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L'intégration républicaine à  l'épreuve du lien communautaire: l'exemple des migrants Chinois

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par Romain Hem-Reun
Institut régional du travail social Paris Parmentier - Diplôme d'état d'assistant de service social 2011
  

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2. Typologie des parcours migratoires : 3 types

Si l'origine des migrants chinois est plurielle, il en est de même concernant leur parcours migratoires. Cette partie aura pour objectif de mettre en valeur certains témoignages sur la situation de chinois nouvellement arrivés en France et sans statut juridique. Il nous semble important d'accorder une place à ces témoignages car le parcours migratoire, nous le verrons occupe une certaine importance dans l'histoire des migrants et contribue aux développements de stratégies de survie communautaire.

La première étape du parcours migratoire est le trajet pour se rendre dans le pays de destination. La plupart des candidats à l'émigration rencontrent un recruteur/passeur par le biais de recommandations d'amis ou de la famille. Une préparation est souvent nécessaire selon le type de parcours. Il y a trois types de trajet qui se distinguent par leur niveau de dangerosité et donc de cherté.

d) La voie directe

Le premier type de trajet est la voie directe grâce à un visa de touriste ou de commerce. Etant le plus sûr, c'est ce type de trajet qui coûte le plus cher. Le passage se fait par l'intermédiaire d'une agence. Elle utilise un réseau de relations afin d'obtenir un visa, ce qui est souvent impossible si l'immigré fait la démarche par lui-même. Le danger encouru par l'intermédiaire est négligeable par rapport au type de passage décrit plus bas. Le prix de cette « prestation » est considéré, par les migrants empruntant cette voix, disproportionné par rapport à la nature du « service » rendu. C'est souvent le cas de passages directs en avion. Ce mode de migration est le plus souvent utilisé par les chinois du nord, les Dongbei, généralement plus riche que les Wenzhou en partant du pays.

e) La voie parachute

La voie dite « voie parachute » est ensuite la méthode la plus courante. Elle consiste à sortir de Chine avec un vrai passeport munis de sa propre photo et éventuellement de fausses cartes de séjour ou d'un passeport de l'espace Schengen. L'entrée en France peut alors se faire en possession de papiers. Les migrants avant d'entrer en France passent souvent par l'Italie (Prato est notamment une des premières destinations de choix pour les migrants chinois), Cette méthode inclut aussi également la possibilité de sortir de Chine avec un vrai passeport et sa propre photo, un visa de transit pour la France et, pour destination finale, un pays africain le plus souvent.

f) La voie « Pa Shan »

La dernière, appelé « pa shan » (littéralement « escalader la montagne »), est la plus dangereuse. Cette voie terrestre est d'une grande complexité et peut s'échelonner sur plusieurs mois : on y prend le train, la voiture, le bateau, la charrette, on marche, etc. Elle est souvent combinée avec la voie d'eau, où certains peuvent mourir en contractant des maladies, en se noyant ou en étant asphyxiés.

Il arrive que les migrants négocient avant leur départ une voie directe, ou « parachute », et qu'ils se retrouvent finalement à emprunter la voie « Pa shan ». C'est le cas de monsieur Y. dont le témoignage très précis se distingue des autres témoignages car ils ne savent même pas par quels pays ils sont passés, du fait du nombre des allers et retours au cours du trajet. Par ailleurs, comme souvent, arrivés à destination, les passeports sont confisqués par le passeur et ils ne peuvent pas consulter les visas tamponnés :

« Je suis arrivé en Europe en 1999. Le premier contact avec mon passeur s'est effectué par l'intermédiaire d'un ami en septembre 1998. Celui-ci a promis que le voyage se ferait en avion du Cambodge. Il s'est occupé de la partie chinoise de la route de Nanning à Fancheng (...). A Fancheng se trouvait un radeau à moteur (...). La traversée en radeau a duré quatre heures. Quand nous sommes arrivés de l'autre côté de la rive c'était le Vietnam. Nous avons attendus que la marée recule pour avancer à pied sur la plage. Un petit bus est arrivé avec quatre vietnamiens qui nous ont tout pris (manteaux, sacs, bijoux etc.). Ils nous ont ensuite conduits chez quelqu'un pour dormir. En pleine nuit quelqu'un est venu nous chercher les uns après les autres en moto. Sur la route le chauffeur de moto m'a précipité sous un pont en me forçant à rester à moitié dans l'eau. Des voitures sont passées. Le chauffeur m'a demandé de l'argent et m'a frappé de plus en plus fort jusqu'à que je lui en donne. Il m'a conduit ensuite dans la montagne. Le lendemain nous avons pris un bus local en direction de Saigon pour faire un changement en direction de Hanoï. Le trajet a duré 48 heures. Arrivés à destination nous avons à nouveau pris des motos pour nous rendre dans des montagnes couvertes de rizières inondées. En pleine nuit nous avons marché pieds nus au bord des champs. Plusieurs fois nous avons été frappés car nous n'allions pas assez vite ou glissions. Après quatre heures de marche, nous sommes arrivés à la frontière cambodgienne. Nous avons de nouveau emprunté une voie d'eau avec un radeau pour arriver dans un camp militaire. Par la suite nous sommes allés à Phnom Penh dans un bâtiment de trois étages où attendaient plusieurs immigrants illégaux. 100 personnes environ étaient là en transit. Certains attendaient depuis neuf mois. L'endroit était infesté de moustiques. Le portail du bâtiment était fermé à clefs et gardé par des gardiens cambodgiens. J'ai attendu dans cet endroit pendant quatre mois. Le passeur tâchait de trouver des passeports qui correspondaient à nos destinations et à nos profils (âge et sexe). Je me suis rendu compte que j'avais eu de la chance en écoutant des gens raconter des trajets plus difficile que ce que j'avais vécu5(*) »

Le parcours migratoire de Monsieur Y. a été motivé par le devoir de solidarité à l'égard de ses parents déjà installé.

Le lien filial, dans le processus de migration a une importance primordiale et influe sur la vie au sein de la société d'accueil. En effet, de par son caractère essentiellement familial, on constate non seulement l'installation régulière de nouveaux adultes sur le territoire français mais également l'arrivée, depuis les années quatre-vingt-dix, de mineurs venants seul ou pour rejoindre leurs parents déjà présent en France.

* 5 Gao Yun, Véronique Poisson, « Le trafic et l'exploitation des migrants chinois en France », BIT, 2005. Entretien mené par des enquêteurs pour Bureau International du Travail (BIT). Il nous a semblé essentiel de retranscrire une partie de ce témoignage car celui-ci illustre parfaitement les difficultés que peuvent rencontrer les migrants chinois avant d'arriver en Europe.

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