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La gestion par objectifs en matière budgétaire: L'expérience tunisienne

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par Siwar Cherif
Faculté des Sciences Juridiques Politiques et Sociales de Tunis  - Mastère de recherche en droit public  2012
  

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Section2. Un Contrôle de gestion propice à une gestion axée sur les résultats :

Le contrôle de gestion est « ...un dispositif qui vise à alimenter et objectiver le dialogue de gestion entre les différents niveaux d'une administration, en apportant les outils de connaissance des coûts, des activités et des résultats permettant d'améliorer le rapport entre les moyens engagés et les résultats obtenus ». Le rapport entre contrôle de gestion et dialogue de gestion sont donc très étroit.

Le contrôle de gestion permet d'aider les responsables d'administration à piloter les programmes publics déjà tracés,

Au surplus, « Le pilotage des administrations(...) nécessite (...), la compréhension synthétique de la performance de chaque secteur sous ces différents aspect et pour l'ensemble des activités »87

En effet, le contrôle de gestion est un outil de pilotage qui s'insère dans le cadre de revalorisation des méthodes de la gestion publique. La Tunisie a connu déjà des avancées importantes au niveau du pilotage de la réforme (§1er). Néanmoins, des contraintes se présentent face à la réforme souhaitée, entravent la phase d'expérimentation de la GBO sur le terrain de l'exécution budgétaire (§2ème).

Paragraphe première/- Les avancées réalisés au niveau du pilotage de la réforme :

87 Abate (B), La nouvelle gestion publique, édition LGDJ, France. 2000. P.55.

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Les structures de pilotage de la GBO se manifestent à travers l'institution du comité de pilotage interministériel, le "Comité ministériel pour la coordination et la conduite du projet de réforme de la gestion du budget de l'Etat par objectifs". Ce comité, crée par le décret N° 2007-893 du 10 avril 2007 est présidé par le Premier ministre. Douze ministres et le secrétaire général du gouvernement en sont membres ;

Le pilotage de la réforme a été renforcé par la mise en place des unités de gestion par objectifs ces unités peuvent être créées par décret sur proposition du ministre concerné après avis du ministre de finances.

La distinction doit être claire entre l'unité `centrale' de gestion par objectifs chargée de la coordination de la réforme. Cette unité est rattachée au ministère des finances Elle devra être chargée du secrétariat du comité de suivi et d'évaluation et du groupe interministériel de pilotage. Elle aura, entre autres, pour tâche de:

- Produire les documents de support (notes méthodologiques, directives, instructions, etc.) nécessaires aux travaux d'expérimentation de la réforme.

- Produire des documents d'information à 1'intention des ministères sectoriels et d'autres instances gouvernementales sur la réforme budgétaire.

- Apporter assistance et conseil aux unités de gestion par objectifs des ministères.

- Gérer les assistances techniques appuyant la mise en place de la GBO (préparation des termes de référence, choix des intervenants selon les procédures en vigueur, supervision des contrats, etc.).

- Coordonner les activités des groupes de travail.

Et `Les unités de gestion par objectifs (UGBO) des ministères'. Ces unités sont en cours de mise en place dans les ministères pilotes. Il est prévu qu'elles soient directement rattachées auprès du ministre concerné. Il sera nécessaire qu'au moins deux cadres travaillent à temps plein pour ces unités. Les effectifs de ces unités seront ensuite renforcés, notamment en leur adjoignant des cadres formés au contrôle de gestion. Les unités GBO seront mises en place dans les autres ministères en fonction du rythme de généralisation de la GBO88.

Par ailleurs, il y a les unités de projet par objectifs prenons a titre indicative l'exemple du Décret n° 2006-1433 du 22 mai 2006, modifiant le décret n° 2004-1107 du 17 mai 2004 portant création d'une unité de gestion par objectifs pour la réalisation du projet de mise à niveau des circuits de distribution des produits agricoles et de la pêche et fixant son organisation et les modalités de son fonctionnement, ainsi que le décret no 2013-2896 du 10/07/2013 portant modification du décret n° 2001-2795 du 6 décembre 2001, portant création d'une unité de gestion par objectifs pour la réalisation du projet de développement agricole intégré du bassin minier du gouvernorat de Gafsa et fixant son organisation et les modalités de son fonctionnement etc.

Les ministères pilotes concernés par la GBO ont pratiquement suivie la même démarche consiste à choisir des programmes publics, fixer des objectifs liés à ces programmes, designer les responsables des programmes publics et établir des indicateurs de performance permettant de mesurer la réalisation des objectifs assignées. Cette démarché s'insère dans l'optique de rationaliser les choix publics afin d'accroître l'efficacité de l'action publique.

88 Schéma directeur pour le développement d'une gestion budgétaire par objectifs en Tunisie, Banque mondiale Mars2009. Tunisie. P.55.

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Prenons ainsi l'exemple, du ministère de l'enseignement supérieur et la recherche scientifique concernant le programme public orienté aux universités dans le but de promouvoir la qualité de l'enseignement supérieur dont, le ministère a fixé un ensemble des objectifs généraux ; Contribuer au développement de l'économie du savoir, développer la compétitivité du système productif et l'innovation et de la recherche et des objectifs spécifiques consistent a assurer une prestation d'enseignement supérieur à tous les bacheliers, améliorer le rendement interne des établissements de l'enseignement supérieur, promouvoir la production scientifique, développer l'innovation pédagogique, favoriser l'insertion dans l'environnement et développer l'employabilité et la création des entreprises

Tous ces objectifs sont liés par un tableau de bord comportant ; le taux d'inscription dans l'enseignement supérieur, la proportion de la population active disposant de formation supérieure, le nombre de places offertes par filière, le nombre d'enseignants par spécialité, le coût du diplômé, le taux de passage, de redoublement et d'abandon par niveau et par filière, le nombre d'enseignants ayant eu une formation pédagogique par spécialité, etc89.

Du même, le ministre de l'agriculture a mis en place un budget de programmes. Selon le bilan économique de l'agriculture et de la pèche pour 2013, les programmes publics amenées par ce ministère s'intègre dans l'objectif de ;

- Soutenir les efforts pour parvenir à la sécurité alimentaire

- Renforcer la compétitivité et la promotion des exportations - Serrer l'exploitation des ressources naturelles

Il convient de souligner que, c'est seulement les ministères pilotes de la première vague (Ministère de l'agriculture, ministère de l'enseignement supérieur et la recherche scientifique, ministère de l'emploi et la formation, ministère de l'éducation et ministère de la santé publique) et la deuxième vague ((Ministère des finances. Ministère de l'industrie Ministère de l'équipement. Ministère du transport) sont parvenus à présenter leurs budgets sous forme GBO avec des projets de performance et leurs cadres de dépenses à moyen terme correspondants. (Ministère des finances. Ministère de l'industrie Ministère de l'équipement. Ministère du transport).

Les UGBO reflètent l'insertion de la nouvelle logique de GPO et sa substitution à l'ancien budget de moyens, au niveau de l'échelle national.

Faut-il amplifier une logique de centralisation ou décentralisation pour implanter la GBO au sein de l'administration ?

L'enjeu de la question est fondé car, il relève de la pratique qu'il existe deux manières d'élaborer et de communiquer des objectifs ;

« La première est la gestion de direction, les cadres supérieurs se chargeant alors, d'établir tous les objectifs pour ensuite, le faire connaître aux gestionnaires de l'échelon intermédiaire

89 V/ Appui analytique du développement du budget par objectifs, analyse du cadre conceptuel des budgets par objectifs, Banque internationale pour la reconstruction et le développement région Moyen-Orient Afrique du nord département du développement économique et social Juillet 2005.P.87.

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qui les transmettent à leur tour aux cadres inférieurs. La communication s'effectue donc, à sens unique. Du haut vers le bas. La seconde manière de procéder consiste à faire participer les gestionnaires des nouveaux intermédiaire et inférieur à la détermination des objectifs et jouer un rôle actif lors de la discussion, de la révision et de l'approbation de tous les objectifs »90.

Il nous paraît que, la seconde démarche est plus favorable à la logique de la GBO puisque, elle assure une communication continue du département vers sa haute hiérarchie, c'est la méthode qui convient plus à la logique de la nouvelle gestion publique qui est une méthode interactive.

Les UGBO entraînent la réorganisation des structures étatiques, tant que la GBO repose sur un engagement des différents acteurs en scène en vue de réaliser les objectifs escomptés. Ainsi, nous remarquons un va- et- vient successive entre les divers ministres ; le ministre de finances, le première ministre et le ministre concerné des projets des unités en se référant ainsi à l'article 3 du décret n°96-1236, portant création des unités de gestion par objectifs qui dispose qu':

«Une commission créée au sein du ministère concerné est chargée d'examiner toutes les questions relatives au suivi et à l'évaluation des missions confiées aux unités de gestion par objectifs ».

La Commission de suivi et d'évaluation des missions dévolues à l'unité de gestion par objectifs. Elle a été crée par arrêté du Premier ministre du 27 février 2007. Elle est présidée par le ministre des finances ou son représentant. Elle comprend deux représentants du premier ministère, quatre représentants du ministère des finances, un représentant du ministère du développement et de la coopération internationale et un représentant de la Cour des comptes.

Cette commission est appelée à jouer un rôle essentiel dans le suivi technique de la réforme. Elle devrait se réunir au moins trimestriellement, afin de faire des recommandations au Comite de pilotage interministériel sur tous les aspects de la reforme budgétaire.

La nouvelle gestion publique exige un savoir faire et une compétence pour mener à bien le pilotage du projet de la réforme engagé. Toutefois, des obstacles et les limites rencontrés au niveau du cadre budgétaire et administrative entravant l'expérimentation de la GBO sur le terrain.

Deuxième Paragraphe/- l'expérimentation entravée de la gestion budgétaire par objectifs sur le terrain de l'exécution budgétaire :

La mise en oeuvre de la GBO sur le terrain de l'exécution budgétaire affronte plusieurs difficultés : une difficulté au niveau de l'adaptation des textes juridiques, mais aussi au niveau du contexte ;

L'inadaptation du cadre juridique revient à la lenteur au niveau de la progression de la réforme entre les ministères pilotes tant en ce qui concerne la présentation par programmes,

90 EL BOGHADI (M. Jamel), les apports de la nouvelle loi organique du budget, mémoire pour l'obtention du mastère en droit public et financier, Faculté des Sciences Juridiques Politiques et Sociales Tunis2. 2006. P.31.

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ainsi que, l'appropriation des concepts, des instruments et des méthodes de la GBO, et un cadre de gestion budgétaire traditionnel.

Compte tenu de ce décalage grandissant, il devient indispensable de permettre aux ministères pilotes de passer à une nouvelle étape de la réforme sur le terrain de la gestion sans attendre une révision complète du cadre législatif et réglementaire. Il s'agit en effet, de répondre à l'attente des responsables et gestionnaires de programmes qui se sont fortement investis dans la démarche de réforme en permettant ainsi, de les responsabiliser et de continuer à les motiver91 .

Dans ce même sens, il convient de relever la réforme inachevée de la nomenclature budgétaire qui a eu lieu, en effet, le législateur tunisien a introduit une nouvelle architecture budgétaire sans l'avoir accompagnée d'une adaptation nécessaire à la nouvelle gestion publique.

« La LOB continue à se référer au chapitre budgétaire comme cadre unique de virement et de transfert des crédits (article 35 et 36 de la LOB). Surgit alors, à nouveau le problème de la combinaison entre deux nomenclatures financièrement distinctes »92.

Présenté par chapitre, la nomenclature budgétaire actuelle ne décrit pas l'action

gouvernementale. Mais, une suite de masses financières regroupées par nature sur lesquelles des votes sont émis93.

L'inadaptation se manifeste au niveau du contrôle exercé dans le cadre des unités de gestion par objectifs ce contrôle qualifié par Kamel Ben Messaoud d'un contrôle « mal agencé »94

Cette qualification se justifie par la prolifération inutile du nombre des commissions de suivi et d'évaluation des UGBO au sein du même ministère et pour le même secteur qui ne fait qu'instaurer un cadre rigide et lourd par conséquent, une lenteur au niveau de l'accomplissement des tâches confiées à ces unités.

Par ailleurs, l'article 5 du décret de 1996 portant création des UGBO dispose que « le ministre concerné soumet un rapport annuel au premier ministre sur l'activité des unités de gestion par objectifs relavant de son autorité, notamment, en ce qui concerne les ressources et les résultats réalisés par rapport aux objectifs fixés »

Ce procédé aurait été plus utile s'il était institué entre le directeur de l'UGBO et son ministre, ce dernier serait tenu informé du rythme d'avancement dans la réalisation des difficultés rencontrées de les cerner, d'en rechercher l'origine et d'y faire face grâce aux pouvoirs reconnus à chaque ministre.

91 Bouvier (M) et Esclassan (M-Ch), Rapport intitulé « Nouvelle gouvernance financière publique et réforme des dispositifs de contrôle dans le cadre de la GBO en Tunisie », 23 mai 2011. P.12.

92 Ajroud (J), Op, cit P.99.

93 Mehrez (W), « L'évaluation de la gestion budgétaire », Mémoire pour l'obtention d'un diplôme de mastère

en droit public, Faculté de droit et des sciences économiques et politiques de Sousse. Tunisie, 2010-2011. P.59.

94 Ben Messaoud (K), « Les unités de gestion par objectifs », Actualités Juridiques Tunisiennes, N°20-2007. P.28.

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Sur un autre plan, le système comptable, instrument nécessaire du contrôle de gestion à besoin d'une réforme et une révision pour l'aligner aux standards internationaux en la matière pour répondre aux exigences de la nouvelle gestion publique ;

En vertu des articles 5-1, article 68 alinéa 2 et l'article 196 de la loi n°73-81 du 31 décembre 1973, portant promulgation du code de la comptabilité publique les opérations financières effectuées par les comptables publics sont soumis au système de la comptabilité à partie double ou dite comptabilité patrimoniale. Néanmoins, le système de la comptabilité à partie double n'a reçu aucune application.

Quelle sont les fondements d'une comptabilité a partie simple et à partie double ?

En effet, dans la comptabilité en partie simple « chaque phénomène...est observé d'un seul point de vue ; il n'est donc, saisi qu'une seule fois, dans un seul compte.

La procédure a l'avantage de la simplicité, mais elle donne une description pauvre et entraîne une perte d'information.

La méthode comporte une part d'arbitraire et s'harmonise mal avec l'emploi de compte à deux colonnes pour décrire un même événement, on peut hésiter soit à le noter sur un autre compte, qui devra être crédité. Il faut donc, une règle pour décider du choix, entre plusieurs possibles, de l'unique compte qui sera utilisé et par conséquent du signe de l'écriture qui y sera portée....(page79) Il n'y a pas de liaison entre les différents comptes, donc, pas de système général d'information de l'entreprise ... »

Pour ce qui est de la comptabilité en partie double « C'est une variété particulière de comptabilité en partie multiple. Elle consiste à décrire chaque événement à la fois de deux points de vue différents en le faisant entrer dans deux classifications différentes, c'est-à-dire en le notant simultanément sur deux comptes différents. On a ainsi une description plus riche qu'avec la partie simple (deux points de vue au lieu d'un seul) plus facile qu'avec la partie multiple (quand le nombre de comptes utilisés à la fois est supérieur à deux) »95

Autrement dit, la comptabilité a partie double se base sur la correspondance entre des ressources et leur emploi entre une origine et sa destination par contre la comptabilité à partie simple se fonde sur la seule distinction des recettes et des dépenses et la détermination d'un solde entre le total des dépenses et le total des recettes.

Le système comptable tunisien est dominé par la logique de légalité budgétaire par la conformité des opérations budgétaire à l'autorisation budgétaire alors qu'actuellement, on trouve de nouvelles exigences liées à l'efficacité et l'efficience de la gestion administrative à laquelle le système comptable doit faire satisfaction.

Instaurer une logique de résultats au niveau du système de la comptabilité publique suppose que les dispositions susvisées entrent en pratique c'est par cette façon que l'on pourra

95 Lassègue (P), Lexique de comptabilité, 3éme édition Dalloz, Collection Sirey. France.1993. P.76-79.

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améliorer la gestion administrative par une information financière fiable pivot d'une bonne décision financière.

La GBO exige une culture administrative centrée sur la performance et tournée vers la logique des résultats. Néanmoins, la culture administrative actuelle dominée encore par la rigueur, la routine la paperasse et la bureaucratie. Tandis que, l'implantation de la nouvelle gestion publique exige une rupture a la gestion classique qui est en train de se réaliser progressivement au sein de l'administration tunisienne.

Pour insérer à l'esprit des fonctionnaires la culture de performance dans la réalisation des objectifs assignés, une étape de formation du nouveau processus semble être indispensable c'est suite à cette réflexion que le décret du 24 novembre 2003 a accordé à l'unité chargée de la mise e place de la GBO la mission de « concevoir un programme de formation des cadres dans le domaine de la gestion budgétaire par objectifs »96. L'Ecole Nationale d'Administration ainsi que l'école nationale des finances ont inséré la GPO dans son cursus de formation.97

Selon le professeur Guy DESAUNAY « la gestion est encore un art, et les techniques de gestion ne peuvent être utilisés pour atteindre leur pleine efficacité que par des individus qui possèdent les structures mentales adéquats qui font vivre ces technique »98.

La réflexion de la nouvelle gestion publique doit être conduite sur la base d'une nouvelle culture administrative fondée sur la performance. Mais, également sur un diagnostic approfondi des systèmes de contrôles, éléments indispensables pour évaluer les politiques publiques mises en oeuvre.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon