2.2.3 Problèmes écologiques associés
à la conservation
A l'heure actuelle, il existe plusieurs dommages anthropiques
ou non, qui perturbent directement ou indirectement l'équilibre
écologique des zones concernées par la mise en réserve.
Parmi les plus dangereux, nous allons voir d'abord ceux qui sont liés
à la surpopulation des animaux sauvages à l'intérieur des
espaces protégés, puis ceux causés par le tourisme
intensif.
2.2.3.1 Dommages causés par les animaux sauvages
L'élimination quasi-totale des animaux (surtout les
éléphants), à l'extérieur des parcs, liée
à la mise en culture ou à d'autres modifications anthropiques des
territoires dans lesquels ils migraient autrefois, provoque leur concentration
dans les zones protégées où ils dégradent la
couverture végétale, surtout les arbres pour les
éléphants, pendant la saison sèche en dévorant leur
écorce et leur feuillage.
Aujourd'hui, certains chercheurs craignent que la
prolifération des éléphants dans certains parcs et
réserves kenyans ou tanzaniens puisse devenir dangereuse pour la
végétation arbustive. Dans certains endroits, ces
éléphants sont parfois considérés comme
responsables de la transformation de la brousse arbustive en savane herbeuse,
ce qui n'est pas bon pour certains animaux, comme les girafes, qui aiment
brouter des arbres de 6 m de haut.
Dans le Parc national d'Amboseli par exemple, A. Huetz de
Lemps (op. cit.) précise que de vastes étendues sont pratiquement
privées d'arbres et que les acacias (acacia xanthophloe)
n'existent plus. Les éléphants, en surnombre, qui restent dans ce
parc doivent se contenter de brouter des herbes de plus en plus petites. Il en
est de même pour la Réserve de Maasai-Mara là où les
éléphants, réfugiés du Parc national de Serengeti
suite aux activités de braconnage, ont entraîné une
diminution assez remarquable de la flore et de la faune associées aux
milieux boisés. A contrario, les chercheurs affirment que la même
époque s'est caractérisée par un enrichissement de la
flore et de la faune associée aux milieux herbeux.
Un autre cas des effets nuisibles liés à une
très forte densification d'éléphants émane des
résultats d'une étude menée au début des
années 70 dans le Parc de Tsavo (Dufour C., op. cit.). Sur ce point,
l'auteur affirme que « l'impact des éléphants sur les
surfaces boisées a conduit au déclin des habitats favorables
à d'autres herbivores-girafes, koudous, rhinocéros noirs- ainsi
qu 'à de nombreuses espèces d'oiseaux et d'insectes forestiers.
Lorsque la population d'éléphants a brutalement chuté de
40.000 à 6.000 individus du fait du braconnage et de la
sécheresse, les autres espèces ont commencé à se
rétablir. »
Pour éviter cette dégradation de
l'écosystème, à cause de la surpopulation des
éléphants, certains pays de l'Afrique australe, comme l'Afrique
du Sud et le Zimbabwe, proposent la révision de la Conférence de
Washington (CITES) de 1989 (interdisant le commerce international de l'ivoire)
en réclamant l'autorisation du nouveau commerce de l'ivoire. Or, le
Kenya fait partie des pays qui rejettent cette proposition.
A part les dégâts causés par les
éléphants à l'intérieur ou en dehors des parcs est-
africains, il faut aussi signaler qu'il y a d'autres espèces qui font la
même chose. C'est le cas des Babouins (Papio olivaceus) qu'on
observe dans certains parcs est-africains, comme le Parc National de l'Akagera,
par suite de la quasi-absence de leur principal prédateur naturel, le
léopard.
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