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tourisme et développement : comment le tourisme s'est il imposé au sein du renouveau théorique

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par Nicolas Lehoucq
ILERI - Master 2007
  

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I.2. Le tourisme s'impose dans le développement

Selon Mimoun Hillali, le tourisme serait le « fils de l'industrialisation et de la démocratie, bon élève de la consommation et de la mondialisation »63(*) ; dans ce sens que l'évolution du secteur touristique et son impact énorme sur la croissance mondiale est principalement dû au progrès des communications et particulièrement à la libéralisation du marché des compagnies aériennes. En effet, cette dernière fut, bien que non suffisante à elle seule, la condition nécessaire au développement du tourisme. Par la réduction des durées et coûts des transports, notamment aérien, le voyage est devenu une banalité.

Par cette réduction des distances et des coûts, la théorie de la spécialisation internationale qui fait le rapport entre les dotations factorielles, les coûts comparatifs et les conditions de la demande64(*), put s'appliquer au secteur touristique, lui permettant ainsi sa croissance mais également un nouvel engouement notamment dans les pays du Sud.

Toutefois, ces derniers devront néanmoins répondre à d'autres critères que leur simple patrimoine naturel ou culturel ; en effet comme le soulignent Georges Cazes et Georges Courade65(*) :

« s'il dispose d'avantages naturels et culturels recherchés, un pays peut devenir touristique si le niveau d'insécurité reste supportable pour le touriste, l'accueil de la population motivant, le confort satisfaisant et, surtout, les capitaux étrangers bienvenus et peu taxés. Le régime politique importe peu s'il assure la stabilité, et le non-respect des droits de l'homme n'y est pas un obstacle comme on le voit en Tunisie et Myanmar ».

Le secteur touristique semble donc, via la mondialisation, prêt à s'imposer comme nouveau vecteur de développement ; il convient de se poser ici deux interrogations : le tourisme répond-t-il aux besoins de développement ? et comment agit-il concrètement sur ce dernier ?

1. Un secteur central qui répond aux besoins du développement et à une demande

Le poids du tourisme dans le monde

Le grand public ignore souvent que le tourisme est le premier poste du commerce international devant le secteur automobile et les hydrocarbures. Selon l'Organisation Mondiale du Tourisme, il constitue un dixième de produit mondial brut en 200566(*).

Cette place de premier choix est liée au fait que les arrivées de touristes ont triplé en vingt ans ; quant aux recettes elles sont passées de 300 milliards de dollars en 1990 à près de 700 milliards de dollars en 200567(*). Il faut ajouter à cela que le tourisme représente quelques 250 millions d'emplois à travers le monde, se faisant de facto le principal pourvoyeur d'emplois au monde68(*).

Plus spécifiquement, de 1950 à aujourd'hui le secteur du tourisme a enregistré une progression constante de 6,5% de croissance en moyenne par an69(*), passant de 20 millions de déplacements à l'étranger après la seconde Guerre Mondiale à 808 millions de déplacements à l'étranger en 200570(*). De plus, même si les pays développés sont les premiers émetteurs et récepteurs de touristes, la part des autres continents dans le tourisme croît de manière constante du fait de la mondialisation et de nouveaux types de demandes de voyage. Ainsi l'Asie pacifique représentait en 2005 19,3% du tourisme mondial, les Caraïbes et l'Amérique latine 5,4%, le Moyen-Orient 4,8% et l'Afrique 4,5%71(*).

Les pays sous-développés voient donc dans le secteur touristique un nouveau potentiel de croissance72(*) ; alors qu'ils ne représentaient que 2,8 millions d'arrivées de touristes en 1990, soit 0,64% du total des arrivées touristiques internationales dans le monde ; ils ont pu voir leur part atteindre 1,6% soit 8 millions d'arrivées touristiques en 200473(*). Mais c'est surtout la croissance des recettes touristiques internationales qui fut spécialement rapide pour les pays sous-développés. En effet, ces recettes sont passées de 1 milliard de dollars en 1990 à 4 milliards de dollars en 2004.

Schéma recettes

Ceci est une donnée fondamentale dans l'optique de faire du tourisme un vecteur de développement comme nous l'analyserons plus loin. Malgré tout l'étude par pays récepteur de ce flux indique que les recettes touristiques internationales sont particulièrement concentrées puisque sept pays : le Cambodge, les Maldives, le Myanmar, le Sénégal, l'Ouganda, la Tanzanie et la Zambie représentent 50% du total des recettes du tourisme international dans les PMA en 2004. Du point de vue des taux de croissance, la progression la plus rapide concerne le Cambodge, la Tanzanie, le Myanmar, le Bangladesh, l'Ouganda74(*).

La conséquence de ce poids considérable

Même si les pays en développement ne représentent que moins d'un tiers des arrivées de touristes internationaux dans le monde75(*), face au poids considérable que le tourisme représente dans l'économie mondiale, la conclusion est simple ; nous citerons ici le plaidoyer de « l'advocacy platform »76(*) :

« Si les pays riches sont certes les premiers bénéficiaires du tourisme, celui-ci peut aussi être l'outil de développement des pays sous-développés et singulièrement petits ».

Les pays industrialisés disposent d'un avantage considérable, puisqu'ils peuvent mobiliser les moyens nécessaires au financement des investissements. En revanche les pays en développement n'ont pas toujours la possibilité de bénéficier des avantages que peut procurer leur abondance en travail, du fait des difficultés à financer les infrastructures à la base du développement touristique, et à gérer les services de façon concurrentielle.

Mais malgré les difficultés rencontrées par certains pays, les PMA bénéficient de nombreux avantages pour profiter d'un développement rapide du tourisme international grâce en particulier à leurs avantages de coûts comparatifs en travail et grâce à de nombreuses ressources naturelles touristiques encore non exploitées. Cependant, un des principaux problèmes concerne les difficultés à mobiliser les financements locaux mais surtout internationaux pour les investissements touristiques.

Pour mieux appréhender cela, il convient de s'arrêter un instant sur le concept de balance touristique des paiements qui représente le compte de trésorerie77(*) d'un pays avec les pays étrangers78(*).

Schéma de la balance touristique

A l'analyse des balances touristiques de paiements des pays en développement, on comprend que le tourisme est souvent une source alternative d'accès aux devises qui permettront aux pays du Sud leurs développements économiques79(*). Le tourisme est même devenu pour un tiers des pays sous-développés la première source de devises80(*).

Cependant malgré ces chiffres qui peuvent attirer l'ensemble des pays sous-développés sur ce secteur porteur, il convient d'effectuer une analyse rationnelle. En effet, tous les PMA n'ont pas vocation à se spécialiser dans le tourisme dans l'optique de leur développement.

Typologie des Etats pouvant utiliser le tourisme comme vecteur de développement

Afin de comprendre, quels Etats peuvent se tourner vers le tourisme dans le but d'assurer leurs développements respectifs, il faut dans un premier temps analyser les vecteurs de l'attractivité touristique d'un Etat.

Les dotations factorielles du tourisme international peuvent être réparties en quatre catégories principales :

· Les ressources naturelles

· Les ressources artistiques, culturelles et du patrimoine historique

· Les ressources humaines en travail et qualification

· Les ressources en capital et en infrastructures

L'Etat devra alors établir un calcul rationnel selon ses dotations dans les différentes catégories. Il convient ici de s'attacher au théorème d'Heckscher-Ohlin qui s'énonce de la manière suivante :

« un pays disposera d'un avantage comparatif dans la production du bien qui utilisera le plus intensément le facteur pour lequel il a une abondance relative. Il exportera ce bien et importera le bien intensif dans le facteur de production pour lequel il est le moins bien doté »81(*).

Via cette théorie basée sur les dotations factorielles, l'Etat pourra ou non choisir la voie du tourisme comme vecteur de développement. Maintenant que nous avons saisi l'importance du secteur touristique et les enjeux qu'il peut représenter dans le développement d'un Etat ; il convient d'étudier plus en profondeur et d'une façon plus concrète l'influence du tourisme sur le développement. Comment agit-il ? Quelles en sont les répercussions sur l'économie, l'emploi, les infrastructures et la résolution des problèmes liés au sous- développement tel que la dette ?

2. L'influence du tourisme sur le développement

Les effets du tourisme sur le développement du point de vue macroéconomique

Au niveau d'une économie nationale ou d'une région, les effets du tourisme sont en général évalués à partir de leurs répercussions sur des objectifs acceptés par tout système économique, à savoir leur contribution à la croissance économique, la stabilité des prix, l'équilibre de la balance des paiements, la distribution juste et équitable du revenu national et le plein emploi.

Une étude de l'OMT a regroupé les effets du tourisme selon trois catégories :

 

I.2.1.1.1. Les effets sur la stratégie du développement, dénommés également effets globaux

* 63 Mimoun Hillali, le tourisme international vu du Sud ; Presses Université du Québec, 2003.

* 64 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 52.

* 65 Georges Cazes, Georges Courade, les masques du tourisme ; Revue Tiers Monde, n°178, Avril-Juin, 2004.

* 66 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 2.

* 67 Source OMT, ce poids considérable du tourisme représentant ainsi 30% de l'ensemble des services mondiaux ; voir également en annexe (3) le tableau des arrivées et recettes du tourisme mondial.

* 68 Bernard Duterme, expansion du tourisme international : gagnants et perdants ; Alternatives Sud, Volume 13, 2006

* 69 Voir annexe (4) tableau sur les tendances et prévisions du tourisme mondial.

* 70 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 2.

* 71 Source OMT.

* 72 Voir annexe (5) tableau sur les prévisions des arrivées touristiques par régions.

* 73 Source UNWTO, Organisation Mondiale du Tourisme au Nations Unies, « tourism market trends », 2006. Voir également tableau en annexe (p253).

* 74 Source UNWTO, « Tourism market Trends », 2006 ; voir également l'annexe (6) tableau sur les arrivées de touristes internationaux dans les PMA.

* 75 Source OMT et François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 16.

* 76 Bernard Duterme, expansion du tourisme international : gagnants et perdants ; Alternatives Sud, Volume 13, 2006

* 77 Ce compte de trésorerie affiche les recettes par rapport aux dépenses.

* 78 Robert Lanquar, l'économie du tourisme ; Que sais-je ?; 1994, page 74.

* 79 Voir l'annexe (7) schéma d'un compte du tourisme.

* 80 Selon l'OMT, le tourisme est en effet la principale source de devises pour 46 des 49 PMA.

* 81 François Vellas, Economie et Politique du Tourisme International ; Economica, 2007, page 58.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci