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Mutations financières et canaux de transmission de la politique monétaire: cas de la Tunisie

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par Wissem AWEDNI
FSEG Sfax - Mastère 2007
  

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II-2- Le canal étroit du crédit

Le canal étroit du crédit (ou strict) du crédit s'appuie sur la spécificité du crédit bancaire par rapport aux autres moyens de financement. Le crédit bancaire constitue le moyen de pallier les insuffisances du marché financier qui résultent de l'imperfection de l'information.

Il y a une imparfaite substituabilité entre les sources de financement externes et internes pour les différents agents économiques. De plus au sein même du financement externe le financement bancaire est imparfaitement substituable au financement direct à la fois à l'actif du bilan des banques (du point de vue des préteurs) et au passif du bilan des agents économique (du point de vue des emprunteurs).

D'une part, certains investisseurs n'ont pas accès au marchés financiers et dépendent des banques pour le financement externe, il s'agit essentiellement des petites et moyennes entreprises et des ménages. Le coût du crédit bancaire est plus faible que celui d'un endettement obligataire pour les PME.

D'autre part, les banques elles-mêmes considèrent que les réserves, les titres et les crédits qu'elles nourrissent à leur actif ont une substituabilité imparfaite, de même que les différentes formes de dettes qu'elles émettent à leur passif.

Le canal des prêts bancaires énonce que la dépendance de certaines entreprises du financement bancaire en présence d'asymétrie d'informations peut transférer les variations de l'offre de monnaie à l'activité réelle par l'intermédiaire du volume des prêts distribués.

Illustrons le raisonnement par une politique monétaire restrictive pesant sur la liquidité bancaire. En vendant des titres publics à l'Open Market, le bilan de la Banque Centrale est modifié par une réduction simultanée des titres à l'actif et des réserves au passif.

Cette restriction monétaire n'a pas le même effet sur les banques. Il y a une baisse des réserves bancaires et une augmentation de leur portefeuille titres accompagnée par une hausse du taux d'intérêt sur le marché monétaire. Or les banques ont une contrainte de liquidité car :

- Les dépôts à vue les exposent à des risques de retrait de la clientèle : risque d'illiquidité.

- Certaines ressources sont soumises au système des réserves obligatoires.

Le passif bancaire diminue en conséquence car la baisse des réserves se répercute sur certains dépôts par la logique des réserves obligatoires.

Pour retrouver leur ratio de liquidité, les banques ont trois possibilités :

- Les agents non financiers considèrent que les dépôts à vue sont substituables aux titres publics, ils peuvent utiliser leurs dépôts à vue pour acheter les titres acquis par les banques auprès de la Banque Centrale ce qui augmente le taux d'intérêt sur le marché des titres. Cette augmentation se propage aux autres actifs. Il y a ajustement et le crédit bancaire ne varie pas. Le canal de transmission dans ce cas est le canal monétaire. Il va se traduire par une augmentation du taux d'intérêt sur tous les marchés de façon identique (marché du crédit et marché de la monnaie).

- Si les agents non financiers voient que les dépôts à vue sont substituables aux autres exigibilités bancaires notamment les certificats de dépôts, ils utiliseront leurs dépôts à vue pour acheter les certificats de dépôts (qui exigent moins de réserves obligatoires et pas de réserves de précaution) émis par les banques. Il y a ajustement par une modification du passif bancaire et le crédit reste inchangé.

- Si les agents non financiers jugent que les dépôts à vue sont des actifs particuliers car ils ont une valeur nominale garantie, il n'y a pas d'arbitrage possible et les banques se verront obligées de réduire les crédits.

Pour que le canal de crédit fonctionne, il faut donc une imparfaite substituabilité entre les titres (obligations) et les prêts bancaires (à l'actif du bilan des banques), mais surtout une imparfaite substituabilité entre les dépôts à vue, les autres dettes bancaires et les obligations détenus par les agents non financiers.

Bernanke et Blinder [1988] explicitent ces arbitrages, comme il est déjà cité au dessus, dans un modèle comprenant trois actifs, la monnaie, le crédit et les titres obligataires. Dans un modèle IS-LM prolongé qui est un modèle néokéynesien d'économie fermé à prix fixes, le marché de la monnaie est décrit par une courbe LM conventionnelle, L'offre de monnaie résulte d'une multiplication des réserves bancaire, le coefficient multiplicateur étant une fonction croissante du taux d'intérêt obligataire (plus le taux obligataire est élevé, plus les réserves excédentaires induisent un coût d'opportunité important pour les banques). La demande de monnaie décroît avec le taux obligataire et croît avec le revenu agrége. Le marché de crédit nécessite un commentaire plus détaillé. Les préteurs comme les emprunteurs arbitrent entre le financement obligataire et le financement à crédit en fonction des taux. La demande de crédit est une fonction décroissante du taux débiteur bancaire, mais croissante du taux obligatoire et de revenu agrégé (le revenu étant une variable indicatrice du financement interne). L'offre de crédit quant à elle augmente avec le taux débiteur (absence de rationnement) mais diminue avec le taux obligataire (effet de substitution). Enfin, le marché des biens est soldé par une courbe IS qui décroît avec le taux obligataire et le taux débiteur bancaire, les deux modes de financement externe contraignant la demande agrégée.

Bernanke et Blinder isolent la courbe LM et agrègent les marchés du crédit et des biens dans une courbe représentative CC (commodities and credit). Comme la courbe IS et pour des raisons similaires, la courbe CC présente une liaison négative entre le taux obligataire et le revenu agrégé. En revanche, la courbe CC est affectée par n'importe quel choc exogène pesant le taux débiteur, notamment une variation des réserves.

Ainsi, une politique monétaire restrictive (reprise de liquidités bancaires par exemple) déplace la courbe LM vers la gauche. Si le crédit et les titres étaient des substituts parfaits, la courbe CC se confondrait avec une courbe IS et ne subirait aucune modification. De l'équilibre initial (Y, i), l'économie passerait à l'équilibre (Y1, i1), reflétant le canal monétaire traditionnel : la demande excédentaire de monnaie serait résorbée par une hausse du taux obligataire. Si le crédit et les titres sont des substituts imparfaits en revanche, la courbe CC se déplace vers la gauche et l'équilibre final se situe éventuellement en (Y2, i2). Le canal du crédit bancaire renforce le canal monétaire: la réduction des réserves entraîne une réduction des dépôts et des crédits offerts par les banques. La demande excédentaire de crédit est alors apurée par une augmentation du taux débiteur et une réduction du taux obligataire en raison d'un arbitrage crédit-titres à l'actif des banques et un arbitrage dépôts-titres à l'actif des agents non financiers. La restriction monétaire initiale réduit la dépense agrégée via un effet de liquidité (passage de Y à Y1) auquel s'ajoute un effet de disponibilité du crédit (passage de Y1 à Y2). En définitive, on conçoit qu'en fonction des élasticités relatives de substitution réserves-titres et titres-crédit dans les actifs bancaires, une politique monétaire restrictive réduise le taux obligataire (passage de i à i2) contrairement à ce que le seul effet de liquidité laisse présager dans le canal monétaire. Dès lors, le taux d'intérêt obligataire n'est pas un indicateur pertinent pour caractériser le contenu restrictif ou expansif d'une politique monétaire.

Graphique 3 : Effet d'une politique monétaire restrictive


Le modèle du canal du crédit bancaire suppose un système financier qui est basé sur le principe du multiplicateur de la base monétaire où les banques n'accordent de crédit que si elles disposent au préalable de réserves excédentaires : c'est le cas des économies de marchés. Il est donc difficile de trouver une justification empirique du canal du crédit bancaire dans un système financier d'une économie d'endettement où l'offre de crédit ne nécessite pas de réserves bancaires au préalable puisque l'on est dans une logique de diviseur de crédit

Par contre pour d'autres auteurs comme Stiglitz et Weiss (1981), les banques qui gèrent les problèmes liés aux asymétries d'information (anti-sélection et/ou aléa moral) peuvent être conduites à rationner leur offre de crédits plutôt que d'augmenter leur taux d'intérêt débiteur. La contraction de l'offre de crédit bancaire a pour conséquence une augmentation de la prime de financement externe pour les emprunteurs dépendants des banques qui seront obligés de réduire leur activité.

En conclusion, le canal étroit du crédit fait ressortir un aspect quantitatif dû à un effet de rationnement qui influence l'activité des PME dépendantes des banques. Il y a aussi un effet de taux d'intérêt du crédit bancaire qui peut être le résultat de l'effet quantité ou bien la conséquence des conditions débitrices des banques.

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