WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Etudes de la pierre de taille à  travers les temples commémoratifs d'Antananarivo: essai d'ethnologie des techniques

( Télécharger le fichier original )
par Haja Mampionona Hillarion RAJERISON
Université d'Antananarivo- FLSH- Etudes Culturelles- Madagascar - Maitrise 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II-1 LES PALLADIUMS ROYAUX

A l'origine les sampy étaient des talismans ody en forme de chapelet. Ils se portaient soient au cou soient aux membres ou en bandoulière 4.Cette dernière forme est faite exclusivement pour les guerriers qui partaient en expédition. Les sampy étaient donc aux débuts individuels. Chaque personne avait « quelque chose »qui la protégeait. Au fil du temps, surtout en Imerina, des amulettes considérées comme les plus importantes furent misent à part. La puissance de ces derniers n'était plus individuelle mais collective. En effet, cette puissance s'appliquait à un clan tout entier ou même à un peuple entier. Les fétiches devenaient des objets de véritable culte avec la montée au pouvoir d'Andrianampoinimerina au début du XIXe siècle et conservèrent leurs pouvoirs jusqu'au règne de Ranavalona II. Ces talismans se caractérisaient par des pouvoirs étendus et des efficacités multiples,

1 C'est visible dans un de nos proverbes « Aza ny lohasaha mangina no jerena fa Andriamanitra antampon'ny loha »

2 Madagascar et le christianisme HUBSCH (B.) éd. p 29

3 « Taboo » RUUD (J.), pp 77-110 « les animaux tabous », Imprimerie luthérienne 1970

4 Les sampy, idoles royales in Revue de Madagascar 2é trim. VALMY(R.)1956 p 56

« Ary izany Anakandriana izany tsy olona tsy biby fa zavatra tsy fantatra...ary lava-bato no itoerany ery Fandàna atsinanan'Ambohimanambola no itoerany...nandehanan'ny olona betsaka ka hataka sy vavaka ary hasim-bola no anaovana eo... » A l'origine du sampy, un être légendaire Ranakandriana in Tantara ny Andriana p 82.

Les sampy avaient les mêmes statuts que les dieux, des dieux visibles (tapakazo, fonosam-pasika, landihazo voadidina vakana atao anaty vata ...) Madagascar et la Christianisme HUBSCH (B.) éd, 1993 édition

Karthala/Ambozontany p 83.

des talismans polyvalents. Le roi et peuple entier accordaient à ces sampy des statuts de véritables dieux, on les abritait dans des cases spéciales. Leurs gardiens dit-on avaient des castes spéciales (qu'Andrianampoinimerina les avait conférés un statut).La transmission de cette tâche se fait de père en fils ainé et le gardien devait avoir les parents vivants. On les attribuait le nom de mpiandry sampy ou Mpanazary, et ils sont considérés comme des personnes que l'on ne peut condamner (tsy maty manota) quelque soit les fautes qu'ils avaient commises. Selon Valmy1, avant de partir en guerre ou en expédition, il y avait des invocations des sampy. Ce sont des rituels et cérémonies préliminaires qui consistaient à se « doper », à demander des forces pour être plus fort que l'adversaire. Pour que les pouvoirs de ces sampy aient les effets sur quelqu'un, des fady étaient strictement à respecter. Il y avait par exemple l'interdit du hena ratsy, viande de boeuf immolé lors des funérailles, pour tout les sampy.

Depuis les temps d'Andriamasinavalona, on attribuait des places fixes aux palladiums. Ces derniers étaient au nombre de douze2, comme les collines sacrées de l'Imerina (avec les douze femmes).Le chiffre « 12 » était symbolique et sacré, un chiffre royal. Ikelimalaza se trouvait à Ambohimanambola ; Ifaroratra à Alasora ; Ifantaka à Ambohitrandriananahary ; Ramahavaly à Andrarakasina ; Itsimanompolahy, Rahambana et Rafiringa à Alasora ; Izanaharitsimandry et Imanjaibola étaient également prisent par Andrianjaka comme royales. Andriatsitakatrandriana introduit Imaroakany ; Ratsimahalahy et Rabeaza par Andriatsimitoviaminandriana et Imanjakatsiroa par Andrianampoinimerina.3

Les sampy sont les protecteurs du royaume en Imerina. Ils avaient certains pouvoirs et occupèrent des places importantes dans la vie aussi bien de la royauté que du peuple. Ils sont tellement importants qu'avant chaque action à entreprendre, il fallait les invoquer et demander leur protection. Chaque sampy, avec ses pouvoirs étendus et efficaces avait leurs spécialités. On invoquait celui ci pour une telle raison, on invoquait tel autre pour telle autre...Les sampy royaux avaient également des hiérarchies selon leurs pouvoirs. Le souverain confiait aux sampy son royaume pour sa bonne marche. Les rois qui se succédèrent en Imerina avaient chacun leurs talismans depuis Ralambo jusqu'à Andrianampoinimerina. Ces sampy intervenaient dans tous les aspects de la vie. Ils avaient des

1 Les sampy, idoles royales in Revue de Madagascar 2é trim 1956 p 56

2 Tantara ny Andriana eto Madagascar 2é edition tome I 1981 RP CALLET

Tantaran'i Madagasikara isam-paritra » RANDRIAMAMONJY (F.) p 424

Une autre version dans le livre revue de Madagascar 1956, dans l'article de VALMY (R.) intitulé Les sampy, sampy royales pp 56-64 affirme qu'il y avait 12 sampy royales. Parmi eux, 06 seulement avaient autrefois acquis une grande Célébrité. Rakelimalaza à Ambohimanambola ; Manjakatsiroa à Ambohimanga ; Ramahavaly à Amboantany ; Rabezaha à Manankasina ; Rafantaka à Ambohimanga et Ratsimalahady à Ambohitrolomahitsy.

interventions dans la politique, sur le plan militaire (« avia sampy manatona ahy ; hamoriako tany sy fanjakana »hoy Andrianampoinimerina)1.

Chaque sampy avait certes de pouvoirs. Le peuple et le roi accordaient leurs confiances. Pour que les demandes aient une réponse favorable et que la société en bonne marche, il fallait respecter les interdits fady de chaque talisman.

II-2 LES Fady D'IKELIMALAZA

Les palladiums étaient d'origine populaire. Rakoto (I.)2 précise même qu'ils les étaient durant la période d'extension et d'unification du royaume en Imerina du XVIII et XIXe siècle. Ils furent confisqués par la royauté sous la forme de sampimasina, pour devenir un élément important de l'appareil de l'Etat et dans son fonctionnement.

D'après ce que nous avons parlé précédemment, parmi les sampy, il y avait ceux qui acquéraient des célébrités et des renommés très importants. Ikelimalaza(ou Rakelimalaza), « le petit célèbre » était parmi eux. Ce sampy, considéré comme le dieu des sampy, venait du Betsileo3.Il appartenait à Ikalabe et au début il n'était qu'un simple talisman protecteur des rizières. Ikelimalaza est considéré comme le plus ancien des sampy. En effet, on dit qu'il remontait au roi Ralambo4 et qu'il avait occupé la première place et avait le droit au parasol rouge et au Hoby, une acclamation particulière. Il résidait à Ambohimanambola ensuite, au rova avec une case spéciale construite à droite du portique d'entrée donnant accès à la cours. Il avait une grande importance parce que c'était grâce à lui qui Ralambo, Andrianjaka et d'autres rois avaient pu régner5.

Les sampy étaient des objets de cultes et de cérémonies pendant les royautés. Le roi ainsi que tout le peuple entier s'adressaient à eux pour des demandes des bénédictions. Aux temps d'Andriambelomasina, les offrandes étaient des Malaza6 et des vola tsy vaky (monnaie de ces époques). Pour que ces demandes aient un résultat satisfaisant et que les sampy agissaient vraiment des fady

1 Tantara ny andriana eto Madagascar, p227 cité par RAKOTO (I.), RAMIANDRASOA (F.), RAZOHARINORO in Corpus d'histoire du droit et des institutions fiche 12 : NY SAMPY, E.S.S DEGS juin 1975 Université de Madagascar

2 In Corpus du droit et des institutions fiche 12

3 Les sampy, idoles royales in revue de Madagascar 2é trim 1956

DOMENICHINI (J.P) affirme dans Les dieux aux services des rois « Ny Sampin'andriana » pp 62-126 que c'était au sud de l'Ikongo que ce sampy a été ramené

4 « [...] fiarovana amin'ny aretina sy fitondra-manafika Ikelimalaza.ka izy no sampy nitokisan-dRalambo sy Andrianjaka ka hatramin'ny Ranavalona [...] » in Tantaran'ny Malagasy manontolo RAINITOVO

5 Tantara ny Andriana Tome I 2é edition 1981

6 Les Malaza était des boeufs appelés Omby Jaka destinés à la royauté in Les dieux au service des rois (Histoire des sampin'andriana) DOMENICHINI (J.P.) pp 62-126

étaient à respecter. Ikelimalaza interdisait des animaux tels que le cochon, le cheval, le chat, l'escargot... ; des objets européens. Les européens ne pouvaient entrer dans le village où il se trouvait1.Il y avait également des jours autorisés « andro velona »2 pour les offrandes et demander les bénédictions.

Ikelimaza interdisait également certaines constructions. Considérées comme une matière sans vie et inerte, la pierre était formellement prohibée pour la construction de maisons. Jusqu'en 1869, personne n'avait l'autorisation la pierre3 dans la construction car elle figurait parmi les fady (tabou ou interdits) d'Ikelimalaza. Cette matière était destinée exclusivement pour la construction de tombeaux et de sépultures et pour autres monuments funéraires. L'interdiction s'applique dans toute la cité. Même le transport des matériaux avaient des hiérarchies selon le type de construction. Pour une habitation, il faut tout d'abord transporter les bois, les briques et les autres matériaux. La pierre était la dernière matière à transporter sur le sentier (certaines personnes conservent cette coutume jusqu'au nous jours). Contrairement à cette première construction, la matière pierre était transportée avant les autres sur le lieu à bâtir pour la construction de tombeau. Les sampy royales d'un autre coté n'aimaient pas des matières mortes comme la pierre. A l'intérieur de la vieille ville, on ne pouvait mettre ensemble des constructions en pierre et le sampy, protecteurs de la cité.

La pierre était donc jusqu'alors considérée comme une matière morte, froide et inerte ne pouvait être la matière première pour la construction des habitations des vivants. En effet, étant donné que la société traditionnelle malgache était fondée sur le culte des ancêtres, la pierre était réservée exclusivement pour les demeures et commémorations des morts, de ceux qui ne bougeaient plus c'est à dire des caveaux. « Mivoaka amin'ny varavaran-kazo, miditra amin'ny varavaram-bato » (litt. Sortir du porte en bois ; entrer par la porte en pierre), un proverbe qui montre vraiment que les deux états d'un être sont séparés. Encore en vie, celui ci demeure dans une maison faite de matière vivante (le bois pour la porte).Mort, il doit le quitter pour se reposer dans un git sans vie (porte en pierre).Il est à noter que c'était sous le règne du grand roi Andrianampoinimerina que la loi interdisant toutes constructions avec le matériau pierre était vraiment en vigueur. Dans ses travaux de recherche, Delahaigue-Peux4 affirme que « [...] les obligations de la ville à construire uniquement en bois date d'Andrianampoinimerina [...] ». Liée à une interdiction aux temps des rois de l'Imerina, la pierre était surtout utilisée pour les cultes des morts. Celle-ci a été utilisée essentiellement et uniquement pour la

1 Les sampy, sampy royales in revue de Madagascar 1956 VALMY(R.) pp56-64

2 Les jours autorisés étaient le lundi-mercredi-jeudi-dimanche (andro fanetsehana azy) in Tantara ny andriana eto Madagascar Tome I 2é édition 1981 R P CALLET

3 Transformation de l'architecture funéraire en Imerina 1971 LEBRAS (J.F.)-Histoire de Madagascar BASTIAN (G.) et GROISON (H.), Paris 1967

4 « Manjakamiadana ou le palais de la reine » 1996 p 14

construction des tombeaux. Comment était donc l'aspect de la cité des mille à ces époques ?, quels étaient les matériaux de construction ? Telles sont les questions que nous tenterons d'élucider dans les prochains paragraphes.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci