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L'intégration républicaine à  l'épreuve du lien communautaire: l'exemple des migrants Chinois

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par Romain Hem-Reun
Institut régional du travail social Paris Parmentier - Diplôme d'état d'assistant de service social 2011
  

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2. L'intégration ? Quelle intégration ?

o) Le modèle d'intégration républicain

Le « le modèle républicain » de tolérance ou le modèle français de « nation citoyenne » a été élaboré entre autres par Dominique Schnapper. Il élabore l'idéal-type de l'intégration républicaine à la française qui repose sur les principes de séparation de la sphère publique et de la sphère privée, et de la primauté des droits individuels sur les droits collectifs. La différence culturelle est respectée tant qu'elle est pratiquée et manifestée dans la vie privée. C'est le fameux principe de « laïcité » qui ne privilégie aucune religion dans l'espace public pour assurer la liberté du culte dans l'espace privé. Le modèle républicain d'intégration fait abstraction de l'origine ethnique, culturelle ou religieuse de chacun. Schnapper s'inscrit dans la lignée de Durkheim insistant sur la fonction intégratrice de la société sur ses parties. Pour lui, « la spécificité de la Nation moderne consiste à intégrer toutes les populations en une communauté de citoyens et à légitimer l'action de l'Etat, qui est son instrument, par cette communauté24(*) ».

Dès lors, il n'y a pas de communautés dans l'espace public ; la République française intègre les individus, non les communautés. L'intégration démocratique est un processus ouvert supposant que les étrangers peuvent entrer dans l'espace national et dans la communauté politique. La diversité culturelle qui accompagne la présence d'immigrés récents n'est pas vouée à perdurer, ces derniers étant soumis à un processus d'acculturation : « L'identité nationale n'est pas un fait biologique mais politique, on est français par la pratique d'une langue, par l'apprentissage d'une culture, par la volonté de participer à la vie économique et politique25(*) ». Cette approche a été qualifiée de national-républicaine ou de primordialisme français parce qu'elle stigmatise toute expression identitaire publique des descendants d'immigrés. Elle s'inscrit fondamentalement dans la tradition assimilationniste.

Cette approche est actuellement en débat en France.

p) Le modèle d'intégration républicain en débat

Didier Lapeyronnie pense que la force intégrative de la société nationale s'épuise. La fragmentation culturelle produit une diversification des comportements et des normes et une extension des particularismes : « Les individus et les groupes sociaux sont de moins en moins identifiés par ce qu'ils font et les relations qu'ils entretiennent entre eux à travers les institutions, ils ont tendance à s'identifier par ce qu'ils sont, leurs héritages ou leurs cultures, et à les renforcer en se différenciant des autres groupes26(*) ». Dans la notion générique d'intégration, Lapeyronnie distingue deux éléments : la participation et l'intégration culturelle. La participation recouvre l'inclusion dans les champs économique, politique et national à partir des mobilisations des acteurs. L'intégration culturelle concerne davantage les enjeux des conflits culturels.

Khosrokhavar, dénonce lui, une dérive de la référence à l'universalisme : « Quand il n'en reste que l'abstraction, il devient un masque pour l'ethnocentrisme. Il contribue, par son refus de tout compromis avec l'idée même de communauté, à produire, en lieu et place de « communautés positives », des « néocommunautés déviantes » parmi les jeunes subissant des stigmatisations prolongées27(*) ».

La conception française de la nation inventée lors de la Révolution est une « conception Rousseauiste d'une démocratie unitaire, hostile au pluralisme (...). On continue à s'efforcer d'intégrer les populations d'origine étrangère par la citoyenneté individuelle, en refusant de reconnaître l'existence de communautés particulières dans l'espace public28(*) ».

Ces analyses ont permis de relativiser le « modèle français d'intégration ». Ces auteurs, malgré leurs différences, partagent le constat de l'affaiblissement de la force intégratrice des institutions nationales. De même ils reconnaissent que l'acquisition de la nationalité française ne constitue pas l'acte final de l'intégration.

L'absence de reconnaissance sociale des communautés et donc de la communauté chinoise par les pouvoirs publics français accentue la marginalisation des individus qui ne peuvent pas avoir un accès direct à la société française. Paradoxalement, cela tend à renforcer la dépendance des plus démunis vis-à-vis de cette communauté.

* 24 Schnapper Dominique, « La communauté des citoyens », Paris, Gallimard, 1994

* 25 Schnapper Dominique, « L'Europe des immigrés : essai sur les politiques d'immigration », Paris, Bourin, 1992

* 26 Lapeyronnie Didier, « L'individu et les minorités, PUF, Paris, 1993

* 27 Khosrokhavar F., « L'universel abstrait » in Wievorka M., « une société fragmentée ?», La Découverte, Paris, 1996

* 28 Schnapper, Dominique, « Qu'est ce que la citoyenneté », Paris Gallimard, 2000

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote