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Microfinance et problématique de réduction de la pauvreté au Bénin: expérience des femmes du programme de Micro Crédits aux Plus Pauvres(mcpp) dans la commune rurale d'Adjarra

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par Dègnon Benjamin GOGAN
Université d'Abomey-Calavi - Diplôme d'études approfondies en socio-anthropologie du développement 2012
  

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CHAPITRE II : CHAMP SCIENTIFIQUE ET FONDEMENT THEORIQUE

DE LA RECHERCHE

2.1- Champ scientifique de la recherche

Le présent travail de recherche qui est une étude de cas liée à un programme de développement, s'inscrit dans le champ scientifique de l'anthropologie de développement socio-économique. Il s'agit de l'étude scientifique de l'influence des réalités socioculturelles sur le développement des activités économiques dans un espace social traditionnel relativement réduit.

2.2- Fondement théorique de la recherche

Dans la littérature scientifique, nous nous sommes basé sur la synthèse des théories développées par des anthropologues comme Jean Pierre olivier de Sardan, Karl Polanyi, Marcel Mauss et Maurice Godelier.

En effet, Pour Olivier de Sardan(1995),« les processus et phénomènes sociaux associés à ce qu'on appelle, en référence aux pays du Sud, développement, politiques de développement, opérations de développement, dispositifs de développement, projets de développement, constituent un domaine de recherche à part entière pour l'anthropologie et la sociologie ».

« La socio-anthropologie est l'étude empirique multidimensionnelle de groupes sociaux contemporains et de leurs interactions, dans une perspective diachronique, et combinant l'analyse des pratiques et celle des représentations. La socio-anthropologie ainsi conçue se distingue de la sociologie quantitativiste à base d'enquêtes lourdes par questionnaires comme de l'ethnologie patrimonialiste focalisée sur l'informateur privilégié (de préférence grand initié). La socioanthropologie fusionne les traditions de la sociologie de terrain (école de Chicago) et de l'anthropologie de terrain (ethnographie) pour tenter une analyse intensive des dynamiques de

reproduction/transformation d'ensembles sociaux de nature
diverses, prenant en compte les comportements des acteurs,
comme les significations qu'ils accordent à leurs comportements
».
Par ailleurs, le « développement », dans une perspective
fondamentalement méthodologique, est « l'ensemble des processus
sociaux induits par des opérations volontaristes de transformation d'un
milieu social, entreprises par le biais d'institutions ou d'acteurs extérieurs
à ce milieu mais cherchant à mobiliser ce milieu, et reposant sur une
tentative de greffe de ressources et/ou techniques et/ou savoirs. Le
(( développement » n'est qu'une des formes du changement social et ne
peut être appréhendé isolément. L'analyse des actions de
développement et des réactions populaires à ces actions ne peut être
disjointe de l'étude des dynamiques locales, des processus endogènes,
ou des processus « informels » de changement. De même, la socio-
anthropologie du développement est indissociable de la socio-
anthropologie du changement social. Le développement en effet fait
intervenir de multiples acteurs sociaux, du côté des « groupes cibles »
comme du côté des institutions de développement. Leurs statuts
professionnels, leurs normes d'action, leurs compétences, leurs
ressources cognitives et symboliques, leurs stratégies diffèrent
considérablement. Le développement « sur le terrain », c'est la
résultante de ces multiples interactions, qu'aucun modèle économique
en laboratoire ne peut prévoir, mais dont la socio-anthropologie peut
tenter de décrire et interpréter les modalités. Cela implique un savoir-
faire qui ne s'improvise pas. La confrontation de logiques sociales
variées autour des projets de développement constitue un
phénomène social complexe, que les économistes, les agronomes
ou les « décideurs » ont tendance à ignorer
. Face aux écarts répétés
entre les conduites prévues et les conduites réelles, face aux dérives
que toute opération de développement subit du fait des réactions des

groupes-cibles, les « développeurs » tendent à recourir à de pseudonotions sociologiques ou anthropologiques qui relèvent plus de clichés et de stéréotypes que d'outils analytiques. (...)

Aussi l'analyse des pratiques sociales effectives dans un projet de développement mettra-t-elle l'accent sur le décalage inévitable, entre les divers « intérêts » et les « rationalités » qui régissent les agissements des opérateurs de développement, et les divers « intérêts » et « rationalités » qui règlent les réactions des populations concernées.

La socio-anthropologie du développement ne peut se décomposer en sous-disciplines : la transversalité de ses objets est indispensable à sa visée comparatiste. Une socio-anthropologie du changement social et du développement est à la fois une anthropologie politique, une sociologie des organisations, une anthropologie économique, une sociologie des réseaux, une anthropologie des représentations et systèmes de sens.

L'anthropologie du changement social et du développement se situe largement dans l'héritage de Polanyi en ce que celui-ci a particulièrement insisté sur la notion de l' « embeddedness », c'est à dire sur l' « enchâssement » de l'économie dans la vie sociale en général ».

En effet, très distingués notamment avec son ouvrage The Great Transformation( La Grande Transformation, 1944), Karl Polanyi décrit les rouages économiques des sociétés industrielles, depuis les prémices des révolutions industrielles anglo-saxonnes, en réaction au courant de l'école classique (Adam Smith, David Ricardo, Jean-Baptiste Say, ...). Polanyi renouvelle l'approche économique par une réflexion qui sera qualifiée de substantiviste, où il prône l'encastrement de l'économie dans la société.

C'est surtout dans la troisième partie du livre collectif Trade and market(1957) que transparait « la notion d'économie encastrée

(embedded, enmeshed, littéralement « prise au filet ») dans la structure sociale. L'anthropologie économique est alors définie comme une économie générale dont la science économique constituerait un département ; avec la typologie de l'intégration économique autour du don, de la redistribution, et de l'échange généralisé ou du marché gouverné par la formation de prix et qui prétend recouvrir la diversité des formes des économies à la surface du globe, dans le temps et l'espace. Par opposition à la définition de la science économique qualifiée de formelle et fondée sur la rareté et le choix entre des moyens alternatifs, les auteurs fondent l'anthropologie économique sur une définition de l'économie qu'ils appellent substantive ». Le don et la redistribution qui sont des réalités socioculturelles et anthropologiques ne sauraient donc être dissociés du système économique que Polanyi qualifie de substantive.

Or, la notion de <( don » fait appel à Marcel Mauss considéré comme l'un des pères de l'anthropologie qui n'a jamais publié d'ouvrage de synthèse de sa pensée mais plutôt un grand nombre d'articles dans différentes revues, en particulier dans la revue <( L'Année Sociologique ». Il est surtout connu pour un certain nombre de grandes théories, notamment celle du don et du contre-don à travers son Essai sur le don( 1925). Mauss s'est intéressé à la signification sociale du don dans les sociétés tribales. Le don <( oblige » celui qui reçoit et qui ne peut se libérer que par un <( contre-don ». Pour Mauss, le don est essentiel dans la société humaine et comporte trois phases : l'obligation de donner, l'obligation de recevoir et l'obligation de rendre. S'il prend les sociétés <( primitives » comme terrain d'étude, c'est moins parce que le primitif serait toujours aussi le simple et l'originel, que parce qu'il est difficile de rencontrer ailleurs une pratique du don et du contre-don <( plus nette, plus complète, plus consciente » c'est-à-dire comme un <( fait social total ».

En d'autres termes l'anthropologie économique américaine sous la houlette de Georges Dalton, a montré que la conception formaliste de l'économie c'est-à-dire de l'économie politique n'est pas recevable ailleurs que dans les sociétés capitalistes. En réaction, s'est développée une conception «substantiviste » de l'économie qui la définit comme l'ensemble des faits de production, de distribution et de consommation en les intégrant aux « facteurs extra-économiques » que la conception formaliste pensait nécessaire d'isoler. Le progrès a consisté à envisager tout phénomène de développement économique comme « fait social total » selon la notion de Mauss.

L'anthropologie de développement socio-économique se fonde alors sur la théorie substantiviste appropriée à la compréhension des réalités économiques des pays en développement, des sociétés paysannes récentes ou contemporaines parce que la vie sociale a une « substance » homogène où les aspects que nous appellerions économiques sont indissociables de tous les autres aspects. Dans ces sociétés, le choix et la quantité du travail fourni n'ont pas principalement et toujours pour but de réaliser un gain. Or pour les formalistes, les catégories et les lois de la science économique ont une valeur universelle, quel que soit le type de société. Partout, le problème économique consiste, pour l'homme confronté à une situation de rareté, à chercher par un calcul rationnel comment maximiser ses gains et minimiser ses pertes. Le but essentiel de toute activité économique serait de satisfaire des besoins au moindre coût, donc de faire un profit et de créer, si possible, des « surplus » propres à satisfaire d'autres besoins.

En somme, sur les questions de développement Maurice Godelier, l'un des pionniers de l'anthropologie économique en France résume dans son ouvrage Rationalité et irrationalité en Économie publié en 1966 que « substantivistes, marxistes et structuralistes

s'accordent à ne voir dans la notion d' « obstacles au développement » qu'une rationalisation intéressée des divergences entre la rationalité économique, supposée universelle, et les « rationalités sociales » particulières des sociétés et des cultures ». Par exemple dans `'l'énigme du don», Godelier(1997) affirme que « Dans une économie de marché, le crédit est d'abord utilisé pour le financement des entreprises et l'emprunt est utilisé dans des activités productives qui permettront de faire du profit et de rembourser le prêt et la charge d'intérêts. Ce n'est pas le cas chez les Kwakiutl [8]. De plus, dans une économie de marché, c'est le débiteur qui prend toujours l'initiative de la dette, alors que dans le potlatch [9], c'est le créditeur qui fait le premier pas en forçant son rival à accepter les dons. Et surtout, le principal motif du potlatch est la recherche du prestige honorifique, du statut politique et non l'accumulation de richesse matérielle ». Le fondement rationnel des obligations de don observées dans le potlatch se trouvent ainsi bien ancré dans des rapports sociaux.

[8] Kwakiutl : Populations de pêcheurs-chasseurs-collecteurs des côtes du xixe siècle du Pacifique depuis l'État de Washington jusqu'à l'Alaska

[9]

Le potlatch chez les populations de pêcheurs-chasseurs-collecteurs des côtes(Kwakiutl) du xixe siècle du Pacifique est « un rassemblement d'individus cérémonieusement et souvent personnellement invité pour être témoins de la démonstration de prérogatives familiales » selon Barnett H. G. (1938), The Nature of the Potlatch, in Amer. Anthrop., no 40

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe