Introduction générale
L'influence de la monnaie sur l'activité
économique, au moins à court terme, a été soutenue
par tous les courants de pensé économique.
La politique monétaire est devenue la composante
essentielle de la politique économique permettant aux autorités
monétaires de modifier les variables macroéconomiques.
Cependant et suite aux vastes mouvements de
libéralisation des marchés et ses conséquences en termes,
d'élargissement de l'activité bancaire, d'intensification de la
concurrence et d'accélération du processus d'innovation
financière, la conduite de la politique monétaire se trouve
largement modifiée dans la mesure où le développement des
innovations financière a entraîné une refonte du paysage
financier dans le quel opère la politique monétaire.
Dans cet environnement, l'efficacité de la
politique monétaire, dépend de la capacité des
autorités monétaires à déterminer l'aptitude
potentielle des canaux de transmission des impulsions de la politique
monétaire.
Les mécanismes de transmission des effets de la
politique monétaire représentent l'un des grands mystères
économique. L'étude des canaux de transmission de la politique
monétaire permet d'élucider une partie de ce mystère en
présentant les mécanismes par les quels se transmettent les
impulsions des autorités monétaires. La fin des années
soixante-dix, les diverses écoles se rejoignaient pour accorder à
la monnaie une influence sur l'activité économique, au moins
à court terme. Les travaux empiriques semblaient alors confirmer le
rôle dominant de la monnaie dans les variations conjoncturelles du
produit : Friedman et Schwartz (1963), dans leur histoire monétaire
des Etats-Unis, fournissaient une interprétation purement
monétaire de crise de 1929 en mettant en évidence la forte
corrélation de l'offre de monnaie au cours de cette période,
ensuite les travaux de Anderson et Jordan (1968), et Sims (1972) retrouvaient
l'antériorité de la masse monétaire par rapport au
produit.
Mais ce consensus quant à l'influence des chocs
monétaires sur la sphère réelle s'est brisé au
cours des années quatre-vingt. Les théoriciens du courant du
cycle réels montrent qu'un modèle de croissance
néoclassique perturbé uniquement par des chocs technologiques
génère des propriétés cycliques proches des
caractéristiques observées. Ce qui les conduit à
dénier aux variables monétaires et plus
généralement aux chocs de demande toute influence dans les
fluctuations économiques. Parmi ces travaux on peut citer ceux de Nelson
et Plosser (1988), Litterman et Weiss (1985) etc....
La vision traditionnelle de la transmission de la
politique monétaire à la sphère réelle
qualifié de « money view », est apparue
incomplète. Si la corrélation empirique entre les fluctuations de
la masse monétaire et du produit a été mise en
évidence sur la plupart des périodes et des pays, des
études empiriques ne font pas apparaître de mouvements
significatifs du taux d'intérêt réel anticipé ou une
forte élasticité des dépenses par rapport au taux
d'intérêt. En conséquences, le besoin s'est
avéré pressant de compléter les explications
traditionnelles de la transmission monétaire.
Une première variante s'est
développée dans le cadre des travaux de recherche de fondements
microéconomiques au modèle keynésien (Blanchard (1990))
qui privilégie les mouvements des encaisses réelles comme canal
des transmissions des chocs monétaires.
Une deuxième variante s'est
développée parallèlement à la première. Elle
remonte au modèle théorique de Bruner et Meltzer (1978) qui,
très tôt, ont reconnu l'existence d'un canal supplémentaire
passant par la quantité de crédit. Les mécanismes
décrits dans cette littérature sont communément
rassemblé sous l'étiquette « canal du
crédit » de la transmission monétaire.
La prise en compte des relations commerciales et
financières avec l'étranger permet de définir un nouveau
mécanisme capable de transmettre les impulsions de la politique
monétaire à savoir le canal du taux de change. Il présent
un élément important dans les modèles
macroéconomiques conventionnels ouverts permettant aux autorités
monétaires de modifier significativement l'activité
économique, ce canal de transmission a été très
soutenu par les travaux de Flood, Robert et Rose en 1999.
Mais les canaux de transmission de la politique
monétaire, sont variables d'une économie à l'autre et se
modifient au sein d'une même économie en fonction des changements
structurels, se trouvent par conséquent affectés. Ceci
entraîne une modification dans leur capacité de transmission
monétaire.
La Tunisie, comme les pays en développement se
trouve confronté à cette situation dans la mesure où le
processus d'innovation financière commence à se
développer, ce qui laisse envisager une modification probable des canaux
de transmission de la politique monétaire.
Une modélisation vectorielle autorégressive
nous est apparue être un cadre d'analyse adéquat. En effet, elle
permet de saisir la dynamique jointe d'un ensemble de variables comme
résultant de chocs exogènes et de mécanismes de
propagation. Nous estimons donc un modèle vectoriel à correction
d'erreurs comprenant un indicateur d'activité, de masse
monétaire, de taux d'intérêt, de taux de change et de
crédit.
Cette analyse est menée sur les données
Tunisienne, divisées en deux périodes (1975-1988) et (1989-2006),
les données sont mensuelles.
L'analyse des décompositions de variance,
l'assurance de l'absence du problème d'autocorrection des erreurs et les
fonctions de réponses aux chocs nous indiquerons les actions de la
politique et son influence sur l'activité réelle à partir
des trois canaux traditionnels de transmission.
Pour traiter ces questions, nous avons
décomposé notre travail de recherche en trois chapitres ;
Le premier chapitre est consacré aux
fondements théoriques des canaux de transmissions de la politique
monétaire. Ce chapitre est organisé comme suit,
· Dans une première section, nous exposerons le
canal du taux d'intérêt qui est considéré comme
canal privilégié du modèle de base Keynésienne.
· Dans une deuxième section, nous annoncerons le
canal du crédit.
· Enfin dans une troisième section nous
étudierons le canal du taux de change.
Le deuxième chapitre est
consacré au impact des mutations financières sur les canaux de
transmission de la politique monétaire en Tunisie.
· Au début nous revenons sur le processus
d'innovation financière en Tunisie
· Dans une première section nous analyserons
l'impact des innovations financières sur le canal du taux
d'intérêt.
· Dans une deuxième section nous
étudierons l'impact des innovations financières sur le canal du
crédit.
· Enfin nous exposons l'impact des mutations
financières sur le canal de change.
Le troisième chapitre sera
consacré à l'estimation d'un VAR et un test de causalité.
Cas de la Tunisie.
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