WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le lien entre la tentative de suicide et la perte d'objet chez l'hystérique

( Télécharger le fichier original )
par Clélia Venturini
Université Paul Valéry Montpellier 3 - Master I psychologie clinique 2005
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

    SOMMAIRE

    Introduction p.2

    Chapitre I : Orientation de la recherche

    1. Champ p.3

    2. Problématique p.3

    3. Hypothèse p.3

    Chapitre II : Approche théorique

    1. L'hystérie

    1.1. Historique p.4

    1.2. Personnalité hystérique p.8

    2. L'élaboration de l'objet

    2.1. Généralité p.9

    2.2. Objet, Deuil et Mélancolie p.11

    2.3. Objet et Hystérie p.12

    3. Narcissisme

    3.1. : Généralité p.14

    3.2. La blessure narcissique p.17

    4. Tentatives de suicide comme symptôme

    4.1. Le symptôme chez l'hystérique p.17

    4.2. La tentative de suicide chez l'hystérique p.19

    Chapitre III : Approche clinique

    1. Méthodologie p.20

    2. Présentation des cas cliniques

    Madame C. p.21

    Monsieur B. p.23

    Madame L. p.25

    Madame G. p.27

    3. Synthèse des résultats p.30

    Conclusion p.31

    Bibliographie p.32

    Introduction.

    J'ai effectué mon stage de Master I à l'hôpital psychiatrique de Béziers, Camille Claudel. Je me suis plus particulièrement intéressée pour cette étude aux patients présentant une personnalité de tendance hystérique. Cet hôpital pour personnes adultes est divisé en plusieurs secteurs selon leur lieu de résidence. Une des spécificités du secteur 10 est qu'il est divisé en deux sous unités, l'une accueille les personnes entrées en hospitalisation libre, l'autre, est dite intersectorielle pour les patients hospitalisés sans leur consentement (hospitalisation d'office et hospitalisation à la demande d'un tiers).

    En tant qu'étudiante en psychologie, j'avais une place d'observatrice sur le travail de la psychologue autant auprès des patients lors des entretiens individuels qu'avec le reste de l'équipe lors des réunions. Je souligne que ma garante de stage travaille spécifiquement sur les entretiens sans utiliser de tests psychologiques.

    Ces patients de structure névrotique sont hospitalisés après une tentative de suicide ou/et pour un état dépressif. Je me suis alors posée la question de savoir ce que signifiait la tentative de suicide pour ces personnes et quelle en était la cause. Au travers des entretiens auxquels j'ai assisté, j'ai constaté qu'une certaine convergence se manifestait. Il semblerait que dans leur discours un de leurs objets d'amour symboliques ou leurs représentants fantasmatiques auraient une place primordiale dans leur vie et que cette absence ou séparation était pour eux la perte d'une partie d'eux même.

    Dans un premier temps, je développerai l'orientation que j'ai prise au cours de cette recherche par le biais du champ d'étude qui m'a amenée à une problématique, et, à formuler une hypothèse.

    L'approche théorique traitera de personnalité hystérique, de la perte de l'objet, du narcissisme et l'explication du symptôme chez les personnes de structure hystérique, qui m'ont paru essentiels dans le développement de cette étude.

    Dans un second temps, j'exposerai la méthodologie que j'ai suivie ainsi qu'une présentation des cas cliniques et la confrontation de ceux-ci avec mon hypothèse.

    Chapitre I : Orientation de la recherche.

    1. Champ.

    Mon stage se déroule dans un service de psychiatrie adulte. Celui ci est divisé en deux parties, l'une étant un service libre et l'autre une unité fermée. J'ai rencontré plusieurs patients qui présentent des pathologies et des structures psychiques différentes. Pour ma recherche, je me suis intéressée plus particulièrement aux patients qui ont une organisation de la personnalité dite hystérique. Ces personnes ont des traits de personnalité hystérique. En effet, elles manifestent leur mal-être par des symptômes hystériformes et un passage à l'acte qui est la tentative de suicide.

    Le travail est basé sur la relation d'objet et la perte de l'objet chez les personnes de structure hystérique. Le concept de narcissisme sera abordé pour connaître quels sont les effets de la perte de l'objet d'amour sur le narcissisme chez les personnes de structure névrotique. La signification des symptômes hystériques et en particulier la tentative de suicide seront abordées.

    Les principaux auteurs sur lequel j'ai étayé cette recherche sont les ouvrages de Freud et d'Israël et Nasio.

    2. Problématique.

    Que représente la tentative de suicide chez les personnes de structure hystérique ? Que signifie la perte de l'objet chez la personne hystérique ? De quelle perte s'agit-t-il ? Est-ce qu'une séparation est une perte ? Cette perte induit-elle un deuil ou induit-elle une « blessure narcissique » ? Quel est le sens du symptôme chez les hystériques ? Comment se manifeste-t-il ? Quel est le lien entre la tentative de suicide et la perte de l'objet ?

    3. Hypothèse.

    Je formule l'hypothèse que chez les patients de personnalité hystérique, la perte de l'objet induirait une « blessure narcissique » dont une des manifestations est la tentative de suicide.

    Chapitre II : approche théorique.

    1 L'hystérie.

    1.1. Historique.

    Le terme « hystérie » dérive du mot grec « Hustera », qui désigne l'utérus.

    Les premiers textes parlant de l'hystérie proviennent de textes médicaux de l'Egypte ancienne qui sont regroupé dans le « Papyrus Kahun »1(*)datant environ de 1900avJ.C. Cette pathologie fut d'emblée placée sous le signe de la migration de l'utérus à travers le corps. Sur les trente quatre prescriptions pour les maladies de la femme douze textes décrivaient des manifestations polymorphes associées à un conflit inconscient s'exprimant par des symptômes corporels. Hippocrate reprit ces théories pour souligner le fait que c'était une maladie spécifique aux femmes qui étaient privées de relations sexuelles.

    « Si la suffocation se présente subitement, c'est surtout chez celles qui n'ont pas de rapports sexuels avec les hommes, et les femmes d'un certain âge plutôt que chez les jeunes. »2(*)

    Au IIième siècle, Galien considère la cause des symptômes hystériques comme n'étant pas la migration de l'utérus mais une maladie organique utérine en relation avec la rétention séminale féminine due à l'abstinence sexuelle3(*).

    Au Moyen-âge et à la Renaissance, St Augustin distingue les maladies mentales des possessions. Il fait une liaison entre plaisir sexuel et péché. Il intègre alors l'hystérie dans la catégorie des possessions démoniaques avec une restriction qui est que cet état est strictement féminin. Ces femmes « possédées » sont alors torturées, jugées comme sorcières et condamnées à périr par le feu.4(*)

    Au XVIIième siècle, la conception de l'hystérie évolue : l'origine « cérébrale » de l'affection et son existence dans les deux sexes est affirmée. Sydenham Thomas (1624-1698) tente de donner à cette affection une description clinique qui touche autant les femmes que les hommes et qui se manifeste au niveau du corps en particulier lors des moments de tristesse et de passion intense. Le rôle des émotions et les traits particuliers des hystériques entre les crises sont détaillés comme le don d'ubiquité et le caractère caméléon de l'hystérie.

    « Cette maladie est un protée qui prend une infinité de formes différentes : c'est un caméléon qui varie sans fin ses couleurs [...] ses symptômes ne sont pas seulement en très grand nombre et très variés, ils ont encore cela de particulier entre toutes les maladies, qu'ils ne suivent aucune règle, ni aucun type uniforme, et ne sont qu'un assemblage confus et irrégulier : de là vient qu'il est difficile de donner l'histoire de l'affection hystérique. » 5(*)

    Au XIXième siècle, Briquet affirme que l'hystérie est considérée comme une atteinte organique du cerveau au niveau de l'encéphale. Ainsi les patients, particulièrement réceptifs, sont atteints d'émotions violentes.

    « [...] et pour moi, l'hystérie est un névrose de l'encéphale, dont les phénomènes apparents consistent principalement dans la perturbation des actes vitaux qui servent à la manifestation des sensations affectives et des passions. »6(*)

    Son traité met l'accent sur la relation du sujet à son milieu et la dimension affective de l'affection hystérique. De plus le rappel et la réplique de l'événement traumatique joue un rôle prépondérant dans sa théorie.

    « Il est facile de voir, en examinant les faits, que la névrose hystérique résulte ordinairement de trois ordres différents de modificateurs : les souffrances morales, les souffrances physiques et l'affaiblissement de l'organisme. »7(*)

    Charcot décrit les manifestations hystériques qu'il a observées dans son service de la Salpêtrière. Lors des « leçons du mardi » il explique les phases de ce qui appelle « hysteria major ».

    « L'hysteria major commence par une attaque épileptoïde qui diffère si peu de la véritable épilepsie qu'on a dénommé la maladie hystéro-epiletique bien qu'elle n'ai rien de commun avec l'épilepsie. La phase épileptoïde se subdivise en période tonique puis en période clonique [...] Vous arrivez enfin à une troisième phase, tout à coup vous voyez la malade qui regarde une image fictive : c'est une hallucination qui varie selon les circonstances »8(*)

    Il utilise l'hypnose comme moyen d'investigation.

    « Le grand hypnotisme : c'est l'hypnotisme des hystériques. »9(*)

    Les élèves de Charcot vont poursuivre les différentes théories qui leur furent enseignées. Ainsi, Babinski va exclure l'hystérie des champs médicaux en expliquant que ces troubles peuvent être obtenus par la suggestion et la persuasion.10(*) Dans le même temps Janet développe dans sa thèse de doctorat une interprétation psychologique de cette maladie en termes de « rétrécissement de la conscience » et par « abaissement de la tension psychologique ». Les troubles hystériques sont alors l'effet des idées subconscientes et la crise doit être perçue comme une reproduction d'une idée ou d'une action ancienne.11(*)

    Breuer découvre la catharsis et l'abréaction sous hypnose avec Anna O en 1880. Cette façon de procéder sera reprise puis modulée par Freud. Il propose ainsi un mode thérapeutique à certaines hystériques et inclue à nouveau cette affection au centre des maladies psychiques.

    « A notre très grande surprise, nous découvrîmes, en effet, que chacun des symptômes hystériques disparaissaient immédiatement et sans retour quand on réussissaient à mettre en pleine lumière le souvenir de l'incident déclenchant, à éveiller l'affect lié à ce dernier et quand, ensuite, le malade décrivait ce qui lui était arrivé de façon fort détaillé et en donnant à son émotion une expression verbale. »12(*)

    Suite à la rencontre de plusieurs de ses confrères dont Charcot et Breuer, Freud travaillera sur les névroses et particulièrement sur l'hystérie. Elle a un rôle actif dans la « découverte de la psychanalyse ». Freud affinera sa théorie et sa pratique tout au long de sa carrière au contact de ses patientes. Pour lui, l'étiologie des symptômes hystériques est dans l'inconscient et du côté du sexuel. Il y a une fixation au niveau du stade génital.

    « S'il m'était permis de compléter par une construction toutes les connaissances certaines que nous avons acquises jusqu'ici concernant l'hystérie, je décrirai la situation de façon suivante : la réunion des tendances partielles sous le primat des organes génitaux est accomplie, mais les conséquences qui en découlent se heurtent à la résistance du système préconscient lié à la conscience. L'organisation génitale se rattache donc à l'inconscient, mais n'est pas admis par le préconscient, d'où résulte un tableau qui présente certaines ressemblances avec l'état antérieur au primat des organes génitaux, mais qui est en réalité toutes autres choses. »13(*)

    Freud distingue et décrit deux névroses hystériques qui sont l'hystérie de conversion et l'hystérie d'angoisse qui sera plus tard rebaptisée phobie.14(*)

    Lacan investit le discours de l'hystérique comme un des quatre discours fondamentaux (du maître, de l'universitaire, de l'hystérique et de l'analyste) et il souligne la question du désir et la question d'être femme.15(*)

    En 1980, Le terme de l'hystérie et réduit aux troubles de conversion, aux troubles dissociatifs et à la personnalité histrionique par le DSM-III. Cette affection disparaît du DSM-IV parce que le concept est jugé peu opératoire pour une classification syndromique et trop psychopathologique.

    Les manifestations de conversion se distinguent des traits de personnalité par l'intensité des crises émotionnelles et la diversité des effets somatiques.16(*)

    Aujourd'hui les signes cliniques de la maladie ont changé, ils sont beaucoup plus discrets et moins spectaculaires. Les crises comme le décrit Charcot pour ses patientes de la Salpêtrière ne se rencontrent plus beaucoup dans notre culture. Par contre la conception sur l'hystérie, que Freud a développée, reste inchangée. 17(*)

    Nasio la formule ainsi:

    « L'hystérique, comme tout sujet névrosé, est celui qui, à son insu, impose dans le lien affectif à l'autre la logique malade de son fantasme inconscient. »18(*)

    La notion d'hystérie a évolué tout au long de l'histoire. Longtemps considéré comme une maladie utérine puis neurologique, elle est intégrée dans les maladies psychiques en intégrant les névroses freudiennes. Cependant la névrose hystérique est difficile à enfermer dans une définition décisive, parce que comme le disait Lasègue (1878) :

    « La définition de l'hystérie n'a jamais été donnée et ne le sera jamais. Les symptômes ne sont, ni assez constants, ni assez conformes, ni assez égaux en durée et en intensité pour qu'un type même descriptif puisse les comprendre toutes les variétés. »19(*)

    Je me baserai sur la définition de l'hystérie de Lempérière et Féline dans la Psychiatrie de l'adulte, parce qu'elle est en adéquation avec les faits cliniques constatés :

    « Une affection à manifestations polymorphes dont l'originalité réside en ce que les conflits psychiques inconscients s'y expriment symboliquement en des symptômes corporels et/ou psychiques variés, paroxystiques ou durables ».20(*)

    Après cette définition psychiatrique et conventionnelle, Je m'intéresserai plus particulièrement pour cette étude à la personnalité hystérique.

    1.2. La personnalité hystérique.

    Avant toute chose il est important de définir ce que veut dire personnalité et caractère. Pour Israël, les traits de personnalités sont des symptômes qui perdurent dans le temps et permettent au sujet de rendre tolérable sa vie.

    « Le caractère est donc le fond permanent selon lequel un sujet donné résout toujours de façon analogue les tensions nées d'une certaine situation. »21(*)

    La structure hystérique comprend des tableaux variés, qui ne comportent pas nécessairement les symptômes de conversion, mais qui se caractérisent par une organisation de la personnalité et un mode d'existence particuliers. Ainsi, il n'y a pas forcément de corrélation entre la personnalité hystérique et les manifestations de conversion. On observe tout de même chez ces patients une tendance à la somatisation.

    Elle se définit par des éléments et des mécanismes inconscients qui font la spécificité de l'hystérie comme l'importance du refoulement des représentations (le symptôme étant l'expression métaphorique du retour du refoulé); la prévalence d'une identification bisexuelle (qui explique l'histrionisme et le comportement sexuel); la fixation au stade phallique coexistant avec une organisation essentiellement orale; la non résolution de la dynamique oedipienne.

    Israël décrit le caractère hystérique qui est constitué des différents signes. Ces traits sont :22(*)

    - L'histrionisme, recherche constante de l'attention d'autrui et donc pouvant changer en fonction de l'interlocuteur (dramatisation et théâtralisation),

    - L'hyperréactivité émotionnelle (hyperémotivité et labilité émotionnelle),

    - Facticité des affects, dramatisation dans l'expression des émotions,

    - L'égocentrisme,

    - Suggestibilité,

    - Mythomanie, permet de falsifier la réalité,

    - Mode de pensée imaginaire, les fantaisies du sujet sont infiltrées dans le réel,

    - Dépendances affectives,

    - Troubles sexuels.

    Cette description détaillée des traits de personnalité montre que, pour ces sujets, l'interaction avec l'environnement est primordiale. Ces traits s'adressent à quelqu'un et particulièrement aux personnes aimées, c'est pourquoi j'ai développé ce qu'est l'objet d'amour et l'enjeu qu'il représente pour les hystériques.

    2. L'élaboration de l'objet.

    2.1. Généralité.

    Dans la névrose, l'objet est défini comme « c'est qui est visé par le sujet par la pulsion dans l'amour et dans le désir ».23(*)

    Or il existe plusieurs objets, je m'intéresserai pour cette étude à l'objet d'amour et à celui d'identification.

    Freud identifie le sein maternel comme premier objet, puis par le processus de développement, la mère devient alors le premier objet d'amour24(*).

    « C'est parce qu'il s'aperçoit que ce sein lui manque souvent que l'enfant le sépare de son corps, le situe au « dehors » et le considère dès lors comme un « objet », un objet chargé d'une partie de l'investissement narcissique primitif et qui se complète par la suite en devenant la personne maternelle. »25(*)

    C'est lors du complexe d'Oedipe que la symbolisation du manque se construit. L'enfant découvre la privation réelle de la mère lorsque le père est présent. Il développe alors un sentiment d'hostilité envers le père qui devient son rival et il a un désir d'ordre sexuel envers sa mère. Ce processus se termine lorsqu'il entre dans le complexe de castration : la menace de perdre l'objet qu'il semble être désiré par la mère, c'est-à-dire le phallus.

    Il est important de souligner que le choix de l'objet varie selon les temps et les lieux en fonction du discours social. Lacan rajoutera que l'unité du Moi dépend d'une image reconnue par la parole de l'autre.26(*) On peut expliquer l'investissement de l'image de l'objet aimé par le fait que la personne recherche son noyau auto érotique dans l'autre et que c'est par le manque de ce noyau que l'objet est aimé.

    Le complexe d'OEdipe amène l'enfant à avoir comme premier objet d'identification le père. Il formera l'idéal du moi. Freud souligne que cette identification a un caractère ambivalent entre l'hostilité et une attitude de toute tendresse à l'égard de l'objet libidinal qui est la mère.27(*) Ainsi l'identification est le stade préliminaire au choix d'objet et son expression ambivalente fait que le Moi élit l'objet d'amour.28(*)

    Pour Lacan, l'objet d'identification est une fonction symbolique de l'assentiment de l'autre. L'objet d'amour est ainsi transformé par un symptôme. « L'identification prend la place du choix d'objet, le choix d'objet régresse jusqu'à l'identification » (Freud, Psychologie des foules et analyse du Moi, 1921)29(*).

    L'élaboration de l'identification de l'objet est un processus qui en privilégiant un trait unique abandonne tous les autres traits de la personne C'est-à-dire au prix d'une perte.30(*)

    Le principe de réalité oblige l'appareil psychique à se rendre compte de l'absence de l'objet, la réaction immédiate est de retrouver un objet identique et de se convaincre que l'originel est encore présent. Cependant par l'accès au langage, l'objet est définitivement perdu. Lacan explique que ce qu'on retrouve n'est pas l'objet fondamental mais ses coordonnées de plaisir.31(*)

    « Il n'est pas de meilleur moyen de s'apitoyer sur soi même que de se fasciner sur le temps qui passe, sur l'irréversible, sur le définitivement perdu, sur l'hier. »32(*)

    Il faut souligner que la répétition du souhait oedipien dont les désirs restent méconnus du fait du refoulement, réanime la crainte de perdre l'amour de l'objet.33(*) Dans le complexe d'Oedipe, le désir pour un parent et la rivalité avec l'autre menacent les investissements premiers c'est à dire perdre l'amour du parent du même sexe parce que l'enfant désire séduire le parent du sexe opposé.

    « Si la difficulté à éprouver l'agressivité vis à vis du rival rend l'engagement et le dégagement conflictuel particulièrement malaisés, c'est beaucoup parce que cette expression de l'ambivalence menace le sujet d'une perte d'amour douloureuse. »34(*)

    Pour le sujet, l'objet perdu révèle les expériences heureuses vécus et permet aussi d'idéaliser les événements négatifs, malheureux et éprouvants. La perte est toujours accompagnée de deuil où l'objet perdu n'est alors qu'un déplacement pour découvrir ce qui a été réellement perdu. Ce processus de perte active le Moi qui est la place consciente réservée au sujet de l'inconscient. C'est cette déstabilisation du Moi qui amène une réaction paradoxale, c'est-à-dire d'envisager le suicide (agressivité vers soi). Le deuil est une réaction à la perte de l'objet qui se manifeste par un état d'âme douloureux et la perte d'intérêt pour le monde extérieur. Le processus de deuil permet au moi de libérer la libido de l'objet perdu pour investir un autre objet d'amour. Il se fait dans la durée et sa progression est lente.35(*)

    2.2. Objet, Deuil et Mélancolie.

    Dans le texte « Deuil et Mélancolie », Freud explique la différence entre l'identification narcissique (narcissisme) et l'identification hystérique (hystérie). L'une permet à ce que l'investissement d'objet soit abandonné alors que dans l'autre, l'investissement persiste et reste actif. Cependant la première introduit le deuxième.

    « Mais nous pouvons saisir la différence entre l'identification narcissique et l'identification hystérique : dans le première, l'investissement d'objet est abandonné tandis que dans la seconde il persiste et il exerce une action, qui habituellement se limite à certaines actions et innervations isolées. En tout cas, l`identification est, dans la névrose de transfert également l'expression d'une communauté qui peut être celle de l'amour. L'identification narcissique est la plus originaire et nous introduit à la compréhension de l'identification hystérique qui a été moins étudiée. »36(*)

    Freud souligne que dans le deuil réussi une liaison entre l'agressivité et la libido est possible et permet l'investissement sur un autre objet d'amour alors que dans la mélancolie, la haine contre le sujet pour l'objet s'acharne et se retourne sur le Moi du sujet. Dans la mélancolie, la perte de l'objet ne permet pas ensuite un investissement vers un autre objet qui est un déplacement de la libido, mais dans une « identification du Moi avec l'objet perdu ». Lors de la perte de l'objet, l'investissement libidinal et l'agressivité qui découlent de cet investissement sont mis de coté chez les personnes névrotiques en attendant de l'investir sur un autre objet d'amour. Chez les personnes mélancoliques, le déplacement de cet investissement et de son agressivité ne peut pas se faire sur un autre objet d'amour et il va s'installer dans le Moi du sujet.

    2.3. Objet et Hystérie.

    Chez les personnes hystériques, l'investissement va pouvoir se déplacer puisque l'hystérie fait partie des névroses de transfert. Or l'identification avec l'objet devient souvent un mécanisme de la formation du symptôme et particulièrement pour cette névrose.

    « L'identification narcissique avec l'objet devient alors un substitut de l'investissement de l'objet, ce qui a pour succès que, malgré le conflit avec la personne aimée, la relation d'amour n'a pas été abandonnée »37(*)

    Dans l'identification hystérique, l'identification à l'objet du désir de l'autre domine. Pour expliquer cette tendance, il me faut expliquer la passivité qui existe chez les personnes hystériques. Les premières interventions de la mère permettent à l'enfant de l'initier à la relation d'objet et au lien éthique à autrui. Lors que ces interventions se passent mal, l'enfant est alors renvoyé à sa propre détresse, à l'impuissance et à la passivité. Or l'identification à cette passivité est insupportable pour le sujet, ce qui peut être associé à la passivité de la mère dans le fantasme de la scène primitive.

    « Le sujet chercherait parfois activement un contexte de soumission et de passivité dans la relation à l'objet désiré comme condition de la jouissance maximale. [...] L'hystérique a besoin du détour par la passivité pour ressentir l'excitation sexuelle : il tend à ériger l'objet en tyran, mais son fantasme premier est plutôt d'asservir l'objet. Cette contradiction explique, selon André Green (1993), que le sujet puisse se figer dans une confusion entre satisfaction des pulsions à but passif et le fait de devenir l'objet passif des pulsions de l'autre. »38(*)

    L'identification hystérique faisant partie des identifications secondaires, elle se modifie dans le temps suite aux différentes relations d'objets. La particularité est que la construction de l'identité est inséparable du désir objectal.39(*)

    Le désir est le facteur essentiel de la névrose, chez les hystériques les scènes de séduction par le père ont étés désirées voir fantasmées et c'est en opposition avec les exigences du Moi et les interdits, c'est pourquoi ces scènes sont refoulées. Dora éclaira cette nouvelle dimension de l'hystérie et nous replace dans le cadre de la non résolution du complexe d'Oedipe. Elle fait des reproches à son père sur la relation qu'il entretenait avec Mme K. tout en favorisant les rencontres entre les deux amants en gardant les enfants de madame.

    « Ce faisant elle « tenait lieu de mère »aux enfants, s'appropriant ainsi le statut de la mère oedipienne pour incarner l'objet du désir de son père tout en occupant la place de l'épouse de M K. dont elle était amoureuse. ... Mais par sa maladie, Dora cherchait aussi à détourner son père de Mme K. en l'obligeant à s'occuper d'elle, telle une « enfant avide d'amour »  »40(*)

    Freud souligne la blessure d'amour propre de Dora. Pour lui, la jeune fille s'est identifiée à la gouvernante qui travaillait chez les K. Lors de la scène près du lac, Monsieur K. a tenu à Dora un discours similaire à celui qu'il avait eu avec la gouvernante. Une phrase en particulier « Ma femme n'est rien pour moi. » fut le déclenchement de la gifle, qui était une réponse de la jalousie qu'elle a ressenti à être comparée et mise au même niveau que la domestique des K.. Dora réalise alors qu'elle n'était donc pas l'objet d'amour unique de M K. 41(*)

    Cependant lorsque Lacan reprend le cas de Dora, il explique qu'elle avait pour objet d'amour Mme K. et qu'elle s'identifiait à M. K.42(*) C'est donc une identification imaginaire pour se reconnaître, pour situer son Moi.

    Le conflit se situe entre les fantasmes sexuels infantiles refoulés (fantasme oedipien) et le Moi, lors de la réapparition dans la vie du sujet d'un même type de problème. Ce qui montre que la perte de l'objet d'amour actuel réactive le conflit.

    Il semblerait que l'insatisfaction du désir soit au coeur de l'organisation hystérique. Le premier objet d'amour infantile de l'hystérique serait un objet d'insatisfaction ce qui fait que se satisfaire serait de perdre ce premier objet d'amour.

    La problématique de l'hystérique est de ne pas pouvoir renoncer à ses désirs oedipiens. Elle cherche donc à être ce qui comble l'objet et à être ce par quoi il peut être comblé. C'est par la quête phallique, c'est-à-dire s'identifier à l'objet du désir, qu'elle tente de persuader l'objet. Le sujet hystérique resterait-il donc à ce stade où la menace de perdre l'amour serait constante et le besoin de réassurance se ferait par une séduction sans relâche ?

    « La quête d'identité féminine est un trait saillant de l'hystérie chez la femme. L'exposition des signes et des comportements de la séduction cherche à y compenser une inquiétude concernant non seulement la capacité à être désirée et aimée, mais plus profondément une incertitude sur l'identité sexuée »43(*)

    Pour cette recherche, je ne suis pas dans la perte réelle de l'objet due à son absence mais du côté de « la perte d'amour de la part de l'objet ». Nasio rappelle que l'angoisse féminine est la crainte de perdre l'amour, de se voir abandonnée.44(*) Or, chez les hystériques la question fondamentale est : suis-je une femme pour les femmes et qu'est ce qu'une femme pour les hommes ?45(*) Ayant une double identification masculine et féminine, les hystériques (hommes ou femmes) intègreront alors cette angoisse spécifiquement féminine. Ce qui les amène à un passage à l'acte tourné sur soi puisque c'est la façon d'exprimer la perte symbolique d'être aimé et non pas d'un être aimé.

    Ce passage à l'acte porte atteinte aux assises narcissiques de la personne hystérique.

    3. Narcissisme.

    3.1. Généralité.

    Le narcissisme est défini comme « amour que porte le sujet à lui-même pris comme objet ».46(*)

    Il renvoie au mythe de Narcisse où le sujet tombe en amour avec lui-même et finit par y trouver la mort. Le destin narcissique du sujet est de se prendre de passion pour quelqu'un sans se rendre compte qu'il s'agit de lui-même, ce qui fait qu'à chaque fois il perd. Cela est appelé la répétition morbide.

    Freud a eu du mal à définir ce concept. Il l'associait au début à une idée de perversion, au lieu d'aller prendre un objet d'amour ou de désir extérieur à lui et surtout différent de lui, le sujet se choisissait comme propre objet. Plus tard, dans le deuxième topique, il le décrit comme une forme d'investissement pulsionnel nécessaire au Moi. Le narcissisme n'est plus envisagé comme pathologique, mais comme une donnée structurale du sujet.

    « Le terme de narcissisme provient de la description clinique, et a été choisi en 1899 par P. Näcke pour désigner le comportement par lequel un individu traite son propre corps de façon semblable à celles dont on traite d'ordinaire le corps d'un objet sexuel ».47(*)

    Le narcissisme devient alors une étape essentielle dans la structuration du Moi et le résultat en est que le sujet découvre son corps, se l'approprie et le fait devenir sien. Les pulsions sexuelles vont prendre alors le corps pour objet ce qui fait exister un investissement qui sera permanent tout au long de la vie. Il contribuera à cette dynamique et participera aux pulsions du Moi. Puis cet auto-érotisme va se scinder et une partie va être investie dans des objets extérieurs au sujet, appelé les investissements objectaux et différents des investissements Moïques.48(*)

    La deuxième phase du narcissisme se met en place lorsqu'il y a un certain désinvestissement des objets et un repli de la libido sur le sujet. Il faut noter que le narcissisme représente une sorte d'état relativement fragile et facilement menacé dans son équilibre par l'environnement et particulièrement les objets d'amour. Ainsi, le Moi idéal, qui est le Moi infantile en possession de toutes ses perfections, et l'idéal du Moi, qui est le substitut narcissique de son enfance, s'édifient sur cette base. Freud va ainsi définir la première phase comme le narcissisme primaire, et la deuxième comme le narcissisme secondaire. 49(*)

    Pour Lacan, les deux phases sont distinctes : lorsque l'enfant pousse son premier cri, il entre alors dans la structuration de son identité et dans le registre du besoin et du désir. La construction du sujet en tant qu'être se constitue en fonction du regard de reconnaissance de l'Autre. C'est lors du stade du miroir que l'enfant peut se distinguer comme une image globale et unifiée de lui-même, Lacan nommera cette étape le narcissisme primaire. S'ajoute ensuite des identifications imaginaires constitutives du Moi, Lacan résume cette seconde phase par « Moi est un autre ». Le résultat est que le sujet investit un objet extérieur qui ne peut pas se confondre avec le Moi. Malgré tout, il est censé être une partie de lui-même. L'objet est l'image pour laquelle il se prend, avec tout le système de leurre, d'aveuglement et d'aliénation.

    « La relation objectale doit toujours se soumettre au code narcissique et s'y inscrire. »50(*)

    Il existe dans le Moi l'estime de Soi qui est variable en fonction des relations objectales. Freud le définit comme une expression de la grandeur du Moi qui augmente avec l'expérience et dépend de la libido narcissique.

    « Ainsi dans la vie amoureuse, ne pas être aimé rabaisse le sentiment d'estime de Soi, être aimé l'élève. Nous avons indiqué qu'être aimé représente le but et la satisfaction dans le choix d'objet narcissique. »51(*)

    Ainsi, lorsqu'une personne est amoureuse, son estime de soi diminue au profit de l'objet aimé puisque la dépendance par rapport à l'objet amène la soumission de l'amoureux. Cependant le fait d'être aimé remplacera cette baisse. La relation du sentiment d'estime de soi avec les investissements libidinaux d'objet peut être formulée de deux façons :

    « Dans le premier cas (utilisation conforme au moi dans la libido) aimer est valorisé comme toute autre activité du moi. Aimer, en soi, comme désir ardent et privation, abaisse le sentiment d'estime de soi ; être aimé, aimer de retour, posséder l'objet aimé relève ce sentiment. Quand la libido est refoulée, l'investissement d'amour est ressenti comme un sévère amoindrissement du moi, la satisfaction amoureuse est impossible, le ré enchérissement du moi n'est possible qu'en retirant la libido des objets. Le retour au moi de la libido d'objet, sa transformation en narcissisme, représente en quelque sorte le rétablissement d'un amour heureux et inversement un amour réel heureux répond à l'état originaire où libido d'objet et libido du moi ne peuvent être distinguées l'un de l'autre. »52(*)

    3.2. La manifestation de la blessure narcissique.

    Dans la dépression, l'abaissement de l'estime de soi et l'appauvrissement de l'amour pour le Moi sont généralement présents lors du diagnostic. Ainsi la dépression est une réaction à une atteinte narcissique ou objectale.53(*) De plus, toutes les dépressions trouvent leur essence dans une problématique de la perte.

    « Si le moi est paralysé par un défaut d'investissement qui se traduit par un manque d'intérêt pour le monde extérieur, il est lui-même soumis à cet absence d'intérêt dans un système de miroir où le monde et le Moi obéissent au même impératif de perte du désir. »54(*)

    Dans Figures de la dépression, les auteurs associent la tristesse à la perte d'un objet. Le ralentissement moteur est expliqué par le retrait de la libido qui porte sur le Moi et / ou sur le monde. La dépression est l'une des manifestations pour laquelle le sujet consulte ou est hospitalisé, avec ou sans tentative de suicide. Israël explique que lorsqu'il s'agit d'un chagrin d'amour ou d'un deuil le sujet a tendance à se dévaloriser et à dévaloriser ce qu'il a perdu (l'objet).

    Israël distingue la dépression névrotique (état dépressif), la dépression psychotique (mélancolie), et la dépression réactionnelle (suite à un traumatisme). L'état dépressif chez les névrotiques est souvent décrit comme une mélancolie atténuée. Toute dépression relève toujours d'un déterminisme inconscient. Le symptôme central est la tristesse, associée le plus souvent à la disparition du désir. Alors, plus rien n'est investi, ni n'a de valeur, ni n'a d'intérêt, du moins aux dires du sujet. L'apparition d'insomnies et d'angoisses est nécessaire pour diagnostiquer cet état. Le désintérêt et la dévalorisation sont souvent une indication de la demande d'attention et de reconnaissance. « Je ne m'intéresse plus à rien » se transforme en « rien ne s'intéresse à moi, personne ne m'aime ».55(*)

    Je rappellerai que l'importance de l'autre pour les sujets de personnalité hystérique est primordiale. Ainsi la formation des symptômes est très caractéristique chez les hystériques.

    4. Tentatives de suicide comme symptôme.

    4.1. Le symptôme chez l'hystérique.

    Freud distingue deux types de symptômes névrotiques : Les « symptômes individuels » dépendent de la vie intime du sujet alors que les « symptômes typiques » sont rattachés à des événements communs à tous les hommes.56(*) Il poursuit en expliquant que le symptôme se forme à la suite d'un conflit psychique entre le Moi et la libido qui propose un nouveau mode de satisfaction. Suite à l'exigence du principe de plaisir qui est de dépenser l'énergie accumulée de la libido et à l'exigence du principe de réalité qui fait que le Moi bloque cet charge énergétique irrecevable pour lui, la libido se sépare du Moi pour se nicher dans l'inconscient. Elle choisira un nouveau mode d'expression qui pourra être accepté par le Moi. Le compromis sera alors la formation du symptôme.

    « Ainsi naît le symptôme, qui est un produit considérablement déformé de la satisfaction inconsciente d'un désir libidineux. »57(*)

    Les symptômes hystériques sont porteurs de messages émanant de l'inconscient et que le psychologue doit prendre soin de déchiffrer. Israël les décrit comme résistants. Pour lui, les symptômes sont les témoins d'une lutte : avec l'entourage, à l'analyse, aux soins, à toutes les forces d'oppression.58(*)

    Les symptômes ont un caractère spectaculaire dû à l'histrionisme et aux présentations romancées des événements et des manifestations antérieures. L'effet de renforcement est présent puisque le symptôme est généralement sensible à la suggestion.

    Les différents auteurs (Charcot, Janet, Freud, Lacan, Israél...) soulignent que le patient s'inscrit dans une relation et que son symptôme est utilisé pour manipuler son entourage. Il a alors un caractère symbolique, qui est clairement perceptible. La dimension d'identification est très présente chez les patients de personnalité hystérique, et donc le symptôme peut être utilisé comme imitation de la personne aimé ou de l'être désiré par la personne aimé.

    L'un des symptômes que j'ai rencontré est la tentative de suicide.

    4.2. La tentative de suicide chez l'hystérique.

    Israël dit que les tentatives de suicide sont plus utilisés que les suicides pour les personnes de structure hystérique parce qu'elles laissent presque toujours une porte ouverte à un éventuel sauveur. Il arrive cependant qu'il soit absent.59(*)

    Il existe donc le suicide hystérique qui est présenté par Israël, comme une fascination pour une certaine représentation de soi. Il y aurait alors une appréciation péjorative portée sur l'environnement. La représentation du monde est plaquée sur la réalité de l'entourage mais elle trouve toujours des points d'ancrage où représentation et réalité coïncident. Ainsi l'hystérique interprèterait des paroles maladroites ou des réactions gauches comme différentes de l'image idéale qu'elle aimerait montrer et qui la différencierait de l'autre. Alors, elle renonce au jeu qu'elle offrait aux yeux d'autrui, elle préfère « sauter hors de la scène » que de voir son image inexacte.60(*)

    En général, l'entourage n'a perçu aucun des symptômes ou des signes qui auraient fait penser à un acte auto agressif. La cause de ces tentatives de suicide ne traduit aucunement une intention hostile de son responsable. La personne hystérique réagit à des paroles attendues (qu'elle aimerait entendre) et non à ce qui a été dit.

    Israël tente d'expliquer ces tentatives de suicide par le fait que le symptôme hystérique doit être guéri au plus vite ou en tout cas réduit au silence et que ce passage à l'acte serait une tentative désespérée du sujet pour avoir des oreilles qui l'entendent et entendent ce qu'il a à dire, même si ce message est difficilement recevable pour le monde extérieur.

    Lorsque le psychologue, psychiatre, ou médecin leur demande qu'elle fût la cause de cet acte, le sujet n'a aucune envie de mettre son passé en lumière. Il reste flou et mystérieux sur cette envie et la décrit comme « impulsivité préméditée ». Cependant, son acte est préparé pour que l'entourage puisse être au courant du mal être constant présent chez lui, mais il énonce son action comme une envie venant de nulle part à un moment donné inattendu.

    «Le message hystérique, message si difficile à capter parce qu'il va souvent à contre courant de toutes les intangibles valeurs morales, sociales, et culturelles. »61(*)

    Les cas cliniques qui suivent, éclaireront cette complexité du message.

    Chapitre III : approche clinique.

    1. Méthodologie.

    Lors de mon expérience de terrain, j'assistais aux entretiens psychologiques en tant qu'observatrice. Les cas qui sont présentés pour cette recherche ont été réalisés par la psychologue du service. Je me tenais en retrait derrière le patient face à la psychologue et je prenais des notes. La psychologue a des références freudiennes et travaille uniquement à partir d'entretiens. Les entretiens ont une durée d'une demi heure à trois quarts d'heure. La fin de la séance se finissant par une question ou une observation sur laquelle le patient pourrait réfléchir. Lors de l'entretien, le sujet parle et la psychologue laisse libre court à ce flux de parole, en l'interrompant lorsque un mot, une phrase ou une expression lui fait écho.

    Pour ma part, je notais le discours du patient et les interventions de la psychologue. Après chaque entretien, je discutais avec la psychologue du sujet afin de définir sa structure psychique et de l'évolution du discours dans le temps.

    Les 4 cas cliniques présentés pour cette recherche ont été diagnostiqués par le psychiatre comme étant de personnalité hystérique. Les patients que suit la psychologue ont été envoyés par le psychiatre pour un diagnostic différentiel ou une orientation psychothérapeutique. Les patients restant dans le service pour une courte durée, le nombre d'entretiens n'est pas équivalent.

    La présentation des cas cliniques se fera de la façon suivante : où se fait l'hospitalisation, les raisons de l'hospitalisation, la demande d'entretien psychologique, le nombre d'entretiens. Puis, vient la description de la vie familiale et professionnelle du patient et des relations qu'elle entretient avec son entourage.

    En fonction du discours du patient, cette étude s'attachera à expliquer la tentative de suicide et ses motivations. De plus, elle permettra de mettre en lumière les traits hystériques de la personne et de décrire ses attitudes dans le service et lors des entretiens.

    Je finirai par mettre en lien les quatre cas et les confronter à mon hypothèse qui est que chez les patients de personnalité hystérique, la perte de l'objet induirait une « blessure narcissique » dont une des manifestations serait la tentative de suicide.

    2. Présentation des cas cliniques.

    Madame C.

    Après sa troisième tentative de suicide (par absorption médicamenteuse et phlébotomie) ayant entraîné 5 jours en réanimation, Madame C. a été hospitalisée en service libre. C'est à la demande du psychiatre que la psychologue la prend en charge pour rechercher les symptômes à mettre en lien avec la tentative de suicide et pour connaître la structure de la patiente.

    Madame C. est une femme de 52 ans qui est soignée et fait attention a son apparence Elle se décrit comme quelqu'un de toujours bien habillée « Ce n'est pas parce qu'on est dépressive qu'on doit se laisser aller ». Elle a une posture statique et rigide. Elle présente une labilité des affects qui la fait passer lors de l'entretien du rire aux larmes. Elle relate des histoires plaquées qui manquent d'authenticité. Au cours des rencontres suivantes, son discours semble répété. Ses propos sont ambivalents en particulier sur son désir de vouloir rester à l'hôpital et de rentrer dans son appartement. Dans le service, lorsque un soignant passe, elle théâtralise le fait qu'elle aille mal pour ne pas être sortante. « Je ne veux pas sortir. Le psychiatre veut me faire sortir de l'hôpital parce qu'il m'a vue rigoler avec d'autres patients. »

    Elle a une relation conflictuelle et de rivalité avec sa mère et ses soeurs. Elle se pose la question du désir et d'être désirée puisqu'elle était la quatrième de cinq enfants et que sa mère lui aurait confié qu'elle n'aurait pas eu tant d'enfants si elle avait connu la pilule. Elle se plaint de ne pas avoir reçu d'affection de la part de sa mère et de se sentir comme le « vilain petit canard de la famille ». Madame C. reproche à sa mère une absence de la transmission de la féminité puisque sa mère critique la coquetterie de sa fille qu'elle associe à un des trait de caractère de sa grand-mère : « le mauvais côté ». De plus, elle lui reproche le fait de ne pas avoir pris la place qu'une femme devrait prendre dans un couple c'est-à-dire le fait de s'occuper et d'être présente auprès du mari. « Maman aurait pu prendre le temps de venir avec nous le dimanche voir les matches de rugby ». Elle idolâtrait son père même s'il était autoritaire. « Il était fier d'avoir des filles. Il nous prenait partout avec lui. » Depuis la mort de celui-ci, elle le défend contre sa mère qui accuse son mari d'adultère et de l'avoir laissée seule pour jouer au cartes avec ses amis.

    Aujourd'hui, elle est divorcée depuis 9 ans. Elle vit seule, mais son ex mari est resté très présent dans sa vie et il vient lui rendre visite 2 à 3 fois par semaine. Cependant, lors des entretiens elle se plaint de cette situation qui s'est dégradée depuis qu'elle entretient une relation avec un ami intime avec qui elle n'arrive pas à se résoudre d'emménager. Elle a 2 enfants de son mariage. L'aîné vit à 30 minutes de chez elle. Le cadet est parti travailler dans les îles 3 semaines avant qu'elle soit hospitalisée. Elle se sent seule et inutile depuis qu'ils sont partis. « J'ai l'impression de ne plus être utile quand mes enfants grandissent. La maison est comme ils l'ont laissée. » La relation avec ses enfants est centrale dans sa vie au détriment de sa vie amoureuse. Lorsqu'elle a rencontré son ami elle lui a signalé qu'ils étaient trois, « donc soit tu nous prends tous les trois ou tu nous laisses. ». Son ex-mari et son ami lui font le reproche de vivre plus pour ses enfants que d'être une femme, mais pour elle, « une maman, c'est une maman. ». Elle fait part alors de sa frigidité et de sa difficulté de prendre sa place en tant que femme dans un couple.

    Elle a déjà fait trois tentatives de suicide. La première était lorsqu'elle avait 17 ans, ses parents lui avaient interdit de revoir un garçon. Elle avait donc attenté à ses jours après la perte de cet objet d'amour. La deuxième fit suite à un réveillon qui s'est mal passé avec sa famille. Elle a alors absorbé des cachets. Après un cours temps aux urgences, elle a été renvoyée chez elle, seule. Elle aborde une seule fois l'explication de ce qui l'a conduite dans le service. « J'ai voulu mourir parce que mes enfants sont casés et que mon divorce se passe mal. » Sur le moment, son geste était très impulsif. Cependant elle avait préparé une lettre quelque jours auparavant adressée à ses enfants. Il semble que sa difficulté de passer de la place de mère indispensable à une juste distance est difficile pour elle parce que c'est la seule identité féminine qu'elle sait investir. Or suite à la séparation avec ses enfants, elle se retrouve donc seule face à elle-même.

    Madame C. a une structure névrotique dont les traits de personnalité hystérique sont prédominants comme l'histrionisme, l'hyperréactivité émotionnelle, les dépendances affectives à ces fils et le trouble sexuel (frigidité). La problématique dominante chez elle est en rapport avec sa féminité et la difficulté de prendre une autre place que celle de mère. L'absence de ses fils qui sont ses objets d'amour provoque une baisse du sentiment d'estime de soi du au fait qu'elle se sente inutile. La tentative de suicide serait alors une réponse à ce sentiment et au vide réel (laissé par ses fils) qui est difficile à assumer.

    Monsieur B.

    Monsieur B. a été hospitalisé dans le service libre suite à une tentative de suicide en voulant être percuté par un train. C'est à sa demande, pour ne pas interrompre un travail entrepris avec un psychiatre, que la psychologue ne l'a vu que deux fois avant qu'il ne parte contre avis médical.

    Monsieur B. a 25 ans et il se décrit comme « bourru, serviable, humain, gueulard, très généreux et surtout je marche à l'affectif ». Il a des marques visibles sur les mains et les avants bras de brûlures de cigarettes qu'il explique comme des automutilations pour se soulager de l'intérieur. Il annonce qu'il en avait « marre d'avoir mal au fond de lui ». Lors des entretiens son discours est faussé par des mots et des concepts psychanalytiques qu'il utilise à mauvais escient. « Ma relation amoureuse était une relation de transfert à ma mère », il tente par tous les moyens de relier tout ce qui lui arrive et d'interpréter de façon erronée les événements. Il n'élabore pas certains événements en particulier lorsqu'ils sont liés à des mouvements d'impulsivité. Dans le service, monsieur B. est discret, il a une certaine labilité de l'humeur. Il est ambivalent sur ses explications et ses attitudes, ainsi il laisse le numéro du service sur son répondeur de téléphone portable mais personne ne doit savoir où il est.

    Une grande souffrance et un affect douloureux sont reliés à sa mère qu'il décrit comme alcoolique et dépressive. Il la critique sur ses actes et particulièrement quand elle l'a « abandonné » en se suicidant alors qu'il n'était encore qu'un adolescent. « Elle m'a abandonné [...] C'était une grande dépressive qui a tenté plusieurs fois de mettre fin à ses jours. ». Cependant il a le sentiment de lui ressembler ce qui lui est insupportable. « Les mots que ma mère emploie dans son journal sont les mêmes que les miens. Elle apprivoise la mort tous les jours et je refuse de prendre le même chemin. » Il a un sentiment de manque qui pourrait être relié à l'absence de sa mère qu'il n'arrive pas à combler. Depuis la mort de celle-ci, Monsieur B est en recherche constante de cet amour perdu qu'il croit avoir retrouvé chez sa dernière amie.

    La relation avec son père fut interrompue pendant longtemps suite à la rencontre de celui-ci avec sa nouvelle femme. Depuis le commencement de son travail psychothérapeutique, monsieur B. a écrit une lettre à son père pour renouer les liens. Il dit avoir depuis une nouvelle famille qui habite loin mais qui est présente.

    Monsieur B. est actuellement célibataire et travaille dans le bâtiment. Il décrit ses liens avec son patron comme très fort et l'idolâtre. Suite à une discussion avec lui, il apprend que son contrat ne sera pas reconduit, il sent alors que « ça tourne au vinaigre » dans sa tête. Les infirmiers ne répondant pas correctement à sa demande d'aide, il s'enfuit alors avec un sac de médicaments. Son comportement impulsif va être stoppé par la rencontre impromptue avec son amie. Il déclare être blessé du fait que celle qu'il aime l'ait vu dans un moment de perte de sa maîtrise. Monsieur B. vit dans l'angoisse qu'elle le quitte s'il fait « une crise » et qu'il s'emporte violemment. « J'ai peur qu'elle m'abandonne. ». Plus tard il nous apprend que la relation amoureuse qu'il entretient avec cette amie est finie depuis peu. Il déclare que pour « les grandes décisions » à prendre, son psychiatre lui donne les directives à suivre. Il expliquera que son psychiatre lui a conseillé d'être hospitalisé pour être « dans sa bulle » comme lorsqu'il était dans le service fermé. Cependant il ne sera pas plus explicite sur cette hospitalisation antérieure.

    Il a déjà fait une tentative de suicide 4 mois auparavant, suite à la lecture du journal de sa mère, son sentiment de ressemblance à sa mère lui étant intolérable. Cette fois ci il explique sa tentative de suicide par le fait qu'il a rencontré son amie dans le bar le soir même et qu'il a beaucoup bu. Nous notons que l'alcool a été présent lors des deux passages à l'acte. Avant de passer à l'acte (se mettre sur les rails), il appelle différentes personnes qui lui sont importantes (amie, amis, patron et psychiatre), pour leur dire au revoir Il renonce à sa tentative de suicide attend une « demi heure » qu'un train arrive. Il se rend compte alors qu'il avait reçu « beaucoup de coups de téléphone de ses amis en pleurs ».

    Monsieur B. a une personnalité hystérique qui se manifeste par recherche constante de l'attention d'autrui, par une hyperémotivité, une labilité émotionnelle, une dépendance affective envers son amie, son patron et son psychiatre et une forte suggestibilité d'autrui. Il souffre depuis son enfance de la relation qu'il avait avec sa mère et des conséquences du suicide de celle-ci dans sa vie adulte. Il s'identifie énormément à sa mère, tout en rejetant et en critiquant avec agressivité les actes de celle-ci. De plus, la vue de certaines femmes dans le service lui est difficile parce qu'elles lui renvoient la vision décevante et négative qu'il a de sa mère. Dans son discours, la problématique de l'abandon est présente à chaque instant. La rencontre avec son amie le soir précédant sa tentative de suicide a réanimé pour lui la séparation qui lui était douloureuse et lui a ravivé son sentiment de ne pas pouvoir être un objet d'amour pour l'autre.

    Madame L.

    Après une tentative de suicide médicamenteuse, Madame L. a été hospitalisée dans le service fermé durant quinze jours. Suite à la demande du psychiatre pour faire un diagnostic différentiel, la psychologue a eu trois entretiens avec la patiente.

    Madame L. est une femme soignée qui fait attention à son apparence. Toujours maquillée et coiffée, elle est souriante lors des entretiens. Nous notons une labilité des affects au tant dans le service que lors des faces à faces avec la psychologue. Elle ne comprend pas pourquoi elle est hospitalisée. Mais, elle adhère volontiers aux soins même si, elle se plaint des entretiens répétés avec différentes personnes sur un seul sujet qui est la raison de sa venue dans le service. Tout au long du suivi, son discours reste souvent vague et imprécis. Elle finira par demander une orientation psychothérapeutique à la psychologue. L'entretien suivant, lorsqu'elle parle de son suivi à l'extérieur, elle exige le meilleur. « Je veux qu'on m'emmène chez le bon dieu, pas chez les saints. » En même temps, elle cherche à savoir si pour « sa pathologie » il vaut mieux qu'elle soit suivie par un homme ou une femme. Elle s'est très vite adaptée au service et à ses contraintes institutionnelles finissant par en parler comme « une pension de famille », ne voulant pas quitter « ses camarades ».Elle se plaindra du comportement et des réflexions des infirmiers sur sa façon d'être dans le service et auprès des autres patients. « Je veux les aider, leur apporter des marques d'affections. » « Ils sont venus vers moi, je leur donne de l'affection et ils ne me repoussent pas. ». Elle en veut particulièrement à un aide soignant qui ne lui laisse pas faire ce qu'elle a envie comme venir prendre son petit déjeuner en pyjama. Elle aborde alors la question somatique du sentiment de haine qu'elle éprouve pour cette personne qui se traduit par un boule dans le ventre et des frémissements dans le corps. Lorsqu'il lui propose de s'expliquer elle refuse parce qu'elle a peur de ses gestes. Elle va donc se punir en restant dans sa chambre.

    Le regard de son père est quelque chose d'important et de primordial pour son bien être. Elle le décrit comme un père qui l'idolâtre parce qu'elle a réussi professionnellement. Ce sentiment est réciproque. « Il m'a tout appris. » Elle donne alors l'exemple du moment où elle a posé la question de la féminité et des relations sexuelles à sa mère, c'est son père qui lui a répondu avec « pudicité ». Plus tard elle évoque sa position féminine en déclarant : « J'aimerai frapper comme un homme mais comme je suis une femme, je fais des crises de tétanies. » La relation entre le père et la fille est nouée par un secret de famille qu'ils partagent. Le frère cadet de madame L. aurait pour père l'amant de sa mère. Elle répète avec insistance et à chaque entretien la tentative d'assassinat réel ou fantasmé de la mère et de son amant sur le père lorsqu'elle avait 4-6 ans. Elle ne voit plus son père depuis trois ans ce qui la fait souffrir. Elle est en rivalité constante avec sa mère depuis qu'elle est jeune. « J'apporte à mon père ce que ma mère ne pouvait lui apporter. ». Elle se compare systématiquement à sa mère en se valorisant. « J'ai toujours fait mieux que ma mère. » Elle est en procès continuel avec sa mère. « Ma mère me déteste. »

    Aujourd'hui, elle est divorcée et vit avec ses trois enfants et son nouvel ami. Au niveau professionnel, elle est chef d'entreprise. « Dans mon métier, je suis le maître. » Son besoin de se valoriser fait qu'elle se sent indispensable pour son entourage et se sent investi dans la tâche d'être la personne référente pour toutes choses. « Je suis un modèle pour ma fille. » Son concubin qu'elle nomme mari, l'a demandée en mariage et elle a refusé parce qu'elle avait peur « de l'euphorie amoureuse ». De plus, sa famille et la famille de son conjoint sont contre cette union. Elle aborde alors le problème des troubles sexuels dont souffre son couple. Ce qui lui a posé la question du désir. Or elle n'a aucun doute sur le désir qu'elle suscite.

    Madame L. a déjà fait une première tentative de suicide parce qu'elle ne voyait pas ses enfants au début du divorce avec son ex-mari. Elle explique celle ci par le fait qu'elle ne voyait pas son père, qu'elle en a marre de la justice et de ses souffrances physiques. Elle avait prémédité son geste en le préparant administrativement. Elle savait que cela ferait de la peine à son mari mais elle est tout de même partie en voiture pour se jeter contre un camion, ne se sentant pas capable de le faire, elle rentre chez elle et décide de se pendre à la balançoire de ses enfants mais elle trouve cela alors « trop diabolique » et finit par prendre les médicaments de sa fille qui est diabétique et s'enferme dans sa chambre. Sa fille et son mari étant présents, ce dernier « défonce la porte » et ils la retrouvent évanouie. Lors de son réveil, elle s'est retrouvée dans le service.

    Madame L. a une structure névrotique de type hystérique qui se manifeste par un histrionisme, une hyperréactivité émotionnelle, un égocentrisme, une suggestibilité, une dépendance affective envers sa famille, particulièrement son père et des troubles sexuels. Elle a une tendance à falsifier la réalité pour lui permettre de la tournée en sa faveur et expliquer que tout événement dans sa vie proviennent d'un choix de sa part. Je souligne dans le discours de madame L. une carence affective que se soit lorsqu'elle parle de sa mère qui est « rigide » ou de ses enfants qu'elle englobe pour n'en faire qu'un tout inséparable. La tentative de suicide pourrait être expliquée alors par l'absence de la personne qui lui permettait de pouvoir être un objet d'amour. C'est pourquoi l'absence de son père et la place qu'il prend dans l'imaginaire de Madame L. est importante. Aussi le regard de son père est quelque chose d'important et de primordial pour son bien être et la perte de ce regard constant, dû à son absence, fait qu'elle se sent seule et démunie. Il semble que cet objet soit autant un objet d'amour « il est tout pour moi » et aussi un objet d'identification « je lui ressemble. ».

    Madame G.

    Madame G. a été hospitalisée dans le service libre suite à une tentative de suicide médicamenteuse. C'est à la demande du psychiatre que la psychologue la suit durant les deux mois d'hospitalisation, soit 11 entretiens.

    Madame G. est une femme de 38 ans. Lors des entretiens, à part pour les deux derniers où elle est souriante et coquette, elle a une posture effondrée avec des crises de larmes. Elle a un discours statique, plaqué et répétitif sur la séparation avec son mari, qu'elle ne peut pas vivre sans lui et que lui seul peut l'aider. Dans le service, elle a d'abord été en retrait, puis au fil des jours, elle a lié connaissance avec d'autres personnes qui ont une structure névrotique.

    Madame G. est mariée depuis vingt ans et a trois enfants dont un qui vit avec sa compagne dans un appartement loin de la maison familiale. Son mari a rencontré, il y a quatre mois, une autre femme, il a parlé de divorce avec son épouse quinze jours auparavant.

    Dans son discours seul son mari existe, elle évince les enfants de tout affect. « Je ne suis pas maman, pour l'instant je suis femme, amante, mais pas maman. » « Il me reproche d'être sa mère mais il m'a donné cette place là et je l'ai prise. » « Ma seule famille c'est mon mari. ». La maîtresse de son mari fut introduite dans la famille par leur fille cadette, qui s'était liée d'amitié avec l'enfant de cette dame. La position de Madame G. face à sa fille va être de plus en plus agressive en lui reprochant l'adultère de son mari. « Elle a une part de responsabilité. [...] C'est à cause d'elle que cette femme est entrée dans notre vie. » De plus, elle rentre en rivalité avec l'adolescente qui prend à la maison la place de la mère, autant au niveau des taches ménagères que dans le lit conjugal pour dormir avec son père. Madame G finit par refuser de voir sa fille. Cependant, elle l'introduit dans la relation de couple comme tiers en lui téléphonant et lui demandant des nouvelles de son conjoint qui refuse de lui parler et de la vie quotidienne dans la maison familiale, « son territoire ». Elle manipulera sa fille en « la poussant dans ses retranchements » pour savoir ce qu'elle veut, c'est-à-dire si son mari continue à avoir des nouvelles de sa maîtresse et s'il fait vraiment des démarches auprès d'un avocat.

    La relation avec son mari et le regard qu'elle porte sur la situation d'adultère vont évoluer au cours des deux mois. Au début, elle dénie tous les problèmes de couple qu'ils peuvent avoir. « Il n'y a rien de tangible pour que notre couple divorce. On ne se sépare pas de quelqu'un avec qui on a des sentiments. » Mais peu de temps avant, elle se plaint de la difficulté de son mari à lui montrer qu'il l'aime et décide alors qu'elle « aime pour deux ». Elle se plaint d'être incomprise par son mari. De plus, elle a le sentiment qui lui manque quelque chose. « Je me sens désoeuvrée. » « Il y a un grand vide. » Son mari semble être un prolongement d'elle même, un faire valoir qu'elle ne veut pas laisser. « Il ne peut pas se débrouiller seul. » « On a toujours tout fait tous les deux. » « On a toujours tout partagé » Cette demande de divorce est pour elle une blessure narcissique. « Une partie de moi a été arrachée [...] je ne me reconnais plus moi-même ni physiquement ni moralement, je n'ai plus d'image de moi. »

    Elle projette alors son mal être et la façon de pouvoir sortir de cet issue sur lui. Ainsi, lorsqu'elle parle de leur séparation et de la résolution de cette situation, elle dit : « Il a la possibilité de s'en sortir mais il ne veut pas. » « Je me demande comment il va faire pour s'en sortir. ». « Il joue des sentiments des autres. » Elle devient alors très ambivalente puisqu'elle veut que son mari lui parle mais elle ne veut pas le voir. Elle se sent en rivalité avec cette femme, en danger de perdre l'amour de son mari. Au fil des entretiens, elle change de mécanisme de défense face à cette perte et elle finit par instaurer le déni de cette relation adultère, même si des éléments de la réalité viennent parfois confronter ce mode de pensée imaginaire. Au début, c'est cette « créature » qui « a mis le grappin sur » son époux, parce qu'elle « n'avait rien à se mettre sous la dent », puis elle va traiter son mari d'impuissant face à une autre femme qu'elle. « Il n'était pas son archétype physique. [...] Il m'a trompé moralement mais pas physiquement. » Pour finir, elle le traite de menteur et dit qu'il a monté cette histoire de tout pièce comme il avait déjà fait pour tenter madame de le quitter. « Si quelque chose devait se passer, ça se serait déjà passé. »

    Tout au long du suivi, elle dénigre beaucoup son conjoint, qui est incapable de faire quelque chose sans elle et qu'elle ne croit pas en sa parole.

    Lors des deux derniers entretiens, il semble que l'entrée d'un patient et le rapprochement avec cette personne a permis à Madame G. de transformer son discours puisqu'elle finit par parler d'avenir (qui pourrait être) sans son mari alors qu'auparavant les projets d'avenir étaient impossibles seule. L'investissement libidinal aurait il enfin retrouvé un nouvel objet d'amour ?

    Madame G. a fait trois tentatives de suicide en trois semaines et toujours pour la même raison qui est le fait que son mari veuille la quitter pour une autre. Elle pense que les deux premières n'ont pas été assez spectaculaires et graves pour qu'elle se fasse hospitaliser. La première fois qu'elle arrive aux urgences le psychiatre qui la voit lui dit qu'elle ne peut que dormir avec des somnifères et qu'il n'y a rien de dangereux. La deuxième fois, elle va ingurgiter tant de cachets différents que la réaction immédiate est le vomissement. Pour elle, sa tentative n'est pas une simulation comme lui reproche son mari. Elle veut qu'il reconnaisse qu'elle va mal et que lui seul peut l'aider en restant en couple.

    Madame G. a une labilité de ses affects, un égocentrisme, une ambivalence, une dramatisation de son état de détresse et un histrionisme face à ses différents interlocuteurs qui soulignent sa structure de personnalité hystérique. De plus, elle transforme la réalité à son avantage, elle ne veut plus le voir pour ne pas replonger or, il se trouve que son mari ne vient plus lui rendre visite. Le suivi de Madame G. illustre un bout du processus de deuil qui est fait lors d'une perte symbolique de l'objet. Ainsi, après un temps de latence où l'estime de soi du Moi est bas dû à la perte d'être aimé, Madame G. finira par investir un autre objet d'amour qui lui, répond à sa demande d'être désirée et aimée comme une femme.

    3. Synthèse des résultats.

    Suite à la présentation de ces cas cliniques, je peux affirmer que mon hypothèse est validée. En effet chez les patients de personnalité hystérique, la perte de l'objet induit une blessure narcissique.

    Ces 4 patients ont tous fait une tentative de suicide qui peut être expliquée par la menace de la séparation de l'objet d'amour ou par la séparation réelle de celui-ci.

    Il me semble important de rappeler que lorsqu'une personne choisit un objet d'amour elle va en intégrer un trait en elle (supra 2. l'élaboration de l'objet p.10.). Or, lors de la séparation, ce trait identificatoire est toujours présent et devient vide d'objet, ce qui expliquerait cette blessure narcissique chez toute personne qui perdrait son objet. Cependant, l'investissement libidinal de l'objet perdu pourra se fixer sur un autre objet, ce qui permet à la personne de pouvoir intégrer un nouveau trait, s'ajoutant aux traits des anciens objets.

    La caractéristique de la personne hystérique est que cette séparation, en plus d'être une blessure narcissique par cette perte du trait identificatoire à l'objet, réanime l'importance du regard de l'autre et de sa place comme être désiré. L'histrionisme est un trait primordial chez hystérique est qui se définit comme la recherche de l'attention d'autrui. La quête de l'hystérique passe par l'interrogation incessante du désir de l'autre et de le combler. Or, être destitué de la place d'être unique et désiré se manifeste alors par un retournement sur soi des plus agressifs. Il ne faut pas oublier que le mode principal de communication des patients de structure hystérique est la somatisation. Quel est le plus bel appel à l'autre que l'atteinte à sa propre vie ?

    Conclusion.

    Les cas cliniques présentés pour cette étude concernent des patients qui ont été diagnostiqué comme de structure névrotique et de personnalité hystérique. La tentative de suicide est le symptôme chez les patients de personnalité hystérique qui vient montrer une privation des investissements narcissiques et objectaux due au départ et l'absence de l'objet d'amour.

    La perte d'objet est différente pour chacun des cas. Cependant l'absence est subie et vécue par les sujets comme intolérable, ce qui les pousse à une atteinte de leurs corps. Ce n'est pas la perte de l'amour en lui-même qui est en jeu mais la perte d'amour de la part de l'objet symbolique. L'hystérie a comme particularité la somatisation des symptômes, le langage passant par le corps. Il n'est donc pas surprenant que la symbolisation du mal être due à la perte de l'objet se traduise par une agression sur soi.

    Mon hypothèse me parait donc confirmée pour ces cas cliniques. Cependant je ne pourrai pas la généraliser à toutes les personnes de structures hystériques. Premièrement parce que ces quatre patients étaient hospitalisés pour des raisons particulières et que toutes les personnes hystériques ne se font pas hospitaliser systématiquement suite à une tentative de suicide. Deuxièmement, le nombre de cas pour cette recherche est bien trop insuffisant pour en faire une généralité et il est difficile en une année et sur un seul lieu de stage de pouvoir multiplier le nombre d'entretiens avec différents patients. Troisièmement, étant dans une position d'observatrice et dans un service de soins, les entretiens n'étaient pas spécifiquement orientés dans le cadre de ma recherche mais sur un traitement thérapeutique du patient.

    Lors de cette recherche, je me suis attachée à savoir comment se manifestait la blessure narcissique chez les personnes de structure hystérique suite à la séparation ou l'absence de l'objet aimé. J'ai tenté de démontrer que la tentative de suicide correspond à une expression de cette blessure narcissique. Cependant, cette étude n'a pas la prétention d'être exhaustive. Si effectivement, au niveau de la « forme » la tentative de suicide semble être la manifestation de la blessure narcissique, le discours autour de cette perte ouvre d'autres champs d'investigations et d'approfondissement. Notamment j'ai constaté pendant les entretiens, que le discours autour de cette perte est en rapport avec les relations de séduction à l'autre et des rivalités qui en découlent. Se pourrait il que ce mode de relation soit une réactivation des conflits oedipiens ?

    Bibliographie.

    AMBROSI J., 2004. A la recherche du plus profond objet perdu,... ...le complexe de Narcisse. Paris, Harmattan. 219p.

    ANDRE J., LANOUZIERE J., RICHARD F., 1999. Problématiques de l'hystérie. Paris, Dunod. 215p.

    BRIQUET P., 1975. Traité clinique et thérapeutique de l'hystérie. Paris, Hachette. 724p.

    CHABERT C., KAES R., LANOUZIERE J., SCHNIEWIND A., 2005. Figures de la dépression. Paris, Dunod. 239p.

    CHARCOT J.M., 1975. Leçons du mardi à la salpêtrière : 1887-1889. Paris, Hachette. 595p.

    CHEMAMA R., VENDERMERCHE B., 1995. Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Larousse, 2005. 462p.

    CHILAND C., 1983. L'entretien clinique. Paris, PUF. 175p.

    FREUD S., BREUER J., 1956. Etudes sur l'hystérie. Paris, PUF. 254p.

    FREUD S., 1922. Introduction à la psychanalyse. Paris, Payot, 2003. 566p.

    FREUD S., 1943. Métapsychologie. Paris, Gallimard, 1968. 185p.

    FREUD S., 1949. Abrégé de psychanalyse. Paris, PUF, 1985. 84p.

    FREUD S., 1963. Essais de psychanalyse. Paris, Payot. 277p.

    FREUD S., 1969. La vie sexuelle. Paris, PUF, 1997. 159p.

    FREUD S., 1975. Cinq psychanalyses. Paris, PUF. 420p.

    GRUNBERGER B., CHASSEGUET-SMIRGEL J., 1985. Le narcissisme L'amour de soi. Paris, Sand. 318p.

    ISRAEL L., 1976. L'hystérique, le sexe et le médecin. Paris, Masson. 240p.

    LACAN J., 1981. « La question hystérique » and « La question hystérique : `Qu'est-ce qu'une femme ?' » in Le séminaire livre III. Paris, Seuil. pp. 181-205.

    LEMPERIERE T., FELINE A., 1977. Psychiatrie de l'adulte. Paris, Masson,1989. pp. 96.

    NASIO J.-D., 1990. L'Hystérie ou l'enfant magnifique de la psychanalyse. Paris, Rivages. 254p.

    NASIO J.-D., 1996. Le livre de la douleur et de l'amour. Paris, Payot Rivages. 294p.

    PEDINIELLI J.-L., BERTAGNE P., 2002. Les névroses. Paris, Nathan université. 127p.

    PICARD R., 1999. L'hystérie dans les papyrus médicaux de l'Egypte pharaonique. perso.wanadoo.fr/psycause/022/022_egypte.htm.

    PONNIER J., 2003. Narcissisme et séduction Pour une critique métapsychologique du concept d'idéalisation. Paris, Anthropo. 248p.

    RICHARD-DEVANTOY S., 2005. Lecture contemporaine de l'hystérie. Regroupement interrégional de l'ouest, D.E.S. psychiatrie. 57p.

    * 1 PICARD R., 1999. L'hystérie dans les papyrus médicaux de l'Egypte pharaonique. perso.wanadoo.fr/psycause/022/022_egypte.htm.

    * 2 PICARD R., 1999. L'hystérie dans les papyrus médicaux de l'Egypte pharaonique. perso.wanadoo.fr/psycause/022/022_egypte.htm.

    * 3 RICHARD-DEVANTOY S., 2005. Lecture contemporaine de l'hystérie. Regroupement interrégional de l'ouest, D.E.S. psychiatrie. p.9.

    * 4 ISRAEL L., 1976. L'hystérique, le sexe et le médecin. Paris, Masson, 2001. p.5.

    * 5.TRILLAT E., 1986. « L'histoire de `hystérie » in RICHARD-DEVANTOY S., 2005. Lecture contemporaine de l'hystérie. Regroupement interrégional de l'ouest, D.E.S. psychiatrie. p.10.

    * 6 BRIQUET P., 1975. Traité clinique et thérapeutique de l'hystérie. Paris, Hachette. p.3.

    * 7 BRIQUET P., 1975. Traité clinique et thérapeutique de l'hystérie. Paris, Hachette. p.190.

    * 8 CHARCOT J.M., 1975. Leçons du mardi à la salpêtrière : 1887-1889. Paris, Hachette. p.174.

    * 9 CHARCOT J.M., 1975. Leçons du mardi à la salpêtrière : 1887-1889. Paris, Hachette. p.136.

    * 10 RICHARD-DEVANTOY S., 2005. Lecture contemporaine de l'hystérie. Regroupement interrégional de l'ouest, D.E.S. psychiatrie. p.17.

    * 11 RICHARD-DEVANTOY S., 2005. Lecture contemporaine de l'hystérie. Regroupement interrégional de l'ouest, D.E.S. psychiatrie. p.17.

    * 12 FREUD S., BREUER J., 1956. « Le mécanisme psychique » in Etudes sur l'hystérie. Paris, P.U.F, 2002. p.4.

    * 13 FREUD S., 1922. Introduction à la psychanalyse. Paris, Payot, 2001. p.416.

    * 14 FREUD S., 1975. « Le petit Hans » in Cinq psychanalyses. Paris, PUF. p.176.

    * 15 LACAN J., 1981. Le séminaire livre III. Paris, Seuil. pp.181-205.

    * 16 PEDINIELLI J.-L., BERTAGNE P., 2002. Les névroses. Paris, Nathan université. p.23.

    * 17 NASIO J.-D., 1990. L'Hystérie ou l'enfant magnifique de la psychanalyse. Paris, Rivages. p.12.

    * 18 NASIO J.-D., 1990. L'Hystérie ou l'enfant magnifique de la psychanalyse. Paris, Rivages. p.19.

    * 19 PEDINIELLI J.-L., BERTAGNE P., 2002. Les névroses. Paris, Nathan université. p.39.

    * 20 LEMPERIERE T., FELINE A., 1977. Psychiatrie de l'adulte. Paris, Masson, 1989. p.96.

    * 21 ISRAEL., 1976. L'hystérique, le sexe et le médecin. Paris, Masson, 2001. p.45.

    * 22 ISRAËL L., 1976. L'hystérique, le sexe et le médecin. Paris, Masson, 2001 p 45-54.

    * 23 CHEMAMA R., VANDERMERSCH B., 1995. Dictionnaire de la psychanalyse. Paris, Larousse, 2005. p.289.

    * 24 FREUD S., 1969. La vie sexuelle. Paris, PUF, 1997. p.142.

    * 25 FREUD S., 1949. Abrégé de psychanalyse. Paris, PUF, 1985. p.59.

    * 26 CHEMAMA R., VANDERMERSCH B., 1995. Dictionnaire de la psychanalyse. Paris, Larousse, 2005. p.289.

    * 27 FREUD S., 1963. « Le moi et le ça » in Essais de psychanalyse. Paris, Payot. p.200.

    * 28 FREUD S., 1943. Métapsychologie. Paris, Gallimard, 1968. p.157.

    * 29 CHEMAMA R., VANDERMERSCH B., 1995. Dictionnaire de la psychanalyse. Paris, Larousse. 2005. p.290.

    * 30 CHEMAMA R., VANDERMERSCH B., 1995. Dictionnaire de la psychanalyse. Paris, Larousse. 2005. p.289.

    * 31 CHEMAMA R., VANDERMERSCH B., 1995. Dictionnaire de la psychanalyse. Paris, Larousse. 2005. p.290.

    * 32 ISRAËL L., 1976. L'hystérique, le sexe et le médecin. Paris, Masson, 2001 p. 158.

    * 33 CHABERT C., et al. 2004. « Deuil et Mélancolie » in Figures de la dépression. Paris, Dunod. p.19.

    * 34 CHABERT C., et al. 2004. « Deuil et Mélancolie » in Figures de la dépression. Paris, Dunod. p.19.

    * 35 FREUD S., 1943. Métapsychologie. Paris, Gallimard, 1968. p.147.

    * 36 FREUD S., 1943. Métapsychologie. Paris, Gallimard, 1968. p.158.

    * 37 CHABERT C., et al. 2004. « Deuil et Mélancolie » in Figures de la dépression.. Paris, Dunod. p.25.

    * 38 ANDRE J., et al. 1999. Problématiques de l'hystérie. Paris, Dunod. p.46.

    * 39 ANDRE J., et al. 1999. Problématiques de l'hystérie. Paris, Dunod. p.56.

    * 40 ANDRE J., et al. 1999. Problématiques de l'hystérie. Paris, Dunod. p.58.

    * 41 FREUD S., 1975 « Fragment d'une analyse d'hystérie (Dora) » in Cinq psychanalyses. Paris, PUF. p.80.

    * 42 LACAN J., 1981. Le séminaire livre III. Paris, Seuil. p.197.

    * 43 ANDRE J., et al. 1999. Problématiques de l'hystérie. Paris, Dunod. p.60.

    * 44 NASIO J.-D., 1996. Le livre de la douleur et de l'amour. Paris, Payot Rivages. p.261.

    * 45 LACAN J., 1981. Le séminaire livre III. Paris, Seuil. p.193.

    * 46 CHEMAMA R., VANDERMERSCH B., 1995. Dictionnaire de la psychanalyse. Paris, Larousse, 2005. p.264.

    * 47 FREUD S., 1969. La vie sexuelle. Paris, PUF, 1997. p.81.

    * 48 FREUD S., 1969. La vie sexuelle. Paris, PUF, 1997. p.97.

    * 49 FREUD S., 1969. La vie sexuelle. Paris, PUF, 1997. p.98.

    * 50 PONNIER J., 2003. Narcissisme et séduction (Pour une critique métapsychologique du concept d'idéalisation). Paris, Économica. p.25.

    * 51 FREUD S., 1969. La vie sexuelle. Paris, PUF, 1997. p.102.

    * 52 FREUD S., 1969. La vie sexuelle. Paris, PUF, 1997. p.103.

    * 53 CHABERT C., et al. 2004. Figures de la dépression. Paris, Dunod. p.4.

    * 54 CHABERT C., et al. 2004. Figures de la dépression. Paris, Dunod. p.10.

    * 55 ISRAËL L., 1976. L'hystérique, le sexe et le médecin. Paris, Masson, 2001. p 155-156.

    * 56 FREUD S., 1922. Introduction à la psychanalyse. Paris, Payot, 2001. p.327.

    * 57 FREUD S., 1922. Introduction à la psychanalyse. Paris, Payot, 2001. p.438.

    * 58 ISRAËL L., 1976. L'hystérique, le sexe et le médecin. Paris, Masson, 2001. p.103.

    * 59 ISRAËL L., 1976. L'hystérique, le sexe et le médecin. Paris, Masson, 2001. p 163.

    * 60 ISRAËL L., 1976. L'hystérique, le sexe et le médecin. Paris, Masson, 2001. p.163.

    * 61 ISRAËL L., 1976. L'hystérique, le sexe et le médecin. Paris, Masson, 2001. p 165.






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera