I.2. Caractéristiques de l'UEMOA
Il s'agit d'examiner dans cette section les reformes entreprises
par l'UEMOA dans le cadre de l'intégration économique et leurs
effets sur certains déterminants des IDE.
5 Règlement n°09/1 998/CM/UEMOA relatif aux relations
financières extérieures des Etats membres de l'Union Economique
et Monétaire Ouest Africaine
INTEGRATION ECONOMIQUE ET STIMULATION DE
L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
I.2.1. Les chantiers d'intégration de
l'UEMOA
Le traité de l'UEMOA, signé en janvier 1994 et
entré en vigueur le 1er août de la même
année, vise la création d'une union douanière, la
convergence des politiques économiques et la conduite de politiques
sectorielles communes.
I.2.1.1. La surveillance multilatérale des
politiques macroéconomiques
La surveillance multilatérale repose sur les objectifs
définis dans le pacte de convergence, de stabilité, de croissance
et de solidarité à travers l'Acte Additionnel n°04/99 et
modifié suivant l'Acte Additionnel n°03/2003. Il s'agit d'abord
d'observer une phase de convergence des économies des pays membres du
1er janvier 2000 au 31 décembre 2008 (nouvel horizon de
convergence) et ensuite une phase de stabilité commençant le
1er janvier 2009. Deux types de critères de convergence
à savoir ceux dits de premier rang et d'autres dits de second rang sont
à respecter par les Etats. Le critère clé est le ratio du
solde budgétaire de base rapporté au PIB nominal qui doit
être supérieur ou égal à 0%.
Les performances de chaque pays dans l'observation de ces
critères ressort à travers le tableau de l'annexe 1. Comme on
peut le constater, les performances sont faibles pour l'ensemble des pays. Nous
examinerons le cas spécifique de l'inflation et la croissance
économique qui sont des déterminants clés en
matière d'IDE.
L'inflation en glissement annuel est contenue
autour de 3% dans les pays membres de l'Union. En effet, la variation relative
du niveau général des prix se situe à 0,4% en moyenne en
2004 au sein de l'Union contre une très forte variation de 14,4% pour
les autres pays de la CEDEAO hors UEMOA. Toutefois, ce taux plafond de 3% a
été dépassé en 2005 à cause de
l'augmentation des prix des denrées alimentaires et du carburant dans
les pays membres (7,9% au Niger et 5% au Burkina Faso).
Tableau 1 : taux d'inflation (%)
Pays
|
2004
|
2005 (e)
|
2006 (f)
|
2007 (f)
|
Bénin
|
0,9
|
4,7
|
3,4
|
1,8
|
Burkina Faso
|
-0,4
|
5
|
4,2
|
1,5
|
Côte d'Ivoire
|
1,6
|
4,7
|
3
|
2,4
|
Guinée Bissau
|
3
|
2
|
2
|
2
|
Mali
|
-2,8
|
5
|
-0,8
|
1,4
|
Niger
|
0,2
|
7,9
|
2,7
|
2,2
|
Sénégal
|
0,5
|
2,3
|
2,5
|
2
|
Togo
|
1,2
|
1,7
|
2
|
2,3
|
Moyenne UEMOA
|
0,4
|
4,4
|
2,6
|
2
|
Moyenne autres pays CEDEAO
|
14,4
|
16
|
8,1
|
7,3
|
Source : Perspectives Economique en Afrique
2006 (BAD & Centre de Développement de l'OCDE)
S'agissant de la croissance du PIB
réel des économies des pays membres de l'UEMOA, son taux
s'est situé à 3,5% en moyenne entre 1997 et 2003, soit un peu en
deçà du taux enregistré par les pays de la CEDEAO hors
UEMOA (tableau 2). Au Burkina Faso, les estimations de la croissance ont
atteint 5,4% en 2005 contre seulement 2,3% pour la Guinée Bissau. La
croissance du PIB par habitant est encore plus faible quant on sait que le taux
de croissance de la population se situe en moyenne à plus de 3% dans la
zone. D'ailleurs, l'évolution de la croissance ne laisse entrevoir aucun
signe de convergence des économies. En effet, la théorie de la
convergence économique postule que si les pays qui tirent de
l'arrière (ceux qui ont des
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L'INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER : Cas de l'UEMOA
niveaux inférieurs de productivité et de revenu
réel) appliquent des politiques micro- économiques et
macro-économiques appropriées, ils devraient pouvoir hausser leur
revenu réel plus rapidement que le pays qui se situe en tête du
peloton (le meneur sur les plans de la technologie et de la
productivité). Il en est ainsi parce qu'ils bénéficient
des avantages6 découlant de leur retard.7 Au
demeurant, on s'attendrait à une croissance plus forte dans les pays
sahéliens plus pauvres (Burkina Faso, Mali, Niger) par rapport aux pays
de la façade maritime (Côte d'Ivoire, Sénégal et
Bénin) relativement plus industrialisés.
Tableau 2 : Taux de croissance réel du PIB (en
%)
Pays
|
1997-2003
|
2004
|
2005 (e8)
|
2006 (p)
|
2007 (p)
|
Bénin
|
4,9
|
3,4
|
4
|
4,6
|
4,7
|
Burkina Faso
|
5,4
|
4,6
|
5,4
|
7,6
|
5,9
|
Côte d'Ivoire
|
1
|
1,6
|
1
|
1,9
|
2,4
|
Guinée Bissau
|
-1,8
|
4,3
|
2,3
|
2,6
|
3,1
|
Mali
|
5,6
|
2,2
|
5,4
|
5,5
|
5,4
|
Niger
|
4,1
|
-0,6
|
4,5
|
4
|
3,7
|
Sénégal
|
4,9
|
6
|
5
|
5,2
|
5,9
|
Togo
|
1,8
|
2,9
|
3
|
3
|
3
|
Moyenne UEMOA
|
3,5
|
3
|
3,7
|
4,4
|
4,4
|
Moyenne autres pays CEDEAO
|
3,9
|
5,8
|
4,7
|
5,7
|
6
|
Source : Perspectives Economiques en
Afrique 2006 (BAD & Centre de Développement de l'OCDE)
Les faibles résultats enregistrés s'expliquent
par certains facteurs comme le manque de vigueur de l'activité
économique, la forte vulnérabilité aux chocs
extérieurs, l'insuffisance de l'assainissement des finances publiques,
la lenteur dans la mise en oeuvre des politiques sectorielles et des reformes
structurelles ainsi que la persistance des tensions sociopolitiques et des
conflits armés dans certains pays de l'Union9.
6 L'expression « avantage du retard » est parfois
utilisée lorsqu'on évoque cette possibilité de
bénéficier d'investissements et de moyens technologiques
étrangers, qui devraient (du moins en théorie) permettre aux pays
pauvres de se développer plus rapidement que ne l'ont fait les pays
aujourd'hui industrialisés.
7 Ashfaq Ahmad et alii (1 996)
8 (e) désigne estimation et (p) désigne
prévision.
9 Cf. conférence prononcée par le professeur
Lambert Galadjo BAMBA sous le thème : l'intégration
économique et monétaire et convergence des politiques
macroéconomiques dans la zone UEMOA au profit des auditeurs de la
8ème promotion du programme GPE Abidjan en 2006
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