INTRODUCTION GENERALE
Depuis plusieurs années déjà, les
professionnels Sénégalais de la communication font usage de la
communication multicanale ; pour un meilleur retour sur les
investissements, ils mettent en oeuvre des stratégies fondées sur
une architecture de canaux différents (Mix média), fonctionnant
en synergie et permettant de véhiculer des messages cohérents.
Seulement, le marché évolue ; la mercatique
de masse, qui semble aujourd'hui en perte d'efficacité et de
créativité, ne suffit plus. Les consommateurs
Sénégalais ont changé ; ils vivent l'ère des
Technologies de l'Information et de la Communication et leur attention est de
plus en plus difficile à capter. L'on ne peut plus se contenter de
déverser des messages publicitaires en espérant que le
consommateur y prête attention. L'entreprise, la marque, le produit
doivent aujourd'hui se démarquer, nouer une relation plus poussée
avec le consommateur.
Le marketing a vu le jour dans les années 30 aux
Etats-Unis. Depuis, le concept a vu son champ d'application s'élargir et
de nouvelles orientations sont apparues ; au marketing segmenté se
superpose aujourd'hui la notion de marketing individualisé. Il est donc
impératif de repenser une communication publicitaire en
adéquation avec l'évolution du consommateur. Ceci aux fins, non
seulement de capter son attention, mais également d'établir une
relation avec lui. C'est dans ce cadre que s'inscrit le marketing alternatif
comme possible solution pour une communication publicitaire plus
créative au Sénégal. Le terme marketing alternatif
regroupe plusieurs nouvelles formes de marketing ; notamment le street
marketing, le buzz marketing, le marketing viral. L'originalité et les
connexions émotionnelles possibles grâce à ces nouvelles
formes de marketing pourraient être mieux exploitées par les
professionnels de la communication.
Notre travail de recherche, soutenu par deux enquêtes de
terrain, s'est attardé sur les enjeux du marketing alternatif pour la
communication publicitaire, les freins à une vulgarisation de ces
nouvelles formes de marketing et leur adaptabilité dans un contexte
purement Sénégalais.
Ière PARTIE :
APPROCHES THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
A. CADRE
THEORIQUE
1.
Problématique
Communiquer est un art qui se réinvente chaque
jour ; si les codes de communication n'ont pas changés, il y a eu
cependant une nette évolution dans la manière de les exprimer.
Ceci est dû en majeure partie à l'avènement des
Technologies de l'Information et de la Communication. Cette dynamique pousse
les entreprises à innover en matière de communication
publicitaire pour pouvoir se démarquer des concurrents. Au
Sénégal, beaucoup de publicitaires utilisent les médias
traditionnels pour véhiculer leurs messages ; quelques uns ont
cependant recours aux nouvelles formes du marketing. Pour les campagnes de
communication, ce sont les mêmes formes de marketing qui sont servies aux
consommateurs. Une impression de « déjà vu »
qui n'arrange pas forcément les affaires de ces annonceurs.
Au fil des ans, les consommateurs sont devenus plus exigeants.
Ce phénomène « booste » la communication
marketing car celle-ci doit être de plus en plus créative, afin de
mieux capter l'attention du consommateur. Ainsi, le marketing alternatif est
presque devenu un indispensable à travers le monde, car utilisant des
supports non conventionnels qui accrochent forcement et permettent une forte
connectivité entre l'entreprise, la marque et/ou le produit et le
consommateur.
Malgré le potentiel créatif au
Sénégal, les techniques alternatives ne sont pas très
souvent utilisées. Pourtant, il serait judicieux de se tourner vers ces
formes plus créatives de marketing et de stimuler d'une
façon différente les consommateurs. Le marketing prend
aujourd'hui des formes diverses et variées ; notamment, le Street
Marketing, le Marketing Viral, la Guérilla Marketing pour ne citer que
cela. Dans quelles mesures ces solutions alternatives peuvent-elles être
vulgarisées au Sénégal, dans un secteur de la
communication qui semble en panne de créativité ?
Tout au long de notre travail de recherche, nous traiterons du
marketing alternatif en dégageant l'impact que celui-ci pourrait avoir
sur la communication publicitaire en général. Nous traiterons
également des enjeux et freins liés à son utilisation.
2. Objectifs de recherche
Les objectifs de recherche retenus sont de deux ordres :
- Objectif général :
· Comprendre les choix des annonceurs en matière
d'innovations liées au marketing alternatif.
- Objectifs spécifiques :
· Exposer les enjeux des nouvelles formes de
marketing ;
· Ressortir les motivations et freins liés
à leur application au Sénégal ;
· Produire une réflexion sur l'adaptation possible
du marketing alternatif aux réalités sénégalaises.
3. Hypothèses de
travail
Claude Bernard écrivait encore que « si l'on
expérimentait sans idée préconçue, l'on irait
à l'aventure1(*) ». D'où la nécessité de
bâtir des hypothèses de travail qui sont autant de propositions de
réponses aux interrogations soulevées précédemment.
En outre, se situant au coeur de la démonstration, ces
hypothèses sont des « animaux » qui évitent
des gaffes pour un parodier comme Ernest Gellner2(*). Ainsi, conformément aux objectifs ci dessus,
les hypothèses suivantes sont formulées pour servir de
repères scientifiques dans les investigations à mener.
- hypothèse 1 : Les canevas
utilisés par la publicité traditionnelle, par le biais des mass
média, sont dépassés pour le marché de la
communication au Sénégal.
- hypothèse 2 : L'augmentation du
capital sympathie des annonceurs auprès des consommateurs dépend
de leur aptitude à se rapprocher de ces derniers par le biais du
marketing alternatif.
4. Pertinence du sujet
Le choix du marketing alternatif s'est fait tout naturellement
car en tant que consommatrice, nous restons sur notre faim au vue des
différentes campagnes sur la plupart des produits. Il est clair
qu'à force de voir des publicités qui se ressemblent toutes, on
fini par ne plus faire de distinction. Pire encore, cela provoque un certain
manque d'intérêt. Nous savons quelle est la place de l'attention
et de l'intérêt du client par rapport au produit. Aussi, il est
important, et même vital pour toute entreprise industrielle ou
commerciale, de tout mettre en oeuvre pour attirer de nouveaux clients et
surtout, conserver ceux qu'on a acquis.
Faire une analyse du marketing alternatif au
Sénégal nous permet d'avoir les avis des annonceurs, des
communicants et des consommateurs sur la question. A partir des
résultats obtenus de ces derniers, nous allons déterminer quelles
sont les attentes du marché de la communication et l'adéquation
de ces attentes avec les solutions alternatives. Les propositions pour adapter
le marketing alternatif au contexte Sénégalais peuvent être
utilisées par les professionnels de la communication dans le cadre de
leur profession.
Ressortir les enjeux du marketing alternatif va renseigner sur
une discipline encore peu maîtrisée dans notre pays. La
communication au Sénégal a besoin d'une bouffée
d'oxygène. Elle gagnerait à s'aligner dans la mesure du possible
sur les standards mondiaux (tout en tenant compte de ses
réalités) car avec la mondialisation et les technologies de
l'information et de la communication, ne seront pérennes que les
entreprises qui auront su communiquer sur leurs offres et leurs valeurs.
5. Revue critique de la
littérature
En me référant aux mémoires
déposés à la bibliothèque de l'Institut
.Supérieur de Management, des recherches antérieures n'ont pas
été faites sur le thème par les auditeurs. En l'absence de
cours dispensé sur la discipline comme base de travail, nous avons
cependant exploité des coupures de journaux sur internet, des
définitions aussi.
Quant aux ouvrages que nous avons exploré, on peut
juste relever que les écrits de ces auteurs traitent tous du marketing
alternatif en simple évocation, et en parfaite adéquation avec le
contexte occidental. Nous n'avons pas pu consulter d'ouvrages évoquant
le marketing alternatif pensé à l'africaine.
Notre souci sera donc d'ajouter une modeste contribution en
donnant une proposition de réponse au problème posé.
B. CADRE
METHODOLOGIQUE
1. Cadre de l'étude
L'étude a été effectuée au
Sénégal, dans la ville de Dakar, car toutes les agences de
communication et les principaux annonceurs y sont basés.
Le thème porte sur la communication publicitaire. Nous
avons axé notre recherche sur l'utilisation du marketing alternatif au
Sénégal. Si le concept « alternatif » semble
tout neuf ici, quelques publicitaires en font cependant usage. Seulement, les
formes de marketing réunies sous le vocable marketing alternatif peinent
à être vulgarisées au Sénégal. Le concours de
plusieurs agences de communication et annonceurs est indispensable pour
atteindre les objectifs de recherche fixés.
2. Délimitation du
champ de l'étude
Notre étude se focalise sur les freins à
l'utilisation du marketing alternatif par les agences et annonceurs, les enjeux
et limites de ces nouvelles formes de marketing et leur adaptabilité au
contexte sénégalais. Ceci aux fins d'avoir une vision plus claire
des difficultés que les uns et les autres rencontrent sur la question.
Elle a été effectuée auprès des agences de
marketing et/ou de communication et auprès des annonceurs de la place.
En outre, nous avons recueilli les avis des consommateurs concernant la
publicité. Nous souhaitons faire le point sur le marketing alternatif
au Sénégal et pourquoi ne pas, modifier les idées
préconçues sur la question.
3. Les techniques
d'investigation
Dans le but de recueillir des informations pertinentes et
importantes à la résolution de notre problématique et afin
d'établir des conclusions, nous avons eu recours à deux types
d'informations :
- Des informations primaires, recueillies par observation ou
par interrogation ; par le biais d'une enquête par observation et
d'études de motivations reposant sur des entretiens individuels
directifs (Annexe 2) avec des responsables en agence de communication et les
responsables marketing chez les annonceurs et un questionnaire (Annexe 1)
administré à un échantillon de consommateurs. Pour
l'étude des motivations, nous avons répertorié les
principaux annonceurs et agences à l'aide d'un annuaire
téléphonique ; ensuite nous avons appelé chacun
d'entre eux pour leur exposer l'objet de nos recherches afin d'obtenir un
rendez-vous pour entretien. Nous avons cependant dû envoyer des lettres
d'introduction fournies par l'école à certains, car ils
étaient réticents à nous recevoir. Concernant le
questionnaire grand public, nous avons effectué des pré-tests
après l'avoir élaboré ; des modifications ont pu y
être apportées avant qu'il soit administré à notre
échantillon.
- Des informations secondaires recueillies grâce
à une étude documentaire ; nous avons notamment
consulté internet, les archives nationales, le centre de documentation
de la Chambre de Commerce.
Ainsi, nous avons utilisé des études aussi bien
qualitatives que quantitatives pour atteindre les objectifs de recherche
fixés.
4. Echantillonnage
Deux méthodes d'échantillonnage ont
été utilisées dans le cadre de cette recherche ; la
méthode probabiliste pour le choix des agences et des annonceurs, puis
la méthode empirique par quotas pour celui des consommateurs.
Ainsi, Le choix des agences a été
aléatoire ; nous avons travaillé avec toutes celles qui ont
accepté de nous ouvrir leurs portes et de répondre à nos
questions. Le même mode opératoire a été
appliqué lors de l'enquête auprès des annonceurs.
Le groupe représentatif auquel a été
administré le questionnaire est composé de 73 individus, issus du
milieu urbain, répartis par quotas, selon des critères bien
définis.
Répartition de
l'échantillon :
Sexe
|
Critères de répartition
|
pourcentage
|
Femmes
|
Actives
Au foyer
Etudiantes
|
40%
30%
30%
|
Hommes
|
Actifs
Etudiants
|
60%
40%
|
IIème PARTIE :
PRESENTATION DU MARKETING ALTERNATIF
A. LA PRATIQUE COURANTE
DU MARKETING
1. Le marketing, qu'est-ce
que c'est ?
Le marketing peut-être défini comme
le « processus du management qui permet aux entreprises
et organisations d'identifier leurs clientèles, actuelle et potentielle,
de communiquer avec elles pour cerner leurs besoins et influencer leurs
désirs et motivations au niveau local, régional, national ou
international afin de formuler et adapter leurs produits en vue d'optimiser la
satisfaction client et maximiser leurs objectifs
organisationnels »3(*).
La communication « est l'ensemble de
techniques médiatiques utilisées pour informer, influencer
l'opinion d'un public en vue de promouvoir un produit et/ou d'entretenir une
image »4(*).
Le marketing est l'affaire des organisations (qu'elles soient
marchandes ou non, comme les associations). Il cherche à adapter la
politique de ces organisations à un environnement par nature changeant.
Il a fondamentalement un rôle d'influence et de persuasion (ce qui
conduit ses critiques à n'y voir que manipulation et propagande), les
publics pouvant être très variés (consommateurs,
entreprises clientes, pouvoirs publics, électeurs...).
Dans le secteur marchand, le marketing sert à
définir, concevoir et promouvoir profitablement dans un contexte
concurrentiel, des produits adaptés en permanence aux besoins et
attentes de la clientèle solvable ciblée et aux contraintes de
l'environnement, mais également à développer une relation
commerciale durable avec ses clients. On cherche à augmenter la
notoriété du produit, à développer l'intention
d'achat et à fidéliser au maximum le client. Le produit pouvant
être un bien ou un service. Les ventes de biens sont en outre de plus en
plus entourées de services qui accroissent la valeur ajoutée,
donc le prix de vente final. On va pour cela concevoir le produit (prototypes,
préséries) ou le service, étudier les différentes
contraintes (économiques, technologiques, juridiques, institutionnelles,
concurrentielles). Cette démarche est liée à celle de
l'innovation- produit, avec un poids croissant de la recherche qualitative.
2. Etat du
concept
Aujourd'hui, l'omniprésence de la publicité nous
force à user d'imagination, pour capter l'attention du
consommateur qui est déjà exposé à de nombreux
messages publicitaires chaque jour. De façon systématique, le
cerveau ne capte que les publicités qui répondent à vos
besoins, vos envies, vos projets. De plus, avec l'arrivée d'internet, le
consommateur moyen va au devant de l'information, s'informe et trouve
lui-même les réponses à ses questions. À
l'affût et informé, il préfère de loin se tourner
vers son groupe d'ami, sa famille ou vers des forums de discussion comme source
de conseils dans son processus décisionnel d'achat.
Les bases du marketing dictées par Philip
KOTLER5(*) sont bien
sûr primordiales pour comprendre la science de la vente, cependant le
marketing est une matière vivante et de trop nombreux (pour ne pas dire
la majorité) marketers/communicants ne lisent plus une fois sortis de
l'école et ne suivent pas l'évolution de la
société.
Or, depuis quelques années, une révolution
tranquille est en train de se mettre en place et la plupart des marketer et
communicant sont perdus dans cette nouvelle donne !
Aussi modernes que se veulent les entreprises, la remise en
cause des modèles que l'on connaît et qui fonctionnent est
toujours une phase compliquée car les marketers doivent pouvoir donner
des résultats à leur hiérarchie une fois
l'opération terminée alors il est toujours plus simple de parler
de choses que tout le monde connaît comme
référence...
Alors, on conserve son modèle et on inonde de
publicités les abris bus, la télévision, les radios, les
rues, partout où une personne est susceptible de passer en somme...Pour
quelle efficacité ?
Mais les consommateurs eux évoluent et ne veulent plus
de cette surenchère de publicités qui est déjà
devenue le dernier critère de choix dans l'achat d'un produit ou d'un
service...
Il faut garder en tête que le marketing est à la
fois un esprit, une connaissance du marché, un outil et un ensemble de
méthodes d'étude du marché.
Au Sénégal, on fait face à une
société à double vitesse. Il y a une réelle
fracture entre ceux qui ont un pouvoir d'achat élevé et ceux qui
on un pouvoir d'achat très bas. Le marché est complexe du point
de vue de sa culture, de ses modes de vie.
B. LA NOUVELLE
ORIENTATION DONNEE PAR LE MARKETING ALTERNATIF
1.
Evolution
Les pratiques courantes veulent, pour construire une marque,
qu'on fasse appel aux grands médias. Cependant l'évolution des
médias, avec l'apparition d'internet et le début de la
publicité sur la toile dès 1994, a changé la donne. A
partir de ce moment, on pose la question de la redéfinition du grand
média. En effet comment peut-on encore dire que le cinéma est un
mass média, si Internet qui touche un public plus nombreux ne l'est pas
? A cela s'est rajouté la naissance des chaînes privées
puis câblées et donc la fragmentation de l'audience des
chaînes publiques. La radio, initialement média qui regroupe les
foules, est devenue un média que l'on écoute en solitaire dans sa
chambre, sa voiture, etc. La presse s'est développée, les titres
démultipliés par centres d'intérêts et la presse
gratuite, entièrement financée par la publicité, est
apparue.
Aujourd'hui le marché de la communication classique a
bien évolué. Le consommateur, au fait de ce qui l'entoure, a une
demande de plus en plus sophistiquée. Il veut être surpris et les
médias traditionnels n'ont plus le même impact sur lui car il en
apprend les codes. De nouveaux codes de communication sont entrain de voir le
jour, de nouvelles manières de penser la communication sont apparues
depuis une dizaine d'années avec la vulgarisation d'internet et d'un
courant de communication multicanale. La question du marketing alternatif comme
solution pour une publicité plus créative est une question
d'actualité qui s'intègre dans cette évolution.
On a constaté une augmentation considérable du
volume publicitaire or, le temps du consommateur n'est pas extensible et son
attention non plus. La capacité d'attention de l'individu et les modes
de vie ne sont donc plus en adéquation avec l'offre. Pour maximiser les
chances d'un produit, d'une marque, d'apparaître, il faut identifier les
moments clés où le consommateur est prêt à donner un
peu plus d'attention au message publicitaire. La simple mesure d'audience n'est
pas la réponse, d'autant que l'individu a tendance à
démultiplier ses activités comme surfer sur internet en regardant
la télévision. L'une des manières pour parvenir à
capter l'attention est de faire appel à la créativité pour
étonner, se démarquer sans tomber dans les dérives
créatives.
Le consommateur, se sachant manipulé, devient
rétif face aux différentes publicités et offres
commerciales. L'entreprise cherche de nouveaux champs d'influence, un moyen
mercatique qui échapperait à la connaissance du consommateur
sophistiqué. D'où l'intérêt d'innover en
matière de communication.
La publicité d'aujourd'hui doit se démarquer par
:
· son originalité ;
· l'utilisation des nouvelles technologies et des
nouveaux médias ;
· l'intégration du consommateur au premier niveau
(le consommateur devient générateur de
publicité) ;
· une personnalisation de l'offre (atteindre son groupe
cible) ;
· une réponse à un besoin
précis ;
· l'exploitation de nos 5 sens (vue, odorat, toucher,
goût, ouïe) ;
· une offre alléchante et une valeur
ajoutée ;
· une relation de confiance entre l'annonceur et le
consommateur ;
· une image de marque forte qui représente nos
valeurs et notre idéologie (écologie, transparence,
équitable...).
C'est en faisant ce constat que le marketing viral, le buzz
marketing ainsi que le street marketing sont arrivés. A contrario de la
publicité classique, ces techniques ne sont pas intrusives mais
permissives (permission marketing) car les consommateurs se renvoient
entre eux l'information ou vont la chercher directement.
Le courant alternatif, très actif depuis quelques
années, vise à investiguer les dimensions expérientielles,
sociales et culturelles de la consommation dans son contexte.
2. Le marketing
alternatif, marketing aux multiples facettes
Le marketing alternatif est un ensemble constitué d'une
multiplicité de nouvelles formes de marketing qui ont toutes pour but de
créer de véritables connexions émotionnelles avec la cible
de communication pour développer un puissant « bouche
à oreille » en utilisant des supports et des opérations
originales. Les mots clés des solutions alternatives sont :
« supports média plus créatifs »,
« opérations de terrain » et
« interaction ». Le marketing alternatif a vu le jour dans
les années 90 et ne cesse, dans les pays développés, de
prendre le pas sur les formes de la publicité classique qui semblent en
perte d'efficacité et de créativité.
Qui dit marketing alternatif dit supports média plus
créatifs, opérations de terrain et interactivité. Cette
tendance permet aux annonceurs de se rapprocher des consommateurs par des
actions de proximité. En plus les solutions alternatives demandent
généralement moins d'investissements que les campagnes
classiques, pour un coût contact largement supérieur.
Dans cette partie nous nous attarderons sur les principales
facettes du marketing alternatif que sont le street marketing, le buzz
marketing, le marketing viral et la guérilla marketing. Nous
évoquerons également les médias tactiques car on ne
saurait parler d'utilisation de supports non conventionnels sans aborder cet
aspect de la communication.
a. Le Street marketing
Le street marketing est « toute opération de
communication promotionnelle organisée hors des canaux et des points de
vente usuels »6(*). Le plus souvent dans la rue, comme son nom
l'indique.
A mi-chemin entre l'événementiel (lorsqu'il se
construit autour d'une vraie mise en scène, proche du
théâtre de rue) et la simple distribution de tracts ou
d'échantillons, la technique a pour vocation de valoriser une marque ou
un message en développant une animation.
L'outil est efficace pour développer la
proximité, la sympathie, la notoriété, mais aussi la
crédibilité d'une marque. Il est également important dans
l'expérience que peut avoir le consommateur avec une marque. Le street
marketing a une dimension à la fois très commerciale mais aussi
très pédagogique et didactique tant pour l'émetteur que le
récepteur du message. En effet, en se confrontant directement au
consommateur dans la rue, la marque s'expose au refus de son message.
Avantages et limites du street marketing
Avantages :
- La captation est
facile. En plus, ce type d'opération est toujours
considéré comme un événement.
- Atout supplémentaire sur
l'événementiel : il ne nécessite pas
théoriquement de demande d'autorisation car dans le cadre d'un
événement les règles du jeu sont celles de
l'organisateur.
- Le concept est peu
coûteux : Beaucoup pensent que le street marketing est une
méthode que l'on devrait utiliser uniquement dans le cadre de grosses
campagnes munies de gros budget... Ce qui n'est pas exact ! Il est
évident que lorsque l'on bénéficie d'un gros budget tout
est possible mais la contrainte d'un petit budget nous force à
user de créativité et d'imagination pour mettre sur
pieds des campagnes hautement audacieuses et originales.
Limites :
- En ce qui concerne l'impact : l'efficacité reste
très difficile à mesurer en termes de business.
- Concernant la mémorisation, l'opération de
street ne laisse aucune trace ; ce qui n'est pas le cas lorsqu'on
travaille sur un support web ou un magazine.
A quelques exceptions près, il peut
sembler hasardeux et surtout surdimensionné de vouloir développer
une opération de street ; principalement parce qu'il est impossible
dans une rue, une gare ou un quartier d'identifier sa cible d'un passant
lambda.
Cela entraîne une peur sur le risque de devoir investir
beaucoup trop d'argent pour obtenir des résultats finalement très
limités !
Pour être efficace, il faudrait d'abord que la zone en
question soit exclusivement habitée ou fréquentée par un
seul profil, qui plus est celui que recherche la marque.
Exemple : Salons professionnels ou tout autre
événement professionnel de type congrès,
conférence...
Malgré ces freins, le street marketing reste un atout
majeur parce que avec l'événementiel, il est un des seuls outils
de communication capable de créer la rencontre et de permettre à
sa cible de vivre une expérience avec la marque et inversement : un
échange mémorable.
Puisque le consommateur d'aujourd'hui se tourne vers son
cercle d'amis ou vers des leaders d'opinion dans sa prise de décision
d'achat, il est évident que le street marketing répond
bien au besoin de proximité et de personnalisation de l'offre.
Le street marketing crée un rapprochement entre le consommateur et la
marque par le biais du « représentant », des
échantillons sont souvent remis avec le sourire et vous pouvez poser des
questions à votre guise...
Le street marketing peut se décliner par des actions en
rue, ou encore via des vidéos, un large appel au public est
effectué tel l'appel à des concours et autres participations. Il
fait appel généralement à des hôtes et
hôtesses ou des campagnes d'affichages (légales ou sauvages). De
nouveaux supports de communication s'appuient également sur le street
marketing : le « Flypack ». Un
Flypack est un média de street marketing. Son nom
provient de "flyers" (tracts, prospectus) et de "pack" (emballage, enveloppe).
Il se présente sous la forme d'une enveloppe (plastique, carton ou
papier). Généralement de forme carrée, il est
diffusé à une clientèle urbaine et aimant les loisirs. Il
contient des posters, des flyers, des autocollants et des goodies (petits
cadeaux).
Exemples de street marketing :
Trêve de théorie... Rien de mieux que la
visualisation pour comprendre ! Les campagnes publicitaires
présentées ci-dessous vous démontrent les multiples
facettes du street marketing.
- La troisième dimension : on utilise des
objets ou des personnes qui font partie intégrante du
concept. Exemple : La journée mondiale de l'eau
par Action contre la Faim (Annexe 5)
Une opération pour la journée mondiale de l'eau
- le 22 mars 2006 - consistait à capter l'attention des automobilistes
et, par la force des choses, celle des piétons intrigués par le
dispositif. Des supports en cartons déposés sur le capot des
voitures et contenant deux fioles : une avec l'eau que l'on utilise pour
laver notre voiture et une autre de couleur brune démontrant l'eau qui
est bue dans certains pays du monde. On pouvait y lire «Plus d'un milliard
de personnes boivent une eau avec laquelle vous ne laveriez pas votre
voiture.» À l'intérieur, un formulaire permettant d'envoyer
des dons. Cette opération couronnée de succès, a le
mérite de s'être distinguée sans gros budget en plus de
sensibiliser les gens à long terme dans leur vie de tous les jours.
Pour des raisons évidentes, les organismes à but
non lucratif tels que les organisations humanitaires doivent faire beaucoup
avec peu. En cherchant à sensibiliser le maximum d'individus, les
associations sont souvent pionnières en matière d'utilisation des
nouveaux médias.
- L'utilisation d'éléments
déjà en place : lampadaire, nature,
édifice... en vue de créer une nouvelle chose,
de la compléter ou simplement de l'utiliser.
Exemple : Pionnier du street marketing, Ikea qui a
aménagé de véritables pièces à
l'extérieur à partir du mobilier urbain (Annexe 5).
- La technologie : écran sensoriel
exploitant nos 5 sens, panneau d'affichage en 3D... Exemple : Adidas et
Greenpeace.
- Deux footballeurs suspendus à des
câbles pratiquent ce qu'on pourrait appeler du football
volant ! ; «Adidas» est commanditaire officiel de
l'équipe nationale de football au japon.
- L'organisme «Greenpeace» a
utilisé les murs du métro à Shanghai pour démontrer
que les éléments non biodégradables restent longtemps dans
la nature. À souligner : la terre, les éléments
naturels ainsi que les déchets sont réels.
Le street marketing permet de mettre en place tous types
d'actions, pour tous types de budgets. Néanmoins, il faut faire
très attention à l'image renvoyée. En effet, une action de
street marketing faite avec les moyens du bord peut avoir un impact sur la
marque très positif comme très négatif. Une
réflexion poussée et des tests en amont, pour ne pas se tromper,
sont indispensables.
Pour être rentable, il est primordial que la technique
soit utilisée pour ce qu'elle est et doit rester : un outil
tactique complémentaire d'un mix média ou d'un
événement existant.
En guise de conclusion, on peut dire que le street marketing
peut s'avérer complexe à l'occasion (en ce qui concerne
éventuellement le choix des acteurs de terrain et du matériel
nécessaire), mais utilisé judicieusement avec audace et
intelligence, il engendre des résultats étonnants. Quand on y
pense, rien n'est plus simple que le street. Il suffit d'un peu
d'inventivité, d'un endroit public où se démarquer et
être vu et voilà tout !
b. Le marketing viral
Le marketing viral n'est pas la dernière maladie
trouvée, ni un virus pour votre ordinateur de bureau... Il faut
admettre que le terme est un peu barbare et repoussant pour une chose si
simple, malheureusement « viral » est la bonne
définition. Le marketing viral est partout, il part d'un endroit et plus
tard vous le retrouverez dans les moindres recoins de l'espace virtuel. Voici
comment le virus se répand et comment profiter de ses bienfaits :
au début il se fait discret, il vit dans le secret et presque personne
ne le connaît, ensuite il se répand de plus en plus par
l'utilisation de vos ressources, il prend de l'ampleur et plus rien ne peut
l'arrêter ! Le rapport entre le marketing et le virus est que le
marketing viral sur Internet est l'équivalent du bouche à oreille
dans la vie courante.
Le marketing viral est une forme de publicité dont le
consommateur contribue à la diffusion. Depuis le développement
d'Internet et la démocratisation du haut débit, on a pu voir se
développer de manière exponentielle ce nouveau
phénomène en occident. Au Sénégal, l'avancée
est encore poussive mais est en passe de prendre son essor.
Le marketing viral se définit comme une action
menée sur internet par une entreprise afin de se faire connaître,
d'améliorer ou de repositionner son image ou celle de ses produits
auprès d'un public cible. D'un point de vue terminologique, la
Commission de Terminologie en donne la définition suivante :
"Technique mercatique reposant sur la transmission de proche en proche,
par voie électronique, de messages commerciaux". Elle proscrit
les termes de marketing viral et de marketing de propagation,
et préconise l'usage de « bouche à oreille
électronique ».
La spécificité de ce type de marketing est que
les consommateurs deviennent les principaux vecteurs de la communication de la
marque. Par intérêt, curiosité ou amusement, ils diffusent
l'information à leur réseau de connaissance. Les jeunes adorent
partager leurs passions avec un cercle virtuel où tout un chacun peut
devenir un héros du quotidien.
L'objectif du marketing viral est de faire vivre une
expérience inédite à l'internaute qui sera automatiquement
valorisé en transmettant l'information autour de lui. Il s'agit donc de
trouver un « Buzz Concept » fort afin que l'internaute ait
spontanément envie de partager l'information avec ses amis et ses
proches.
Cette technique présente trois avantages
principaux :
- D'une part, son coût est bien plus faible que celui du
marketing direct ;
- d'autre part, l'intensité et la rapidité de
diffusion du message peuvent être très importantes, avec un auto
positionnement sur le public ciblé.
- Enfin, le message bénéficie d'une connotation
positive liée à sa prescription par le biais d'une
connaissance.
Contrairement au bouche à oreille / Buzz, les effets
réels du marketing viral sont ceux escomptés : c'est le
consommateur qui relaie le message de la marque.
Il est nécessaire de dissocier deux catégories
de marketing viral :
§ Le marketing viral exponentiel qui se base sur une
rapide propagation.
§ Pour un effet massif, le mailing ou le spam sont
indubitablement les méthodes de prédilection des professionnels.
Elles consistent à créer une base de données selon les
critères du produit, puis à envoyer un mail écrit ou
visuel, pouvant être accompagné d'une pièce jointe ou d'un
lien.
La différence entre ces deux méthodes massives
se situe au niveau de l'accord des destinataires : dans le cas du mailing,
les destinataires ont donné leur accord pour recevoir ces
publicités, ce qui n'est pas le cas pour le spam.
Les facteurs explicatifs de la puissance du
phénomène viral :
§ Le coût de transmission de
l'information :
Le coût marginal très faible voire nul d'envoi
d'un message électronique ou d'une contribution sur un forum joue un
rôle très important dans l'ampleur du phénomène. Ce
caractère négligeable du coût d'envoi d'un message ou d'une
recommandation favorise les actions de l'individu, mais également la
mise en place de modules spécifiques du côté de
l'entreprise.
§ La facilité de transmission et de
création des recommandations :
Les fonctions classiques des logiciels de messagerie ou de
« news group » (répondre, transmettre, carnet
d'adresses,..) évitent de ressaisir l'information et réduisent
d'autant l'effort nécessaire à la propagation de
l'information.
Cette facilité peut de plus, être
le fait d'outils ou modules spécifiques de bouche à oreille
électronique mis en place par le responsable marketing qui peuvent
comprendre des messages pré rédigés pour éviter
tout effort au prescripteur potentiel.
§ La "magie" du lien hypertexte :
Le lien hypertexte joue également un rôle
facilitateur mais cette fois, du côté du destinataire d'une
recommandation. Que ce soit dans le corps d'un e-mail ou sur une page web, le
lien hypertexte permet de se rendre sans effort et immédiatement sur la
page ou le contenu faisant l'objet d'une recommandation.
§ Une notion de temps réel gratifiante pour
l'initiateur du message
Non seulement la transmission du message se fait à
moindre coût et sans effort, mais en plus, elle est instantanée.
Dans le cas de campagnes basées sur l'humour, le fait de voir quasiment
immédiatement son collègue de bureau rire en visualisant une
vidéo que l'on vient d'envoyer, ajoute au plaisir de la transmission. La
réaction peut également être immédiate, mais moins
visuelle, lorsqu'on est en contact avec un destinataire sur un service de
messagerie instantanée.
§ Des phénomènes
pyramidaux :
La diffusion de l'information prend souvent une forme
pyramidale, chaque personne avertie en informe à son tour plusieurs et
le phénomène s'accélère lorsque les informations
sont diffusées sur des listes de destinataires de la messagerie, sur des
listes de discussion ou des forums à forte audience.
§ La présence de communautés :
La multiplication des communautés, professionnelles ou
non, joue également un rôle non négligeable pour la
propagation d'informations, surtout lorsqu'elles sont
spécialisées. Dans le monde réel, si un passionné
de culture tibétaine est averti de la sortie d'un livre
particulièrement intéressant sur le sujet, il n'aura peut
être pas l'occasion d'en faire part à des personnes
potentiellement intéressées. Sur Internet par contre, il y de
grande chance qu'il puisse avertir d'autres personnes partageant sa passion. Le
développement des communautés spécialisées dans les
avis de consommateur joue un rôle accélérateur dans la
diffusion des défauts des produits ou services.
§ Les reprises sur les médias
traditionnels
Il est très courant, que des journalistes
spécialisés dans un domaine soient membres de listes de diffusion
pour assurer une certaine forme de veille informationnelle. Après
vérification des sources et de l'information, le bouche à oreille
électronique peut étendre ses effets et provoquer une couverture
médiatique par la presse spécialisée, qu'elle soit en
ligne ou traditionnelle. Les reprises peuvent également se faire sur des
titres ou émissions grand public. Il est maintenant presque de tradition
que des vidéos Internet particulièrement réussies et
drôles finissent par être diffusées à la
télévision lors d'émissions de grande audience.
§ Un environnement anxiogène
Internet est un environnement anxiogène où
beaucoup d'individus éprouvent des craintes liées à la
sécurité des paiements, à l'identité du vendeur
(notamment pour des acteurs purement Internet), au respect des délais,
voir même, au fait d'être réellement livré. Dans un
tel contexte la recommandation ou caution d'un tiers prend d'autant plus de
valeur et devient encore plus importante que dans le commerce traditionnel.
Le marketing viral peut prendre plusieurs formes :
§ Un advergaming
§ Une saga de films viraux
§ Une expérience à vivre sur internet avec
ses amis
Exemple1 : La société Sud-africaine
HABARI, installée au Sénégal a mené une campagne de
viral pour le compte de HP Sénégal (Voir annexe 3)
Exemple2 : Nestlé Sénégal a
crée une communauté de « Nescafé
addict » sur la toile dans le cadre de la promotion de son produit
Nescafé.
c. La Guérilla
marketing
Le terme Guérilla Marketing a
été lancé par le livre éponyme de Jay Conrad
Levinson, publié avec succès en 1984. Il décrit un
marketing non conventionnel à petit budget. Le terme est passé
dans le langage pour décrire aussi les méthodes agressives et non
conventionnelles de marketing.
Les opérations de guérilla sont des
événements ponctuels dont l'objectif est d'amuser,
étonner, intriguer, surprendre et de susciter la conversation autour
d'une marque ou d'un produit. C'est aussi l'occasion de créer une
relation plus proche et moins formelle entre la marque et sa cible.
La guérilla marketing s'appuie essentiellement sur le
street marketing et le marketing viral. Pour qu'elle fonctionne, il faut
qu'elle soit suffisamment innovante, créative et originale pour que la
cible adhère à la campagne. Toute la réussite d'une
opération de guérilla réside dans la
créativité du concept car c'est son caractère exceptionnel
et surprenant qui va marquer les esprits et activer le buzz.
Cet outil peut prendre des formes variées :
· Manifestation factice
· Affichage mobile
· distributions de tracts
· Affichage à la craie au sol
· Site internet de marketing viral
· Diffusion via internet de pubs déguisées
en vidéos insolites
· Don d'un nouveau produit via un échantillon
d'influenceurs qui vont créer un buzz autour du produit.
Dans une boite de nuit par exemple, des
toilettes ont été transformé dans le but de sensibiliser
les gens sur les risques et surtout les conséquences de l'alcool au
volant... De fausses chaises roulantes avec le message "«who's
driving ?» Permettaient aux clients de cette boite de nuit d'avoir
un petit aperçu de leur futur proche en cas d'abus. Une campagne
percutante, qui fait réfléchir (Annexe 5).
d. Le Buzz marketing
Le buzz est une forme de communication qui permet de faire
parler d'un produit, d'une marque sans utiliser les techniques traditionnelles.
Il s'impose comme une nouvelle manière d'aborder le consommateur.
Le principe est simple : il s'agit de mettre en place un
dispositif multicanal de communication qui emmène le consommateur
à entendre parler de la marque par différentes sources
d'influenceurs : les journalistes, les amis, les blogs et internet, les
leaders d'opinion...
Le buzz marketing c'est donc créer une dynamique de
marque qui s'appuie sur une histoire, un imaginaire cohérent, une
aventure dans laquelle les personnes visées jouent un rôle
déterminant et qui les valorise. Ainsi, le consommateur ne subit plus la
publicité : il devient acteur dans la communication de la marque.
Cette technique peut être utilisée seule, surtout
pour faire des tests sur le grand public afin d'analyser les réactions.
Elle est notamment utilisée par les hommes politiques lors des campagnes
électorales. Le buzz est presque toujours couplé aux autres
solutions alternatives (viral, street, guérilla) mais encore faut-il
avoir un « buzz concept » bien monté pour le
déclencher.
e. Les média
tactiques
Ce sont des « Médias de contact direct et
privilégié avec le consommateur qui, parce qu'ils sont
parfaitement intégrés dans son quotidien, permettent de capter
son attention dans un moment propice à la communication, dans le cadre
d'un marketing ciblé, affinitaire et de
proximité »7(*). Les média tactiques sont des supports
de communication de dernière génération. Modernes, parfois
étonnants, ce sont des médias proposant un contact direct et
privilégié avec les consommateurs.
Issus de la créativité média qui s'est
notamment développé dans les années 80, où tout
était permis, puis dans les années 90, où les agences et
annonceurs occidentaux cherchaient des solutions pour faire face aux
contraintes réglementaires et législatives. Depuis, les offres se
sont structurées pour proposer au marché des dispositifs
professionnalisés.
A l'inverse de l'affichage conventionnel, les supports
tactiques ne sont pas des média de masse, ils agissent sur des cibles
qualifiées. Ce sont avant tout des médias d'affinité, de
proximité et d'efficacité qui accompagnent les modes de vie
modernes (Mobilité, immédiateté, communauté) afin
de proposer aux marques émergence et visibilité.
Pour jouir du label « tactique » plusieurs
critères doivent être réunis :
§ L'affinité sur la cible : L'audience d'un
média tactique doit être quantifiable sur les critères
sexe, âge et/ou catégorie socioprofessionnelle ;
§ Un média de contexte : Adéquation
entre le média, son audience et le contexte afin de renforcer
l'efficacité publicitaire ;
§ Un réseau publicitaire : Afin d'offrir la
possibilité de campagnes récurrentes ;
§ Transparence et traçabilité : Etre
en mesure de fournir des listings de pose ou de diffusion au client ;
§ Une couverture significative : Se
décliner au moins en un réseau national, sans perdre ses
spécificités d'une région à une autre ;
§ Existence avérée.
Si les techniques développées
préalablement ont fait leurs preuves en occident, elles doivent avant
tout être adaptées à notre contexte culturel pour
être utilisées au Sénégal. La partie suivante porte
sur les résultats des enquêtes de terrain que nous avons faites et
l'analyse de l'applicabilité des solutions alternatives dans notre
pays.
IIIème PARTIE :
ANALYSE DE L'APPLICABILITE DU MARKETING ALTERNATIF AU SENEGAL
Afin de mieux cerner les problèmes qui entourent le
marketing alternatif au Sénégal, nous avons trouvé
judicieux de vous exposer uniquement dans un premier temps, le retour
d'informations glanées sur le terrain. Dans un second temps, une analyse
proprement dite sera faite des données recueillies afin de mettre en
évidence les freins à l'utilisation des nouvelles formes de
marketing dans un contexte purement Sénégalais.
A. RESULTATS D'ETUDES
DE TERRAIN
Dans le but de parfaire l'analyse par rapport à notre
thème de recherche, nous avons mené deux enquêtes de
terrain. La première, une enquête quantitative menée
auprès des consommateurs par le biais d'un questionnaire ; la
deuxième, une enquête qualitative auprès des professionnels
du marketing et de la communication à travers des entretiens
directifs.
1. Résultats
obtenus de l'enquête auprès des consommateurs
Lors de l'enquête auprès des consommateurs, nous
avons pu administrer notre questionnaire à 73 individus en respectant
autant que possible l'échantillonnage préalablement
défini. Les résultats ont été
présentés sous forme de tableaux et de graphiques ressortant dans
l'ordre : la catégorie, la donnée chiffrée obtenue et
le pourcentage correspondant.
Graphique1 : Avez-vous
déjà acheté un produit suite à une
publicité ?
Commentaire : A la question
posée, 46 individus ont répondu par l'affirmative, ce qui
correspond à 63% de l'échantillon ; 22 n'ont jamais
acheté un produit suite à une publicité, soit 30%. On a
dénombré 05 individus qui n'ont pas répondu à la
question, soit 7% de la population enquêtée.
Graphique2 : Quelle
publicité a suscité en vous un vif intérêt au
cours des 06 derniers mois?
Commentaire : Si 49
enquêtés, soit 68% ont précisé la publicité
qu'ils ont le plus apprécié au cours des six derniers mois, 16%
se sont abstenu de répondre à cette question et 16% disent n'en
avoir apprécié aucune.
Tableau1 : Sources d'information
des consommateurs
Données
|
Valeur sur 73 enquêtés
|
Pourcentages (%)
|
Journaux/Magazines
|
59
|
80,82
|
Bouche à oreille
|
39
|
53,42
|
Internet
|
65
|
89,04
|
Radio
|
57
|
78,08
|
Téléphone/SMS
|
06
|
8,21
|
Courrier
|
01
|
1,36
|
Télévision
|
09
|
12,32
|
Conférence
|
01
|
1,36
|
Ecole
|
01
|
1,36
|
Musique Rap
|
01
|
1,36
|
Commentaire : Une dizaine de
sources d'information du consommateur a été relevé au
cours de notre enquête. L'internet est la source majeure avec un taux de
89,04% ; le second rang est occupé par les journaux et magazines
avec 80,82%. En quatrième position, après la radio, le bouche
à oreille est utilisé par 53,42% des enquêtés. La
télévision et le téléphone viennent loin
derrière avec respectivement 12,32% et 8,21%. Le courrier,
l'école, le rap et les conférences ont chacun pour sa part, un
taux équivalent à 1,36% du total de notre échantillon.
Tableau2 : Niveau
d'accès aux moyens de communication
Nature du moyen
|
Valeur sur 73 enquêtés
|
Pourcentages(%)
|
Télévision
|
65
|
89,04
|
Téléphone fixe
|
49
|
67,12
|
Internet
|
65
|
89,04
|
Radio
|
60
|
82,19
|
Téléphone mobile
|
66
|
90,41
|
Commentaire : Comme le ressort le
tableau, le téléphone fixe enregistre le plus bas pourcentage
avec 67,12%. La plupart des enquêtés on accès à la
télévision, l'internet, la radio et au téléphone
portable ; ce dernier ne devance que d'un point l'internet et la
télévision qui ont chacun cinq points d'avance sur la radio.
Ainsi, on relève des pourcentages qui vont de 67,12% à 90,41%
d'accès à au moins un outil de communication.
Tableau3 : Critiques
récurrentes faites aux publicités au Sénégal
Nature des critiques
|
Valeur sur 73 enquêtés
|
Pourcentages(%)
|
Manque de créativité
|
56
|
76,71
|
Peu intéressantes
|
48
|
65,75
|
Ne stimulent pas l'intellect
|
46
|
63
|
Bruyantes
|
03
|
4,1
|
Se ressemblent toutes
|
56
|
76,71
|
Pas envie d'être revues
|
38
|
52,05
|
Langue
|
03
|
4,1
|
Ne reflètent pas la réalité
|
01
|
1,36
|
Pas variées
|
01
|
1,36
|
Abstention
|
02
|
2,74
|
Commentaire : Dix critiques
concernant les diverses publicités ont pu être mises en
évidence grâce à l'enquête que nous avons
menée auprès des consommateurs sénégalais. Le
pourcentage le plus élevé revient au manque de
créativité et au fait que les publicités soient quasi
similaires, 76,71% chacune. Deux autres groupes se détachent
également avec des taux variant respectivement entre 52,05%/ 65,75%
et 1,36%/4,1%. Il est à noter que seulement deux individus sur soixante
treize n'ont émis aucune critique à l'encontre de la
publicité sans pour autant l'approuver.
Graphique3 : A
quel degré vous influence la publicité ?
Commentaire : Si 74% de la
population est peu influencée par la publicité, celle-ci joue un
grand rôle pour 14% des enquêtés. 07 individus sur 73 n'ont
jamais été influencés par une publicité, soit 10%
de notre échantillon. Ceux qui sont très sensibles aux
publicités auxquelles ils sont exposés et ceux qui se sont
abstenu de répondre à cette question enregistrent chacun un taux
de 1%.
Tableau4 : Souhaits émis concernant les
publicités à venir
Nature des souhaits
|
Valeur sur 73 enquêtés
|
Pourcentage(%)
|
Professionnalisme
|
60
|
82,19
|
Plus innovantes
|
60
|
82,19
|
Moins monotones
|
50
|
68,49
|
Osées sans choquer
|
48
|
65,75
|
Discrètes
|
43
|
58,90
|
Langue
|
01
|
1,36
|
Commentaire : Le
professionnalisme dans la réalisation des campagnes de communication et
l'innovation sont les souhaits majeurs des consommateurs enquêtés
avec chacun 82,19% de demande. Une communication plus attractive, osée
sans être choquante est demandée (50 et 48 points sur 73,
respectivement).
REMARQUE : Les publicités
les plus appréciées lors de l'enquête sont celles de TIGO
(1F ; Payez ce que vous consommez), Coca-Cola (Brrr) et Fontaine (Super
Fontaine). Tous ceux qui ont cité ces spots publicitaires s'accordent
à dire qu'ils sont originaux et très attractifs.
2. Résultats de
l'étude de motivations auprès des professionnels du marketing et
de la communication
Contrairement aux consommateurs qui ont eu droit à un
questionnaire à remplir, nous avons échangé avec les
professionnels du marketing et de la communication par le biais d'entretiens
directifs. Le but de notre démarche consistait à ouvrir un
débat sur les nouvelles formes de marketing. Pour ce faire nous avons
toujours introduit en disant aux professionnels, à dessein, que
« les canevas utilisés par la
publicité traditionnelle sont
dépassés ». Une attaque frontale qui a
porté ses fruits ; les résultats obtenus ont largement
dépassé nos espérances.
En effet, chaque entretien a été riche et a
apporté un plus à nos travaux de recherche. Nous avions à
chaque fois un aspect ressorti auquel nous n'avions pas forcément
pensé ; cela a beaucoup influencé nos travaux, mais dans le
bon sens du terme. Les freins à l'utilisation du marketing alternatif
ont été abordés de même que les problèmes
rencontrés par ces professionnels. Le plus intéressant, c'est de
voir la vision assez commune que les professionnels portent sur les nouvelles
formes de marketing et comme chacun a sa vision de la communication
alternative.
Nous avons pu mener notre enquête dans le domaine de la
communication auprès de :
§ 10 Agences conseil en communication ;
§ 01 Agence de marketing ;
§ 01 Agence de communication hors média ;
§ 01 Agence de marketing expérientiel.
Dans les domaines de la publicité par l'objet, de
l'édition et de la régie publicitaire nous nous sommes entretenus
avec :
§ 01 Régie publicitaire ;
§ 01 Société de publicité par
l'objet ;
§ 01 société d'édition
signalétique.
En ce qui concerne les annonceurs nous en avons
rencontré 07 exerçant dans des domaines aussi divers que
variés notamment :
§ Les télécommunications ;
§ Le transport aérien ;
§ La micro finance ;
§ L'agro-alimentaire ;
§ Le milieu bancaire.
Ces 23 structures ont bien voulu nous recevoir afin de nous
aider dans nos travaux de recherche. N'eut été la contrainte
temps, nous aurions pu en rencontrer davantage ; mais ce facteur n'a pas
remis en cause la qualité de nos résultats.
Les résultats obtenus de nos enquêtes de terrain
nous ont conduits à une analyse de l'applicabilité des nouvelles
formes de marketing au niveau local.
B. ANALYSE DE
L'APPLICABILITE DU MARKETING ALTERNATIF AU SENEGAL
L'analyse de l'applicabilité des solutions alternatives
qui suit s'est faite à deux niveaux : une analyse de la
communication publicitaire au Sénégal et de ses acteurs et une
analyse des freins a l'utilisation du marketing alternatif et de leur
applicabilité au Sénégal.
1. Communication
publicitaire au Sénégal et enjeux des solutions
alternatives
a. Les acteurs de la
communication publicitaire au Sénégal
Dans le cadre de notre étude nous nous attarderons
uniquement sur les communicants, les annonceurs et les consommateurs.
Pour mieux comprendre l'univers de la communication nous avons
au préalable essayé de trouver les textes qui régissent la
publicité mais nos recherches n'ont pas été
couronnées de succès. En effet, nous n'avons pu rentrer en
possession d'aucune loi sur la publicité dans sa globalité hormis
celles sur les cigarettiers. Selon les renseignements recueillis sur la
question, il y aurait une loi régissant la publicité mais qui est
très souple ; cela s'explique par le fait qu'il y existe beaucoup
de vides juridiques. De plus il n'existe aucun organisme de contrôle de
la publicité.
Concernant les consommateurs, au
Sénégal on a une association qui défend les droits du
consommateur mais dont la marge de manoeuvre n'est pas grande. Grâce
à notre questionnaire nous avons recueilli les points de vue de 73
consommateurs vivants en milieu urbain, sur les publicités auxquelles
ils sont exposés. Les résultats nous ont beaucoup surpris.
- Les vecteurs de communication auxquels la plupart a
accès ont des taux variant de 67,12% à 90,41% (Tableau 2) ce qui
nous laisse penser qu'ils sont très exposés aux
publicités. Mais ce n'est pas toujours le cas : si 89,04% ont
accès à la télévision mais lorsqu'on leur demande
comment ils s'informent, seulement 12,32% se réfèrent à ce
vecteur. Ce taux est très bas pour un média de masse et
démontre que l'audience n'est plus la même qu'avant
l'arrivée des Technologies de l'Information et de la Communication. Le
risque pour les annonceurs d'investir des sommes colossales pour des passages
à l'antenne qui n'auront aucune portée sur le public est donc
bien réel.
- Internet est le seul vecteur qui maintien son taux de
89,04% (Tableaux 1 et 2 ) aussi bien en terme d'accès que comme source
d'information. Pour nous c'est donc le média majeur même s'il
n'est pas encore utilisé à sa juste valeur par la communication
publicitaire au Sénégal à travers le marketing viral.
- Le bouche à oreille est la source d'information de
53,42% (Tableau 1) de nos enquêtés. Cela nous montre la place de
la communication informelle dans notre société. Il est possible
que ce taux soit plus élevé car en public, certains n'ont pas le
courage d'admettre qu'ils prennent en compte les informations diffusées
par ce canal et/ou les véhiculent. On peut cependant affirmer que les
buzz concept, s'ils sont bien pensés, pourraient permettre une diffusion
rapide des informations entre consommateurs.
- Lors du dépouillement du questionnaire, nous nous
sommes rendu compte que certains consommateurs qui ne possèdent pas de
radio s'informent néanmoins par ce canal ; il est donc possible
qu'ils écoutent la radio de manière sporadique. Probablement dans
certains moyens de transport, dans une salle d'attente, chez un voisin dont le
volume de la radio est assez élevé pour leur permettre
d'écouter...
- Certains qui admettent n'avoir jamais acheté un
produit suite à une publicité avouent cependant être
très influencés par celle-ci. C'est des cas assez
intéressants. Nous avons déduit de cela que ceux là sont
très portés sur la publicité ; On peut avancer comme
explication qu'ils n'achètent pas à cause d'un pouvoir d'achat
bas. Des restrictions de budget expliquent alors que certains se rabattent
plutôt sur des produits similaires bon marché.
- Beaucoup de critiques ont été
formulées à l'encontre de la publicité. Celles qui
attirent notre attention sont le manque de créativité et la
similarité des communications publicitaires ; ces critiques
obtiennent chacune 56 points sur 73 soit 76,71% (Tableau 3) du total des
enquêtés et évoluent dans une même logique, ce qui
est cohérent d'ailleurs. Lorsqu'on trouve que les publicités se
ressemblent assez, il est normal de porter un regard accusateur sur le manque
de créativité de ceux qui, en amont, participent à leur
réalisation. Les critiques sur le fait que la publicité n'est pas
intéressante et ne stimule pas l'intellect notées à 65,75%
et 63% (Tableau3) respectivement, viennent confirmer l'existence d'une panne de
créativité chez les communicants.
- Autre point intéressant, la langue ; ceux qui y
font allusion ne sont certes pas nombreux (4,1%, Tableau 3) mais dans une ville
estudiantine comme Dakar, avec un taux élevé d'étudiants
étrangers ayant un pouvoir d'achat plus élevé que bon
nombre de locaux, c'est un facteur à prendre en compte. La langue
officielle est le Français mais la culture Wolof tend à assimiler
toutes les autres sous des prétextes
d' « afritude ». On peut, à raison, comprendre
que c'est pour toucher le maximum de personnes. Concernant
particulièrement les panneaux publicitaires, on sait que ceux-ci doivent
être lus ; pour les messages en wolof destinés à ceux
qui ne lisent pas en Français, combien vont réellement les lire
s'ils n'ont pas appris à lire dans en wolof ? Cela est un tout
autre débat.
- L'innovation et le professionnalisme sont les principaux
souhaits émis par les enquêtés en matière de
publicité avec chacun un taux de 82,19% (Tableau 4). Ces
résultats vont dans le même sens que les critiques. Ils justifient
également la problématique de notre travail de recherche mais
encore faut-il trouver des idées innovantes pour communiquer en
adéquation avec l'environnement dans lequel on vit. La plus grosse
inquiétude vient du fait que même des profanes de la profession
arrivent à déceler dans certaines publicités un manque de
professionnalisme avéré !
- 65,75% (Tableau 4) des enquêtés veulent des
publicités qui osent sans toutefois être choquantes car, faut-il
le rappeler, nous sommes dans un pays à dominance islamique. Lorsqu'on
demande d'oser en général c'est que le classique n'influence que
peu ou plus du tout.
A travers cette étude du consommateur, on comprend que
celui-ci devient peu captif à la communication classique car elle ne le
stimule pas ; cela confirme qu'il y a une réelle demande
d'évolution, d'où la nécessité d'innover en
matière de communication publicitaire.
Les communicants au Sénégal
sont les agences conseil en communication, les agences de marketing, les
agences d'événementiel et/ou de marketing expérientiel.
Dans ce lot on décompte plusieurs multinationales mais également
des sociétés locales. Les agences accompagnent les annonceurs
dans l'élaboration et/ou la mise en oeuvre de stratégies
permettant de construire leur image, valoriser leurs produits et
véhiculer leurs valeurs. Cette mission d'accompagnement est
assurée par une équipe regroupant normalement en son sein nombre
de métiers, aussi divers que variés, en agence. Au
Sénégal, cela n'est pas toujours le cas ; la plupart des
agences ne capitalisent pas toutes les spécificités et certains
responsables sont donc obligés d'assumer plusieurs casquettes. Cela n'a
pour l'instant pas grande incidence sur la production car le marché
n'est pas aussi large qu'en Europe.
Les agences servent de tampon entre les annonceurs et les
consommateurs, elles ont la lourde responsabilité de satisfaire ces deux
autres acteurs. Satisfaire les consommateurs en apportant des réponses
à leurs quêtes d'informations et les annonceurs en leurs
fournissant des résultats probants (remontée d'informations,
image, notoriété, modification positive du comportement des
consommateurs vis-à-vis de la marque, visibilité). Pour cela il
est indispensable d'être doté de compétences, d'avoir une
certaine sensibilité, de faire preuve de créativité et
posséder un savoir-faire certain. Ces quatre critères ne sont pas
dissociables. Seulement, lorsqu'on sait qu'on a besoin d'aucun agrément,
contrairement à d'autres pays, pour ouvrir une structure dans ce domaine
d'activité, on doute que toutes les agences de la place capitalisent nos
quatre critères. En l'absence de réglementation, le secteur est
devenu un fourre-tout ; certaines structures exercent ainsi une
activité qui n'est pas le leur, mais celle des agences. De cette
situation découle un certain manque de professionnalisme qui pourrait
affecter l'image du secteur. Les agences de plein droit ne peuvent se
fédérer pour faire face à cette invasion du secteur car
elles n'ont pas d'appui juridique et leurs actions resteraient très
subjectives. Mais peu à peu, on tend vers une légitimité
progressive, fondée sur un classement des acteurs du marché.
C'est dans ce contexte que la première édition de « La
nuit de la pub », qui s'est tenue le 29 Mars dernier, a permis de
primer les agences qui se sont distinguées, selon les catégories
de compétition retenues (meilleur spot publicitaire...etc.). Nous
saluons cette initiative qui permettra un écrémage progressif,
une épuration du secteur.
Les annonceurs quant à eu se
retrouvent dans des secteurs aussi divers que variés. Nous avons
observé que les plus gros volumes publicitaires sont enregistrés
par le secteur agro-alimentaire, précisément par les
sociétés commercialisant les bouillons en tablettes. Ces
dernières font également beaucoup d'opérations de terrain
et sont très proches de leurs consommateurs. Elles sont suivies de
près par les opérateurs de téléphonie mobile.
D'autres annonceurs qui communiquent fréquemment : les lessiviers,
les laitiers, ceux qui sont spécialisés dans la
cosmétique, les eaux minérales, les biens d'équipement
notamment.
La concurrence est nombreuse et plus accrue dans certains
secteurs notamment dans l'agro-alimentaire, chez les lessiviers et chez les
laitiers. Hormis ces secteurs, certains annonceurs évoluent dans des
marchés bipolaires où on a un leader et un challenger.
En matière de communication publicitaire, très
peu d'annonceurs font preuve de créativité pour atteindre leurs
cibles. Les nouveaux supports média les tentent mais ils n'osent pas les
intégrer dans leurs plans de communication. Ils sont assez frileux sur
la question comme nous avons pu le remarquer lors des entretiens avec certains
d'entre eux. Faut dire également que beaucoup d'annonceurs n'ont pas en
interne, de service marketing crédible.
b. communication
publicitaire et enjeux des solutions alternatives au
Sénégal
Au cours des cinq dernières années, il y a eu un
boom de la communication publicitaire au Sénégal ; cela en
majeure partie dû à l'instabilité politique chez le
géant Ivoirien. En effet, la crise politique en Côte d'Ivoire a
poussé la plupart des agences de communication à se
délocaliser vers notre pays. On a donc aujourd'hui, dans le secteur de
la communication, un bon nombre de structures en activité. Sur un
marché où se retrouvent autant de professionnels, on devrait
logiquement avoir une concurrence acharné. La concurrence, on le sait,
est un puissant catalyseur ; elle pousse presque toujours à
l'innovation et/ou à la créativité lorsqu'on souhaite
affermir sa position ou se maintenir sur un marché.
Seulement, en termes d'innovation et de
créativité on traîne toujours la patte. La preuve : la
plupart du temps, les publicités sont assez similaires et ce sont les
mêmes supports média qui sont utilisés pour les diverses
campagnes de communication. Il arrive même que l'on retrouve certains
acteurs dans plusieurs spots télévisés diffusés sur
une même période. Heureusement pour les consommateurs, on a encore
des professionnels de la communication qui se démarquent de ce melting
pot publicitaire.
Ayant observé qu'il existe souvent des
différences notoires entre les publicités en terme de
qualité (qualité visuelle des spots
télévisés et affiches ; savoir faire dans le choix
des acteurs ; cohérence du visuel avec le message...etc.), nous
avons essayé d'en savoir plus sur la législation en
matière de communication publicitaire dans ce pays. Nous avons
cherché sans succès le texte de loi régissant ces
structures ; Aussi, nous nous sommes tournés vers des
professionnels de la communication qui nous ont affirmé qu'il existait
bien une loi régissant cette activité. Une loi pour laquelle ils
déplorent tous un trop grand nombre de vides juridiques. Il est à
noter également qu'il n'existe plus d'organe de contrôle pour
réguler la publicité ; l'on n'a même pas besoin
d'agrément pour ouvrir une structure de communication. Nous n'avons pas
pu obtenir d'amples informations sur ce qui est advenu du Bureau
Sénégalais de la Publicité (B.S.P) qui avait pour
rôle, « d'élaborer les règles
d'établissement des professionnels de la publicité, de veiller
à la bonne observation de la réglementation en
vigueur »8(*). Cet état des choses nous permet
d'affirmer qu'il n'existe donc sur ces aspects, aucune protection pour le
public, les industriels et les publicitaires eux-mêmes contre la
publicité déloyale, malhonnête ou mensongère.
Si ces constats expliquent les écarts en termes de
professionnalisme entre les publicitaires, ils ne justifient pas qu'on n'innove
pas en matière création publicitaire. La communication au
Sénégal semble véritablement en panne de
créativité ! C'est dans ce contexte que nous avons
axé nos travaux sur le marketing alternatif comme une solution parmi
tant d'autres, pour une communication plus créative, car la
publicité classique semble en perte d'efficacité.
Non pas que les canevas utilisés par la
publicité classique soient dépassés dans le cas du
Sénégal, loin de là notre pensée ! Ce serait
une erreur de notre part même d'y songer. En occident, cela pourrait bien
être le cas car les solutions alternatives y ont vu le jour du fait de la
surexposition et de la réticence des consommateurs à la
publicité. Cependant, admettre que les pays développés ont
une avance sur le nôtre revient à considérer que le
Sénégal accuse un retard. Mais peut-on réellement parler
de retard ? Nous pensons que la publicité traditionnelle,
actionnée par les mass médias est toujours d'actualité
dans le cas pays. Seulement, le secteur de la communication est en pleine crise
de croissance et subi le marketing formaté par l'occident. C'est la
raison pour laquelle on pense de prime abord que les canaux classiques sont
dépassés. En réalité cela pose un problème
structurel car ils ne sont pas adaptés, calibrés pour tenir
compte des réalités culturelles et socio-économiques dans
un pays où la société est peu captive aux médias
majeurs. Il est cependant important de préciser que les canaux
classiques sont encore mal utilisés. De plus, la
créativité sur les supports médias classiques reste
timide. Ces deux dernières remarques ont une réelle incidence sur
la qualité des publicités.
L'enquête quantitative auprès des consommateurs
montre que ces derniers sont insatisfaits par la qualité d'un grand
nombre de publicités auxquelles ils sont exposés. Les critiques
à l'encontre de la publicité ayant obtenus les taux les plus
élevés sont le « manque de
créativité » et le fait que les publicités
« se ressemblent toutes » ; les deux
représentant chacun 76,71% de la population enquêtée. Ces
critiques majeures se croisent. En effet, cela démontre une absence de
démarcation d'une publicité à une autre ; par
ricochet, cette forte similarité justifie qu'on dénote un manque
élevé de créativité. Cela explique en partie,
pourquoi la société est peu captive aux média majeurs. Si
l'on n'arrive pas à intégrer les deux premiers critères de
base sur lesquels repose le modèle A ; I ; D ; A
(attirer l'Attention et susciter l'Intérêt), il y a un
problème. On comprend mieux pourquoi la première source
d'information des enquêtés n'est plus la télévision
ni la radio mais l'internet. Le premier problème est celui du
professionnalisme. Les communicants doivent connaître leur marché
et adapter la communication à leur environnement. La connaissance du
marché passe par les piges et les sondages entre autres ; mais les
moyens les plus fiables restent la mise sur pied d'une base de données
et les remontées d'informations de la force de vente. Ce qui nous
emmène à notre deuxième constat : l'utilisation de
bases de données qualifiées et actualisées. Hormis les
opérateurs de téléphonie mobile qui ont des bases de
donnés assez fiables, car une régularisation des fichiers clients
leur a été imposée par l'A.R.T.P (Agence de
Régulation des Télécommunications et de la Poste), il
n'existe pas de bases de données assez qualifiées et autant que
possible actualisées. Cela induit que l'on peut être alors parfois
confronté à un problème de segmentation et de ciblage
lorsqu'on doit communiquer. Seulement 07 structures sur les19
interrogées ont une base de données interne, certaines affirment
utiliser des piges, des sondages, des « focus group » ou
des bases externes. S'il s'ajoute à cela que les briefs des annonceurs
peuvent ne pas être étayés et/ou que le positionnement des
marques est peu clair, le résultat est l'image que nous renvoie
aujourd'hui la communication publicitaire au Sénégal. Comme le
constat est fait que nos communications publicitaires intéressent de
moins en moins le public, la question du marketing alternatif comme solution
pour une communication plus créative au Sénégal est plus
que jamais d'actualité.
Il n'est d'aucune manière envisagé d'enterrer la
publicité classique et ses média de masse au profit des solutions
alternatives qui sont de la valeur ajoutée ; mais plutôt de
« booster » la publicité par un coup de frais
apporté par ces dernières. Le marketing alternatif est un atout
encore mal exploité qui, bien utilisé, pourrait se
révéler très bénéfique pour les annonceurs
sénégalais. Trois critères sont à retenir
résumant le marketing alternatif, trois outils pouvant être
utilisé ensembles ou séparément :
- Des supports médias plus créatifs ;
- Des opérations de terrain ;
- De l'interactivité.
Concernant les supports média plus
créatifs, il est possible d'en inventer de nouveaux ou
d'agrémenter ceux qui existent déjà afin d'être
aussi visible qu'une mouche dans un verre de lait ! Réussir
à capter l'attention et susciter l'intérêt du consommateur,
c'est le but de la manoeuvre. Il existe déjà sur le marché
un bon nombre de produits ou techniques allant dans ce sens
notamment (voir annexe 4) :
§ Les cartes postales publicitaires ;
§ Les réseaux publicitaires sur gobelets ou
boîtes à pizza ;
§ L'affichage « indoor » ;
§ L'affichage mobile ; pour ne citer que cela.
Il est important de préciser que l'affichage
« Indoor » peut être utilisé pour amorcer des
campagnes reposant sur des stratégies virales. L'illustration qui suit
est le fruit d'une bonne dose d'imagination.
Ces supports s'intègrent dans les stratégies
globales de communication. Ils ont l'avantage d'être très
« eye catching » par rapport aux supports classiques.
Présenter des supports plus créatifs aux consommateurs c'est
piquer à vif leur curiosité car ce qui est inhabituel attire
l'attention.
Pour ce qui est des opérations
de terrain, ce sont des actions de proximité qui permettent de
se rapprocher de la cible non seulement dans un souci de s'enquérir du
bien-être du consommateur, mais surtout afin de développer sa
visibilité et son capital sympathie auprès ce dernier. Le contact
de l'annonceur avec le consommateur couplé à l'expérience
produit que ce dernier peu tirer de l'opération crée de
véritables connections émotionnelles qui développent un
puissant bouche à oreille. Une fois que le buzz est lancé,
l'information est relayée à un plus grand nombre. Dans le cas du
Sénégal, la société est assez complexe aussi, il
faut allier compétence, sensibilité et savoir afin de toucher les
leaders de communauté qui s'assurer qu'ils relaient l'information.
Les opérations de terrain peuvent prendre plusieurs
formes :
§ « Road shows »
pédagogiques ;
§ « Sampling » dans les boîtes
de nuit
Exemple1 : La filiale
Sénégalaise de la multinationale Nestlé pour sa ligne de
produits MAGGI ; la structure organise des rencontres avec des
associations de femmes (les mbo'taï) et met tout en oeuvre pour rentrer
dans les bonnes grâces des présidentes de ces associations.
Ensuite ce sont elles qui passent le message.
Exemple2 : La
société SUNEOR qui a mené une action de proximité
récemment à l'occasion du Gamou 2008
Dans le deuxième cas évoqué, le
coût contact s'est avéré plus intéressant pour les
annonceurs qu'une campagne classique, de même que la visibilité
car c'était une première pour cette structure qui n'avait jamais
fait ce type d'opération. Le succès de l'opération s'est
joué sur l'approche utilisée. Comme quoi, bien menée les
opérations de terrain ne peuvent qu'être bénéfiques
pour les initiateurs.
Les nouvelles formes de marketing ont certes fait leurs
preuves dans les pays développés et continuent de séduire,
mais peuvent-elles être utilisées dans les mêmes conditions
dans un pays en voie de développement comme le
Sénégal ? Le point suivant, qui traite de
l'applicabilité du marketing alternatif nous aidera à
répondre à cette question.
2. Analyse des freins
à la vulgarisation des solutions alternatives au
Sénégal
Cette partie met en lumière les freins
évoqués par les publicitaires lors de nos entretiens dans un
premier temps ; ensuite nous avons essayé de penser aux
possibilités pour des solutions alternatives s'adaptant aux
réalités du pays.
a. Les freins au recours
du marketing alternatif au Sénégal
L'enquête auprès des professionnels de la
communication nous a permis d'avoir des renseignements sur les
difficultés qu'ils rencontrent à faire adopter les tendances
alternatives aux annonceurs ; S'il existe pour eux un bon nombre de
freins, le plus important reste la frilosité de la plupart des
annonceurs face à de nouvelles tendances. Les freins
évoqués par les publicitaires ont été
analysés un à un ; ils sont les suivants :
La frilosité de la plupart des
annonceurs : La nouveauté, nous le savons, peut provoquer soit de
la méfiance, soit une totale acceptation. La plupart du temps on
adhère facilement à une innovation lorsqu'elle ne nous impose pas
de contraintes, ce qui n'est pas le cas des annonceurs. En effet, ces derniers
sont confrontés à une prise de risque car ils mettent en jeu
l'image et l'argent de leur structure à chacune des campagnes
publicitaires qu'ils mènent. Ils attendent donc en retour des
résultats probants, ce qui est légitime. Si les multinationales
et les grosses sociétés exerçant dans l'agro-alimentaire
(Nestlé, Patisen...etc.) ont compris tout l'intérêt des
pratiques alternatives, certains annonceurs ont du mal à se lancer. Cela
peut être dû au fait que tous les aspects de cette tendance sont
encore peu ou mal maîtrisés.
Un marché qui ne pousse pas à la prise
de risque mais à la préservation : Hormis les
secteurs de la téléphonie mobile et de l'agro-alimentaire qui
sont très actifs car la concurrence est rude, la plupart des annonceurs
ne font pas d'innovations particulières en matière de
communication publicitaire. Ils se contentent de faire faire partie de temps
à autre du paysage, histoire que le consommateur n'oublie pas qu'ils
existent ! On constate que sur le marché, seuls les challengers
sont très portés vers l'innovation et font la
différence ; cette attitude pousse alors les leaders à
réagir car ils sont alors bousculés de leurs confortables
fauteuils, pour le plus grand bien du consommateur. Comme challengers ont peut
citer Tigo qui se bat bec et ongles pour ravir des parts de marché
à Orange ; on a également l'eau minérale Fontaine qui
fait un travail de fourmi et ne lâche rien dans son combat avec
Kirène.
Le manque d'initiative pour une communication
pointue : Les entretiens avec une structure dont
l'activité est basée sur la signalétique et avec une
régie publicitaire ont révélé que nos annonceurs
apprécient l'originalité (bon nombre de nouveaux supports plus
créatifs et innovants leurs sont proposés), croient en
l'efficacité des nouveaux supports mais ne se les approprient pas. C'est
paradoxal mais aucun n'est prêt à faire le pas vers ces supports
tant que d'autres ne les ont pas utilisés préalablement. Ce
constat nous laisse perplexe, et nous espérons pouvoir trouver un jour
la raison de cette léthargie publicitaire qui de notre avis n'est pas
dû qu'à un marché pas mature. A croire qu'il n'y a que des
suiveurs sur le marché !
Un secteur en baisse de qualité ;
moins que par le passé les communicants s'impliquent dans une
profession qui est pourtant la leur. Il n'y a pas beaucoup d'initiatives et on
fait face à une réelle panne de créativité. Les
résultats sont visibles et ne sont pas forcément positifs ;
s'il existe de très bonnes publicités (heureusement pour le
consommateur !), on en enregistre plus de très mauvaises. Pour
faire de la communication il faut avant aimer cette discipline que peu
s'avérer pleine de frustrations. Il est important également
d'avoir une culture publicitaire pour laisser émerger la
créativité.
Des budgets limités peuvent certes
restreindre l'innovation dans les supports mais ne sont pas l'unique raison
qu'on peut évoquer pour expliquer ce frein. Le fait est que le marketing
est juste pour certains un poste encombrant ou inexistant dans le budget
annuel. Le résultat est que beaucoup considèrent que toutes les
dépenses qui relèvent de ce domaine sont des charges, au lieu de
les considérer comme un investissement. Alors on vote des budgets jamais
suffisants.
Les restrictions imposées par les
annonceurs : Il est fréquent que ces derniers arrivent
à l'agence avec des idées biens précises et ne laissent
pas à l'agence le temps de créer. Cela se comprend lorsqu'on a
une direction marketing qui s'occupe de monter toute la stratégie avant
de la confier à la réalisation à l'agence mais ce n'est
pas toujours le cas.
La peur d'être incompris des
consommateurs : Elle résulte du manque de connaissance du
consommateur et de sa perception de la communication. S'il y a une
réelle évolution dans la manière de les exprimer, les
codes de la communication sont restés les mêmes ; on ne peut
sans risques monter des actions de communication sur la base d'un profilage
approximatif.
La qualification des bases de données :
Seulement 07 structures interrogées possèdent une base
de données interne. Il existe au Sénégal
des structures qui commercialisent des bases de données
élaborées en fonction du type d'annonceur et de la campagne
à mener. Si certains professionnels affirment qu'elles sont plus ou
moins qualifiées, nous émettons cependant des réserves
quant à leur constante actualisation car nous avons reçu des
réponses assez évasives sur la question.
Certains facteurs culturels peuvent
également être évoqués comme freins car la
société Sénégalaise est assez fermée ;
il existe beaucoup de tabous qui peuvent empêcher de véhiculer
certains messages et/ou freiner la créativité. Cela pourrait
s'expliquer par le fait qu'il y ait une population à dominance
musulmane. Par exemple vous ne verrez jamais de publicité sur les
préservatifs pourtant on sait leur importance ; pour une raison que
nous ignorons c'est un sujet tabou dans un pays où il y a pourtant plein
d'intellectuels et surtout lorsqu'on sait l'existence d'une pandémie
telle le Sida.
La compétence des publicitaires en la
matière : Le secteur de la publicité est en pleine
croissance au Sénégal. Certains professionnels admettent
être confronté à un problème de qualification des
ressources humaines sur les aspects du marketing alternatif ; Il n'y a pas
beaucoup de spécialistes en la matière. Si tous sont
informés sur le potentiel des solutions alternatives très peu en
maîtrisent parfaitement les contours et les utilisent.
Il est possible de faire face à ces freins en apportant
des solutions qui permettraient de profiter pleinement des opportunités
offertes par les solutions alternatives.
b. Applicabilité du
marketing alternatif au contexte Sénégalais
Dans la deuxième partie de notre travail, nous avons
à dessein inséré des exemples provenant de pays
développés pour faire ressortir que l'on ne peut envisager de
mener des actions de marketing alternatif au Sénégal dans les
standards de ces pays. Un grand nombre d'agences ont le potentiel
créatif pour trouver et mettre sur pied des solutions innovantes en
parfaite adéquation avec notre environnement. Cela a déjà
été fait d'ailleurs pour les bouillons en tablette et une huile
végétale disponibles sur le marché.
Pour que le marketing alternatif tienne la place qu'il
mérite dans la communication publicitaire au Sénégal, il
importe au préalable de définir de nouvelles bases entre les
annonceurs et les publicitaires afin que chacun joue bien sa
partition :
La première chose est que les annonceurs
intègrent bien la communication dans leur management et votent
des budgets conséquents pour leurs campagnes pour pallier au
problème financier. Le budget de communication est un investissement et
doit cesser d'être considéré comme une charge. Lorsqu'on
veut atteindre une cible par le message qu'on souhaite véhiculer, il est
indispensable de mettre à disposition assez de moyens financiers pour
pallier à toute insuffisance qui pourrait se répercuter sur la
qualité de la communication. Cela ne signifie pas qu'une bonne
communication doit forcément avoir un budget colossal ; seulement,
communiquer sur ses produits, sa marque et/ou ses valeurs peu coûter
cher.
La seconde c'est que les agences doivent convaincre
les annonceurs du bien fondé pour eux d'avoir recours au
marketing alternatif. Pour pallier à la frilosité des annonceurs
sur la question il est capital de les rassurer quant à la maîtrise
de ces outils. Il est impératif que les agences prennent leurs
responsabilités en tant que professionnels et mettent en confiance les
annonceurs ; cela passe par des résultats probants.
Il faut également former et informer le
marché (annonceurs et agences) en créant un
antécédent et communiquer sur celui-ci. Lorsque chaque acteur
aura saisi les enjeux et perspectives des nouvelles formes de marketing, ils
seront moins frileux à les utiliser. De plus les agences gagneraient en
expérience dans ce domaine.
Un positionnement clair : Il est
important que le positionnement des marques soit clairement défini afin
que le profilage soit meilleur ; mais aussi pour une cohérence du
message véhiculé avec la marque.
Un retour à la créativité :
sans ce révélateur de talent on ne peut mener de bonnes
opérations de marketing alternatif. Il faut bien que quelqu'un se
lance !
RECOMMANDATIONS POUR UNE
UTILISATION OPTIMALE DU MARKETING ALTERNATIF AU SENEGAL
Pour une utilisation optimale du marketing
alternatif au Sénégal nous proposons :
De migrer vers un modèle
« Win-Win » dans lequel les annonceurs et agences
pourraient chacun trouver leur compte en évoluant dans un total climat
de confiance. Cela implique que les annonceurs devraient se laisser guider par
les agences ; en retour ces dernières laisseraient libre cours
à leur créativité en rassurant par des campagnes de haute
facture et des résultats probants.
Adapter les actions de marketing à notre
environnement : Il existe des différences énormes
entre les autres pays développés et le Sénégal. Sur
les aspects technologiques nous n'évoluons pas la même vitesse,
nos cultures sont différentes, nos valeurs ne sont pas les mêmes
ni notre perception de la communication. C'est autant de facteurs, tous
pertinents d'ailleurs, qui nous permettent d'affirmer qu'il est indispensable
de penser des actions alternatives en adéquation avec nos
réalités.
Connaître les consommateurs :
c'est une nécessité absolue car l'opérationnel ne
touche pas la masse et exige un profilage rigoureux des cibles. Le marketing
alternatif est un marketing personnalisé. Nous pensons que la
connaissance client est l'avenir de la communication commerciale. Il faut
être sensible à son marché.
Il faut oser ! : on ne peu se
contenter d'attendre qu'un support média soit utilisé par le
concurrent pour suivre ses pas. Quand on veut réussir, il peut
s'avérer nécessaire de prendre des risques.
Pertinence qu'en à véhiculer un message
fort et compréhensible sans verser dans les dérives
créatives. Pour cela il faut un message qui porte les valeurs de
l'entreprise, qui est simple à comprendre et suscite en nous des
émotions positives en faisant appel à notre sensibilité.
Intégrer des études de retour sur
investissement de manière systématique afin de mesurer
l'impact des campagnes. Ces données pourront être analysées
et exploitées ultérieurement. Ainsi des bases de données
fiables seront constituées.
CONCLUSION GENERALE
Le marketing alternatif, né d'un courant créatif
il y a un peu plus de vingt ans se veut le soutien du marketing traditionnel,
qui lui semble en perte d'efficacité. Nous avons abordé de
nombreux points lors de ce travail de recherche, et nous en avons appris
beaucoup.
Les nouvelles formes de marketing offrent un avantage certain
sur les médias classiques ; non seulement ils sont très
adaptables aux divers modes de vie, mais ils s'avèrent nettement moins
coûteux que ceux-ci. De plus ils ouvrent le secteur de la communication
à des perspectives heureuses car les entreprises
Sénégalaises ont ainsi une bonne marge de manoeuvre avant que le
consommateur se lasse de nouveau et qu'on ne réinvente la roue.
On comprend aussi mieux les choix des annonceurs qui n'osent
toujours pas intégrer ces nouvelles orientations, et cela à
raison car même si on est prêt à prendre des risques, il
faut toujours que ces derniers soient contrôlés. Malgré les
freins que nous avons pu relever, beaucoup de voies de contournement ont
été explorées pour une utilisation optimale de ce
concept.
Le marketing alternatif ouvre les consommateurs et les
annonceurs à des expériences mémorables et se constitue en
valeur ajoutée de toute communication publicitaire.
TABLE DES MATIERES
DEDICACE...........................................................................................................i
REMERCIEMENTS.................................................................................................ii
GLOSSAIRE.........................................................................................................iii
INTRODUCTION GENERALE
1
Ière PARTIE : APPROCHES THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE
2
A. CADRE THEORIQUE
3
1. Problématique
3
2. Objectifs de recherche
4
3. Hypothèses de travail
4
4. Pertinence du sujet
5
5. Revue critique de la
littérature
5
B. CADRE METHODOLOGIQUE
6
1. Cadre de l'étude
6
2. Délimitation du champ de
l'étude
6
3. Les techniques d'investigation
6
4. Echantillonnage
7
IIème PARTIE : PRESENTATION DU
MARKETING ALTERNATIF
9
A. LA PRATIQUE COURANTE DU MARKETING
10
1. Le marketing, qu'est-ce que
c'est ?
10
2. Etat du concept
11
B. LA NOUVELLE ORIENTATION DONNEE PAR LE
MARKETING ALTERNATIF
12
1. Evolution
12
2. Le marketing alternatif, marketing aux
multiples facettes
13
a. Le Street marketing
14
b. Le marketing viral
18
c. La Guérilla marketing
22
d. Le Buzz marketing
23
e. Les média tactiques
23
IIIème PARTIE : ANALYSE DE
L'APPLICABILITE DU MARKETING ALTERNATIF AU SENEGAL
25
A. RESULTATS D'ETUDES DE TERRAIN
26
1. Résultats obtenus de
l'enquête auprès des consommateurs
26
2. Résultats de l'étude de
motivations auprès des professionnels du marketing et de la
communication
31
B. ANALYSE DE L'APPLICABILITE DU MARKETING
ALTERNATIF AU SENEGAL
33
1. Communication publicitaire au
Sénégal et enjeux des solutions alternatives
33
a. Les acteurs de la communication
publicitaire au Sénégal
33
b. communication publicitaire et enjeux des
solutions alternatives au Sénégal
37
2. Analyse des freins à la
vulgarisation des solutions alternatives au Sénégal
41
a. Les freins au recours du marketing
alternatif au Sénégal
42
b. Applicabilité du marketing
alternatif au contexte Sénégalais
44
RECOMMANDATIONS POUR UNE UTILISATION OPTIMALE DU
MARKETING ALTERNATIF AU SENEGAL
46
CONCLUSION GENERALE
47
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
* 1 Claude Bernard,
introduction à la médecine expérimentale, Paris,
Garnier Flammarion, P.65
* 2 Ernest
Gellner, « l'animal qui mérite des gaffes ou un
faisceau d'hypothèse » in Pierre Birnbau et Jean Leca,
sur l'individualisme, Paris, Presse de FNSP, 1986, P.2
* 3 Seth GODIN, Permission
Marketing, P.12
* 4 Jacques SEGUELA, C'est
gai, la pub ,Hoebeke, 1990, P.7
* 5 Philip KOTLER, Père
du Marketing Management, Professeur de Marketing International
* 6
www.marketing-alternatif.com
* 7 Définition de
Lexicom, www.lexicom.free.fr
* 8 Décret N° 83-275
du 14 Mars 1983, portant création du Bureau Sénégalais de
la Publicité.
|