain est de plus en plus difficile à s'opérer?

Une chose est sûr, c'est que l'alcool faciliterait les rapports entre les individus, l'alcool donnerait des sensations de bien être, de gaité et de joie à court terme permettant aux individus de s'intégrer plus facilement.

En effet, lors de mes entretiens, nous pouvons noter que c'est la réponse la plus fréquente qui arrive auprès des jeunes, près de six personnes m'ont répondu que boire permettait de s'intégrer aux autres, de s'ouvrir à des gens venant pas forcément du même milieu sociaux. Durant les alcoolisations, le but premier est de faire la fête, de s'amuser sans se soucier des problèmes et de parler aux gens. Nous pouvons remarquer pour certain une certaine souffrance, une solitude durant la semaine et que les soirées beuveries permettent de combler ces absences de "vie sociale". En effet, comme le souligne Anne Sophie, " j'aime bien boire en soirée, ça me libère de la semaine, je suis à la fac, mais on est considérés comme des numéros, les rapports avec les profs ou même les autres étudiants sont tres brefs et éphémères, les conversations sont tres banales durant les cours, du coup lorsque je suis entre amis , je me lache totalement, ça me permet d'évacuer le maximun et enfin d'avoir des amis à qui parler de choses plus personnnels et s'ouvrir aux autres .." En effet , nous remarquons que l'alcool pour certaines personnes permet d'avoir une vie sociable , dans une société de plus en plus stressante où les individus sont compréssés. De plus l'alcool est facteur de relachement , et donc de fête. Nombreux sont les personnes qui me disent que s'alcooliser permet de faire la fête, de se lacher, de rigoler et se faire des nouveaux amis. Ces soirées d'alcoolisation sont devenus un moment de sociabilisation entre les jeunes et d'intégration, comme le remarque David, " c'est durant ce genre de soirées que je me suis fait plein de potes, l'alcool me permet de parler librement sans aucune retenue et avec des inconnus surtout que je suis assez timide...". Le besoin d'étre ivre comme les autres afin de pouvoir s'intégrer et surtout être dans le même délire , dans le même "trip". D'ailleurs le terme être dans le même "trip" revient très frequemment dans les entretiens " je bois pour délirer avec mes potes , et taper des putains de trips", " si je bois pas , je serais pas dans le même trip qu'eux et je vais m'emmerder".

Dans un monde de plus en plus complexe et difficile d'avoir des rapports sociaux entre les individus, l'alcool est devenu un subterfuge afin de pouvoir s'intégrer correctement dans la société et ainsi avoir une vie sociale plus ou moins épanouie.Les effets de l'alcool peuvent être tout à fait ressentis comme positif, On se sent désinhibés, plus détendus et plus sûr de soi. De plus, nous pouvons ajouter que l'alcool est aussi un moyen de ne pas se sentir « exclu » dans la vie quotidienne.En effet, consommer de l'alcool avec les autres est une manière d'être reconnu et de s'intégrer et résister à la pression du groupe n'est pas facile de nos jours. A cela , on peut ajouter que l'alcool est souvent associé à la fête , à la plaisanterie , choses favorisées et vues comme positives car elle permet au final la rencontre sociale. On peut même parler de rituel d'hospitalité.

Boire pour vaincre l'ennui et oublier l'avenir

Aujourd'hui ,les jeunes ont peur de l'avenir incertain, de la précarité ambiante, du chomage et des problèmes qui en découlent.L'alcool peut être un moyen de substitution pour oublier durant un instant , même très court, tout ces problèmes qui peuvent toucher n'importe quels individus.

Durant mes entretiens, les notions de précarité, de chômage et de boire pour pallier à l'ennui sont des temes tres récurrents.En effet, si on analyse de plus près, on peut s'apercevoir que l'alcoolisation des jeunes est un phénomène très complexe.Dans un premier temps, les jeunes disent boire pour faire la fête, rigoler , être dans l'ambiance, mais lorsqu'on approfondit un peu, nous pouvons s'apercevoir d'un certain mal être de cette génération, boire serait un moyen d'oublier l'avenir de toutes ces contraintes.

Lorsqu'on commence à approfondir, les jeunes révèlent une souffrance, une importante inquiétude face à la société actuelle où ils ne se sentent pas intégrés mais rejetés et mis à l'écart. D'ailleurs, nombre sont ceux qui m'ont dit "boire pour oublier".Comme le souligne Benoit, en recherche d'emploi et ayant un Bts dans le commerce " boire me permet d'oublier que je sers à rien à la société, ça fait 5 mois que je recherche un taf et même avec mon bts je trouve rien, je touche quasiment rien et j'ai l'impression d'avoir fait des études pour rien,du coup, en soirée lorsque je suis avec mes potes, je préfère profiter et boire pour être au final bien, sans me préocuper de demain et des problèmes". L'alcool a des effets désinhibiteur, tranquillant, il permet de modifier le champ de perception exterieur et intérieur, en effet les garçons se sentent "invincibles " lorqu'ils sont alcoolisés et les filles irrésistibles.L'alcool change la façon de se percevoir et de percevoir les autres, il permet de prendre plus positivement les problèmes de la vie et de l'avenir que rencontre l'individu. Cependant , l'alcool reste un faux médicament, car il ne règle pas les problèmes , il permet pour certain le court d'un moment d'oublier leur situation actuelle souvent précaire.En effet, avec la crise écnomique qui durent depuis quelques années qui provoque beaucoup de chômage, plus de un jeune sur quatre est au chômage et ne parlont pas des jeunes diplomés souvent oubliés mais qui doivent aussi faire fàce à la précarité et au déclassement, comme me le révèle Stephane " j'ai été dans une école d'ingénieur à Compiegne, après avoir eu mon bac +5, j'ai mis plus de 1 an pour trouver un emploi, un cdd payé quasiment au Smic, ça me déprime d'avoir fait tout ça pour ça (...) durant mon année où j'ai cherché du travail, il m'arrivait de boire beaucoup, de me prendre de grosse cuite, boire à vomir, et je pense que la raison était tout simplement d'oublier mon statut précaire, d'assisté et ainsi d'essayer de profiter grâce à l'alcool des petits moments de bonheur , de joie, sans se soucier du lendemain même si c'est éphémère"

Certes , on ne peut certainement pas faire de généralités, mais nous pouvons penser qu'il y a une très forte corrélation entre les jeunes personnes dans une situation économique fragile et la consommation excessive d'alcool. A noter aussi que chez les personnes intérrogées, l'ennui revient souvent dans les réponses. Comme le dit Audrey "Je bois pas mal en soirée , car ça me permet de casser avec la routine quotidienne, mes journées sont longues et ennuyantes, je fais toujours la même chose (...) quand arrive le vendredi soir, je sais qu'il y a toujours des gens qui vont venir à l'appart avec des teils (bouteilles), du coup , je sais que lorque j'ai bu quelques verres, je me sens bien ,ça me permet de m'évader et voir des gens".

La peur de l'avenir, la précarité, le chômage, la pression de la société, le stress, l'ennui sont de nouveaux facteurs qui contribuent à l'alcoolisation des jeunes. Aujourd'hui, les jeunes doivent faire face à un avenir incertain et péssimiste.Nombreux sont ceux qui ne trouvent pas leurs places dans le système économique actuel , ils se sentent exclus et inutiles.L'espoir laisse place au désespoir, nombreux sont les rêves gachés, la réalité est trop dure à assumer ,pour cela , le seul remède pour beaucoup c'est l'oubli à travers l'alcool , le cannabis ou les médicaments.En effet, il existe un malaise dans la jeunesse actuelle provoqué par la perte des repères fondamentaux qui permettait d'exister comme un individu à part entiere et reconnu dans la société.

3) Boire pour être ivre.

Après avoir montré que boire pouvait être source d'intégration dans un groupe ,en effet, chez certaines personnes cela est devenu comme une norme implicite, où il est devenu banal, normal de se "défoncer" ce qui tend à dire que si la personne ne pratique pas ce rituel, elle peut être considérée comme une personne marginale voire déviant dont le résultat pour être l'exclusion du groupe. De même , comme j'ai pu le montrer ultérieurement, l'alcool peut permettre d'oublier l'avenir et la pression des études et de la société ,néanmoins, nous pouvons noter que certains boient juste pour boire et repousser ces limites.Boire pour boire et finir ivre.

Dans ce cas, on peut parler d'une certaine forme d'alcoolisme, en effet, le plaisir n'est plus la préocupation principale mais le but final est de finir ivre.Il y a une recherche de défonce rapide comme le souligne Alexandre " Aujourd'hui, je suis content de ma soirée , si à la fin je finis dans un état très alcoolisé, pour être franc, et comme maintenant beaucoup de mes potes, même si on se l'avoue pas forcément, les soirées permettent de se la mette bien et vite (...) même ci des fois on s'emmerde dans une soirée, on boit pour être sur de finir raide et au pire on fait des jeux d'alcools assez hard pour être certain de partir arrachés (...) d'ailleurs je ne conçois pas une soirée sans alcool ". Nous remarquons ici , qu'il y a une différence, l'alcool n'a pas le but intégrateur dans un groupe déjà très intégré, cependant il y a toujours l'envie, le désir de repousser ses limites, de voire jusqu'où le corps peut supporter l'abus d'alcool. Ces personnes ne sont pas dans la même logique.Il y a une volonté de se démarquer des adultes mais en même temps des jeunes.C'est un peu une étape intermédiaire, une étape de transition entre le monde adulte et adolescent.En effet, je retrouve ce genre de réponse chez des jeunes d'une vingtaine d'années, intégré socialement. Comme le souligne Monique Dagnaud, sociologue et directrice à l'insititut Marcel Mauss " les deux exigeances contradictoires de la post adolescence" ,c'est à dire le désir de mettre en avant sa subjectivité et sa nécéssité à chercher des atouts positifs qui permettront d'arriver dans le monde des adultes.En effet, chez ces jeunes, nous pouvons remarquer qu'il y a une volonté de ne pas devenir comme les parents où l'école veulent qu'ils soient et ainsi pouvoir prolonger une certaine forme de jeunesse et de pouvoir profiter pleinement de la vie avant l'entrée dans le monde professionel qui est souvent source d'angoisse. Il y a une sorte de démarcation du monde adulte.On peut parler de période de flottement où les jeunes recherchent un moyen de s'affirmer contre les grandes institutions dites traditionnelles.Comme l'exprime Gaelle " je ne veux avoir la même vie que mes parents, boulot dodo métro, je suis jeune je veux profiter le plus possible avant que les galères arrivent.." .L'alcool permet de pousser les limites de son corps en s'enivrant rapidement.D'ailleurs ces jeunes ne se considèrent pas forcément comme des marginaux ou encore des déviants, car ils justifient leur acte en mettant toujours en avant le coté convivial et intégrateur de l'alcool.

Les jeunes à travers l'alcool recherchent des moments d'évasion, dans un monde où les sociétés sont devenues très oppressante , les jeunes se sentent délaissés par une société qui éprouve une certaine indifférence par rapport aux jeunes , souvent décrit comme une génération à sacrifier et non pas à s'épanouir. Le fait de refuser de boire, c'est perçu comme être une personne trop coincée, trop serieuse, trop scolaire,c'est à dire ,se refuser les plaisirs de la vie. Il y a un proces d'intention sur ces jeunes qui boient pas , car ils priviligient d'une certaine façon la santé à la fête.La peur du danger, de la maladie, à cet âge la peut être perçu comme un manque de virilité chez les hommes et ainsi passer comme un marginal. Pour ces jeunes, ne pas boire, c'est d'une certaine façon renoncer à avoir des opportunités de rencontre et donc une vie sociale ordinaire.

III)Evolution de la façon de consommer de l'alcool chez les jeunes.

ñ Boire le plus possible en moins de temps: le phénomène du bringe Drinking.

Aujourd'hui, le mode de consommation des jeunes face à l'alcool a énormément évolué depuis les dernières décennies notamment en France. Longtemps l'alcool n'était qu'un 'bonus' pour une soirée réussie, l'alcool n'était pas le centre de toutes les attentions et des convoitises pour les jeunes. En effet, après avoir discuté avec plusieurs personnes adultes pour qu'ils me racontent leur consommation d'alcool durant leur jeunnesse,nous pouvons remarquer que le résultat est assez similiaire pour tous et très différents d'aujourd'hui .L'alcool lors de leur soirée n'était que rarement excessif et assez limité. Le fait de boire beaucoup et vite n'était absolument pas le but pour eux ,l'alcool était plus considéré comme un agrément pour une soirée conviviale et dans la bonne humeur. Lorsque je demande si il y avait des exces en soirée, R me repond "oui cela pouvait arriver mais seulement lors de grands évenements comme des anniversaires (...) mais très rarement sauf si il y avait pas de choses à fêter". Lorsque je leur explique le phénomène de « Binge drinking » , les réactions se ressemblent elles aussi et laissent place à l'imcompréhension.En effet, comme le souligne G, " jamais mes parents m'auraient laissé boire autant,je n'aurais pas osé et de toute façon à mon époque, on avait pas ou peu d'argent à utiliser pour l'alcool".

Certes, nos parents buvaient aussi de l'alcool mais pas de la même façon et pas dans le même but.

Suite à ces discussions avec des personnes adultes, nous pouvons remarquer que cette nouvelle mode de boire vite et beaucoup est très récente en France et en Europe. Ce phénomène est arrivé depuis une dizaine d'années.

A)Description d'une soirée de biture Express.

Afin de méner à bien mon mémoire et de mieux comprendre le phénomène d'alcoolisation rapide chez les jeunes et leurs motivations ,j'ai décidé par le biais de ma soeur de participer à une soirée où se déroule ce type de comportement, en esperant que cela m'apporte des réponses à mes questions. Pour cela je vais vous faire une description d'une soirée type de jeunes pratiquant le « Brinche drunking. »

Nous sommes le 2 avril 2011, pour les besoins de mon mémoire ma soeur m'a autorisé a venir à une soirée avec ses amis agés entre 17 et 20 ans, tous étant soit au lycée ou en licence. Pour des raisons d'objectivité et de récolter le plus d'informations possible et être au plus près de la réalité, ma présence n'a pas été justifié et aucune information concernant mon travail n'a filtré durant la soirée. (ma soeur étant dans la confidentialité).

J'arrive à la soirée avec ma soeur, vers 20h,où nous sommes invités pour " l'apero", nous sommes une petite dizaine comprenant 6 garçons et 4 filles. Dès notre arrivée , je remarque que l'achat d'alcool est obligatoire pour participer à ce genre de soirée. Chaque personne ramène son alcool, sa bouteille, c'est une de règles fondamentale.D'ailleurs la première question en arrivant "tu as acheté quel alcool?." En début de soirée, les conversations tournent autour de choses plutot banales comme les cours , l'actualité ou le sport.Au début, les jeunes boient à leur rythme sans avoir aucune préssion des autres.Les alcools sont divers, je remarque que les filles commencent par des alcools plus lights comme le passoa (alcool à gout fruité) et les garçons avec des alcools plus traditionnels comme la biere ou le vin. Durant les premières heures, l'alcool n'est pas le centre des conversations, des interêts. Arrivé vers 23h, lorsque les premiers effet d'alcools commencent à agir , nous pouvons constater un changement de rythme de la soirée. En effet, les conversations des premières heures laissent place à des conversations tournant généralement aux soirées, à leur dernières" cuites", à la dernières fois qu'ils ont vomis. De là, la soirée prend une autre tournure, les alcools lights étant finis, les alcools forts entre en jeux. En effet, comme j'ai pu entendre durant la soirée, les alcools lights sont pour commencer, " se mettre dans l'ambiance tranquillement" et les alcools forts sont "pour se mettre une race" "pour se finir". Dès lors, je commence à comprendre ce phénomène de biture expresss. A partir de là, l'alcool commence à couler à flots, il n'y a pu de limite, les verres se boient de façon très rapide , j'ai par ailleurs compté la quantité de verres, et je constate que durant les deux premières heures ,une personne que nous nommerons David, a bu 5 verres de vins pour ensuite boire plus de 4 verres de wisky en moins de 30 minutes. En effet, le plus troublant ,c'est la pression subit, comme çi pour montrer leur masculinité, leur virilité, les garçons étaient obligés de boire, de peur sinon à étre apparenté à une fille. J'ai pu entendre durant la soirée des réflexions du genre " Arrète de siroter", "fais pas ta meuf bois plus vite" "tu es un mesquin même Justine boit plus que toi". Pour être totalement intégré à ce genre de soirées, les critères sont de boire beaucoup et rapidement.

Lorsque la soirée bat sont plein, les défis,les « culs secs »,et les jeux d'alcools sont au centre de la soirée. En effet, durant cette soirée,de nombreux jeux d'alcools sont présents telque le Cap's (jeu de biere où il faut viser la capsule, et ayant pour sanction pour la personne perdante, de boire une biere en "cul sec") ou encore des jeux beaucoup plus trash avec du wisky. D'aillleurs une personne m'a dit que le but de ce jeu été au final "d'étre arraché et de vomir".

Je constaste avec assez de surprise que les filles participent elles aussi aux jeux et défis sans aucune réticence, comme çi il fallait qu'elles prouvent, qu'elle pouvaient aussi se mésurer aux garçons et boire beaucoup d'alcool sans avoir aucune gène ou honte.

D'ailleurs, en fin de soirée, les conversations se concentrent essentiellement sur l'alcools. Dès lors , je leur demande si ils conçoivent une soirée sans alcools, et la réponse est unanime: Non , car comme ils me l'expliquent, l'alcool leur permet d'être plus libres , de rire, d'oublier les cours et la vie en générale et la pression parentale.D'ailleurs ils m'expliquent que leurs soirées sont toujours entre personnes aimant boire excessivement pour être sur d'être entre pair et de pas être jugés.

b)Le binge Drinking: nouvelle façon de comsommer de l'alcool chez les jeunes.

Pour mieux comprendre cette nouvelle façon de boire, nous allons analyser à travers la quinzaine d'entretiens passés,le déroulement d'une binge drinking en soirée avec ces pratiques, ces rites,et ces normes.

Comme l'ayant deja expliquer ulterieument, la biture express est un nouveau phénomène venu des pays anglos-saxons. Le but étant de boire un maximun d'alcool en un minimun de temps pour "se saouler,se mettre minable, se déchirer".Ce phénomène interpelle de plus en plus les pouvoirs publics car jugé comme une ménace très importante pour la jeunesse et ayant des conséquences gravissimes pour les personnes les plus vulnérables.Mais le plus inquiétant c'est que ce phénomène prend aussi des allures de compétitions inter-ville, et aussi sur internet puisque les jeunes diffusent leurs vidéos. Ce phénomène est très important sur la toile, tous les jeunes diffusent « leurs exploits » et lancent les autres jeunes à entrer en compétition.

Pour cela , je me suis axé principalement durant mes entretiens à cette nouvelle pratique encore peu connu et peu traité dans les sciences sociales mais qui ne cesse de s'amplifier dans nos pays européens.Le binge drinking aussi appelé "biture express" est le phénomène à la mode chez les jeunes aujourd'hui, nous pouvons se questionner sur comment se déroule cette nouvelle pratique en vogue.

Suite aux entretiens passés, nous pouvons mieux comprendre comment se déroule ce phénomène.En effet, la biture express comme tout phénomène social contient des codes, des normes et des pratiques bien distintes des autres façon de comsommer de l'alcool.

c)La beuverie de fin de semaine: un phénomène collectif codifié

Comme tout phénomène social , la consommation d'alcool abusive contient des pratiques bien spécifiques, pour cela les entretiens passés nous donnent des éléments de réponses.

Dans un premier temps, nous pouvons affirmer que ce phénomène existe seulement en communauté, il y a un effet de groupe derrière, il s'agit avant tout d'un phénomène collectif. D'ailleurs les entretiens le montre bien, tous sont unamines pour dire que boire de cette façon a lieu uniquement en compagnie d'amis. De plus, nous remarquons aussi que cette pratique se déroule généralement la vielle ou durant le weekend mais très rarement en semaine.En effet, d'après le Baromètre santé 2005, le samedi est le jour où les quantités consommées sont les plus importantes : 3,7 verres en moyenne pour les 15-19 ans, 4,5 pour les 20-25 ans.Comme l'explique Cindy " Je ne bois jamais la semaine , je n'en ressents pas le besoin, cependant arrivé le jeudi ou vendredi ,je suis excitée d'étre le soir pour pouvoir me la mettre sévère avec mes potes et sans retenues..." . Cela ressort majoritairement dans mes entretiens, les jeunes se justifient en me disant qu'ils ne sont aucunement dépendant de l'alcool puisque la semaine ils en ressentent pas le manque mais dès le weekend arrivé, il n'y a plus de limites et que la consommation d'alcool excessivement est un passage obligatoire pour passer une bonne soirée.Comme le dit Alexandre il attend le fameux VSD " le vendredi, samedi, dimanche, c'est défonce obligatoire, généralement dans les boites de nuit ou dans une soirée entre potes, c'est ça le VDS".

De plus, comme le révèle les différents entretiens passés , nous constatons une règle d'or commune à ce type de soirée.En effet, lors de ces binge drinking, chaque individu à l'obligation de ramener une bouteille d'alcool. Cependant cette obligation est suggestive car il ne fait pas de réclamer mais pour contribuer à la soirée , les jeunes se doivent de ramener de l'alcool .Comme le souligne Gaelle " celui qui ramène rien en soirée est plutot mal vu; il est considéré comme un radin ,c'est pour ça que je fais attention de ramener toujours quelques choses à chaque soirée même ci je n'ai pas forcement assez d'argent et ainsi éviter les remarques en soirée comme " vu comme tu bois, t'aurais pu ramener une bouteille"".

Comme nous pouvons le voire, l'alcool est très recommandé mais jamais réclamé, il existe une certaine hypocrisie dessus, le fait de demander à une personne de ramener de l'alcool reste encore assez tabou comme le souligne Gaelle " lorsque je fais une soirée chez moi, je demande jamais aux gens de ramener de l'alcool, cependant j'espère toujours que les gens ramènent de l'alcool pour étre sur de tenir jusque la fin de soirée,pour moi, ramener de l'alcool en soirée est une chose évidente et naturelle" .

Nous remarquons au fil des entretiens que finalement la soirée entre amis est un prétexte pour boire, et le but rechercher durant ces soirées n'est pas forcement de passer un bon moment entre amis mais plutot de se "la mettre bien", en effet , lorque je demande en général ce qu'ils retiennent de la soirée Paul me répond " la cuite que je me suis mise" et non les moments entre amis, pareil pour Constance " je me souviens des culs secs de tequila que j'ai bu ...". Cela révèle bien un changement, en effet, c'est pas le fait de passer des moments entre amis qui permet de passer une bonne soirée mais finalement de boire à être ivre qui permet de passer une bonne soirée.Mais cela n'est jamais dit durant les entretiens, la soirée entre amis est une sorte de pretexte, pour en quelque sorte se déculpabiliser.

Aujourd'hui lors des soirées, l'individu passe au second plan , le moteur de la soirée reste l'alcool, d'ailleurs lors d'une discussion avec une personne adulte nous remarquons cette différence, à leur époque lorsqu'ils invitaient, les gens ramenaient plus un cadeau pour faire plasir comme un gateau ou une bouteille de vin pour déguster ,alors que durant ces soirées les gens ramènent une bouteille pour leur prope plaisir et leur prope consommation.Il y avait plus l'envie, le désir de faire plaisir aux autres, de passer un moment de convivialité , alors que le « brige drinking » retire toute cette dimension sociabilisatrice.Cela peut sembler assez paradoxal puisque lorsqu'on écoute ces jeunes, le but de ces soirées seraient de s'intégrer plus facilement mais finalement lorsqu'on analyse les entretiens, on remarque qu'il y a une différence entre le discours des jeunes ( boire pour s'intégrer) et la réalité.En effet, après analyse de mes entretiens, l'objectif de ce genre de consommation serait de boire pour boire, avec un coté très indivudualiste .Comme le dit David "tant que je finis arraché,c'est le principal, ça veut dire que j'ai passé une bonne soirée". Cette remarque est intéressante, elle montre bien que les jeunes cherchent avant tout leur prope plaisir égoistement, la recherche d'évasion à travers l'alcool et non comme ils le prétendent le coté intégrateur, convivial. Hypocritement ou inconsciemment , ces jeunes aiment ce genre de consommation d'alcool non pas pour le coté fédérateur mais plus pour trouver son prope bonheur, plaisir à travers l'abus excessif d'alcool et les sensations que cela provoque.

De plus, nous pouvons remarquer des grands axes similaires sur le déroulement des soirées.En effet, on retrouve des points communs, avec les mêmes pratiques , le même mode consommation lors des « bitures express ». On peut même appeller cela comme un rite. Ces soirées sont divisées en plusieurs étapes. Dans un premier temps, les jeunes prennent "l'apéro" .Cette étape est la plus sociabilisatrice , elle commence généralement après manger, cette étape dure en moyenne une à deux heures. Elle commence lorsque tout le monde est arrivé. C'est une étape fondamentale puisqu'elle permet comme le souligne Stephane " de se mettre dans le bain , tranquillement et de raconter notre semaine et les dernieres potins autour d'un verre ". Cette étape est la plus conviviale, elle permet de se détendre en buvant doucement et pas excessivement.Lorsque l'alcool commence à faire ces premiers effets, arrive la seconde étape.Cette étape permet d'atteindre l'ivresse rapidement.Durant cette étape, les jeunes changent d'alcools, comme le dit Stéphane " c'est à ce moment là , que la soirée commence vraiment, les filles comme les garçons sont plus détendus et plus cools, on commence à boire de l'alcool plus forts, généralement du wisky ou de la vodka".De lors, durant ce moment, il n'y a pu de limites, les culs secs s'enchainent, les paris stupides aussi et nombreux sont les jeux d'alcools. Cette étape permet aux jeunes de se souler rapidement en buvant beaucoup d'alcool.Comme me confie Stephane, c'est le moment préféré des gens, c'est à ce moment là que la soirée bat son plein grâce notammament à des jeux qui permettent de boire beaucoup " durant cette période, je ne compte pas mes verres, ils peuvent s'enchainer très vite, ainsi que les culs secs, cela peut aller d'une dizaine de verres en 30 minutes voir plus , tout dépend du contexte". Après cette étape cruciale qui peut durer en moyenne plus de une heure, une fois les jeunes très alcoolisés, arrive la troisième étape qui est les trajets pour les sorties en boite ou dans les bars. Là aussi, cette étape est très codifiée, en effet, les jeunes préparent des "biberons" c'est à dire des bouteilles d'alcools entières et mélangées avec de nombreux alcools différents. Le biberon permet d'accompagner les jeunes durant le trajet et de boire le maximun d'alcool avant de rentrer en boite. Comme me précise Benoit " les biberons sont importants, ils vont nous permettent de tenir toute la nuit,les prix des verres d'alcools en boite sont tellement élévés que je peux à peine me payer un verre, du coup, j'essaye de boire le plus avant , pour être sur d'être bourré le plus longtemps possible sans me ruiner en boite".

Une fois arrivé en boite, arrive la dernière étape d'une soirée de « Biture express », une fois les individus très alcoolisés, arrive le défoulement, l'amusement. C'est généralement durant cette étape qu'arrive les premiers vomissements pour les plus vulnérables. En boite, les jeunes ivres se défoulent sur la piste. Une fois que l'alcool commence à descendre , les gens se cotisent pour acheter une bouteille d'alcool.En effet, comme le souligne Benoit " arrivé vers deux à trois heures du mat', la fatigue et les premiers désagrément liés à l'alcool arrivent, du coup le meilleur moyen est de soigner le mal par le mal, du coup avec mes potes ont se cotisent pour acheter une teil de wisky pour nous remotiver et tenir jusqu'a la sortie de la boite quitte à être totalement arrachés".

Cependant pour les plus courageux, l'after est le moment pour se finir, en effet, l'after se déroule généralement après la sortie en boite, vers six heures du matin et peut durer jusqu'à midi . Durant ce moment , les jeunes finissent le reste d'alcools de la soirée ou vont même jusqu'à aller en acheter dans une épicerie.Toutefois les afters restent encore assez marginaux, comme le dit Gaelle " Des fois lorsqu'on est motivés et encore en forme , pour bien se finir, on peut taper after chez un pote, pour finir l'alcool, mais ça reste assez rare.."

A cela, on s'ajoute un autre phénomène nouveaux, qui est la consommation de plusieurs alcool durant la même soirée, on peut parler de poly-consommation.En effet, durant ces soirées, chacun ramène son alcool, de ce fait, sur la table se trouve une multitude d'alcool plus ou moins fort.Il y en a pour tout les goûts.Ces jeunes une fois alcoolisés pratiquent des mélanges dit "explosifs" qui est la conséquence des divers jeux pratiqués. Il est pas rare de faire des mélanges juste pour être ivre, même si le goût reste à désirer.Comme le souligne Cindy " les mélanges font parti intégrante pour le bon déroulement d'une soirée, arrivé à un certain moment, on essaye de trouver des mélanges explosifs avec les alcools qui restent afin de tester nos limites, plus le goût est fort, plus les gens aiment en général". Il y a un certain coté convivial lors de la fabrication des mélanges, le but est de trouver le mélange d'alcool idéal qui permettra de donner un second soufle à la soirée.

Suite aux entretiens, nous pouvons affirmer que le Binge Drinking est un phénomène social très codifié avec ces propes règles, ces propes normes et ces rites. L'organisation est réfléchie. Nous pouvons voire que ce genre de soirée se déroule souvent en groupe d'amis proches où la règle d'or est de boire sans aucune limite voire jusqu'a vomir. D'ailleurs ici le fait de vomir est souvent signe de réussite. En effet, l'individu suppose avoir passé une bonne soirée seulement si il a vomi, comme l'explique Constance: Même ci je me souviens de rien de la soirée,lorque je vomis ,cela veut dire que c'était une bonne soirée" .Cela peut parraitre paradoxal,car le fait de vomir est une chose très désagréable en soi,ça ne provoque aucun plaisir.Mais ici, il ya une sorte d'éloge du vomissement ,symbole d'avoir passé une bonne soirée. D'ailleurs, durant ce genre de soirée, lorsqu'une personne vomit, les autres prennent du plaisir à le voir , rigolent , se moquent, prennent des photos. Il y a une sur-enchère sur la consommation d'alcool, c'est comme un jeu, le dernier debout est le gagnant.Il ya une pression qui s'imposent dans le groupe.

d)Peut on parler de pratique sexuée dans la consommation d'alcool?

La consommation d'alcool est très différente selon le genre. En effet, on remarque dans les différentes études, que la consommation entre les filles et les garçon diffèrent beaucoup, selon le sexe, le rapport et la consommation de l'alcool sera différente.D'ailleurs l'enquête ESCAPAD 2003, nous montrent que l'alcoolisation abusive et régulière (plus de une fois par mois) est très largement superieure chez les garçon que chez les filles, puisqu'elle concerne 5.1% des hommes contre 1.3% des femmes de 16 à 17 ans, cependant chez les 17/18 ans ,l'enquête nous montre une importante évolution passant à 11% chez les garçon à 3% chez les filles.Toutefois on peut noter que les filles à l'age de 14 ans consomment deux fois plus de verres que les garçons (3 contre 1.5 par mois) alors qu'a 20 ans la tendance c'est très nettement inversée avec 15 verres pour les filles contre 50 verres pour les garçons. D'ailleurs dans mes entretiens, j'ai pu remarqué cette tendance, en effet , lorque je demande le nombre de verres en soirée à Constance, elle me repond " en soirée si l'ambiance est bonne, je peux facilement boire entre 7 à 10 verres.." à la même question Victor me repond " en génénal, même ci je compte pas, je pense boire facilement une bonne quinzaine de verres.." Ce résultat est le même pour les autres entretiens, les garçons consomment en moyenne plus d'alcool que les filles en soirée.

Par ailleurs, on notera une différence selon le sexe dans le contexte de la consommation.D'apres l'étude de l'INSERM et l'INPES, les filles ont tendance à boire plus en famille alors que les garçons plus entre amis, 10 % des garçons avouent consommer de l'alcool en famille contre 33 % des filles. D'ailleurs cette enquête montre qu'à 16 ans , 52 % des filles n'ont jamais été ivres contre 39 % des garçons.

De plus, nous pouvons ajouter à cela une disparité dans la manière de consommer entre les filles et les garçons.En effet, même ci les pratiques tendent ces dernières années à se rapprocher entre les deux sexes ( les filles consomment plus d'alcool qu'auparavant) nous pouvons remarquer des différences non négligeables et intéressantes. En effet, durant mes entretiens, j'ai observé deux différentes notables.La première est sur le type d'alcool consommé.Majoritairement, les filles consomment des alcools sucrés comme le Manzana ou le passoa en soirée, en effet sur les huits filles que j'ai questionné, cinq d'entre elles me citent des alcools sucrés dans les boissons qu'elles consomment en soirée,c'est le cas de Gaelle " j'aime boire des alcools sucrés comme le Manzana ou des coktails à base de fruits , c'est moins forts et plus agréable à boire" alors qu'a cette question, sur les neufs garçons intérrogés, seulement une personne me cite ce type d'alcool alors que les autres me citent des alcools forts comme le wisky ou le pastis.En effet , comme le souligne Jean Edouard " Je bois que des alcools forts,comme ça je suis sur de finir bourré, jamais des alcools sucrés , c'est pour les meufs..sauf en fin de soirée si il y a plus que ça à boire mais c'est très rare.."

A cela , nous pouvons voire une disparité assez intéressante lorsqu'on demande dans quel contexte ils préfèrent consommer de l'alcool . Les hommes sont plus dans l'optique de boire entre "potes" pour rigoler ou voire un match de foot alors que les femmes plus dans la dimension boire pour séduire, pour commerer entre copines.Comme le confirme David "j'aime bien boire le soir des bieres avec mes potes autour d'un match de foot ou dans un bar " alors que Marielle " j'aime bien boire deux /trois verres avec ma meilleure amie pour se raconter les derniers potins, parler de choses de filles...".

A travers ces exemples, nous pouvons observer, que la consommation d'alcool est tres codifiée chez les jeunes. Il existe un rituel très réfléchis, très normatif , très codifié durant l'alcoolisation des jeunes ,on peut même parler d'une sorte de sous-culture .Les codes sont très présents durant les soirées, en effet, lorqu'on analyse les entretiens, nous pouvons observer de nombreuses similitudes entre les différentes personnes.Toutefois on notera une différence assez importante entre les filles et les garçons ou les pratiques semblent certes se rapprocher ,mais restent encore tres dissemblables.

Après avoir analysé les différents comportements des jeunes en soirées, nous allons nous interesser aux motivitations qui poussent aujourd'hui les jeunes à boire de façon immodéré et sans aucune limite.

Pour cela dans cette deuxième partie nous allons developper les trois grandes raisons de cette alcoolisation massive suite aux déclarations des jeunes lors des entretiens.En effet, après l'analyse de la quinzaine d'entretien, nous pouvons remarquer que trois tendances se dégagent clairement. Effectivement, à la question "Dans quel but buvez vous de l'alcool en abondance?" ,on dégage trois axes réccurents qui sont: Boire pour s'intégrer et faire la fête, boire pour être ivre et boire pour oublier.Pour cela, nous allons analyser ces réponses et essayer de trouver des réponses.

IV)Analyse de différents profils face à l'alcool: Entre passage éphémère et dépendance à l'alcool.

Suite aux différents entretiens, nous pouvons remarquer que le cheminement face à la dépendance est différent selon les personnes.En effet, il excite des différences notoires à souligner. Pour cela, dans cette ultime partie, nous allons nous intéresser à trois cas typiques d'alcoolisation qui sont resortis durant mon enquête. Dans un premier temps, nous allons analyser la catégorie de personne ayant eu une relation éphémère avec l'alcool durant l'adolescence, puis dans un second temps, nous allons voire les personnes ayant une consommation régulière d'alcool mais pas excessive et puis ainsi finir par la catégorie de personne étant devenue totalement dépendante à la consommation d'alcool.

1)Un passage de jeunesse obligatoire mais éphémère.

Dire que toute personne buvant de l'alcool est alcoolique est faux,en effet, il y a des dégrès différents face à la consommation d'alcool, il ne faut pas tomber dans la généralité. La jeunesse étant le moment où l'adolescent cherche à trouver ces limites, à tenter de nouvelles experiences. Cela est donc propice aux interdits , souvent source de rebellion envers la société ou sa famille, l'adolescent va pour cela tenter de se démarquer en testant de nouvelle façon de consommer et vivre de nouvelles expériences, généralement destinées aux adultes.

Dans mes entretiens, sans toutefois généraliser, nous remarquons que nombreux sont ceux qui après avoir eu une consommation d'alcool assez excessive durant l'age de 17à 20 ans, sont aujourd'hui calmés. En effet, c'est généralement durant cet age, qui correspond aux années de lycée que la consommation d'alcool commence en France. Comme le souligne Benoit " lorsqu'on arrive au lycée, j'avais 16 ans ,on cotoie des personne plus grandes, du coup par effet de bande et pour faire le malin, il m'arrivait de boire pas mal en soirée juste pour les impressionner (...) j'ai même fumé mon premier bédo à cette époque....". D'autres entretiens tendent vers ce discours là, en effet, le lycée c'est généralement le début d'une certaine indépendance, c'est le moment de tenter de nouvelles expériences, de prouver son existence. Par ailleurs, plus de la moitié des personnes intérrogées ont commencés à boire de l'alcool régulièrement durant cette époque.

Cependant, arrivé vers 22 ans, nous pouvons constater que la relation vis à vis de l'alcool a nettement évolué pour ces personnes. En effet, fini l'insousciance de la vie d'adolescent, l'entrée à la vie d'adulte marque un changement brutal et de nouvelle responsabilité, qui ne sont pas forcement compatible avec une consommation d'alcool abusive. Comme le décrit Gaelle " au lycée, j'avais pour habitude de boire tout les mercredi apres midi avec mes potes, boire pour être ivre, mais aujourd'hui, je suis plus dans ce délire là, c'était une bonne époque, j'ai prit mes plus grosses cuites, mais maintenant je suis passée à autre chose, je bois plus par plaisir avec mes amis mais rarement avec exces...d'ailleurs avant c'était de l'alcool discount alors qu'aujourd'hui je préfère une bonne bouteille de vin".

A travers ces exemples, nous pouvons voire que la consommation abusive d'alcool reste un RITUEL DE PASSAGE durant la période de l'adolescence, ici, les jeunes sont plus dans le mimétisme, faire comme les autres, se montrer et aussi découvrir de nouvelles sensations encore peu explorées.Il y a un désir de dépasser ces limites et une volonté de rebellion contre la société en général. Cependant , cette situation reste assez brève, et nombreux sont ceux qui au fur et à mesure des années, entretiennent une relation face à l'alcool beaucoup plus modérée ,c'est à dire qu'ils éprouvent plus de plaisir à boire modérement ,mais en apprenant à appécier les alcools sans être dans l'exces. Le rapport à l'alcool a évolué, ils boient non plus pour être ivre mais plus dans une optique d'appréciation , de qualité ,de dégustation.

2.Une consommation moins fréquente mais toujours quantitativement élévée.

Suite aux entretiens, nous pouvons contaster que plusieurs profils se dégagent face à la consommation d'alcool chez les jeunes.En effet, après avoir montré que la consommation d'alcool pouvait étre chez certain juste une période à court terme , chez des jeunes avides de nouvelles experiences, nous pouvons voire une seconde catégorie dites intermédiaire, qui correspond aux jeunes qui ont commencés à boire vers 17 ans et qui, aujourd'hui ont toujours une consommation d'alcool pas forcément régulière mais qui peut rester abusive.

En effet, ces jeunes ne se définissent pas comme alcooliques, comme le dit David ,23 ans " Quand j'étais plus jeune , je buvais beaucoup et quasiment deux à trois fois par semaines , ou je me l'a mettais sévère, aujourd'hui je bois juste lors de grandes soirées, mais quand je bois, c'est pas à moitié, j'en profite vu que c'est plus rare qu'avant..." . Ici ,contrairement aux profils de jeunes décrit avant, nous ne sommes pas dans la même logique de consommation , en effet, ces jeunes avouent avoir diminués leur consommation d'alcool niveau fréquence mais contrairement à ceux d'avant, ils avouent que niveau quantitativement ils sont toujours dans la logique de consommation excessive et de défonce. Comme le souligne Benoit 22 ans " Aujourd'hui je suis en couple, je peux plus me le permettre, j'avoue que des fois ça me manque un peu cette époque , de no limits, mais maintenant j'ai des responsabilités et une belle voiture, du coup je préfère boire beaucoup moins pour éviter des accidents, mais je suis surtout plus mature et responsable qu'avant.."

Nous pouvons constater, que la prise de conscience du risque et du danger est un des élément qui explique cette baisse de la consommmation .Arrivé vers l'entrée dans la vie active, les jeunes réalisent plus facilement les dangers que l'alcool peut engendrer.Il y a certes, une certaine nostalgie d'une période de liberté et d'inscouciance mais aujourd'hui ils ne sont plus dans une logique de consommation abusive et fréquente, l'alcoolisation abusive reste cantonnée à des événements spéciaux et non plus régulier.Cependant il n' y a pas une rupture direct, comme c'était le cas avant.Il y a une évolution dans la frequence de consommation.

3) De la consommation agréable à la dépendance.

En France, trois millions de personnes sont concernées par un usage à risque de l'alcool.Cependant aucun chiffre nous révèle le nombre de jeune étant dépendant de l'alcool. Si boire modérément de l'alcool constitue d'abord et avant tout un plaisir, une personne donnée peut, imperceptiblement ou brutalement, devenir alcoolodépendante.La médecine définit l'alcoolisme comme une pathologie dont la dépendance peut entrainer des troubles graves.Comme toutes les addictions, la dépendance à l'alcool entraine une sensation de manque obsessionnel plus ou moins aigue.L'addiction à l'alcool engendre au fur et à mesure une augmentation des doses d'alcools.Comme le souligne Xavier " au début je buvais pour me mettre une cuite avec mes potes et ainsi faire la fête comme tout le monde ,mais à force j'ai ressenti une sensation de manque, il fallait que je sois bourré quasiment tout les jours, du coup j'achetais du rosé ou du vin , l'alcool des pauvres pour avoir ma dose pour la soirée , même seul, ça ne me dérangais pas". On notera une différence avec la pratique du « binge drinking », puisque ici c'est la sensation de manque qui pousse à boire alors que pour les « bitures express » ,c'est plus pour faire la fête , s'intégrer et finir ivre.

De plus , nous noterons une autre différence non négligeable avec le « binge Drinking ». En effet le « binge drinking » se situe dans un contexte de groupe, dans le collectif , alors qu'ici la dépendance ce fait de manière solitaire.Comme le dit Xavier " il m'arrive de boire souvent seul le soir surtout en semaine" alors que dans le « binge drinking » c'est grâce à un effet de groupe que cela peut se pratiquer et dans un cadre festif et surtout collectif.. De plus, contrairement aux jeunes qui pratiquent le « binge drinking » , chez la personne dépendante le lieu n'importe pas , ni le moment, il peut boire n'importe quand et n'importe où alors comme je l'ai expliqué auparavant, lors d'une soirée « biture express », il y a une organisation importante et des codes de soirée. Cette dépendance peut entrainer des problèmes dans la scolarisation, un cercle vicieux peut se mettre en place.En effet, les études ont montrés que le taux de déscolarisation est beaucoup plus important chez les jeunes buvant régulièrement, et cet désinvestissement dans les études et les echecs aux examens sont vécues comme une raison supplémentaire de consommer à outrance.Nous pouvons parler de cercle vicieux, puisque le jeune en échec scolaire essaye d'oublier cette déscolarisation dans l'alcool .Comme nous l'explique Mickael " j'ai gaché mes études à cause de l'alcool , à l'époque, je préférais faire la fête le soir avec mes potes et boire que de réviser les cours , du coup le lendemain j'arrivais pas a me réveiller...et j'ai commencé à force à totalement décroché de la fac et pu aller en cours le matin , du coup pendant mon temps qui était de plus en plus libre , je commencais à boire de plus en plus et de plus en plus tôt (...) et à la fin de ma première année de fac, il m'arrivait frequemment de boire seul"

La dépendance à l'alcool est phénomène qui risque de s'accentuer ces prochaines années chez les jeunes, en effet, commançant de plus en plus tôt , et surtout en buvant de plus en plus ,s'installe au fur et à mesure une dépendance, un réel manque chez les personnes certainement les plus faibles. Nous constatons bien ici, à travers ces entretiens, qu'au départ la consommation d'alcool était de façon abusive certes mais pas ponctuelle pour finalement glisser tout doucement vers le rique d' une addiction à l'alcool pour les personnes ne sachant pas s'arréter avant que s'opère une dépendance.

Conclusion

En france, selon des données, il y aurait plus de 1200 overdoses d'alcools par an contre 150 overdoses d'héroïne par an. Le plus tragique dans l'histoire est que ce chiffre concerne majoritairement les jeunes et de plus il est sans cesse en augmentation. Aujourd'hui l'alcoolisation est devenu un problème de santé public très inquiétant mais souvent minimixé par les publics publics malgré quelques récentes mésuresmise en place afin de lutter contre ce phénomène.Cependant les dernières enquêtes, nous montrent que les résultats sont plus que mitigés.

Aujourd'hui ,l'alcoolisation massive des jeunes, voire les très jeunes, est un phénomène qui s'amplifie d'année en année. Ces prises d'alcool semblent se faire hors des circuits traditionnels, c'est-à-dire en dehors des bars et des discothèques. Les causes de ce phénomène sont multifactorielles et sont à rechercher dans l'environnement écologique de l'adolescent. Ce phénomène consiste à boire le plus vite possible d'alcool dans un temps très court , on appelle ce phènomène venu des pays anglo saxon le "binge Drinking" et dont le but est d'être le plus défoncé possible.

Mais nous pouvons remarquer , qu'il existe un paradoxe dans la lutte contre ce phénomène faisant de plus en plus de victimes , en effet, les pouvoirs publics ont prit des mesures ces derniers mois afin de lutter contre l'alcoolisation des jeunes de plus en plus tot, mais paradoxallement nous voyons émerger ces dernieres années de nouveaux alcools destinés à un public toujours plus jeunes , c'est l'alcool dit "premix" se démocratise et les industriels débordent toujours d'imagination pour insiter les plus jeunes à en boire grâce à un goût plus sucré et un design très "jeun's".Ceci a favorisé l'entrée des jeunes dans la consommation des jeunes plus précosement .De plus , nous pouvons aussi noter la facilité pour les jeunes d'acheter de l'alcool en supermarché, malgre des lois dissuasives, cependant nous pouvons nous poser la question si c'est au commerçant de faire les gendarmes et non à l'état ou tout simplement aux parents de ces jeunes.Car finalement il est toujours plus simple de trouver un bouquet missaire alors que le vrai problème se pose en amont.L'état se décharge en quelque sorte de ces responsabilités alors qu'il suffirait dès le collège de faire de la prévention et parler des dangers de l'alcools aux jeunes, car à en croire les derniers statistiques, ce phénomène récent est loin d'étre combattu , bien au contraire. De ce fait , nous pouvons nous poser la question , qu'elle sera la nouvelle étape pour ces jeunes en mal de sensation forte et d'incertitude dans leur avenir?

De plus, nous pouvons nous poser la question sur le role des nouvelles technologie et surtout des réseaux sociaux sur ce phénomène , en effet , on peut constater que de nos jours, ces nouveaux outils de communications très utilisés chez les jeunes sont frequemment à l'origine de cette amplification , nous pouvons prendre l'exemple des aperos géants organisés par le réseau social Facebook, qui permettait de boire à outrance et librement , en toute convivialité dans un endroit choisi , cela ne peut qu'encourager les jeunes à consommer de plus en plus jeunes.

Dernier constat, nous remarquons que nous sommes dans une société mondialisée où la productivité et la compétition sont de rigueur. Aujourd'hui l'homme doit être performant, être le meilleur dans son domaine, il existe une pression constante dans le monde actuel , ceux sont les lois du marché du travail, toute personne est remplaçable , il faut toujours donner plus en termes de performance et de réussite, ce qui finalement entraine une hyperindividualité et ainsi mettent du même coup l'estime de soi sans cessse à l'épreuve. Dans ce phénomène d'alcoolisation , nous pouvons retrouver ces notions , il y a la quète de la domination , d'être le meilleur en buvant le plus. On retouve çela à travers ce phénomène une certaine compétition, d'ailleurs l'exemple des aperos géants le prouvent , puisqu'il s'agit d'être la ville qui réussira à réunir le plus de personnes dans un même lieux à boire.

Bibliographie

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Liens internet:

inpes.sante.fr

wikipedia.fr

lemonde.fr

ofdt.fr (enquête Escapad 2008)

attentionalcool.fr

Annexes






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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe