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Les mutations de l'industrie musicale

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par Léa SCHALLER
ISCOM Paris - Master 1 Communication REP 2015
  

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4. Un nouveau mode de fonctionnement

Les causes de la mutation du secteur a pour conséquences la recherche de nouveaux financements et le repositionnement du live au centre de l'économie. Un phénomène de concentration des activités s'observe notamment au travers le rapprochement des labels et des producteurs avec des salles de spectacles. Deux modèles sont à l'origine de ces stratégies : le 360° artiste qui consiste à développer un maximum de contenus autour de l'artiste, et le 360° consommateur qui vise à exploiter l'ensemble des activités en relation avec le fait de se rendre à un concert. Une enquête37 sur la situation des labels en 2011 prouve la multi-activité des entreprises : 6% des labels ne sont que producteurs, 23% ont une activité complémentaire et 44% accumulent au moins quatre activités. Les plus courantes sont l'édition (66%), le spectacle (46%), le management (36%), l'enregistrement (31%), la distribution (24%) et le pressage (8%).

36 Conférence MaMa, « Quand les labels se font prestataires », 2014.

37 Mila, « Enquête Mila sur les labels », mars à juin 2011.

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C'est en 2008 que les tours supports ont disparu totalement, traduisant l'impact des changements. Les maisons de disques apportaient une aide financière aux tournées et à présent, la relation s'est inversée : les producteurs de spectacles sont devenus les principaux découvreurs de talents et les investissements en matière de promotion se sont renforcés. La scène est devenue la principale source de revenus des artistes. En 2006, on comptait 35.238 représentations contre 55.608 en 2012 soit une augmentation de 58% en seulement cinq ans.38 Les billetteries ont pris encore plus de valeur et attirent d'autres acteurs de la filière, ce qui accentue la concentration des activités. Ticketnet en 2010 a été racheté par Live Nation, et Vivendi qui possède Universal Music, devient actionnaire majoritaire en 2010 de Digitick puis, partenaire d'Havas en 2014 pour faire du placement de produit dans les clips.

Un autre phénomène constaté dans cette mutation du secteur est l'externalisation de valeurs vers de nouveaux prestataires. Les enjeux de la musique sur le numérique sont forts et cette opportunité d'exploiter un nouveau terrain économique est développée par les startups. En effet, elles offrent aux professionnels de la musique des outils numériques pour répondre à leurs besoins en matière de découverte de talents, de production, de promotion, de relation entre public et artiste etc. Néanmoins, la majorité des entreprises du secteur sont de petites et moyennes entreprises et disposent de moyens financiers limités pour investir dans ces services. La capacité d'autofinancement est faible et ne représente que 2% du chiffre d'affaires ce qui traduit la fragilité de ces entreprises. Sur 9 millions de résultats nets annoncés par le CNV39, 120% de ce chiffre est réalisé par un faible nombre de producteurs et quelques salles générant plus de 5 millions d'euros de chiffre d'affaires, ce qui signifie que la moitié des structures sont en perte.40

Dans ce contexte qui a tendance à perdre les artistes par rapport aux maisons de disques, l'obtention d'un contrat et dégager des revenus sont de plus en plus difficiles. Il apparait que les labels deviennent des prestataires marketing au service des artistes : Play It Again propose depuis 5 ans des services à la carte mais aussi Kobalt Music aux Etats-Unis ou encore Your Label. Le but est de développer des méthodes afin d'accompagner au mieux les

38 PRODISS, « Rapport d'activité janvier 2013 - 2014 - Activité et enjeux du spectacle musical et de variété en France », 2014.

39 CNV : Centre National de la chanson des Variété et du jazz.

40 BIGAY, Romain, « Les entreprises de spectacle face à la mutation - opportunités et reconfiguration », in IRMA, mercredi 14 janvier 2015.

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artistes dans leur carrière tout en étant transparent dans les pratiques, et faire en sorte que l'artiste soit le gestionnaire de ses droits. En d'autres termes, il s'agit de proposer aux artistes l'inverse de ce qui est souvent reproché aux majors.41

D) Les enjeux politiques et législatifs

1. Le plafonnement de la taxe

L'industrie de la musique au même titre que n'importe quel autre secteur d'activité, est encadrée par des textes de loi. Les syndicats représentatifs de la filière ont un rôle primordial dans les négociations avec les institutions publiques. La mission essentielle du PRODISS42 est de représenter, promouvoir et défendre l'intérêt des entrepreneurs du spectacle musical et de variété en France. Plusieurs « chantiers » sont en cours de discussion entre les professionnels du secteur, leurs représentants et le gouvernement afin de créer dans ce contexte, des conditions fiscales nécessaires à l'évolution du secteur. Il apparait que les seules solutions de financement qui existent sont celles du CNV, dont le produit de la taxe est généré par les entrepreneurs du spectacle et que cet outil arrive à ses limites. Cette taxe permet notamment de soutenir la scène musicale française. Le niveau du plafonnement de la taxe par le ministère de l'Économie met en péril l'existence et les missions du CNV. Le PRODISS en partenariat avec le ministère de la Culture et de la Communication lutte contre l'abaissement de 10% de ce plafond.43

2. Un crédit d'impôt

Un crédit d'impôt pour le producteur de spectacles devient une nécessité car il joue un rôle central dans la découverte et l'accompagnement de nouveaux talents. Il soutient économiquement des tournées d'artistes en développement, ce qui se traduit par des pertes financières dans un contexte de plus en plus difficile.

François Hollande a proposé en 2013 aux partenaires sociaux de conclure un pacte de responsabilité pour redresser la compétitivité française. Le PRODISS propose un dispositif qui vise à renforcer l'emploi artistique, à pérenniser l'emploi sur tout le territoire et à encourager la création artistique. Ceci passerait par l'exonération des charges patronales sur

41 Conférence MaMa, « Quand les labels se font prestataires », 2014.

42 PRODISS : Syndicat national des producteurs, diffuseurs et salles de spectacles.

43 PRODISS, « Rapport d'activité janvier 2013 - 2014 - Activité et enjeux du spectacle musical et de variété en France », 2014.

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le coût d'un plateau artistique pour les salaires relatifs aux artistes en développement, avec les conditions suivantes : détenir une licence de producteur de spectacles, et un engagement pour employer ce plateau pendant au moins quarante dates sur un an.

3. Un droit de propriété pour les producteurs

La réglementation de la profession d'entrepreneur de spectacle engendre des contraintes et des obligations, en particulier aux producteurs. En effet, la durée des droits exclusifs est limitée par le Code de la propriété intellectuelle et il est obligatoire de détenir une licence d'entrepreneur du spectacle, qui est à durée déterminée. Les producteurs revendiquent un droit à la propriété intellectuelle sur les enregistrements de spectacles qu'ils créent et produisent, et qui pendant 20 ans a été perçu comme anecdotique, notamment par les pouvoirs publics. Le PRODISS suggère un régime juridique de présomption de cession des droits du producteur de spectacle au profit du producteur de la captation, qui permettrait d'éviter tout conflit pour exploiter des contenus. L'enjeu est important car 22% des vidéos musicales disponibles sur YouTube concernent le spectacle vivant, et seulement 0,9% de celles-ci sont de sources officielles. C'est dans ce contexte que la ministre de la Culture et de la Communication a chargé l'Inspection générale de la Culture d'étudier la faisabilité technique de ce nouveau droit. En Allemagne, le même type de système a été adopté et reconnait un droit de propriété intellectuelle pour les producteurs de spectacles, « cependant, notre travail ne fait que commencer, parce que maintenant nous aurons à établir les nouveaux taux et les systèmes de distribution ».44

4. La liberté de création

La ministre de la Culture et de la Communication a indiqué en janvier 2014 que « pour la première fois, la liberté de création sera inscrite dans un texte législatif ». Le projet de loi reconnaitrait la place des artistes en passant notamment par un engagement pour la formation et la protection sociale. Un autre aspect de cette loi traite des mesures issues du rapport Lescure sur l'adaptation des politiques culturelles au numérique, à travers une

44 Citation du directeur de la Gesellschaft zur Wahrnehmung von Veranstalterrechten.

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amélioration de l'offre légale ou encore, sur la rémunération des artistes. Ce projet de loi devrait être présenté devant le Parlement cette année45.

5. L'IFCIC

Un dispositif dédié au spectacle vivant est en cours de création à l'IFCIC46 et vise à améliorer l'accès aux banques à des structures qui en sont souvent exclues. Le taux d'endettement des entreprises musicales est faible par rapport aux autres secteurs car les banques sont plutôt frileuses vis-à-vis de ce secteur.47 Le Ministère de la Culture a souhaité depuis près de quarante ans intervenir en faveur des industries culturelles, notamment dans le secteur cinématographique, en dotant des fonds de garanties destinés aux banques acceptant de financer ces projets, afin de pérenniser et développer cette politique.

6. Une réglementation européenne sur le numérique

Le dernier principal enjeu se traduit par le souhait des professionnels du secteur de maîtriser la valeur de la musique sur le numérique, car un grand nombre de valeur se perd en dehors de la filière. Lors de la conférence sur les labels lors du MaMa 2014, un intervenant exprimait les difficultés à obtenir des réponses car les entreprises qui contrôlent le numérique sont aux Etats-Unis : « E...] et savoir qui est dans les mains de Google, Apple, Facebook et Amazon qui nous dictent leurs conditions une fois qu'on a compris ça, on sait qu'il y a quelques agrégateurs qui concentrent les informations ». Il pense que les bases du droit doivent être réglées pour éviter les conflits et décrit l'urgence de la situation au travers un exemple : « les royautés peuvent changer de format juste parce qu'Apple l'a décidé ».

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus