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La place de l'hospitalité dans une prestation touristique sur mesure

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par Aureliana Paula Florencio
Nouvelle Sorbonne - Master 2 2012
  

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2.4.2 Une expérience significative à la Favela de Rocinha

Malgré la controverse que peut susciter le tourisme des favelas, c'est un sujet qui illustre assez bien le concept d'expérience significative autour de l'hospitalité. L'objectif n'est donc pas de savoir si c'est bien ou mal, mais d'en tirer des enseignements s'agissant d'un tourisme d'expérience et de l'hospitalité.

Le tourisme des bidonvilles dans les villages autochtones, la participation et la mise en oeuvre de travaux d'intérêts généraux sont des exemples de voyages qui peuvent introduire le voyageur aux réalités locales les plus traditionnelles.

Rocinha est la plus grande favela du Brésil. C'est un gigantesque bidonville construit à flanc de colline. Sa population actuelle est d'environ 150.000 habitants. Située au sud de Rio de Janeiro, entre les quartiers de Gavea et São Conrado, sa proximité avec des maisons

63 Op. cit.

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luxueuses offre un contraste frappant dans le paysage urbain de la région. Aujourd'hui, la favela de Rocinha reçoit à elle seule environ 3.500 touristes par mois, selon le magasine Veja64. Les clients sont quasi exclusivement des étrangers. Les autres favelas sont également le cadre d'un développement tout aussi important de leurs visites par des touristes étrangers. Comment expliquer ces chiffres en forte croissance?

Tout d'abord, de nombreux produits médiatiques créent pour les touristes des images et des attentes vis-à-vis de la culture brésilienne. La violence fait aussi partie intégrante de l'image du pays à l'étranger. Que ce soit à Paris, Londres, Miami, São Paulo, ou Glasgow, le restaurant du nom de « Favela Chic » sert de la cuisine brésilienne. « Ce n'est plus honteux de parler de favelas. L'intention est de montrer que la favela a de la valeur, de la dignité. Favela est luxe, favela est chic »65

La favela est vue comme un territoire de violence et, en même temps, un lieu de solidarité et d'authenticité préservées. Toutes ces images qui relèvent parfois du cliché et du rêve font que la favela est « vendue » en tant que destination touristique « alternative ».

Pendant la visite, les visiteurs apprennent l'histoire et la vie quotidienne dans la favela, parlent avec la communauté, visitent les principaux points comme la rue 1, où se trouve la plus grande concentration de commerces de Rocinha. Ils peuvent y acheter de l'artisanat produit par la population : t-shirts, peintures, sculptures et autres articles manufacturés. À coté des attractions touristiques, les visiteurs peuvent découvrir des projets sociaux au sein de la communauté.

Le tourisme dans les favelas en tant qu'activité éducative et de divertissement soulève d'importantes questions morales et éthiques concernant la nature du regard touristique. En général, les touristes sont à la recherche d'expériences de plus en plus inhabituelles, interactives, des destinations aventureuses et authentiques.

Chaque voyageur peut être accusé de faire quelque chose de mauvais goût, de participer à un « zoo des pauvres » quand il visite un quartier défavorable. Pourtant, selon les recherches de Freire-Medeiros (2009), il n'y avait personne qui n'ait été satisfait par la

64 Source : http://veja.abril.com.br/noticia/brasil/turismo-favela-violencia-atrai-visitantes.

65 L'un des associés du restaurant Favela Chic à Paris.

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visite dans la Favela de Rio de Janeiro. Pour les visiteurs, ce fut une expérience puissante, capable de révéler la ville et de rendre le pays intelligible.

Bien qu'il y ait aussi des dilemmes éthiques autour du tourisme dans les favelas brésiliennes, aucun acteur impliqué n'évalue cette action comme immorale. Sur la plupart des visites, il n'y a vraiment rien qui menace la dignité des habitants des favelas. Au contraire, comme les locaux sont ouverts à cette pratique, grâce à l'hospitalité de la favela, il est possible d'avoir un échange avec la communauté.

Selon Barreto, dans son ouvrage « O imprescind'vel aporte das ciências humanas para o planejamento e a comprenso do turismo »66, il est indispensable d'évaluer les limites de la démarche touristique. Il doit y avoir une négociation entre les acteurs du tourisme et les communautés locales afin que tous en profitent. La justification majeure est que le tourisme apporte des bénéfices économiques à la communauté. Pourtant, l'avantage économique n'est pas la priorité des résidents. Selon eux, le tourisme est une occasion pour construire une représentation différente de la favela. Une image positive.

Selon la recherche de Freire-Medeiros (2009), parmi les 178 habitants de la favela interrogés, 84% sont en faveur de la visite des favelas. Si d'un côté, les habitants s'amusent de la présence des étrangers, de l'autre, le tourisme aide aussi à augmenter l'estime du lieu et la communauté y voit des possibilités d'intégration. Les habitants de la favela sont favorables à l'initiative, parce que finalement de gens s'intéressent à eux. On y voit là le concept d'hospitalité sociale qui consiste à être fier de son lieu de vie au point d'en faire la promotion.

Les résidents aiment la présence des touristes, car ils obtiennent plus d'attention des touristes étrangers que des Brésiliens. Selon Zweig:

« Les Brésiliens n'aiment pas qu'on parle de favelas, car ils leur apparaissent comme des verrues, au point de vue sociale hygiénique, au milieu d'une ville qui brille de propreté. ». (1998 : 216)

L'idée que l'histoire du Brésil est expliquée par la favela provoque un inconfort chez les Brésiliens. L'image internationale du pays est maintenant centrée sur le football, le

66 Op.cit.

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carnaval et les favelas (plus spontanément citées que, par exemple, les plages, pourtant exceptionnelles au Brésil).

Pour Viard « Une des grandes questions actuelles des vacances et du tourisme est de savoir redonner du sens à une pratique qui a trop été perçue comme un pur produit. ». (2000 : 113).

La favela est un territoire autonome, où les gens restent unis en opposition à la société jugée égoïste qui les entoure. Il est temps de reconnaître la favela comme porteur d'une culture unique et d'investir pour transformer l'expérience touristique en quelque chose de réjouissant, encourageant l'interaction entre les visiteurs et les visités, l'apprentissage sur l'histoire locale, un voyage d'expérience dont tout le monde tirera bénéfice.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry